Disclaimer : Tout à Jk, rien à moi sauf l'histoire et les reviews sont mes seules récompenses. La relecture est à jbou.
N/A : Bonjour à tous, j'espère que ce chapitre va vous plaire,il est un peu plus gai, enfin, tout est relatif. Merci beaucoup pour les reviws et puis, bonne lecture !
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-« Mione, je n'en peux plus ! » Se lamenta Harry assis devant une tasse de thé au lait fumante.
-« Mon pauvre Harry, il n'y a vraiment qu'à toi que cela arrive ! » Marmonna Hermione
-« Je ne te raconte même pas l'ambiance aux repas. Entre Allie qui parle mais ne mange pas et Sorela qui mange mais ne parle pas, on frôle le suicide collectif ! Cela fait seulement deux semaines que Sor est à la maison et elle s'est déjà battue trois fois avec Allie ! D'ailleurs, Allie ne fera bientôt plus le poids face à Sorela. J'ai vu le nutritionniste et il a dit que rien ne pourrait la faire changer d'avis. D'après lui, elle finira par redevenir raisonnable. Soi-disant qu'une enfant ne se laisse jamais mourir de faim… Je connais Allie, je sait qu'elle a une volonté de fer. Si elle ne veut plus vivre, elle mourra. Elle a déjà perdu cinq kilogrammes ! »
-« Il suffit que tu lui mette une sonde gastrique de force ! »
-« On a déjà essayé mais Allie est puissante. Dès que j'ai tenté de lui mettre une sonde, elle m'a envoyé valdingue plusieurs mètres plus loin grâce à sa magie involontaire. »
-« Je la reconnais bien là mais elle t'aime et ne te laissera jamais pour de bon. Il suffit que tu lui parles et elle finira bien par changer d'avis ! » Tenta la jeune femme.
-« Je finis par en douter » Ajouta simplement Harry.
-« Et sinon, Sorela, comment va-t-elle ? Des progrès ? » Demanda Hermione pour couper court à la conversation dépressive et changer de sujet.
-« Aucun ! Hier elle a involontairement brisé toutes les fenêtres du manoir alors qu'elle s'énervait après sa feuille d'exercices. Il m'a fallut plus de trois heures pour tout remettre en place ! Elle se cache dans sa chambre en ce moment. »
-« Pourquoi n'essaies-tu pas de lui faire contrôler sa puissance ? »
-« Parce que j'ignore tout à fait comment faire ! »
-« Tu parles à la meilleure chercheuse en Magie du Ministère ! L'aurais-tu oublié ? Bon, j'avoue que j'avais prévu que tu me répondrais cela. Voilà pourquoi j'ai apporté quelques fiches d'exercices pour l'aider à contrôler son pouvoir.» Expliqua Hermione avec un sourire satisfait en lui tendant des parchemins.
-« Mione que ferais-je sans toi ? »
-« Trop peu de choses, je sais ! »
-« Mais où as-tu trouvé tout cela ? C'est super ! » Demanda Harry en feuilletant les données.
-« A quoi crois-tu que servent les livres ? »
-« A remplir une bibliothèque ? Euh, à faire vivre les libraires ? A renflouer les comptes de Lockhart ? » Demanda narcissiquement le jeune homme.
-« Harry ! »
-« Je sais… à prendre la poussière ! » Cria victorieusement Harry. Il vit sa meilleure amie pouffer dans sa tasse de thé et ils partirent tous les deux dans un fou rire silencieux. Ils profitaient ce ces instants de calme qui leur étaient devenus indispensables.
-« Allez, cesse de raconter des bêtises et raconte-moi comment va ton fils préféré ! »
-« Léo va bien, aux dernières nouvelles. Il est à Serdaigle, j'avoue que je m'y attendais un peu. Il s'est fait une amie qui s'appelle Léana et qui a les cheveux bleus. Selon ses dires, ils auraient déjà mis l'école à sac avec l'aide de la cape de mon père et la carte des Maraudeurs. Je parierais plutôt qu'il connaît maintenant la bibliothèque par cœur » Rigola Harry.
-« Cela m'étonne que tu lui ait donné nos instruments de vagabondage. Toi qui es si protecteur ! »
-« Tu rigoles ? Nos sorties nocturnes restent parmi mes meilleurs souvenirs à Poudlard ! Je ne voudrais pas qu'il manque cela. Je ne me ferai du soucis que lorsque Allie en prendra possession ! Enfin, si elle vit assez longtemps pour… Et sinon, toi, les enfants vont bien ? »
-« A merveille ! Niklas a perdu sa première dent. Il était tellement fier qu'il avait oublié que cette molaire s'était en fait décrochée suite au coup de poing de Sacha. » Expliqua Hermione avec de la tendresse se reflétant dans ses yeux ambrés.
-« Alors là, il n'y a aucun doute, c'est bien ton fils ! » Pouffa alors son ami.
-« Qu'est-ce que tu insinues ? »
-« Le crochet du droit que Malfoy a un jour reçu te dit-il quelque chose ? » Demanda innocemment Harry.
-« Oh, ça… » Lâcha-t-elle simplement.
-« Oui, ça ! Krum savait-il que tu étais violente avant de t'épouser ? »
-« Bien sur, c'est d'ailleurs sous la contrainte qu'il a dit oui devant l'autel ! » Répondit la jeune femme sur le ton de la conversation. Elle ajouta ensuite : « D'ailleurs, cela me fait penser qu'il va s'inquiéter si je ne rentre pas vite. Môsieur ne sait pas faire la cuisine et les enfants vont avoir faim. En plus, jaloux comme il est, il va s'imaginer des choses. Il accepte que je te voie mais je ne dois pas trop pousser. Virilité masculine, que veux-tu ? » Se plaignit Hermione en attrapant sa cape de voyage. Elle saisit une pincée de poudre de Cheminette tandis que Harry ajoutait :
-« Embrasse ta petite famille pour moi. »
-« Je n'y louperai pas. Bonne chance, tout finira par s'arranger ! » Dit-elle avant de partir dans l'antre de la cheminée. En un éclair vert, Harry se retrouva seul dans son salon avec pour seule compagnie deux tasses de thé refroidi à moitié vides.
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-« Bon, Sorela, aujourd'hui, j'ai pris une décision. En plus des heures de cours que je te donne à la maison, tu auras chaque matin une heure de méditation et de relaxation afin de t'aider à diminuer tes sautes de Magie. C'est une méthode de Mione. Tu es d'accord Sor ? Sorela, es-tu d'accord ? Accepte-tu ma chérie ? Sorela, est-ce que tu acceptes ? Oui ou non Sorela ? » Demanda Harry à crescendo. Plus il accélérait la cadence, plus il haussait la voix. A peine sa dernière question fut-elle formulée qu'il tapa du plat de sa main contre le bureau. Le bruit mat du choc de sa paume contre le bois fit sursauter Sorela mais elle ne broncha pas le moindre mot.
Toutes ses techniques s'avéraient vaines. Pourtant, cette méthode avait bien marché avec Allie quelques temps plus tôt mais après tout, il n'y avait aucun preuve que Sorela, elle, sache parler, contrairement à sa fille. Il commençait sérieusement à désespérer mais il savait que tous les efforts ne restent jamais vains. Si la petite hispanique était atteinte de mutisme volontaire, alors elle parlerait un jour, foi de Potter ! Assis sous le bureau de chêne, Sorela et Harry apprirent alors comment se mettre en méditation selon la méthode du ministère.
« Sorela, il va falloir qu'on se mette à l'aise pour nous concentrer. Tu permets que j'éloigne la chaise du bureau pour avoir plus de place ? » Demanda Harry en désignant ce qui servait de barreau à leur prison. Prenant son silence par un oui, il posa la main sur le meuble et le bougea imperceptiblement.
Il se passa soudain un événement que Harry n'aurait jamais prévu. Sorela, du haut de sa petite taille de bossue, renversa le bureau, percuta ladite chaise et se mit à courir comme une démente tout autour de la pièce en hurlant. Harry, pris par surprise, plaqua ses mains sur ses oreilles tellement la voix de Sorela était aigue et, après quelques secondes, il se mit à poursuivre Sorela, de peur qu'elle ne se blesse. Lorsqu'il l'attrapa enfin, Harry était au bord de la jubilation. Sorela pouvait crier. Elle avait donc de la voix. Elle parlerait !
Le jeune homme finit par ceinturer l'enfant et la replacer dans leur domaine privé, sous le bureau qu'il venait de redresser et replaça la chaise de tous les maux en rempart du monde extérieur. Le bruit de leur respiration effrénée retentissait lourdement dans leur cocon de bois. Sorela était blanche de peur, craignant que son enseignant ne se fâche sur son comportement. Elle s'était roulée en boule, toute petite au coin du meuble. Harry la lorgnait d'un air interrogateur. Il savourait sa victoire, maigre, certes, mais une victoire tout de même. C'était d'ailleurs la seule depuis leur rencontre.
« Allez, cesse de crier. On gardera la chaise comme protection, pas la peine d'en faire tout un plat ! Bon, revenons à cette méditation. Il est marqué ici que nous devons nous mettre dans la position du lotus et fermer les yeux. Ensuite, nous devons tenter de sentir notre magie qui coule dans notre corps. Je ne sais pas pour toi, mais moi, la seule chose que je sens, c'est l'odeur de mes pieds ! » Plaisanta Harry en décrochant un sourire à Sorela. Un sourire, c'était si rare et si précieux. C'était l'illumination du regard de la petite qui le poussait à continuer. Il savoura quelques instants les étoiles dans les yeux de Sorela et continua.
« On fait un essai ? C'est parti, ferme les yeux ! » Les deux personnes restèrent ainsi durant une bonne dizaine de minutes. Harry fit semblant d'ignorer Sorela qui ouvrait fréquemment un œil en tentant d'être distraite pour épier Harry. Celui-ci restait impassible, même si l'envie d'éclater de rire fasse à cette insouciance le taraudait. Seule la pendule Louis XIV flanquée de ses deux candélabres qui égrenait les minutes rythmait leur silence. Sorela n'avait pas perçu sa magie, elle n'était pas concentrée. Harry en était conscient car lui non plus n'avait obtenu aucun résultat. Au bout de ce qui leur sembla une éternité, le grognement du ventre de Sorela les tira de leur torpeur et les fit éclater de rire.
« Je crois que notre magie nous crie qu'elle meurt de faim ! » Déclara-t-il en provoquant d'autres éclats de rire de la part de Sorela. C'était déjà cela de gagné. Il gagnait peu à peu la confiance de l'enfant. Elle était peut-être sur la voie de la guérison. La petite reprenait peu à peu son sourire et goût à la vie. Harry comptait bien lui faire prendre un nouveau tournant et la faire parler dans un jour prochain. Seule la patience porterait ses fruits et l'avenir leur dirait si oui ou non, celui-ci s'annonçait rose. « Allez, il est temps d'aller manger. Tu es prête ? Je vais ouvrir la porte. » Aussitôt dit, aussitôt fait. La petite détala vers la cuisine, ses cheveux en filasse flottant dans son sillage.
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-« Oui, merci Melle Gailor. Très bien, demain, c'est noté ! Au revoir » Dit Harry en raccrochant le combiné magico-phone. Il se retourna et regarda Sorela qui était en train d'enfourcher de grandes cuillerées de purée dans sa bouche. Elle s'en était mise plein le visage mais cela faisait plaisir à Harry de voir un enfant aussi entrain à manger ce qu'il y avait dans son assiette.
« Sorela, j'ai eu Mme Gailor au magico-phone. C'est l'institutrice d'Allie. Elle accepterait de te prendre en cours les après-midi. Je ne voulais pas te faire de fausses illusions parce que je ne savais pas si elle accepterait mais je pense qu'il serait bon pour ton apprentissage de suivre des leçons avec d'autres enfants de ton âge. On fera toujours méditation le matin, et tu iras à l'école l'après-midi… »
Sorela cessa brusquement de manger et lorgna Harry d'un air sceptique. « Cela ne veut pas dire qu'on n'aura plus nos périodes dans mon bureau. On continuera à parler ou plutôt, je te ferai la lecture, tu auras toujours cours avec moi et tout mais tu verras un peu plus de monde. Si cela ne te va vraiment pas, on arrêtera l'expérience, c'est tout » Sorela se remit soudain à manger sa purée au jambon. Harry interpréta cela comme un oui et plongea lui aussi le nez dans son assiette.
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Lorsque quatre heures sonnèrent à la paroisse du village, une dizaine de gamins entrèrent dans le manoir des Potter et l'un d'entre eux hurla au propriétaire des lieux : « 'Jour Msieur Harry ! On peut vnir faire nos dvoirs chez vous ? » Ils n'attendirent pas l'accord de Harry pour enlever leur veste et leurs chaussures avant de filer étaler le contenu de leur cartable sur la table de la cuisine. Depuis la rentrée, ces enfants répétaient le même rituel à chaque fin de cours. Ils n'avaient le temps que d'engloutir leur goûter en quatrième vitesse avant de s'atteler à leur travail sous l'œil sévère de Harry. Leur empressement n'était pas vraiment du à leur envie de faire leurs devoirs mais plutôt à celui de les avoir terminés. « Plus vite faits, plus vite finis » était devenu leur devise. Ils concluaient donc leur travail et allaient jouer ensemble dans la grande pelouse de la propriété.
Allie arriva quelques minutes plus tard, jeta un regard noir à son père qui aurait glacé jusqu'aux entrailles mêmes de l'Enfer et s'en alla dans sa chambre en évitant le coup d'œil empli de tristesse que Harry lui asséna en échange. Elle n'en pouvait plus de cette situation. Voir se poser sur elle les yeux si rancuniers de son père la rendait malade. De plus, elle se devait de ne pas manger pour atteindre son but, même si elle était affamée. Avoir à portée de vue ses camarades s'empiffrant comme des goinfres et rigolant tels des tordus alors qu'elle ne pensait qu'à mourir lui donnait l'envie de vomir. Comme elle l'avait prévu, tous avaient repris le cours de leur vie après l'enterrement de Bobby.
Allie gardait en mémoire à chaque seconde les paroles de la vieille Mme Thérèse, son ancienne institutrice. Lorsque les hamsters qui vivaient dans leur classe avaient décidé de perpétuer leur espèce et avaient donné vie à une portée de petits hamsters fripés, ne pouvant pas tous les garder, leur professeur leur avait dit : « Plus tôt on les quitte, moins on s'y attache ! » C'était exactement cette théorie qu'Allie mettait en pratique. Plus jeune elle mourrait, mieux cela serrait pour son père, même si cela comprenait d'avoir l'estomac sur les talons.
Aujourd'hui, la nouvelle maîtresse s'était débarrassée de Homer, Dalore et leur restant de progéniture qui avait fini l'année dernière par échapper à la noyade dans la rivière toute proche. Seule leur cage vide rappelait qu'une peuplade de hamsters avait un jour élu domicile dans leur classe. Voilà une raison supplémentaire à Allie de haïr Mme Gailor. En plus, elle s'obstinait à la faire manger mais la petite se précipitait alors vomir dans les toilettes.
Dans sa chambre rose, Allie cocha la vint cinquième case passée au fluo de son calendrier. Elle en avait colorié quarante parce que les sans-papiers qui faisaient grève dans les églises à la télévision tenaient autant de jours. Il ne lui restait donc plus beaucoup de jours à patienter pour que son calvaire prenne enfin fin. Cette pensée décrocha un sourire à Allie. Elle alla s'allonger sur son petit lit rose pour faire le point sur ses pensées. Elle admira pendant un moment ses murs roses, ses draps roses et toute sa rancœur refoulée refit surface. Allie détestait le rose. Elle n'avait jamais eut le courage de l'avouer à son père. La petite rêvait d'avoir une chambre orange mais à quoi avoir une nouvelle chambre orange lui servirait-il alors qu'il ne lui restait plus que quinze jours à vivre ?
chapitre12
« Cher Père » Avec sa plume d'aigle de trente centimètres, Léo ratura son début de lettre puis l'envoya valdinguer dans la corbeille de la salle commune des Serdaigles.
« Cher Papa,
Le Choixpeau magique m'a mis à Serdaigle mais je te jure sur la tête de Boo qu'il avait hésité avec Gryffondor ! Ensuite, ne va pas t'imaginer des choses mais je me suis fait une amie, elle s'appelle Léana et elle est aussi dans ma maison. On s'est rencontrée à bord du Poudlard Express. Tu avais raison, ce n'était pas compliqué de trouver un bon compartiment ! Je suis certain que Allie va adorer Léana, elle a les cheveux bleus.
A la maison, est-ce que tout va bien ? Les filles ont-elles « ouvert la bouche » ?
Je vous embrasse,
Léo. »
Le jeune garçon signa de son écriture fluide le parchemin, le plus beau qu'il possédait et relut sa missive. Après quelques corrections, Léopold Potter plia le parchemin, le plaça dans une enveloppe qu'il cacheta et la donna à Iseut, le hibou qui avait repris le flambeau de feu Hedwige. L'animal, d'un brun presque roux, s'engouffra avec envergure à travers la fenêtre pour transmettre le message au père de Léo. Soudain, Léana, telle une tornade bleue, entra en trombe dans la salle commune et se vautra dans un des fauteuils proche de celui de son ami.
-« Je hais Peeves » Décréta la jeune fille.
-« Que t'a-t-il encore fait ? » Soupira Léo en regardant son hibou disparaître à l'horizon.
-« Tu as bien regardé mes cheveux ? »
-« Bah, ils sont toujours aussi bleus et emmêlés… »
-« Oh, arrêtes, tu veux ? Peeves m'a lancé une bombe à eau en pleine face ! » S'excita Léana.
-« Il a certainement voulu t'enlever cette teinture hideuse ou il a trouvé bon d'enfin te nettoyer tes cheveux. Il faut avouer qu'il n'avait pas tort ! » Rigola l'adolescent.
-« Oh, arrête avec ton humour douteux ! En plus le bleu est très à la mode cette année, t'y connais rien ! Avec tout cela, j'ai mon devoir de métamorphose à recopier parce que toute l'encre a coulé avec l'eau ! »
-« Laisse, je le ferai. Occupe-toi de te sécher les cheveux ! » Dit Léo en prenant le parchemin imbibé d'eau croupie.
-« T'es trop chou ! » Fit Léana en embrassant Léo sur le front avant que celui-ci n'ajoute :
-« Il faut que je note cela, tu m'as fait un compliment ! »
-« Et toi tu m'as rendu un service ! » Rétorqua la jeune fille.
-« Tant d'amabilité n'est pas normal. Soit c'est la pleine lune, soit la nourriture a été empoisonnée au dîner (1) ! » Dit Léo Potter sur le ton de la conversation en levant les yeux au ciel.
-« Pauvre de nous ! »
S'en suivit alors une bataille de coussins que les adolescents avaient fait apparaître avec leur baguette. Ce sortilège, d'un niveau plus élevé que le leur avait pu être appris grâce à leur sorties nocturnes dans la bibliothèque de Poudlard. Comme quoi, Harry Potter ne s'était pas trompé. Léana lança un polochon dans le ventre de Léo qui cria « Hé, mais ça fait mal ! » D'un air enjoué, l'adolescente lui rétorqua « Tant mieux, c'est le but » avant de recevoir elle-même un coussin en pleine tête. Leur bataille dura plusieurs minutes jusqu'au moment où un groupe de septième année vint les interrompre.
-« Alors Potter, on s'est trouvé une amie ? C'est ton père qui l'a payée pour affronter ton odeur ou le simple fait de dire ton nom l'a décidée ? »
-« Moi au moins, j'ai des amis ! » Rétorqua Léo en devenant aussi rouge que l'étendard des Gryffondors.
-« Oh, je tremble ! Allez, venez les mecs, laissons la célébrité tranquille sinon il risque d'avertir les journalistes ! » Déclara Joe Spic à sa bande de copains qui pouffaient dans son dos.
-« Bouffon » Marmonna alors Léo pour lui-même. Seule Léana l'entendit et alla passer une main autour des épaules de son ami.
-« T'en fais pas, ils se lasseront » Dit-elle en lorgnant les élèves de septième année passer par l'entrebâillement de la porte de leur salle commune.
-« Mon père dit toujours qu'on doit répondre aux imbéciles par le silence. Dans ce cas, pourquoi je m'obstine à leur répondre ? »
-« Ton père parle peut-être de trop…»
-« Pas autant que toi ! » S'énerva Léo.
-« Mais c'est pour cela que tu m'adores ! » Rétorqua Léana en décrochant un sourire à son ami.
-« Moi ? T'adorer ? T'as fumé du Bubolbub ce matin ou quoi ? »
-« Non, j'ai juste sniffé l'essence de Murlap »
-« C'est vrai que ton visage fait peur à voir ! Je me disais aussi que ce n'est pas humain d'avoir une tête pareille sans être droguée ! » La taquina Léo en lui tirant la langue. Il savait très bien que, comme toutes les filles, Léana était très préoccupée par son apparence même si ses goûts en matière de couleurs laissaient parfois à désirer.
-« Crétin »
-« C'est trop de compliments ! »
-« Fils de ton père ! » Cracha Léana en sachant qu'elle touchait à une corde sensible.
-« Oh, quelle insulte ! Mais, tu oublies que sans lui, c'en serait fini de nos petites sorties nocturnes. C'est tout de même mon père qui m'a légué la carte et la cape d'invisibilité ! »
-« Ouais, j'avoue que tu marques un point ! Ce n'est pas mon père qui m'aurait donné un bon moyen de passer ma scolarité en retenue ! Bon, tu le recopies ce devoir ? » Réclama Léana en arborant un air dédaigneux qui fit s'exécuter Léo. Les minutes suivantes se passèrent dans un silence absolu.
-« T'as de la chance » Finit-elle par lâcher.
-« De quoi ? De recopier ton devoir ? Je te laisse le faire si tu insistes ! » Répondit Léo Potter, ne sachant pas où elle voulait en venir.
-« Mais non, gros bêta ! D'avoir un père aussi cool. Le mien ne vivait que pour me voir entrer à Poudlard depuis que ma mère l'avait quitté, lui et sa bouteille de pinard en ne lui laissant que moi et la maison. Elle a pris tout le fric, tous les meubles et même nos balais. J'avais six ans. » Expliqua Léana dans un murmure. Elle jeta un coup d'œil autour d'elle pour vérifier qu'ils étaient bien seuls à cette heure dans la salle commune et continua. « Maintenant, c'est un dépressif chronique qui ne veut plus entendre parler de moi car je suis à Serdaigle. Il a toujours été un fervent défenseur de Serpentard, même s'il n'approuvait pas les actions de Tu-Sais-Qui. Je pensais qu'il ferait abstraction de ses vieilles rancunes, je suis tout de même sa fille ! Je me suis plantée sur toute la ligne. Par Merlin, si seulement j'avais su ! » Léana détourna les yeux pour tenter de refouler ses larmes. Elle n'avait jamais osé raconter cela à personne. Petite, elle racontait une histoire de maman agent secret au service du Ministre de la Magie. Adolescente, elle évitait le sujet mais Merlin que cela lui faisait du bien de savoir qu'au moins quelqu'un savait la vérité !
-« Mon père était un Gryffondor pur et dur. Il n'ose pas l'avouer mais je suis certain qu'il aurait été déçu si j'avais été chez les verts. Certaines choses sont indélébiles et puis, tu sais, lui aussi a ses phases de déprime… Avec tout ce qui lui arrive. Il y a un mois, la femme qu'il aimait est décédée »
-« Comment est-ce arrivé ? » Demanda Léana, intriguée par cette révélation.
-« C'est un sujet sensible, je ne vais pas m'éterniser dessus. En bref, Bobby, le meilleur ami de ma sœur et elle-même ont un jour décidé de rassembler leurs parents. Ils étaient à deux doigts de réussir mais il y a eu un problème. On ignorait que Julia était toxicomane et un jour, elle a poussé Bobane dans les escaliers. Ils sont morts tous les deux. Depuis, mon père se noie dans son projet d'orphelinat »
-« C'est horrible ! »
-« Non, juste le revers de ma vie si parfaite. Maintenant, Allie est déscolarisée parce qu'elle fait grève de la faim et si elle ne recommence pas à manger avant dix jours… Je n'ose même pas imaginer… » Expliqua Léo et fuyant son amie du regard. Il ne voulait pas laisser paraître son mal-être. Le jeune garçon aimait sa petite sœur plus que tout, même s'ils n'étaient pas toujours d'accord entre eux.
-« Mais ton père ne sait rien faire ? C'est tout de même un sorcier puissant ! »
-« Mais Allie aussi est une sorcière ! A chaque tentative, elle fait une crise de Magie involontaire. Comme elle ne sait pas la canaliser, ben… cela fait des dégâts. Le nutritionniste, lui, il affirme que les enfants ne se laissent jamais mourir de faim… »
-« C'est une bonne nouvelle, le docteur connaît son métier ! »
-« Mais il ne connaît pas Allie… Elle a un sacré tempérament. En résumé, elle est tout le contraire de moi ! C'est la terreur de la famille. Je t'ai raconté que c'était à cause d'elle que Papa était toujours célibataire ? » Demanda Léo, content de changer de sujet.
-« Mais, qu'est-ce qu'une petite fille de huit ans peut-elle avoir dans le fait qu'une femme assassine son enfant ? » Interrogea la jeune fille aux cheveux bleus.
-« Je ne parlais pas forcément de Julia. En fait, mon père a eu plusieurs petites amies durant mon enfance mais aucune n'était assez bien pour qu'il nous la présente. Les rares assez bien qui ont un jour franchi la porte du manoir étaient toutes parfaites… Mais un jour, elles ont rencontré Allie qui était bien décidée à ne pas partager son père. Elle leur a bien fait comprendre… La première est repartie avec un groin à la place du nez, l'autre avec les cheveux en feu, encore une autre est repartie en hurlant « C'est elle ou moi ! » Papa ne s'est même pas donné la peine de répondre. Il lui a juste désigné la porte d'un geste de tête. La dernière en date… »
-« C'est bon, j'ai compris, c'est ta sœur quoi ! Tu m'as dégoûtée à tout jamais d'entrer dans ta famille ! » Pouffa Léana.
-« Qu'est-ce que tu insinues par « C'est ta sœur » ? Ais-je l'air de causer autant d'ennuis ? »
-« Bah, il faut se méfier des eaux dormantes ! » Répliqua la fillette.
-« Oh, allez, tais-toi et prends ce devoir, on va être en retard au cours de la vieille McGonagall ! Conclut Léo en tirant son amie par le bras.
-« En parlant de cette chauve-souris, tu crois qu'elle sait que c'était nous qu'elle a failli coincer la nuit dernière ? »
-« Pas plus qu'elle sait que tu la surnomme chauve-souris ! »
-« Avoue qu'avec la formes de son visage et sa longue cape en velours… »
-« Tais-toi et avance, Léana ! »
Ils sortirent par le portrait de la vélane des bois qui tenta de charmer le fils Potter au passage et se rendirent à la salle de métamorphose. En chemin, Léo détailla chaque portrait, chaque tapisserie. Tout lui semblait si merveilleux, si beau. Chaque jour, il découvrait d'autres splendeurs dont lui seul s'attardait à regarder. Il était l'unique élève à avoir vu le détail de la peinture du Chevalier Catogan ou les traits fins de Hachot le Marmot.
Son père avait eu raison, Léo Potter adorait Poudlard et il ne s'était jamais senti autant à sa place. Malgré tout, Dove Hill lui manquait énormément. Il serait fou de joie d'y retourner à Noël et peut-être même pour Thanksgiving, une célébration importante aux Etats-Unis, si la directrice lui en donnait l'autorisation, bien évidemment. Les repas en famille, les disputes avec Allie, son père si enjoué à l'idée d'ouvrir son orphelinat, tellement de choses qu'il ne trouvait qu'en Floride. Poudlard était magique, certes, mais rien ne remplaçait sa famille. Vivre dans un foyer pour jeune jusqu'à ses huit ans lui avait au moins appris cela.
Léo Potter le savait, ses années au château perdu entre les montagnes allaient être fantastiques et rien ni personne, pas même Allie, ne pourrait gâcher cela. Au fond de lui, il savait qu'un miracle viendrait sauver la vie de sa petite sœur. Tous les Potter parviennent toujours à s'en sortir ! Alors, avec un sourire nostalgique, Léo se rendit en cours en compagnie de Léana.
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(1) Le dîner de Léo est également selon le système belge. Pour les français ou québécois, comprenez par là le « déjeuner ».
