Disclaimer : Tout les personnages sont à la grande J K Rowling, rien est à moi sauf Allie, Bobby, Roger et certains autres persos. Je ne gagne évidemment rien pour écrire, les reviews sont mes seules récompenses. L'histoire m'appartient.

Remerciements : Merci à Jbou pour m'avoir relu pendant tout un tome de cette histoire, son aide m'a été grandement précieuse.

Note de l'auteur : Bonjour à tous ! Nous voici enfin pour le chapitre décisif, celui où on apprend ce qui se cachait réellement dans la tête de Allie. Pour ce chapitre, j'aimerais vous lancer un petit défi. Vous avez jusqu'à la parution de l'épilogue (très prochainement) pour dépasser le stade des cents reviews. Allez, c'est très faisable et sa ferait tellement plaisir à l'auteur. Cela serait bête de conclure la fic sans dépasser ce stade...

Oh, j'oubliais, bonne lecture à tous, j'espère que ce chapitre vous satisfera. ENJOY !

°.oOo.°

Harry berçait tendrement Allie dont la respiration était saccadée. Il n'osait même pas trop la serrer contre son cœur de peur de ne la casser. Le jeune père la sentait trembler sous la chaleur de son souffle. Allie avait les lèvres bleues et ne semblait pas vouloir pas se réveiller. Cela faisait plus de vingt minutes que Harry l'avait rattrapée de justesse dans les escaliers. Sa fille était à présent en nage, aussi blanche qu'un fantôme. Sorela observait la scène dans un coin de la pièce. Ils étaient tous réunis dans le salon du manoir et Harry calmait sa fille en se balançant sur un vieux rocking-chair.

Soudain, Harry sentit Allie s'agiter dans ses bras. Sorela, voyant son amie s'agiter dans ses bras, s'approcha d'eux. Allie s'éveilla lentement, se frotta les yeux tout en tremblant. A peine eut-elle tenté de se redresser qu'elle se laissa retomber lourdement contre le torse protecteur de son père. Celui-ci crut bon de ne pas commenter ce moment. Il se taisait parce qu'il n'avait aucun mot pour définir son ressentiment. Il se taisait car les silences parlaient d'eux-mêmes. Il se taisait pour mieux faire prendre conscience à Allie de sa douleur que par d'interminables discours. Il continua donc de la bercer, elle et Sorela qui était grimpée sur l'accoudoir du rocking-chair. Après plusieurs minutes, ne pouvant plus supporter ces regards pesants qui l'accusaient, Allie brisa le silence.

-« Tu peux pas comprendre » Lâcha-t-elle simplement.

-« Tu ne m'a pas laissé l'occasion de te comprendre, Allie ! » Rétorqua Harry dont les joues étaient mouillées par les larmes silencieuses.

-« Cela te ferait trop de mal… »

-« Pas plus qu'en cet instant. Jamais je n'aurais cru devenir le père d'une épave ! »

Les paroles font souvent plus mal que les gestes, surtout quand elles sont justifiées. A cet instant, Allie apprit cela à ces dépends. Elle se mit à sangloter, non pas pour l'insulte et la violence avec laquelle elle avait été dite, mais parce qu'elle mettait en évidence la réalité de son état. Une épave. Allie regarda de ses yeux embrumés ses poignets noueux qui auraient pu rivaliser avec ceux d'un enfant du Tiers-monde, sa peau si fine qu'elle en semblait transparente et ses si beaux cheveux blonds qui tombaient à présent par poignées. Une épave. Ce mot résonnait dans sa tête telle une cloche qui sonne le glas.

La petite fille savait pertinemment que son père le pensait réellement. Allie avait bien conscience qu'il avait dit cela pour la faire réagir et elle devait bien avouer que cela avait plutôt bien réussi. Une épave. Telle une voiture rouillée tout juste bonne à être expédiée à la casse qui refuse les réparations d'un garagiste, Allie refusait de se battre contre son inéluctable fin. L'enfant aux yeux remplis de larmes d'argent entendit son père ravaler un sanglot. Sur son accoudoir, Sorela remua et enfuit sa tête dans le col de la chemise du Survivant. Harry se sentait très coupable d'avoir dit une chose pareille à sa colombe, comme il aimait l'appeler. Soudainement, sans savoir vraiment la raison de son geste, le jeune père dit :

-« Je m'en souviens comme si c'était hier du jour où je t'ai rencontrée. Certains disent que le jour de la venue d'un enfant dans votre vie reste le plus beau de celle-ci. Je n'ai pas vraiment trouvé ce jour si merveilleux mais tous les autres qui ont suivit l'étaient, sans aucun doute. C'était un matin brumeux, si ma mémoire est bonne. Je m'étais pris un vol plané magistral en trébuchant contre ton landau. Tu aurais du voir ma tête en te voyant ! J'étais totalement paumé à cette époque, et, d'ailleurs, je le suis encore plus aujourd'hui mais les premiers jours avec toi ont été un vrai calvaire. »

-« Dès le début, j'ai ruiné ta vie… » Murmura Allie.

-« Bien sur que non. Faut pas croire, mais on s'y attache à des anges tels que toi ! A l'agence d'adoption, lorsque j'ai vu la magie noire qui se dégageait de tes ex-futurs parents, j'ai tout de suite fait demi-tour »

-« A t'entendre on dirait que tu regrettes ! »

-« Bien sur que non ! Rien que le fait de penser qu'ils t'auraient appelée Arachnida me rend certain que j'ai changé ta vie ce jour-là. Je me croyais capable de t'élever mieux qu'eux. Je me suis planté sur toute la ligne. Même si elle serait malheureuse, Arachnida aurait peut-être vécu plus longtemps que toi… » Dit Harry sur un ton plein de sous-entendus.

-« Non, je crois qu'Arachnida se serait suicidée d'avoir un tel prénom ! Où t'as été pêcher un nom pareil ? » Plaisanta Allie pour détendre l'atmosphère pesante.

-« Oh, c'est une longue histoire… »

-« On a tout notre temps ! »

-« Non, regarde-toi Allie. Tu as à peine la force d'ouvrir la bouche pour parler. Ta voix n'est qu'un murmure. A te voir, je ne te donne plus que deux jours. Alors, non, on n'a pas tout notre temps ! Tu ne crois pas qu'on a mieux à se dire ? » Demanda Harry d'une voix grave.

-« Mais dire quoi ? On a rien d'autre à se dire. Alors, à quoi bon ? Raconte moi cette histoire, Papa… »

-« Tu te souviens de Kingsley, celui qui m'a légué cette maison ? Eh bien, c'est en hommage à lui que je t'ai appelée ainsi. Il avait une petite sœur dont j'avais vu une photo une fois. Elle avait exactement les mêmes yeux que toi alors j'ai choisi son prénom. Elle s'appelait Aly mais écrit avec un seul L et un Y. J'ai juste rendue l'orthographe à la façon anglaise. »

A cette annonce, Allie se redressa en sursaut en faisant sursauter son père. Avait-elle bien entendu ? Le rapprochement entre ces deux prénoms se fit soudain dans la tête de la petite. Aly avait une prononciation pareille que Allie mais la signification était toute autre. Serait-ce possible ?

-« Qu'est-ce qui lui est arrivé ? » Fit Allie un peu trop brusquement

-« A qui ? Kingsley ? » S'étonna Harry de ce brusque élan d'énergie.

-« Non, sa sœur ! » Cria l'enfant.

-« Oh, c'est assez triste. Elle a disparu lorsqu'elle avait douze ans. On ne l'a jamais retrouvée et Kingsley ne s'en est jamais remis. »

-« Je vais pas mourir » Constata Allie en un murmure.

-« Quoi ? »

-« Je vais pas mourir ! » Répondit-elle en un souffle. La phrase faillit s'étouffer dans sa gorge tellement cette illumination la rendait heureuse. L'homme de la vision ne criait pas après Allie dans le futur mais après Aly dans le passé. Aly voulait simplement que justice soit faite et qu'on retrouve enfin son corps. « Je sais où est Aly » continua la petite.

-« Pardon ? » S'étonna Harry qui ne savait plus où il en était.

-« Elle est sous le figuier dans le cimetière. Elle ne demande qu'à être enterrée dignement. »

-« Comment sais-tu cela toi ? »

-« Les visions de le grenier, la voix que moi seule entendait et d'autres visions à l'enterrement de Bobby. C'est elle qui me les envoyait. J'en suis certaine, elle m'appelait à l'aide. » Expliqua Allie avec frénésie.

-« C'est pour cela que tu ne mangeais plus ? Les visions étaient si horribles ? »

-« Non, mais l'homme de la vision criait qu'il tuait Aly. J'ai donc pensé que c'était de moi qu'il parlait et je ne voulais pas lui donner raison. Je voulais mourir avant qu'il ne me tue et puis, je pensais que tu ferais ton deuil en même temps que celui de Julia. » Avoua l'enfant.

-« Eh, ma colombe, jamais personne ne te fera de mal tant que je serai sur Terre. Je veillerai toujours sur toi ! »

-« Et moi aussi ! » A la surprise générale, c'était Sorela qui avait dit cela.

-« Mais, tu parles ! » S'extasia Allie.

-« Ben, oui je parle et les oiseaux chantent, incroyable, non ? » Fit ironiquement la petite hispanique. Harry éclata ensuite de rire. Cette situation était si étrange. Tout finissait par s'arranger mais d'une façon qu'il n'aurait jamais imaginé. Sorela parlait, s'ouvrait aux autres et Allie semblait être enfin en paix.

-« Donc, si tu dis vrai, Allie, il suffirait de mettre enfin le corps de Aly dans une tombe pour que tout s'arrange ? Merlin, on nage en plein délire ! Je vais vite aller appeler les Aurors, en espérant qu'ils me croient… »

-« Non ! » Hurla Allie un peu trop brusquement.

-« Mais, pourquoi ? »

-« Et si je me trompais ? Si elle n'était pas sous le figuier ou que l'assassin l'avait changé de place ? Personne ne me croirait ! »

-« On a pas d'autre solution ! »

-« Tu ne saurais pas aller vérifier ? » Demanda timidement la petite fille.

-« C'est hors de question Allie ! » Cassa Harry.

-« S'il te plaît, j'ai peur que les Aurors ne me croient pas ! »

-« Juste une vérification alors ! On y va, on regarde puis on les appelle s'il y a besoin. C'est vrai qu'il vaudrait mieux pas ameuter tout un escadron d'Aurors pour rien ! »

-« Merci, Papa ! » fit Allie en séchant ses quelques larmes.

-« Allez chercher votre manteau les filles, cette histoire risque de faire froid dans le dos ! »

°.oOo.°

Harry et les deux petites filles avançaient silencieusement le long d'un chemin de terre battue. Prise de peur, Allie trébuchait sur chaque caillou. Elle en avait froid dans le dos mais c'était elle qui avait fait une comédie pour venir lorsque son père avait fini par se rendre compte qu'il valait mieux qu'elle ne vienne pas avec. Prétextant qu'elle seule connaissait l'endroit exact du corps, elle avait été autorisée à accompagner son père. Sorela n'avait pas non plus accepté de rester en retrait même si elle n'avait pas de rôle important dans cette histoire et avait utilisé la bonne vieille méthode des crises de larmes pour mettre les nerfs de Harry à vif et lui faire lâcher l'affaire. Voila comment ils s'étaient retrouvés tous les trois sur la route menant au cimetière, tels des pèlerins faisant un chemin de croix.

Seule leur respiration saccadée brisait le silence estival qui habitait leur procession. Harry, quant à lui, se disait qu'il était fou. Suivre les délires de sa fille capricieuse était totalement irréfléchi mais elle avait l'air si sûre d'elle. Comprendre ce qui se passait réellement était certainement la seule façon qu'ils aient pour qu'Allie aille mieux. Elle ne pouvait d'ailleurs pas avoir inventé une telle histoire et il ne pouvait pas alerter tous les Aurors de Floride si ses craintes n'étaient pas fondées. Il devait le faire, même si ce serait une épreuve éprouvante.

Harry resserra son emprise sur les mains d'Allie et Sorela pour se donner du courage. En bon Gryffondor, il avait les jambes qui tremblaient tellement qu'elles en faisaient des claquettes mais il n'en laissait rien paraître. Il avait peur de ce qu'il allait découvrir. Certes, il avait été dans des situations encore plus périlleuses et déroutantes mais ici, deux petites filles étaient à ses côtés et la sûreté mentale d'Allie dépendait de ce qui allait se passer. Cela faisait d'ailleurs trop d'enfants morts pour Harry. Bobby, c'était une chose, mais aller déterrer la sœur d'un membre de l'Ordre qu'il avait très bien connu, c'en était une autre !

Ils arrivèrent bien vite à l'entrée du cimetière. Aussitôt que la grille rouillée de l'endroit grinça, Allie commença à se sentir mal. Trop de mauvais souvenirs étaient réunis ici. D'où elle était, elle pouvait voir une petite stèle couverte de fleurs et surmontée d'un angelot en albâtre figé dans le temps. Elle n'avait jamais eu la force de revenir sur la tombe de Bobane depuis le jour de l'enterrement. Harry remarqua alors le regard éteint et le teint blafard de sa fille. Pour la première fois du trajet, il prit la parole :

-« Vous allez rester en dehors du cimetière. Tenez, asseyez-vous sur le banc d'en face et n'en bougez plus ! Il vaut mieux que vous vous teniez en dehors de cela. »

Allie et Sorela acquiescèrent, heureuses de ne pas avoir à aller faire la découverte macabre. Elles regardèrent leur père ou tuteur s'aventurer parmi les tombes après qu'Allie lui ait indiqué l'emplacement du figuier. Heureusement, le cimetière était vide. En Floride, comme dans tous les pays chauds, les gens faisaient la sieste lorsque le Soleil était à son zénith pour éviter les insolations. S'ils étaient venus à une autre heure de la journée, les commères du village venues se recueillir crieraient au scandale en le voyant déterrer un mort, si tant est qu'il y en ait un.

Harry avançait parmi les tombes. Les morts devaient se retourner dans leur tombe en songeant à ce qu'il allait faire. Cela devait bien jaser sous terre ! Harry était mal à l'aise. S'il avait un jour imaginé une telle scène, il l'aurait vue de nuit avec des corbeaux perchés sur une grille rouillée qui grincerait. Il y aurait un vent froid qui vous glacerait les tripes et des croassements tout autour de lui, pas cet immense Soleil ni ce doux chant de tourterelle qui habitait en ce moment le cimetière. Tout bon écrivain décrirait cette scène avec un Harry terrifié avec des tombes en ruines et des fleurs fanées. Là, pourtant, des bouquets de marguerites magnifiques coloraient le cimetière et Harry se sentait relativement confiant ou en tous cas plus qu'il n'aurait imaginé.

A un moment, il arriva près d'une tombe à moitié creusée. Le fossoyeur n'avait certainement pas eu le temps de finir le trou béant avant d'aller en pause à midi et avait laissé ses outils sur place. Guidé par son instinct, Harry s'empara d'une des pelles qui traînaient çà et là puis continua sa route. L'outil glissait dans ses mains moites. Sa robe noire dans laquelle Harry était en nage était à présent trempée de sueur. Et dire qu'il allait déterrer un mort, si les informations de Allie s'avéraient exactes. Il avait beau le savoir, l'information prenait un temps fou pour atteindre son cerveau.

Le Survivant arriva bien vite devant le fameux figuier. L'arbre ombrageait les quelques tombes qui se trouvaient tout au fond du cimetière. Des figues écrasées jonchaient le dédale de granit et collaient aux semelles des chaussures de Harry. Celui-ci fit le tour de la plante en se demandant si Aly reposait bien ici depuis tant d'années. Peut-être était-elle sous ses semelles en ce moment ? A cette triste pensée, Harry s'éloigna brusquement en sentant la texture molle des figues trop mures sous ses pieds qui lui inspirait une autre matière.

Soudain, Harry aperçut dans la verdure derrière l'arbre, entre quelques racines noueuses, un rectangle où la végétation était légèrement différente et sensiblement plus élevée. Le sang e Harry ne fit qu'un tour. Le petit monticule de terre avait la taille d'un enfant et était à l'abri des regards. Il serait donc possible qu'un cadavre repose là depuis cinquante ans sans que personne ne l'ait trouvé.

Harry respira un grand coup et, sans vraiment réfléchir, souleva sa pelle et commença à creuser. La terre volait dans tous les sens et Harry ne savait même plus ce qu'il était en train de faire. Il ne se rendait pas bien compte de la gravité de son geste. Harry creusait, c'était tout ce qu'il comprenait. A un moment, la pelle buta contre un solide. A peine Harry eut-il aperçu l'éclat blanc de ce qui semblait être un os et sentit une odeur putride se dégager qu'il rejeta sur le trou une pelletée de terre. Harry courut alors rejoindre ses filles. Sorela et Allie virent Harry revenir aussi blanc qu'un linge les seules paroles que sa gorge nouée fut capable de dire furent : « On appelle les Aurors »

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