Titre : Saving Connor: Sauver Connor

Auteur : Lightning on the Wave

Traductrices : Crazy-Snape, Saara, Ange de Crystal, Kameya, Lilith Lliane Myrddin, Ariane Malfoy-Shinigami,

Bêta lectrice du chapitre 1 : Lexy-kun

Bêta lectrice pour les autres chapitres: Phaine

Ancien Correcteur : Harry Griffondor Nouveau correcteur : Jilian

État de la fic anglaise : Terminé( 22)

État de la fic française : Sommaire + 7; Traduit : 1 au 13,18; En cours : 19 jusqu'au 20;

Chapitre traduit par : Chaola

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Vous pouvez remercier Ariane Malfoy-Shinigami

car c'est grâce à elle,

que vous avez un nouveau chap

puisqu'il y a 10 reviews

Onarluca

Bonne lecture

Eni et Onarluca

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Chapitre Sept : Humilité

« Fumo ! »

« Harry ! »

Harry sourit légèrement tandis que la fumée emplissait le dortoirs des garçons de première année sous les cris de protestation et de dégoût de Greg et Vince, perturbés dans leur travail, et de Blaise, à moitié endormi sur son lit. Blaise qui d'ailleurs tomba du lit en toussant comme un tuberculeux. Harry lui-même aurait dû s'étouffer, mais il avait déjà lancé l'enchantement Specularis devant lui. Une petite fenêtre d'air planait là, déviant la fumée de chaque côté et lui permettant de respirer. Elle bougeait également avec lui, de façon à ce qu'il puisse voir à une courte distance devant lui.

Il le prononça à nouveau, cette fois plus fermement et avec un mouvement plus ample de sa baguette, et la fumée disparut. Vince et Greg les regardèrent. Blaise le fusilla du regard depuis le sol.

« Pourquoi as-tu fait ça ? » Il avait prononcé le mot comme s'il avait découvert que son Niffleur lui avait rapporté une grenouille morte. « Au milieu de notre chambre ! »

« Parce que Draco ne me croyait pas capable le faire, » dit Harry en haussant les épaules, se laissant tomber sur son lit et gardant pour lui-même que le fait qu'il n'avait pas oublié comment faire le sort de Fumée le rassurait beaucoup. Il avait le pressentiment qu'il en aurait besoin, comme il aurait besoin du Protego et tout le reste des sorts boucliers et de dissimulation que sa mère avait insisté pour qu'il apprenne. « Dis-le-lui. »

« Je n'ai pas dit ça pour que tu fasses une démonstration tout de suite, » pleurnicha Draco du lit à coté du sien.

Harry ferma les yeux et laissa la dispute se dérouler autour de lui. Un tel bavardage, sans la mention de son nom ou de celui de Connor hormis pour rigoler, était la meilleure chose – après le silence – ce qu'il n'aurait pas avec Draco dans la pièce – pour penser aux rêves qui le tourmentaient dernièrement.

Au départ les rêves étaient vagues, des formations d'obscurité qui n'impressionnaient pas Harry, qui avait grandi bercé par des histoires du premier règne de Voldemort et les véritables choses horribles qu'avaient faites les Mangemorts sous ses ordres. Mais progressivement ils se sont précisés, et il s'était retrouvé dans un labyrinthe de couloirs tourbillonnants dans tous les sens, s'avançant vers une porte qui s'ouvrait sur des dents pointues et grondantes.

Puis une autre silhouette avait commencé à apparaître entre lui et la porte. La silhouette était petite et voûtée, paraissait insignifiante. Harry supposait que c'était pour éviter qu'on l'observe. Mais puisqu'il était quelqu'un qui utilisait les mêmes défenses, il avait regardé, et reconnu le turban qui entourait la tête de la silhouette. Puis il s'était réveillé avec sa cicatrice saignant, ce qui était, selon lui, la dernière preuve qu'il lui fallait. Le Professeur Quirrell voulait d'une façon ou d'une autre faire du mal à Connor.

Et cela en soi, était ridicule. Le Professeur bégayait tout le temps et enseignait la Défense Contre les Forces du Mal avec une incompétence récalcitrante. Harry n'en avait que faire pourtant. Il avait prévu de suivre le Professeur Quirrell ce soir et voir ce qu'il pouvait découvrir sur lui.

« HARRY ! »

Harry cligna des yeux et s'assit. Draco et Blaise le regardaient, Blaise tenant sa baguette devant lui. Au-dessus flottait une bulle transparente que Harry reconnut comme un début de Specularis.

« Pas comme ça, » dit-il, et s'installa pour leur montrer le mouvement de poignet correct. Il supposa qu'il cherchait les ennuis, enseignant des sorts à de possibles futurs Mangemorts ; mais refuser ne lui apporterait qu'une réputation de crâneur, et Harry voulait éviter n'importe quelle sorte de réputation. De plus, Harry pensait que certains d'entre eux pourraient retourner leur veste. Tous les Serpentards n'étaient pas mauvais. Même Draco n'était pas si mauvais la plupart du temps.

« Allons, Blaise, même un Gryffondor peux mieux faire, » nargua Draco, et Harry soupira et revit son estimation du temps que cela prendrait.

Ce soir-là, Harry attendit calmement à l'extérieur de la Grande Salle jusqu'à ce que le Professeur Quirrell en sorte, puis le suivit. Il aurait souhaité avoir la Cape d'Invisibilité de son père, mais il était presque sûr que Lily avait interdit à James de la lui envoyer. Il devrait se reposer ses habilités à rester silencieux et à se cacher, et sur les sorts qu'il avait appris, si nécessaire - juste au cas où Quirrell se retournait.

Le Professeur continua de se dépêcher, pourtant, autant plongé dans ses pensées que l'avaient été les Serpentards lors de la dispute à propos de Quidditch que Harry avait provoqué lors du dîner. Il n'avait jamais regardé derrière lui pour vérifier que personne ne le suivait, et Harry fut capable de le suivre facilement au fil des couloirs, portes, escaliers montants et coins.

Alors pourquoi ai-je l'impression que l'on m'observe ? pensa Harry, alors qu'ils tournaient au coin et arrivaient devant une porte fermée.

Il ne savait pas, tout comme il ne savait pas avec certitude ce qui causait les douleurs que subissait sa cicatrice, mais il en savait assez pour se mettre à couvert lorsque finalement le Professeur Quirrell se retourna pour observer derrière lui. Puis le Professeur sortit une grande clef argentée qui pendait à une chaîne autour de son cou et la plaça dans la serrure. Un grincement discret, et il l'avait passée et était à l'intérieur.

Harry attendit en silence pendant un moment, puis deux, puis dix. Puis il s'approcha précautionneusement de la porte, espérant qu'elle était déverrouillée.

Elle l'était, mais Harry ne put pas voir grand-chose lorsqu'il s'agenouilla et regarda par le trou de la serrure. Il entendit un grognement cependant, et Quirrell murmurer tout bas, trop doucement pour pouvoir comprendre ce qu'il disait. Harry pencha la tête pensivement… est-ce que le Professeur ne bégayait plus, ou n'était-ce que son imagination ?

« Pourquoi es-tu là ? »

Harry contracta tous ses muscles pour se garder de tressaillir, ou de crier, puis se tourna et fusilla Draco du regard, qui était arrivé derrière lui. « J'essaye de protéger Connor, » murmura Harry, « mais dis-moi, pourquoi es-tu là, toi ? »

« Je t'ai suivi depuis après le dîner, » dit Draco avec un haussement d'épaules. « Je sais que tu as déclenché cette dispute exprès pour pouvoir partir sans être remarqué. » Il s'agenouilla près de Harry et sourit de toutes ses dents. « C'était vraiment très Serpentard de ta part, Harry. Un Gryffondor n'aurait fait que lâcher son assiette sur la tête de quelqu'un. »

Harry réprima l'envie de rentrer dans une argumentation sur sa véritable maison. « Tais-toi, » murmura-t-il à la place. « Le Professeur Quirrell est dans cette pièce, et je ne veux pas qu'il sache que nous sommes ici. »

« Pourquoi pas ? » demanda Draco trop fort. « C'est un Professeur, n'est-ce pas ? Pourquoi - »

Harry attrapa son bras et le tint fermement alors que les grondements derrière la porte entrouverte se transformaient en aboiements bruyants. Un instant plus tard, une douleur dans sa cicatrice apparut, que Harry prit comme évidence que le Professeur Quirrell revenait en courant vers eux.

Il n'hésita pas, mais attrapa sa baguette à l'intérieur de sa robe. « Fumo ! »

De la fumée sortit du bout de sa baguette et emplit le corridor d'un brouillard gris. Harry grimaça ; il avait oublié de lancer Specularis, et il pouvait entendre Draco s'étouffer, essayant désespérément de ne pas les faire remarquer. Et maintenant il ne pourrait pas savoir de quel côté allait partir le Professeur Quirrell. Il était en colère contre lui-même.

Il choisit la direction qu'il se rappelait vaguement comme étant celle qui menait vers le hall, tirant Draco derrière lui, qui le suivait péniblement, ses toussotements sortant en petits sons étouffés. Harry se pencha au-dessus de lui et sortit entièrement sa baguette. Il pouvait se battre contre le Professeur Quirrell si cela en venait à ça. Il le devrait, si le Professeur trouvait qui avait jeté le sort de Fumée.

Mais le Professeur était parti. Le temps que la fumée disparaisse, Harry ne pouvait voir personne. Il soupira, et grimaça lorsqu'il remarqua que la porte était verrouillée. La chance de pouvoir voir ce qui était derrière venait de s'envoler.

Ses narines et poumons lui piquaient, mais il n'était pas vraiment mal en point. Draco, par contre, devra aller voir Mme Pomfresh. Harry le réconforta un peu pour qu'il se remette debout, puis pour qu'il marche, et secoua la tête alors qu'ils trébuchaient vers le premier escalier.

« Pourquoi as-tu senti le besoin de me suivre, de toute façon ? » lui marmonna-t-il. « Tu n'avais pas à le faire. »

« Je voulais le faire, » murmura Draco, puis se remit à tousser.

Harry soupira et continua à avancer. Aucun doute, c'est une réponse très Malfoyenne.

Harry n'eut pas d'autre occasion de pouvoir suivre le Professeur Quirrell. Draco avait semblé décidé de s'attacher à lui. Il avait toujours une excuse. Ce jour-là il avait oublié de noter les devoirs de Potions. Il voulait que Harry lui apprenne le sort de Fumée. Est-ce que Harry avait réalisé que ça faisait des jours qu'ils n'avaient pas joués aux cartes explosives ensemble ? Il harcelait, enjôlait, reniflait et raillait, et Harry se retrouva à passer plus de temps que jamais dans la Salle Commune des Serpentards et à la bibliothèque alors que les semaines passaient.

Et bien sûr il passait du temps sans Connor.

Cela rendit particulièrement fou Harry, comme il savait que Draco le faisait exprès. Mais attirer trop d'attention serait également contre les règles qu'il s'était imposé lui-même. Il savait que Draco écrivait à son père tous les jours. Est-ce que Lucius aimerait entendre que l'aîné des fils Potter se faisait trop de soucis pour le plus jeune et faisait tout pour qu'il ne fît pas confiance aux professeurs et aux sorts de Poudlard pour le protéger ? Et que penserait Draco, s'il commençait à considérer les tentatives désespérées de Harry à retourner auprès de son frère soient motivées par plus que de l'affection envers son jumeau ? Harry avait montré, pas franchement judicieusement, combien il était meilleur en une magie que la plupart des élèves n'apprenaient pas avant la deuxième ou la troisième année. Il s'entraîna plus souvent dans des placards à balai ou des classes isolées après cela, mais le mal était fait. Blaise, Vince et Greg le regardaient avec une certaine forme de respect, Draco avec quelque chose s'approchant du délice. Et, bien sûr, Draco insista pour apprendre chaque sort que Harry connaissait.

Cela continua, jusqu'à ce que Harry commença à se sentir exaspéré, plus comme un élève de Serpentard que le protecteur de son frère.

Puis arriva Halloween. Par la suite, cela restera dans l'esprit de Harry pour d'autres raisons, mais la première qui le faisait gardait cette date en tête fut le fait qu'il entendit que Connor pouvait être délibérément mauvais.

Et cela ne lui plaisait pas du tout.

« Allez viens, Harry ! J'ai faim. »

« - Juste une minute, Draco, » dit Harry de façon distraite, étirant le cou. Ron et Connor sortaient à peine de la salle d'Enchantements avec le reste des Gryffondors. Il voulait voir son frère et lui souhaitait un joyeux anniversaire. Après tout cela faisait dix ans que Connor avait vaincu Voldemort et sauvé le monde magique.

Ils étaient juste devant lui, Harry souri et s'apprêtait à dire quelque chose, quand Connor ricana et fit remarquer, apparemment répondant à quelque chose que Ron avait dit, « Et bien, Hermione doit bien être bonne avec les livres, à quoi d'autre pourrait-elle être bonne ? »

Harry se figea. La remarque lui rappelait une qui avait été faite sur le nom de Draco, dans le train. Connor était capable d'être délibérément méchant, mais c'était souvent des flashs soudains comme ici, qui se transformés en remord approprié. Et celui-ci semblait si – non mérité. Hermione n'était pas un Mangemort, n'y ressemblait en rien, et Harry ne l'avait jamais entendu railler Connor. Au moins le père de Draco était une chose connue, un ennemi connu, et Draco aurait pu l'être, également.

Finalement il retrouva sa voix. « - Connor - » commença-t-il.

De bruits de pas l'interrompirent, et Hermione passa en coup de vent devant eux, en larmes. Connor rougit et ouvrit la bouche, puis baissa la tête.

« - Suis-la, » dit Harry. « Excuse-toi, par Merlin, Connor. C'était déplacé. » Il pausa un long moment. « Et indigne de toi. »

Puis il tourna et s'éloigna, malgré le fait que ce soit la plus longue conversation qu'il ait eu avec son frère depuis une semaine. Connor resta bouche-bée et cria après lui. Harry l'ignora. Le futur chef du monde magique ne pouvait pas se permettre de tels défauts de caractère. A la maison, Lily les ignorait. Harry ne savait pas si cela allait bien marcher ici, mais il était prêt à essayer la même chose.

Draco fut très discret durant le festin d'Halloween. Tout en dégustant les nombreux mets, il ne cessait d'observer Harry en douce. Visiblement, celui-ci broyait du noir, et malgré les regards suppliants qui lui provenaient de la table des Gryffondors, il refusa de le regarder dans les yeux – peut-être parce que la Sang-de-Bourbe n'était pas revenue s'asseoir avec toute la compagnie.

Intéressant. Je pense qu'il a mis de côté sa vie pour son frère, mais ne veut pas pour autant abandonner ce truc encombrant qu'il appelle sa morale. Hm-mmh.

Finalement Draco ouvrit la bouche pour en parler à Harry, mais tourna soudainement la tête quand les portes de la Grande Salle s'ouvrirent brusquement dans un claquement assourdissant. Dans l'embrasure, le Professeur Quirrell titubait et se retenait, clignant des yeux, aux tenants de la porte, son turban à moitié défait. Le regard que ses yeux jetaient fit rouler ceux de Draco.

« T-troll, » dit-il finalement, faiblement. « Un troll…. dans les cachots. Je pensais… que vous devriez être mis au courant. » Il se balança une dernière fois, puis s'évanouit.

Et ce fut le chaos. Les Directeurs de Maison ordonnant aux Préfets de ramener les élèves en sécurité dans les Salles Communes, les élèves courant dans tous les sens, et les professeurs sortant frénétiquement pour fouiller le château. Draco n'avait pas peur ; il se leva en même temps que le reste de la table des Serpentards quand on le lui demanda, et se dirigea calmement vers les cachots. En chemin, ils passèrent devant le Professeur Rogue, dont les yeux noirs brillaient dangereusement. Draco eut un sourire malicieux. Il se sentait désolé pour le troll qui devrait faire face au Professeur Rogue.

Puis, bien sûr, il vit Harry se détacher du reste des élèves et s'éloigner hâtivement.

Sifflant, Draco attrapa le dos de la robe de Harry et le ramena de nouveau vers la file. « Que penses-tu être en train de faire ? » lui murmura-t-il à l'oreille. « Tu ne pourras que t'attirer des problèmes quand le Professeur Rogue verra que tu t'es enfui, et je devrai encore porter le chapeau. De plus, je te signale qu'il y a un troll qui se promène dans le château, ou peut-être as-tu oublié la raison de la panique ambiante ? »

Harry le regarda. Draco eut un mouvement de recul, baissant la main. Il y avait un étranger dans les yeux de Harry, déterminé, implacable, plein d'intenses résolutions. Il ne ressemblait pas à un première année.

« Hermione n'est pas là, » lâcha-t-il doucement. « Connor et Ron viennent juste de quitter le groupe des Gryffondors. Je pense qu'ils sont partis à sa recherche. »

Draco renifla. « C'est une longue chaîne de suppositions pour mettre en ligne ta sécurité, » dit-il. « Viens. »

Harry haussa les épaules. « Je peux me tromper, » acquiesça-t-il, calmement. « Peut-être ne sont-ils pas partis à la recherche d'Hermione. Mais, tout de même, mon frère est là-bas. J'y vais… je vais le protéger. » Il prononça les derniers mots avec l'implacabilité froide et meurtrière qu'une morsure de Runespoor, puis se retourna et disparut à l'angle du couloir avant que Draco n'ait pu l'arrêter. Hésitant une dernière fois – simplement pour être sûr que les préfets de Serpentard étaient trop occupés avec les autres pour les voir partir, se rassura-t-il – Draco s'élança après Harry.

« Tout ça pour une Sang-de-Bourbe, » marmonna-t-il.

« …Tout comme notre mère, » lança Harry gentiment, sans le regarder.

Draco grimaça. Harry était comme ça, quelques fois, portant le coup avec une petite et paisible remarque acérée. « Oui, enfin, c'est pas ce que - »

« Draco, » fit Harry d'un ton dénotant une infinie patience, « tais-toi. »

Draco se tut. Il suivit Harry, qui semblait savoir où il allait. Il faillit lui foncer dedans lorsqu'il s'arrêta brusquement, puis regarda par dessus l'épaule de Harry et au coin du couloir. La vue qui s'offrait devant lui fut suffisante pour supprimer toute la salive de sa bouche.

Ils avaient trouvé le troll.

Il était énorme, d'un gris sale, et avançait à pas lourds comme une statue ramenée à la vie. Il hésita pendant un long moment, puis entra dans les toilettes des filles au bout du couloir. Une minute plus tard, deux silhouettes entrèrent après lui.

« Connor, » dit Harry, avec une intonation dans la voix que Draco ne put identifier, puis se mit à courir. Il était déloyalement rapide, et Draco le suivit rapidement bien que péniblement. Ils pénétrèrent dans les toilettes, juste à temps cependant pour entendre un cri, puis pour comprendre une partie du problème. Le troll avait acculé Granger dans un coin, et Potter et Weasley étaient en train d'essayer de faire léviter sa massue au-dessus de sa tête.

Ce qui échoua. Evidemment que cela échoua, pensa Draco ; c'était un plan de Gryffondor. La massue tomba, le troll la ramassa et porta un coup de côté plus rapidement que Draco aurait imaginé qu'il pouvait bouger. La massue ne fit qu'effleurer Weasley, qui pourtant perdit connaissance, mais elle frappa Potter de plein fouet, l'envoyant balader dans le mur.

Harry fit un pas en avant. Draco aperçut un instant son visage et trembla. Au même moment, un féroce, violent mal de tête l'envoya au sol. Son bouclier n'était plus suffisant pour parer la puissance montante de Harry.

« Tu n'aurais pas dû faire du mal à mon frère, » dit Harry au troll, qui se tourna vers lui, clignant des yeux comme la grosse bête stupide qu'il était. « Tu n'aurais vraiment pas dû faire du mal à mon frère. » Draco sentit tous ses futurs plans de maltraitance physique sur Potter plonger par la fenêtre devant la flamme de son regard. Harry brandit une main devant lui. « Incendio ! »

La massue du troll prit feu. Il hurla et la lâcha, mais Harry lança, « Wingardium Leviosa ! » et la massue lévita, puis vola et s'écrasa sur le troll, qui courut et sauta en rond, affolé par la douleur et la chaleur. Harry fit un pas de plus en avant et gronda, d'une voix qui en elle-même avait assez de puissance pour lanciner de douleur les tempes de Draco, « Finite Incantatem ! »

Le feu s'éteignit, et la massue retomba sur la tête du troll avec un crash final. Il s'écroula avec un gémissement, puis s'immobilisa. Draco frémit, à la fois à cause de la puissance démontrée et de l'odeur de la chair brûlée du troll.

Et il y avait aussi le fait – insignifiant – qu'Harry n'avait pas utilisé de baguette pour ces trois sorts.

Harry se retourna, essoufflé, cherchant de la main un appui qui n'était pas là. Draco se dépêcha de le lui fournir, mais ne parvint qu'à le rattraper alors qu'il tombait à genoux. Il ne dit rien. Il ne savait pas quoi dire.

Granger apparut au coin et les fixa.

« Connor, » dit Harry, relevant la tête. Ses yeux étaient de nouveau normaux, si la panique vitreuse qu'ils affichaient pouvait être qualifiée de « normale ». « Il est vivant ? »

« Je vais voir, » dit Draco - puisque cela importait autant à Harry, il pouvait bien le faire - et il se dirigea vers l'autre Potter. Il respirait, et malgré la bosse à l'arrière de la tête et le gigantesque hématome le long de ses côtes qu'il remarqua en regardant maladroitement sous sa robe, il n'avait pas l'air gravement blessé. Draco soupira et acquiesça vers Harry. « Il survivra. »

« Je le soignerai bien, » marmonna Harry d'un air contrit, « mais je connais pas encore de magie médicale. »

« Ce que tu sais déjà est bien assez impressionnant, » dit sèchement Draco. Il ressentait le besoin de pouffer de rire, mais résista, parce qu'une fois qu'il le ferait, on ne pourrait plus l'arrêter. Il planait déjà sur le reflux de la magie qui flottait toujours dans l'air, centrée sur Harry, et il avait un mal de tête qu'il assimilait d'ordinaire d'avantage à un matin de nuit de beuverie. Il s'écroula de nouveau au sol. « Je ne pense pas pouvoir bouger, » dit-il pathétiquement, à personne en particulier.

A ce moment-là, des bruits de pas envahirent la pièce et la tête de Draco, empirant son mal de tête. Il grimaça, et regarda en l'air pour voir le Professeur McGonagall, la Directrice de la Maison de Gryffondor, au pas de la porte, qui observait le troll gisant par terre.

« Que s'est-il passé ? » demanda-t-elle, plissant les yeux vers Draco.

Draco ouvrit la bouche pour expliquer, mais Harry le devança, charmeur, parfaitement crédible. « C'était mon frère, Professeur, » dit-il. « Il a jeté un sort au troll que je n'avais jamais vu avant, une combinaison du, euh, du sort de Lévitation que nous avons appris aujourd'hui et de quelque chose qui a mis le feu. » Il secoua la tête de gauche à droite. Ses yeux ronds lui donnent un air innocent, pensa Draco, et du beurre fondrait certainement dans sa bouche mielleuse tandis qu'il clignait des yeux à McGonagall. « La puissance de ces sorts l'a assommé, et il est blessé, mais il m'a sauvé la vie. Il nous a tous sauvé la vie. »

Le visage de McGonagall s'adoucit, et elle hocha la tête. Puis elle fronça les sourcils : « Mais, Mr Potter, pourquoi vous trouviez-vous ici ? »

De nouveau Draco essaya de dévoiler la vérité, mais encore une fois Harry se mit en travers. « J'ai suivi le troll, Professeur. Je pensais pouvoir le vaincre. » Il baissa la tête timidement. « Cela devient fatiguant, à force, de vivre dans l'ombre de mon frère. » Il ajouta le parfait petit pleurnichement que Draco reconnut comme une imitation de lui-même. « Vous comprenez ce que je veux dire ? »

« C'était extrêmement inconscient de votre part, Monsieur Potter, » dit MacGonagall, la douceur de son visage presque complètement disparue. « Dix points en moins pour Serpentard, pour l'incroyable, incroyable idiotie de vos actions. »

Draco ouvrit la bouche pour protester contre l'incroyable, incroyable injustice de ce fait, mais les autres professeurs apparurent à ce moment-là, déglutissant et poussant des exclamations, et il fut emporté par la bousculade générale. Il vit Hermione Granger regarder la scène de ses yeux pensifs, en pleine spéculation, sa tête penchée sur le côté. Mais quand Harry croisa son regard et dit silencieusement, « Ils venaient à ta recherche, » elle apparut disposée à laisser tomber.

Draco ne l'était pas. Pendant que MacGonagall faisait léviter Potter et Weasley vers l'infirmerie, avec Harry trottant à côté d'eux, à bout de souffle, épuisé et heureux, il força le passage pour atteindre le Professeur Rogue. Le Directeur de la Maison de Serpentard était appuyé contre le mur, ses yeux passant de ses collègues au troll mort.

« Ce n'est pas Potter qui a fait ça, » insista Draco, quand Rogue daigna enfin faire attention à lui. « C'est Harry. Sans baguette même ! Et maintenant la vieille charogne a enlevé tous ces points, et c'est – enfin, c'est complètement injuste ! » Il grimaça et se tut, parce que sa tête lui faisait vraiment mal.

« Je sais, je sais, Draco, » soupira Rogue calmement, d'une voix qui dissimulait de nombreux sentiments ; tellement dissimulés que Draco ne parvenait pas à lire ce qu'il en était. Il survolait simplement la scène, et ses yeux ne montraient rien non plus. « Mais, je vais devoir attendre quelques jours avant de restaurer les points de Serpentard. Je dois rendre compte de la raison pour laquelle je les ai donnés après tout. »

« Je ne voulais pas parler de ça ! » pleurnicha Draco. « Enfin pas uniquement de ça ! Je veux dire - »

Rogue hocha la tête. « Je sais, mais j'ai découvert que la meilleure façon de démasquer notre Potter Serpentard n'est pas de le faire directement. Maintenant, viens avec moi. J'ai une potion qui calmera ton mal de tête. » Et il quitta la pièce.

Draco grimaça et hésita. D'un côté, il sentait qu'il devait être à l'infirmerie avec Harry.

D'un autre côté, sa tête résonnait comme un gong.

Finalement, il suivit Rogue, et composa mentalement une lettre complète à son père.

Cher Père,

Harry devient exaspérant. Et stupide.

Et il risque sa vie là où il ne le devrait pas, et refuse de recevoir les honneurs pour ça, ce qui devrait être l'unique raison de ce geste.

Et il m'a donné mal au crâne.

Tout ce qu'il fait me donne mal au crâne, on dirait.

À suivre