Titre : Saving Connor: Sauver Connor
Auteur : Lightning on the Wave
Traductrices : Crazy-Snape, Chaola, Ange de Crystal, Kameya, Lilith Lliane Myrddin, Ariane Malfoy-Shinigami,
Bêta lectrice du chapitre 1 : Lexy-kun
Bêta lectrice pour les autres chapitres: Phaine
Ancien Correcteur : Jilian Nouveau correcteur : Harry Griffondor
État de la fic anglaise : Terminé( 22)
État de la fic française : Sommaire + 17; Traduit : Complet
Chapitre traduit par : Chaola
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Bonne lecture!
Nous vous disons à la prochaine!
Et merci de nous suivre!
Eni et Onarluca
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Chapitre 17 : La Danse
Harry entra dans le bureau juste derrière Lucius, ne lui laissant pas le temps de poser des pièges ou d'appeler un allié par cheminette. La pièce était large et, pensa Harry, possédait cinq côtés, même s'il était difficile d'en être sûr avec toutes les bibliothèques qui s'alignaient le long des murs. D'autres barrières s'enroulèrent et se hissèrent autour de lui tandis qu'il entrait, ne le laissant pénétrer la pièce que grâce à la personne qui l'accompagnait. Les murs étaient du même bleu-gris que la porte d'entrée, que les anciennes armoiries des Malfoy, et n'étaient pas décorés, sauf par un portrait au-dessus de la cheminée.
Harry se retourna pour se retrouver nez à nez avec la baguette de Lucius, levée et brandie directement vers lui. Il attrapa la sienne, des années d'entraînement entrant en action.
Il réagit une seconde après Lucius, mais ce fut suffisant.
« Probo Memoriter, » entonna Lucius, et un jet d'une pale couleur bleue échappa de sa baguette et frappa Harry.
Harry ferma les yeux et attendit que le sort fasse effet. Il se rappela fermement que ce sortilège ne pouvait être offensif, ou cela déshonorerait à la fois le fils de Lucius et sa femme. Bien sûr, les histoires qu'il avait entendues sur les Mangemorts prouvaient qu'ils savaient être sans pitié au point de ne pas s'en soucier… mais c'était un Malfoy.
Il sentit son esprit gonfler et onduler curieusement, puis d'un coup il était en train de se rappeler un jour quand Connor et lui avaient cinq ans, et que Lily les avait laissé jouer dans le jardin à Godric's Hollow. Connor jouait avec un balai-jouet, l'attrapant en l'air comme un Vif d'Or lorsqu'il passait au-dessus de lui. Harry lisait un livre de simples sorts qui décrivait les enchantements auxquels il s'entraînerait le soir lorsque Connor serait endormi, des choses comme Wingardium Leviosa et Alohomora. Le soleil brillait, le ciel était d'un bleu immaculé, leur mère était assise non loin d'eux et les regardaient avec de grands yeux desquels toutes les ombres, pour une fois, avaient disparues.
La scène passa à la remémoration de cette nuit, quand Harry s'était entraîné aux enchantements et avait réussi à faire léviter son oreiller au bout du troisième essai. Lily était arrivée pendant ce temps-là et l'avait serré contre elle pendant plusieurs minutes. Le souvenir était si vivace que Harry pouvait encore sentir les bras de sa mère entourant sa taille et ses épaules.
Tout devint flou, puis il se vit à nouveau lui-même, âgé de sept ans, répétant mentalement la longue liste des politesses Sang-Pur qu'il avait apprises ce jour-là, allongé sur le dos dans l'herbe et regardant les étoiles avec Connor. Remus racontait à Connor une histoire sur le jour où un jeune sorcier et un jeune Moldu sont devenus amis. Harry avait déjà entendu cette histoire racontée par Sirius, qui, même s'il trouvait ça bizarre que son filleul veuille entendre des histoires sur les dîners formels de la Maison des Black, ne lui avait jamais rien refusé.
Harry avait maintenant neuf ans et commençait à arriver à faire de la magie sans baguette, après laquelle il s'effondrait immédiatement. Mais il persistait, et entre mai et août, il s'était grandement amélioré. Une fois il avait levé la tête pour apercevoir sa mère l'observant de la porte, un faible sourire à la fois fier et inquiet ornant son visage.
Et à présent Harry avait dix ans…
Harry, se débattant sous la surface de ses souvenirs, parvint à ouvrir les yeux. Il réalisa qu'ils créaient des images qui flottaient entre lui et Lucius, se déroulant en de vives couleurs et sons. Lucius avait les yeux fixés sur elles, une légère grimace peinte sur son visage.
Harry n'avait jamais entendu parler de ce sort, mais maintenant il avait une bonne idée de ce dont il était capable. Il serra les dents et fit appel à toute la volonté qui lui avait si bien servi dans la forêt. Il repoussa la faible lumière bleue qui crépitait autour de lui en cherchant et exposant plus de souvenirs.
Laisse-moi.
La toile de lumière fléchit et se courba autour de lui, têtue, mais Harry l'était encore plus. Il ferma le poing devant lui, et la toile se désintégra brusquement.
Harry vacilla vers l'arrière, puis réussit à retrouver son équilibre et leva les yeux vers Lucius. La baguette toujours brandie, l'autre sorcier le regardait comme un spécimen de poisson particulièrement intéressant.
Harry passa un moment à reprendre son souffle. Il était impossible de cacher combien il était déconcerté, mais il voulait paraître aussi impassible que possible. Une faiblesse était un faux-pas dans cette danse, pire qu'un simple regard ou un geste fait de travers. Un regard ou un geste fait de travers pouvait passer pour une erreur. Une faiblesse était plus probablement une vérité, quelque chose que le faible sorcier aurait dû cacher.
« …M. Malfoy, » articula-t-il finalement, « vous m'avez jeté un sort sans avertissement et sans mon consentement, et ce en réponse d'aucune offense de ma part. Vous m'avez invité à venir dans votre bureau, et j'ai accepté. Que vous me traitiez comme si j'avais enfreint les lois de l'hospitalité est inacceptable. Je vais attendre que Draco et Mme Malfoy reviennent, de façon à pouvoir leur dire au revoir. Je vous demanderais de tenir à ma disposition un Portoloin, pour que je puisse retourner à Poudlard une fois mes adieux terminés. Je vous souhaite une bonne journée. » Il tourna et avança vers la porte du bureau.
Lucius la ferma avec un sort non-verbal avant que Harry ne l'atteigne. Il se retourna, cette fois avec sa magie prête. Il ne pouvait se rappeler avoir déjà été si froidement furieux. Il avait tout bien fait. Lucius n'avait aucun droit de se comporter de cette manière. Etre un Mangemort était une chose, mais Lucius enfreignait les anciennes lois à tout va. Cela offensait Harry à un point qu'il n'aurait jamais imaginé.
« M. Potter, » dit doucement Lucius, « acceptez mes excuses, je vous prie. Je pensais que vous m'attaqueriez dès le sort levé. Mais au lieu de cela, vous avez suivi les lois, et seriez parti avant que j'aie pu m'excuser. » Il baissa la tête, ses yeux ne quittant pas ceux de Harry. « Ce sort était un test, tout comme le cadeau de la Glace à l'Ennemi, mon observation malpolie de la nuit dernière et tout ce que j'ai pu vous faire subir depuis votre arrivée. A chaque fois, vous avez répliqué comme le fils de deux sorciers de sang noble, et, qui plus est, formé dans les plus anciennes politesses. J'avais pensé comme admis que vous vous comportiez comme le fils d'une Sang-de-Bourbe. Pardonnez-moi pour avoir préjugé cela. »
Pendant un moment, Harry resta droit, attendant, mais apparemment le petit speech de Lucius était terminé. Il attendait maintenant, et Harry devait répondre.
Bien sûr, en ce moment même un test était en train de se dérouler. Si Harry réagissait au mot Sang-de-Bourbe, il confirmerait les présomptions de Lucius, comme quoi il ne méritait pas l'excuse. S'il attaquait Lucius, il romprait les lois de l'hospitalité, qui, techniquement, n'avaient pas été enfreintes. Tester était permis durant une danse, c'était en fait l'une des majeures parties de la danse, et le sort n'était ni offensif, ni nuisible.
Il recherchait des informations dans mes souvenirs pour voir quelles sont les forces et faiblesses de Connor, pensa Harry. Evidemment que c'était nuisible.
Mais Connor n'était pas présent, et le sort n'avait causé aucune blessure, physique, émotionnelle, magique, spirituelle ou mentale sur Harry lui-même. C'est le type de pas que Lucius utilisait, comme le prouvait le fait qu'il ne s'était pas excusé pour un quelconque effet du sort. Harry devait répondre par la même sorte de danse, ou abandonner la protection des lois de l'hospitalité.
Fais ce que tu dois. Survis. Surmonte ces vacances pour pouvoir retourner à Poudlard, Godric's Hollow et Connor. Et pardonne-toi pour ce que tu devras faire pendant ce temps-là.
Harry soutint le regard de Lucius et déclara, « M. Malfoy, j'accepte vos excuses. J'insiste, cependant, que vous me demandiez à l'avenir avant de me lancer un sort. Je me considère comme le fils d'une Sang-de-Bourbe et d'un sorcier de sang pur qui a eu la chance de recevoir de son père et de Sirius Black une éducation de sorcier noble presque complète. » Il remarqua le spasme de dégoût qui passa sur le visage de Lucius au nom de Sirius, mais ne le laissa pas le perturber. « Je suis également le frère du Garçon-Qui-A-Survécu, et seules d'immenses garanties de sécurité m'ont permis de me sentir sauf au Manoir Malfoy. Tout écart de ces garanties me rend nerveux. Je suis sûr qu'un noble sorcier tel que vous peut le comprendre. »
Lucius l'examina pendant un long moment. Harry attendit. Il n'avait manqué ni le spasme de dégoût, ni le choc succinct dans ces yeux gris et froids lorsque Harry avait appelé 'Sang-de-Bourbe' sa propre mère. Bien sûr, Lucius comprendrait – Harry jouait la partie Sang-Pur qu'il se devait de jouer – mais il avait dû penser que Harry ne l'oserait pas.
Harry soupira mentalement. Connor ne l'aurait pas fait. Il serait fidèle à l'honneur familial et à la fierté et aurait défendu Maman. J'aimerais pouvoir faire ça. Et peut-être le pourrais-je, si je voulais mettre ma vie en danger.
…Mais je ne peux pas. Ma vie ne m'appartient pas. Elle est à Connor. Et c'est ce qui me permettra de sortir d'ici et de retourner à ses côtés.
Lucius hocha la tête une brève fois, puis se relaxa, son masque de glace semblant fondre pour la première fois. « Je vous en prie, asseyez-vous, » dit-il, indiquant de la main une chaise devant le feu. « Je promets que les seuls sorts sur les chaises sont ceux qui la rendent plus confortable. »
Harry acquiesça, murmura ses remerciements, et marcha vers la chaise. Elle était étroite, dure, avec un haut dossier, et haute. Ses pieds ne touchaient pas par terre. Harry l'ignora. Si il se plaignait, l'avantage serait à Lucius.
« Puisque c'est Noël, je pense que du mulled cider (1) est de saison, » déclara Lucius, et il agita sa baguette. Deux tasses remplies d'un breuvage chaud apparurent. Il en apporta une à Harry, puis prit place dans une chaise identique en face de lui et inclina sa tête. « Vous pouvez porter le toast, M. Potter. »
Harry n'hésita pas. Une pause trop longue prouverait une faiblesse. « Au fait d'être en vie, » lança-t-il, et but. Le cidre chatouilla l'intérieur de sa bouche désagréablement, et il ne put s'empêcher de penser qu'il était peut-être empoisonné – sauf que Lucius serait plus que stupide de l'empoisonner maintenant, alors que Harry était sous la protection des lois de l'hospitalité Harry avait autant confiance en l'intelligence de son ennemi qu'en son consentement à l'empoisonner, donc il but trois gorgées et posa sa tasse sur ses genoux. Cela faisait picoter ses mains d'une chaleur plus grande que celle du feu.
Lucius buvait à petites gorgées. Ses yeux ne quittaient pas ceux de Harry. Peu après, il s'appuya contre le dossier de sa chaise et déclara à son tour : « Je vois que vous vous êtes entraîné longuement et durement. C'est inhabituel de voir une telle maîtrise de la magie sans baguette chez quelqu'un de si jeune, sans compter un répertoire de sorts si difficiles et importants. Dites-moi, M. Potter, pourquoi vous êtes-vous autant entraîné ? Vous êtes le frère du Survivant. Le Seigneur des Ténèbres a disparu. Vos parents et vos professeurs sont là pour veiller sur vous. Même mon fils, alors que je le pousse d'une différente manière, conserve bien plus de temps pour apprendre la magie. »
Harry garda un visage imperturbable. Si Lucius ne faisait pas référence au moyen par lequel il avait obtenu ces souvenirs, il ne le ferait pas non plus. « Je ne suis pas partisan du repos sur ses lauriers, M. Malfoy » trancha-t-il, et pris une nouvelle gorgée de son cidre. « Je crois que le Seigneur des Ténèbres reviendra. Et que nous devrons tous être prêts à l'accueillir quand le moment sera venu. »
« Ah, » fit Lucius doucement. « Alors votre frère, le Garçon-Qui-A-Survécu, suit aussi le même entraînement ? »
A chaque fois que Lucius parlait de Connor, Harry sentait ses entrailles comme coupées au couteau émoussé. Mais il ignora cela aussi. Il était toujours le partenaire le plus faible dans cette danse. Il devait se protéger lui-même, ce qui en retour protégerait Connor. Et, se dit-il, Lucius ne pouvait pas être sûr que Connor n'avait pas reçu le même entraînement. Il n'avait pas vu assez de souvenirs pour en être certain. « Son entraînement est complémentaire au mien, » choisit de dire Harry.
Une émotion passa rapidement dans les yeux de Lucius, mais Harry ne pouvait être dire ce qu'il en était. Il prit une gorgée. Harry prit une gorgée.
« Mon fils m'a beaucoup parlé de vous » continua Lucius. « Quand j'ai lu ses premières lettres, j'ai été surpris. Un Potter, à Serpentard ? Un Potter devenant volontairement ami avec un Malfoy ? » Il sourit, mais cette fois seule sa bouche bougea, ses yeux à nouveau de glace. « Dites-moi, M. Potter, pourquoi êtes-vous devenu ami avec mon fils ? »
C'est un père protecteur, pensa Harry, et il se sentit instinctivement plus à l'aise. Lucius n'était pas le parfait sorcier glacé sang-pur sur ce terrain. Il n'en sera que plus facilement perturbé si Harry en avait le besoin, et Harry pensait pouvoir y arriver en lui disant la pure vérité.
« Draco est devenu ami avec moi, plus que l'inverse, » dit Harry. « Je ne souhaite pas le rejeter. Je suis certain qu'il vous a écrit à propos de la dette de vie qu'il me doit et comment il a choisi de la rembourser. »
« Oui, » affirma Lucius. « Bien sûr, il ne m'a pas expliqué les circonstances de cette dette – comment c'est arrivé, comment vous lui avez sauvé la vie... »
« Les dettes de vie sont des choses tellement privées » murmura Harry. « Et tellement anciennes. Je pense que cela honore les traditions si nous leurs laissons leur mystère. »
Lucius sourit, presque sincèrement, et leva sa tasse de cidre en un bref toast envers Harry. Ce dernier inspecta ses émotions, et se retrouva coincé dans ce plaisir bizarre qu'il avait déjà connu depuis qu'il était arrivé au Manoir Malfoy. Lucius était un Mangemort meurtrier qui ne s'arrêterait sûrement devant rien pour s'assurer que Connor meure ou soit livré au Seigneur des Ténèbres. Mais l'on pouvait être sûr qu'il ne dépasserait pas certaines limites, frontières, barrières, s'il n'était pas sur un champ de bataille. De telles limites permettaient certains moments de respect mutuel et d'admiration. Harry savait que sa relation avec Lucius serait toujours tendue, mais cela marchait merveilleusement bien.
« Assez parlé de mon fils, » dit Lucius. « Comment se fait-il que le fils d'une Sang-de-Bourbe ait reçu une éducation Sang-Pur ? »
« J'ai souhaité la recevoir » répondit Harry. « Ma famille n'avait aucune raison de me la refuser. »
« Intéressant » fit Lucius en haussant les sourcils. « J'aurais pensé qu'un fils de James Potter serait encouragé à suivre les traditions de ces amoureux des moldus. D'aduler Dumbledore, par exemple. D'éviter le mot Sang-de-Bourbe comme un mauvais sort. De ne connaître aucune tradition Sang-Pur par pure fierté. »
Le visage de Harry resta impassible. C'était la description parfaite de Connor, qui même s'il avait certaines notions Sang-Pur dans la tête, ne savait pas rien d'elles, et elles ne lui avaient certainement pas été enseignées séparément de son éducation générale de sorcier.
« Ma famille n'avait aucune raison de me refuser cela, non plus. »
Lucius s'enfonça un peu plus dans sa chaise. Harry était certain qu'il était en train d'accepter, de décortiquer, d'évaluer, et de conclure que Harry connaissait les deux mondes. Cela était vrai apparemment. Cela freinerait peut-être Lucius de s'en prendre à Connor, s'il pense que Connor a la même éducation.
Connor en aura besoin, pensa Harry, le cœur se serrant. Je sais qu'il y résistera, mais nous devrons commencer cet été. Nous avons assez retardé l'échéance dans notre désir de protéger son innocence.
« Dans ce cas-là, pourquoi êtes-vous à Serpentard ? » demanda Lucius, abandonnant subtilement et complètement le sujet, et par ce fait changeant le pas de la danse. Harry se redressa, entendant la musique s'accélérer, devenant plus dangereuse. « Cela pourrait montrer que vous choisissez un côté de votre éducation. »
« Un élève ne choisit pas sa Maison » répliqua calmement Harry.
A cela, Lucius partit d'un rire clair. Harry cligna des yeux. Le rire était riche, avec un son de hoquet dans le fond. Il était très dur d'imaginer un homme riant comme cela torturer et tuer des enfants. Harry aurait été incliné à penser que Lucius avait un rire froid, comme celui qu'il avait, parfois, entendu dans ses rêves.
« Allons, Harry, » fit Lucius, le rire encore dans la voix, « vous pouvez me le dire. Que vous a dit le Choixpeau lorsqu'il vous a placé à Serpentard ? »
Harry releva le menton. Ce qu'il s'apprêtait à faire état dangereux, mais s'il ne réagissait pas sur le changement de noms, alors il acceptait une position inférieure à celle de Lucius.
« Et bien, Lucius, » dit-il, « j'imagine qu'il m'a dit la même chose qu'à vous. »
Voilà, pensa Harry, alors que le visage de son interlocuteur redevenait indéchiffrable, laissons-le ruminer là-dessus pendant un moment, et se demander ce que je voulais dire.
Le silence se fit pendant un instant, alors que Lucius buvait son cidre tout en fixant Harry. Harry lui rendait son regard, se demandant quelle serait la prochaine remarque.
« Saviez-vous, » finit par dire Lucius, sa voix baissait légèrement, « que votre magie était très puissante, Harry ? Flexible et adaptable. Presque aussi puissante que la mienne lorsque j'étais enfant. »
Harry étendit sa magie vers Lucius, mais ne put rien percevoir. Il cachait sa propre puissance magique derrière des barrières érigées avec précaution. Harry acquiesça de la tête. Il n'avait aucun moyen de savoir si ce que racontait Lucius était vrai ou pas, et donc aucune raison de croire en cette remarque.
« Merci, Lucius, » s'inclina-t-il. « Mais, à dire vrai, je ne suis seulement que le frère du Survivant. »
Là. Il y eu soudainement un flash dans ces grands yeux gris soudainement alertes. Harry cacha un sourire. Que cette rumeur garde Connor. Tout ce qui peut le protéger est bon à prendre.
Lucius l'observa en silence. Harry buvait son cidre, comme prétendant que cela n'était qu'une plaisante rencontre privée.
Soudain un coup retentit à la porte du bureau, au même moment où quelque chose tapait à la fenêtre. Harry leva les yeux sur une magnifique chouette couleur fauve attendant qu'on lui ouvre avec une lettre attachée à sa patte. La personne à la porte s'avéra être Draco, qui l'instant d'après demandait : « Père ? Harry ? Est-ce que vous allez bien ? »
Lucius se leva élégamment et alla ouvrir à la chouette. Ses yeux ne quittèrent pas Harry, cependant, même lorsqu'il détachait la lettre.
« Merci Harry, » dit-il enfin, « tout cela fut très instructif. Maintenant, si vous le souhaitez, vous pouvez rejoindre mon fils. Il a l'air inquiet à votre sujet. » Il fit une longue pause. « Je ne vois pas pourquoi. »
Prenant ces mots comme la proposition de trêve qu'ils avaient probablement, Harry acquiesça et posa sa tasse vide sur l'accoudoir de sa chaise. « Merci à vous pour le cidre et la conversation, Lucius. Les deux renfermaient un goût unique. »
Lucius sourit, même s'il montra plus les dents qu'il ne sourit réellement. « J'ai hâte de vous revoir, Harry Potter. »
Harry inclina la tête et sortit - il dut d'abord rassuré un Draco hystérique comme quoi rien n'était arrivé, et lui dire que, non, cela ne voulait pas dire qu'il avait changé d'avis sur le fait que Lucius soit un Mangemort volontaire. C'est alors que Narcissa revint, un grand-duc noir que Harry reconnut comme Godric sur son bras. Godric portait une lettre de son jumeau.
Juste derrière lui il y avait deux autres chouettes que Harry reconnut comme celle de sa mère et celle de Remus. La chouette de Lily portait deux lettres.
Soupirant, Harry se mit à lire les demandes anxieuses de sa famille de savoir s'il avait été tué, et répondu que, non, il ne l'avait pas été.
Lucius attendit que la porte soit fermée avant d'ouvrir la lettre. Bien, c'était enfreindre les lois de l'invité si celui-ci essayait de lire le courrier sans permission, mais cela ne voulait pas dire que Harry Potter ne trouverait pas un moyen.
La lettre était brève, allant à l'essentiel, et ne faisait vraiment rien d'autre que confirmer l'autre lettre qu'il avait reçu plusieurs semaines auparavant. Lucius inscrivit une réponse brève sur un parchemin, l'attacha à la patte de la chouette, et la regarda s'envoler dans le ciel blanc hivernal, se dirigeant vers le Nord. Cela ne voulait rien dire, bien sûr.
Lucius revint sur ses pas pour finir son cidre, et considéra ce qu'il avait appris grâce à la conversation, ou plutôt la valse tremblotante, qu'il avait mené avec Harry Potter.
Le garçon était tout ce que son fils avait promis, et plus encore. Lucius pouvait voir pourquoi Draco était si fasciné. La magie de Harry faisait pulser la sienne d'attraction à la puissance, d'intérêt pour l'utilisateur, crainte dans le cas où elle serait tournée contre lui, et de désir compétitif d'égaler cette puissance avec la sienne.
Ce qu'il ne savait pas était le fait que Harry ait un tel contrôle de la magie sans baguette, de résistance aux sortilèges, et de politesses propres aux Sang-Pur. Il aurait rendu le grand-père de James, le dernier Potter vraiment digne du nom, fier – et il l'aurait rendu fier en tant que descendant de dix-huit ou dix-neuf ans, prêt à prendre sa place en tant qu'héritier formel de la famille. Un contrôle comme celui-là n'était pas naturel chez quelqu'un de si jeune, tout comme la puissance magique. Lucius ne connaissait aucune raison qui aurait pu faire que Harry le possédât.
Maintenant qu'il était seul, il laissa un de ses poings se serrer légèrement à l'opportunité manquée que représentait le sort Probo Memoriter. Il avait vu que les Potter avaient durement entraîné leur fils aîné, mais il n'avait rien appris sur le pourquoi de cet entraînement, ni quel genre d'éducation Connor Potter avait reçu. Bien sûr, Draco pensait que le garçon était faible, mais Draco était trop absorbé par Harry et lui-même pour juger rationnellement.
Et Harry avait mis fin au sort avec très peu d'efforts, et agi comme un Sang-Pur offensé aurait réagi, au lieu du garçon au tempérament colérique et ami des Moldus que Lucius s'attendait à trouver.
Et bien, cela a du sens, n'est-ce pas ? Il a du tempérament, mais il le cache. Et ce n'est pas un enfant, quel que soit son âge.
Lucius laissa un faible sourire étirer ses lèvres. Bien sûr, les Potter avaient déjà choisi le camp qui finirait par perdre – et la lettre qu'il avait reçue aujourd'hui en était la preuve – mais il ressentit un grand contentement dû au fait qu'il aurait à combattre un ennemi comme Harry Potter sur le champ de bataille avant cette fin.
Si le garçon pouvait seulement changer de camp…
Lucius ne se laissa pas aller à penser de cette façon, cependant. Il était possible de pouvoir faire changer de camp à Harry, rien que par l'amitié avec Draco et sa présence dans la Maison de Serpentard ; mais onze difficiles années d'entraînement ne semblait pas l'avoir changé en cette sorte de sorciers qui aurait pu l'envisager comme une possibilité. De plus, le garçon préférait les voies les plus anciennes, même s'il avait suivi la danse moderne sans rater un seul pas. Des coutumes Sang-Pur qui finissaient souvent par former des gens qui se briseraient avant de se plier.
Et pourtant, ce garçon avait dit 'Sang-de-Bourbe' comme s'il le disait tous les jours.
Lucius secoua brusquement la tête et claqua des doigts pour appeler Dobby et lui amener sa cape. Il passait trop de temps à penser au jeune ami de son fils. Il était temps qu'il parte faire une course pour son Seigneur. Il devait récupérer un objet caché sur la côte écossaise. Il voulait le faire, et puis être de retour pour le déjeuner, de façon à pouvoir passer Noël avec sa famille.
Et notre invité inhabituel, bien sûr.
À suivre
(1)mulled cider : boisson typique de Nouvelle-Angleterre, sorte de cidre chaud et épicé.
Pour 6 verres :
75cl de cidre brut
10cl de rhum ambré
75g de sucre roux
4pincées de 4épices
6 morceaux d'écorces de cannelle
La recette :
Mettre le cidre, le rhum, le sucre et les pincées de quatre épices dans une casserole.
Faire chauffer sans bouillir.
Servir avec un morceau de cannelle.
