Alors que les disciples sombraient dans le sommeil, Wei Wuxian se reposait un peu contre Lan Wangji. Pour eux aussi, la nuit avait été éprouvante et le Yiling Laozu sentait que le corps de Mo Xuanyu avait besoin de reprendre des forces. Après tout, l'ancien lunatique n'avait pas un corps entraîné à passer beaucoup de temps sans dormir.

Son mari avait ôté sa robe extérieure pour couvrir Wei Ying et attendait qu'il soit à nouveau en forme. Pendant ce temps, il nettoyait son guqin et gardait un œil sur Jiang Cheng.

Depuis l'altercation qui avait eu lieu deux ou trois heures auparavant, le chef de Yunmeng Jiang était revenu auprès de ses hommes. Autant pour se reposer de son côté que pour mettre un plan d'action en place.

Le frère de Lan Xichen fronça les sourcils. Il n'avait jamais beaucoup apprécié Jiang Wanyin. Certes, il restait courtois envers lui et lui témoignait le respect dû à son rang, mais il n'avait jamais pu nouer un lien amical avec lui. Pas qu'il tenait spécialement à avoir des amis. C'était plutôt pour son Wei Ying qu'il voulait être en bon termes avec le chef de la secte au lotus. Il savait à quel point son mari aimait celui qui avait été son frère de cœur.

Même aujourd'hui alors que Jiang Cheng lui adressait des regards froids et ne manquait pas une occasion pour lui rappeler ses fautes. Lan Zhan savait que Wei Wuxian ne pouvait tourner définitivement la page sur leur relation passée. Après tout, il était un Jiang d'une certaine façon. Et il devait certainement sentir la fragilité de Jiang Wanyin derrière son air froid et renfrogné.

Néanmoins, Lan Wangji ne pouvait pas passer l'éponge sur le comportement de l'oncle de Jin Ling à l'égard de Wei Wuxian. Il avait manqué de le blesser tout-à-l'heure et ce n'était pas la première fois. Autant, il pouvait pardonner à Jin Rulan d'avoir poignardé Wei Ying. Il était jeune et complètement perdu à ce moment-là. Il ne savait pas encore maîtriser ses émotions et sa colère et sa haine avaient prit le dessus sur le moment.

Autant, pour un homme qui allait vers ses quarante ans, qui avait de la retenue et qui était respecté, en plus de diriger une des plus puissantes sectes, c'était une autre histoire. Surtout que Wei Ying avait, plus d'une fois, émis des regrets et des remords sur ses actes passés. Il s'était excusé et avait tenté de se racheter aux yeux des cultivateurs.

Si Jin Ling avait pu pardonné, alors qu'il avait subi un grand préjudice, alors Jiang Wanyin le pouvait aussi. Ou du moins, rester courtois envers lui.

Aussi, Lan Wangji avait envie de lui briser les poignets histoire qu'il ne puisse plus manier Zidian pendant un moment et ainsi lui faire comprendre qu'il devait laisser son mari en paix. Mais il ne le ferait pas. Wei Ying lui en voudrait et cela allait créer des problèmes entre Yumeng Jiang et Gusu Lan. Son frère étant en isolement, ce serait Lan Qiren qui devrait gérer cette affaire et il savait que son oncle serait très déçu, encore une fois, par son comportement. Et il ne voulait plus le décevoir

Alors il se contentait de surveiller de loin Jiang Cheng et de rester digne et impassible comme à son habitude.

De son côté, Jiang Cheng était en train de réfléchir à comment il allait organiser une battue dans la forêt. Cette zone était inconnue et personne ne savait ce qui s'y cachait. Il fallait donc agir avec prudence et stratégie.

D'un bâton, il essayait de dessiner un plan. Il espérait trouver au moins des indices en ratissant la zone autour de la frontière. Aller plus loin serait trop dangereux. Ou alors il faudrait le faire en masse avec les autres sectes. Il ne tenait pas à perdre ses hommes.

– Maudit Wei Wuxian, pesta-t-il en jetant son bâton dans le feu. Si tu n'avais pas cultivé le Mo Dao, nous n'en serions pas là !

Même si il savait que son ancien frère de cœur n'avait pas eu le choix après la perte de son noyau d'or. Jiang Wanyin serra les poings. Cet idiot n'avait pas trouvé mieux que de le lui donner. Certes, il n'allait pas l'abandonner complètement détruit et sans Qi. Ce n'était pas dans son caractère d'agir ainsi.

Mais il aurait préféré le voir continuer à cultiver correctement. Au pire, il aurait peut-être trouvé une autre solution pour avoir à nouveau ce qu'il avait perdu. Laquelle ? Il n'en savait rien. Mais ils auraient dû essayer autre chose. Si ils avaient procédé ainsi, Jin Ling aurait eu ses parents auprès de lui et ne serait pas obligé de diriger aussi jeune Lanling Jin.

Énervé, il serra les poings. Il avait pardonné l'attaque de Yunmeng Jiang par Qishan Wen. Il le pouvait car c'était stupidité de croire que rien ne se serait passé. Le clan au soleil s'en était déjà prit à Gusu Lan. Certes, la secte aux nuages avait été relativement épargnée, sans doute parce que les cultivateurs en robes blanches avaient su limiter les dégâts par leur caractère plutôt doux et bienveillant. La secte au lotus avait été anéantie. Ses parents étaient morts ainsi que quasiment tous les disciples et anciens. Quelques-uns avaient réussi à se cacher ou à fuir grâce à Yu Ziyuan qui avait fait diversion avec une partie du clan pour essayer de sauver quelques personnes.

Ah, sa mère avait peut-être un caractère froid et désagréable mais elle avait su rester digne et combative jusqu'au bout. C'était une femme remarquable quoi qu'on en dise.

En faisant tourner Zidian autour de son doigt, Jiang Cheng se surprit à penser qu'il voudrait bien que sa mère soit encore là. Elle aurait certainement su mieux gérer la secte que lui. Certes, elle était sévère et intransigeante mais elle aurait su quoi faire et mener encore mieux l'assaut contre les Wen et protéger Yanli. Elle aurait fait bien mieux que lui. Et puis, elle aurait été heureuse d'avoir un petit-fils. Même si elle ne l'aurait sans doute pas montré.

Sauf qu'il était seul. Tout seul. Il n'avait plus personne sur qui compter et ce depuis longtemps. Même si il était entouré, il était dans un profond sentiment de solitude. Il n'était jamais parvenu à tourner complètement la page sur son passé…

Aujourd'hui, la seule chose qui comptait pour lui, c'était Jin Ling. Il avait presque élevé seul son neveu après le décès de Yanli et avait fait tout ce qu'il pouvait pour qu'il devienne une personne forte et digne d'être un chef de secte. Et il s'en était plutôt bien sorti. Mais Jin Rulan restait une personne fragile et il pouvait s'emporter dans ses sentiments si personne ne pouvait le canaliser.

Finalement, il finit par se lever et se dirigea vers Lan Wangji. Celui-ci fronça les sourcils et son regard se durcit en le voyant arriver devant lui. Jiang Wanyin ne comptait pas s'excuser. Connaissant le personnage, il n'avait pas décidé d'admettre qu'il était mal comporté tout-à-l'heure.

– Il faut réunir les sectes, dit le dirigeant de Yunmeng. On ne peut pas ratisser la forêt à nous trois.

Si dans le monde de la cultivation, le chaos commençait à naître, dans les montagnes, Zhu Yan avait regagné sa secte. La nuit avait été très courte mais fructueuse. Au vu des cris entendus, les zombies avaient fait des ravages. Parfait. C'était exactement ce qu'elle voulait.

Actuellement, Zhu Fang et les autres disciples avaient dû se disperser sur tout le territoire. La cheffe de secte sourit. Enfin, elle allait pouvoir se venger.

Ôtant ses vêtements elle passa un tissu humide sur son corps pour enlever la poussière et la sueur. Elle grimaça quand elle appuya sur une profonde cicatrice sur son flanc droit. Le stigmate de l'épée d'un de ces maudits cultivateurs Lan.

– Madame ? se fit entendre la voix de Zhu Li-Na derrière elle.

Aussitôt Meng Hu se retourna, épée en main.

– Ah c'est toi, fit-elle plus doucement en reconnaissant sa plus ancienne amie.

Li-Na avait trente-cinq ans. Soit une dizaine d'années de moins qu'elle. Elle était arrivée à la secte Zhu à quinze ans, blessée et enceinte. Elle avait été violée par un cultivateur itinérant et quand sa famille s'était aperçue de sa grossesse, elle l'avait chassée après l'avoir battue. Zhu Lian l'avait recueillie et aidé à avorter avant d'en faire une membre de sa secte. Zhu Yan et Zhu Li-Na s'étaient rapidement liés d'amitié et la mère de Zhu Fang lui avait appris la cultivation et le maniement de la lance.

Le cas de Li-Na était loin d'être isolé. Zhu Lian l'avait vite remarqué quand elle avait décidé de stopper son itinérance et de fonder, avec le soutien d'une petite secte aujourd'hui disparue, sa propre secte. La mère de Zhu Yan avait décidé de prendre sous son aile les femmes isolées ou voulant changer de vie. C'était autant des prostituées que des filles de bonnes familles fuyant un mariage. Les victimes de viol étaient aussi nombreuses. En somme, il ne fallut pas longtemps pour que la secte Baiyang* Zhu devienne une secte conséquente. Zhu Lian avait mis un point d'honneur à ce que ce soit une secte facile d'accès et majoritairement féminine. Un peu pour montrer à ce monde d'hommes que les femmes pouvaient aussi être douées en cultivation et puissantes.

Et effectivement, Zhu Lian était une cultivatrice avec un niveau élevé. Et elle avait créé des disciples, dont sa propre fille, avec une cultivation puissante et des compétences redoutables.

À présent, même si sa mère était morte, Zhu Yan avait tout fait pour garder la secte à flots et créer la secte toute puissante aux trois lumières : Sanguang Zhu, la secte-mère du monde de la cultivation.

L'idée lui était venue il y a quelques années alors qu'elle côtoyait Wen Ruohan. Celui-ci voulait régner sur le monde de la cultivation d'une main de fer. Pour assurer son autorité, il faisait détruire les sectes qui s'opposaient à lui.

Zhu Yan comptait faire pareil. Mais d'une façon beaucoup plus sournoise et spectaculaire : avant de régner, il fallait détruire le pouvoir en place et pour se faire, anéantir les sectes majeures. Une fois cela fait, il sera très facile de s'imposer et de construire un monde où Sanguang Zhu sera le pilier majeur. Une belle revanche pour cette secte dont on avait brisé les ailes il y a presque quinze ans.

Alors que l'aube commençait à pointer, Zhu Fang s'étira. Elle n'avait pas réussi à fermer l'œil. En territoire ennemi, elle ne se sentait pas spécialement à son aise. Certes, il n'y avait aucune raison que sa vraie identité ait été découverte. Surtout que sa mère était déjà exilée quand elle était née. Pourtant, elle avait remarqué que les autres disciples dans sa tranche d'âge étaient curieux et suspicieux à son égard. Ce qui ne l'arrangeait pas dans sa mission.

Si on se méfiait d'elle, elle allait avoir du mal à approcher Jin Ling. Après c'était certainement dû au fait que personne ne l'avait jamais vu auparavant et que là, elle apparaissait comme un cheveu sur la soupe alors qu'un grand danger pointait le bout de son nez.

Zhu Fang soupira. Elle savait que ce ne serait pas facile et que Jin Rulan n'allait pas lui tomber dans les bras immédiatement. Ça aurait été trop beau.

L'idée du chef de secte la prenant dans ses bras et l'embrasser dès que leur regard se sont croisés la fit rire. C'était vraiment ridicule et complètement impossible. Surtout que de ce qu'elle avait vu, il semblait avoir hérité du caractère de son oncle, Jiang Wanyin. Soit une personnalité plutôt colérique et autoritaire. Ce qui n'allait pas non plus lui faciliter la tâche.

Qu'est-ce qui pourrait faire qu'elle lui plaise ? Zhu Fang n'avait jamais tenté de séduire quelqu'un. Sa mère lui avait bien donné quelques pistes mais à présent, elle ne savait pas si elles allaient lui être utiles.

Après, si la séduction ne marchait pas, elle se contenterait d'être amie avec lui. Le principal, c'était qu'elle l'élimine. Lui et Jiang Wanyin en priorité. Parmi les clans de cultivation, c'était Yunmeng Jiang et Lanling Jin qui étaient les plus virulents au sujet de la cultivation démoniaque et aussi niveau surveillance de la frontière. Gusu Lan était juste derrière tandis que Qinghe Nie restait en retrait.

Si elle parvenait à paralyser au moins la secte à la pivoine, ce serait une faille que Zhu Yan pourrait exploiter. En bon stratège, sa mère allait en profiter au maximum. Et ce pour le meilleur pour le clan de la lune.

L'adolescente passa ses mains sur ses manches et sentit les deux aiguilles qui s'y trouvaient. Longues et fines, elles avaient été empoisonnées et n'attendaient que le moment où elles allaient pénétrer la chair et effectuer leur action mortelle.

C'était la meilleure occasion de montrer qu'elle était la digne descendante de Zhu Yan et de Zhu Lian. Elle devait être sans pitié et réussir à ramener son clan dans le monde de la cultivation.

Au même instant, Jin Ling ouvrit les yeux. Il n'avait pas énormément dormi et se sentait encore fatigué. Il avait encore mal à sa main blessée mais surtout, il savait que cette journée allait être compliquée.

Il voulu se lever mais sentit un poids sur sa poitrine. Il baissa les yeux pour voir Lan Sizhui en train de dormir sur son torse. En regardant un peu plus loin, il vit que Lan Jingyi et Ouyang Zizhen dormaient collé l'un à l'autre dans une étreinte digne d'un couple.

La vision de ces deux-là l'attendrit un peu. Ils étaient adorables ensemble. Puis, il reporta son regard sur Sizhui en rougissant légèrement. La tête posée sur son torse, il avait l'air serein, les yeux fermés.

Jin Rulan connaissait la réputation du clan Gusu Lan et notamment de la beauté de ses membres. Avec leur peau ressemblant à du jade blanc et leurs habits immaculés faisant ressortir leur chevelure sombre et mettant en valeur ce teint pâle, sans oublier leurs bonnes manières et leur érudition, c'était des personnes décrites comme magnifiques et beaucoup d'autres clans souhaitaient entrer dans leurs faveurs pour de potentiels mariages.

Être rallié à des sectes puissantes était l'objectif de beaucoup de petites sectes. Autant pour se protéger mais aussi pour profiter des avantages qu'une secte puissante pouvait avoir. Notamment au niveau financier pouvant leur assurer une stabilité.

Le but final n'était que pour servir dans les intérêts de la secte et il n'était pas question d'amour. Bien que Jin Ling savait que le mariage de ses parents était avant tout arrangé avant d'être un mariage d'amour, il avait pris sa décision: si il devait épouser quelqu'un un jour, ce serait par amour. Il ne voulait pas se marier suite à un arrangement entre deux sectes. Ça ne l'intéressait pas.

Et il se doutait que c'était la même chose pour ses amis. Il n'imaginait aucun d'entre eux épouser une personne par intérêt. Ils préféreraient mourir que de faire un mariage pareil.

Plongé dans ses pensées, il ne remarqua pas de suite que Jingyi venait de se réveiller. Il ne le su que quand il sentit une présence dans son dos. Immédiatement, il fit volte-face.

– Hé, doucement ! râla le Lan en reculant un peu. Je ne compte pas te faire du mal.

Le neveu de Jiang Cheng renifla et se détourna. Il était sur les nerfs et ce qu'il l'admette ou non. Il ramena ses mains devant lui. Le bandage avait été refait hier soir et ne comportait, pour l'instant, aucune trace de rouge. Sans doute que les soins de Sizhui avaient été efficaces. Bien que cela ne tiendrait que si il reste tranquille.

Sizhui… le Jin reporta son attention sur celui-ci. Il avait remué dans son sommeil mais était resté endormi malgré qu'il se soit agité.

– Je pensais qu'il serait réveillé, fit Jingyi en regardant par-dessus l'épaule de Jin Ling. Il doit être épuisé.

– Et moi je ne pensais pas que tu te réveillerais maintenant, répliqua son ami. Surtout vu l'heure à laquelle on s'est endormi.

Le disciple en robes blanches se contenta de soupirer avant de s'installer plus confortablement.

– En soi, si Zizhen ne m'avait pas filé un coup de pied, je serais resté endormi.

Jin Ling regarda l'adolescent en vert, qui bougea un peu avant de se mettre en position foetale.

– Dommage que tu sois pas resté avec lui, le taquina-t-il, c'était mignon de vous voir enlacé comme deux amoureux.

À cette remarque, les joues de Jingyi virèrent à l'écarlate.

– Je… on n'est pas ensemble !

– Moins fort ! Tu veux les réveiller ?

L'adolescent en blanc s'excusa avant de se rapprocher.

– Quand même, il est adorable quand il dort, finit-il par dire en regardant Sizhui.

– Parce que tu ne l'as jamais vu endormi ?

– Si bien sûr. On partage la même chambre, alors parfois, ça arrive que je le vois en train de dormir. Mais c'est très rare.

– Laisse-moi deviner: c'est lui qui te réveille le matin ?

– Même pas. On se réveille en même temps, répliqua le jeune homme en croisant les bras. Bon d'accord, ça peut arriver, finit-il par admettre après quelques secondes de silence.

Jin Rulan eut un rictus amusé. La franchise de Lan Jingyi l'amusait parfois. Même si il avait du mal à s'entendre avec lui, les deux ayant un fort caractère et étaient prompts à s'énerver et à se disputer. Mais ils s'appréciaient quand même.

Quelques minutes plus tard, Sizhui et Zizhen finirent par sortir des bras de Morphée. Ils n'avaient vraiment plus dormi que les deux autres et on pouvait lire la fatigue sur leur visage. Sizhui regarda la main de Jin Ling et sembla soulagé de voir que ça ne saignait pas.

– Qu'est-ce que tu comptes faire ? demanda Zizhen à Jin Ling. Il va sans doute que tu prennes rapidement une décision après ce qui s'est passé cette nuit ?

Ce dur rappel à la réalité rendit Jin Ling plus sombre. Il ne savait pas. Il avait passé une bonne partie du voyage retour à Jinlin Tai pour songer à un plan mais rien de très probant ne lui était venu en tête. Finalement, il avait décidé d'opter pour une l'option la plus logique et celle qui allait limiter les pertes.

– Je pensais revenir à la frontière et donner des indications aux membres de Lanling pour réparer les tours endommagées et doubler le nombre d'hommes là-bas. Histoire d'éviter d'autres dommages si jamais le responsable de l'attaque d'hier revenait. En attendant, les disciples peuvent rentrer dans leurs sectes et les blessés, et bien seront soignés ici et les moins graves pourront rentrer.

C'était la meilleure idée qu'il avait eu pour l'instant. Il aurait bien dit de faire des battues dans la forêt hors de la frontière mais quelque chose lui disait que son oncle avait certainement déjà dû prendre les choses en main de ce côté-là. Et puis, il ne l'aurait pas laissé déambuler à sa guise dans un endroit pouvant être dangereux.

– C'est le plus prudent, finit par dire Sizhui après quelques secondes de réflexion. Défendre et attendre est le mieux que nous pouvons faire.

Au vu de la situation actuelle, les disciples savaient qu'il fallait mieux laisser les aînés se charger de l'attaque et de la résolution du problème. Bien sûr, eux aussi voulaient aider mais ils s'étaient vite rendu compte que leur niveau actuel ne seraient pas suffisant si une horde de zombies leur tombait dessus. Combien de fois Hanguang-jun ou Wei Wuxian les avaient sortis d'un mauvais pas durant l'année ? Suffisamment de fois pour savoir que ce coup-ci, ils n'allaient pas pouvoir faire grand-chose sinon intervenir sur le territoire pour s'occuper des menaces déjà présentes.

– De toute façon, dit Zizhen, on a nos propres histoires de cadavres féroces à gérer. Notamment celle de la nuit dernière.

Les trois autres hochèrent la tête. Effectivement, ils avaient aussi des choses à faire.

– À votre avis, le Mo Dao a-t-il pu affecter les zombies à l'intérieur du monde de la cultivation ?

Cette question avait été posé par Jingyi alors que Jin Ling était penché sur une carte avec Lan Sizhui. Après un brin de toilette, le chef de Lanling Jin avait décidé d'envoyer tous les ainés disponible à la frontière pour aider les cultivateurs déjà présent. Autant pour du soutien logistique que humain. Il avait ordonné que la priorité absolue était de renforcer la surveillance et de réparer ce qui pouvait l'être.

– Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser passer des zombies ou je ne sais quoi d'autre, avait-il dit de toute l'assurance dont il était capable.

Personne n'avait protesté. Par la suite, les disciples étaient rentrés dans leurs sectes respectives avec la demande express de mobilier les aînés pour qu'ils viennent aider et de rester vigilants.

Tout le monde était tendu et attendait des nouvelles rassurantes. En attendant, chacun devait faire de son mieux pour empêcher que le chaos ne s'installe. Ce n'était clairement pas le moment.

Suite à la question de Jingyi, Sizhui eut un temps de réflexion de même que Zizhen tandis que Jin Ling préféra l'ignorer. Pas qu'elle n'était pas intéressante mais il avait besoin de se concentrer pour le moment.

– Il faudrait demander au Senior Wei, finit par dire Sizhui. Honnêtement, c'est compliqué de le dire.

– Sauf qu'il n'est pas présent, répliqua Jingyi. Et il faudrait mieux pouvoir donner une réponse. Histoire de savoir au moins dans quoi on va se retrouver.

Il se tourna vers Zizhen qui haussa les épaules à son tour.

– Seule une personne pouvant utiliser la cultivation démoniaque peut répondre à ça, dit-il.

– D'ailleurs, tu ne devrais pas rentrer à Bailing ? lui demanda Sizhui. Ton père risque de s'inquiéter.

Il était vrai que l'adolescent en vert était avec eux depuis trois jours. Presque quatre. Cependant, il se contenta de soupirer.

– Je ne pense pas. Il m'en veut d'avoir défendu Wei Wuxian lors du siège de Yiling. Et beaucoup.

Lan Jingyi leva les yeux au ciel.

– Sérieusement ? Il est conscient que sans lui, on serait morts ? Il devrait lui être reconnaissant.

Effectivement, sans l'intervention rapide du Yiling Laozu, ça aurait été un véritable carnage. Mais les ainés des sectes, à quelques exceptions près, avaient la rancune tenace, manifestement. Bien sûr que Wei Wuxian n'était pas tout blanc mais il n'était pas l'être vil et démoniaque qu'on avait dépeint depuis presque quinze ans. Et il avait certainement commis moins de crimes que ce qu'on lui reprochait.

– J'imagine que certaines images ont la vie dure, déplora Sizhui. Mais on ne peut pas changer leur mentalité. Ce qui compte, c'est ce qu'on croit nous. Et nous savons bien que le Senior Wei n'est pas un monstre.

Même si Jin Ling ne disait rien, il était plutôt d'accord. Il était encore un peu fâché envers Wei Wuxian mais il lui avait plus ou moins pardonné son implication dans la mort de ses parents. Il avait compris que celui-ci n'était pas un démon mais juste un homme regrettant ses fautes. Certes, cela ne ramènera pas ses parents mais c'était plutôt pour soulager le concerné et peut-être un moyen de trouver une certaine paix intérieure.

– Et si on partait du principe qu'on sera en face de zombies excités par le Mo Dao ? fit une voix féminine dans leur dos. Ce serait plus simple que de partir sur l'hypothèse que oui ou non il y a eu un impact.

Le regard des adolescents se posa sur Zhu Fang. La jeune fille avait décidé de rester avec eux plutôt que de repartir sur les routes. Son explication était qu'elle voulait ne pas se retrouver isolée après ce qui était arrivé hier soir. Et comme personne ne pouvait avoir la certitude que rien de dangereux n'était présent dans le territoire des taoïstes, elle préférait rester avec d'autres personnes en attendant que tout soit sécurisé.

C'était une excuse logique et acceptable à entendre. Aussi, les quatre jeunes hommes ne s'étaient pas posé plus de questions à ce sujet. Ils avaient d'autres chats à fouetter de toute façon. Ce qui avait ravi la fille de Zhu Yan. Au moins, elle n'aurait pas à disparaître pour réapparaître plus tard.

– C'est le mieux, admit Zizhen. Au moins, on sera prêt quoi qu'il arrive.

La supposée cultivatrice itinérante rajusta sa ceinture alors qu'elle se levait.

– Sinon, que comptez-vous faire, à présent ?

– On pensait survoler les zones dites à risque comme les cimetières, lui dit Sizhui. Si il y a de l'agitation, on pourra agir avant qu'une catastrophe n'arrive.

Pas besoin de demander ce qu'il entendait par "catastrophe". Tout le monde savait ce qu' il pensait en disant ce mot.

– Bonne idée, approuva Zhu Fang.

En vérité, elle s'en fichait bien. Mais elle comptait bien sur cette sortie pour semer un peu plus le trouble. Discrètement, elle sortit de sa manche un artéfact. De forme triangulaire et noir, il comportait un étrange symbole gravé au milieu. Il renfermait une telle énergie qu'une aura noire l'entourait.

– Rien n'empêchera maman de devenir le prochain chef de ce monde, songea l'adolescente en regardant l'objet rempli de Mo Dao.


Salut !

Voici le quatrième chapitre de ma fanfic. Je vais à présent entrer dans le vif de l'histoire après cette longue introduction et la mise en place des divers éléments de l'histoire.

Ça aura demandé du temps mais la vraie intrigue commence enfin. Même si en vrai cela avait commencé au chapitre 3. Mais dans les chapitres suivants, ce sera moins porté sur l'angoisse que sur la manipulation de la part de Zhu Fang et des autres disciples de Zhu qui vont tout faire pour installer une atmosphère d'horreur baignée dans un jeu d'acteur et de manipulation pour faire tomber les grands noms de la cultivation.