NB : Désolée pour l'absence d'update pendant... Oh... Plus d'un an. Je n'avais pas oublié cette fic, loin de là mais j'avoue que j'avais un peu perdu la motivation, chaque chapitre me demande environ un mois de travail minimum (sauf le dernier pour lequel il m'a fallu juste un an) et entre ça et le manque de retour, j'ai perdu momentanément la motiv. Et quand je l'ai retrouvée, je n'avais plus le temps, vu que j'ai repris mes études pour préparer un concours. Bref. Trêve de blablatage et j'espère que ce chapitre vous plaira! (Le concours étant obtenu, les mises à jour devraient retrouver une certaine régularité!)
Chapitre 5 : L'Arène
Elle ne bougea pas d'un pouce lorsque la Muette arriva et commença à nettoyer. Elle regardait fixement le soleil se lever alors qu'il inondait le Capitole de ses rayons matinaux. Elle ne se sentait ni fatiguée ni nerveuse. Elle savait ce qu'elle avait à faire et elle le ferait.
Elle rentrerait chez elle. Elle reverrait Penn et Cody.
La Muette disparut sans qu'elle ne le remarquât et Blight fut le premier à se lever. Il lui adressa un signe de la tête et commença à déjeuner. Il avait les yeux cernés et le visage émacié. Pour la première fois, Maze réalisa que la situation devait être pénible pour les Mentors : ils ne pouvaient oublier ce qu'ils avaient vécu, puisqu'ils y étaient ramenés chaque année. Les quelques fois où Maze avait croisé le regard de Blight, elle n'avait pas manqué la hantise qui s'y reflétait. Johanna, elle, avait choisi de combattre les cauchemars avec la colère mais Maze se doutait que ce n'était qu'une façade. Même la colère de Johanna n'était pas assez puissante pour la rendre totalement imperméable à ce qu'elle avait vécu. Johanna fut la suivante à se lever et ne sembla pas surprise de trouver Maze déjà debout.
Finalement, Maze finit par s'arracher à la contemplation du Capitole et s'installa à la table. Elle avait faim.
« - Tu as dormi, au moins ? » demanda Johanna en se servant une généreuse tasse de café noir.
Maze repensa brièvement à son cauchemar.
« - Pas vraiment, admit-elle. Mais ça va. »
Elle ne mentait pas et le constatant, Johanna sembla plus rassurée.
« - Nous partirons d'ici une heure. Je t'accompagne jusqu'à l'hovercraft, tous les tributs sont emmenés ensemble à l'arène. Une fois là-bas, Octavius te préparera. Les Jeux commencent à midi.
- Tu ne viens pas ?
- Non, les Mentors ne sont pas autorisés à vous accompagner. »
Pour toute réponse, Maze hocha la tête. Il n'y avait rien à dire.
« - Qu'est-ce que tu vas faire ? Tu sais, à propos du Tribut du District 12 ? »
Xander.
Elle eut la désagréable impression qu'un étau lui comprimait la cage thoracique. Elle ne voulait pas penser à Xander, parce qu'à chaque fois, ça lui faisait mal. Et ça l'énervait. Elle avait été faible, elle s'était laissée approcher. Elle lui avait bien mâché le travail…
« - Maze ? »
La jeune fille sursauta.
« Le tuer avant qu'il ne me tue… » songea-t-elle, sans toutefois être capable de formuler sa pensée à voix haute.
« - Ca ne sera pas un problème. » marmonna-t-elle, espérant ne pas se tromper.
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Maze commençait à avoir mal aux jambes. Cela faisait près de quarante minutes qu'elle se tenait debout, entre le Tribut du District 6 et Kenai, à attendre qu'on leur donne l'autorisation d'embarquer. Ils étaient encadrés par des Pacificateurs qui faisaient les cent pas, les mains agrippées à leurs fusils. Maze se demanda s'ils avaient reçu l'ordre de tirer si l'un d'eux essayait de s'échapper. Probablement.
Il n'y avait que peu de risques que l'un d'eux tente une évasion. Se faufiler en dehors du complexe aurait été faisable mais là, la tâche était impossible. Même si les vingt-quatre tributs tentaient une mutinerie, l'issue ne leur serait pas favorable. Et Maze n'était pas certaine que les Carrières ne s'allieraient pas aux Pacificateurs. Johanna lui avait dit que si elle essayait de s'enfuir, le Capitole s'en prendrait à Penn et Cody alors Maze avait oublié l'idée et s'était résignée.
L'air était frais, Maze frissonna et croisa les bras sur sa poitrine. Elle poussa un soupir agacé. La seule chose qui risquait de les tuer, dans l'immédiat, c'était l'ennui. Elle chercha Johanna du regard mais sa Mentor était déjà repartie d'ailleurs, elle avait eu l'air désolé de devoir la laisser seule mais Maze avait haussé les épaules. Les règles ne dépendaient pas d'eux. Avant de partir, Johanna l'avait serrée dans ses bras et si Maze avait d'abord été surprise de cette démonstration d'affection, elle avait vite compris que c'était pour ne pas être entendue d'oreilles indiscrètes.
« - Reste concentrée, avait-elle murmuré. Frappe en premier. N'oublie pas que tu n'as aucun ami à l'intérieur. »
Comme elle se souvenait des conseils de Johanna, Maze jeta presque malgré elle un coup d'œil vers la fin de la file et son regard tomba sur Xander. Les yeux baissés, il ne la regardait pas. Ses cheveux, à nouveau aussi indomptables qu'avant l'interview, tombaient devant ses yeux.
Il voulait la tuer.
Elle se répétait cette phrase depuis hier mais c'était comme si une part d'elle refusait encore d'y croire. Cette part d'elle était idiote. Si elle ne reprenait pas vite ses esprits, elle était morte.
Elle détourna brusquement le regard quand il leva le sien.
Après vingt autres minutes d'attente, ils purent embarquer. Une femme en blanc attrapa son bras et y planta une aiguille avant que Maze n'ait eu le temps de réagir.
« - C'est quoi, ça ? » demanda-t-elle, les yeux fixés sur l'aiguille plantée dans sa chair.
La femme la retira d'un coup sec.
« - Ta puce. Pour être localisée dans l'arène. »
Fantastique. Maze jeta un regard dégoûté à son bras. Elle se demanda si la puce serait désactivée après sa victoire ou si le Capitole saurait toujours où la trouver.
Presque malgré elle, elle jeta un coup d'œil à Kenai. Les yeux baissés sur ses genoux, il semblait à peine conscient qu'un tracker venait de lui être injecté. En se penchant, Maze put voir qu'il pleurait. Rien dans sa posture ne trahissait ses pleurs et ses cheveux dissimulaient ses larmes mais Maze savait. Johanna lui aurait conseillé de l'ignorer, elle le savait, pourtant là, cela lui semblait inconcevable. Alors elle posa sa main sur la sienne et serra. C'était tout ce qu'elle pouvait faire. Il était perdu. Elle le savait et le pire était sans doute que lui aussi le savait. Il était condamné mais rien n'obligeait à ce qu'il soit seul, face à la peur.
« - Tu pourras aller voir mes parents ? »
C'était à peine plus audible qu'un murmure et Maze crut d'abord avoir rêvé. Puis, il répéta sa question et Maze sentit sa gorge se nouer.
« - S'il te plait. »
Maze hocha la tête.
« - Dis-leur que je suis désolé. De ne pas rentrer. »
La gorge de Maze était tellement nouée qu'elle n'aurait pas pu parler même si elle l'avait voulu, alors elle hocha la tête encore une fois.
Après cela, ils ne parlèrent plus. Il n'y avait plus rien à dire. Mais Maze était certaine que toute sa vie, elle entendrait la voix de Kenai l'implorer d'aller voir ses parents, qu'elle le verrait partout, une fois rentrée à la maison. Les autres du district l'oublieraient, elle le savait. Elle, non.
Elle se mordit si férocement l'intérieur de la joue que du sang coula dans sa bouche. Elle ne lui promit pas qu'ils s'en sortiraient. Qu'elle allait l'aider. Elle ne pouvait pas.
« - Je le ferai. » murmura-t-elle finalement, la voix aussi éraillée que celle de Kenai.
Elle ferma les yeux et au même moment, l'hovercraft décolla.
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Deux Pacificateurs l'escortèrent jusqu'à la salle où l'attendait Octavius. Ce dernier la salua d'un bref signe de tête et lui désigna la salle de bain. Maze ne s'éternisa pas sous la douche même si elle savait que ce serait sa dernière avant un long moment. Enroulée dans une serviette, Maze sortit et rejoignit Octavius. Il était toujours seul. Maze pensait que le temps qu'elle ait pris sa douche, ses préparatrices l'auraient rejoint. Il secoua la tête comme s'il avait perçu les interrogations de Maze. Il ne prononça pas un mot et l'ambiance était si pesante que Maze en vint à regretter les jacasseries pourtant insupportables de Lucia, Alyzia et Astrée.
Elle aperçut une pile de vêtements pliée sur une table et supposa que c'était pour elle. Elle passa derrière le paravent. Le pantalon était un peu grand, elle dût serrer la ceinture au maximum, mais il ne la gênerait pas dans ses mouvements. On lui avait fourni un tee-shirt, une veste et un anorak. De toute évidence, on ne l'expédiait pas dans le désert ou au Pôle Nord. Quand elle sortit de derrière le paravent, Octavius lui désigna une paire de chaussures. Elle les enfila. Elles étaient lourdes. Elle avait intérêt à s'habituer rapidement. Elle se demanda momentanément si la morosité d'Octavius était due à la tenue qu'elle portait, bien loin des extravagances dont il raffolait ? Ou s'il avait prêté un vœu de silence depuis la nuit dernière.
Il lui fit signe de s'asseoir devant la coiffeuse et il poussa un soupir à fendre l'âme, ce qui était son premier signe de vie depuis que Maze était entrée. Les cheveux de Maze pendaient tristement de part et d'autre de son visage et visiblement, Octavius se demandait ce qu'il allait pouvoir faire d'une chevelure pareille, bien trop courte pour être coopérative. Il la brossa vigoureusement, comme si cela allait lui donner une idée. Maze avait appris à craindre les idées d'Octavius, principalement celles qui concernaient son cuir chevelu. Et sa garde-robe. Ils étaient arrivés à un certain accord pour l'interview de la veille mais Maze le sentait à présent si frustré par la tenue imposée qu'elle craignait qu'il ne se venge sur ses cheveux.
« - Quelque chose de pratique. » murmura Maze.
Octavius écarquilla les yeux et l'espace d'un instant, Maze crut qu'il allait faire une attaque. Il insista pour au moins l'affubler de ses extensions adorées mais Maze demeura inflexible. A quoi avoir des cheveux longs lui servirait dans l'arène ?
Octavius marmonna qu'il ne lui restait donc rien pour faire son travail et Maze leva les yeux au ciel devant son ton dramatique.
« - Quand je reviendrai, tu pourras me mettre toutes les extensions que tu veux. Pour l'interview du vainqueur. Promis. »
Il eut une moue incrédule.
« - Je reviendrai, dit Maze en fronçant les sourcils. En plus de pouvoir me mettre tes extensions, je ne critiquerai pas le choix de la robe.
- Pff.
- Et je ne me plaindrai pas. »
A ce moment-là, il sembla considérer la proposition et Maze s'en trouva légèrement offusquée.
Octavius finit par reposer ses extensions avec un regard désolé et passa une main dans sa tignasse verte.
« - Pratique, hein ? »
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Octavius lui avait expliqué sommairement –comme s'il avait un nombre de mots limite à prononcer- comment elle rejoindrait l'arène et depuis, elle jetait régulièrement des coups d'œil furtifs au tube en verre disposé dans un coin de la pièce. C'était via ce tube qu'elle rejoindrait la surface. Et l'arène. Maze se sentait étonnamment calme, presque détachée. Comme si quelqu'un d'autre allait entrer dans l'arène. Il lui avait aussi expliqué quel environnement l'attendait ça n'avait pas duré longtemps, il ne savait pas grand-chose et ils s'étaient replongés dans le silence. De temps en temps, Maze sentait son regard se poser sur elle. Pas hostile, plutôt curieux. Comme s'il se demandait à quel genre d'espèce étrange il allait avoir à faire. Gênée par son regard, Maze voulut passer la main dans ses cheveux avant de se rappeler qu'Octavius n'apprécierait pas. Il avait réussi à rassembler ses cheveux en deux tresses au sommet de son crâne qui n'en formaient plus qu'une dans son cou. Maze devait admettre que c'était satisfaisant. Et pratique, comme elle l'avait demandé.
Elle jeta un coup d'œil à l'horloge. Les Jeux commençaient à midi, elle devait pénétrer dans le tube à onze heures cinquante. Il lui restait huit minutes.
Onze heures quarante-deux.
Maze pensa à ses frères, Penn et Cody, sûrement devant la télévision à la boulangerie. Cody devait essayer de se débarrasser de sa nervosité en malaxant de la pâte jusqu'à ne plus sentir les muscles de ses mains. Il avait dû demander à Penn de décorer des gâteaux pour l'occuper et lui changer les idées. C'était une tactique qui marchait d'habitude. Maze sentit sa gorge se nouer comme les images de ses frères envahissaient son esprit. Elle ferma les yeux et se retrouva dans la boulangerie. L'odeur du pain chaud lui chatouillait les narines et elle entendait la voix aigue de Penn qui l'appelait. Elle voyait Cody, plus réservé, lui faire un signe de la main, diffusant un nuage de farine autour de lui qui le fit tousser.
Onze heures quarante-quatre.
Le plancher de la boulangerie craqua les jumeaux entrèrent, souriants –Meg, franchement et Jeff d'un air distrait. Meg avait laissé ses cheveux blonds détachés et ils formaient comme un halo de lumière autour de son visage, lui conférant une beauté surréelle. Jeff était aussi débraillé que d'habitude il se tenait toujours deux pas derrière Meg mais elle se retournait fréquemment vers lui, comme pour vérifier qu'il était toujours là. Parce que Meg n'allait pas sans Jeff et Jeff n'allait pas sans Meg. Maze sentait des larmes couler sur ses joues mais elle n'esquissa pas le moindre geste ni pour les essuyer ni pour aller vers ses aînés et les étreindre, comme elle l'avait tant de fois rêvé elle craignait qu'ils ne s'évaporent à son contact. Jeff lui sourit, comme s'il avait deviné ses pensées. Maze ne pouvait se résoudre à les quitter du regard, il y avait tellement longtemps qu'elle ne les avait vus. Jeff se dirigea vers Penn et Cody alors Maze dévisagea Meg. Elle ressemblait à la même Meg avec qui elle avait grandi. Elle n'avait rien à voir avec la Meg de son cauchemar ou de celle de la vidéo. Le sourire de Meg se fit plus triste et elle secoua la tête. Comme si elle lui disait que non, malgré les apparences, elle n'était plus la même.
Onze heures quarante-six.
Le plancher craqua à nouveau et Maze retint son souffle. Elle se retourna et il était là, adossé contre le chambranle de la porte, souriant comme s'il venait de raconter la meilleure plaisanterie de tous les temps. Voir ce sourire fut comme un coup de poignard pour Maze parce qu'elle réalisa pleinement alors à quel point il lui avait manqué, et qu'elle serait prête à n'importe quoi pour le revoir ne serait-ce qu'une fois de plus en vrai. Elliott avait toujours raconté des plaisanteries et son rire résonnait autrefois dans toute la maison Maze prétendait qu'il n'était pas drôle mais après sa mort, c'était comme si le fantôme de son rire hantait chaque pièce de la maison, ravivant sa douleur à chaque fois. Elliott lui sourit à travers ses larmes, elle lui sourit en retour. Ses cheveux un peu trop longs étaient attachés et ses yeux pétillaient en la regardant.
Maze expira, réalisant qu'elle avait retenu son souffle depuis qu'elle l'avait vu contre la porte.
« - C'est l'heure. »
Contrairement à ce qu'elle crut tout d'abord, ce n'est pas Elliott qui avait parlé. La voix d'Octavius lui parvenait comme de très loin.
Elliott hocha la tête.
« - C'est l'heure. »
La voix se fit plus pressante.
Maze ouvrit brusquement les yeux, surprise de constater qu'elle ne pleurait pas. Elle jeta un regard à Octavius et se dirigea vers le tube de verre.
Il était temps.
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Son calme n'était plus qu'un souvenir. Son cœur battait à se rompre, ses oreilles bourdonnaient et elle tentait vainement de se rappeler de tous les conseils de Johanna. L'air était doux et Maze sentait un léger vent. On aurait dit qu'il venait de l'est. Elle observa le sol. Terreux. Recouvert d'herbe et de pierres. A une cinquantaine de mètres devant, la Corne d'Abondance avec une dizaine de sac-à-dos disposés à proximité. Elle doutait fortement d'être assez rapide pour en attraper un mais elle devait essayer… Derrière la Corne, une forêt s'étendait à perte de vue. Elle s'efforça de demeurer sur ses gardes mais elle se sentait soulagée d'être dans un environnement familier.
« - Méfie-toi de tes yeux. Méfie-toi de tes oreilles. Tout n'est pas tel que tu le vois. » lui avait dit une fois Johanna.
Donc même si ça ressemblait à la forêt qu'elle avait toujours connue, ce n'était pas elle.
Autour d'elle, les tributs gagnaient en nervosité, elle le sentait. Le garçon du 6 transpirait tellement qu'elle craignit de se sentir mal. Kenai ne pleurait plus. Maze glissa un regard vers lui il hocha imperceptiblement la tête.
Soudain, l'atmosphère changea et une fraction de seconde plus tard, la voix de Caesar emplit l'arène.
Presque aussitôt, Maze bloqua sa voix et se concentra. Elle sentit son corps se tendre et ses sens s'aiguiser. Elle avait presque l'impression de se transformer en animal. Elle percevait chaque respiration des Tributs et elle remarquait chaque mouvement, chaque changement de position. Le Tribut du 1 se pencha plus sur sa jambe gauche, Maze le devina prêt à s'élancer. La Tribut du 4, alerte, se tenait à l'extrémité de son podium, comme prête à plonger.
Le discours de Caesar arrivait à sa fin, elle le sentait même sans en écouter un mot. La nervosité les gagnait tous.
3.
Maze prit une grande inspiration. Les battements de son cœur résonnaient dans sa tête comme un tambour. Ses mains tremblaient un peu.
2.
Son regard tomba sur un arc. Posé sur un sac. A environ 4 mètres à droite de la Corne.
1.
Courir se mettre à l'abri dans la forêt. Echapper au bain de sang. C'était son objectif. Son regard tomba à nouveau sur l'arc. Cela lui donnerait quand même un sérieux avantage. Sauf si elle mourrait avant de l'atteindre.
0.
Une microseconde de flottement et elle s'élança. Elle n'avait jamais été la plus rapide, pourtant elle se voyait gagner du terrain sur les Tributs qui la précédaient. Ses jambes tiraient et sa poitrine brûlait mais elle aurait été bien incapable de s'arrêter. Elle vira vers la droite alors que la majorité convergeait vers le centre. Le sac et l'arc étaient en vue.
« - Ne crois pas ce que tu vois. » lui avait dit Johanna.
Le sac serait un mirage ?
Elle tendit le bras et faillit pousser un soupir de soulagement lorsque son doigt effleura la lanière –bien réelle- en toile. Elle attrapa l'arc et le carquois de sa main gauche et hissa le sac sur son épaule.
Alors, seulement, elle s'aperçut des cris qui avaient envahi l'arène. Elle risqua un regard en arrière et vit des corps. Allongés sur le sol. En sang. Elle chercha frénétiquement Kenai du regard. C'était idiot. Elle ne pouvait rien faire pour lui. N'est-ce pas ? Pourtant elle le cherchait quand même.
Son regard croisa celui littéralement éclaboussé de sang du Tribut du district 2. Il commença à s'approcher et Maze vit qu'il tenait un couteau –la lame brilla sous les rayons du soleil. Alors, bien que cela ne semblât pas judicieux de tourner le dos à un lanceur de couteau, elle se retourna et reprit sa course.
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Maze ne ralentit son allure que lorsqu'elle se fut assez éloignée des cris. Elle n'avait pas la moindre idée d'où elle se situait par rapport à la Corne ni depuis combien de temps elle courait. A bout de souffle, elle se laissa tomber sur le sol et entreprit d'inspecter ce qu'elle avait réussit à prendre. Un arc et cinq flèches. De toute évidence, il allait falloir rationner. Elle avait appris à fabriquer ses propres flèches, dans le district 7, mais elle doutait fortement que dans l'arène, les autres tributs lui en laissent le temps. Le sac contenait une gourde. Pleine. En fouillant au fond, Maze découvrit un canif et des feuilles. Pour les avoir étudiées pendant les ateliers, Maze savait qu'elles accéléraient toutes les cicatrisations.
Ensuite, elle balaya les alentours du regard. C'étaient les mêmes arbres que dans le district 7 et elle connaissait la plupart des plantes qui l'entouraient. C'est alors qu'elle s'aperçut de l'épais silence autour d'elle et il ne s'agissait pas que de l'absence de cris, il n'y avait pas le moindre bruit, hormis le vent. Il n'y avait aucun oiseau.
Lorsque sa respiration fut moins erratique, elle se releva et décida de ne pas rester ici. Elle avançait précautionneusement, attentive au moindre bruit qui trahirait la présence des autres tributs, l'arc en avant et la flèche en main. Le soleil tapait fort et Maze résista à la tentation de se servir de sa gourde. Tant qu'elle n'avait pas une vision plus précise de l'arène, il lui semblait plus judicieux de se rationner et ce, malgré la sècheresse dans sa gorge. Tant qu'elle n'avait pas la preuve que cette arène comportait des points d'eau. De l'eau potable, de préférence.
Son sens de l'orientation n'était pas son atout le plus fiable, mais elle était quasiment certaine de se diriger vers l'ouest. Elle devait marcher depuis plus d'une heure lorsqu'elle se figea. Un bruissement de feuilles. Qui se rapprochait. La main crispée sur son arc, elle prit sa décision en une fraction de seconde.
Elle s'élança à travers les arbres, semblant à peine effleurer le sol. Elle ne pouvait pas prendre le risque d'affronter ceux qui la poursuivaient : s'ils lui étaient supérieurs en nombre, c'en était fini d'elle. Alors elle continua sa course. Elle ne ressentait ni la fatigue, ni la peur. Juste l'impérieux désir de vivre. Les branches éraflaient son visage et son pantalon était déjà déchiré, pourtant elle s'en rendait à peine compte, trop occupée à courir toujours droit devant. Elle percevait toujours ses poursuivants, parfois elle avait l'impression qu'ils se rapprochaient et qu'elle était vouée à se faire attraper puisqu'elle sentait que si elle tentait d'accélérer, ses jambes allaient juste se détacher de son corps.
Réactive, elle évitait tous les obstacles qui barraient son chemin, principalement des troncs et des rochers. Pour être honnête, sa propre habileté la surprenait.
Puis, elle se retrouva soudainement projetée plusieurs mètres en arrière. Elle eut à peine le temps de se relever qu'elle entendit à nouveau les pas derrière elle, alors elle reprit sa course, en bifurquant sur la droite, encore sonnée par le choc. Et le même phénomène se reproduisit encore plusieurs fois. A un moment donné, elle heurtait quelque chose, sans doute une paroi, invisible qui l'incitait assez brutalement à prendre une autre direction.
Allongée sur un tapis de feuilles après avoir été propulsée au sol pour la septième fois, Maze gémit en essayant de se relever. C'est alors qu'elle réalisa qu'elle n'entendait plus ses poursuivants. En fait, à part le sang qui bouillonnait et bourdonnait dans sa tête et son cœur qui battait à exploser, elle n'entendait plus rien. Elle poussa un soupir de soulagement et entreprit de se masser le crâne. Elle n'avait aucune idée de comment gérer une arène qui changeait de configuration à volonté –et pas selon la sienne, de volonté. Elle se doutait que les parois avaient pour but de la pousser vers les autres tributs, les gens du Capitole voulaient du spectacle, pas des tributs qui courraient chacun dans une direction différente.
Adossée contre un tronc d'arbre, Maze observait les alentours, à la recherche d'un indice lui indiquant où elle se trouvait. Elle était encore plus perdue qu'auparavant. Finalement, elle sortit son canif de son sac et inscrivit une croix sur le tronc du chêne le plus proche et se remit en marche. Cette fois-ci, elle ne courût pas, attentive aux sons et aux parois invisibles qui de toute évidence pouvaient surgir au gré des envies des organisateurs. Elle avança pendant plusieurs heures, heurtant parfois lesdites parois et changeant de route. Régulièrement, elle laissait des marques sur les arbres pour pouvoir se repérer, si jamais elle repassait par là mais pour l'instant, elle n'avait fait qu'arpenter de nouveaux coins pourtant tous semblables au précédent.
Elle avança ainsi plusieurs heures la chaleur était légèrement atténuée par la hauteur des arbres et leurs feuilles mais l'air était si épais qu'il semblait pouvoir être touché. Son estomac faisait des bruits si assourdissants que Maze s'étonnait de ne pas avoir été repérée. Elle avait bu un peu, espérant ce que cela calmerait et sa faim et sa soif. Les feuilles et les branches craquaient sous ses pieds mais c'étaient les seuls bruits troublant le silence. A l'ouest, le soleil commençait à descendre derrière les arbres Maze estima que d'ici deux heures, il ferait nuit. Elle devait trouver un endroit où passer la nuit ensuite, elle trouverait de quoi manger. Elle décida d'avancer pendant encore une heure. Elle avait cessé de heurter des murs invisibles alors elle se tenait sur ses gardes. Il était possible que les autres tributs soient à proximité. Sa main était tellement crispée sur son arc qu'elle en avait les jointures blanchies et elle en était à se demander si elle serait capable de desserrer sa prise. Elle finit par s'arrêter devant un orme immense. Elle pourrait toujours se dissimuler dans les branches si le danger approchait. Elle n'avait pas entendu le moindre animal depuis son entrée dans la forêt et au grand mécontentement de son estomac, elle craignait de devoir se contenter de plantes.
C'est alors qu'elle remarqua l'odeur. Une odeur de fumée. De toute évidence, quelqu'un avait trouvé quelque chose à faire griller. Maze espéra que le quelque chose en question n'était pas un autre tribut, elle avait entendu parler d'un cas de cannibalisme dans une précédente édition des Jeux et c'était déjà pénible de craindre de se faire tuer à chaque instant, Maze se passerait de devoir s'angoisser à l'idée d'être mangée.
Après avoir hésité quelques secondes, elle se décida à suivre l'odeur. Elle n'eut pas à marcher longtemps, dix minutes tout au plus mais elle faisait attention au moindre bruit pouvant dévoiler sa présence. Quelques branches brûlaient entourées par des pierres Maze vit le poisson griller au-dessus. Elle aurait juré que son estomac avait des yeux puisqu'il grogna au même moment. Dissimulée derrière le large tronc d'un chêne, Maze scruta les alentours. Personne. Mais ça pouvait être un piège. La fumée attirerait sans doute les Carrières, le poisson –qui sentait tellement bon- pouvait être un leurre. Le feu n'était qu'à quelques mètres, elle pouvait s'emparer rapidement du poisson et se cacher dans un arbre. De plus, elle ne percevait aucune présence, elle ne se sentait absolument pas surveillée.
Maze se mordilla la lèvre inférieure. Les Jeux s'appelaient les Hunger Games, combien de chances y avait-il qu'un Tribut ait trouvé à manger et ait laissé ladite nourriture sans surveillance ? Très peu, selon l'avis de Maze. Pourtant, elle se décida quand même à avancer. Elle vérifia le sol et les alentours. Parfois, les tributs cachaient des mines. Apparemment pas cette fois. En quelques enjambées, elle fut devant le poisson et elle aurait pu jurer que son estomac avait commencé à danser de joie. Elle jeta de la terre pour éteindre le feu et attendit quelques instants avant d'empoigner la branche sur laquelle était empalé le poisson. Elle l'approcha de son visage et renifla. Elle n'avait jamais mangé de poisson avant de venir au Capitole –le District 7 était un district typiquement forestier, les poissons n'y étaient pas vraiment dans leur élément- mais l'odeur lui sembla alléchante.
Soudain, elle perçut des bruissements de feuilles derrière elle. Elle se retourna aussitôt, se retrouvant face à face avec le tribut qu'elle aurait voulu éviter jusqu'à la fin.
Xander.
Il la dévisageait, ne manifestant aucune surprise d'être tenu en joue par un tribut qui tenait dans sa main droite à la fois une flèche et une brochette de poisson.
« - Sauf si tu veux mourir dans d'atroces souffrances en quelques heures, je te conseille de te débarrasser de ce poisson. »
Maze hésita mais elle finit par céder et se débarrassa du poisson. Elle se doutait bien que c'était un piège. C'était trop beau. Cela dit, elle ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi il l'avait prévenue. Comme il n'avait pas l'air de vouloir répondre et que son cerveau semblait refuser d'ordonner à son bras de décocher la flèche, Maze finit par baisser légèrement son arme.
« - Viens, lança Xander en passant devant elle. Tu vas m'aider. »
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Tout d'abord, elle ne comprit pas. Elle le suivit pendant quelques minutes à travers bois, tout en se répétant que c'était idiot, qu'elle ne pouvait pas lui faire confiance. Puis, elle le vit s'agenouiller et elle s'approcha. Devant eux était allongée la tribut du District 12. Quelqu'un, Maze supposa que c'était Xander, lui avait surélevé la tête à l'aide de plusieurs couches de vestes. La fillette ne portait plus que son pantalon et un tee-shirt et même ainsi, elle semblait engloutie par ses vêtements. Maze se sentit au bord de la nausée.
La fillette avait les yeux fermés elle suait à grosses gouttes et sa respiration était erratique.
Debout derrière Xander, elle le regardait prodiguer les premiers soins à cette petite fille, comme s'il ignorait les règles du jeu.
« - Elle a mangé le poisson, dit-il à voix basse. Il y a plusieurs heures et son état ne fait qu'empirer. »
Maze ne réagit pas. Que pouvait-elle faire ?
La fillette s'agita et un son rocailleux lui échapper. Il fallut plusieurs tentatives pour que Maze reconnaisse qu'elle appelait Xander.
« - Elle va mou… » murmura Maze, réalisant pleinement que l'état dans lequel était plongé la petite n'avait qu'une issue possible.
Elle se sentit envahie d'une bouffée de haine contre le Capitole et automatiquement, ses doigts se resserrèrent sur son arc.
« - Ca va aller. » l'interrompit fermement Xander, sans lui jeter un regard. « Elisa, écoute-moi, ça va aller. »
Il ne dévia pas son attention d'Elisa et finalement, Maze se laissa tomber à ses côtés. Elle sortit sa gourde de son sac et humidifia les lèvres d'Elisa qui poussa un léger soupir. Elle voulut lui murmurer des paroles de réconfort mais elle avait la gorge nouée. Elle remarqua le tissu humide sur son front et constata qu'il provenait du pantalon de Xander.
De temps en temps, Elisa tendait les bras et ses petites mains agrippaient l'herbe ou de la terre comme elle semblait traversée par une intense douleur. Elle gémissait aussi parfois mais la plupart du temps, elle serrait les dents. Maze le voyait à son visage rouge.
Il arrivait que Maze jette un regard éperdu à Xander que pouvaient-ils faire ? mais le sien demeurait fixé sur la petite fille étendue devant eux. Elle pouvait deviner la même bouffée de haine qui l'avait envahie quelques minutes plus tôt.
Avec la nuit tombée, l'air se rafraichit légèrement mais la fièvre d'Elisa continuait de monter. Elle avait les yeux ouverts gris et brillants. Maze se demanda si elle voulait pleurer.
Quelques instants plus tard, un son de corne et la voix de Caesar résonna dans l'arène. Aussitôt, Maze se sentit frissonner. Puis, les visages des tributs tombés défilèrent.
D'abord la fille du District 3. Elle avait de longs cheveux auburn et des jambes immenses. Puis, le garçon du District 5. Petit et frêle, elle se souvenait qu'il n'avait pas brillé par ses prouesses au combat. Son cœur se serra lorsque le visage suivant apparût.
Kenai.
Son visage résigné et ses yeux tristes toisaient l'arène Maze ne put soutenir son regard.
« - Désolé… » entendit-elle.
Les visages suivants furent ceux des garçons des Districts 8 et 9 le premier avait été un garçon maigrichon avec de gros problèmes de vue alors que le second avait été un colosse à qui il manquait une certaine réactivité. Le dernier visage fut celui de la fille du District 10. Maze se souvenait qu'elle s'appelait Tamara elle était très jolie et son physique avantageux avait été maintes fois souligné par Caesar. De façon assez dégoûtante, selon l'avis de Maze.
« - Six en moins, murmura Xander. Il en reste…
- Dix-huit. »
Elle le vit hocher la tête dans la pénombre.
Son regard tomba sur Elisa. Le souffle commençait à lui manquer. Maze savait que la fin approchait. A voir le regard terrifiée de la petite, elle le sentait aussi.
« - Tu peux aller te coucher, souffla Xander. Je vais rester avec elle jusqu'à… »
Maze hésita et finit par hocher la tête. Elle s'éloigna de quelques pas et s'installa au pied d'un chêne. Elle doutait de pouvoir dormir mais elle s'allongea tout de même et cala son sac sous sa tête. De là où elle était, elle voyait Xander et Elisa, ou plutôt elle devinait leurs silhouettes dans la nuit.
Elle ne leur tournerait pas le dos. Juste au cas où.
Elle ferma les yeux.
Elle entendait les chuchotements de Xander pour apaiser Elisa. Il parla d'un endroit qui s'appelait la Plaque et où Elisa pourrait retourner pour vendre du fromage. Il parla d'une personne qui s'appelait Sae et cette évocation eut pour résultat d'arracher un léger rire à Elisa. Maze ne réalisa pas de suite qu'Elisa riait c'était un son tellement incongru dans l'arène. Surtout d'une fillette en train de mourir.
« - On dirait la forêt de chez nous, hein… »
Maze put le voir hocher la tête et presque aussitôt, il poursuivit, racontant des dizaines d'histoires. Maze devina qu'elles faisaient sourire Elisa. Bientôt, Maze aussi put voir la forêt du District 12, par delà les barbelés. Elle voyait les pins immenses qui cachaient le ciel elle voyait les biches et les faons qui traversaient les bois jusqu'à la rivière. Rivière où les enfants allaient se tremper l'été.
Xander parla d'un quartier appelé la Veine. Apparemment, Elisa et lui vivaient tous les deux là-bas. Il lui parla des voisins qu'ils connaissaient, d'un vieux monsieur qui fumait sa pipe tous les jours devant chez lui, et des enfants avec qui elle jouait. Rory et Vick et Prim. Il lui parla d'une dame qui l'attendait une jolie dame aux cheveux longs et noirs.
« - Je veux la voir… » soupira Elisa la voix brisée.
Xander continua de parler il sembla à Maze que cela durait des heures mais cela ne la dérangeait pas. Il avait une voix apaisante.
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Le sol tremblait ou du moins c'est ce qu'il semblait, et des cris semblaient venir de toute part. Maze s'éveilla aussitôt et agrippa son arc. Elle échangea un regard avec Xander qui haussa les épaules. Ils se levèrent et attendirent. La nuit tirait vers la fin, le ciel se teintait de rose. Xander et Maze étaient sur leur garde, scrutant les alentours. Pendant quelques instants, rien ne leur parvint et puis, des cris. Effrayants et effrayés.
« - Ne restons pas ici. » lâcha Xander en récupérant ses affaires.
Maze s'approcha.
« - Je vais t'aider à la porter. » marmonna-t-elle en désignant Elisa, endormie.
Xander secoua la tête et alors, Maze comprit qu'Elisa ne dormait pas. Son visage semblait apaisé à présent et on pouvait presque deviner un léger sourire sur ses lèvres. Maze savait qu'il était dû aux paroles que Xander avait prononcées avant qu'elle ne s'en aille.
Maze se mordit la lèvre. Même si Elisa était morte, elle détestait l'idée de la laisser seule au milieu des bois.
« - On a pas le choix, rappela Xander. On doit y aller. »
Maze finit par acquiescer elle prit son sac et son arc et fit signe à Xander qu'elle était prête.
Au même moment, derrière eux, des bruits de pas, précipités. Quelqu'un courait vers eux. Bientôt, ils virent une forme se dégager d'entre les arbres. La silhouette était grande et massive.
« - Courez ! hurla-t-il. Ne restez pas là ! Le brouillard est empoisonné ! »
Xander et Maze ne prirent pas la peine de se concerter et s'élancèrent immédiatement, alors que derrière la silhouette apparaissait une épaisse brume opaque qui n'avait rien de naturel.
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Xander était le plus rapide Maze le suivait de près et derrière elle, la silhouette. Un coup d'œil en arrière et elle reconnut Chad, le tribut du District 6. Elle n'était pas franchement à l'aise à l'idée de lui tourner le dos mais le brouillard meurtrier qui les poursuivait ne leur laissait pas beaucoup d'options. Ils coururent à travers les bois pendant de longues minutes. A nouveau, les parois invisibles furent de la partie et alors que Xander se remettait de sa chute, Maze prit la tête. Elle ne savait si c'était parce qu'elle en avait heurté une bonne dizaine la veille et qu'elle avait fini par développer une sorte de sixième sens ou alors qu'elle parvenait à percevoir le grésillement qui précédait chaque apparition de paroi, mais dans tous les cas, elle parvenait à les éviter. Elle savait où elles allaient surgir et elle réagissait aussitôt. Sa propre réactivité la surprenait.
« - Dépêchez-vous ! » cria-t-elle à Chad et Xander.
Elle n'avait aucune idée de si le brouillard les poursuivait toujours mais elle n'avait pas vraiment envie de s'arrêter pour le découvrir.
Ils finirent par arriver à la lisière de la forêt.
« - Continue tout droit ! s'exclama Chad. Il y a une grotte ! »
Maze voyait l'entrée, à une dizaine de mètres, au bout d'une clairière. Elle se figea. Et si c'était un piège ? Ils seraient faciles à tuer au milieu d'une clairière. Apparemment, elle était la seule à s'interroger puisque Chad et Xander s'élancèrent immédiatement en direction de la grotte.
Maze finit par les suivre.
Une fois dans la grotte, ils n'arrêtèrent pas leur course, comme s'ils craignaient que le brouillard ne s'y engouffre à leur suite.
Finalement, ils se laissèrent tomber une centaine de mètres après l'entrée, à bout de souffle. Pour la première fois, ils se dévisagèrent, comme s'ils réalisaient qu'ils étaient supposés s'entretuer. Pourtant, personne ne fit mine d'attaquer. Maze supposa qu'ils étaient tous en train de récupérer un rythme cardiaque normal.
Puis, elle remarqua que Chad les regardait avec curiosité.
« - Sinon… Vous n'êtes pas supposés vous entretuer pour venger vos sœurs ou un truc du genre ? » lâcha-t-il enfin sur le ton de la conversation.
A suivre...
