Je suis de retouuuur ! Désolée pour l'attente, j'y pense beaucoup, mais j'écris peu. C'était un chapitre difficile à faire parce que c'est une partie de transition, mais j'essaie de le rendre plus intéressant que juste « on attend qu'ils partent de Camelot, olala, il se passe des choses ». Mais en y réfléchissant j'ai fini par trouver de quoi enrichir l'histoire plutôt que juste combler des trous, alors je suppose que je suis satisfaite ? Même si c'est un peu court encore… J'essayerai de faire mieux pour le prochain chapitre, promis !

Encore merci à ceux qui passent ici !

Bonne lecture !


Chapitre 3

Estrella avait passé trois longs jours à dériver entre la conscience et l'inconscience, perdue dans un brouillard de douleur tant physique que moral. Cynthia lui avait souvent rendu visite, passant du temps à son chevet, épongeant elle-même la fièvre à son front. Le médecin et son assistant s'efforçaient de leur laisser de l'intimité pendant les visites de Cynthia depuis qu'ils avaient entendus quelques murmures amoureux glisser dans les oreilles de l'une depuis les lèvres de l'autre. Cynthia, qui était un mur solide et un visage fermé le reste du temps, semblait fondre et dégouliner de tendresse quand elle était agenouillée là, à côté de sa compagne. Merlin s'était alors rendu compte à quel point Cynthia était jeune en réalité, bien plus qu'il ne l'aurait cru possible. Une fois ses traits lissés dans un sourire doux, elle ne faisait pas plus de seize ou dix-sept ans. Ces deux jeunes filles avaient certainement trop vécu pour leur âge, et le sorcier était heureux de voir qu'elles avaient au moins l'une pour l'autre dans leur vie dangereuse.

Ce matin-là, Merlin était heureux de voir Estrella assise à table avec lui et Gaius, mangeant lentement son petit déjeuner. Elle était silencieuse, alors Merlin faisait la conversation pour eux trois, racontant des commérages sans intérêt qu'il avait entendu d'autres servantes et serviteurs. Parfois, Estrella souriait à une de ses blagues sur les situations cocasses dans lesquelles les serviteurs trouvaient certains nobles et le jeune sorcier pouvait entrevoir la jeune femme éclatante de joie qu'elle avait dû être avant tout cela.

Merlin fut sorti de son babillage par son propre nom résonnant dans le couloir de l'autre côté de la porte. Il pâlit en jetant sa cuillère sur la table.

« Merde. Arthur. »

Il remarqua le sourire de Gaius en se levant précipitamment et lui lança un regard accusateur pour ne pas lui avoir rappelé l'heure avant de courir vers la sortie.

Gaius haussa simplement un sourcil et laissa un sourire étirer ses lèvres quand la porte se referma et qu'il entendit au loin les voix d'Arthur engueulant et Merlin et celui-ci répliquant comme le serviteur du roi n'aurait jamais dû pouvoir le faire.

« Le roi a-t-il accepté de rencontrer dame Emrys ? »

Le médecin reposa un regard surpris sur la jeune fille qui avait reposé sa propre cuillère pour tripoter le rebord de son bandeau aux hocha de la tête avant de froncer les sourcils en sachant qu'elle ne le verrait pas.

« Oui. »

Elle hocha doucement la tête, une grimace rapide passant sur ses lèvres, avant de demander, un ton plus bas :

« Merlin ne nous accompagnera pas, n'est-ce pas ? Il va rester ici ? »

Gaius pris le temps de choisir soigneusement les mots suivant, ne sachant pas où elle voulait en venir.

« Je crains que le roi ne se sépare très longtemps de son serviteur personnel.

– Je vois, soupira-t-elle. Hé bien, le Destin ne nous facilite pas les choses, n'est-ce pas ? »

Cela semblait plus à un marmonnement pour elle-même, alors Gaius décida de ne pas répondre.


En fin de matinée, Merlin aidait un roi distrait avec quelques papiers et rapports officiels et franchement barbants. Il lui arrivait de demander son avis à son serviteur et ils avaient ainsi souvent eu des débats et des échanges de point de vue. Arthur aimait le fait que Merlin soit si proche de son peuple, à l'écoute de leurs problèmes. Cela lui permettait d'être lui-même plus proche de ses citoyens. Ils avaient rarement les mêmes idées et cela lui profitait en jetant un œil critique sur sa façon de penser. Si cela ne l'obligeait pas à se trouver un autre serviteur personnel, Arthur aurait déjà donné une promotion à Merlin pour devenir quelque chose comme conseiller. Un porte-parole de son peuple et un représentant fidèle lors des débats pour les décisions politiques importantes.

Mais Arthur ne voulait certainement pas être réveillé autrement que par les tardives exclamations enjouées de Merlin alors qu'il tirait ses rideaux et portait son petit-déjeuner dans lequel il avait probablement déjà piqué quelques raisins ou un morceau de fromage.

Et Arthur ne voulait certainement pas non plus se pencher sur ce que cela pouvait signifier.

Mais ses pensées n'étaient pas là-dessus en cette fin de matinée. Pas plus qu'elles n'étaient sur les papiers posés sous ses yeux alors qu'il relisait pour la énième fois la même ligne sans vraiment en saisir le sens. Il abandonna finalement avec un soupir, tombant contre le dossier de sa chaise. Son serviteur lui offrit un levé de sourcil qui lui fit penser qu'il passait trop de temps avec Gaius. Peut-être devrait-il lui offrir une nouvelle chambre ? À côté de la sienne. Peut-être même serait-il à l'heure le matin de cette façon. Il s'éclaircit la gorge.

« Nous partirons demain pour aller voir dame Emrys. Je pensais nous accompagner de Gwaine et Percival. Léon s'occupera du reste ici pendant mon absence.

– Demain ?! Mais Estrella a encore besoin de se reposer-

– Tu m'as dit qu'elle s'était bien levée ce matin, non ? coupa Arthur, un peu agacé.

– Elle a besoin de quelques jours de plus, Arthur. C'est un long trajet qui nous attends et il vaut mieux que Gaius surveille encore ses blessures.

– Nous n'avons pas le temps. Tu pourras surveiller ses blessures toi-même pendant le trajet de toute façon. Dans deux semaines j'ai quelques rencontres importantes pour lesquelles je devrais être de retour et je ne veux pas repousser trop longtemps ce voyage. »

Merlin grommela quelque chose pour lui-même. Arthur croisa les bras en levant finalement les yeux vers son serviteur. Merlin évita de trop penser au fait qu'il ressemblait plus à un enfant essayant de faire valoir ses caprices plutôt qu'à un roi de cette façon. Il ne le dirait certainement jamais à Arthur.

« Pourquoi désirez-vous même la rencontrer ? L'autre jour, vous disiez que c'était de toute façon vain de penser à votre âme-sœur !

– Et toi tu m'encourageais presque à la rechercher ! Et maintenant elle est peut-être là, à portée de main.

– Mais on n'en est pas sûrs. C'est probablement un piège. »

Arthur roula des yeux.

« Et même si c'était elle, continua Merlin, vous lui donneriez vraiment votre confiance ? Si facilement ? À une étrangère, avec de la magie, qui plus est ?

– Il faudrait apprendre à nous connaître, évidemment. Je ne me marierais pas du jour au lendemain si je rencontrais mon âme-sœur. Je ne suis pas stupide. C'est ton rôle, ça. »

Merlin renifla de mépris à la pique, peu impressionné par l'insulte.

« Et pourquoi vous demanderait-elle de vous déplacer quand elle pourrait elle-même venir à vous ? Ce n'est pas très poli de sa part.

– Peut-être a-t-elle la décence de respecter les lois de Camelot et de décider, en tant que sorcière, de rester hors de mes terres.

– Vous ne pouvez pas croire cela sérieusement ? »

Et si Arthur ne savait pas que cela n'avait pas de sens, il aurait dit que la ligne pincée des lèvres de Merlin signifiait qu'il était blessé par ses paroles. Cela laissa le roi un peu confus, ne laissant que le silence en réponse alors qu'ils se fixaient toujours dans les yeux.

« Et si elle faisait semblant ? continua Merlin. Ou si elle vous envoûtait pour mieux vous manipuler ? Nous ne pouvons pas-

– Parce que je veux y croire, Merlin ! Explosa finalement Arthur, réduisant son serviteur au silence. Je veux croire que mon père avait peut-être tort au sujet de la magie ! Que peut-être je peux être heureux avec mon âme-sœur ! Je veux croire que le Destin ne m'a pas lié avec un monstre ! »

Un long silence s'étira. Arthur fixait les papiers étalés sur son bureau en essayant de contrôler sa respiration. Ainsi, il ne vit pas le conflit interne de Merlin qui était née de ses paroles. Après un long moment, c'est la voix blanche et terne de son serviteur qui rompit l'instant.

« Ça va être l'heure du dîner. Je vais en cuisine chercher votre repas, sire. »

Et il s'échappa rapidement de la pièce sans un regard pour Arthur, le laissant confus.

Arthur fronça les sourcils en fixant la porte. Il détestait ne pas comprendre Merlin. Il aurait donné tout l'or de son royaume pour un foutu manuel sur son serviteur maladroit et émotionnellement trop complexe, si cela était même possible.


Cynthia s'éloigna très rapidement de la porte en entendant les pas venir vers elle. Elle se cacha derrière un mur et se pencha à peine dans l'ombre pour voir le serviteur – Merlin – sortir de la chambre du roi. Elle fronça les sourcils. Ce garçon poserait certainement des problèmes.

Surtout si la magie qu'elle croyait sentir crépiter autour de lui n'était pas une simple impression.

Elle avait déjà compris qu'il serait impossible de convaincre Arthur de le laisser ici. Il était également évident qu'il y avait des sentiments inavoués entre les deux.

Mais il fallait se débarrasser du garçon, de préférence avant de n'arriver chez dame Emrys. Elle avait pensé à empoisonner ses repas, mais il partageait toujours avec le médecin et, surtout, Estrella. Et un accident lors de son service serait difficile à réaliser discrètement et sans autre victime. Merlin était toujours très entouré et surtout souvent avec le roi.

Il faudrait donc s'en occuper sur le trajet. À défaut de le tuer ou de le semer en chemin, elle pourrait toujours se servir d'un de ses vilains secrets contre lui.

Elle ferait tout ce qui est en son pouvoir pour servir dame Emrys. Même si cela devait coûter la vie d'un serviteur. C'était un moindre sacrifice quand il s'agissait de suivre une grande prophétie, de réunir des âme-sœurs et surtout de ramener la magie dans le royaume à sa grandeur d'antan. De toute façon, tout cela lui avait déjà coûté le regard tendre de sa belle Estrella. Elle devait aller jusqu'au bout désormais.

Pour le royaume. Pour la magie.

Pour Albion.


Hum, j'utilise les prénoms anglais, j'espère que ça ne gêne pas ? C'est l'habitude, comme je lis en anglais... (et puis j'ai du mal avec Gauvain au lieu de Gwaine, j'avoue xD j'ai l'impression de l'amputer d'une partie de son charme sinon xD)

M'enfin, je peux changer si besoin. Je repasserais probablement sur toute la fic quand j'aurais finit de toute façon, pour corriger quelques petites fautes et des incohérences ou des formulations si j'en trouve.