Et non, mesdames et mesdames, vous ne rêvez pas ! Voici bien la suite ET fin des loups ! Alors je remercie tout de suite Rieval et Auvi qui ont joué les bêta pour cette fic et je remercie aussi Alphératz et VLU qui m'ont harcelé pour que je la termine. Donc, ça y est elle est finie et franchement ça fait un peu bizarre, ben voui, je l'aime bien cette fic et de la voir achevée ben ça fait tout drôle (bon je vais pas non plus me mettre à chialer, hein, c'est qu'une fic après tout)

Bon alors, j'ai un peu d'autres trucs à vous dire sur la construction des ressentiments du Roro. J'ai écrit les impressions de Roro au feeling, je n'avais pas vraiment réussi à trouver de sources de renseignements sur le sujet, donc voilà quoi, c'était de l'écriture à l'instinct. Mais, il se trouve que ma sœur à ressortie ses cours sur les névroses traumatiques, et je suis allé questionner mon prof de psychopatho et en fait, ce que je décris arrive très souvent aux victimes de viol. Je vais pas vous saouler avec les différents processus psychologique que j'ai mis mais bon, si vous trouvez que je part en vrille dans mes délires mouettesque, ben en fait non, pas tant que ça.

Voilà, ça c'est fait, je passe aux excuses maintenant. Si nous n'avons pas de nouveau chapitre de Double jeu cette semaine, c'est de ma faute, j'assume l'entière responsabilité de cet état de fait. J'ai kidnappé Rieval hier soir et je ne l'ai relâchée que dans l'après midi. Mais, j'ai quand même obtenue un chapitre de Strange Lullaby pour ce soir normalement. Chic chic chic. D'ailleurs Rieval, merci pour le chocolat, j'en ai déjà mangé plus de la moitié (du paquet pas de la tablette, donc en fait, pratiquement toute la tablette) Rahlàlà! Je ne PEUX pas résister au chocolat…

VLU: De rien pour la nomination, c'est un plaisir! Quant à la FFFDH, j'y vais régulièrement faire un tour mais bon, c'est vrai, me suis pas inscrite. Faut que je répare l'erreur ? Ca peut se faire…en échange d'un chapitre ? Non ? Ca marche pas ? Zut, j'aurais au moins tenté. Et juste une pitite remarque sur une de tes reviews (je sais, je suis chiante avec ça, je suis désolé) L'autisme est un trouble psychotique. Il peut être un trouble à part entière quand il prend le dessus sur les autres symptômes mais sinon, c'est un des symptômes de la schizophrénie qui n'a rien à voir avec les multipersonnalité. Voilà un petit cours de psychopatho dont personne n'a rien à faire, je sais, mais bon moi ça me passione ce genre de trucs, donc, je vais en parler souvent. Encore une fois, désolé, et désolé encore par avance.

Auvi : merci pour mon profil, je t'ai déjà remercié mais bon là je le fais devant témoin. (écris-moi la suiteuh !)

Voiloù ! Bonne lecture !

ooOooOooOooOooOooOooOoo

Je suis seul. Le poids n'est plus là. Il ne m'étouffe plus … Il est parti.

Il est parti en me laissant seul, éparpillé aux quatre coins de cette salle qui m'a vu mourir. Je me recroqueville et j'essaye de me recoller, de me rassembler … rassembler ces petits bouts de moi qu'il a dispersé, qu'il a brisé. Il a brisé mon âme, elle s'est envolée. Elle a laissé mon corps de côté et elle est partie ici ou là, ici et là. Je suis partout et nulle part, je suis sous ces lampes qui m'aveuglent, je suis dans l'obscurité, je suis contre ce mur …

Je ne sais plus je suis.

Où est mon corps ? Où est cette enveloppe qui servait à contenir mon esprit ? Où est cette chaire que j'avais appris à aimer ? Elle a mal, je le sais … je crois …

Je n'en suis plus sûr.

Je devrais avoir mal, je devrais hurler de douleur, je devrais prier pour que la souffrance s'en aille … mais je ne ressens rien. Je ne suis plus dans mon corps. Je ne suis plus qu'un immense puzzle que je n'aurais jamais le temps de finir. L'éternité même n'y suffirait pas.

Et pourtant je vais l'avoir cette éternité. L'éternité, c'est ce que l'on a lorsque l'on est mort, non ? Je suis mort … à cause de lui.

J'espère qu'il m'a suivi. Oh oui ! J'espère qu'il n'a pas réchappé à cette mort qu'il a introduit ici et qui plane au-dessus de nous depuis qu'il a posé ses mains destructrices sur moi. Mais comment aurait-il pu en réchapper ? On ne peut pas éviter la mort.

Pourtant, je sens quelque chose de bizarre. Il est parti, oui, mais il n'est pas loin, je le sais. Comme s'il était toujours là, sur moi … en moi. Je le sens encore aller et venir, je le sens encore me tuer à petit feu et y prendre du plaisir. Mais il n'est pas sur moi, il est juste près de moi, son regard lourd, angoissant, pèse sur moi.

Quoi ? Tu admires ton travail ? Tu dégustes ta victoire ?

Non … il ne déguste rien. Ses yeux, son visage, cette expression … Je la reconnais, je l'ai déjà vue, il y a si longtemps, trop longtemps …

Pourquoi ? Pourquoi as-t-il ce regard ? Pourquoi me fixe-t-il avec les mêmes yeux qu'elle ? Elle, si douce, si belle, si loin…

Ma mère.

Elle avait ce même visage plein de tristesse avant de me prendre dans les bras lorsque je pleurais. Alors quoi ? Que va-t-il faire ? Me serrer dans ses bras lui aussi ? Est-ce qu'il veut se racheter en prenant la place de ma mère ? Je voudrais tant qu'il prenne sa place. Qu'il croupisse dans cette boite sous terre. Qu'il soit mort et qu'elle, elle me revienne. Qu'elle rattrape toutes ses années passées, ces années où elle n'était pas là, ces années manquées. Mais elle ne reviendra pas, elle m'a laissé. Ils m'ont tous laissé et lui aussi, il me laisse.

Enfin.

Mais ? Il mange … Alors, ce n'était pas vrai, il n'est pas mort. Il est vivant, bel et bien vivant. J'ai cru pendant un instant qu'il était mort lui aussi, qu'il m'avait suivi dans mon enfer. J'ai cru qu'il était mort quand il a posé ses yeux tristes sur moi. Mais non, ce n'était rien, ce n'est qu'un animal qui satisfait ses besoins naturels : manger, dormir, faire l'amour. Non, il ne m'a pas fait l'amour, il m'a tué.

Deux fois.

Et je n'ai rien fait pour l'arrêter. Je n'ai fait qu'attendre … Maintenant, tout est fini mais je continue d'attendre.

Quoi ?

J'attends que mon corps vienne enfin rejoindre mon esprit en morceau, qu'ils soient à nouveau réunis, dans cet endroit où il n'y a rien. Pourquoi mon corps reste-t-il accroché à cette vie que je ne veux plus, que je ne peux plus supporter ? Il a fait du bon travail, il m'a meurtri, mais pas assez pour que je rende mon dernier souffle. Il va encore pouvoir me briser et s'en aller sans remord. Comme pour un objet.

Un objet, c'est ce que je suis à ses yeux. De la matière sans vie, sans âme, c'est bien ça la définition d'un objet, non ?

ooOooOooOooOooOoo

Il s'approche de moi. Je le sens. Je ne regarde pas mais je le sens. Il se tient au-dessus de moi. Comme une ombre. Il me serre dans ces bras. Pourquoi ? Je ne veux pas de ce contact. C'est comme être électrocuté. Un éclair de douleur partit du carré de peau en contact avec ses mains et qui s'est propagé dans tout mon être. Je veux me débattre, je veux échapper à ces mains, à ce corps, à ce monstre mais il resserre son étreinte. Il ne me laissera pas partir, je suis sa propriété, son jouet … et il veut jouer, je crois.

Mais ces gestes me font douter de mes propres pensées, je n'ai plus les idées claires …je crois qu'il me berce. Oui, c'est ça, il me berce et me caresse les cheveux de ses mains immondes. Elles lissent mes cheveux comme le ferait celles d'une mère. On croirait qu'elles s'occupent d'un enfant. Non, Je ne suis pas son enfant. Je suis sa victime. Et lui n'est pas ma mère. Ce ne sont pas ces fines mains qui caressent mon visage. Je sais que ça ne peut pas être elle, elle est morte et enterrée, bientôt j'irais la rejoindre … oui, bientôt.

ooOooOooOooOooOoo

Il essuie mes larmes. Tiens, j'ai recommencé à pleurer. Je ne m'en suis même pas rendu compte. Comment le pourrais-je ? Je ne fais plus parti de mon corps. Il me l'a pris, il m'a tout pris et il va encore me prendre. Je le sais. Et je ne pourrais rien y faire …

Il caresse mon visage. Son regard est toujours posé sur moi. Il m'inspecte dans les moindres détails, vérifiant si son jouet est encore en état de marche, sans doute. Je le sais, je n'ai pas besoin de le regarder. De toute façon, je ne le veux pas. Je ne veux plus jamais recroiser ses yeux remplis de folie, de mépris et … d'envie ? Est-ce seulement de moi qu'il a envie ou simplement d'un corps qui pourra répondre aux attentes du sien ? Apparemment, il ne se pose pas autant de questions. Il est déjà, non, il est encore en moi.

Et la douleur revient, plus vive, plus forte, plus intense, plus déchirante. J'ai retrouvé mon corps et la douleur qui l'accompagne. Tout à l'heure, je n'ai rien senti, ce n'était pas moi qui me faisais ravager.

Si. C'était moi.

C'était moi que ce type a jeté à terre, c'était moi qu'il a retourné sans que je me débatte. C'était moi qui subissais ses assauts.

C'est moi qu'il viole à nouveau.

Mais cette fois, c'est différent. Il est lent. Incroyablement lent. Insupportablement lent. Pourquoi est-il si lent ? Ca fait encore plus mal. Mais je ne dois pas le montrer. Non, je dois rester impassible pour ne pas lui faire ce plaisir. J'aimerais qu'il accélère. Pour que ça finisse plus vite. Mais non, il continue avec la même lenteur insupportable. J'ai mal. Si mal. Je veux que ça s'arrête, mais ça ne s'arrêtera pas. Pas avant qu'il ait pris son plaisir. Je dois trouver un moyen de calmer la douleur. Il faut que je respire. Oui, c'est ça, je dois me concentrer sur ma respiration. Pour détendre les muscles du tas de chair qui me fait office de corps. Voilà. Ca va mieux. La douleur diminue. Et lui accélère enfin. Son visage prend cette expression de plaisir. Il ne va pas tarder à exploser en moi, encore. Les râles augmentent.

Et moi ?

Je me dégoûte pour ce que je ressens. La douleur est toujours là mais elle n'est plus seule. Elle est accompagnée par autre chose … de plus agréable et que je n'ai pas ressentis depuis tellement longtemps. Je suis en train d'éprouver du plaisir alors que je me fais violer pour la troisième fois … par mon meilleur ami. La sensation s'intensifie. Mes reins s'échauffent, je ne tiendrais pas longtemps, je le sais et ça me fait horreur. Comment puis-je ressentir ça, alors que je ne le veux pas ? Je ne voulais pas qu'il me touche, pas comme ça. Je voulais encore moins qu'il entre en moi, alors ? Pourquoi mon corps me trahit-il ?

Il a crié et moi aussi. J'ai l'impression de l'avoir suivi dans sa déchéance … ou est-ce lui qui m'a suivi dans ma déchéance ?

Il m'a violé une troisième fois et j'ai jouis ... Je me dégoûte.

Lui ?

Il est heureux. Il sourit et il s'endort en me prenant dans ses bras comme il le ferait d'un vulgaire ours en peluche. Désormais, je suis sa chose et il l'a bien compris.

OoOooOooOooOooOoo

Je sens la chaleur d'un rayon de soleil sur mon visage. Ca faisait longtemps que le soleil n'était pas venu me voir.

Hum…C'est agréable.

Pourtant, je n'aime pas m'exposer. J'ai la peau tellement fragile, comme ma mère. Elle aussi virait au rouge dès qu'on sortait au bord du lac. Je me souviens encore de l'épaisseur de crème qu'elle nous mettait sur la peau à Jenny et à moi avant de nous autoriser enfin à aller nous amuser au bord de l'eau. Je n'aimais pas ça. J'avais la peau déjà suffisamment claire sans la crème alors avec … je devais être aussi blanc qu'un pierrot. (1) Pourtant, j'ai gardé cette habitude. Me couvrir de crème indice deux cent cinquante si ce n'est trois cent (mais je n'en ai jamais trouvé). Je devrais en mettre d'ailleurs. Ce soleil va finir par me brûler le visage … Mais deux minutes ! Ce ne peut pas être le soleil. Je suis enfermé dans une cage immense avec un … un … autre. Le soleil ne peut pas nous atteindre … Ou alors … ça y est. Je suis mort, pour de bon cette fois.

Mon corps aussi a fini par rendre l'âme.

J'entends des voix. Elles sont insupportables, horribles. Elles grésillent, elles grincent et je ne comprends strictement rien à ce qu'elles racontent. C'est vraiment bizarre, je ne m'attendais pas à ce que les anges aient des voix pareilles ! D'un autre côté, je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait quoique ce soit après la mort, alors finalement avoir des anges, c'est déjà pas si mal … L'un des anges a un accent marqué … écossais ? Et une voix grave, trop grave.

Je m'étais toujours imaginé les anges comme des enfants ou des adolescents nus avec des ailes dans le dos, la représentation classique de l'ange quoi. Alors, cette voix masculine d'homme mûr et à l'accent effroyable … Elle ne donne pas vraiment envie de l'accompagner dans son paradis. A moins … A moins que ce ne soit pas au paradis qu'elle m'emporte. Parce qu'elle me soulève et me pose sur une couchette. Elle vient près de moi et murmure à mon oreille. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'elle me dit. Où m'emmène-t-elle ?

Sheppard…

A ce nom, l'angoisse revient s'emparer de moi et reprendre le contrôle de mon esprit. La voix n'a pas prononcé ce mot par hasard. Maintenant, je sais où je suis conduit. Pas au paradis, non, je vais visiter son contraire. Et la voix continue de parler et tout ce que je parviens à comprendre ce sont mon nom et celui de l'autre. La voix commence son travail de torture. Elle va me faire payer mon impassibilité. Je n'ai rien fait pendant qu'il me violait et maintenant je vais en payer le prix, pour l'éternité.

La voix continue son monologue, encore et toujours. Mais plus elle parle, plus ce qu'elle dit devient clair. Je … Je ne vais pas en enfer … Je retourne sur … Atlantis ? Co … Comment est-ce possible ? Et d'un coup, tout devient clair. Ces voix, ce n'était pas des anges venus me tourmenter mais Carson et « SGA-je-sais-pas-combien » venu me chercher. Je vais rentrer à la maison … Je ne l'attendais plus.

Mais je ne sais même plus si je le désire encore …

OoOooOooOooOooOoo

J'émerge doucement d'un lourd sommeil. J'ai l'impression d'avoir dormi pendant des jours, mais pas d'un sommeil réparateur. J'ai fait un cauchemar … je ne le souhaite même pas à Kavanaugh. Cette atmosphère oppressante … et Sheppard qui …

Oh ! Mon Dieu !

Mon corps me fait mal, atrocement mal. Serait-ce psychosomatique ? J'en ai rêvé, ça avait l'air tellement réel, peut-être que mon corps y a cru lui aussi … Non. Ce n'était pas un cauchemar. J'ai réellement vécu … ça. Tout me revient. Je me rappelle de tout, la salle immense, l'obscurité malgré les lampes, la faim, la douleur, la honte. J'ai tellement honte. Je n'ai rien fait.

Et ça me hante.

Je le vois. Il est allongé dans un lit, de l'autre côté de l'infirmerie. Il dort. Il a l'air si … si inoffensif. Comment pourrait-on croire que ce visage si paisible ait pu me faire ça ? Recommencera-t-il ? Oui. J'en suis sûr. Il me l'a fait comprendre la dernière fois. Il recommencera, chaque fois qu'il en aura l'occasion, chaque fois que nous serons seuls, chaque fois qu'il en aura envie, il recommencera. Et je ne ferais rien pour l'en empêcher, je ne dirais rien et mon corps réagira comme il l'a fait la dernière fois … Je ne peux pas, c'est au-dessus de mes forces. Je n'y arriverais pas … vivre avec ça. Vivre avec cet avenir qui se profile devant moi, vivre avec ces souvenirs … Pourquoi ? Pourquoi se rappelle-t-on plus souvent des mauvais moments que des bons ? Je sais que je vais revivre ça, chaque nuit, que je le reverrais se pencher sur moi et me tuer à petit feu … et je ne veux pas, je ne peux pas.

Je sais ce qui me reste à faire et je sais comment le faire.

OoOooOooOooOooOoo

Je n'aurais pas cru que ce serait aussi simple. Je me suis levé de mon lit, débranché les moniteurs. Les alarmes n'ont même pas sonné, je les ais coupés avant qu'elles n'aient le temps d'alerter Carson. Je ne veux pas le voir maintenant. Il m'empêcherait d'aller plus loin, d'aller jusqu'au bout. C'est déjà suffisamment dur comme ça. Je n'ai pas besoin qu'il vienne me faire un sermon ou qu'il me pose des questions sur ce qu'il s'est passé. Je ne pourrais pas lui raconter ça. J'ai trop honte. De ce que j'ai fait et de ce que je n'ai pas fait. Et je ne supporte pas de ressentir ça. La honte va me ronger de l'intérieur comme la douleur l'a fait pendant que l'on était encore la-bas. Il faut que je l'arrête, que je les arrête.

Je n'ai croisé personne, ni dans l'infirmerie, ni dans les couloirs, ni dans le labo. N'importe qui pourrait se promener dans cette cité et personne n'en saurait rien. C'est à se demander comment elle tient encore debout. Grâce à moi, certainement … Mais bientôt, dans quelques instants, je ne serais plus là. Je vais m'endormir et je ne me réveillerais pas. Oui, je sais, c'est lâche de ma part. Je fuis le problème au lieu de l'affronter. Mais, je n'ai jamais fait preuve de beaucoup de courage alors, je vais mourir comme j'ai vécu : en lâche.

Je me suis inoculé l'un des virus que l'on a trouvé l'année dernière et qui a failli me tuer. C'est un peu ironique non ? L'année dernière, c'est Sheppard qui nous a sauvés, même si je n'étais plus en danger de mort, et maintenant c'est à cause de lui que j'ai réouvert la boite de Pandore. Mais, j'ai bien fait attention, cette fois-ci, le gène des Anciens n'empêchera pas le virus de faire son travail. Je vais m'endormir doucement et je ne me réveillerais plus. Une mort douce, sans souffrance. J'aurais pu me jeter du haut d'un balcon ou me tirer une balle dans la tête, les armes à feu ne manquent pas. Mais, j'ai toujours eu peur d'avoir mal et se tirer une balle dans la tempe même si je n'ai jamais tenté auparavant, je sais que ça fait mal. Et puis, je ne suis pas doué avec les armes. Mon domaine à moi, c'est la science, je vais mourir par la science, je vais mourir grâce à de minuscules robots qui vont venir se nicher dans mon cerveau. D'ailleurs, je sens déjà leurs effets. J'ai envie de dormir, j'ai du mal à garder les yeux ouverts … Je m'endors … mes paupières se ferment … ça y est, je m'en vais …

ooOooOooOooOooOoo

Il fait nuit. Je suis fatigué. C'est normal, je n'ai pas l'habitude de me coucher si tard. Normalement, je devrais être au lit depuis longtemps. Mais comme c'est mon anniversaire j'ai le droit de rester debout plus longtemps. Chouette ! J'ai même le droit de regarder le film à la télé. C'est l'histoire d'un espion qui doit arrêter un méchant, mais j'ai pas bien compris pourquoi. C'est pas grave, j'aime bien quand même. Je suis calé entre papa et maman. Elle me caresse les cheveux comme d'habitude. J'aime bien quand elle fait ça. Ca me rassure.

Elle me lisse les cheveux de plus en vite et de plus en plus fort. J'aime pas trop. Elle commence à faire mal. Et en plus papa a disparu. Où il est ? Maman a arrêté de passer sa main sur ma tête, maintenant, elle me caresse la joue. Mais … beurk ! Sa main est toute poilue. Des grands poils tout noirs. Et elle descend encore sa main. Elle la pose sur mon pantalon. Qu'est-ce qu'elle fait ? Pourquoi elle l'ouvre ? Je veux pas ! Non arrête ! Et où on est ? On est plus à la maison. On est dans une grande pièce toute noire. Et maman ? Elle est où ? Elle est plus là. Elle est encore partie. A sa place y'a un grand monsieur avec des cheveux tout noirs en bataille. Il s'approche de moi. Il me fait peur. Pourquoi il sourit comme ça. J'aime pas ça. Je me mets à courir mais il me suit. Il m'a rattrapé. Il m'a jeté par terre et il me plaque au sol, je peux pas partir. Il m'empêche de me relever. J'ai peur, encore plus peur que tout à l'heure. Maman ! T'es où, maman ? Viens me chercher ! Le monsieur a ouvert mon pantalon en grand et maintenant il me fait mal. Non !

Non ! Non ! Arrêtez ! Vous me faites mal ! Sheppard arrêtez !

Je me réveille en sursaut ! Carson est à côté de moi. C'est lui qui m'a tiré de ce cauchemar, comme d'habitude. Il n'arrête pas de me sortir de mes rêves depuis qu'ils m'ont retrouvé dans le labo.

Je pensais avoir tout prévu, mais apparemment le temps d'action du nanovirus est plus long que je le croyais. Depuis qu'ils m'ont récupéré, Carson ne me laisse pas seul une minute. Ils ont peur que je recommence … Ils ont raison. Ils ont tous essayé de me faire dire pourquoi, mais je n'ai rien dit. C'est trop dur. Affronter leur regard, leur pitié, leurs reproches, non je ne peux pas. Alors je garde tout pour moi.

Mais ce que je craignais est arrivé.

Dès que j'arrive à trouver le sommeil, les mêmes images reviennent. Ca commence toujours par le même souvenir : ma dernière soirée avec ma mère. Pourquoi ? Pourquoi rêver d'elle me fait-il penser à Sheppard ? Ils sont si différents tous les deux. Elle était si douce, si parfaite. Elle m'aimait tant. J'étais son petit garçon adoré, son ange tombé du ciel, sa joie de vivre. Elle me l'a dit. J'étais sa raison de vivre, elle m'aimait autant que je l'aimais.

Et lui ?

Je croyais qu'il m'appréciait, lui aussi, mais il ne m'aimait pas comme je le voulais. Je pensais avoir son amitié alors que je n'activais que sa convoitise. Il m'a trahi … et elle aussi. Elle m'a abandonné, je m'en souviens si bien, ce souvenir est resté gravé dans ma mémoire, il le restera jusqu'à la fin de ma vie.

On regardait la télé avec mon père et Jenny. Le film en était à la moitié quand elle a cessé de caresser mes cheveux. Elle a poussé un cri et elle est tombée en se tenant la poitrine. Je n'ai rien compris à ce qu'il se passait. J'étais trop jeune, qu'est-ce que je pouvais bien savoir de la médecine et des maladies ? C'est bien plus tard que j'ai compris : crise cardiaque. A même pas trente ans, elle faisait une crise cardiaque. C'est rarissime parait-il … Qui aurait pu croire qu'elle en ferait une si jeune, justement le jour de l'anniversaire de son fils aîné ? Personne et surtout pas moi.

Bizarrement, quand on m'a dit qu'elle était morte, j'ai tout de suite compris. Normalement, à cinq ans, un gamin ne sait pas ce qu'est la mort. Moi j'avais compris. Comment ? Je n'en sais absolument rien, mais je savais que ça voulait dire que je ne la reverrais jamais. Que plus jamais elle ne viendrait me réveiller le matin, jamais plus je ne sentirais son parfum, jamais plus elle ne me tiendrait dans ses bras … Ce jour-là, j'ai perdu plus que ma mère. J'ai perdu une partie de moi, j'ai perdu ma capacité à apprécier ce qui m'arrivait de bon. Je me suis protégé affectivement d'après mon psy. J'avais peur de souffrir encore si jamais je perdais ceux que j'aimais, alors je me suis empêché d'aimer les autres. Ca a marché un temps, mais la nature sociable de l'homme a été la plus forte … Aujourd'hui je vois le résultat. J'ai refait confiance, à la mauvaise personne et maintenant, je ne me supporte plus moi-même.

Les bruits d'une conversation me sortent de mes pensés. Sheppard s'est réveillé et Carson lui fait le compte-rendu de ce qu'il s'est passé depuis qu'ils nous ont récupérés. Il lui fait comprendre qu'il sait ce qu'il m'a fait. Je m'en doutais. Il ne me l'a pas dis, mais à moi aussi, il me l'a fait comprendre en me donnant des anti-douleurs alors que je n'ai aucune blessure apparente. En me donnant les calmants, il me disait qu'il était là si je voulais parler et chaque fois son regard se posait sur Sheppard. Mais il ne le regardait pas avec sympathie, non. Son visage était dur dès qu'il posait ses yeux sur lui. Mais dès qu'il tournait la tête vers moi, le sourire bienveillant et compatissant était de retour. Il n'aurait même pas eu besoin de parler, son seul sourire m'aurait fait comprendre qu'il savait. Peut-être, peut-être qu'un jour je lui raconterais, mais pas maintenant, c'est encore trop tôt.

Ca fait encore trop mal.

Ils ont arrêté de parler. Carson a laissé Sheppard seul avait ses remords, si remords il peut avoir. En passant devant mon lit, Carson m'a envoyé un petit sourire réconfortant. C'est incroyable le nombre de sourires différents que cet homme est capable de produire. Il ne pourrait parler qu'avec eux, nous le comprendrions toujours aussi bien, mieux peut-être …

Sheppard est resté silencieux quelques instants puis il a fait appeler Elisabeth. Pourquoi veut-il la voir ? Veut-il prendre les devants et tourner les évènements à son avantage ? Il sait très bien qu'Elisabeth n'est pas insensible à son charme, il va en profiter certainement. Il va inventer une histoire et me faire passer pour fou, et personne ne le contredira. Qui croirait-on ? Le scientifique exécrable, égocentrique qui a fait exploser un système solaire par excès de confiance en lui ou un chef militaire ayant risqué sa vie plusieurs fois pour sauver la nôtre ? Je sais très bien qui Elisabeth choisirait de croire. Et ce n'est certainement pas le scientifique imbu de lui-même …

Mais il commence à parler et il lui raconte tout. Sa folie, sa violence, ce qu'il m'a fait, le plaisir qu'il en a retiré, le dégoût qu'il a ressentis pour lui-même, la fureur qu'il a éprouvé envers moi pour n'avoir rien fait, son envie de retrouver ma confiance, son envie de se racheter … Elisabeth est choquée, elle ne pensait pas que son chef militaire serait capable de ça, et pourtant si. Elle accepte sa demande, je crois qu'elle n'est que trop heureuse de se débarrasser de ce poids. Il aurait pu demander à rester sur Atlantis, mais il n'en fait rien. J'ose croire que c'est par égard pour moi qu'il fait ça. Je sais à quel point la cité compte pour lui. La quitter c'est quitter le seul endroit où il se soit senti chez lui.

Je n'en reviens pas, j'ai presque de la peine pour lui ! Alors qu'il y a quelques jours encore, je voulais le voir mort. J'ai pitié de lui aujourd'hui. Qui aurait cru que je pardonnerais si facilement ?

Non, en fait, je ne lui pardonne pas, je ne peux pas, pas aussi vite, mais je me surprends à comprendre comment il en est arrivé à faire ce qu'il m'a fait. Lui non plus ne se pensait pas capable d'une telle horreur, et pourtant, il s'est montré excellent dans l'exercice. Et à bien y réfléchir, je ne me serais jamais cru capable d'un tel manque de réaction face à ça. Je crois que moi aussi j'aurais pu faire ce qu'il a fait. Je crois que j'aurais pu réagir comme lui. Il a décris son point de vue, pour soulager sa conscience, mais aussi pour moi, en tout cas c'est ce que je veux croire.

J'ai eu des explications. Et c'est peut-être ça le plus important, j'ai la réponse à mes « pourquoi ».

FIN !

Enfin ! J'ai réussi à la finir … Je vous remercie d'avoir suivi cette fic au sujet plus qu'horrible. Pardon d'avoir maltraité Roro, mais croyez-moi, ici, je l'ai préservé par rapport à ce que je lui réserve dans une prochaine fic qui viendra dans longtemps (oui, je me mets à ma psy gén et diff tout de suite Rieval et Auvi aussi, promis je bosse) Enfin, bref (comme dirait Pépin) les loups sont finis, je vais maintenant me concentrer (enfin, j'va essayer) sur Viens me chercher. BIZ !!!!

1. Pierrot, le personnage de la chanson de quand on est petit et qu'on était pas grand. « Au clair de la lune » Y'a mon ami Pierrot, tout de blanc vêtu et au teint plus que blanc.