Petit mot de l'auteure : je ne suis pas experte du thème abordé dans cet OS, j'ai fait au mieux.


Jour 8 : Règle

Contexte : UA pre livre


Après des mois à la Ménagerie, Inej avait finit par apprendre ce à quoi ressemblait la douleur.

Ainsi, dans la vie de tous les jours, elle était assez peu douillette. Elle supportait sans broncher les coupures, éraflures et autres courbatures que lui imposait sa vie de Spectre. Cependant, cette nuit-là, elle fut réveillée par une douleur comme elle n'en avait jamais sentie. Il s'agissait de rudes crampes qui lui saisissaient tout le bas ventre en lui donnant l'impression d'imploser sur place. Elle tenta de se lever afin de gagner la salle de bain du QG des corbeaux mais fut prise d'une nouvelle vague de douleur qui la cloua au lit.

Tout en essayant de reprendre son souffle, Inej tâcha de réfléchir. Quelqu'un l'avait-il empoisonnée ? Si elle avait bien compris quelque chose après quelques mois au Barrel, c'est que la vie n'y était pas de tout repos. Quelqu'un convoitait peut-être sa place d'araignée et voulait ainsi se débarrasser d'elle. Si c'était le cas, comment se purger du poison ? Elle envisagea un instant de se faire vomir lorsqu'une nouvelle crampe survint, si forte qu'elle ne put retenir un cri de douleur, rapidement suivi par un autre.

Elle entendit alors un bruit et la porte de sa chambre s'ouvrit sur Kaz.

Et merde. Inej n'avait absolument pas voulu réveiller son patron. Même s'ils s'étaient quelque peu rapprochés depuis son arrivée, les deux apprenant à se faire confiance, Inej restait toujours vigilante avec lui. Le brun était un sanguinaire aux flammes qu'elle n'avait pas envie d'attiser. Cependant, Kaz n'avait pas l'air agacé d'avoir été réveillé. Enfin, si, il était agacé – c'était Kaz après tout – mais il semblait surtout inquiet.

- Qu'est-ce que tu as ? Demanda-t-il en s'approchant d'elle.

- Pas... idées... murmura Inej. Mal...

Qu'il s'agisse de ses balbutiements ou de son nouveau cri de souffrance, Kaz comprit que quelque chose de grave était en train de se produire. Il sortit alors de la pièce pour demander à ce que quelqu'un amène un médecin immédiatement. Puis il revint vers elle et, après quelques secondes d'hésitation, vint s'asseoir sur son lit. Il n'esquissa aucun geste pour lui prendre la main ou la bercer, mais par sa simple présence, Inej se sentit légèrement mieux. Elle n'était plus toute seule pour affronter ce qui la mettait à l'épreuve.

Bien qu'elle en ignore encore la cause.

Elle eut sa réponse trois heures plus tard, lorsque le médecin finit par faire naître son enfant. C'était un bébé très petit, mais qui avait crié vaillamment avant de s'endormir contre elle. Et malgré sa présence contre son torse, Inej ne parvenait à croire qu'il était réel.

- Ce n'est pas possible... dit-elle encore une fois. Je... Mon ventre n'était pas gros, mes seins normaux... J'ai même continué à avoir mes règles ! Je crois que je suis en train de devenir folle. Ou alors je suis un démon qui a mis au monde un autre démon. Comment cela serait-il possible ? Je...

- Inej, la coupa Kaz avec une douceur qu'elle ne lui avait jamais connu. Tu n'es pas folle, et encore moins un monstre. Tu as entendu le médecin. Tu as fait ce qu'il appelle un déni de grossesse. On en parle rarement, mais ça existe. Il a été formel à ce sujet.

- Oui mais... mais pourquoi ?

- Je sais que cela ne fait que quelques mois que l'on se connaît, mais tu m'autorises à tenter une hypothèse ?

Les yeux brillants de larmes, Inej acquiesça.

- Vu que le médecin a dit que le bébé était arrivé presque à terme, tu es tombée enceinte à la Ménagerie. Je suppose que ton inconscient a voulu te protéger en te cachant cette grossesse pour oublier les circonstances dans lequel il a été conçu. Et aussi pour t'empêcher de penser aux chamboulements que cela ferait pour ta nouvelle vie. Cela ne fait pas de toi un monstre, juste une personne normale.

Loin d'être rassurée, Inej sembla encore plus paniquée.

- Ma vie... Je n'y avais pas pensé ! Qu'est-ce que je vais faire maintenant ? Je ne vous serai plus utile, je ne pourrai jamais rembourser mon contrat, je...

- Inej. Tout ira bien. Je ne te laisserai pas. Tu vas te remettre de l'accouchement, et tu reprendras ton travail. Il y aura toujours quelqu'un pour veiller sur le gosse. Après tout, c'est un corbeau maintenant. Et les corbeaux se soutiennent entre eux. Il fait parti de la famille.

Comme s'il avait entendu malgré son sommeil qu'on parlait de lui, le petit bougea. La vision de ce petit être innocent fit naître une résolution chez Inej : même si elle n'avait pas voulu de lui, qu'elle avait eu si peur de son existence qu'elle se l'était cachée à elle-même, cet enfant était le sien. Et elle ferait tout pour le protéger. Elle était forte, elle pourrait le faire. Mais savoir que Kaz était avec elle pour l'aider dans cette tache lui donnait une énergie non négligeable.