Petit mot de l'auteure : j'ai terminé Superstore :'(
Jour 11 : Fantôme
Contexte : vie de Kaz
Kaz n'avait jamais aimé les fantômes.
Enfant, leur père se plaisait à lui raconter des histoires de spectres rôdant autour des fermes kerch et qui emportaient avec eux les petits enfants désobéissants. Jordie, en sa qualité d'aîné, se plaisait à appuyer son père pour effrayer d'avantage son cadet, racontant de sordides détails sitôt que le paternel avait le dos tourné. Ensuite, lorsqu'il voyait qu'il avait poussé l'histoire un peu trop loin et Kaz était vraiment terrorisé, il lui donnait une petite tape sur les épaules. « Ce ne sont que des histoires que papa raconte pour qu'on reste sage ! » le rassurait-il. Il riait, mais il n'essayait jamais de sortir la nuit. Après tout, si les adultes avaient raison ? Et si les fantômes existaient pour de vrai, et qu'ils enlevaient les chahuteurs ?
Bien des années après, Kaz appris que les fantômes existaient bel et bien.
En revanche, ils ne jouaient pas les justiciers ou de réprimander les mauvais élèves. Les fantômes se contentaient d'observer ceux qu'ils avaient connus. Dans son cas, c'était Jordie, qui le suivait pas après pas, toujours en silence, mais sa présence pesant plus que tout le reste.
Très vite, le fantôme de Jordie avait été rejoint par d'autres. Il ne les connaissaient pas, ou pas vraiment – c'était les fantômes des hommes qu'il avait tué, ceux qu'il avait blessé. Parfois, il voyait le fantôme de l'innocence d'enfants qu'il avait à son tour arraché. Là encore, aucun d'entre eux n'avait essayé de l'entraîner dans leur sillon. Ils étaient au contraire plutôt passibles. Silencieux.
Et pourtant, ils faisaient porter sur ses épaules un poids écrasant. Ils faisaient entrer dans son esprit des pensées coupables, remplie de c'est ta faute ou de tu crois vraiment que tu vaux mieux que ce Pekka ?, pensées qu'il n'arrivait jamais à faire totalement disparaître.
Alors non, Kaz n'aimait pas les fantômes.
Du moins, c'était jusqu'à ce qu'il rencontre Inej.
Inej, le Spectre – son Spectre – celle qui l'accompagnait en silence, qui le suivait comme son ombre, mais celle dont la présence ne l'avait jamais pesé. Au contraire, elle constituait en une présence distante mais rassurante, qui lui donnait l'impression que quelqu'un veillait sur lui.
