Chers tous,

Me revoilà avec la troisième et avant-dernière partie de Os-cultation.

Je suis navrée pour ce retard de publication. J'étais en congé pendant une petite quinzaine de jours et pensais naïvement pouvoir maintenir mon rythme de relecture. Difficile de le faire sur un ordinateur qui n'est pas le mien et avec de multiples distractions familiales autour de soi. Je suis une fille d'habitudes :)

Dans cette partie, Dean poursuit sa consultation avec Castiel pour ses problèmes de dos. Il a toujours aussi mal mais il n'est pas au bout de ses surprise :)

Belle lecture et à la semaine prochaine pour la quatrième et dernière partie.

Bien à vous,

ChatonLakmé


Os-cultation

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Troisième partie

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Par-dessus son épaule, Dean observe Castiel à la dérobée, d'une manière aussi discrète qu'il l'espère.

Le brun est concentré sur l'observation de son dos, ses mains à peine posées sur lui et il ne cesse de lui indiquer d'un petit geste des doigts de se remettre droit afin de ne pas déranger son diagnostic.

Dean obtempère docilement mais il ne peut s'empêcher de recommencer à regarder derrière lui à intervalle régulier.

Le châtain ignore pourquoi il en éprouve autant le besoin mais cela a probablement à voir avec le regard que Castiel pose sur lui et qu'il sent réchauffer agréablement sa peau. Ses yeux si clairs qu'ils semblent passer la barrière de sa chair pour réellement la fouiller avec application, touchant ses muscles et ses nerfs sensibles pour mieux comprendre.

Mieux le comprendre avant de le palper à nouveau.

Dean a réellement envie de sentir une nouvelle fois ses mains sur lui.

— « Reste tranquille s'il te plaît », lui demande doucement le brun tout en posant le bout de ses doigts sur son menton pour lui demander de tourner une nouvelle fois la tête. « Le moindre mouvement de ton corps modifie ce que je vois. Tu dois rester bien droit et regarder devant toi Dean. Uniquement devant toi. »

Les oreilles chauffant légèrement, le jeune homme se détourne un peu vivement, comme un enfant pris en faute alors que Castiel vient de relever les yeux sur lui. Mince, pas si discrètement que cela finalement. À son geste un peu brusque, la douleur pulse vivement dans son épaule et Dean se maudit pour sa stupidité et sa maladresse.

Quand il sent le brun poser un peu plus franchement une main sur ses vertèbres, le jeune homme se redresse imperceptiblement.

Nouvelle invitation à cesser de bouger ?

Discrète manifestation de compassion et de réconfort pour ce qu'il peut deviner de sa douleur ?

Dean s'amollit bien malgré lui contre le toucher tiède et léger qui agit comme un baume apaisant.

Castiel a les mains si chaudes.

— « Reste dos à moi et assieds-toi bien sur le bord sur la table s'il te plaît », lui demande le brun. « Je vais te palper plus précisément pour identifier les désordres qui te font souffrir, d'accord ? »

Le châtain hoche la tête et déglutit légèrement.

Il se souvient de ses propres ricanements aux paroles si facilement ambiguës de Sam et le châtain demande silencieusement à son frère de le pardonner. Celui-ci est allé à bonne école en fréquentant Castiel lors de ses rendez-vous à la clinique.

Le brun joue toutefois dans une toute autre catégorie et cela pourrait titiller agréablement son sens du défi s'il n'était pas autant… lui.

C'est facile avec Sam, un véritable jeu d'enfant parce qu'il reste son petit frère et que Dean sait exactement sur quels boutons appuyer et avec quelle pression. Il a encore parfois d'adorables rougeurs de petit garçon quand son frère lui adresse un sourire un peu licencieux. Et Sam cache sa gêne par des regards noirs qui rappellent au châtain ses bouderies quand, enfant, il protestait et affirmait que leur mère gratifiait son aîné de plus grosses parts de tarte que lui.

Mais taquiner Castiel avec des allusions sexuelles ? Lui parler de dard et de fleur ?

Dean aurait l'impression de lui susurrer à l'oreille les pires obscénités du monde quand bien même les opportunités que lui donne le brun sont aussi vastes que les dizaines d'hectares du campus de Colorado-Boulder. Il rougirait sans doute sous les beaux yeux céruléens, au mieux teintés d'incompréhension, au pire franchement réprobateurs, ce qui le ferait se sentir parfaitement ridicule.

Castiel adore jouer à Candy Crush, le châtain l'imagine difficilement amateur de plaisanteries de mecs un peu grasses.

Alors Dean se tait sagement et préfère songer au fait que Castiel va le palper de ses belles mains aux longs doigts. C'est ce qu'il attend depuis qu'il s'est assis sur le bord de la table d'auscultation après que le jeune homme l'ait examiné debout.

Si près de lui, presque collé contre son dos tandis que Dean s'inclinait en avant pour que le brun observe sa colonne vertébrale.

Comme s'ils étaient emboîtés et que la main sur ses reins le flattait doucement.

Dean sourit légèrement en entendant le jeune homme frotter ses mains l'une contre l'autre pour les réchauffer un peu inutilement. Dans l'expectative, il n'a pas conscience de retenir sa respiration jusqu'à ce qu'il les sente se poser sur ses épaules, suivant la ligne dure et tendue de ses trapèzes. Ses doigts remontent lentement jusqu'à sa nuque en suivant ses cervicales et il frissonne imperceptiblement quand les pouces de Castiel viennent appuyer dans le petit creux situé juste à la racine de ses cheveux. Juste à cet endroit si particulier où il est chatouilleux quand il y sent un souffle chaud ou un baiser.

Le jeune homme se tortille imperceptiblement quand le brun continue à palper l'endroit avec attention, ses doigts semblant s'enfoncer dans sa chair molle comme du beurre pour attendre ses nerfs les plus sensibles.

Ça tord quelque chose dans le ventre de Dean.

— « Peux-tu m'indiquer où se trouvent les tensions dans ta nuque ? »

Le châtain lève avec une infinie précaution le bras droit pour passer la main dans son cou. Quand ses doigts effleurent malencontreusement ceux de Castiel à la racine de ses cheveux, il sourit en coin avant de poursuivre le long de ses cervicales.

C'est décidément une zone qu'il trouve très sexy sur une belle nuque, juste là où meurent les petits cheveux doux et fins. Des cheveux peut-être bruns sur une peau claire.

— « … Je vais essayer », marmonne Dean tout en tâtonnant maladroitement.

Castiel l'observe, émettant de doux bruits de contentement et d'approbation qui le font se sentir stupidement puissant, avant de reprendre son examen avec soin. Il le fait se pencher en avant, sur les côtés puis exécuter une torsion de son buste que le brun accompagne prudemment.

Dean serre les dents et se laisse manipuler sans broncher. Il a juste envie que Castiel lui donne son diagnostic et le soigne enfin.

Après un long moment, le jeune homme sent les mains chaudes de sa peau et le châtain jette un petit regard dans son dos avant de serrer ses poings sur ses cuisses.

Castiel a les sourcils froncés, les bras croisés sur sa poitrine, l'air sombre et préoccupé.

Soudain, Dean appréhende sincèrement son diagnostic et n'a plus réellement envie de l'écouter lui exposer ce qu'il ne va pas dans son corps.

Cette chose qui lui fait mal et qui pourrait être grave.

— « Je confirme ce que j'ai vu lorsque tu étais debout devant moi tout à l'heure », commence le brun tout en se mordillant les lèvres. « Ta quatrième côte gauche est bloquée et elle est légèrement sortie de son axe. Elle s'est en quelque sorte… vrillée sur elle-même. »

Dean inspire brusquement. Cela a l'air vraiment anormal et parfaitement inquiétant. Depuis quand un os, dur et solidement soudé à d'autres, peut-il se tordre ? Il cherche le regard du brun afin de se rassurer mais Castiel pose à nouveau ses mains sur son dos, cherchant le relief de ses côtes afin d'appuyer son propos. Le châtain se cambre imperceptiblement de douleur.

— « Est-ce que tu sens cette côte ? Elle est reliée à ta colonne vertébrale à ce niveau et passe sous ton omoplate », poursuit le jeune homme et Dean grogne vaguement en guise d'acquiescement. « Tous les muscles de cette zone sont très inflammés à cause du traumatisme répété. En règle générale, un trauma lié à une pratique sportive intensive se résorbe avec du repos et des étirements parce que tu mets ton corps en pause entre deux séances de musculation mais avec le temps, c'est devenu quelque chose de chronique et un cercle vicieux. C'est aussi le cas de tes trapèzes et des muscles qui entourent tes cervicales. L'inflammation s'est étendue au fur et à mesure que ta côte gardait cette mauvaise position. »

La main de Castiel continue à suivre le dessin de ses côtes, descendant lentement tout en les comptant à voix basse. Quand ses doigts touchent enfin le bas de sa cage thoracique, Dean se cambre une nouvelle pour lui échapper tandis qu'un grognement de douleur plus fort que les autres lui échappe.

— « Excuse-moi », balbutie le brun avant de l'apaiser par ce qui ressemble à une caresse. « …Oui, c'est ça. Ta huitième côte s'est également désalignée à cause de la contracture. C'est une des côtes flottantes qui se trouvent ici. »

Dean se contente de serrer les dents. Le brun l'a à peine manipulé et pourtant, il a l'impression que la douleur est plus vive et qu'elle l'abrutie. Il est un homme courageux mais la suite de la consultation fait couler une goutte de sueur glacée le long de son dos. Le jeune homme a deux côtes déplacées et stupidement, il songe que jamais Sam n'a pu se vanter d'une chose aussi étrange.

Dean tente de trouver du réconfort où il peut.

Castiel retire lentement sa main et contourne la table d'auscultation pour aller s'appuyer contre le bord du bureau. Dean le trouve absurdement séduisant ainsi, les bras croisés sur sa poitrine et les sourcils très légèrement froncés.

— « Comme tu as mal du côté gauche, tu compenses en forçant sur le côté droit ce qui provoque également des contractures dans les muscles de ton épaule opposée ». Le brun coule un regard dans sa direction. « Je pense que tu commences à sentir que ça tire, n'est-ce pas ? »

Le jeune homme opine d'un air un peu raide. Tout son corps n'est que douleur depuis des jours mais pas encore assez pour que Dean puisse ignorer la gêne réelle qui commence à se diffuser autour de son épaule droite. Il peine à trouver une position réellement confortable et indolore dans son propre lit alors oui, il le sait.

Le jeune homme voit Castiel s'appuyer un peu plus contre le bureau et passer une main gênée dans sa nuque avant de le regarder à nouveau.

— « Deux côtes déplacées et une telle contracture musculaire… Tu dois souffrir le martyr Dean. Je ne sais pas si je dois être admiratif ou effrayé par ta capacité à supporter la douleur », souffle le jeune homme d'un ton vaguement incrédule. « Je suis navré de me répéter mais tu aurais dû venir consulter bien plus tôt. »

Le châtain serre les dents à la légère remontrance. Mais plus que le fait de se faire taper sur les doigts par ce si beau garçon (même si Castiel le trouve fort et courageux bien qu'il n'ait pas exactement formulé cela de la sorte), il se sent juste de plus en plus inquiet.

— « … Et mon bras ? Pourquoi je ne peux plus le bouger ? », lui demande-t-il dans un souffle un peu étranglé.

— « Les os et les muscles de ton bras gauche se portent très bien », le rassure doucement Castiel avec un petit sourire. « Les nerfs autour de la quatrième côte sont également très inflammés et ils se prolongent dans les bras. C'est cette douleur que tu sens et qui te paralyse. »

Dean se contente de renifler légèrement. C'est une réponse pragmatique qui n'indique pas de lésion à proprement parler mais il ne peut plus bouger son bras quand même. Le châtain pense qu'il a raisonnablement le droit d'être vraiment inquiet.

— « … Ne dis pas à Sam qu'il avait raison, il serait trop heureux », marmonne-t-il d'un ton sombre tout en battant distraitement des pieds dans le vide.

Castiel fronce les sourcils avant de décroiser les bras et de s'appuyer à deux mains sur le rebord du bureau derrière lui.

— « Tu es mon patient, rien ne sortira de cette pièce Dean », lui réplique le brun d'un air un peu vexé. « Mais ton frère a effectivement été bien inspiré de te prendre un rendez-vous à la clinique. Des étirements n'auraient jamais pu faire passer… tout ça et un os mal positionné peut finir par se calcifier afin de se protéger ce qui le maintient dans une mauvaise position. Seule une intervention chirurgicale aurait pu t'aider et tu aurais pu avoir de réelles lésions musculaires et non pas une grave contracture. C'est sérieux tu sais. »

— « Je sais, je l'entends au son de ta voix », grommelle le jeune homme tout en enfonçant légèrement sa tête entre ses épaules. « Mais tu vas pouvoir m'aider, pas vrai ? »

Dean déteste la légère fragilité qu'il entend sonner dans sa voix, une discrète fêlure qui montre juste combien il appréhende la suite.

Castiel lui adresse un petit sourire un peu timide.

— « C'est la première fois que je suis confronté à un cas aussi complexe que le tien », admet-il avec humilité. « Mais je sais comment le traiter. Je vais juste vérifier une dernière chose avant d'aller voir le professeur de garde et lui parler du traitement que je compte te donner. Peux-tu t'allonger sur le dos s'il te plaît ? »

Le jeune homme obéit un peu maladroitement et il rougit légèrement de gêne quand Castiel l'invite à étendre les jambes en appuyant doucement sur ses genoux relevés. Il observe le jeune homme tirer à lui le petit tabouret sur roulettes avant de s'y asseoir sans un bruit, tout proche de son estomac.

Le brun glousse à son regard vaguement dubitatif et Dean oublie un peu de se demander ce que Castiel peut vouloir à son ventre alors qu'il a mal au dos. Il trouve le son bien trop charmant.

— « Je vais regarder ton estomac », lui explique le brun tout en croisant ses mains entre ses cuisses. « Un nerf passe de la nuque jusqu'au système digestif. Si tu as des problèmes à ce niveau, le cerveau peut donc interpréter le signal comme une douleur à l'épaule. C'est fascinant, non ? »

Le jeune homme roule des yeux aux paroles enthousiastes de Castiel avant de ricaner.

— « Tellement évident tu veux dire », se moque-t-il gentiment. « Et tu vas me dire que si j'ai mal à mon épaule gauche c'est à cause de mon pied droit… »

Dean hausse un sourcil interrogateur en voyant un sourire magnifique venir éclairer le beau visage de Castiel.

— « C'est également une possibilité en effet. J'ignorais que tu faisais aussi des études de médecine », lui répond vivement le brun d'un ton ravi avant de s'assombrir légèrement. « … Pourquoi négliges-tu autant ton corps si tu en connais les mécanismes ? C'est très imprudent de ta part. »

Le châtain le regarde d'un air vaguement incrédule avant de rire doucement, croisant les mains sur son estomac d'un air confortable.

— « Je n'y connais rien, je suis en cursus de sciences physiques. C'était un pur hasard », lui rétorque Dean avant de lui jeter un regard en coin. « … Cela peut réellement être un problème de pied ? »

— « Plutôt de longueur de jambe en réalité », le corrige Castiel. « Nous avons tous une jambe plus courte que l'autre et chez certaines personnes, cette différence plus importante peut entraîner des désordres musculaires et osseux. »

— « Je n'ai pas de jambe plus courte que l'autre », lui rétorque Dean d'un air vexé. « Je – »

Le jeune homme oublie toute protestation quand la main du brun se pose doucement sur le haut de son ventre, bien à plat et juste en dessous de son sternum. Dean ne peut s'empêcher de contracter instinctivement ses abdominaux. Il les travaille avec le plus grand soin.

C'est chaud et doux, aussi intime que la manière dont sa paume touchait ses reins un peu plus tôt.

Un peu naïvement, Dean se demande si Castiel descendra ses doigts plus bas, bien plus bas sur son bas-ventre pour le palper et sentir l'activité de son estomac. Les doigts du jeune homme restent pourtant sagement à leur place, exerçant d'imperceptibles pressions.

— « Non Dean, détends-toi », le reprend doucement Castiel d'un ton légèrement réprobateur. « Tu te souviens, tu dois rester – »

— « Naturel », le coupe le châtain tout en roulant des yeux.

Le jeune homme glousse adorablement et Dean remarque qu'il regarde un point fixe sur le mur en face de lui, les sourcils légèrement froncés sous l'effet de la concentration.

— « Oui, c'est bien ça. Je sens ta quatrième et ta huitième côtes qui sont bloquées. C'est vraiment impressionnant », dit Castiel tout en hochant lentement la tête avant d'écarquiller légèrement les yeux de surprise. « Oh, ton foie est très chargé. Tu as mangé gras hier. Et tu as bu de l'alcool aussi. »

Le ton du brun est léger, presque badin mais Dean le regarde avec stupéfaction. Il rougit légèrement quand le jeune homme baisse les yeux sur lui, un petit sourire aux lèvres.

— « C'est – Te fous pas de moi », grogne-t-il avec gêne avant de couler un regard un peu suspicieux vers lui. « Passe encore que tu puisses sentir mes côtes en posant sa main sur ma poitrine mais comment tu peux savoir ça ? Tu effleures à peine mon ventre. Ton toucher est tellement léger que je suis sûr que tu ne sens même pas mes abdos… »

Le brun pouffe doucement et caresse brièvement la peau dorée de son ventre d'un air taquin avant de remplacer correctement sa main sous son sternum. Dean a un peu chaud tout à coup.

— « Je les sens Dean et je sais même que tu les travailles avec la même application que les muscles de tes biceps. Je suis bon dans ce que je fais, fais-moi confiance », lui répond-il d'un ton malicieux avant de se concentrer à nouveau. « Est-ce que tu manges équilibré ? »

— « … Parfois », se renfrogne le châtain, renonçant à mentir sous le regard azur du jeune homme. « Mais Sam te dirait probablement que ce n'est absolument pas le cas. »

Castiel esquisse un léger sourire en coin et Dean frémit tant il est plein de charmantes fossettes délicatement ombrées.

— « C'est en partie à cause de cela que tu as si mal dormi cette nuit », reprend doucement le brun. « La douleur musculaire et ton repas trop gras ont fourni beaucoup trop d'informations à ton corps. Il est épuisé et ne peut plus suivre. »

Le jeune homme fait doucement remonter sa main en une caresse aérienne le long de son sternum, son sourire continuant d'ourler ses lèvres fines.

— « Ta cage thoracique est également complètement fermée », poursuit Castiel dans un murmure concentré. « Tu te recroquevilles sur toi-même en te reposant sur ton côté droit pour compenser, comme un escargot dans sa coquille. Un adorable petit escargot. »

Le rire du brun résonne joliment dans la petite pièce tandis qu'il achève de passer sa main sur ses jambes. Ses mains pressent ses muscles, s'attardent sur ses mollets puis terminent par ses pieds, lui faisant plier et déplier la jambe tandis que Castiel surveille l'articulation de son genou.

Après un dernier effleurement sur sa poitrine qui dans un autre contexte évoquerait sans peine à Dean une caresse sensuelle, le brun se lève souplement du tabouret.

— « Je vais consulter mon professeur pour avoir son avis », lui indique le jeune homme tout en s'éloignant rapidement vers la porte. « Reste allongé et installe-toi confortablement, je reviens dans un instant. »

Dean opine lentement.

Il suit distraitement du regard la belle silhouette du jeune homme, ses épaules larges et sa chute de reins avant que cette dernière ne disparaisse dans l'embrasure de la porte. Le châtain soupire et croise les mains sur son ventre. Il se sent un peu ridicule, allongé à demi-nu et laissé seul dans la salle de consultation alors il ferme les yeux et roule distraitement ses épaules afin de tenter d'apaiser la brûlure qui pulse dans son dos.

Dean sent ses oreilles et sa nuque chauffer durement et il gigote un peu plus fort.

Il est certain d'être écarlate.

Castiel doit effectivement être un peu magicien pour parvenir à le retourner de la sorte d'un rire et d'une comparaison aussi inattendue.

Jamais personne ne l'a comparé au timide et visqueux gastéropode qu'il trouve baveux et peu attrayant.

Dans la bouche du brun, c'est adorable.

Étrangement adorable plutôt qu'insultant.

Distraitement, Dean est en train de s'imaginer en escargot bodybuildé quand il entend le bruit étouffé d'une conversation non loin de la porte. Il rouvre lentement les yeux et relève la tête quand celle-ci s'ouvre. Sur le pas de la porte, Castiel échange encore quelques mots avec une femme vêtue d'une blouse blanche, opine avant de rentrer dans la pièce et de lui adresser un sourire.

— « L'avis du professeur Deverney est conforme au mien et elle est d'accord avec le traitement que je compte te donner », dit-il tout en rejoignant la table d'auscultation, s'appuyant d'une main sur le matelas. « Ce qui me préoccupe est ta quatrième côte. En toute franchise, je ne suis pas en mesure d'affirmer si elle a provoqué la contracture en se tordant ou si ce sont tes muscles trop sollicités qui l'ont déformé. Quoi qu'il en soit, il faut à tout prix dénouer le nœud qui se trouve sous ton omoplate. Je vais commencer par ouvrir à nouveau ta cage thoracique et débloquer ton diaphragme avant de passer à ton dos. J'ai bon espoir que travailler d'abord en périphérie me permettra d'agir plus efficacement sur tes muscles. Je terminerai par tes côtes une fois que toute la zone aura été assouplie. Est-ce que tu as des questions ? »

Dean se contente de secouer lentement la tête, un peu hébété par toutes les informations que Castiel vient de lui donner et dont la substance l'effraye un peu.

Ouvrir sa cage thoracique ? Débloquer quoi ? Terminer par ses côtés ?

Mortifié, il réalise que son trouble est plus évident qu'il ne le pensait car le brun rit doucement et, tirant le tabouret à roulettes à lui, il s'installe derrière la tête de Dean.

— « Tout va bien se passer », le rassure-t-il gentiment tout en s'asseyant sans un bruit, le skaï émettant un petit couinement discret. « Tu dois juste me laisser le contrôle Dean, ne pas lutter et te détendre. Respire profondément et ne t'endors pas, cela arrive parfois. »

— « Je ne te crois pas », lui répond le châtain du tac-au-tac tout en inclinant maladroitement la tête en arrière pour le regarder.

Castiel rit et effleure son front pour lui demander silencieusement de s'installer à nouveau correctement sur le matelas.

— « C'est très rare mais cela est déjà arrivé. C'est un peu gênant d'ailleurs », reconnaît doucement le brun tout en croisant ses mains sous sa nuque. « Bien. Laisse tomber ta tête dans mes mains, ne tente pas de la retenir. Tu peux fermer les yeux si tu veux, cela ne me dérange pas. »

Dean inspire profondément et obtempère. Il tente de lutter contre son instinct qui lui dit de garder la tête droite, légèrement surélevée et sous contrôle mais sentir les mains de Castiel le fait lentement céder. Les doigts du brun se positionnent un peu plus précisément le long de ses cervicales et son souffle vient balayer doucement son front tandis qu'il presse les muscles douloureusement contractés de sa nuque.

— « C'est bien Dean, abandonne-toi », murmure Castiel.

Le châtain se sent légèrement rosir de plaisir. Il ne devrait pas être aussi satisfait d'être complimenté par la belle voix du jeune homme comme un gentil garçon.

Un frisson remonte le long de son dos quand les pouces du brun se placent dans le petit creux à la racine de ses cheveux. Érogène, délicieux, sensuel, même si la pensée ne vient probablement pas effleurer l'esprit de Castiel.

Dean tente de comprendre les gestes du jeune homme, la raison pour laquelle il appuie sur tel muscle plutôt que tel autre, variant la pression et la position de ses doigts même d'une manière presque imperceptible. Parfois, ses mains restent simplement posées sur lui, immobiles mais toujours chaudes. La respiration du brun est lente, concentrée et Dean cale inconsciemment la sienne sur le même rythme.

Il exhale un souffle un peu tremblant quand Castiel s'incline un peu plus vers lui, sa blouse effleurant délicatement son front. Le tissu est tiède et parfumé par ce que le jeune homme suppose être son after-shave. C'est comme nicher son nez dans son cou, comme parsemer la belle ligne de sa mâchoire de baisers et c'est un peu intime.

Après un long moment, le brun retire lentement ses mains et dépose avec délicatesse la tête de Dean contre le matelas, ses doigts glissant le long de ses trapèzes. Ils appuient à nouveau puis finissent par se poser sur sa poitrine, au niveau de son sternum.

— « Bien. Inspire profondément maintenant. Et expire », lui murmure le jeune homme tout en accompagnant sa respiration, appuyant un peu plus fort de sa paume à chaque mouvement. « Encore une fois s'il te plaît. Inspire et… expire. Encore. »

Dean obéit, les paupières toujours fermées pour se concentrer.

Le souffle de Castiel accompagne le sien, plus présent encore à présent que le jeune homme est fortement penché en avant pour toucher son torse. Le châtain peut sentir son buste s'appuyer contre le sommet de sa tête et les mouvements lents de sa cage thoracique. Ses bras encadrent son visage, Dean pourrait enfouir son nez dans le pli de son coude s'il tournait légèrement le visage.

Ses mains reposent à peine sur son torse mais le châtain peut sentir leur puissance et cette force l'étonne et le trouble, déverrouillant lentement ces choses bloquées que Castiel a senti en lui et dont Dean ne soupçonnait pas l'existence.

Les paupières toujours fermées, il entend le discret roulement du tabouret tandis que le brun se glisse à ses côtés, ponctuant le chemin de sa main de légères pressions régulières avant de la faire descendre le long de son bras.

Les manipulations de Castiel sont précises et douces, presque délicates, pourtant le châtain serre les dents.

Son membre entier est douloureux, la souffrance semblant courir sous sa peau et se nicher dans la moindre fibre de ses muscles.

Il sent le jeune homme s'occuper de son épaule, prenant son bras pour le tendre vers le plafond et faire rouler l'articulation que Dean est presque surpris de ne pas entendre grincer comme un engrenage rouillé. Le jeune homme rouvre lentement les yeux tandis que les doigts du brun passent sur son poignet avant de s'attarder dans la paume de sa main.

Dean déglutit légèrement.

Castiel la prend dans la sienne pour la lever à hauteur de son visage, maintenant son bras tendu grâce à son autre main contre sa poitrine. Le jeune homme tire, abaisse et relève, palpe son bras avec attention, les sourcils froncés sous la concentration. Il ne semble pas remarquer que la main de Dean vient frotter régulièrement sa mâchoire légèrement piquante ni la manière dont il a enroulé ses doigts autour de son poignet.

Le châtain a l'impression de sentir sa peau brûler.

Le jeune homme rougit légèrement quand Castiel baisse les yeux sur lui et lui sourit.

— « C'est beaucoup mieux… », dit doucement le brun. « Un peu moins verrouillé. »

Dean frémit quand le souffle chaud de Castiel vient effleurer sa main et il sent son estomac se tordre légèrement d'appréhension à l'idée que le jeune homme ne la touche de ses lèvres par inadvertance.

D'appréhension ou d'espérance.

Plus souple, plus ouvert et moins verrouillé.

Le châtain hausse un sourcil vaguement circonspect tandis que la douleur continue pourtant de pulser dans son dos comme le ronronnement lancinant d'un gros chat.

— « Je sais que tu as l'impression que rien n'a changé mais je sens très bien la différence quand je te touche », rit doucement Castiel tout en posant brièvement sa main par-dessus son diaphragme pour appuyer sa démonstration. « Je vais pouvoir m'occuper de tes côtes. »

— « Tu n'as pas parlé de faire les choses dans cet ordre tout à l'heure », ne peut-il s'empêcher de remarquer.

Non, le fait que Castiel change soudain sa pratique ne l'inquiète pas du tout.

— « C'est vrai mais tu réagis mieux que je ne l'espérais », lui répond le brun du tac-au-tac. « Je vais donc passer immédiatement au nœud du problème. Je suis désolé, ce ne sera pas la partie la plus agréable… »

Le châtain sourit en coin à l'incroyable mauvais jeu de mot et se contente d'hocher la tête.

— « Ne t'inquiète pas pour moi, je suis un homme résistant », le taquine-t-il gentiment.

— « Un peu trop à mon goût… »

Deant rougit légèrement en voyant le brun couler un petit regard vaguement réprobateur dans sa direction et le jeune homme lui répond d'un sourire contrit. Il sait qu'il a merdé.

Castiel repousse lentement le tabouret avant de contourner la table d'auscultation, le châtain le suivant en silence du regard. Il laisse ses doigts courir distraitement sur le matelas tandis qu'il se rapproche avant de s'arrêter devant son flanc droit.

— « Mets-toi sur le côté maintenant et rapproche-toi de moi, le plus près possible du bord de la table. Ne t'inquiète pas, je te retiendrais », ajoute Castiel tandis que le châtain s'exécute d'un air vaguement circonspect.

Dean se contorsionne un peu ridiculement sur le matelas, faisant couiner la table d'une manière qu'il trouve gênante, avant de frémir en sentant le brun poser une main sur sa hanche pour l'inviter à s'approcher plus encore de lui.

S'approcher tandis qu'il le pousse gentiment vers lui, ses doigts sur son sous-vêtement.

Le jeune homme papillonne légèrement des yeux.

Mince.

— « Encore un petit peu », lui demande doucement Castiel tout en l'observant faire avec attention. « Vraiment contre le bord du matelas, comme si tu allais tomber. »

— « Je vais tomber… », grommelle Dean tout en jetant un regard peu amène au sol, dangereusement proche à son goût.

— « Bien sûr que non, je te retiens », le contredit Castiel dans un rire tout en pressant un peu plus fort sa hanche pour le rassurer. « Je te laisserai pas tomber. »

Le jeune homme a l'impression que le contact est brûlant tandis que les doigts du brun frôlent à présent l'élastique de son sous-vêtement. Il glisse un peu plus contre le bord de la table jusqu'à y aligner parfaitement son épaule droite et son bassin. Dean a envie de jeter un regard sombre à Castiel pour l'acrobatie vaguement effrayante que le jeune homme lui demande mais il se fige.

Il sent à peine le brun positionner son bassin à sa guise, sa main le poussant légèrement pour l'inviter à le faire basculer vers l'avant.

Bien malgré lui, Dean a le regard fixé sur l'entrejambe de Castiel, dont la blouse courte ne cache en rien le relief discret sous le pantalon fin et le châtain roule les yeux de gêne et d'exaspération. Il sent ses oreilles chauffer durement quand le mouvement du jeune homme l'oblige à se coller contre ses cuisses, Dean appréciant sans peine les muscles fermes sous l'étoffe et il ferme fortement les yeux.

Bordel.

— « Bien. Maintenant, plie ta jambe par-dessus ta jambe droite comme si tu dormais en position fœtale et bascule complètement ton bassin vers le bas », lui intime Castiel. « Je te tiens toujours. »

Le châtain s'exécute avec maladresse et serre les dents quand son front vient effleurer le fin pantalon de travail du jeune homme. Il est vaguement rassuré d'entendre Castiel poursuivre calmement ses explications malgré leur proximité un peu gênante et se détend lentement.

Le brun ne semble pas faire grand cas du fait que Dean pourrait nicher son nez dans le pli de son aine s'il y mettait un peu du sien.

— « Ramène tes bras sur ta poitrine, le droit sur le gauche et appuie tes mains sur tes épaules. Parfait. »

Castiel le guide une nouvelle fois, pressant ses cuisses contre le matelas tandis qu'il se penche fortement sur lui. Dean dernier retient momentanément son souffle quand le brun presse son torse contre le sien, sa main droite palpant doucement son dos afin de se poser délicatement sur le nœud musculaire.

Dean est dans Castiel.

Comme fondu en lui.

Son nez est plongé dans sa blouse au niveau de ses pectoraux tandis que le jeune homme le repousse doucement en arrière afin qu'il fasse reposer son poids sur sa paume. Le châtain s'oblige à garder les yeux rivés sur le petit pan de mur qu'il discerne derrière les plis de la tunique du jeune homme plutôt que sur son corps à lui.

Dean se sent rougir quand son regard croise celui du brun, ce dernier semblant le chercher pour continuer ses explications.

— « Je suis bien positionné ? », lui demande doucement Castiel tout en pressant imperceptiblement ses doigts coincés entre le matelas et son torse. « C'est bien à cet endroit que tu as mal ? »

— « Ou – Ouais », croasse légèrement Dean, sa voix étouffée par la blouse du brun.

— « Parfait. » Le jeune homme se décale légèrement, ses doigts se plaçant d'une manière un peu plus confortable dans son dos. « Maintenant, je vais m'appuyer sur toi pour réaligner ta quatrième côte. Tu vas inspirer profondément et expirer quand je te le demanderai. Je me presserai contre toi à ce moment-là, d'accord ? »

Le châtain se contente d'opiner lentement tout en déglutissant. Il a l'impression que la peau de son front le brûle tandis qu'il frotte lentement contre la poitrine de Castiel.

— « Inspire profondément… et expire », lui intime le brun.

Dean obtempère, concentré sur son souffle. Il sent sa poitrine se gonfler, venir se presser plus fort contre celle de Castiel dont l'haleine vient balayer son visage. Relevant difficilement les yeux vers le brun, il le voit froncer légèrement les sourcils sous l'effet d'une adorable concentration. Il ne fait pas réellement attention à lui alors le jeune homme ose se perdre dans sa contemplation. Il observe l'ombre de sa légère barbe sur la belle ligne de sa mâchoire, l'arête droite de son nez, son parfum.

Ce parfum qu'il sent si parfaitement dans son cou à présent parce que son nez y est plongé et qui lui permet d'apprécier la tiédeur et la finesse de sa peau.

Et il y a la voix de Castiel qui continue à lui dire de respirer, presque à l'oreille comme un secret ou quelque chose de très personnel, d'intime.

Dean crispe inconsciemment les orteils de plaisir tant il a l'impression d'avoir fusionné avec le brun, d'être avec lui dans une proximité que seule permet l'amour quand soudain, ça arrive.

— « Inspire profondément… et expire », répète Castiel dans un souffle chaud.

Le brun s'appuie de tout son poids contre sa poitrine.

Dean a l'impression que son expiration s'achève en un petit couinement ridicule, le souffle douloureusement coupé.

Il sent avec une acuité particulièrement vive les doigts de Castiel, parfaitement posés sur le nœud musculaire de son dos ainsi que la chaleur de son corps contre le sien.

L'esprit légèrement bourdonnant, le châtain frotte distraitement son visage contre la poitrine du jeune homme afin de retrouver ses esprits. Sous son nez, il peut sentir les pectoraux qui bougent légèrement, les muscles qui roulent sous la peau et les battements de son cœur.

À moins qu'il ne s'agisse des siens qui résonnent à ses oreilles.

Dean s'étrangle une nouvelle fois quand il perçoit soudain contre son nez une très discrète protubérance, le relief mutin d'un téton. Il cherche inconsciemment à cacher son visage dans la blouse bleue du jeune homme tandis que ce dernier s'éloigne lentement de lui, le faisant basculer en avant pour dégager sa main. Le châtain est écarlate.

— « Est-ce que tout va bien ? », lui demande doucement Castiel tout en cherchant son regard.

Dean cligne lentement des yeux.

Les prunelles de Castiel sont bleues, si bleues et son propre esprit bourdonne à ses oreilles.

Il se demande distraitement quelle peut être la couleur de ses tétons dont il vient de sentir le relief.

Peut-être bruns.

Délicatement rosés.

Ou d'une nuance entre les deux, d'un pourpre légèrement plus sombre mais attirant et sensuel.

— « Dean ? Tu vas bien ? »

Le jeune homme relève brusquement la tête vers Castiel qui le regarde avec attention et une pointe d'inquiétude. Il sent le brun retirer complètement sa main de son dos avant de s'asseoir face à lui, tirant le tabouret à roulettes à lui.

— « Est-ce que je t'ai fait si mal que cela ? », lui demande le brun d'un ton contrit. « Je suis désolé mais c'est la méthode la plus efficace pour débloquer une côte lésée. Je peux aussi essayer autre chose et – »

— « C'est bon. » Dean déglutit légèrement et lui sourit d'un air un peu tordu. « Ça fait un mal de chien mais c'est supportable. Je ne m'attendais juste pas à ce que tu t'effondres littéralement sur moi, c'est tout. Ça m'a… coupé la respiration. Et je suis persuadé que mes os ont fait un bruit vraiment inquiétant », avoue-t-il dans une petite grimace.

Castiel lui sourit doucement avant de rire discrètement.

— « Tes os n'ont pas craqué, ce sont les bulles de gaz contenues dans tes articulations qui ont juste éclaté », le corrige gentiment le brun avant de couler un petit regard dans sa direction. « Est-ce que je peux continuer ? »

— « … Ouais, tu peux. »

Dean pensait réellement qu'il ne peut pas être plus surpris par les mouvements du jeune homme. Il a déjà assisté à beaucoup de mouvements étranges, de positions un peu gênantes et de nez se frottant là où il ne devrait pas le faire.

Il en était persuadé.

Mais quand Castiel le fait à nouveau basculer contre lui, collant son torse au sien tandis qu'il repositionne sa main dans son dos, le jeune homme ne peut retenir le léger frisson qui vient chatouiller ses reins. Son parfum l'entoure comme un cocon tiède et agréable, ses bras l'enveloppent pour le maintenir sur le bord du matelas. Le maintenir tout contre lui.

Dean enfouit à nouveau son visage dans le tissu de sa blouse et inspire profondément à l'ordre de Castiel qui lui murmure ses instructions à l'oreille.

— « Inspire… et expire. »

Le brun pèse à nouveau de tout son poids sur sa poitrine, lui faisant exhaler un souffle un peu tremblant et douloureux quand il l'écrase et semble vider tout l'air contenu dans ses poumons. Légèrement étourdi, Dean sent Castiel se retirer, palpant brièvement son dos avant de reculer légèrement pour le regarder. Le brun l'enveloppe toujours de ses bras et le châtain s'y repose un instant tant la douleur pulse dans son dos.

— « C'est vraiment beaucoup mieux », lui chuchote presque le brun avec un beau sourire satisfait. « Ta quatrième côte est encore légèrement désaxée mais elle va terminer de se réaligner une fois que la contracture musculaire aura disparu. »

Castiel effleure doucement son torse pour sentir le relief de sa côte blessée avant de faire courir ses doigts vers le bas de sa cage thoracique.

— « Je l'ai beaucoup sollicité, je ne vais pas recommencer la manœuvre », reprend Castiel. « Je préfère regarder du côté de ta huitième côte pour la remettre également d'aplomb. Elle terminera également de guérir seule avec du repos. Du repos Dean. »

Le jeune homme roule légèrement des yeux à l'invitation très incitative et acquiesce.

— « Ok, du repos », répète-t-il avec un soupir outré de désagrément avant de couler un petit regard inquiet dans sa direction. « … Comment vas-tu faire pour l'autre ? »

— « Pas de la même manière, rassure-toi mais tu dois rester dans la même position. » Les yeux de Castiel brillent de malice avant de faire une petite moue désolée. « Plie ton bras gauche en équerre. Ne bouge plus et repose-toi contre moi. Veux-tu un coussin pour poser ta tête ? », lui demande-t-il tout en guidant son geste.

Le châtain secoue la tête en guise de négation.

Un coussin est inutile pour se sentir plus à l'aise quand Castiel le tient contre lui. C'est parfaitement rationnel.

Du bout des doigts, le brun appuie doucement sur son front pour lui indiquer de se rallonger et de ne plus bouger. Quand il se colle à nouveau contre lui et se penche pour coller leurs torses l'un contre l'autre, Dean roule légèrement les yeux au ciel.

Comment cela peut-il être toujours aussi gênant alors qu'il sait que cela va arriver ?

Qu'il va pouvoir apprécier à nouveau la musculature du brun sous son fin vêtement de travail qu'il imagine de plus en plus facilement belle à voir et plus agréable encore à toucher du bout des doigts ou de ses lèvres ?

Castiel maintient avec soin son bras en un angle aigu avant de l'envelopper de ses bras. En un mouvement lancinant, le brun fait doucement bouger son omoplate en des cercles de plus en plus grands, Dean allant et venant contre lui.

— « C'est pour détendre les muscles contractés », lui explique Castiel à l'oreille. « C'est une méthode plus agréable et plus douce que celle que j'ai utilisé avant. Son action touche une zone plus périphérique que ta côte désaxée mais quand la contrainte musculaire ne s'exercera plus sur elle, elle pourra retrouver sa place. Détends-toi contre moi. »

Dean se tait et se mord les joues.

Sous ses yeux, il voit le bassin du brun bouger de manière hypnotique et suggestive au rythme des va-et-vient qui font rouler son épaule gauche. Son regard ne peut quitter son entrejambe ou le tissu de son pantalon qui se tend sur les muscles de ses cuisses.

Les mouvements de Castiel se font lentement de plus en plus amples tandis que la zone se décontracte, le brun exhalant un petit bruit satisfait qui vrille quelque chose dans le ventre de Dean.

Son torse vient se presser à intervalle régulier contre le sien, sa blouse frotte contre sa peau nue tandis que le souffle tiède du brun vient effleurer son cou.

Le châtain ne le veut pas vraiment mais le balancement de leurs corps emmêlés sur la table d'auscultation lui fait l'impression d'une étreinte chaude et moite, définitivement plus sensuelle.

Sa structure en métal grince légèrement au rythme des mouvements de bassin de Castiel.

C'est comme si le brun ondulait contre lui dans le petit lit au matelas un peu inconfortable de sa chambre d'étudiant. Son haleine qui frappe la peau de son cou pourrait être celui qui précède un baiser déposé dans sa nuque, juste dans le petit creux si sensible à la racine de ses cheveux.

Le balancement de leurs deux corps est étrangement accordé, dansant de la même manière, leurs pleins et leurs creux se complétant à merveille.

Dans une autre situation, ils onduleraient probablement d'une manière identique, autrement plus satisfaisante que pour apaiser les douleurs musculaires de Dean. Ce serait assurément vraiment bon.

Délicieux. Les minutes s'écoulent lentement, aussi agréablement gênantes que douloureuses et le châtain ne peut contenir son soupir de soulagement quand Castiel le relâche enfin. Ses doigts viennent palper avec soin et attention les muscles enserrant son omoplate avant de se retirer et de le regarder.

— « Ton corps réagit incroyablement bien à la manière dont je le touche », lui annonce le brun d'un air ravi. « C'est réellement au-delà de ce que j'espérais alors que tu étais si contractée à ton arrivée. C'est une très bonne nouvelle Dean. »

— « Heureux de l'entendre », grommelle légèrement le jeune homme. « Tu ne m'en voudras pas de ne pas partager immédiatement ton enthousiasme. Ça fait toujours un mal de chien. »

Castiel lui adresse un petit sourire contrit avant de tirer doucement sur l'ourlet de sa blouse en un petit geste un peu gêné.

— « Je suis désolé », murmure-t-il doucement. « Peux-tu te mettre sur le ventre maintenant ? J'ai fini avec les manipulations, je vais masser ton dos pour achever de décontracter la zone autour de ton omoplate. »

Dean hoche lentement la tête et, maudissant l'étroitesse du matelas qui lui donne l'impression qu'il va chuter au moindre mouvement malencontreux, il se tourne avec précaution pour rouler sur le ventre. Castiel passe brièvement devant lui pour retirer l'appui de la têtière et déchirer le papier hygiénique avant de l'inviter à y placer sa tête d'une légère pression sur sa nuque.

— « Garde les bras le long de ton corps », le corrige-t-il gentiment en le voyant esquisser un geste pour les croiser devant lui. « Détends ta nuque, laisse tomber ta tête et respire lentement. Je t'assure que le plus désagréable est passé. »

Le jeune homme ricane légèrement, la tête enfoncée dans le trou de la têtière. Il suit vaguement les pas de Castiel, les yeux rivés sur l'ombre de ses jambes et la couleur bleutée de son pantalon, l'écoutant avec attention tirer à nouveau le tabouret roulant à lui avant de s'asseoir devant lui. Dean serre les dents en voyant le jeune homme arranger adorablement l'étoffe sur ses cuisses avant d'écarter nonchalamment les jambes, lui dévoilant le relief de son entrejambe.

Le châtain songe que l'univers entier doit être en train de se moquer de lui.

Il exhale un léger soupir quand Castiel pose doucement ses mains sur lui, longeant avec attention ses trapèzes. Son toucher est presque volatile, délicat mais il appuie pourtant sur des nœuds dont Dean ne soupçonnait pas l'existence, sur des douleurs qui pulsent sous ses doigts et le font légèrement papillonner les yeux. Il a l'impression que son dos n'est qu'une grande carte dont le réseau des nerfs et des muscles sont les routes qui conduisent sa souffrance jusqu'à son cerveau, un peu embrumé et abruti. Castiel en retrace les contours, s'attardant sur des ronds-points que jamais Dean ne souhaiterait emprunter avec Baby, des autoroutes brûlantes qui s'étendent en étoile autour de son omoplate gauche. Il sent le brun les palper, les masser avec lenteur, faisant rouler ses muscles, sollicitant ses articulations et prenant son bras pour lui faire décrire d'étranges mouvements dans le vide.

Son omoplate bouge et tandis que Castiel marmonne d'adorables petits bruits qui ressemblent à des encouragements.

Dean se contente de se mordre les joues.

Le massage est aussi désagréable que les manipulations passées et il n'a pas le plaisir modeste de sentir le brun s'appuyer sur lui, lui permettant de plonger son nez dans sa blouse pour y respirer son parfum. Il frissonne violemment quand les mains viennent s'attarder à nouveau sur ses côtes gauches, faisant rayonner la douleur plus fort encore que le bourdonnement continu de l'intense trafic des voitures sur 28th Street.

Après quelques dernières pressions sur ses trapèzes et sa nuque, les doigts de Castiel reviennent se perdre dans le petit creux à la base de ses cheveux et Dean crispe légèrement les orteils.

Le brun retire enfin ses mains. Le jeune homme a presque l'impression de sentir le toucher se faire caresse tandis qu'il quitte sa peau, lui laissant une désagréable impression de froid et de solitude.

— « J'ai presque fini Dean », murmure doucement le brun. « Relève-toi lentement et assieds-toi au bord de la table. Prends ton temps, nous ne sommes pas pressés. »

Le châtain sort la tête de la têtière tandis qu'il s'appuie à deux mains sur le matelas.

— « Je soulève de la fonte à la salle de sport et je ne suis jamais tombé après m'être relevé du banc à abdominaux », lui rétorque Dean dans un rire un peu orgueilleux.

Il est sans doute ridicule de vouloir que Castiel sache qu'il est fort et puissant, qu'il a les muscles bandés et la peau luisante de sueur quand il porte quatre-vingts kilos afin de travailler ses biceps, mais cela lui fait du bien.

Le jeune homme se sent un peu moins vulnérable quand il évoque devant le brun un moment plus normal de ses journées qui démontrent l'homme actif, sportif et bien dans sa peau qui fait tourner les têtes quand il traverse les allées du campus.

Pas la petite chose douloureusement contractée sur cette table d'auscultation, aux sourcils perpétuellement froncés, aux dents serrées et qui s'enroule sur lui-même comme un escargot.

Un escargot, seigneur…

Dean se mord les joues et il se relève, balançant ses jambes dans le vide tandis qu'il s'assoit dans un sursaut d'orgueil mais soudain, la pièce tangue un peu tandis qu'une sourde nausée vient serrer sa gorge. Le châtain déglutit légèrement et papillonne un instant des yeux, les doigts si crispés sur le bord du matelas que ses jointures blanchissent.

— « Je sais que tu peux soulever du poids, tout ton corps me l'a dit », lui dit doucement Castiel tout en posant une main sur son épaule pour l'assurer. « Et il est suffisamment beau pour que je sache que tu es assidu et très attentif aux groupes musculaires que tu travailles. »

Dean sent ses joues chauffer doucement aux paroles du brun et il inspire lentement pour faire passer son étourdissement. La main de Castiel repose toujours sur son épaule, chaude et enveloppante, rassurante comme un point d'ancrage sur lequel se concentrer. Sa nausée reflue lentement tandis que ses pensées s'éclaircissent, le sang cessant de battre sourdement à ses tempes.

— « Vas-y doucement », poursuit le brun tout en posant une autre main sur ses reins pour lui intimer l'ordre de s'avancer un peu plus sur le bord du matelas. « Ce que je t'ai fait n'a rien d'aussi sportif mais ton corps a aussi beaucoup travaillé tu sais. As-tu besoin de te rallonger ? »

— « N – Non ! », proteste vigoureusement Dean, ses oreilles chauffant légèrement à sa propre faiblesse. « … Ça va. C'est… passé. »

- « … Est-ce que je peux te lâcher dans ce cas ? »

Le châtain déglutit légèrement avant d'acquiescer, réellement mortifié. Il se tord légèrement pour dégager son épaule de la main douce et chaude de Castiel et le brun lui sourit doucement avant de contourner la table d'auscultation pour se placer dans son dos.

— « Je veux que tu t'appuies contre mon torse à présent. Complètement », lui demande-t-il tandis que Dean continue de s'agripper au matelas. « Repose-toi sur moi, je te tiens. »

Le jeune homme bascule légèrement son bassin tandis qu'il rampe en arrière. Il s'arrête brusquement en se sentant butter contre le corps de Castiel qui s'est assis d'une fesse sur le matelas. Le brun enroule un bras autour de ses épaules pour l'inviter en douceur à rester contre lui et Dean soupire doucement.

Il cambre inconsciemment les reins tandis que la chaleur et le parfum de Castiel l'enveloppent une nouvelle fois.

Pour lui échapper parce qu'il a mal ?

Pour mieux le sentir contre lui ?

Dean n'est certain de rien. Il a déjà senti le corps du brun pressé contre le sien un peu plus tôt, tandis qu'il l'écrasait de son torse pour réaligner ses côtes déplacées et lui couper la respiration de douleur. C'était gênant parce qu'il avait les yeux rivés sur son entrejambe ou que Castiel bougeait contre lui comme s'ils étaient en train de se donner du plaisir mais cette fois, le contact est plus intime.

Sans la douleur qui pulse sans pitié dans son dos, Dean pourrait croire que c'est ainsi qu'un homme pourrait venir le saluer, l'enlaçant avec tendresse avant d'embrasser délicatement sa nuque.

Parce qu'ils seraient ensemble et que le jeune homme inclinerait légèrement la tête sur le côté pour dégager son cou et continuer à se faire dévorer gentiment avant qu'il vienne frotter son nez dans le petit creux de sa nuque d'un air câlin.

Dean et Sam se moquent un peu des couples qu'ils croisent parfois sur le campus, si enlacés qu'ils ressemblent à un étrange androgyne à quatre bras et quatre jambes. Si absorbés par eux-mêmes qu'ils ne remarquent ni les chewing-gums sur le sol dans lesquels ils marchent ni le monde qui les entoure. Les deux frères s'amusent à imaginer leurs conversations, murmurés presque lèvres contre lèvres, emplies de sentiments et de promesses d'amour éternel.

Dean y est assez bon, la bouche toujours en cœur tandis que Sam se tord de rire à ses côtés.

Peut-être parce qu'il ne fait que dire, d'une manière un peu outrée, ce qu'il espère un jour murmurer à la bonne personne.

À cet instant, il songe que le bras de Castiel l'enveloppe parfaitement, que leurs corps sont bien l'un contre l'autre et que le brun est très beau, drôle à sa manière et charmant. Il l'a manipulé d'une manière presque gênante parfois mais il trouve que ce contact est peut-être le plus plaisant de tous.

— « Dean ? Tu es avec moi ? », lui demande doucement Castiel.

Il frissonne quand son souffle vient effleurer sa nuque parce que, mince, c'est exactement ce qui pourrait se passer s'ils dormaient dans le même lit et qu'il se réveillait avant lui, sentant sa respiration lente et tranquille dans son dos.

Le jeune homme déglutit légèrement avant d'hocher timidement la tête.

Il sent presque Castiel sourire dans son dos et le brun fait à nouveau ployer son buste comme au début du rendez-vous lorsqu'il diagnostiquait l'origine de ses douleurs. En avant, sur les côtés, en torsion. Dean se laisse docilement manipuler tandis que Castiel l'accompagne, son bras toujours passé autour de lui.

— « C'est vraiment beaucoup mieux Dean », lui dit le jeune homme, si proche de lui que le châtain a l'impression de sentir ses lèvres sur la peau tendre de sa nuque. « Je sens ton corps réagir bien mieux à la manière dont je le touche qu'à ton arrivée. Tu es beaucoup plus souple et ton dos est plus mou. »

— « Gé – Génial », balbutie le châtain.

Il a cessé depuis un moment de compter le nombre d'allusions sexuelles qu'il pourrait faire. Le brun glousse joyeusement dans son dos et, retirant son bras, il s'appuie d'un genou sur le matelas afin de se redresser contre lui et le surplomber, ses deux mains se posant à plat sur ses trapèzes.

— « Inspire profondément, comme tout à l'heure », lui commande Castiel. « Bien. Maintenant, expire. »

Dean sent le brun accompagner le mouvement de sa cage thoracique en appuyer fermement sur ses muscles, l'écrasant sous son poids.

— « Parfait, encore une fois s'il te plaît. »

Le jeune homme s'exécute docilement et il a presque l'impression de sentir la satisfaction de Castiel dans son dos.

La table d'auscultation recommence à grincer d'une manière lancinante à leurs mouvements et Dean crispe légèrement les orteils dans le vide.

Peut-être un peu de plaisir.

Son aine le chatouille au souvenir des balancements hypnotiques du brun contre lui tandis qu'il faisait bouger son épaule et son omoplate.

Il ferme lentement les yeux pour se concentrer sa respiration. Sur leur proximité également parce qu'à présent que le brun a cessé de le manipuler réellement, qu'il n'appuie plus sur les points les plus douloureux de son corps, il veut juste se souvenir de ça.

La petite pièce est envahie par le bruit de ses expirations lentes et profondes, par le couinement de la table d'auscultation et les murmures du brun qui continue à le guider.

C'est tellement… suggestif.

Cela pourrait réellement l'être si un tiers appuyait avec indiscrétion son oreille contre la porte de la salle de consultation.

Dean sourit en coin à cette idée.

Même si le contexte ne s'y prête pas et que les étudiants de garde l'ont vu, si rabougri sur sa petite chaise dans l'espace d'attente, l'idée que l'on pense autre chose de leur consultation ne le dérangerait pas.

Si le jeune homme osait, s'il avait également moins mal et se sentait plus assuré, il pourrait… Oh, il pourrait tendre une main derrière lui pour enrouler ses doigts autour du poignet de Castiel avant de se tourner vers lui. Le brun le regarderait sans doute avec surprise, l'eau bleue de ses prunelles légèrement troublée, avant que Dean ne l'attire à lui, le faisant s'écraser son torse. Il enroulerait un bras autour de sa taille si souple pour le maintenir contre lui, un léger sourire aux lèvres avant de se baisser sur lui pour l'embrasser.

Oui, Dean le pourrait réellement s'il était doté d'un dixième de ce courage qui lui éviterait encore parfois de baisser les yeux de gêne devant un regard trop brûlant en soirée.

Il ne lui manque d'un peu d'assurance et de confiance en lui pour montrer à Castiel que, sans être un Don Juan au lit, il pense sincèrement ne pas être un mauvais amant. Ni un mauvais… compagnon.

Le châtain sourit d'un air un peu amer.

Le jeune homme continue à accompagner sa respiration de ses mains appuyées sur ses trapèzes, son souffle effleurant son cou.

Non, jamais Dean n'osera.

Après de longues minutes, le brun s'éloigne, contournant la table d'auscultation pour le regarder tandis qu'il s'appuie contre le petit bureau.

— « Je vais m'arrêter là pour aujourd'hui », lui dit-il dans un sourire. « Je suis vraiment très satisfait, ta cage thoracique est à nouveau ouverte, tes muscles sont plus souples et ton diaphragme s'est déverrouillé. Tout ton dos est beaucoup plus mobile, ton épaule et ton omoplate bougent beaucoup mieux. Cela suffira. »

Dean opine en silence, pas réellement certain de ce qu'il doit répondre au jeune homme. La douleur est encore terrible dans son dos, rayonnant en étoile autour de ses côtes traumatisées et son bras est toujours incroyablement raide. Castiel le regarde pourtant avec satisfaction et assurance alors le châtain décide de le croire. Malgré ses propres très bons résultats dans son cursus de sciences physiques, il sait qu'il ne sortira jamais major de sa promotion. Pas comme le brun.

— « Tu peux descendre et aller te rhabiller », lui indique-t-il avant de s'éloigner souplement du bureau. « As-tu besoin d'aide ? »

Le châtain considère d'un air vaguement interdit la main que tend déjà Castiel dans sa direction afin de l'aider et il secoue la tête, les joues un peu trop chaudes.

— « Merci mais je ne vais pas te tomber dans les bras mec », lui répond-il dans un rire un peu gêné. « Je vais y arriver, mes fringues ne sont pas si loin. »

Le jeune homme le regarde avant de hausser légèrement les épaules et de contourner le bureau pour retourner se laver les mains. Dean marche lentement jusqu'au paravent, conscient du regard de Castiel qui le suit discrètement et qui lui brûle le dos et il se retourne vers lui.

— « Ça va », lui dit-il à nouveau d'un ton malicieux et le brun rougit légèrement d'avoir été surpris. « Mais j'espère que tu n'es pas trop pressé, j'ai l'impression que je vais avoir un mal de chien à enfiler mon jean. Et ce n'est pas une manière déguisée de te demander de l'aide », s'empresse d'ajouter Dean.

Le châtain disparaît derrière le paravent, poursuivit par le rire discret de Castiel en train de se rasseoir derrière le bureau et de lui répondre un joyeux « Prends ton temps ».

Dean se rhabille lentement, s'économisant d'une manière ridicule mais il est vaguement hébété en réalisant que sa douleur est plus vive encore qu'à son arrivée. Merde. Le jeune homme se penche pour relacer ses baskets, les dents serrées à ces mouvements et il soupire d'une manière un peu étranglée quand il se redresse et est obligé de s'appuyer brièvement sur le dossier de sa chaise avant de rejoindre Castiel.

Ce dernier pianote avec application sur le laptop et Dean se laisse presque tomber en face de lui, les dents serrées et tout son bras gauche comme engourdi par de désagréables picotements. Oubliées ses idées de baisers et d'étreintes sur l'inconfortable table d'auscultation, de taille souple et d'yeux bleus, le jeune homme commence réellement à paniquer.

— « … Je ne veux pas te vexer mais ça fait toujours un mal de chien », lui dit-il d'un ton faussement décontracté ponctué d'un rire qui sonne un peu étranglé. « Vraiment un mal de chien Cas. »

Le châtain se tortille maladroitement sur la chaise afin de tenter de trouver une position plus confortable, une diversion pour de ne pas prêter une trop grande attention au surnom dont il vient de gratifier Castiel. Dean déglutit légèrement quand, relevant la tête, il croise le regard du brun, incroyablement brillant et ses joues marbrées d'un léger voile pourpre.

Le brun, lui semble au contraire y accorder une importance toute capitale. Son sourire est rayonnant et incroyablement charmant.

— « Je sais que tu as l'impression que je ne t'ai pas aidé. Et je reconnais ne pas être surpris que tu aies plus mal qu'à ton arrivée parce que c'est probablement réellement le cas », lui répond le brun. « J'ai énormément travaillé sur ton corps aujourd'hui et il faut laisser le temps à ton cerveau de le comprendre, surtout après avoir souffert pendant de si longues semaines. Il a reçu beaucoup d'informations en peu de temps tu sais et toutes ces données vont à l'encontre de ce qu'il pensait être normal. »

— « Mais mon bras… ? », lui demande doucement Dean d'une voix un peu trop faible à son goût. « Il est complètement engourdi, comme si je m'étais endormi dessus. C'est – Merde, ça fait un peu flipper… »

— « Tout est normal Dean », lui répète gentiment Castiel sans s'offusquer. « Tu ne vois rien mais je sens les différences. Tu devrais voir une amélioration d'ici vingt-quatre à quarante-huit heures. Tu as juste besoin de temps et de repos. Je te demande de ne faire aucun effort d'aucune sorte et de boire beaucoup d'eau afin d'éliminer les toxiques que j'ai libéré en te manipulant. Mets-toi au chaud, traîne en sous-vêtement ridicule devant les Simpsons et tu iras beaucoup mieux très vite. … »

Le châtain ricane légèrement. Castiel est confiant, il lui sourit toujours aussi joliment alors Dean le croit. Il est très facile d'avoir confiance en un tel sourire.

— « …Tu es certain que tu ne veux pas télécharger Candy Crush pour jouer ? C'est un agréable passe-temps », lui propose gentiment le brun.

Cette fois, Dean rit franchement. Il n'a définitivement plus peur. Il lisse distraitement la toile épaisse de son jean sur ses cuisses avant de jeter un regard en coin à Castiel.

— « … Et pour le sport ? », lui demande-t-il avec une pointe d'hésitation un peu timide.

Le brun arrête de taper sur le clavier et vient croiser ses mains sous son menton tandis qu'il le regarde avec attention. Dean a l'impression d'avoir dit la pire des grossièretés ou la plus salée de toutes les blagues sexuelles qu'il connaît.

- « En théorie tu pourrais retourner à la salle d'ici deux jours », reprend Castiel avec une réticence évidente tout en se mordillant les lèvres. « Mais je préférerais que tu te reposes pendant quelques jours. Rassure-toi, tes abdominaux ne disparaîtront pas en une semaine. »

Le jeune homme pouffe doucement et Dean rougit légèrement.

Le brun ne semble pas réaliser qu'il met le doigt sur une de ses coquettes inquiétudes. Dean aime son corps, sa forme et sa puissance et c'est aussi dans le relief de ses muscles travaillés avec soin qu'il puise une partie de sa confiance en lui parce qu'il sait qu'aucun homme ne trouvera jamais à redire à sa forme physique. Le châtain se sent beau comme il est, y compris dans le regard de Castiel qui l'a complimenté un peu plus tôt en rougissant.

Dean ne veut pas changer.

Le brun semble comprendre les paroles informulées de son silence car il lui adresse un sourire rassurant.

— « Je ne suis pas en mesure de t'interdire quoi que ce soit tu sais », reprend doucement Castiel avec gentillesse. « Si tu veux retourner plus tôt à la salle de sport, essaye juste de ménager ton dos et tes épaules et surtout, prend le temps de t'étirer. C'est parce que tu décontractes tes muscles que tes os reprendront leur place naturelle. Je ne veux pas que ta douleur devienne un cercle vicieux parce que tu reprends trop vite et trop fort. »

Dean acquiesce lentement et plie sa jambe gauche sur sa droite, appuyant sa cheville sur son genou avant d'y nouer ses doigts.

— « L'ostéopathie est un vrai soulagement mais elle n'est pas magique, il faut accepter de consacrer un peu de temps à sa guérison. La séance d'aujourd'hui a été difficile, il faut lui laisser le temps de faire effet », achève Castiel dans un sourire.

Le châtain relève lentement les yeux pour regarder le jeune homme. Castiel passe une main lente et fatiguée dans sa nuque avant de recommencer à annoter son dossier avec application.

À cet instant seulement, Dean remarque qu'il n'est pas le seul à se sentir fourbu et un peu groggy.

Le brun semble épuisé, sa peau est un peu plus pâle qu'à son arrivée et ses yeux sont légèrement cernés. Ses paupières sont également un peu plus lourdes, leur peau fine un peu plus bleutée comme après une longue nuit d'amour passée éveillés l'un avec l'autre. Sa blouse est dérangée sur son torse, comme si une main tendre et mutine était venue froissée l'étoffe à dessein et le châtain se mord les joues.

Dean se sent un peu coupable de voir le brun dans un tel état alors qu'ils ne sont qu'en fin de matinée et que Castiel a probablement d'autres patients à voir après leur rendez-vous. Est-ce qu'il serait déplacé de lui proposer d'aller déjeuner ensemble avant que le brun ne reprenne sa permanence à la clinique ? Le châtain ouvre la bouche, le bout de ses doigts le picote légèrement mais quand il croise le regard de Castiel, il baisse les yeux sur ses genoux. Bon sang, il n'ose pas.

— « … Et après… tout ça, j'irais mieux ? », lui demande-t-il tout en faisant un petit geste de la main entre eux pour désigner l'invisible. « Je n'aurai plus mal ? »

Il a l'impression de faire répéter Castiel comme un perroquet mais Dean a besoin de l'entendre une nouvelle fois. À défaut d'une réponse affirmative et enthousiaste à sa très hypothétique invitation.

— « Tu n'auras plus mal », le rassure Castiel. « Tu peux prendre un antalgique pour t'aider en attendant mais attention, pas de surdosage. Et évite la codéine, c'est trop puissant et addictif. Tu peux aussi prendre une douche bien chaude à ton retour chez toi… Tu es sportif alors je suppose que tu sais comment faire mais veux-tu que je te montre quelques étirements supplémentaires ? Ils sont plus adaptés à tes contractures musculaires et pourraient t'aider à en prévenir d'autre. Je connais plusieurs positions qui te feront du bien et que tu peux pratiquer seul. »

— « Ou – Ouais… », bafouille légèrement Dean. « Ça pourrait… m'aider. »

Des quoi qui lui feront quoi ? Et qu'il peut faire seul ?

Le brun lui sourit doucement et contourne le bureau.

La gorge serrée, Dean le voit déplier un tapis en mousse qu'il n'avait pas remarqué jusqu'à présent, roulé dans un angle de la pièce, avant de s'installer non loin de lui. Le jeune homme observe le brun plier lentement les genoux pour se mettre à quatre pattes sur le sol. C'est gracieux et la manière dont il s'appuie doucement sur ses mains, ses bras tendus devant lui, définitivement sexy.

Dean se demande brièvement ce qui lui a pris d'accepter la démonstration de ces positions pour lui faire du bien.

Dans son dos, l'univers entier semble toujours rire de lui.