Mes petits chats,

Voici la quatrième et avant-dernière partie de "Os-cultation".

J'avais annoncé lors de la dernière publication que cette histoire serait achevée ce soir mais le chapitre aurait été trop long, ce que je suis la dernière à apprécier.

J'ai donc préféré découper la fin de "Os-cultation" en deux parties.

Celle de ce soir est courte, un peu introductive avant LE moment des retrouvailles entre Dean et Castiel. La suite sera postée sans faute dans le courant de la semaine prochaine.

Bonne lecture et au plaisir,

ChatonLakmé

PS : Chèr(e) Ptitanonymous, un grand merci pour tes commentaires sur les chapitres précédents de cette histoire. J'espère que tu apprécieras la suite :)


Os-cultation

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Quatrième partie

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— « Le plus simple est de faire la posture du chat », débute Castiel. « Est-ce que tu connais ce mouvement ? »

Dean secoue lentement la tête. Même s'il remplaçait le mot « mouvement » par celui de « position », rien ne lui paraîtrait plus suggestif. Le jeune homme sent ses reins picoter agréablement tandis qu'il observe le brun baisser la tête et alterner deux mouvements qui font s'arrondir et creuser son dos à intervalle régulier.

Le châtain ne remarque que la manière dont le fin pantalon bleu se tend sur l'arrondi musclé de ses fesses et la souplesse de ses reins qui se plie en ce qui ressemble presque à une ondulation.

— « Il y a également cette position qui est excellente pour les muscles qui te font souffrir. »

Castiel s'incline ensuite complètement sur le sol, les bras étendus devant lui tandis qu'il enfouit son visage dans le tapis en mousse. Puis il tord légèrement son buste tout en faisant glisser son bras sous l'autre afin de détendre les muscles de son épaule.

Le tissu se tend toujours sur ses fesses, ses reins bougent doucement, les muscles de son dos roulent.

Dean a la gorge sèche quand il songe soudain à sortir son portable pour filmer Castiel, juste pour pouvoir reproduire parfaitement les étirements une fois revenu dans sa chambre universitaire.

Un horrible mensonge et le châtain n'en a de toute manière pas le courage.

— « As-tu des questions ? »

Le châtain sursaute légèrement. La voix de Castiel est étouffée par le tapis contre lequel il presse son visage tandis qu'il se redresse lentement et Dean sent quelque chose vriller dans son aine.

Comme s'il était en train d'onduler intimement en lui, l'aimant dans son petit lit d'étudiant, admirant la peau de son dos et de ses épaules nacrées par la sueur tandis qu'il lui donnerait du plaisir et le ferait gémir.

Dean a honte de lui, de ce désir qui vient mordre son corps fatigué par la douleur alors que le brun l'a aidé de la manière la plus médicale qui soit. Il enfonce légèrement sa tête entre ses épaules tandis que le brun se relève.

— « … C'est bon. Dos creux, dos rond, les bras devant moi », lui répond-il avec application malgré sa gorge sèche.

Le brun roule à nouveau le tapis avec soin et retourne s'installer derrière le bureau. Il pianote du bout des doigts sur la surface plane avec ce qui ressemble à de la gêne et Dean se sent pâlir à l'idée que Castiel ait pu sentir son regard brûlant sur lui.

— « Dans d'autres circonstances je te dirai que je ne devrais pas de te revoir mais une autre séance sera nécessaire pour achever de dénouer complètement tes contractures musculaires », reprend doucement le brun. « Continuer aujourd'hui aurait été contre-productif, ton cerveau a déjà beaucoup d'informations à traiter. Nous pouvons convenir d'un autre rendez-vous dès maintenant si tu veux. Je peux aussi te prendre ou tu peux demander un autre élève de l'école… »

Les paroles du brun sont toujours aussi maladroites mais Dean a soudain l'impression que quelque chose de vraiment important est en train de se jouer entre eux à cet instant, assis l'un en face de l'autre dans cette petite salle de consultation.

Plus qu'un autre rendez-vous médical, le châtain pourrait lui proposer une soirée en sa compagnie devant un verre, un café ou une pizza chez Mancini's.

Pour essayer.

Pour voir si Castiel est aussi charmant en dehors de la clinique et si son humour est toujours aussi adorablement étrange.

Dean n'a pas souvent fait le premier pas depuis qu'il est à l'université, il est plus facile de se laisser draguer et de repousser les hommes qui ne l'intéressent pas d'un regard noir.

Mais Castiel est différent. Le jeune homme pourrait réellement le faire, l'inviter à dîner et peut-être prolonger leur soirée au club de cinéma d'art et d'essai du campus. Il est persuadé que Castiel pourrait éclater de rire pendant la projection du film d'un obscur réalisateur tchèque quand lui se contenterait d'observer les beaux traits de son visage et de passer un bras autour de ses épaules en une parodie d'étirement.

Le jeune homme oublie immédiatement tous ses rêves de reproduire sur la table d'auscultation de mauvais scénario de L'équipe de football en rut, un porno regardé une nuit sous les couvertures de sa chambre d'adolescent dans la maison familiale. Il préfère étudier la Nouvelle Vague du cinéma français dans les yeux bleus de Castiel et enlacer leurs doigts dans l'obscurité de la salle de projection.

Mais Dean a mal.

Vraiment et terriblement mal.

Il a seulement envie de rentrer chez lui et d'être déjà dans deux jours afin de se sentir enfin un peu plus vaillant.

Quand le châtain sera redevenu lui-même, fringuant et au sourire charmeur, les choses seront différentes et oui, Dean osera.

Il voit Castiel se décomposer légèrement, prenant sans doute son silence pour un refus et le jeune homme se redresse vivement contre le dossier de sa chaise.

— « Avec toi ! Je veux reprendre rendez-vous avec toi ! », s'empresse-t-il de répondre avant de passer une main gênée dans sa nuque. « … Tu me connais mieux que tes collègues, tu connais… mon corps. Je pense que c'est mieux, pas vrai ? »

Bon sang ce que Castiel peut être beau quand il est heureux.

Les deux hommes conviennent d'une prochaine date puis se lèvent d'un même mouvement, Dean avec un peu plus de précaution. Le brun lui ouvre gentiment la porte et l'invite à passer devant lui afin de gagner l'accueil de la clinique. Le jeune homme remarque sans peine la haute silhouette de Sam, accoudé au comptoir et occupé à discuter avec une jeune femme blonde en de grands gestes enthousiastes.

Sur le seuil de la porte, Castiel lui sourit joliment avant de lui tendre une main amicale.

— « J'espère sincèrement t'avoir aidé Dean », lui dit doucement le brun. « Je te laisse régler la consultation à l'accueil et te dit à la prochaine fois. »

— « Ouais, à la prochaine fois », répète le jeune homme tout en serrant doucement les doigts de Castiel entre les siens. « J'espère vraiment venir te voir en étant un peu plus… fringuant. »

Le brun pouffe doucement et lui adresse un petit salut de la main avant de se tourner vers la femme en blouse blanche que Dean a brièvement aperçu un peu plus tôt. Ils échangent quelques mots et du coin de l'œil, le châtain la voit lui désigner un homme entre deux âges qui patiente sur une chaise en plastique.

Castiel acquiesce lentement.

Quand le brun retourne dans la salle de consultation afin de la préparer pour cet inconnu, le jeune homme sent une brusque flambée de jalousie envahir sa poitrine. Les dents serrées, il traverse lentement l'accueil pour rejoindre Sam. Son frère l'accueille avec un grand sourire ravi, si sûr de lui que le châtain a juste envie de lui adresser un geste vraiment vulgaire.

Dean sourit d'un air un peu crispé à l'étudiante installée derrière l'accueil et lui tend lentement sa carte de crédit, la tête enfoncée entre ses épaules tandis qu'il sent le regard de son frère lui brûler la joue.

— « Quoi ? », grogne-t-il d'un ton peu amène.

— « Alooorrs… comment te sens-tu ? », lui demande Sam dans un roucoulement un peu béat.

Dean lui jette un regard noir et pianote nerveusement du bout des doigts sur la surface de la borne d'accueil.

Il songe à Castiel en train de préparer la salle de consultation, creusant à nouveau les reins tandis qu'il déroule sur la table d'auscultation le papier hygiénique blanc, prenant peut-être déjà quelques notes avec sa lente application sur le laptop.

Le jeune homme serre douloureusement la mâchoire.

Il sent son dos pulser comme le cœur d'un volcan brûlant, son bras trop engourdi, et il serre fortement le poing pour retrouver des sensations dans sa chair endormie.

Dean a vraiment envie d'entrer d'autorité dans la petite pièce pour se laisser tomber sur la chaise confortable en face de Castiel pour ne la quitter que lorsqu'il ira mieux et l'inviter à dîner.

Pas avant et sans jamais céder sa place. À personne.

Un homme peut vivre plusieurs jours sans manger alors c'est une option à envisager.

Mais le châtain ne peut pas avouer une chose pareille à Sam alors il fait rouler le rocher qui ferme de la grotte « Déni » pour s'y enfermer avec soin. Pour mieux l'oublier et occulter également le léger va et viens des étudiants autour de lui, le bruit d'une porte qui s'ouvre et se ferme dans son dos.

— « Comment je me sens ? Franchement pas mieux du tout », ronchonne-t-il d'une voix un peu trop haute. « Cette comédie a duré pendant plus d'une heure et j'ai encore plus mal qu'avant mon arrivée. »

— « C'est normal », lui répond le blond tout en fronçant légèrement les sourcils. « Il faut du temps pour que – »

— « Et tu aurais pu me prévenir qu'un mec bizarre allait me faire faire des trucs encore plus tordus, allongé sur une table qui couine », le coupe sans pitié le châtain. « C'était juste gênant. Et sérieusement, tu sais qu'il n'a jamais regardé Les Simpsons ? C'est tellement… suspect. »

— « Cela ne remet pas en cause le fait que Castiel est un excellent praticien et tu n'aimes même pas Les Simpsons Dean », lui rétorque son frère avec humeur. « Je te trouve injuste avec lui, tu pourrais être un peu plus ouvert d'esprit. Il me fait du bien quand je vais le voir. »

Dean ricane et hausse légèrement les épaules.

— « Sans doute parce que vous avez le même humour vraiment mauvais et le goût des bonbons multicolores à empiler. Ce rendez-vous était une très mauvaise idée et je suis ravi de pouvoir te l'affirmer les yeux dans les yeux. Tu as eu tort Sammy. »

Le châtain lui adresse un sourire satisfait, récupère distraitement sa carte de crédit avant de lui tapoter doucement l'avant-bras en un geste de réconfort un peu outré.

— « Nous avions parlé d'un déjeuner il me semble », lui dit-il tout en papillonnant exagérément des yeux.

Sam l'observe un instant en silence, ses yeux verts se troublant sous l'effet d'une brève déception avant de lui sourire d'un air un peu tordu.

— « … C'est vrai. Italien ou mexicain ? »

Le blond lui emboîte lentement le pas, les épaules un peu basses et Dean se sent coupable.

Un peu.

Et ridicule.

Beaucoup.

Il sait que son frère se moquera de lui pendant des semaines quand il comprendra qu'il a invité Castiel à sortir hors de la clinique car il est vain d'espérer pouvoir lui cacher une chose pareille. Le châtain n'en a pas réellement envie non plus parce que Castiel pourrait faire partie de sa vie, de leurs vies, pendant un peu plus longtemps qu'un rendez-vous d'une heure.

Ils sortent de l'école, marchent ensemble jusqu'à l'Impala et Dean se mordille les joues.

Ce serait vraiment bon d'embrasser le brun dans Baby.

Sam lui ouvre obligeamment la portière avant côté passager et Dean ne cherche pas à faire semblant. Il ne peut toujours pas conduire.

— « C'était vraiment désagréable », se sent-il obliger d'ajouter tout en s'appuyant d'une main sur le montant, juste pour donner le change encore un peu.

— « Je sais, j'ai compris. Où veux-tu aller ? », lui demande le blond d'un air sombre tout en se glissant derrière le volant.

Dean s'assoit à son tour, calant son coude le long de la fenêtre. Il sourit doucement de bien-être en entendant le moteur de l'Impala ronronner doucement tandis que son frère s'engage sur la route.

Cela a déjà un petit parfum de maison.

— « Le café sur 15th Street. J'aime bien leurs sandwiches et leurs frites », lui répond-il mollement tout en observant les façades des maisons.

Le jeune homme sent le regard de son frère peser brièvement sur lui avant que Sam ne se concentre à nouveau sur la route. L'établissement est excellent mais il a surtout le mérite de se trouver très près des dortoirs de l'université.

Dean n'a pas réellement faim alors quand une étudiante note leur commande à la borne, le châtain précise d'un ton nonchalant qu'ils prennent finalement à emporter avant de se diriger vers la résidence. Sam ne dit rien.

Dean est groggy, frigorifié. Tout son corps est agité de frissons, de frémissements qu'il a l'impression de ressentir jusque dans ses os et cette sensation de soudaine faiblesse le laisse vaguement hébété.

Castiel et ses mains magiques.

Son sourire ensorcelant.

Ses yeux enchanteurs.

Son rire envoûtant.

Si beau et si adorable.

Il regagne sa chambre comme plongé dans un état second et il remarque à peine que Sam enroule lentement une main autour de son coude pour le retenir tandis que Dean s'apprête à dépasser distraitement sa propre porte.

Le blond dépose leurs sacs sur le bureau toujours encombré de son frère tandis que Dean marmonne qu'il va prendre une douche.

Castiel lui a suggéré de le faire alors il s'exécute.

Le châtain se glisse sous l'eau brûlante avec ravissement avant que son monde ne devienne flou puis noir.

La suite est vaguement nébuleuse et il ne se souvient de rien.

De longues heures plus tard, son frère est ravi de lui annoncer d'un ton particulièrement narquois qu'il s'est profondément endormi sur son lit, en boxer et les cheveux encore humides sous sa serviette éponge.

Leurs hamburgers et leurs frites sont mous et froids. Définitivement immangeables.

Dean est profondément vexé.

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Dean rêve de Castiel pendant les quinze jours qui suivent sa visite à la clinique de l'école d'ostéopathie. Mais ces songes n'ont rien de commun avec ceux qui ont déjà pu envahir son esprit pendant ses nuits parfois agitées depuis l'adolescence.

Castiel n'a pas remplacé Magic Mike dans ses fantasmes, quand celui-ci ondule vigoureusement contre lui à demi-nu, ses mains empoignant ses fesses pour le porter et pouvoir faire se frotter furieusement leurs bassins.

Dean miaule de contentement dans ces rêves.

Le jeune homme ne s'est pas non plus imaginé avec le brun en train de fêter ensemble la troisième mi-temps du match des Buffaloes dans les douches du Folsom Field.

Le châtain l'a rêvé une fois après avoir acclamé Olivier McFarnell, le quaterback phare de l'université pour ses prouesses sportives. Pour son corps sculpté par le sport, sa mâchoire incroyablement carrée et ses fesses qui se contractaient quand il ondulait dans son dos, dur et épais entre ses fesses.

Mais il s'agit de Castiel.

Castiel à l'humour décalé et au joli sourire alors ces nouveaux rêves sont… déconcertants.

Pas une seule fois Dean ne songe au boxer bleu aux motifs d'abeilles ou à la courbe magnifique de ses reins, à ses fesses pointées vers le plafond tandis qu'il lui montrait des étirements.

Il rêve de jambes emmêlées sous la table d'un café, des mains enlacées tandis qu'ils marcheraient l'un contre l'autre sur le campus, de murmures faits dans sa nuque, picorée de baisers, tandis qu'une main chaude caresserait sa hanche.

Le jeune homme songe aux yeux bleus de Castiel qui le regardent avec douceur, à la fossette qui se creuse dans sa joue quand il sourit, à son rire léger et si agréable.

C'est incroyablement sentimental.

Terriblement tendre.

Mais cela ne le fait pas paniquer.

Dean se réveille toujours apaisé, il s'étire longuement dans les draps de son petit lit d'étudiant et sourit.

Ces visions le rendent heureux, elles chatouillent agréablement son ventre et surtout, elles le ramènent irrésistiblement vers le brun.

Le jeune homme réalise que sa première rencontre avec Castiel s'est transformée en un réel coup de cœur malgré ses manipulations douloureuses et ses paroles qui l'ont parfois fait s'étrangler.

Il craque pour le brun comme il avait eu le béguin pour Martin Storme, son binôme de physique-chimie quand il était au lycée.

Avec Castiel, tout a le goût de la nouveauté.

Dean n'a pas été aussi attiré par un homme depuis son arrivée à Colorado-Boulder et ses rêves tendres et doux le mettent étrangement en confiance.

Il y a quelque chose de spécial avec le brun, une chose qui le rend courageux, qui lui donne envie de prendre des initiatives et il aime ça.

Il veut essayer pour la première fois et faire le premier pas.

Un bruit sourd et métallique attire soudain son attention et, à moitié-allongé sur le tapis en mousse sur lequel il est en train de s'étirer, le châtain relève lentement la tête pour regarder Benny. Assis sur le siège de la leg-press, son ami est en train de soulever dans un rythme régulier plus de cent cinquante kilos, fredonnant discrètement la mélodie de la chanson pop qui passe en fond sonore dans les haut-parleurs de la salle de sport.

Dean observe distraitement les poids en fonte monter et descendre aux mouvements du jeune homme, comme une danse un peu narquoise. Son propre records est bloqué à quatre-vingt-dix kilos, il peine à le dépasser.

Le châtain se redresse lentement et, les bras tendus devant lui, à moitié assis sur ses talons, il respire profondément pour se concentrer sur ses sensations.

Il sent son débardeur coller à sa peau humide, son souffle encore court et la goutte de sueur qui perle le long de son nez et le fait légèrement cligner des yeux de gêne.

Dean porte toujours les gants qu'il utilise lorsqu'il travaille sur les machines et il frotte distraitement ses paumes sur son tapis tandis qu'il allonge un peu plus son dos pour étirer les muscles autour de sa colonne vertébrale.

Le jeune homme est attentif à la manière dont il pratique les étirements que Castiel lui a indiqué et il ignore le ricanement légèrement moqueur de Benny tandis qu'il pointe un peu ridiculement ses fesses en l'air.

Dean se doute que l'effet sur son short de sport bleu doit être beaucoup moins séduisant que lorsque le brun lui en faisant la démonstration dans la petite salle de consultation à la clinique.

— « Je comprends pourquoi tu t'es installé dans un coin de la pièce Dean, t'as l'air tellement con comme ça », pouffe son ami d'un ton malicieux.

Benny fait une courte pause puis les poids recommencent à claquer lentement les uns sur les autres, leur charge augmentée de dix kilos.

Le châtain serre les dents.

Il le déteste et il envie une nouvelle fois les fesses incroyablement galbées et fermes de son ami quand bien même il n'a pas à rougir des siennes.

Le châtain aimerait bien qu'elles soient un peu plus belles pour plaire à Castiel quand il passerait tendrement la main sur sa peau nue.

Il jette un regard noir à Benny tandis qu'il change d'étirement, passant son bras gauche sous son bras droit pour détendre les muscles de son épaule, le torse presque collé contre le tapis.

— « Je le fais parce qu'il faut que je le fasse », lui rétorque-t-il d'une voix légèrement étouffée par son bras. « Je ne veux plus jamais me sentir aussi impuissant qu'il y a quinze jours à cause de ces foutues côtes déplacées. Je dois prendre le temps de le faire si je ne veux pas que ça revienne. »

— « Je te dis à peu près la même chose depuis que tu viens à la salle de sport et tu m'as toujours regardé comme si je te demandais de venir habiller en danseuse du carnaval de Rio », ricane son ami. « Maintenant, tu te retrouves à faire les mêmes trucs que les filles du cours de Pilate du mercredi soir. »

Dean roule légèrement des yeux mais garde prudemment le silence. Benny a raison. Il a toujours pris les étirements un peu par-dessus la jambe, plus avide de prendre une douche et d'arrêter de sentir la sueur que de consacrer un temps réparateur à ses muscles maltraités.

— « Tu ne m'aurais pas appris à faire ce type d'étirements, tu ne les connais pas », lui rétorque le jeune homme avec une parfaite mauvaise foi.

— « Que tu crois mon pote ! Je lorgne assez souvent sur le cours du mercredi soir pour le savoir », ricane Benny d'un air entendu. « Tu es aussi charmant qu'elles d'ailleurs, avec tes jolies fesses en l'air… »

Le châtain rougit légèrement à ses paroles tout en levant les yeux au ciel.

Son ami joue sur les deux tableaux, Dean le sait depuis que celui-ci l'a salué d'une caresse très ferme sur ses fesses lors d'une de ses premières visites à la salle. Lui-même peinait à ne pas observer le corps au travail du jeune homme et sa peau luisante. L'invitation ne s'est jamais concrétisée, remplacée par une solide amitié mais le jeune homme se mordille légèrement les joues.

Peut-être que Castiel le trouvera aussi séduisant un peu plus tard dans la journée…

Avisant l'heure à l'horloge murale accrochée non loin d'eux, Dean achève ses étirements avec soin, faisant ensuite tourner sa tête dans un sens puis dans l'autre avant de se relever et de replier le tapis. Le châtain fait rouler ses épaules pour achever de les contracter, un sourire vaguement béat aux lèvres.

Quel bonheur de se sentir à nouveau entièrement lui-même, le corps capable et les gestes assurés.

Plus sexy et plus confiant.

Dean récupère sa serviette et sa bouteille d'eau qu'il a laissé sur une machine proche et essuie son front et sa nuque avant de boire de longues gorgées. Castiel lui a dit de bien s'hydrater.

— « J'y vais Benny », dit-il tout en rejoignant son ami pour le saluer en cognant doucement son poing serré contre le sien. « Bonne fin de séance. »

Le jeune homme jette un regard à l'horloge murale avant de ricaner et de papillonner légèrement des yeux dans sa direction.

— « Bon rencard avec le doc' », lui répond-il d'un ton sucré, la bouche en cœur.

— « Ce n'est pas un rencard », proteste mollement Dean tout en passant machinalement sa serviette sous ses aisselles.

— « Sûr qu'il refusera s'il te voit faire ça mec », grimace Benny. « C'est franchement dégoûtant. »

Le châtain s'arrête et se contente d'enrouler prudemment sa serviette autour de son cou. Il tire machinalement sur les jambes de son jersey afin de le décoller de sa peau humide et grimace d'inconfort tandis que Benny ricane.

— « Profites-en pour demander à ton doc' un document écrit sur le fait que tu es entièrement remis et que tu peux t'y remettre sérieusement », ajoute son ami. « Sans ça, j'ai l'impression que tu vas continuer à t'économiser parce qu'il te l'a demandé. Mon partenaire de course sur tapis me manque. »

Dean hausse nonchalamment les épaules, un léger sourire en coin.

— « Je suis prudent », le corrige-t-il doucement. « Si Castiel m'a proposé un second rendez-vous c'est qu'il le juge nécessaire alors je l'écoute. »

— « Ouais, tu l'écoutes. » Benny roule un instant des yeux. « Tu l'écoutes tellement que la dernière fois que nous sommes allés manger ensemble tu as choisi un truc avec des légumes et du poisson. Tu n'imagines pas la peine que tu m'as fait ce jour-là… »

Le châtain sourit à son exagération parfaitement outrée et il vient s'appuyer d'un coude contre le haut de la leg-press.

Il ne dira jamais à Benny qu'il a refusé il y a quelques jours l'ajout gracieux de charcuterie sur sa pizza Campione, faisant presque pâlir d'inquiétude Luisa.

Sam s'est probablement étranglé de surprise pour eux trois.

— « J'ai tout aussi hâte que toi de recommencer à te mettre la misère sur le tapis de course », lui répond Dean dans un rire. « Je te promets qu'on fêtera ma complète guérison comme il se doit. »

— « Uniquement si ton doc' te signe son ordonnance officieuse », ricane Benny. « Tu as besoin d'un petit mot de lui pour recommencer à oser mec. Ou pour commencer à oser tout court. Emmène-le faire un tour à la salle à l'occasion que je vois à quoi ressemble ton béguin. Le premier de toute ta foutue vie d'étudiant. »

Le jeune homme rougit et lui fait un doigt d'honneur un peu vulgaire avant de lui tourner le dos pour aller à son casier et récupérer son sac de sport.

Le rire de Benny résonne dans son dos, ponctué par le tintement métallique des poids dont le rythme semble s'accélérer comme pour le narguer.

Dean passe la bandoulière sur son épaule et quitte la salle de sport d'un pas léger.

Les endorphines de sa séance de musculation envahissent son corps, le rendant légèrement euphorique et absurdement confiant.

Le jeune homme palpe ses abdominaux par-dessus son débardeur humide, saillants et encore gonflés par l'effort et il sourit, accélérant l'allure pour regagner la résidence.

Ça va le faire.

Le châtain entre rapidement dans sa chambre, se déshabille et abandonne ses affaires sur le chemin de la petite salle d'eau attenante pour se glisser sous la douche. Dean se savonne avec soin, se rince et sort de la cabine tout en enroulant une serviette autour de sa taille. Le petit miroir légèrement couvert de buée lui renvoie une image flatteuse de ses yeux verts pétillants, de ses traits apaisés et surtout de son corps, superbe et sculpté.

Très harmonieux a dit Castiel en rougissant légèrement après que ses prunelles céruléennes aient brillé de cette discrète lueur.

Dean la ressasse sans cesse dans son esprit comme la marque de son intérêt.

Il s'y accroche avec la force des timides, refusant d'imaginer depuis que le brun ait pu l'apprécier d'un simple point de vue esthétique, sans autre désir d'aucune sorte.

Dean regagne sa chambre et ouvre la penderie.

Il tire d'une étagère une pile de vêtements soigneusement pliés avant de les étendre sur le lit. Soigneusement choisis aussi depuis le jour précédent mais un peu cachés afin que Sam ne les remarque pas et ne hausse un sourcil vaguement interdit qui le ferait rougir.

Rien de trop prétentieux ou de trop banal, juste quelque chose qui le met en valeur.

Less is more comme on dit alors il enfile rapidement le boxer clair qui souligne le galbe de ses fesses et guide le regard vers le V de son bas-ventre puis le jean droit à la toile brute. Dean ajuste ensuite sur ses épaules le tee-shirt légèrement échancré, pas trop ouvert pour ne pas être ridicule mais suffisamment pour laisser habilement deviner la musculature de son torse.

Le châtain se glisse à nouveau dans la salle d'eau pour achever de se coiffer, de se laver les dents et de se parfumer avec soin.

Il s'observe une dernière fois dans le miroir, arrange ses mèches encore légèrement humides du bout des doigts d'un geste un peu coquet. Le jeune homme a beaucoup aimé celles de Castiel, courtes mais adorablement ébouriffées sur le sommet de son crâne, incroyablement douces aussi quand elles ont effleuré son nez tandis que le brun le manipulait sur la table, à moitié couché sur lui.

Il aurait bien aimé pouvoir y passer les doigts, les faire couler entre ses jointures avant d'y plonger le nez pour l'y frotter un peu timidement.

Dean se mordille légèrement les joues.

Plus tard.

Il s'autorisera à le faire plus tard.

Retournant dans la chambre, il glisse dans la poche intérieure de sa surchemise son portefeuille, son portable et ses clés avant de coincer dans l'échancrure de son tee-shirt ses lunettes de soleil de style aviateur.

Comme John Maverick dans Top Gun, avec cette nonchalance qu'il trouvait terriblement sexy et le faisait se tortiller légèrement sur son fauteuil dans le petit cinéma de Grantsville.

Satisfait, Dean hoche la tête, ajuste sa chemise sur ses épaules et quitte sa chambre.

Il est prêt.