Disclaimer : les personnages de Gundam Wing appartiennent à leur auteur ainsi qu'à Sunrise, Bandaï, Sotsu Agency et associés (peut-être nombreux, je n'en ai aucune idée. En tout cas, je n'en fais pas partie ça se saurait)
Genre :
Fic en deux volets. Pour le reste...
Note :
Pour une emmerdeuse qui n'a toujours pas
compris qu'elle n'était pas plus grande que moi. Je te dédicace ma dixième fic.
Pour tous ceux qui ont apprécié Moment de lucidité et pour tous ceux qui sont en attente d'Invisible men (peut-être les mêmes d'ailleurs).
Merci pour toutes les reviews sur mes différents écrits.
Bonne lecture
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SOLITUDE
Biographie d'un homme de pouvoir
Alors que tout s'échappe…
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Quatre Raberba Winner est un homme pressé.
Un de ces hommes qui ne voit plus la lumière du jour qu'à travers les stores de son établissement, et dont le teint halé doit tout aux rayons de son solarium personnel et aux talents de sa maquilleuse.
Un de ces individus dont la vie sociale se limite aux réceptions, aux soupers de charité et aux entrevues avec la presse. Presse qui lui trouve inévitablement une liaison volcanique avec n'importe quelle femme se trouvant plus de cinq minute dans son entourage immédiat.
Un de ces industriels qui sait faire la part des choses, qui n'est jamais noyé sous les papiers, qui connaît l'organisation du plus petits de ses services, qui gère tout. Le moindre murmure, le moindre geste ne passe pas inaperçu au visionnage des cassettes de surveillance.
Un de ses despotes qui garde le sourire en toute circonstance même quant il vous poignarde dans le dos. L'amabilité pour toutes les conjonctures possibles, qu'elles soient économiques ou non, ses proches ne font aucunement exception à la règle.
Bref, Quatre Raberba Winner est un homme qui n'a pas un instant à lui et qui ne s'en plaint pas.
(extrait de : Solitude, Biographie d'un homme de pouvoir, éd. Robert Laffond)
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- PUTAIN ! QU'EST-CE QUE C'EST QUE CE BOXON !
- Je vous demande pardon ?
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Cette semaine avait été particulièrement délicate. Rien n'allait comme je le désirais.
A cette instant, alors que mes assistants entraient et sortaient dans un flot continu me demandant des précisions dans tel ou tel domaine, m'apportant des dossiers urgents qu'il fallait absolument que j'accepte, des documents à signer immédiatement.
Alors que mes quatre téléphones et deux de mes trois GSM ne me laissaient aucun moment de répit, m'obligeant à jongler avec mes appelants dans le capharnaüm de mon bureau.
Alors que les fax et imprimantes crachaient des demandes jusqu'à ce que mon tapis persan disparaisse sous la paperasse. (Je ne savais pas comment Elodie, ma secrétaire, arrivait à suivre. Il allait falloir que je pense à l'augmenter… Non, quand même pas.)
Alors que même les pigeons me narguaient de l'autre côté de la baie vitrée dans une vue plongeante sur la ville. Vue qui ne me servait à rien puisque je n'avais pas l'occasion de lever les yeux de mon travail.
A l'instant donc, où je manquais perdre pied.
Un de mes ordinateurs semblait être devenu fou.
Les chiffres et données qui y défilaient, ne voulaient plus rien dire.
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Un virus ?
Je l'espérais.
Car sinon, cela voudrait dire que mon empire avait des bases d'argile et qu'il s'écroulerait beaucoup plus facilement que prévu.
Plus rapidement aussi.
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Mon correspondant, un de mes directeurs généraux d'une filiale en Asie, ne comprenait rien à la situation catastrophique qui m'avait poussé à utiliser un vocabulaire de charretier.
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- Veuillez m'excuser Mr Takashi, vous disiez ?
- Hé bien, nous avons ici une envolée significative des cours de la Bourse de Tokyo au niveau de résultats de notre entreprise. Mais les intrants matériels ne seront pas suffisants pour permettre aux usines d'Osaka de suivre la demande. Y aurait-il une possibilité pour que la balance commerciale redevienne équilibrée ?
- Envoyez tous les chiffres à la division commerciale, nous verrons ce que nous pouvons faire. Maintenant, veuillez m'excuser Mr Takashi, mon temps est précieux.
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Les politesses d'usage bâclées, le combiné reprit sa place première sur son socle.
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Les données ne correspondaient pas à ce qui s'affichait à l'écran.
Que se passait-il ?
Il me fallait absolument obtenir le soutient informatique d'Heero, qu'il arrange ce bordel et crée une sécurité à la hauteur de la réputation de ma multinationale.
Quel que soit son prix, ses compétences devaient venir à mon service.
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- Monsieur, je…
- Monsieur, il serait nécessaire de…
- Monsieur, pourriez-vous signer le contrat du…
- Monsieur, l'association des bienfaiteurs de la Mairie souhaite…
- Monsieur, s'il vous plait de…
- Monsieur, notre place sur les Marchés Internationaux est…
- Monsieur, le dossier XYZ doit absolument…
- STOP !
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Heero attendra.
Je verrai plus tard.
Pour l'instant, il y a d'autres chats à fouetter.
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Plaçant un sourire hypocrite sur mon visage, je me tournais vers les incapables attroupés autour de mon bureau, souhaitant mon bon vouloir.
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- Je vous écoute. Hubert ?
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Chose totalement inhabituelle ce soir-là, je ressentis le besoin de rentrer chez moi me poser. Cela arrivait de plus en plus rarement.
Habituellement je me contentais de quelques heures de sommeil dans la petite chambre attenante à mon bureau, ce qui était bien suffisant et me permettait de rester en contact avec mes affaires.
Dans la voiture qui me conduisait à mon domicile, je restais tout autant en contact avec le monde. Vive la vidéo conférence, véritable révolution pour la mondialisation de l'économie capitaliste.
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J'ouvris la porte d'une main, l'autre étant occupée par le GSM.
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Seul petit point que le m'octroyais, je vivais seul, sans les domestiques ou gardes du corps que l'on avait cherché à m'imposer. Les rares fois où je désirais me ressourcer et réfléchir, il ne me fallait personne dans les pattes. Le silence est une denrée rare dans ma branche, il n'en est que d'autant plus appréciable.
Bien évidemment, le monde des affaires n'était jamais loin. Il restait à portée de main dans mon bureau high-tech où les machines dernier cri de la technologie cohabitaient avec les dossier papiers bien rangés.
Il se situait conjointement à ma chambre, une sonnerie pouvant me réveiller n'importe quand, une urgence est si vite arrivée. Etre prêt, tel un scout, à n'importe quelle BA commerciale, à partir du moment où elle me rapportait une félicité monétaire.
J'étais parfaitement conscient que cette attention un peu outrancière à mes affaires avait tendance à me miner physiquement.
Qu'importe, je suis jeune et je prends des pauses.
Comme ce soir.
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Avec un plaisir évident, je lançais d'un mouvement ample des chevilles, mes chaussures vers un coin indéfini de mon salon.
Je larguais mon attaché-case sur la table basse et attendait de pouvoir conclure ma conversation avant d'ôter ma veste.
Enfin, je pus me laisser tomber avec délectation dans le sofa.
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Bonheur.
Soupir de bien-être.
Corps qui s'enfonce dans les coussins.
Yeux qui se ferment.
Bras autour du cou.
…
Attendez.
Bras autour du cou ?
Bisous dans le cou ?
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- Bonsoir Quatre.
- Je ne te savais pas de retour Trowa. Tout s'est bien passé ?
- Comme tu vois, je suis en pleine forme.
- Tu en as de la chance.
- Semaine difficile ?
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Le ton employé fit frémir mon pavillon.
Je devenais parano ou y avait-il une pointe de sarcasme mêlé à de la rancoeur ?
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- Tu n'imagines même pas.
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Ses mains remontèrent jusqu'à mon col. Ma cravate ne tint pas deux secondes avant qu'il ne commence, lentement, à déboutonner ma chemise.
Ma fatigue se fit plus précise.
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- Ecoute Trowa, je dois d'abord appeler Heero pour une gêne informatique, cela doit être terminé le plus vite possible.
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Je le sentis me lâcher et reculer.
Je fus prestement debout, en quelques pas à mon bureau, assis, le combiné à la main.
Sonnerie.
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- Oui ?
- Heero ? Ici Quatre. J'ai besoin de ton aide.
- Quand ?
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Ce que j'aime avec cet homme, c'est son professionnalisme en toutes circonstances, même les plus imprévues.
Pas besoin d'enrobage intempestif, droit au but.
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- Le plus rapidement possible, je…
# Heero, qu'est-ce que tu fous ? Je t'attends. #
- C'est Quatre.
# Quatre ? Passe-le-moi. #
- Hé Quat' ! Comment vas-tu ? Tu sais, tu tombes mal, même si ça m'fait plaisir de t'entendre, ça fait longtemps. J'allais entraîner l'autre au lit, il revient de mission, tu sais ce que c'est, il faut s'occuper de ces p'tites bêtes, j't'apprends rien, t'as Tro'. D'ailleurs, comment ça se fait que t'es pas occupé ? Je croyais qu'il était rentré et…
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Je déconnectais sous le flot de paroles.
Un sourire, un soupir, on ne le changera jamais.
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- … parce que, ahum, j'serais pas avec ice-man et il serait libre, j'dirais pas non à sexy-bombe moi ! J'comprends pas comment tu fais pour garder la pêche, il doit être un sacré bon coup, faudrait que tu m'racontes un de ces jours, quand est-ce que tu… # Heero, rends-moi le combiné ! #
- Je t'appelle demain Quatre, on verra le problème.
- Bien.
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Je me permis un léger rire en raccrochant.
Ils sont incroyables !
Extérieurement, un couple plus que mal assorti. D'ailleurs les disputes étaient plus que fréquentes entre eux, pouvant dégénérées jusqu'au conflit ouvert.
Mais, bien que cela paraisse si improbable, ils s'aimaient et étaient prêts à tout l'un pour l'autre.
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Un ordinateur allumé.
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Leurs regards ne pouvaient mentir.
Je ne me souviens plus quel est l'imbécile qui a dit que le regard était le miroir de l'âme, une phrase pleine de guimauve.
Je n'y avais jamais vraiment réfléchi, mais je pouvais sans contexte accepter qu'il soit le miroir du désir. J'en avais un exemple directement sous la main.
Là, à la porte.
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Je frissonnais.
Pas envie d'être une proie.
Ou plutôt pas le temps.
Je me devais de me concentrer sur mes propres difficultés.
Sa main droite règlerait les siennes.
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Je me replongeais dans l'analyse de mes recettes journalières, semblant extérieurement ne rien remarquer de son manège.
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Il fut très rapidement sur moi, reprenant ses attaques là où il avait abandonnées, c'est-à-dire sur mon cou.
Je me déplaçais légèrement pour être hors de portée avant de me retourner de côté pour l'embrasser sur les lèvres. Un simple effleurement. Ce que j'avais l'habitude de faire lorsque je ne voulais pas être dérangé.
Ensuite, me désintéressant de sa personne, je me replongeais dans l'études des données étranges qui me posaient problème.
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Il n'avait pas compris.
Ses mains repartirent à l'assaut de mon col alors que sa mèche me caressa le cou lorsqu'il m'embrassa la nuque.
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- Trowa…
- Tu as eu Heero ?
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Doigts en suspends.
Il connaissait la réponse évidemment.
Toujours une parole à demi-mot, une manière de me rappeler qu'il m'attendait, maintenant que j'avais terminé ma conversation. Il avait été sage, il me demandait une récompense.
Chantage.
Qu'est-ce que cette manière de faire pouvait m'énerver.
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Il avait des projets pour la soirée.
Il voulait et avait décidé de ne pas me laisser l'ignorer.
Très bien, mais voilà, ce n'était pas réciproque.
Je déteste qu'on me force la main.
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- Trowa !
- Je suis là, oui…
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Depuis quand jouait-on à cache-cache lorsqu'on se voyait ?
Ce qui était de plus en plus rare d'ailleurs, travail et missions obligent.
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Je ne lui appartenais pas.
J'en avais marre de devoir accepter le moindre de ses caprices sous prétexte que nous nous trouvions sous le même toit.
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Ma chemise céda.
Lâcheuse.
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- Pas ce soir Trowa.
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Pas de réponse, ni en parole, ni en acte. Il continua à m'effeuiller avec habilité.
Mains repoussées.
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- J'ai dit non !
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Il se raidit, je le sentis malgré le dossier.
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- Comme d'habitude, Quatre. Qu'est-ce que j'espérais ?
- Je te demande pardon ?
- « Pas ce soir », « Je suis fatigué », « J'ai du travail », « Je ne suis pas en forme », bientôt tu me feras le coup de la migraine.
- Quoi ?
- Je ne compte plus le nombre d'arguments scabreux que tu m'as sorti. Car ce sont des prétextes Quatre !
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Je me tournais vers lui, la bouche ouverte sur une réplique qui se coinça dans ma gorge lorsque je vis son regard.
De la rage.
Qu'est-ce qui lui arrivait ?
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- Ta mission ne s'est pas bien passée ?
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Ça ne pouvait être que ça.
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- Ne sois pas si étonné Quatre. Tu ne t'attendais quand même pas que je reste longtemps le chien-chien de ton bon vouloir.
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QUOI ?
Jamais au grand jamais il ne s'était plaint.
Mon effarement devait être plus que visible.
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- Il y a une première fois à tout, Quatre.
- Qu'est-ce qu'il te prend ? J'ai du travail, tu le sais.
- Peut-être que j'en ai marre de ton travail Quatre. Ça fait deux jours que je t'attends, tu ne crois pas que j'ai droit à un peu d'attention ?
- Demain…
- Tu devras aller au siège central de la Winner Co régler un détail extrêmement important comme tous les samedis.
- Le soir…
- Ne me dis pas qu'il n'y a aucun souper de prévu pour une œuvre de charité quelconque ?
- Dimanche…
- Préparation des réunions du lundi matin. Je connais ton emploi du temps par cœur.
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Il avait raison.
Entièrement.
Complètement.
Mais cela ne lui donnait aucun droit de me faire la leçon sur ma manière de vivre !
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Je me levais, sa colère déteignant sur moi.
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- Tu étais au courant de tout cela lorsqu'on s'est mis ensemble !
- Que tu travaillerais beaucoup, oui. Mais j'aurai cru que nous aurions au moins les week-end. Que tu me montrerais un minimum ton attachement.
- Et c'est toi qui dis cela Trowa ? Toi que l'on dit taciturne et avare de sentiments. Toi qui ne montre jamais rien, au point que si tu n'étais pas venu me parler de tout ce que tu avais sur le cœur, je n'aurais rien vu. J'ai fait fi de tous ceux qui me disait que c'était peine perdue, que ça ne marcherait pas, pour que l'on soit ensemble. Je tiens à toi Trowa ! Comment oses-tu en douter ?
- Ça fait deux ans que j'attends que tu me le prouves. Tu ne fais jamais un geste vers moi, tu ne cherches jamais à m'attirer dans ton lit. J'en ai ma claque d'être une potiche !
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Sans voix.
Je restais sans voix.
Une potiche, lui ?
Il est vrai que j'avais pris l'habitude qu'il soit présent, près de moi, mais n'est-ce pas la même chose dans tous les couples ?
Devrais-je renier ce que j'étais pour lui prouver mes sentiments ?
HORS DE QUESTION.
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- Tu n'es qu'un égoïste Trowa. Je me démène comme je peux pour que nous n'ayons aucun souci financier et voilà comment tu me remercies ? En me faisant une scène digne d'un roman de gare ? Tout ça parce que tu es frustré ? Tu es pathétique !
- MAIS PUTAIN ! Tu ne veux pas comprendre ou tu joues au con ? Tes chiffres, tes données, tes réussites financières sont en train de miner notre couple !
- C'est n'importe quoi.
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La tension me faisait me pencher vers l'avant, vers lui, ne voulant pas traverser les quelques centimètres qui nous séparaient.
Je le voyais trembler de colère, je m'en moquais, il avait été trop loin.
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- J'aurais encore pu l'accepter si tu avais montré de la volonté pour que l'on se voit. Ce n'est pas le cas vu la manière dont tu m'évites.
- C'est faux ! Je suis toujours content de te voir Trowa.
- Ha oui ? C'est pour ça que nous n'avons pas fait l'amour depuis des mois ?
- Tout ça est un problème hormonale ? Ta mèche a besoin de sentir la sueur ? Mais tu fais vraiment chier ! Vas voir la veuve poignet et arrête de me harceler, j'aurai peut-être un peu plus de désir à ton encontre. Là, je ne suis pas en état, le travail, la fatigue…
- CONNERIES !
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Son cri me surprit et dans mon mouvement de recul, je me cognais à mon bureau faisant tomber une pile de dossiers. Rangement en perspective.
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- Avoue que tu es revenu ce soir parce que tu me croyais encore en mission, parce que tu voulais être SEUL !
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La solitude… Je l'espérais en rentrant.
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Je ne comprenais plus.
Il n'avait jamais été ainsi, ne s'était jamais mis en colère pour ce genre de futilités.
Lui, toujours si calme, si posé, si souriant avec moi.
Lui qui n'avait jamais élevé la voix en ma présence, respectant le silence si précieux pour mes nerfs.
Et là.
Après une semaine chargée, moi qui ne pensais qu'à mon lit, je me retrouvais forcé de me farcir la mauvaise humeur de Monsieur !
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- Tu vois Quatre, tu ne réponds rien. Tu ne cherches même pas à te défendre.
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Sa voix était si douce soudain.
Ses yeux si tristes.
Voulait-il me faire culpabiliser ?
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- Qu'est-ce que tu attends de moi Quatre ?
- Mais qu'est-ce qu'il te prend à la fin ? Si tu me fais tout ce cirque juste pour tirer ton coup, c'est peine perdue ! Tu dors sur le canapé !
- Décidemment, tu fais ta blonde Winner.
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Depuis quand m'appelait-il par mon nom ?
Mais que se passait-il bon dieu !
Je n'aimais vraiment pas cette impression que tout me glissait entre les doigts.
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- Je te défends de me prendre pour un imbécile Trowa !
- ALORS FAIS MARCHER TES NEURONES !
- …
- Je ne suis pas un domestique Quatre, tu n'as pas d'ordre à me donner. Toi qui te targues de comprendre les sentiments humains, tu n'as rien d'un profiler.
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Il se retrouva dans un brouillard de feuilles.
Je ne réalisais même plus mes gestes.
Il fallait que je me calme, j'allais finir par casser quelque chose.
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- Je ne sais pas ce que tu cherches mais tu as réussi à m'énerver.
- Je ne t'irriterai plus longtemps Quatre. Je pars.
- Pardon ?
- Tu as bien compris, je pars, je te quitte.
- Tu ne peux pas…
- Je peux et je le fais. Je n'en peux plus de vivre dans ton ombre.
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Il se retourna, me laissant bouche bée.
A la porte, la main sur la clenche, il hésita et revint face à moi.
Je n'arrivais pas à assimiler ses paroles.
Je n'arrivais plus à bouger.
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- Ne t'inquiète pas pour ton image médiatique, elle ne sera pas éclaboussée puisque presque personne ne connaît notre relation.
- Les tabloïdes… Je ne voulais pas que tu sois importuné… C'est pour toi…
- Mensonge ! Une entreprise dirigée par un gay, cela n'aurait jamais été accepté dans le milieu. C'est pour toi que tu m'a demandé de vivre caché !
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Ses traits qui me plaisaient tellement étaient de nouveau déformés par la colère.
Dans un mouvement inconscient de défense, je cherchais à me reculer, me retrouvant coincé contre le meuble.
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- Tu te trompes.
- N'inverse pas les rôles Quatre ! J'ai accepté parce que je t'aimais, mais je réalise que nous n'avons pas la même conception d'une relation.
- Trowa…
- C'est pour ça que je pars, mes affaires sont prêtes.
- QUOI ! Tu… tu avais déjà décidé de me quitter ? Et ce soir, tu t'imaginais prendre un petit coup rapide pour la route ? On couche pour se dire au revoir ? ENFOIRE ! FOUS LE CAMP BARTON ! TU NE PARS PAS, JE TE METS A LA PORTE, T'ENTENDS ? QUE TU SOIS LA OU PAS CA NE CHANGE RIEN A MA VIE !
- Effectivement, ça ne change rien. Au revoir Quatre.
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Un vase explose sur le chambranle d'une porte qui se ferme.
J'halète.
Des pas s'éloignent.
Je tremble.
L'entrée s'ouvre et se referme avec douceur.
Ce n'est pas possible.
Il n'a pas osé.
Je n'avais pas besoin de ça en plus !
CONNARD
Dans un couple on se soutient, bordel !
Tu ne penses qu'à toi.
Tu dis que tu m'aimes mais c'est des conneries !
Au moins je suis libre de toi, monomane de mes fesses, je suis enfin seul dans le silence.
Tu reviendras quand tu seras calmé ou que tu n'en pourras plus et alors je t'enverrai chier.
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Je me laissais tomber sur mon fauteuil et pris ma tête dans mes mains.
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Toutes les personnes interrogées le décrivent comme un homme d'un calme olympien, toujours prêt à tendre une oreille attentive à ceux qui le désirent. Il est une référence, semblant omniscient et omniprésent.
Cette image ne donne en rien une vision réaliste de Quatre Raberba Winner.
Businessman affirmé, il connaît ce qui est bon pour lui. Loin d'être un ange, il sait faire des affaires à partir du moment où il y en a qui peuvent payer.
L'apparente tranquillité qu'il affiche sert à embobiner ses adversaires. Même dans son entourage, on peut percevoir une nette tendance à la sensiblerie.
Cette attitude provient de son physique : jeune homme blond, à la plastique irréprochable et aux yeux d'un bleu tellement translucide qu'ils paraissent la candeur même.
Eduqué depuis l'enfance à reprendre les rênes des affaires familiales, l'habitude a été prise très jeune d'avoir le monde à ses pieds et le peuple gravitant autour de sa personne. Aujourd'hui, cet enseignement amène des difficultés de compréhension face à ce qu'il appellerait une « trahison », toute personne montrant son désaccord avec sa propre opinion ne peut être que contre lui.
L'habitude de tout gérer et diriger est tenace. Lorsqu'elle se fissure, le risque de se retrouver complètement perdu, poings et pieds liés, obtient un pourcentage élevé.
(extrait de : Solitude, Biographie d'un homme de pouvoir, éd. Robert Laffond)
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Version papier entre le 18 et 20 septembre
Fin du premier volet, la suite est prévue pour le week-end prochain.
Que ça ne vous empêche pas de me dire ce que vous en avez pensé, curiosité toute personnelle.
Quoi qu'il en soit, à bientôt
HLO
