Disclaimer : les personnages de Gundam Wing appartiennent à leur auteur ainsi qu'à Sunrise, Bandaï, Sotsu Agency et associés (peut-être nombreux, je n'en ai aucune idée. En tout cas, je n'en fais pas partie ça se saurait)

Genre : Bon, logiquement vous savez où vous êtes.

Rating : M pour ce volet.
ATTENTION, CHAPITRE EXTREMEMENT DUR, RESERVE A UN PUBLIC AVERTI.

Note :
Pour une emmerdeuse qui n'a toujours pas compris qu'elle n'était pas plus grande que moi.
Pour son anniversaire en avance parce que j'ai bien peur de ne pas avoir le temps de lui offrir une autre fic. Bisous ma « grande ».

Préface :
Bon, bien, finalement je n'ai absolument pas fait ce que m'avait suggéré Mithy.
Comme quoi…

Merci pour toutes les reviews sur mes différents écrits.

Bonne lecture

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SOLITUDE

Biographie d'un homme de pouvoir

La multitude de la négation

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Quatre Raberba Winner est un homme complexe.

Si l'on désirait faire de la psychologie de bas étage, on expliquerait sa personnalité obscure à partir de son histoire personnelle.

Enfance difficile au milieu d'une multitude de sœurs plus âgées, enfance gâtée qui ne pardonne pas une existence considérée comme une ineptie, enfance qui cherche déjà à prendre de la distance avec la charge d'unique héritier mâle, enfance construite qui vit difficilement sa condition de bébé éprouvette.

Adolescence pas plus évidente. La guerre est aux portes des colonies, le choix qui décidera d'un avenir possible, est une manière de se différencier d'un père omniprésent.

Age adulte qui prône la réussite, la richesse, le bonheur factice.

Une vie donc, qui explique probablement ses réactions égocentriques et égoïstes, mais qui ne les pardonne pas.

(extrait de : Solitude, Biographie d'un homme de pouvoir, éd. Robert Laffond)

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- Monsieur ? Le lieuteant-colonel Chang est arrivé.

- Faites-le rentrer Elodie.

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Suite à des menaces écrites contre ma personne, ma secrétaire n'avait rien trouvé de mieux que de demander de l'aide aux Preventers pour assurer ma sécurité. J'avais manqué la renvoyer sur le champs tant ma fureur explosa sur le coup.

J'étais un ex-terroriste, je n'avais besoin d'aucun secours pour garantir la sauvegarde de mes fesses.

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Encore maintenant je me demandais quelles raisons obscures m'avaient empêché de la catapulter directement dans le vide sidéral à partir de ma navette privée dans laquelle nous nous trouvions lorsqu'elle me fit part de son initiative.

Enfin, elle s'inquiétait pour moi, ce qui n'était pas le cas de toutes les secrétaires.

En outre, elle concoctait merveilleusement bien le thé à la menthe, pas trop sucré, juste comme il faut. Son thé était meilleur que celui de Rachid, c'est tout dire.

Donc, je l'ai gardée.

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- Wufei, je suis heureux de te voir.

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Lors de la création des Preventers à la fin de la guerre, Lady Une, pardon le Général Une, avait cherché à m'engager.

Je la comprenais. Je ne crois pas qu'il existe meilleur stratège, mon seul rival en la matière, Treize Kushrénada, étant décédé.

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- Monsieur le Président.

- Là, tu me vexes.

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Cela ne m'avait pas empêché de décliner son offre par une pirouette diplomatique, lui promettant de mettre mes chercheurs au travail pour lui donner une technologie à la pointe du progrès, tout en lui faisant payer le prix fort évidemment.

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- Ok Winner, mais je ne suis pas là pour une réunion d'anciens.

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Mon rôle de futur leader m'avait forcé à prendre part à la guerre.

Je trouvais personnellement la mort bien salissante et je préférais engager mes forces et mes neurones dans d'autres sortes de combat.

L'économie internationale est un champ de bataille où les coups bas pour la suprématie planétaire se comptaient par dizaine, que dis-je, par milliers.

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- Alors explique-moi ce qui t'amène.

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Mais ce choix me défavorisait face à ceux que je considérais toujours comme mes pairs.

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- Voyons Winner.

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Je restais malgré tout un ex-terroriste et je n'avais nullement besoin d'une nounou pour veiller sur moi.

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- Les menaces pesant sur ta tête doivent être prises au sérieux. Nous avons donc décidé de t'allouer une garde rapprochée.

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Cela fait du bien de traiter avec quelqu'un ayant un minimum de vocabulaire.

Cela permet de se faire comprendre facilement.

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- Je n'en ai pas besoin.

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Point barre.

Prends ça dans les dents.

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- Je m'attendais à ton désaccord. Cela ne change rien au fait, tu es devenu une personne médiatique, un pivot sur l'échiquier mondial, tu dois être pris comme tel.

- Je te remercie de me créditer d'une place de cette importance, mais me faire suivre dans le moindre de mes déplacements par une bande de gorilles sans éducation risquerait de nuire à mes affaires. Et ça, je ne puis le permettre.

- C'est pour cette raison que nous avons choisi un unique garde du corps parmi nous.

- Ho ? Et à qui ai-je l'honneur ? Heero, Duo, toi ?

- Trowa.

- QUOI ? Hors de question !

- Winner, votre passif ne doit pas jouer contre ta sécurité. Tu veux quelqu'un de discret, il est le meilleur. De plus, actuellement, il est le seul à être libre.

- Wufei, tu ne peux pas me demander…

- Il est ici, il prend fonction immédiatement et ce jusqu'à ce que l'alerte soit passée.

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LE CHACAL.

Je ne veux pas le voir !

Ni lui parler.

Pas même l'entendre.

Mais bon, je crois être loin de l'imbécile et je sais reconnaître lorsque je n'ai pas le choix.

Une allait m'entendre, et surtout apprendre que le prototype de la nouvelle puce servant à l'infiltration électronique promise pour dans deux jours, allait avoir un retard de trois, non, six mois, cela mettant en expectative de nombreuses missions d'une importance capitale. Quel dommage…

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C'est ainsi que je me retrouvais à devoir supporter sa présence indésirable.

Je devrais dire « devenue indésirable ». Il y a peu encore j'aurais donné cher pour avoir l'occasion de le croiser.

Dans le but de me venger de l'affront qu'il avait osé me porter, cela allait de soi.

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Wufei-le-traître sortit pour laisser la place au mime de service.

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Je comprenais soudain pourquoi il avait eu un tel succès lorsqu'il travaillait encore avec Catherine au cirque.

Aucune émotion n'était visible sur son visage. Je le savais stoïque mais jamais je n'avais réalisé qu'il pouvait atteindre de telles extrémités.

Tout en me replongeant dans l'étude de mes données, je me demandais quel était son vrai visage : celui, expressif, auquel j'avais eu droit durant notre relation, ou cette indifférence qu'il me montrait maintenant ?

Douleur.

Je suis parfaitement conscient qu'on montre différents visages en fonction de la situation, des sentiments, de la personne aussi…

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Bizarrement, je me mis à prier pour qu'un de mes téléphones rompe le silence pesant sur mon bureau. Moi qui habituellement désirais faire agréer le laminage de téléphones comme discipline olympique.

Son regard suivait le moindre de mes gestes mais avec un détachement qui couvrait mon corps d'une sueur froide tout à fait désagréable.

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- Tu vas rester debout encore longtemps ?

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Je me giflais mentalement. Je me fis d'ailleurs fort mal à l'ego.

Je m'étais promis de lui rendre son détachement. Il n'était personne, rien d'important, un meuble dont je me serais bien passé.

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- Bonjour Quatre.

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M'énerve.

Léger sourire, regard ombrageux.

Froid.

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- Bonjour Trowa.

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Orage contre temps clair.

Longtemps.

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- Maintenant que les politesses d'usage sont accomplies, tu ne t'assiérais pas que je puisse travailler ?

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Seconde claque plus insultes mentales en arabe.

Il faudrait vraiment que je pense à réfléchir avant de parler. Son attitude déclarait la guerre, en bon stratège je me devais de reprendre l'avantage.

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- Puis-je me connecter au réseau interne pour vérifier les systèmes de sécurité ?

- …

- Je ne te dérangerai pas plus Quatre.

- Utilise le terminal D, près de la fenêtre. Je te donne les codes d'accès.

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Près de la fenêtre, derrière moi, dans le coin le plus éloigné.

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- Elodie ? Faites entrer Hubert, j'ai une lettre à lui dicter.

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Je me noyais sous le travail durant la fin de la journée jusqu'à purement oublier sa présence.

Il me fit sursauter lorsqu'il apparut subitement à mes côtés alors que je passais mon manteau.

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- J'ai un souper mondain, tu peux rentrer m'attendre.

- Je t'accompagne.

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Je pris un immense plaisir à le balader toute la soirée au milieu de la foule pompeuse et bigarrée composant la réception, sachant à quel point il ne s'y sentait pas à l'aise. Il déteste ce genre de populace bien qu'elle fasse partie du même monde que moi, il ne peut s'imaginer à quel point ils sont tous « gais ».

M'arrêtant pour parler politique ou économie de marché à l'un ou à l'autre, je m'éclipsais subrepticement pour faire le baisemain à l'une de ses matrones recouvertes de vison et de diamants, avant de m'intercaler entre bedons et fesses monumentales d'hommes de loi fumant le cigare, pour complimenter sur leur mise les jeunes premières rougissantes sous l'œil suspicieux de leurs chaperons.

Je connais le beau monde de toutes les villes et de toutes les colonies. Aussi, je fréquente les hommes influents ainsi que leurs femmes, pour le bien de mes affaires évidemment.

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Ce jeu de cache-cache à travers les salles monumentales de l'ambassade me mit d'excellente humeur. Je me saoulais du tumulte des pièces pour me donner les moyens de contrecarrer sa présence.

Et lorsque nous rentrâmes finalement à mon domicile, je lui jetais négligemment un « bonne nuit » avant de rejoindre mon lit, sans m'inquiéter outre mesure de l'endroit où il allait dormir.

Je passais une nuit comme cela ne m'était plus arrivé depuis longtemps, me sentant enfin en paix.

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Je déchantais le lendemain lorsque je le découvris humide et déshabillé, sortant de la douche au moment où je quittais ma chambre.

Une fraction de seconde, l'image d'un tombé de serviette me parut plus que prometteuse alors que je le dépassais sans lui jeter le moindre regard.

Il allait payer.

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A peine arrivé à la Winner Co, je m'arrangeais discrètement avec Elodie pour que mes rendez-vous extérieurs de la semaine tombent comme par hasard dans la journée.

Je demandais à Trowa de m'y conduire, prétextant un congé maladie de mon chauffeur et un sérieux mal de crâne pour moi, n'oubliant pas de pester contre le destin qui m'obligeait à me déplacer sur des kilomètres durant le jour.

Les choses étaient mal faites, nous n'avions pas de chance quand même.

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Tout au long des différents trajets, je ne lui adressais nullement la parole, bien trop occupé à prendre connaissance des dossiers, à converser via visiophone, téléphone et vidéoconférence, avec les différents intervenants. C'est que le faire bisquer chamboulait mon emploi du temps et me pompait mon énergie.

Enfin, le résultat fut probant.

Je le trimballais dans toute la ville et les alentours à son grand déplaisir.

Je le voyais s'ennuyer ferme durant les rencontres où le vocabulaire lui passait bien au-dessus de la tête.

Je pris, bien sûr, précaution de ne fumer que dans l'habitacle du véhicule. Moi qui n'avais plus touché une cigarette depuis des temps immémoriaux, je mis un point d'honneur à l'enfumer. Il l'avait en horreur.

En fin de soirée, alors qu'il nous reconduisait vers ma demeure, tous les deux habillés en pingouins, souper de charité oblige, je ne pus empêcher un léger sourire sadique de fleurir sur mon visage.

Je ne sais s'il le remarqua tant je me dépêchais de rejoindre ma chambre.

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Chaque jour de la semaine qui suivit, je fis extrêmement attention à surcharger mon emploi du temps me permettant ainsi de faire d'une pierre deux coups : m'abrutir jusqu'à oublier sa présence dans mon espace vital vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et l'emmerder au plus haut point espérant sans trop y croire qu'il demande sa révocation sur cette mission.

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Mais voilà, les meilleures choses ont une fin.

Le week-end arriva avec deux nouvelles dont je me serais bien passées.

Premièrement, bien que Heero et Duo soient sur le coup, les instigateurs des menaces n'avaient pas encore été appréhendés.

Deuxièmement, j'avais si bien travaillé que mon week-end s'annonçait libre.

Libre, oui.

TOTALEMENT libre.

Vide.

Soi-disant reposant.

La merde quoi.

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Il allait falloir que je trouve un stratagème pour lui faire payer, tout était de sa faute, et accessoirement survivre à sa présence.

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Je m'attendais à ce qu'il ouvre les hostilités le premier, mais rien ne vint.

Je passais donc mon vendredi soir enfermé dans mon bureau puisque nous avions légèrement mangé à l'entreprise.

C'est le samedi que tout commença à partir en queue de boudin.

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Je me réveillais aux aurores comme à mon habitude, restant avachi au milieu des coussins, les yeux fixés sur mon plafond blanc, la tête vide, tant était grande ma répugnance à me retrouver dans la même pièce que lui.

Ce ne fut que lorsqu'un arôme inhabituel interpella mon odorat que je tournais la tête vers la porte.

Je me rendis compte de ma tension à la douleur dans ma nuque que le mouvement provoqua.

Café, thé, et une odeur sucrée s'apparentant à des croissants chauds.

J'en avais l'eau à la bouche.

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Mon esprit confus était justement en train de poser le pour et le contre de sortir du dessous des couettes, lorsque la porte s'ouvrit laissant passer un Trowa chargé comme un mulet.

Je me redressais rapidement face à cette intrusion.

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- Qu'est-ce que tu fais ?

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Retournement vers moi.

Sourire.

Avancée sur la moquette.

Vision d'un plateau surchargé.

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- Je t'apporte le petit déjeuner.

- J'allais descendre.

- Tu peux bien faire une grasse matinée pour une fois.

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J'eus juste le temps de m'asseoir plus ou moins confortablement qu'il déposa le tout directement sur mes genoux.

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- Fais attention à mes draps !

- Tu pourrais me remercier.

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Voix rauque.

Coup d'œil.

Yeux verts fixes.

Froncement de sourcils de ma part.

Que lui arrive-t-il ?

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Je suivis son regard pour découvrir mes épaules nues, mes pectoraux imberbes et bronzés (esthéticienne oblige) et mes abdominaux contractés par le mouvement…

Ho.

Monsieur ne semblait pas si stoïque finalement.

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Soudain le potentiel de la journée me parut rose et épanouissant.

La facture pour ces mois de pénurie était sur le point d'être payée.

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Le plateau en équilibre précaire m'obligeait à bouger légèrement pour le réajuster sur mes cuisses, entraînant, par le plus grand des hasards, le drap vers le bas.

Ce n'était pas de ma faute si la fine ligne des poils blonds fut alors visible.

Ce n'était pas de ma faute si elle laissait deviner le creux de mon aine.

C'était encore moins ma responsabilité si Trowa pouvait aisément prendre conscience de ma nudité.

Et mon but n'était nullement de le faire rougir.

Ou si peu.

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Je levais les yeux pour voir Trowa sur le point de repasser la porte.

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- Tu ne restes pas ?

- Mon café m'attend en bas. Prends ton temps, tu es en vacances.

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Raté.

M'ayant suivi comme mon ombre tout au long de cette semaine, il ne pouvait ignorer que je n'avais, hélas, rien à faire.

Je me devais alors d'être attentif, il ne fallait pas que le jeu tourne à mon désavantage.

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Suivant ses conseils, je pris mon temps pour déguster mon déjeuner, prendre une douche et me préparer.

Que porter pour notre confrontation ?

La question se posait.

Je me devais de rester sobre, de ne pas en faire trop. Oubliés les pantalons collants et les dessus transparents.

En même temps, je ne perdais pas de vue mon objectif premier : éveiller son désir.

J'optais pour un jeans suffisamment moulant pour que l'on devine mes formes, assez large pour être confortable, et une chemise cintrée dont je laissais les trois premiers boutons ouverts.

Relax, décontracté, avec une pointe de charme.

Tout à fait moi.

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Enfin prêt, je descendis pieds nus.

Bien que craignant le froid, j'adorais la sensation des pieds libérés des leurs entraves de tissus et de cuir.

La moquette et le parquet recouvrant la majorité de la surface habitable, étaient suffisamment chauds et je n'avais aucunement besoin de faire des économies de chauffage. D'ailleurs, la majorité des rares personnes à poser un orteil dans mon antre le définissait comme une étuve.

Enfin, on est méditerranéen ou on ne l'est pas.

Duo ricanerait s'il m'entendait. Lui qui soutient qu'il n'existe rien de plus éloigné du désert que L4… Ses considérations ne me touchent pas, je ne saurais renier mes origines.

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Passé l'entrée de mon salon, je m'arrêtais, sidéré.

Trowa ne m'avait pas entendu et me tournait le dos au trois quarts devant la baie vitrée, l'esprit dans le vague, la tasse dans la main gauche, la droite tournant une cuillère dans le café d'un geste mécanique et fluide.

Je me demandais jusqu'à quel point sa pose n'était pas recherchée pour me faire perdre contenance.

Il était plus dangereux que je ne voulais l'admettre. J'allais devoir faire extrêmement attention.

En outre, je suis d'accord qu'il fait chaud, mais de là à ne porter qu'un jean et, surtout, une chemise blanche ouverte sur un torse tout ce qu'il y a d'appétissant… Il veut ma mort ou quoi ?

Ce devrait être interdit d'être aussi sexe.

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Puisque même Wufei me reconnaissait une certaine autorité planétaire.

Puisque je me retrouvais avec un poids diplomatique.

Puisque j'avais de quoi acheter certaines consciences.

Puisque j'étais plus que politique.

J'allais me démerder pour faire ratifier une ordonnance proscrivant ce genre de pose.

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Aucune considération pour l'opinion publique.

Je suis un homme médiatique.

Peu importe.

Je parle.

Peu importe.

Je sais.

Cette bande de crétins est assujettie face à mes décisions.

J'ai la faveur des médias, ça ne me posera aucun problème d'asseoir mes opinions personnelles, ils me suivront.

TOUS.

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Inconsciemment, le peuple est à mes pieds, suivant mes directives quelles qu'elles soient.

Economiques : vive la pub.

Politiques : les pots de vin sont toujours utiles.

Sociales : il suffit de leur donner ce qu'ils attendent, les Romains l'avaient déjà compris, du pain et des jeux et toute révolte est brisée dans l'œuf.

Qu'est-ce qu'ils s'imaginent ? C'est ma voix qui compte.

Grâce à la division média de la Winner Co, c'est un jeu d'enfant de manipuler l'opinion publique, je peux leur faire gober n'importe quoi même la pire ineptie.

Je suis conscient de ma puissance personnelle, j'en use et en abuse à ma convenance.

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Oui..

Face à Trowa, j'en étais persuadé.

La provocation inconsciente se devait de disparaître de la surface de la Terre, ce serait une chose appréciable pour les hormones de tout personne normalement constituée.

On ne m'en voudra pas, on me remerciera.

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Tout à mes plans légèrement mégalomanes, je ricanais puis sursautais.

Quelque chose n'allait pas.

Depuis quand avais-je les lèvres contre une surface si douce ? J'étais pourtant d'abord passé par la cuisine déposer mon plateau comportant la tasse de thé vide.

Depuis quand m'étais-je appuyé à plat ventre contre un mur ? C'était illogique puisque je n'avais pas l'impression d'avoir bougé.

Depuis quand avais-je les yeux fermés ? Il faisait gris dehors, la lumière n'était donc pas trop forte.

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- Qu'est-ce qu'il te prend Quatre ?

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Une voix froide me propulsa dans la réalité.

Je fis un bond en arrière.

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Sans m'en rendre compte, je m'étais rapproché de Trowa au point de me coller à lui, les bras autour de sa taille, les mains sur son ventre, les lèvres dans son cou.

Erreur.

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Il me faisait face maintenant.

Le corps rigide, les bras croisés.

Un air surpris sur le visage.

Les yeux froids.

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Mal.

J'ai mal.

Pourquoi ?

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La colère me submergea en fois une fois.

Bizarrement elle ne m'apporta aucune satisfaction car elle n'était pas dirigée contre lui, contre sa réaction.

Mais contre moi.

Je venais de perdre un round.

Une fraction de seconde, le stratège s'était déconnecté et cela avait suffi pour me faire perpétrer une erreur qu'il me serait difficile retourner à mon avantage.

Tout cela contrecarrait mes plans.

J'en étais furieux.

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Je m'efforçais de sourire.

Mielleux.

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- Je ne t'avais pas encore souhaité « bonjour ». C'est chose faite.

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Froncement de sourcils.

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- Je n'aime pas être pris par surprise. Dorénavant ne prends plus ce genre d'initiative, Quatre.

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Une droite en pleine gueule.

Symbolique.

Ça faisait le même effet.

Je venais de me faire remettre en place, proprement.

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Mon sourire s'effaça.

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Il ne veut pas de moi ?

Comment osait-il ?

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- Tu veux quelque chose à boire ?

- Non merci.

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Moi j'en avais besoin.

Pour me redonner contenance.

Pour me donner le temps de réfléchir.

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Alors que je dirigeais vers le bar, je le vis du coin de l'œil prendre place sur le sofa, la cheville droite sur son genou gauche.

Je l'observais avec satisfaction tendre la main vers le présentoir de magasine à côté de la table basse.

Un nouveau sourire sur mon visage, calculateur cette fois, lorsqu'il en sortit une certaine feuille de choux que j'avais placée en prévision de cet instant.

J'allais avoir l'honneur de sa réaction en direct.

Il me tournait le dos, hélas, mais je n'avais aucun moyen de le contourner sans paraître suspect.

Je dus donc prendre mon mal en patience et l'observer, les yeux fixés sur sa nuque, feuilleter le tabloïde avec négligence.

Jusqu'à l'arrêt.

Je me sentais frémir d'anticipation, mon excitation remontant en flèche.

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Tremblant, je me retournait pour me servir un scotch sans glace.

Au diable la religion, j'en avais besoin. De toute façon, je me considérais comme agnostique.

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- Tu as vu Quatre ? Il a pris ton mauvais profil.

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Le verre rencontra le tapis persan et mes pieds.

Je lui fis face tentant de ne pas grimacer sous la douleur montant de deux de mes orteils, la bouche ouverte, les yeux exorbités.

J'aurais voulu simuler l'ébahissement que je n'aurais jamais réussi à être si convainquant.

-

Rien.

Ni dans sa voix.

Ni dans son langage corporel.

Son sourire n'était pas factice.

Ça ne le touchait pas.

Je n'en revenais pas.

Je ne comprenais pas.

Il devait se lever.

Me demander des comptes.

Hurler.

A la limite me frapper.

Il allait le faire.

Il devait le faire.

Cela prouverait…

Cela prouverait TOUT.

Qu'il tient à moi.

Qu'il me désire.

Qu'il veut revenir.

Qu'il m'attend.

Qu'il m'appartient encore.

-

Tout m'apparaît clair.

-

« J't'aime toi coco »

Paroles de Duo à Heero.

Paroles que je ne peux concevoir.

Paroles qui m'avaient fait rire.

Paroles qui me feraient pleurer.

-

Il ne veut pas de moi.

-

ENFOIRE !

Tu ne peux pas.

Tu dois.

Je ne peux pas pleurer.

Je dois sortir.

Je ne peux pas bouger.

Je dois réfléchir.

-

Qu'est-ce que je suis ?

Qu'est-ce que je représente ?

Qui veut de moi ?

Pas lui. Il vient de me le prouver.

Pas Duo. Il me l'a fait comprendre.

Pas Heero. Il n'a jamais été proche.

Pas Wufei. Il est loin et occupé.

Pas mes sœurs. Elles sont casées, entourées de marmaille et heureuses.

Alors, qui ?

Qui veut entrer dans ma sphère, dans ma vie, dans ma toile d'homme pressé, d'homme surbooké, d'homme publique.

-

CONNARD

-

Tu n'as pas le droit !

-

- Tout va bien Quatre ? Tu es un peu pâle.

- Oui.

- « Oui » quoi ?

- Je vais bien. Très bien même.

-

Je ne devais pas être très net car il se leva pour s'approcher, l'air inquiet.

-

Tu es inquiet ?

Aucune raison.

Je peux me passer de toi.

Personne n'est indispensable.

-

- C'est tout l'effet que ça te fait Towa ?

-

Connard.

-

- Hein ?

-

Connard.

-

- Tu disparais du jour au lendemain, tu réalises que j'ai un amant par l'aval d'un magasine et c'est tout ce que tu trouves à dire ?

-

Connard.

-

- Qu'est-ce qu'il y a Quatre ?

-

Connard.

Rage.

Connard.

Crise.

Connard.

Tremblements.

CONNARD

-

Plus rien à foutre.

Au placard ma dignité, elle ne me sert à rien face à sa connerie.

Je ne l'aime pas, je le méprise, je le déteste, je le hais, le l'exècre, je l'abhorre.

Ce n'est pas la même chose, n'est-ce pas ?

-

- Comment veux-tu que je réagisse Quatre ? Je vois que notre rupture te rend heureux, j'en suis content.

- Je crois que je vais vomir…

-

Il se recule prudemment.

Tant mieux, nous n'étions plus qu'à quelques centimètres et je ne supportais plus cette proximité.

Mes pieds sont mouillés.

Mes orteils font mal.

Je me concentre dessus, exacerbant la douleur.

Si je me laisse aller, je lui mets mon poing, qu'il souffre aussi, même si ce ne sera pas de la même origine.

-

Je n'ai jamais été aussi humilié de ma vie.

Moi, Quatre Raberba Winner, je viens de me faire rejeter.

Ce n'est pas possible.

C'est un cauchemar.

Comment pouvait-il ?

J'ai tout pour plaire. Je suis jeune, beau, riche, intelligent.

Je lui fais l'honneur de m'intéresser à sa personne, lui qui n'est rien, un Preventer, mon garde du corps.

-

- Tu as quelqu'un en vue ?

-

Ça ne pouvait être que ça.

Dis-moi qui que je puisse l'écrabouiller comme le minable insecte qu'il est.

-

- Tu es ridicule Quatre.

- Ha oui ? Moi je trouve ma question pertinente.

-

Colère de son côté.

-

- Vas te faire foutre, Quatre. Vas te faire foutre, toi et ta jalousie, toi et ton égoïsme. Je ne suis pas ta chose.

-

Sa colère me calma d'un coup.

Il avait mal et le montrait enfin.

Cela faisait du bien.

-

Je me redressais, les bras le long du corps, la tête haute, un léger sourire.

Impérial, je le savais.

-

- Un Winner ne va pas se faire foutre figure-toi.

-

Calme, sûr de soi, je me retrouvais.

Mon sourire se transforma en rictus lorsqu'il ricana.

-

- Ha non ? Pourtant tu n'avais pas l'air contraire ces deux dernières années. Ou alors tu as bien joué ton rôle quand tu as accepté de te trémousser sous moi. Je n'ai pas souvenir que tu ais une seule fois dominé, Quatre.

- Connard.

- Moi ? Non, réaliste. Tu en as même redemandé avant que tes affaires ne deviennent trop importantes.

-

Avant de réaliser mon geste, je le giflais.

Fort.

J'haletais, pas moyen de calmer ma respiration.

-

Sous la violence du coup, il avait fermé les yeux. Lorsqu'il les rouvrit, le vert contrasta étrangement avec le rouge de sa joue.

Si son regard ne m'avait pas terrifié… Non, un Winner n'a peur de rien.

Si son regard ne m'avait pas interloqué, je lui aurais sauté dessus tant il était splendide à cet instant. La colère lui allait bien.

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- Tu n'aurais pas dû, Quatre…

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Sans que je comprenne, je me retrouvais plaqué contre le mur par son corps, les poignets remontés au-dessous de ma tête par ses mains, mes pieds effleurant le sol, mes orteils pulsant sous la douleur.

Son poids évacua l'air de mes poumons et j'eus des difficultés à respirer correctement.

Pendant un instant, le temps fut suspendu.

Il était légèrement plus grand que moi, il se penchait vers moi, vers mon visage, ses yeux plein de fureur plongés dans les miens apeurés, enfin, non, étonnés serait plus juste.

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Hypnose…

Il a un don.

Sa bouche… sa bouche qui se penche vers moi…

Embrasse-moi putain !

Tu as une occasion en or ne la laisse pas passer.

Je n'ai plus le contrôle de mes gestes, je ne peux presque plus bouger mes poignets presque douloureux sous ta poigne.

Je sens ma tête se pencher vers l'arrière.

Je sens mes lèvres s'entrouvrir, mon souffle s'accélérer.

Je t'observe à travers mes yeux mi-clos.

Viens…

Viens-moi, merde !

Mais qu'est-ce que t'attends ?

Plus offert que ça tu meurs !

Sa bouche… qui dépasse mes lèvres pour glisser vers mon oreille.

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- J'en ai marre de ton jeu Quatre. J'en ai assez, je n'en peux plus, alors je vais te donner ce que tu veux et puis tu me laisseras tranquille.

-

Là, je dois le reconnaître, j'ai peur.

Je suis excité et, au vu de notre proximité, il en a conscience.

Mais si mon corps est en attente, mon esprit ne veut pas.

Pas comme ça.

Si je ne réagis pas, je vais me faire baiser, littéralement.

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- Lâche-moi.

-

Voix froide, posée.

Je ne tremblerais pas intérieurement, je m'applaudirais, l'éducation Winner a du bon.

-

- Non Quatre. Ce sont mes règles maintenant, je ne t'obéirai plus.

- Lâche-moi.

- Je ne savais pas que tu avais des problèmes d'audition.

-

Ses lèvres contre mon cou.

Son souffle sur ma peau.

Son murmure dans mon oreille.

Ça y est, je tremble.

-

- Je t'en prie, arrête...

-

QUOI !?

Je n'ai pas pu dire ça.

Je ne viens pas de m'humilier plus encore.

J'ai dû le penser très, très fort, voilà tout…

-

- Non.

-

Direct, catégorique.

J'ai bien parlé tout haut.

-

Gémissement…

Il connaît mon point faible évidemment.

Le creux du cou, à la limite du grand trapèze.

Je me sens fondre, mon corps me lâche…

-

NON

-

Sursaut d'énergie.

Je me débats enfin.

Tu ne m'auras pas !

-

- Arrête. ARRETE !

-

Silence.

J' ai l'impression d'être dans un mauvais porno.

Il m'embrasse, violement.

Il me fait mal.

Il va aller jusqu'au bout, ce n'est pas une blague, il ne cherche pas à me faire peur, il ne veut pas juste me punir pour l'avoir chauffé, il va me violer.

-

Panique.

Je voudrais crier, hurler.

Sa langue m'en empêche.

Je n'ai plus d'air.

Je ne peux que couiner contre sa bouche.

J'ai peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur, peur.

Pas toi, pas toi, pas comme ça, je ne veux pas.

Trowa, c'est moi Quatre, tu m'aimes, non, tu m'as aimé, c'est fini les sentiments, tu me hais donc autant ?

Au secours…

-

Je ferme les yeux, ils me font mal.

Ton corps est dur, rigide, tu es trop fort, tu me fais mal, mal, mal, partout, dans mes muscles, dans mes articulations, dans mon cœur, dans mon âme…

Je me sens ridiculement sentimentale soudain.

Ce n'est pas le moment.

Ce n'est encore rien, je vais ramasser.

J'ai PEUR !

-

Tu te recules, juste ton visage.

Ta langue me lèche les lèvres, la mâchoire, les joues, les yeux.

Je ne veux pas les ouvrir, je ne veux pas voir ton expression.

Je me sens sale.

-

- Tu pleures ?

-

Ta voix est dure, comme ton attitude, comme ton corps, comme ton sexe.

Je me sens misérable.

Je ne suis rien.

Quatre Raberba Winner n'est plus qu'un pantin, l'homme d'affaire ne me sert à rien, le beau parleur a les lèvres serrées à les blanchir.

-

Oui.

Je pleure.

Je ne peux pas m'en empêcher.

J'ai honte.

-

Je sens les larmes humidifier ma chemise.

Tu me l'arraches.

Je n'avais même pas réalisé que tu ne me tenais plus que d'une main.

En prendre conscience ne me sert à rien.

Je ne peux pas bouger.

Je ne sais plus bouger.

Je t'ai chauffé.

Je t'ai allumé.

Je l'ai cherché.

Je vais déguster.

-

Ta langue descend suivant le tracé humide jusqu'à mon torse, tes dents mordant ma peau ça et là.

-

Gémissements…

Douleur.

-

Mes mains n'ont plus de sang. Toujours tenues, elles descendent en suivant ton mouvement, s'éraflant sur les aspérités du mur.

Mes pieds touchent le sol, mes orteils s'en plaignent.

-

Je sanglote les yeux fermés, je ne veux pas te voir.

Je ne te voyais plus, je ne veux pas te voir.

Je ne veux pas que ce soit toi, l'homme que j'aime, que je n'ai jamais cessé d'aimer, maintenant je peux me l'avouer.

Je ne veux pas que ce soit toi qui me touche ainsi.

Je veux le nier.

Je garde les paupières serrées.

-

- Non… Je t'en prie… arrête, arrête, arrête, arrête, tu me fais mal, tu me fais du mal… arrête, arrête, arrête…

-

C'est devenu une litanie.

J'ai à peine conscience de prononcer ces mots alors que tu t'attaques à ma poitrine, que tu agresses mes tétons, que je les sens réagir, s'ériger.

Mon corps te suit, t'approuve.

Je me hais.

-

Je glisse à terre parce que tu me le permets, parce que tu es à genoux face à moi, parce que tu me masturbes à travers mon pantalon, parce que tu arrives à m'arracher une réaction, parce que je me sens faible, parce que tu t'occupes de ma braguette, de mes boutons, de mon boxer.

Je pleure.

-

- Chuuuuuut Quatre, tais-toi…

-

Ta voix est douce maintenant.

Tes gestes ne le sont toujours pas.

-

Tu lâches mes poignets.

Tu sais que je ne peux plus me défendre.

Tu m'allonges sur le tapis mouillé et m'ôtes le reste de mes affaires.

J'ouvre les yeux.

-

Tu es beau, ça me choque.

Ton regard est triste.

Cela ne me rassure pas.

Cela redouble mes sanglots.

Je t'ai poussé à bout.

Tu iras jusqu'au bout.

Je le sais.

Je le sens.

Je le vis.

J'ai fait une erreur, je t'ai fait souffrir, je l'ai cherché.

Je ne le mérite pas.

-

Tu me regardes dans les yeux.

Je te désire, je le sais, tu le sais.

Tu attends.

Tu m'attends.

Tu m'appelles.

Viens.

Viens une dernière fois puisque je t'ai perdu.

Viens une dernière fois puisque tu n'en peux plus.

Viens une dernière fois puisque tu en as besoin.

Pour m'oublier.

Pour me laisser.

Pour arrêter.

-

Exorcisme...

-

J'ai compris.

J'ai besoin de toi, de ton corps, de te sentir en moi, encore une fois, puis je ne te ferai plus souffrir, puis je me reconstruirai.

Je ferme les yeux.

Pour la première fois, je m'offre à toi, totalement.

Pour la dernière fois, je veux être tien, entièrement.

-

Ta bouche descend le long de mon corps.

Tu me suces.

J'hurle.

Plaisir mêlé de honte et de tristesse.

Une ultime fois.

-

Tu m'embrasses lentement, avec passion.

Ta main bouge.

Je m'érige.

Mon corps tremble de plus en plus.

J'halète.

Je jouis.

Fort.

Très.

Trop.

J'ai mal.

-

Tu me lâches.

Tu te recules.

Déjà ?

Ne peux-tu rester un instant à mes côtés ?

-

Je tourne la tête.

Je te regarde.

Flou.

Les larmes ne se tarissent pas.

-

- Calme-toi Quatre, je n'irai pas plus loin.

-

Tu soupires.

Tu m'ouvres les bras.

Je m'y jette.

Je te frappe de mes poings.

Tu me laisses faire.

Je ne te fais pas mal.

Je n'en ai plus la force.

-

Je me calme enfin, épuisé.

Les larmes coulent, je ne les sens plus.

Tu me serres contre toi, fort.

Murmure.

-

- J'ai été trop loin, je me suis laissé aveugler par la colère. Mes excuses ne serviront à rien, je vais partir, te laisser.

-

Tu me repousses et te lèves.

QUOI ?!

-

- NON !

-

Cri du cœur.

Ne me laisse pas.

Ne me laisse pas comme ça.

Efface ce souvenir.

Donne-moi autre chose.

J'ai l'impression d'être vide.

-

Je suis à tes pieds.

Je te tiens.

Je ne compte pas te lâcher.

Je me l'étais promis, mais je suis faible.

Mes jointures sont blanches sur ton pantalon.

-

- Je t'aime Quatre, laisse-moi partir, tu as eu ce que tu voulais.

-

Ce n'est pas ça.

Ce n'est pas vrai.

Tu ne me regardes pas.

-

- Regarde-moi.

- Non Quatre.

- REGARDE-MOI PUTAIN !

-

Tu baisses les yeux vers moi.

Tristesse.

Douleur.

Nous nous sommes détruits mutuellement.

-

- Fais-moi l'amour Trowa.

- Non.

- J'en ai besoin.

- Non.

- Prouve-moi… prouve-moi que tu m'aimes.

- Non. Pas comme ça, pas maintenant.

- Trowa…

-

Je remonte contre ton corps, m'agrippant à tes vêtements.

Je remonte doucement, mon corps a du mal à bouger.

Je t'embrasse.

Je ne pleure plus.

Tu pleures.

-

- Je suis désolé…

- Chuuuut Trowa.

- Tu m'as fait souffrir… et te voir jouer à l'allumeuse… j'ai craqué… mais tu ne méritais pas…

- Là, nous sommes d'accord.

-

Je t'embrasse, je te caresse.

Tu ne me réponds pas, tu gardes les bras le long du corps.

-

- T'es qu'un sale enfoiré.

-

Tu ris à travers tes larmes.

-

- Depuis quand parles-tu comme Duo, Quatre ?

- Depuis que je dois te faire comprendre…

- Quoi ?

- … de me faire l'amour.

- Quatre…

- Nous ne pouvons nier ce qui vient de se produire. Mais j'ai d'abord besoin de tendresse, de pouvoir te dire « oui », de te dire que je te veux, de te dire que je t'aime, de te le faire comprendre, de le vivre… Nous parlerons demain.

- …

- S'il te plait…

-

Tu me regardes bizarrement.

Qu'est-ce que j'ai encore fait ?

Ho.

Je te l'ai dit.

Encore une grande première…

Trop mélodramatique à mon goût celle-là.

-

J'ouvre la bouche pour m'expliquer, pour rectifier le tir…

Tu en profites pour m'embrasser enfin, avec amour, avec passion, avec désir.

Tu me réponds avec ton corps.

Tu es doux, tendre, tu t'occupes de moi lentement.

Tu me fais oublier la peur qui me secoue encore, la peur de ta rage passée, de la douleur ancienne, de te perdre.

Tu me fais me détendre avant de me prendre.

Nous nous redécouvrons.

-

L'horreur est toujours présente dans un coin de ma tête.

Cette expérience nous permettra de parler, de nous retrouver ou de nous séparer.

Nous verrons.

Mais j'ai confiance.

En toi.

En moi.

En nous.

Pour la première fois j'ai envie de prendre du temps, de faire attention, de te parler.

Ce ne sera pas facile.

J'y arriverai.

Tu t'es battu pour moi, pour nous pendant deux ans.

Je t'ai perdu.

Nous nous retrouverons.

J'ai confiance.

-

-

-

Le temps passa assez rapidement à partir de ce jour.

Même après l'arrestation du groupement terroriste, soi-disant écologiste, qui voulait ma peau, je l'ai gardé auprès de moi. Mais pas sans une sérieuse remise en question de notre relation précédente.

Dès que les données furent disséquées par un dialogue sans langue de bois, nous avions une base de travail pour un accroissement futur.

Je rétablis mes priorités à l'ordre du jour.

Il était important que la perfection sexuellement épanouie, socialement intégrée, mais affectivement affligée, que j'étais avant ces évènements, retrouve ses marques dans une vie quotidienne partagée. Plus question de passer la nuit à l'entreprise, plus question de travailler le week-end sauf véritable urgence, plus question de se cacher, telles furent les seules conditions que m'imposa mon homme, rien de bien compliqué en somme…

Comment l'ai-je appelé ?

Mon Dieu, ce n'est pas vrai !

Je commence à gagatiser.

Duo déteint sur moi, c'est la catastrophe !

-

Je réalisais avec bonheur que ma liaison, maintenant officielle, avec Trowa, ne défavorisait pas mes affaires.

Bien au contraire, il semblerait que ma félicité dans ma vie privée, avait un impact bénéfique sur mes contrats. En effet, d'après mon imbécile de meilleur ami, Duo, autoproclamé thérapeute de mon couple, mon sourire satisfait et réaliste rassurait mes clients sur la bonne santé financière de mon entreprise.

Ma relation était donc du bénéfice net.

-

Evidemment, de temps en temps, Trowa continuait à me prendre la tête.

-

- Est-ce que tu m'aimes ?

- Evidemment que je tiens à toi ! C'est d'une évidence !

- Je ne te demande pas si tu tiens à moi mais si tu m'aimes, la différence est de taille.

-

Houlà…

Bon, on s'écart prudemment, et on regarde.

Mais c'est qu'il est sérieux !

-

-

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Malgré tous ses défauts, malgré son égoïsme prononcé bien qu'inconscient, je ne peux le laisser seul face à un monde qui ne peut que le rejeter.

En effet, toute sa personne, ce qu'il représente, n'aide en rien à des rapports amicaux et naturels, mais plutôt à une jalousie ou à un ressentiment, sans oublié la possible reconnaissance ou l'admiration sans borne. Bref, tous les sentiments qui ne permettent jamais une communication d'égal à égal.

A sa manière, il m'aime, je le sais.

L'amour n'est pas la formation d'une entité nouvelle composée de deux personnes. L'amour est un sentiment entraînant une solitude sans borne, mais aussi une plénitude sans limite.

L'amour est et se doit de rester illogique.

C'est une construction atemporelle dans laquelle nous nous sommes lancés presque contre notre gré.

(extrait de : Solitude, Biographie d'un homme de pouvoir, éd. Robert Laffond)

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- Trowa ? Qu'es-tu en train de faire ?

- J'écris Quatre, je ne fais qu'écrire un peu.

- HA, parce que tu écris maintenant, c'est nouveau ça ! Bon, dépêche-toi, je suis crevé.

- Hum.

- Et puis je m'étais dit qu'il serait possible que tu viennes m'aider à ôter ce pantalon plus que gênant, la fermeture éclaire est coincée…

- J'ARRIVE !

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Version papier entre le 05 et le 22 octobre.

Voilà, c'est fini !
J'espère que cela vous a touché (même un tout petit peu), surtout toi Mithy, elle est quand même pour toi…

Que ça ne vous empêche pas de me dire ce que vous en avez réellement pensé, curiosité toute personnelle.
De toute façon, à bientôt.

HLO