Chapitre deux : Hisshô.


Ne demande jamais ton chemin à celui qui sait. Tu pourrais ne pas te perdre ! (Simone Bernard-Dupré ; Mélopée africaine)


Tsurugi trouva enfin l'endroit. Il lui avait fallu longtemps. Enfin, ce n'était pas inhabituel. Il avait toujours réussi à se perdre dans des endroits plutôt exceptionnels. Et puis, ce n'était pas si près de chez lui qu'il l'avait d'abord cru. Tsurugi jeta un léger coup d'œil par-dessus son épaule. Au retour, il faudrait faire attention. Inutile de se perdre une seconde fois.

Le jeune homme passa une main dans ses cheveux bruns éternellement en bataille, et sourit. Ses cheveux énervaient considérablement Toiki, sa petite sœur. Elle n'aimait rien tant qu'une chevelure lisse et longue ; lui avait les cheveux courts et emmêlés.

Ça lui plaisait, en fait. Il adorait taquiner Toiki.

Tsurugi sourit et s'approcha du dojo. Pour la dixième fois depuis son départ, il sortit l'adresse de sa poche, vérifiant le nom de celui qu'il devait rencontrer. Soma Kazuma, le maître du dojo de la famille Soma, qui vivait à l'extérieur du manoir. Tsurugi n'était pas sûr de bien comprendre ce concept « d'extérieur », et il s'en moquait un peu.

Il poussa lentement la porte coulissante du dojo, enleva ses chaussures et s'avança.

Un homme assez grand, assez musclé, assez âgé – encore que lui-même disait ça avec sa vision de blanc-bec de dix-neuf ans et qu'il fallait en tenir compte – était là.

« - Kazuma Soma ? appela Tsurugi. »
L'homme se retourna, pointant ses yeux perçants sur lui, et Tsurugi se dit qu'il aurait peut-être plus de mal que prévu à cacher ses vrais motifs.

Il s'inclina légèrement.

« - Hisshô Tsurugi desu. »

Il se redressa et soutint le regard de Kazuma pendant un moment.

« - Je cherche du travail, ajouta-t-il finalement. »

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Toiki passa une main dans ses cheveux, les repoussant en arrière. Elle adorait ses cheveux, lisses et impeccablement coiffés. Pas comme ceux de son frère.

Toiki soupira en repensant à ces cheveux-là. C'était vraiment un phénomène.

La jeune fille allait repasser la main dans sa chevelure fine, mais se retint au dernier moment. Sa classe lui jetait déjà des regards étranges, inutile d'en rajouter en cédant à son tic.

Mais se retenir de toucher ses cheveux, encore et encore, était un supplice pour elle.

C'est donc avec une immense joie qu'elle accueillit la fin des cours.

Elle quitta la classe sans un regard en arrière, se dirigeant vers la sortie du bâtiment. Arrivée là, elle se dressa sur la pointe des pieds et s'efforça de repérer la coupe au bol de Kara…

Là-bas.

Sourire au lèvres, Toiki fendit la foule en direction de son amie. L'adolescente était en compagnie d'une fille de son âge, aux cheveux fauve et aux yeux d'ambre.

Toiki s'arrêta un moment, troublée. Il lui fallut un moment pour comprendre que la fille qui accompagnait Kara avait exactement les mêmes yeux qu'elle. Même teinte ambrée, entre l'or et le roux. Ça avait quelque chose de captivant, au fond. C'était la première fois que Toiki rencontrait quelqu'un qui avait les mêmes yeux qu'elle.

Et à en juger par le regard que lui lançait l'adolescente, c'était réciproque.

Kara sourit.

« - Bonjour, Toiki-san.

- Ça faisait longtemps, ne, Kara-chan ?

- Hm.

- Qui est avec toi ? demanda Toiki

- Oh, c'est…

- Soma Kisa desu, se présenta Kisa.

- Voilà, approuva Kara.

- Enchantée, dit Toiki. Hisshô Toiki desu. Je suis une amie de Kara. »

Kisa hocha la tête.

« - Bon. Kara-chan, on y va ? Mirai-san nous a donné rendez-vous au café, et je dois aller à mon cours de danse après.

- J'arrive ! répondit Kara. Kisa, à demain, d'accord ?

- Au revoir, la salua Kisa. »

Et Kara emboîta le pas à Toiki.

« - Pourquoi Mirai-san nous a-t-elle appelés ? demanda-t-elle dés que Kisa fut hors de vue.

- Je ne sais pas, répondit Toiki. Je crois qu'il y a certaines choses qu'elle doit nous expliquer.

- Sur la malédiction ?

- Sur la malédiction. »

Kara hocha la tête, pensive, et jeta un regard en arrière.

« - Je crois que Kisa est maudite, déclara-t-elle. Mais je n'en suis pas sûre.

- On saura ça tout à l'heure, je suppose. »

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Kazuma hésita longtemps, observant avec attention le jeune homme. D'évidence, il était compétent et tout à fait capable d'enseigner à des élèves. La démonstration qu'il venait de lui faire suffisait à le prouver.

Pourtant, Kazuma ne pouvait s'empêcher d'avoir un doute.

D'abord, il était trop jeune ; il n'avait probablement pas fini ses études, et travailler ici lui prendrait un temps considérable ; Kazuma voyait mal une raison qui pourrait pousser un étudiant à perdre son temps ainsi…

Comme s'il pouvait suivre ses pensées, Tsurugi prit la parole.

« - J'ai raté mon concours d'entrée à l'université, expliqua-t-il. Je pourrais le repasser l'année prochaine, mais entre-temps, j'ai besoin d'argent. »

Kazuma hocha la tête. C'était tout à fait crédible, bien sûr. Mais il y avait quelque chose.

Il était trop doué. Ce n'était pas normal.

Pas comme ça.

D'un autre côté, Kazuma voyait difficilement comment être doué pouvait l'empêcher d'être recruté.

« - C'est d'accord, souffla-t-il. »

Mais il faudrait le surveiller de près.

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Kara partie, Kisa se dirigea à son tour vers les grilles du collège. La nouvelle élève était très gentille. Elle lui ferait visiter le quartier avec plaisir. Et si elles pouvaient devenir amies… Tant mieux ! Ça lui ferait au moins une amie dans la classe…

Kisa releva la tête et cilla, surprise. Hiro l'attendait devant les grilles.

L'adolescente sourit et rejoignit son cousin.

« - Hiro-chan, tu es venu me chercher ? demanda-t-elle doucement. »

Hiro rougit et détourna les yeux.

« - Ouais.

- Ça me fait plaisir. Merci. »

Les joues du jeune garçon devinrent cramoisies, et il se retourna brusquement.

« - Bon, on y va ? dit-il d'un air bougon. J'ai pas que ça à faire ! »

Et il s'éloigna à grands pas. Kisa sourit et courut pour le rattraper.

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Tsurugi sortit et poussa un soupir de soulagement. Kazuma se méfiait de lui, c'était évident. Il faudrait qu'il soit prudent s'il ne voulait pas être repéré.

Encore que, être repéré par le maître du dojo ne serait pas un si grand mal. Il n'était pas maudit. Ça se voyait comme ne nez au milieu de la figure.
Donc il n'avait aucune raison de savoir, aucune raison de comprendre…

Tsurugi ressortit le papier où il avait noté l'adresse et le retourna. Au dos, il y avait l'adresse du café où il devait retrouver les autres, avec un plan griffonné rapidement par Mirai pour qu'il ne se perde pas.

Tsurugi sourit. C'était gentil de sa part, mais il n 'avait jamais rien compris aux plans.

A suivre...


Nom : Tsurugi Hisshô
Age : 19 ans
Cheveux : bruns, hérissés
Yeux : brun sec
Signe particulier : ne tombe jamais malade
Pouvoir : maîtrise toute forme de combat

Nom : Toiki Hisshô
Age : 14 ans
Cheveux : noirs et longs
Yeux : ambrés
Signe particulier : a de gros problèmes pour démêler ses cheveux
Pouvoir : contrôle le hasard/toile de cheveux (1)

(1)ce pouvoir vient d'Inu-Yasha