Dans Mes Veines
Un évènement du passé et un acte au présent changeront leur futur...
Dans mes veines... C'est autant dans celles de Tony, que dans celles de Gibbs, que dans les miennes et aussi dans les vôtres, j'en suis sûre. Ai-je besoin de nommer ce qui coule en nous ? ...Amour...
Situé à la fin de l'épisode 1.22. Spoiler Saison 3 sur Gibbs car lorsque je me suis aperçue de la coïncidence de mon idée et de la vie de Gibbs, je ne pouvais plus l'ignorer et j'ai donc fait le lien entre Mon Tony et lui.
Voilà ce que m'a inspiré ma pause vacance. Je n'abandonne pas mes autres fanfictions, celle-ci ne devrait pas faire plus de 5 chapitres… Alors, si le premier chapitre vous plaît vous savez ce qu'il vous reste à faire... et puis, ça m'encouragera à retranscrire ce que j'ai sur papier... Merci d'avance !
Chapître I
Ton Présent
L'open-space était calme, il ne restait plus que Gibbs à son bureau. Il n'avait plus vraiment de raison d'être là. Les dossiers sur l'enquête Johnson étaient désormais tamponnés "Affaire Classée". Abby et Ducky étaient rentrés après leur avoir amené à dîner, se doutant qu'une fois de plus, ils termineraient tard. Et effectivement, il était vraiment tard quand Kate, McGee et Tony lui rendirent leur rapport et il avait suffit d'un hochement de tête à Gibbs pour leur faire comprendre qu'ils pouvaient rentrer.
Il aurait pu rentrer lui aussi, pourtant il était toujours là, il rechignait à fermer le dossier sur une vie gâchée de la sorte. Ce n'était ni un meurtre, ni un accident dû à une négligence mais un suicide. Et Gibbs refusait de résumer la vie du Lieutenant Johnson à ce mot. Rick Johnson ne pouvait pas aimer, aimer un homme pour être clair et se sentir libre. Le regard de sa famille et ses convictions religieuses n'étaient pas à exclure des ses raisons mais surtout, l'armée était si importante qu'il n'avait jamais pu la quitter. Il avait préféré quitter la vie... Ou peut-être n'était-ce pas ça ? Avec le suicide, on ne sait jamais tout à fait. Multiples raisons qui peuvent se résumer en une seule... Jethro le savait, il le savait que trop ... Et surtout Gibbs en avait assez d'arriver quand c'était trop tard.
En ce qui concernait l'équipe, Kate avait bien encaissé. Elle avait trouvé un réconfort chez le Père Clannon, même si elle aurait préféré qu'il ne soit pas voué à Dieu mais plutôt à elle. Lui-même avait trouvé un apaisement dans cette église et allumé ces bougies, une pour chacun de ses anges. Par contre quand il regardait Tony, il y avait quelque chose qui retenait son attention. Tony était vraiment trop calme, il y avait une fausse note quelque part. Etait-ce dû uniquement à cette affaire ou à autre chose ? Gibbs avait remarqué le silence dans lequel Tony était resté depuis qu'ils étaient revenus de leur entretient avec Denise, la femme du Lieutenant. Mais Jethro se demandait surtout si ça ne datait pas de plus tôt, de beaucoup plus tôt. On avait l'impression de tout savoir sur DiNozzo, de le cerner, mais ce n'était qu'un reflet dans l'eau qui se brouillait dès qu'on regardait de plus près, comme des ronds dans l'eau qui finissaient par vous donner toute une autre perspective.
Depuis quand regardait-il DiNozzo pour essayer d'aller au-delà ? Depuis plus longtemps qu'il ne voudrait bien l'admettre. Des questions, il en posait sans arrêt aux autres : aux témoins, aux suspects. Mais des questions à Tony jamais ... ? Les questions essentielles, celles qui changeraient leur vie à tous les deux. Il voulait le connaître mieux, bien mieux. Alors pourquoi ne pas le faire ?
- Patron ?
Gibbs releva la tête surpris de reconnaître la voix qui l'appelait :
- DiNozzo !
- Oui, je voulais te parler, j'attendais au parking mais tu n'arrivais pas et je voulais savoir alors ...
Tony avait l'air complètement perdu, là devant lui. Il avait sûrement répété son entrée en matière une bonne centaine de fois mais ça n'avait pas suffit à l'aider.
- Savoir quoi ? le questionna donc Gibbs.
- Oui, bien sûr. Tu ... enfin je dois ... mais ...
- DiNozzo ?
- Ce n'est pas clair, je sais.
- Tout à fait.
- Je vais y arriver.
L'agent du NCIS respira un bon coup et se lança enfin :
- J'ai besoin d'un congé de trois jours maximum. Mais surtout, j'aurais voulu savoir si tu ...accepterais de m'accompagner. Je dois être là-bas... enfin à Evanston, pour vendredi. Je partirais demain après-midi, un vol pour Chicago. Je comprendrais si tu refusais. Voilà, c'est dit. Maintenant, tu peux dire non et on en parlera plus...
En voyant l'angoisse de Tony si grande à la perspective d'aller "là-bas", Gibbs sut tout de suite l'importance de ce qui était en jeu et surtout que Tony avait besoin de lui.
- Tony !
- Oui ?
- Je peux en placer une ?
- Bien sûr, Boss.
- Pourquoi dois-tu aller là-bas ?
- Une commission de remise en liberté conditionnelle se réunit pour la prison de Joliet et je dois y intervenir.
- Pour ou contre ?
- Contre, absolument contre.
La réponse avait été lancée immédiatement, sans une hésitation. Tony ne pouvait imaginer une autre solution à cette question apparemment.
- Pourquoi la commission ne se réunit-elle pas à Joliet ?
- L'avocat du demandeur a obtenu cette faveur du juge, preuve qu'il est très doué et donc, je dois y être absolument. Il ne peut pas être remis en liberté.
- Une enquête pour Baltimore ou Philadelphie ?
Depuis que Tony était au NCIS, il n'avait marqué aucun retour vers son passé, il ne regrettait pas ces précédentes affectations. Il racontait bien certaines anecdotes mais elles ne représentaient aucunement ce qu'il avait vécu en tant que flic, Gibbs en était bien conscient. Donc, il se demandait quelle enquête amenait Tony vers un tel retour en arrière. Un retour qui lui faisait du mal, mais qu'il se devait de faire pour parvenir, une bonne fois pour toute, à surmonter ce qui avait marqué son passé. Gibbs le voyait très bien.
- Aucune des deux.
- Péoria ?
- Non plus...
Tony regarda enfin Gibbs et lui dit dans un murmure :
- J'avais 16 ans. J'ai vécu là-bas un peu plus d'un an...
Tony s'arrêta, il aurait voulu en dire plus à Gibbs mais c'était bloqué et puis pas ici, pas au NCIS qui serait alors définitivement lié à ça et c'était hors de question :
- Tony ?
Gibbs était vraiment perdu maintenant.
"Je ne savais pas pour cette année de la vie de Tony et pour les autres non plus en fait, je dois bien l'admettre. Même si j'ai lu et relu son dossier personnel plus que nul autre, il n'était rempli ironiquement que de mots impersonnels. De plus, s'il était mineur au moment des faits, rien n'a été mentionné dans son casier et donc, Tony n'avait pas à en parler ... Enfin, il aurait pu si j'avais accepté d'écouter..."
- Je te dirais tout, seulement pas ici, pas maintenant, il...
- Il te faut encore un peu de temps.
- Alors ça veut dire oui ?
- Je vais prévenir Kate et demander à McGee de revenir.
Gibbs vit le visage de Tony pâlir.
- Pas pour faire leur sac, DiNozzo. Mais pour les prévenir de notre absence, ils se débrouilleront.
- Oui, bien sûr. Pardon... Je sais plus où j'ai la tête. J'ai hâte que tout ça soit fini. Bon, je passerai te prendre pour l'aéroport à 15 heure et j'aurai du café, dit Tony, en pivotant vers la sortie.
Tony avait une boule dans la gorge mais il était parvenu à la contenir. Il était soulagé que Gibbs ait accepté, même s'il savait que tout serait différent après ça.
Arrivé devant l'ascenseur, il se retourna :
- Merci, Patron.
Et l'ex-Marine était de nouveau seul. Peut-être plus pour longtemps, qui sait ?
"Tony a besoin de moi... de moi !" se répétait Gibbs. "Tony a dû témoigner alors qu'il était encore adolescent ! Et il était prêt à m'en parler ! Et toi Jethro, à quoi es-tu prêt ? "
Le lendemain, Tony était à l'heure et les cafés présents comme promis. Il essayait d'être comme d'habitude mais il restait de longues minutes sans rien dire. Gibbs avait décidé de lui laisser du temps, il savait que Tony lui parlerait. C'était cette complicité entre eux qui lui permettait d'en être sûr. Elle était née sans effort, s'était épanouie sans qu'il puisse l'empêcher et demeurait solide comme il n'en avait jamais connu. Quand certaines personnes lui demandaient "Pourquoi DiNozzo faisait-il toujours partie de son équipe ? ", Gibbs se contentait de répondre : "Tony et moi, ça fonctionne." Parce qu'il pourrait leur parler de ses qualités d'enquêteur, de son humanité, de son sourire, de cette vie en lui : cette vie pour laquelle il luttait tous les jours, la sienne et celle des autres, surtout celle des autres. Et par dessus tout, il avait ce soucis constant de prendre soin de l'équipe et du patron. Et l'air de rien, il parvenait toujours à les éloigner des ténèbres de l'enquête... Et Jethro savait qu'ils ne pourraient pas leur faire comprendre.
Et puis surtout, ce qui le troublait toujours c'était que Tony restait avec lui... avec lui. Oui, Tony et lui, ça fonctionnait. Car il avait beau avoir l'air d'un macho, dragueur et bla bla bla, ce n'était qu'un air et Gibbs ressentait une fragilité émaner d'Anthony.
Maintenant, ils étaient dans l'avion, Gibbs avait laissé le hublot à Tony. Jethro imaginait aisément qu'il n'avait pas dû beaucoup dormir ces derniers temps. Tony avait d'ailleurs sorti un dossier de son sac. Prouvant à Gibbs qu'il avait raison et, qu'en plus de son boulot au NCIS, il avait encore travaillé sur ça. Et comme Gibbs l'avait prévu, la vision des nuages et du jeu avec le soleil avait apporté le calme à Tony et le sommeil avait suivi. Gibbs ne pouvait s'empêcher de regarder le dossier. Il devait contenir les renseignements sur ce qui était arrivé, il y a 16 ans. Et l'ex-Marine, au prix d'un énorme effort, parvint à se retenir d'y jeter un oeil et de ce fait, il enclencha le premier film disponible, sans trop savoir ce qu'il choisissait : Coeur Sauvage. Petit film sans prétention, sans effets spéciaux, pas de bouleversements cinématographiques en vue non plus mais agréable ... Et alors que le générique de fin s'imprimait sur l'écran, la chanson qui n'était qu'une mélodie dans le film reprenait ses paroles originales et Gibbs parvint enfin à y mettre un nom : Nat King Cole avec Nature Boy.
" There was a boy
A very strange enchanted boy
They say he wandered very far, very far
Over land and sea
A little shy and sad of eye
But very wise was he
And then one day
A magic day he passed my way
And while we spoke of many things
Fools and kings
This he said to me... "
Gibbs tourna la tête vers Tony. La fin du vol était proche et il dormait toujours.
"A mes côtés." pensa Gibbs, en souriant. "Quelle paix je ressens toujours quand Tony est là. Et lui que ressent-il à mes côtés ? "
Gibbs vit alors que la première page dépassait de la farde : une photo. Pas de textes explicatifs, juste un cliché. Gibbs savait combien une photo pouvait être autant évocatrice qu'un long discours et malgré toutes les raisons du monde de ne pas le faire, il ne put résister et tira dessus. Il ne fit aucune découverte sur le dossier, par contre son coeur se trouva marqué d'une nouvelle certitude : il était à Tony et le serait toujours. Le cliché était en noir et blanc, ce n'était ni une photo de victime décédée et ni le coupable. C'était une photo d'Anthony adolescent. L'artiste, car s'en était un, sans aucun doute, avait su capter Anthony. Le révéler. Et Jethro pu voir que déjà, à l'époque, il était superbement irrésistible. Seulement, Anthony ne devait pas s'en rendre compte. Aujourd'hui, il le savait mais ça ne le rendait pas plus heureux. Tony était toujours seul, ne laissant personne vraiment s'approcher, Gibbs le savait.
"Superbement irrésistible ... Et oui, je l'ai pensé et ne vais plus me le cacher. Je fantasme sur un homme... Non ce n'est pas ça, c'est Anthony qui provoque cela en moi. Juste Tony."
Gibbs regarda alors Tony, l'homme de ses pensées. L'apaisement de ses traits, le dessin parfait du contour de son visage. Alors que ses paupières étaient closes, Jethro retrouva, sans difficulté, la nuance de vert intense des yeux de Tony. Ce regard vert qu'il aimait sentir sur lui et qu'il cherchait de plus en plus souvent. Ses lèvres que Jethro imaginait douces et puissantes à la fois, comme le sourire qu'elles étaient capables de créer. Et tout ça était déjà sur la photo mais elle montrait surtout une force et une fragilité entremêlées ainsi qu'une recherche, une attente, un espoir contenu dans le coeur.
"Et qu'il a encore aujourd'hui quand on sait le regarder. J'ai cet espoir fou, tout d'un coup, de pouvoir lui offrir ce qu'il attend depuis si longtemps..."
"The greatest thing you'll ever learn
Is just to love and be loved in return"
Gibbs replaça la photo et effleura la main de Tony.
"Que sa peau est douce ! J'y pense sans arrêt depuis que mes mains se sont attardées sur lui quand je lui ai dit qu'il était irremplaçable après l'affaire Atlas. Je le pensais sans aucun doute possible. J'avais été si inquiet, si perdu. Je l'avais laissé seul. Puis, toutes ces images affreuses des corps abandonnés dans les égouts ! Et jusqu'à ce que je le retrouve, comme je le lui avais promis, j'ai frissonné, j'ai eu mal sans lui. Bien sûr, j'ai repris le contrôle et Tony a dû faire face à McGee assis à son bureau ! Je m'en suis voulu de jouer ainsi avec lui mais j'étais troublé, une fois de plus, par les sentiments qui me traversaient. Nous étions si proches. Si nous avions été seuls, j'aurais pu découvrir les autres parties de son corps ... Avec toutes ces pensées, j'aurais cru avoir honte de moi mais désormais, j'en ai assez d'avoir honte. Ce n'est que de l'Amour ! De l'A... !"
- Bonjour, Boss !
Tony avait les yeux ouverts. Il regardait son Boss et se demandait à quoi il pensait. Un peu à lui, rien qu'un peu, il aimerait tant que ce soit possible.
- C'est bien que tu sois réveillé. On va bientôt atterrir. Il y avait un léger encombrement sur les pistes mais ce sera à nous très vite, dit Gibbs, pour se donner une contenance.
- J'ai bien dormi. Merci, amorça Tony.
- Pourquoi me dis-tu ça ?
- Tu savais que je m'endormirais : le hublot !
- Tu as raison, je te connais.
- Pas encore tout à fait, répondit Tony, en fixant son regard sur le dossier.
- Tony, regarde-moi, son agent revint vers Gibbs et il continua : Je suis là. Et si le temps est venu que les choses changent, j'en suis content et quoi que tu me dises, je ne te laisserais jamais.
- Semper Fi. Merci, Patron.
"Semper Fi ! Si ça pouvait n'être que ça..." pensa Gibbs, tandis que la voix de l'hotesse leur demandait de mettre leur ceinture.
Une fois débarqués, Tony se chargea de louer une voiture tandis que Gibbs récupérait les bagages. Tony prit le volant, Evanston n'était même pas à 30 minutes de Chicago. Gibbs, en regardant le paysage défiler, pensait que ça devait sûrement être le genre de petite ville où les choses restaient comme dans les souvenirs. Même magasins, même familles, même professeurs... Pas toujours évident de revenir dans ces lieux qui vous rappellaient ce que vous aviez essayé d'oublier en partant.
Alors qu'ils roulaient depuis déjà un bon quart d'heure, Gibbs vit que Tony souriait en le regardant par le rétroviseur interposé :
- Que se passe-t-il ?
- Tu fredonnes.
- Sûrement pas !
- Si je t'assure. C'est une chanson de Nat King Cole.
- Oh oui, elle était dans le film que j'ai vu dans l'avion.
- Ah oui, le titre ?
- Je ne sais plus trop.
- Raconte, ce sera comme un jeu.
- Je ne joue pas, DiNozzo.
- Ca me permettra de penser à autre chose.
Gibbs suivit le regard de Tony : la plaque "Evaston" s'annonçait à eux.
- Ok, mais je raconte pas bien, je suis pas Ducky.
- Patron ! dit Tony, en souriant.
" S'il savait comme je le trouve merveilleux, qu'il est l'homme qui m'a tout appris, qu'il est l'homme en lequel je crois ... qu'il est l'homme que j'..."
Mais Tony arrêta net ses pensées, il ne pouvait pas se faire d'illusions. Il avait si peur de ce qui allait arriver quand Gibbs saurait. Seulement, il savait qu'il ne pouvait plus continuer comme ça et qu'il devait parler à Gibbs. Tony espérait qu'il ne lui demanderait pas de partir du NCIS et de sa vie. Alors pendant le temps qu'il lui restait, il voulait que tout se passe comme d'habitude. Et si Gibbs commençait à parler de ciné avec lui, ça lui donnait l'espoir...
Face au sourire de Tony, Gibbs capitula donc et commença :
- C'est une fille...
- J'ai trouvé.
- Quoi ? Comment peux-tu avoir déjà trouvé ?
- Non, tu as raison, je me suis trompé, il y a toujours une fille.
Gibbs le frappa derrière la tête :
- Ca me manquait...
- A ton service, DiNozzo. Bon, je continue. Donc, la fille travaille dans un snack bar. Un soir en rentrant, elle se fait agresser par deux clients louches. Elle est sauvée par un gars... Adam, je crois que c'est ça.
Tony allait répliquer comme la fois précédente en disant ironiquement "Il y a toujours un gars" mais Gibbs anticipa et leva donc sa main.
- Ca te manque encore ?
- Je t'en prie, continue, répondit Tony.
- Il travaille avec elle mais il reste à l'écart, silencieux et mystérieux. Seulement au fur et à mesure, elle s'aperçoit qu'il est amoureux d'elle depuis longtemps et alors qu'elle cherche l'amour avec des types minables, lui est là.
- Il a pas un truc au coeur.
- Oui, c'est ça.
- Coeur sauvage, c'est ça, finirent-ils par dire ensemble, sourire aux lèvres.
Puis Gibbs continua :
- Il a besoin d'une transplantation mais il dit que c'est son coeur. Qu'il a peur de ne plus l'aimer comme il l'aime si on lui en met un nouveau et autres allusions du genre.
- Et il dit que lorsqu'il écoute ce disque "Nature Boy", qu'on lui a donné à l'orphelinat, la pluie s'arrête de tomber... Tu as dû verser une petite larme !
- Bien sûr.
- Grand romantique, j'ignorais.
- Je peux encore te surprendre.
- Je ne demande que ça, murmura Tony.
Ne sachant pas si Gibbs l'avait entendu, Tony ne voulut prendre aucun risque et changea de sujet très vite.
- Nous y sommes, dit-il, en désignant le panorama de la ville qui s'offrait à eux. Profites du côté pittoresque. Les bungalows seront bientôt visibles normalement. J'ai téléphoné pour réserver.
- Pas d'hôtel ?
- Non. La ville aurait refusé.
- Depuis quand n'as-tu pas mis les pieds à Evanston ?
- 16 ans. Mais il y a des choses qui ne changent jamais.
- Tu as encore des amis ici ?
- Je n'ai jamais eu qu'un seul ami et il n'est plus là.
Gibbs avait perçut à nouveau une douleur immense à cette évocation, il se demandait où tout cela le mènerait.. où tout cela les mènerait. Ensemble, il le lui avait promis. Il le surprendrait ...
Tony se gara et sortit les sacs du coffre. Ils se dirigèrent vers la maison d'accueil où les formalités habituelles les attendaient. La réservation concernait un bungalow avec deux chambres, salle de bain, coin cuisine et sur la demande de Tony, le frigo avait été rempli ainsi qu'une armoire entière pleine de café. Un réflexe devenu inné chez DiNozzo, une habitude prise par Tony tellement ils se connaissaient, mais surtout une attention de la part d'Anthony. Réalité qui fit sourire Gibbs tandis qu'ils se dirigeaient vers le bungalow numéro 12.
Depuis le temps qu'ils travaillaient ensemble et par leurs divers déplacements, Tony et Gibbs savaient quoi faire pour investir un lieu, que ce soit arme au poing ou bagages à la main. Ils fonctionnaient en duo sans avoir besoin de se concerter avant. Jusqu'où ce duo pouvait-il exister ? Se l'étaient-ils demandé ?
En tout cas, cette occupation de "l'espace" permit à Tony de ne pas penser au "temps" qui passait, au temps qui le ramènerait vers le passé. Il prépara du café à Gibbs tandis qu'ils attendaient la pizza qu'ils avaient commandée. Ensuite, ils mangèrent en silence. Tony était reconnaissant à Gibbs de ne pas le harceler de questions car il devinait aisément combien Gibbs attendait de comprendre...
" ...de me comprendre et d'accepter... peut-être." compléta Tony alors qu'il avait le coeur qui battait à tout rompre rien que d'y penser.
Alors il se chargea de débarrasser la table et partit à la cuisine. Ce fut là que le temps rattrapa Tony. Il regardait par la fenêtre, qui donnait sur les différents sentiers de promenades qui s'enfonçaient dans les bois, quand il vit passer un jeune en blouson de l'équipe de foot. Il était en train de rejoindre un autre, pour qui il changea de sentier. L'instant d'après, ils avaient disparu et Anthony se demanda si ce qu'il avait vu, était vrai ou si c'était une réminiscence de lui et de ...
Vu le temps que mettait Tony pour se débarrasser d'une boite à pizza, Gibbs vint dans la cuisine pour savoir s'il avait besoin d'aide. Et il trouva la pièce vide, il n'y avait plus de DiNozzo. Seule la porte de derrière indiquait la direction qu'il avait prise. Gibbs avait très bien saisi le trouble de Tony et le besoin qu'il avait eu de prendre l'air, de respirer. Tony ne se défilerait pas, il lui parlerait bientôt, mais ce qui troublait Jethro, c'était qu'Anthony semblait croire qu'il le rejetterait après ça !
Jethro s'approcha de la fenêtre, pour voir s'il pouvait déterminer quel chemin il avait emprunté mais en fait, il vit son agent assis à terre sur la première marche du chalet.
"Il ne s'est pas éloigné de moi... au moins physiquement parce que pour l'esprit, il devait être loin."
Puis les premières gouttes d'un orage se mirent à tomber. Gibbs voulait aider Tony, seulement était-ce le laisser là ou le rejoindre qui l'aiderait ? Gibbs voulut faire demi-tour et lui laisser du temps, seulement, il surprit un mouvement qui le ramena vers Anthony. Il était imperceptible pour les autres mais pas pour les yeux de Gibbs qui s'étaient depuis longtemps fixés sur son agent. Il s'agissait d'un frisson dont Jethro savait qu'il n'était pas dû au froid. Il poussa la porte, s'avança jusqu'à Tony et resta debout.
Tony sentit la présence de son Patron à ses côtés, il vit la main de Gibbs se tendre :
- Ne reste pas seul, tu n'es pas seul. Rentres avec moi, s'il te plaît, Tony.
Tony regarda cette main, leva la sienne, s'y agrippa et la force de Gibbs l'aida à se remettre debout. Ainsi relevé, sur la première marche du perron, Tony se retrouvait de la même taille que Gibbs. Leurs yeux parfaitement plongés dans ceux de l'autre et leurs lèvres qui auraient pu parfaitement s'accorder.
Leurs mains étaient toujours liées. Et Tony réalisa que si le passé voulait refaire surface, il ne l'en empêcherait plus. Il lui ferait face mais pas seul, Gibbs serait là. Il était prêt à lui parler. Tony hocha la tête, Gibbs comprit et ils rentrèrent ensemble dans le chalet. Leurs mains toujours l'une dans l'autre...
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