Chapître IV

Passés Recomposés

J'espère que ce chapitre vous plaira. J'ai sans doute pris une direction différente de celle que vous pensiez ...

Pour les Reviews, je vous remercie du fond du coeur.

En réponse à Remissia et à la remise de peine possible de Lyle, j'ai sûrement un manque de confiance envers la justice, en plus ne dit-on pas qu'elle est aveugle. Je sais, bien sûr, que c'est réducteur. Seulement Lyle n'a pas été condamné à perpétuité et le procès ne pouvait faire mention de son passé (les actions contre lui à New York) car on ne peut être jugé deux fois pour la même affaire. Ensuite, avec un bon avocat et une comédie bien rôdée de conduite irréprochable, ce ne serait pas le premier criminel à être relaché sous condition.

Je dois dire que je n'y avais pas réfléchis, c'est venu naturellement dans l'histoire mais Remissia a bien fait de poser ce commentaire. Ca m'a permis d'y réfléchir. Je préfère cela au silence.

Bonne lecture et dites moi, please ...

--------------------------------------------------------------------------------------

Gibbs, savourant son café, admirait le corps de son amant, de son partenaire particulier, très particulier. Gibbs repensait à cette nuit. Elle n'avait pas apaisé ce besoin de Tony, au contraire, il s'était embrasé.

Leur âme avait vécu des épreuves similaires, Tony ne s'en doutait pas et Gibbs voulait lui parler. Ils ne pourraient pas se construire ensemble sinon. Le moment se présenterait de lui même, il saurait le reconnaître.

La veille, Tony s'était lové dans ses bras si facilement, comme si leurs corps étaient fait pour s'accorder ainsi. Gibbs avait ensuite calqué sa respiration sur celle de Tony et avant de s'endormir, il avait murmuré au silence de la nuit et à l'âme de Tony : " Je t'aime, Anthony DiNozzo. J'ai vécu pour te connaître."

L'attention de Gibbs fut alors attirée par Tony, il venait de bouger et le drap avec lui, découvrant un peu plus son corps. L'agent du NCIS avait ressenti sur son corps chaque parcelle de Tony mais par dessus tout, il avait ressenti chaque battement de son propre coeur et aussi chaque battement du coeur d'Anthony, il en était persuadé. Le soleil caressait la peau de DiNozzo et ce matin, il en connaissait la douceur et le gout. Ses cheveux ébouriffés, son cou, les muscles de son dos jusqu'à sa chute de reins, ses mains...

Tony n'avait jamais aussi bien dormi mais il était temps de se lever et de retrouver son Boss. Les paupières de Tony s'ouvrirent sur une nouvelle journée, qui représentait plus encore quand il repensait à la nuit dernière. Il était avec Leroy Jethro Gibbs dans tous les sens du terme. Il avait trouvé... ou plutôt, il avait été trouvé. Il était fait pour Jethro : ses yeux sur lui, pour ses mains sur lui réchauffant son corps et plus que tout son âme... C'était si stupide, midinette, irrationnel mais c'était là comme une lumière et elle ne s'éteindrait plus jamais...

Il sentit un regard sur lui et tourna son visage. Jethro, une tasse à la main, le regardait. Gibbs l'avait regardé dormir et là, Gibbs le regardait revenir à lui. Tony admira la prestance naturelle de son amant : magnifique dans son pantalon beige et sa blouse blanche rehaussant encore ses cheveux poivre et sel. Tony se rendit alors compte que le drap le couvrait à peine et pourtant, il ne fit rien pour changer cela. Il aimait le regard de Gibbs sur lui. Il n'avait pas envie de s'en priver, il pourrait rester là des heures... et encore plus si Gibbs le rejoignait !

Il sourit à son amant et annonça :

- Je savais que j'avais senti l'odeur du café.

- Tu sens le café mais tu n'entends pas la sonnerie de ton portable.

- Il faut croire que tu déteins sur moi car j'ai vraiment envie de caf... Quoi ? La sonnerie du portable ! Pourquoi ? Tu as décroché ? dit Tony, prêt à se lever.

- Ne t'inquiète pas, lui assura Gibbs, tout en s'asseyant sur le lit.

- C'était l'avocat du procureur ?

- Oui, pour dire que la commission était reportée, voire annulée.

- Pourquoi ?

- Whitman serait impliqué dans une bagarre avec un autre détenu en transit. Alors, ils vont se donner le temps de démêler ça et d'annuler s'il l'a bien provoquée, expliqua Gibbs alors que Tony hochait la tête de gauche à droite.

- Je ne comprends pas pourquoi Whitman aurait fait ça ! Je ne le défends pas, sûrement pas. Si la commission est annulée, ça m'évite de le revoir, de reparler de tout ça, seulement c'était sa chance...

- Détend-toi. S'il faut revenir, nous reviendrons ensemble.

- D'accord. Je suppose que tu veux rentrer. Le boulot...

- Pourquoi ? On est bien là, tu ne trouves pas ? dit Gibbs, en plaçant sa main sur les pectoraux de Tony.

Cela étonnait Jethro, lui-même. Seulement, ils avaient l'occasion de passer encore du temps ensemble avant de reprendre le travail et Gibbs voulait en profiter. Profiter de Tony, l'avoir rien qu'à lui. Avant leur retour à Washington, il leur faudrait parler de ce qu'ils voulaient et le temps qu'ils passeraient ici lui éclaircirait peut-être la voie. Gibbs savait ce qu'il voulait mais ça lui ressemblait si peu qu'il ignorait quoi en penser et si Anthony était prêt pour ça ... S'il était prêt à vivre avec lui...

- Si, finit par dire Tony, en marquant doublement son accord d'un hochement de tête, positif cette fois.

Gibbs l'étonnerait donc toujours et du coup, il avait moins peur pour la suite, même s'il ignorait quelle suite aurait lieu ?

- Tu pourrais me montrer des endroits qui t'ont laissé de bons souvenirs.

Tony allait refuser mais Gibbs le devança :

- Je sais qu'il y en a et puis, ça changera l'image que tu as gardée. Elle sera différente car il y aura un peu de nous, même si ça restera toujours la ville où je t'ai vu nu pour la deuxième fois.

- Deuxième ?

- L'iguane.

- Ah oui !

Et Tony se mit à rougir en même temps.

- Anthony DiNozzo en train de rougir.. J'adore, dit Gibbs, en se penchant pour l'embrasser.

- Ca a été trop vite à Guantanamo. Tu n'as rien pu voir de ...

- Que tu crois ! le taquinna Gibbs, en haussant les sourcils, tout en descendant son regard sur le bas du corps de DiNozzo.

Et Jethro fut ravi de voir Tony rougir à nouveau avant qu'il ne reprenne son côté joueur et lui dise :

- Oui et puis maintenant, tu as eu tout le temps de voir les défauts.

- Quel défaut ! dit Gibbs, en posant sa tasse de café. Tout ce que je vois est parfait et le reste aussi, ajouta-t-il, en laissant sa main glisser plus bas.

- Tu en es sûr ? joua Tony.

- Tu as raison, ça mérite d'être vérifié.

Et Gibbs dégagea le drap d'un coup sec et détailla Tony tout entier, ses yeux remplis d'une invitation sans équivoque.

Tony le laissa faire, flatté et aussi pour apprécier cette chaleur, qui montait en lui, en sentant le bleu intense des yeux Gibbs le parcourir. Puis, il eut envie des mains de son amant sur lui, il eut envie du corps de Jethro collé au sien et il eut envie de son amant en lui, il eut envie de lui en Gibbs, de ne faire à nouveau plus qu'un et il embrassa son mâle avec fougue, tout en l'entraînant à lui...

Lorsqu'ils sortirent du bungalow, Tony et Gibbs avaient dans le regard cette étincelle du plaisir reçu et de celui d'en avoir donné et ainsi qu'un sourire signifiant qu'ils en avaient encore envie. Mais "chaque chose vient à point, à qui sait attendre" ! Oui mais pas trop longtemps alors...

Tony prit le volant, en annonçant qu'ils allaient au stade : ses heures de gloire. Il parla des matchs disputés, des défaites et des victoires in extremis et de Jarod en train de l'encourager. Gibbs était content pour Tony car il parlait de son ami. Il se souvenait de lui et le partageait avec lui.

Au stade, ils accédèrent au terrain, qui d'après Tony n'avait pas connu de grand changement afin de maintenir l'aura de son passage. Du bord du terrain, Gibbs sourit à cette déclaration et regarda Tony avancer sur le gazon.

- ... l'éclat de la grande époque, ajouta encore DiNozzo.

- Et si c'était uniquement dû à un manque de financement. Ou plutôt pour ménager la sensibilité des anciens.

- Tu insinues quoi exactement ! dit Tony, malicieux.

- Rien du tout, joueur senior, dit Gibbs, en riant.

- Je peux encore te faire un plaquage en bonne et due forme et sans soucis.

- Je ne voudrais pas briser une illusion.

Et Tony démarra au quart de tour et se dirigea vers Gibbs en courant. Ce dernier fut surpris mais suffisamment rapide pour l'éviter et se retrouver derrière DiNozzo qui se retourna aussi sec. Gibbs souriait et savait que son agent ne se laisserait pas démonter pour si peu, alors Jethro recula prêt à pivoter pour partir devant. Mais Tony amorça cette série de petits pas dont lui seul avait le secret. Un jeu de jambes de sportif certes mais auquel il y ajoutait le style DiNozzo, la touche Tony. Et Gibbs éclata de rire. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait vu. Le dernier en date a y avoir eu droit était McGee lors de son "apprentisage" d'une perquisition style agent spécial DiNozzo. Quand Tim l'avait raconté à Abby, Gibbs arrivait au labo. Il avait attendu et savouré l'image de Tony dans sa démonstration et heureusement, le rire d'Abby avait couvert le sien.

"Déjà là... J'étais déjà à lui à ce moment-là. Peut-être dès que je l'ai vu ce jour-là à Baltimore... "

Parti dans ses souvenirs, Gibbs fut prit au dépourvu et se retrouva à terre. Tony sur lui. Ils se mirent à rire de plus bel tous les deux.

- Le style DiNozzo ! C'est de la triche comment je résiste à ça ?

- Aucun moyen, en effet. Alors ?

- Alors quoi ?

- Je suis toujours le meilleur. Je veux l'entendre !

- Je ne vois pas de quoi tu ...

Les lèvres de Tony prirent possession de celles de Jethro et le laissèrent haletant quand son partenaire de jeu les libéra.

- Alors ?

- Le meilleur, c'est toi. Sans aucun doute.

Le visage de Gibbs se souleva en appel d'un autre baiser. Tony se recula un peu, juste assez pour le torturer et surtout ravi de conquérir Gibbs d'un baiser.

- DiNozzo !

- Oui ? répondit Tony, d'un ton innocent.

- Embrasse-moi.

- Oui, Boss.

Et ils s'embrassèrent à nouveau.

- Et si on nous voyait ? murmura Gibbs.

- Si tu veux qu'on arrête.

Et Tony amorça le mouvement de se relever mais Gibbs l'en empêcha et le ramena à lui.

- Personne ne m'éloignera de toi. Jamais.

- Je sais. J'en suis sûr. Mais si tu voyais le chien du surveillant.

- D'accord, répondit rapidement Gibbs, en jouant la peur.

En riant, Tony se releva et tendit sa main à Gibbs. Jethro la prit, Tony l'attira vers lui et l'embrassa à nouveau et ensuite dans le cou.

- On coure plutôt vite de toute façon, commenta Tony.

- Mmm !

Tony prit cela pour une invitation à continuer encore un peu...

Mais juste un peu car effectivement le gardien les surprit. Heureusement, ce dernier n'avait plus de chien, les années ayant fait leur travail. Et quand ils se mirent à marcher à reculons avant de s'enfuir, le gardien annonça, en riant, qu'il avait parfaitement reconnu le DiNozzo et son jeu de jambe... Ce qui fit rire Gibbs et Tony à nouveau jusqu'à la voiture et même jusqu'à l'endroit suivant : le parc.

Il était, lui aussi, toujours tel que Tony s'en souvenait. Les statues étaient toujours là: celle de Peter Pan jouant de la flûte avec la fée clochette sur son épaule, celle de la marchande de fleurs ainsi que le joueur de violon. La pierre avait un peu terni, mais pas leur regard qui avait vu pourtant bien des saisons. Qui avait vu bien des parents pousser des landaus et ensuite tenir le vélo avant que leur progéniture ne s'envole. Progéniture qui viendrait avec leur amour se promener entre ces socles de pierre. Ces regards avaient vu couler larmes de joie et de peine et ces statues ne divulgueraient jamais aucun secret...

Tony entraîna Gibbs au bord du plan d'eau, assez grand pour y voir flotter des barques. D'ailleurs en cette fin d'après-midi ensoleillée, si le stade était vide, le parc avait son lot de promeneurs, à pied ou sur l'eau. Tony s'arrêta près d'un saule pleureur et s'éclipsa sous les branches. Gibbs l'y rejoignit et le trouva assis.

- Votre coin !

- Notre coin, oui.

Gibbs s'assit à côté de Tony.

- Un saule pleureur, c'est mélancolique. On aime le regarder mais de loin comme si on avait peur qu'elle ne vous touche et ne vous quitte plus. Seulement sous ces feuillages, c'est là qu'on est à l'abri... C'est comme disparaître et ne plus paraître comme on est. Jarod me l'a montré, il m'avait donné rendez-vous et j'attendais, encore et encore. Il était là, il m'observait et d'un coup, j'ai vu sa main tendue à travers les branches. Je l'ai rejoint. Il m'a dit qu'il était sûr de moi car j'avais attendu. Je lui ai répondu que j'avais surtout besoin qu'on me trouve...

Gibbs passa une main dans les cheveux de Tony et lui caressa ensuite le dos. Aidé de la sorte, Tony continua :

- On se retrouvait ici, en faisant un détour et on les observait rire et pleurer, un peu comme si nous étions devenus les statues du parc. Et alors, nous savions qu'eux aussi avaient leur problème et les nôtres devenaient supportables.

- Tony ...

- Oui ?

- J'ai été marié...

- Je sais.

Gibbs hocha la tête:

- Non, pas pour celui-là. Elle s'appelait Shannon, elle a fait de moi un père.

- Un ... !

Tony regarda Gibbs, ce dernier ne baissa pas les yeux. Tony était étonné mais pas tant que ça. Gibbs était fait pour être père. Il devait être formidable. Tony comprenait mieux cette faculté et ce contact avec les enfants que Jethro avait toujours montré. Anthony devinait combien il avait dû souffrir ... Voilà pourquoi il était devenu si impénétrable. Et il était en train de lui en parler ! A lui !

- Comment s'appelait ..

- ... elle ?

Tony acquiesça et Gibbs continua.

- Kelly ! Et je les ai perdu. Il y a 13 ans... Elles ont été tuées, un témoignage à faire dans une enquête... Je n'étais pas là, la guerre du golfe. J'ai voulu mourir, j'ai courru sous le tir ennemi.. J'ai été blessé et une fois rentré, j'ai voulu les rejoindre mais j'ai pas pu, je pouvais pas leur faire ça... Je me suis vengé... Le NCIS m'a sauvé... Et je t'ai rencontré, tu m'as aidé sans t'en rendre compte...

- Je suis désolé. Merci de me l'avoir dit, Jethro.

Gibbs lui sourit ... Il avait été père, il aurait voulu que ça dure toujours. Comme aujourd'hui où il voulait toujours Tony à ses côtés.

- Tu seras toujours un père dans ton coeur et moi, je serai toujours là.

- Tu réponds à mes questions sans que je les ai formulées. Comment tu... ?

- Ame soeur ! Jarod y croyait ou alors je te connais trop .. mieux que moi-même...

- Les deux solutions me plaisent.

- Je comprend qu'on était fait pour se trouver toi et moi. Depuis que nous nous sommes rencontrés, tu m'as tellement aidé toi aussi... Gibbs, si tu veux en parler, je ...

- On a tout notre temps. Si on se contentait d'écouter ce que le saule a à nous dire.

Tony accepta d'un hochement de tête. Au bout d'un moment, il laissa reposer sa tête sur l'épaule de Gibbs et sa main s'enlacer dans celle de son amant. Jethro entendit alors un murmure, une musique :

"Sûrement la jeune fille, que j'ai remarqué de l'autre côté. Elle était appuyée contre un arbre, elle écrivait sans se laisser distraire. Par contre sa voix accompagnait le poste cassette qu'elle avait avec elle..."

Et Gibbs entendit la voix féminine s'amplifier tout en restant un doux souffle...

"...Just you and me

On this island of hope

A breath between us could be miles

Let me surround you

My sea to your shore

Let me be the calm you seek

Oh and every time I'm close to you

There's too much I can't say

And you just walk away

And I forgot

To tell you

I love you... ( Sarah McLachlan -- I Love You)

Gibbs entendait la respiration de son coéquipier et le vent lui répondait comme un tendre murmure qui n'était compréhensible que pour eux. Cela fit sourire Gibbs. Ils étaient libres désormais.

Sous ce feuillage avec cette âme complémentaire à la sienne, il s'était une nouvelle fois demandé si Anthony voudrait vivre avec lui. Tony avait accepté de parler de son passé. Ils l'avaient fait tous les deux. Mais là, vivre ensemble signifiait parler aux autres de l'équipe et surtout assumer le regard de tout le monde. Pour Abby, Kate, McGee et Ducky, il ne se faisait pas de soucis, ils comprendraient. Et pour le reste du monde, ils seraient ensemble pour y faire face et personne ne pouvait gagner contre eux deux, unis et réunis. Tout se bousculait : leurs passés dévoilés, leur présent à tous qui serait évidement changé et il fallait encore envisager le futur. Pourtant, Gibbs savait que c'était une bonne chose, que c'était ce qu'il voulait.

Gibbs allait parler lorsque Tony se redressa et dit :

- Je peux te laisser rentrer au chalet. Je dois aller...

Gibbs n'eut pas de mal à deviner :

- Au cimetière.

- Oui et si ... je dois y aller seul.

- Bien sûr, oui.

- J'irai à pied, reprends la voiture. Tu voulais dire quelque chose ?

- Non.. enfin si mais ça attendra. Va le voir et parle-lui un peu de moi.

- De nous.

Ils se levèrent, toujours leurs mains l'une dans l'autre.

"Voilà ce qu'avait murmuré le vent à mon Tony... Je comprends qu'il doive le faire et ainsi mon temps viendra."

Tony s'avança dans les feuillages et les passa. Gibbs tendit le bras, ils allaient se lâcher quand Tony revint sur ses pas et l'embrassa très vite, pour ne pas succomber à l'envie de prolonger leur étreinte.

- Je reviens vite, promis.

Il repassa les branchages et Gibbs regarda leurs doigts se délier puis sa main retomber. Il frissonna et sentit comme un coup au coeur... Lorsqu'il revint de l'autre côté, il ne vit plus Tony et la jeune fille avait, elle aussi, disparu. Et d'un coup, l'agent du NCIS, qui avait appris à suivre son intuition, sut ce qu'il avait à faire. Il avait quelqu'un à voir...

Gibbs arriva à la prison et ne fit guère attention au décor, il avait l'habitude. Depuis le parc, les paroles du matin de Tony lui revenaient sans arrêt à l'esprit. Il était vrai que même si les actes de Whitman étaient immondes et complètement impardonnables et que pour Gibbs et le reste de l'équipe, la vérité ne pouvait venir que de Tony, ils connaissaient tous les rouages de la justice pour savoir qu'elle n'était pas toujours juste surtout lorsqu'on a l'avocat qui va avec. Et si Whitman savait amadouer la commission par un faux repentir et une irréprochable conduite, pourquoi une bagarre si stupide. Pourquoi Lyle Whitman avait-il pris le risque de voir son appel rejeté ? Peut-être parce qu'il savait quelque chose que Gibbs ignorait. Parce qu'il savait qu'un report lui était plus bénéfique que l'audience qui aurait pu avoir lieu aujourd'hui ... ! Et la solution que Gibbs entrevoyait ne le laissait pas tranquille.

Gibbs savait que faire jouer sa plaque du NCIS l'aiderait mais ne lui permettrait pas, à coup sûr, d'obtenir de voir Whitman. L'officier en chef, que Gibbs rencontra, lui signifia que le retour de Whitman pour Joliet avait lieu dans 30 minutes et que pour le laisser le voir, il lui faudrait au moins l'accord de l'avocat de cette "pourriture". Alors Gibbs suggéra au policier Parker de dire à Whitman que l'ami de DiNozzo voulait le voir et l'avocat s'effacerait du tableau.

Effectivement, l'agent du NCIS n'attendit pas très longtemps et lorsque Parker réapparut, Gibbs savait qu'il allait voir Lyle Whitman.

Tony s'avançait dans le dédale des pierres tombales. Les allées étaient plus nombreuses qu'à l'époque, les fleurs par contre étaient rares. Lui-même n'en avait pas pris, Jarod n'en aurait pas voulu. Tout ce que Tony voulait, c'était lui parler. Il n'était jamais revenu au cimetière depuis l'enterrement, pourtant dans le fond de son coeur, Tony savait que Jarod n'était jamais loin. Et bien sûr, il pensait aussi à Jethro, qui lui avait confié ce qu'ils avaient en commun tout les deux ... Ca laissait Tony perplexe qu'ils puissent être autant semblables et différents en même temps. Pour cette vérité que Gibbs lui avait donnée, DiNozzo ne l'en aimait que plus. Ils avaient soufferts, ils avaient survécu chacun à leur façon mais là, il voulait vivre. Vivre avec Gibbs...

La pièce derrière la vitre sans teint laissait voir à Gibbs que la salle d'interrogatoire était presque identique à celle du NCIS. Evanston avait beau être une petite ville, elle avait compris, probablement par ce qui était arrivé il y a 16 ans, qu'il valait mieux être prêt à tout.

Jethro aussi l'était et pourtant, c'était différent cette fois... Oui, il avait l'habitude de rencontrer le mal sous toutes ses formes mais là, c'était la personne qui avait failli détruire Tony, qui avait fait souffrir à Tony mille morts...

"Tony avait pensé mettre fin à ses jours. Et je ne l'aurais jamais rencontré... C'est impensable ! Je suis persuadé que j'aurais conservé ce vide immense en moi. Tony n'est pas entré dans ma vie en s'y ajoutant, non, il a comblé un vide que j'ai ressenti en moi toute ma vie. J'attendais Tony, j'ai eu du mal à l'admettre mais c'est la vérité. Ma Vérité. "

Anthony avait traversé une vie bien difficile avant même Whitman et il avait continué à vivre. Quel homme Tony était aujourd'hui ! Gibbs était fier de lui. Il était impressionné. Il avait vécu des épreuves lui-même, et de ce fait, il s'était blindé, endurci. Et il avait passé beaucoup, beaucoup de temps et d'années à éloigner les gens. Alors que Tony, lui, avait ce don de vous faire croire à la vie, de vous la donner et vous la rendre présente comme jamais. Et Anthony lui avait ouvert son coeur. Il ne jouait pas, il croyait à cette vie, ce qui rendait Gibbs encore plus fier de lui et plus amoureux... Et si ces phrases du matin le harcelaient, il y avait une raison. Et s'il devait le protéger, il le ferait...

L'agent du NCIS entra dans la pièce d'interrogatoire...

Anthony DiNozzo y était, enfin. Il fit le tour et se retrouva face aux inscriptions. Jarod S. Walsh 1972-1989. Rien de plus... alors qu'il avait tant représenté. Tony savait que ce n'était pas l'essentiel car le souvenir de Jarod vivait en lui. Et aujourd'hui, il avait une chose importante à lui dire :

- Bonjour mon Ami.. J'ai essayé de faire de mon mieux, même si je ne suis pas comme toi... et puis, je sais que ce n'est pas ce que tu aurais voulu pour moi. J'ai trouvé ... ou plutôt, je l'ai laissé venir à moi. Je lui ai dit pour toi et moi... Il m'aime, il me l'a dit et avec lui, chaque mot compte. Il m'aura fallu du temps, j'attendais ses mains sur moi depuis si longtemps. Il a dit qu'il nous donnait vie parce que c'était moi. Tu sais ce que j'aurais voulu pour toi et moi, Jarod... J'ai des regrets pour nous mais je l'aime plus que tout. Je sais que tu comprends. Merci pour tout, mon Ami.

Whitman l'attendait, il était assis, bien droit, conquérant.

" Tony ne me l'a pas décrit physiquement mais il est tel que je me le suis imaginé. La prison l'avait simplement durci. Avec l'expérience d'aujourd'hui, Tony aurait compris en un clin d'oeil mais sa jeunesse l'avait induit en erreur mais surtout un père infâme..."

Lyle intervint dans les pensées de Gibbs en prenant la parole :

- Gibbs, pourquoi vous introduire comme l'ami de Tony ?

- Et pourquoi pas ?

- Vous êtes son supérieur.

- Et comment...

- ...je le sais ?

Cet homme était si imbu de lui-même. Pourtant, Gibbs savait qu'en d'autres circonstances, il devait pouvoir se maîtriser mieux que ça. Pourquoi n'arrivait-il pas à se contenir ?

- Je sais tout ce qu'il faut savoir sur mon précieux Anthony.

- Votre avocat ?

- Oui et puis, Anthony a été à moi et le sera toujours.

- Vous seriez prêt à le répéter devant la commission ?

- Non, je le gardais pour vous, son ami. Oh d'ailleurs, vous savez ce qui est arrivé au dernier Ami de Tony ?

- Oui.

- Depuis ça, je me suis amélioré. J'ai appris à ne pas faire deux fois la même erreur. Heureusement pour vous, n'est-ce pas ?

Gibbs n'aimait pas du tout les frissons qui le parcouraient à chaque inflexion de la voix de Whitman. Il devait le laisser continuer encore un peu pour être fixé.

- Dans peu de temps, quand nous nous reverrons, tout sera différent pour vous comme pour moi. J'espère seulement pour vous que vous aurez bien profité de notre Tony.

Parker débarqua dans la pièce, l'heure du transfert était arrivée mais contrairement à ce qu'il pensait, Gibbs en avait assez entendu. Il avait eu envie de vomir, de le frapper mais surtout, il savait qu'un homme animé d'un tel besoin de possession et de victoire serait suffisamment tordu pour reproduire le même schéma. Tony était en danger. Gibbs quitta le bâtiment en courant...

A Suivre ...

Alors ? Ca vous a plu ?