Je ne dis rien pour l'instant, je vous laisse découvrir ...

Chapître VI

Il y a Urgences

La pluie tombait maintenant sans relâche sur Chicago et Tony tournait en rond dans le couloir des urgences. Comme les constantes de Gibbs étaient bonnes sur place, les ambulanciers avaient pris la décision de l'emmener à Chicago, argumentant que la clinique de Evanston n'était pas suffisante. Pas suffisante pour quoi ? Puisqu'ils disaient que son amant allait bien ! Tony ne savait plus que penser ! Tout ce qu'il savait c'était que ses mains étaient rouges de sang. Rouge du sang de Gibbs et c'était encore sa faute...

- Monsieur ...

Pour Jarod, il avait attendu des heures avec un espoir fou puis, on lui avait annoncé... Tony sentit une pression sur son bras et il regarda qui il avait près de lui.

- Venez, on va soigner ça.

La jeune femme était plus petite que lui, les cheveux longs bruns. Elle agissait avec lui avec douceur parce qu'il en avait besoin. Cette jeune femme inspirait confiance. Elle avait comme un don : déchiffrer le regard, anticiper...

- Je ne suis pas blessé. Ce n'est pas mon sang.

- D'accord. Moi, c'est Abby... Abby Lockhart.

Après un court silence, devant cette coïncidence qui lui offrait un réconfort inattendu, l'agent du NCIS dit :

- Tony... Anthony DiNozzo. S'il vous plaît, vous savez me dire comment il va. Gibbs. Une blessure par balle, demanda Tony avant de se rappeler leur arrivée au Cook County : Je vous ai vue, vous étiez dans la salle avec lui.

- Oui, mais j'ai dû aller sur un autre trauma, je vais me renseigner et vous allez nettoyer ça pour pouvoir aller le voir.

- Je veux juste savoir, je ne peux pas le voir, il vaut mieux pas... murmura Tony, en se tournant comme un automate vers les lavabos.

Abby croisa alors Carter à l'accueil.

- Tu n'es plus..

- Infirmière mais pas encore tout à fait médecin, je sais. Je ne pouvais pas le laisser comme ça au milieu du couloir. Il est le seul à ne pas avoir hurlé après nous. Tout ça parce que Tony pense que ce sang sur ses mains est là par sa faute.

- Et puis, il est sexy, Tony, annonça Carter, en insistant sur le prénom qu'Abby avait déjà acquis sans difficulté.

- Et surtout, il est amoureux.

- Il est arrivé avec un homme, non ? C'est Luka qui s'en occupe.

- Oui, j'étais là. Et je persiste, je dis amoureux.

" J'ai entendu Gibbs appeler son "agent" sans arrêt puis, il s'est adressé à moi et m'a demandé de m'occuper de lui. C'était comme s'il parlait à quelqu'un d'autre mais j'ai tout de même promis."

Carter prit le dossier avant Abby mais Kovac arriva derrière eux :

- Ils sont du NCIS. Gibbs est son Boss.

- NCIS ? demanda Carter.

- Service d'Investigation Scientifique de la Marine, dirent Abby et Luka ensemble.

- Ok, je ne veux pas savoir comment vous pouvez connaître ça. En tout cas, ils sont collègues et ...

- Ca n'explique pas tout, John. Alors Luka ?

- Va le voir et dit lui que Gibbs est sorti d'affaire. Pas d'organe touché. La compression de l'hémorragie l'a sauvé.

- Je vais pouvoir dire à Tony que ses mains ont sauvé une vie, leur dit Abby, en se dirigeant vers l'agent du NCIS.

- Et tu peux lui dire que Gibbs veut le voir, termina Luka, avant de se tourner vers Carter.

- Ca n'explique pas tout ? Ca veut dire quoi ?

- Parfois, il suffit d'ouvrir les yeux, John.

- J'ai les yeux ouverts.

- Si tu le dis, conclut Luka avant de s'éloigner.

En sortant des toilettes où il avait frotté ses mains sans relâche, Tony vacilla un instant, il appuya une main sur le mur, comme s'il cherchait sa respiration après avoir longtemps couru, il étouffait. Il regardait peut-être le sol mais il n'était pas vraiment là. 16 ans en arrière, ça ne pouvait pas recommencer car il savait que là, il n'y survivrait pas. Jamais ...

Abby s'approcha et le fit sursauter quand elle l'appela :

- Tony !

Ce dernier se retourna, il avait l'air si fragile et dans ses yeux se peignait déjà une sorte de résignation. Abby ne la laisserait pas s'installer. Elle comprit qu'il avait déjà vécu une situation similaire et qu'il était persuadé que tout recommençait.

- Il va bien, Tony.

Mais Tony n'entendit rien, il se revoyait perdre Jarod. L'écho des mots du médecin résonnait en lui : "Il est décédé... Décédé..."

Abby répéta :

- Tony, Gibbs va s'en sortir. Parole d'Abby.

" Abby ..."

Et les mots lui parvinrent. Tony s'appuya contre le mur et Abby l'aida à aller jusqu'à un siège un peu plus loin. Assis, là, Tony triturait ses mains comme s'il les frottait encore sous l'eau. Abby y posa les siennes, Tony la regarda et elle lui dit :

- Le docteur Kovac a dit que l'hémorragie était stoppée, la balle n'a pas provoqué de dommage interne, il n'aura pas besoin d'intervention. Il va rester ici pour des raisons pratiques. Ses constances sont stables et ...

- Vous avez fait du bon boulot.

- Luka assure que la compression de la blessure lui a sauvé la vie, Tony.

Tony secoua la tête.

- Vos mains lui ont sauvé la vie... Il veut vous voir.

- Non... Je ...

- Il vous attend.

Tony se leva, libérant ses mains de celles d'Abby et prit la direction de la sortie.

- Tony, qu'est-ce que vous faites ? dit Abby, une fois qu'elle lui eut bloqué le passage, en appuyant sur le bouton d'accès.

Tony fit demi-tour.

- Je m'en vais... Je lui ai fait du mal, je lui en ferais encore.

- C'était une fusillade et ...

- Et il a pris une balle pour moi. Pareil... Jarod aussi ...

- Il n'arrêtait pas de vous appeler en salle. Il voulait savoir comment vous alliez, il voulait que je prenne soin de vous.

Avant qu'il ait pu prononcer quoi que ce soit, elle agrippa son bras et l'entraîna vers les vestiaires :

- Et j'ai promis, et je tiens toujours mes promesses. Bon, ce n'est pas avec une telle chemise que vous irez.

Avant que la porte ne se referme sur eux, Tony pensa :

" Abby ! Elles sont bien toutes les mêmes ! "

Gibbs avait donc été placé dans une chambre seule aux urgences. D'une part, son état était bon et d'autre part, aucun lit à l'étage ne se libérerait tout de suite. En attendant, il pourrait dormir plus ou moins tranquille, sauf si un fou fracassait la vitre une nouvelle fois. Mais le personnel des urgences ignoraient que Gibbs pouvait dormir partout. Seulement il ne dormait pas, il s'inquiétait bien trop pour Tony. Il restait éveillé car il l'attendait. Combien de fois la porte s'était-elle ouverte sur quelqu'un d'autre ? Il n'avait jamais eu aussi peur.

" Je ne parviens plus à penser. Il n'y a que Tony qui compte. J'ai eu peur d'arriver trop tard et maintenant, j'ai peur du désarroi dans lequel il doit être plongé. Il doit se sentir seul comme jamais. Je suis là, Tony... Je suis censé être l'un des meilleurs agents du NCIS et j'ignore comment faire, comment réagir à ce qui va arriver. Je ne veux pas le perdre, je ne peux pas le perdre. Plus de deux ans sans jamais m'éloigner de lui, d'abord inconsciement, ensuite irréfutablement conscient de chacun de mes actes, tout en les croyant vains. J'ai essayé de l'éloigner de moi et ça n'a pas marché. Je me suis caché derrière notre amitié, la règle 12 et une relation sans lendemain dans le meilleur des cas. Ca a marché un temps jusqu'à ce que je réalise que nous étions fait pour être plus.Tout se bouscule dans ma tête. Tony doit se sentir coupable, il a dû avoir peur pour moi. J'espère que quelqu'un s'est bien occupé de lui ici. J'ai l'impression d'avoir demandé à quelqu'un de le faire... Abby !

Oui, j'ai demandé ça à Abby... Pas la nôtre, il n'y en a pas deux comme notre Abby mais il y avait sûrement quelqu'un du même prénom, ça doit être ça. J'espère que le prénom confère une certaine similitude, ainsi elle fera ce qu'il faut. Moi, j'ai eu de la chance avec ce docteur Kovac. Il a été formidable. Il a des yeux bienveillants qui savent ce qu'est la souffrance et pas uniquement par son métier mais par sa vie..."

D'ailleurs, le voilà qui entrait :

- Agent Gibbs.

- Jethro, vous pouvez et ce n'est pas destiné à tous le monde.

- D'accord, Jethro. Je passais juste pour savoir si vous étiez bien installé ?

- Oui, merci. Où est Tony ? Il ne faut pas le laisser seul. Ce n'est pas sa faute. J'ai besoin de le voir.

- Jethro ?

- Je sais ce que vous pensez, deux hommes... mais j'ai besoin de lui. Pas de mon meilleur agent mais de celui qui m'a donné, qui m'a appris, que j'attendais, qui...

- Vous allez pouvoir le lui dire, il arrive. Abby lui donne une autre chemise à cause du sang.

- Abby... nous en avons une aussi au NCIS. Elle est gothique et aussi parfaitement intuitive.

- La nôtre n'est pas gothique mais pour le reste, je suis d'accord. Il va arriver, rassurez-vous.

Avant de sortir, Luka se retourna :

- Vous avez de la chance, Jethro. Et il ressent la même chose pour vous, j'en suis sûr.

- Merci pour tout.

Au même moment, dans les vestiaires, Abby sortait une chemise, toujours emballée dans une house de pressing, du casier de Luka.

- Je ne peux pas... en voyant Abby s'apprêter à riposter, Tony précisa : Je parle de la chemise. C'est vraiment gentil mais...

- Luka en a toujours plusieurs au cas où, et la femme du teinturier l'adore, tout comme la femme de la boutique de vêtement où il va, donc ne vous gênez pas.

Abby déposa la chemise blanche sur la table. Tony acquiesça et enleva sa chemise sans la déboutonner. Abby la jeta et compris en se retournant pourquoi Tony avait évité les boutons. Là, il essayait de les attacher sans y parvenir tant ses mains tremblaient.

- Vous permettez ?

- Si tu me tutoies, Abby, c'est oui.

- Ok. Laisse-moi faire, annonça-t-elle.

Abby posa ses mains à la place de celles de Tony et elles prirent le relais.

- Quand tu dis Abby, on dirait que tu parles à quelqu'un d'autre, je me trompe ?

- Au bureau, à Washington, nous avons notre Abby. J'ai la même impression avec toi qu'avec elle.

- Comme est-elle ?

- Scientifique et Gothique.

Abby sourit en s'imaginant dans ce style.

- Ce n'est pas que ...

- Oh, mais ça me plaît.

Tony, quant à lui, était troublé de pouvoir aussi facilement se confier à elle. La situation était particulière mais Abby l'était aussi. Il en avait la certitude.

- En fait, nous parlons beaucoup elle et moi. Elle me perçoit sans que j'ai besoin de dire quoi que ce soit. Elle avait deviné ce que je ressentais pour mon Boss avant que je lui en parle.

- Je comprends... Voilà, j'ai fini. Elle te va bien.

- Je ne sais pas si je vais y aller...

- Tout va bien se passer.

- Ce n'est pas si simple. J'ai cru que je pouvais avoir droit à un peu de bonheur, qu'on pouvait m'aimer...

- Il t'aime, Tony. Quoi qu'il arrive.

- Comment tu... ?

- C'est une Abby qui te le dis. Allez, va-y, il t'attend.

Une fois à la porte :

- Merci, Abby.

Et lorsque la porte se referma, Abby prononça tout haut :

- A vous de jouer, Gibbs !

A Suivre ...

Comme vous l'avez compris, il y avait un Cross-Over avec Urgences. Je ne l'ai pas signalé au début pour garder la surprise (bonne j'espère). Ce n'était pas prémédité mais lorsque j'ai choisi Evanston comme ville et que j'ai remarqué qu'elle était voisine de Chicago, je me suis dit pourquoi pas ? Et puis 'Abby', c'était une jolie coïncidence de plus.

Le chapitre suivant sera le dernier, normalement. J'y travaille. A bientôt... Ah oui, une petite review, s'il vous plaît.