Chapitre 8 : Réactions

Deidara suivait le cours avec attention, comme d'habitude. Toutefois, il évitait de croiser le regard de Sasori. C'était le premier cours du professeur Akasuna depuis qu'il avait été agressé. L'enseignant n'était pas venu pendant deux jours après l'événement. Mais avant la fin de la semaine, il était réapparu dans les couloirs de la fac, sans montrer le moindre changement dans son attitude. La seule différence était qu'il ne mettait plus les pieds dans la salle des professeurs. Quand il n'avait pas cours, il s'enfermait à clé dans son bureau privé, au premier étage. Le cours se termina, et, au lieu de ranger ses affaires pour partir rapidement comme d'habitude, il avança parmi les étudiants pour venir faire face au jeune blond.

- Cet après midi, je crois savoir que vous n'avez pas de cours. Pourrais tu venir dans mon bureau ? Il faut que je te parle à propos de ton devoir.

Deidara, interloqué, acquiesça. Il savait que son aîné ne voulait pas parler d'une dissertation, mais il joua le jeu, remarquant son ton formel. Quand il sortit de la cafétéria après le repas, le blond retourna dans le bâtiment universitaire, il monta les escaliers et frappa contre la porte numérotée « huit ». Il entendit le son d'un verrou qui s'ouvre, et celle ci s'ouvrit sur Sasori, qui s'écarta pour le laisser entrer avant de refermer la porte derrière lui. L'étudiant ne savait pas quoi dire, il resta donc silencieux en fixant le sol.

- Merci, Deidara, lâcha alors l'enseignant.

Le plus jeune leva les yeux pour regarder son interlocuteur, et à sa surprise, ce dernier, adossé au mur et les bras croisés, détournait le regard, visiblement embarrassé.

- De rien, monsieur. C'était normal. Vous... Vous vous sentez mieux ?

Sasori hocha simplement la tête tout en évitant de l'observer. Si la raison de sa gêne n'avait pas été une agression, Deidara aurait trouvé cela vraiment mignon. Il reprit la parole, sérieux.

- Monsieur, à la base je venais juste rendre mon devoir, mais, euh, j'ai filmé la scène... Je voulais une preuve, dans le cas où vous souhaiteriez porter plainte ?

Le professeur secoua alors la tête.

- La police n'a jamais fait grand chose concernant les agressions. Et encore moins s'ils apprennent que c'est pour un homme homosexuel.

- Que voulez vous faire ? On ne peut pas le laisser impuni, monsieur, il pourrait recommencer, et si ce n'est pas vous, ce sera quelqu'un d'autre.

Sasori soupira, les pupilles figées sur le sol.

- Tu as raison, il faut pas que cela se reproduise. Je pense qu'il faudrait le dénoncer. Un call out, au moins pour la fac. Mais si je fais ça, il faudrait tout de même aller voir la police, sinon cela me sera reproché... J'ai vraiment pas envie d'avoir affaire à eux...

- Je peux vous accompagner si vous le voulez ?

Sasori le regarda enfin, et Deidara se passa une main derrière le crâne.

- Enfin, je propose... Vous n'avez peut être pas envie que j'intervienne davantage dans votre vie privée...

- Je veux que tu viennes. Non seulement tu as la vidéo, mais en plus tu es le seul témoin.

Il pencha la tête en avant, glissant sa main sur son front, affecté par tout cela.

- Je dois réfléchir à comment faire... Je te tiendrais au courant. Pourrais tu me donner ton numéro de téléphone, que je puisse te contacter ?

- Oui bien sûr.

Le blond se pencha sur le bureau, notant sur un post it son portable. Pendant qu'il faisait, l'enseignant aux cheveux couleur sang se racla la gorge, hésitant.

- Monsieur ?

- J'ai une autre question... Mais c'est un peu embarrassant...

Deidara sourit.

- Après tout ce qui est arrivé, je pense que cela ne peut pas être pire. Dites moi ?

- Quand tu m'as ramené, tu avais dit que tu resterais avec moi, tu semblais inquiet, et je t'en remercie, mais tu es parti bien brusquement...

- Vous vous souvenez de tout ?

Il acquiesça.

- Je me demandais... Si la cause de ton départ précipité, c'était... ton érection, et si j'en étais la cause ?

Le visage de l'étudiant prit une teinte cramoisie. Il leva ses yeux océans vers le professeur et vit que ce dernier avait de nouveau détourné le regard, ses joues étant aussi rougies, bien que plus discrètement que lui.

- Pa... Pardon... Monsieur... Je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise ou être irrespectueux... C'est que... Vous faisiez vraiment beaucoup de bruit dans la salle de bain... Je n'ai rien contrôlé, je suis désolé !

Les pommettes de l'enseignant virèrent aussitôt à l'écarlate, se mêlant avec coordination à sa chevelure.

- C'est moi qui suis désolé...

Il prit une grande inspiration, fixant toujours le mur.

- Deidara, est ce que... je te plais ?

- Monsieur, vous devez bien savoir l'effet que vous avez sur votre entourage, vous plaisez à beaucoup de mes camarades et de vos collègues, vous êtes une personne vraiment sublime...

- Tu ne réponds pas à ma question.

Le blond soupira.

- Oui. Monsieur, vous me plaisez énormément. Mais, je n'avais pas l'intention de vous le dire, vous êtes mon professeur. Et... Vous avez dit ce jour là que je vous plaisais aussi... Est ce que c'est vrai ?

L'aîné se mordit la lèvre inférieure, embarrassé.

- Il est vrai que ce genre de relations est mal vu en plus d'être malsain... Et pour te répondre, ce que j'ai dit était sincère...

Le cœur de Deidara rata un battement. Il reprit aussitôt, retrouvant contenance et ayant une lueur d'espoir enthousiaste.

- Monsieur ! Nous ne sommes pas au lycée, je suis majeur ! Et vous n'avez que quelques années de plus ! Il n'y aurait rien de malsain !

Emporté par son élan comme la situation, Deidara combla la distance entre son interlocuteur et lui, et il saisit son menton entre ses doigts pour le forcer à le regarder. Sasori, toujours gêné, avait les pupilles brillantes. Le blond approcha alors son visage et s'empara de ses lèvres dans un baiser doux et passionné. Comme il l'avait imaginé, Sasori était un véritable délice. Le plus âgé se laissa porter, et pendant plusieurs minutes, plus rien n'exista pour eux. Puis, l'étudiant recula, souriant.

- Occupons nous de dénoncer ce connard, et ensuite, je pourrais m'occuper de toi.

Sasori, devant l'assurance de son élève, et face à ce tutoiement qui était arrivé tout naturellement, releva la tête, fier, malgré ses joues rouges.

- Tss, te voilà bien arrogant soudainement. Mais tu as raison, terminons cette affaire.