Chapitre 11 : Rapprochement

La journée avait été longue pour les musiciens. Ils étaient allés sur le site du festival afin de préparer la scène qu'ils se partageraient les jours suivants et avaient passé des heures à transporter du matériel. Ils étaient rentrés à l'hôtel épuisés. Antonio monta directement, ne souhaitant pas prendre un verre avec tout le monde dans le réfectoire, prétextant avoir besoin d'une douche. Quand il sortit de la salle de bain, il s'étira, sentant ses muscles douloureux et son dos craqua sinistrement, lui faisant échapper une exclamation de douleur. Il avait l'habitude d'installer du matériel, sa carrure musclée aidant, mais il avait excessif cette fois. Après avoir fini avec son groupe, ils avaient pu rencontrer le staff de l'événement, et ceux ci avaient révélé être débordés. Antonio avait aussitôt proposé son aide, dans le but de fuir un certain blond qui ne cessait de le taquiner depuis le réveil. Il avait passé le reste de la journée à porter des caisses bien trop lourdes et il avait depuis atrocement mal tout le long de sa colonne vertébrale.

- C'est ton dos qui vient de se briser là ? demanda une voix derrière lui.

L'italien se retourna pour faire face à Mozart, qui venait d'entrer dans la chambre.

- Je.. C'est rien.

- Arrête de dire n'importe quoi, ça se voit que tu t'es fait mal. Tu en as trop fait aujourd'hui.

Le regard du plus jeune était sincèrement soucieux tandis qu'il s'approchait pour lui faire face. Wolfgang laissa ses iris glisser le long du torse de son interlocuteur, avant de se figer sur ses avant bras.

- C'est quoi ces cicatrices ? demanda-t-il.

- Rien d'important.

- Tu me prends vraiment pour un imbécile, maestro. C'est évident que tu te fais ça toi même.

- Alors pourquoi tu poses la question ? répliqua le compositeur, agacé qu'il ait remarqué ce détail.

- Je sais pas. Tu aimes la douleur à ce point ?

Antonio soupira, puis il se retourna, s'apprêtant à s'éloigner, mais Mozart posa sa main sur son épaule pour le retenir.

- Tu devrais me laisser te masser, pour ton dos, je veux dire.

- C'est pas la peine.

- Mais t'es têtu c'est pas vrai ! s'écria alors Wolfgang en fronçant les sourcils. T'as entendu le craquement ou bien ? Tu vas te blesser et tu trouveras ça chiant toi aussi ! C'est fragile un dos merde ! Si c'est moi le problème, demande à quelqu'un d'autre, un médecin ou enco...

- C'est bon, c'est d'accord.

Le blond, qui était parti sur sa lancée pour crier, se stoppa subitement.

- Attends, quoi ?

- J'ai dit ok. Si tu veux masser mon dos, je suis d'accord.

- Oh.

Un sourire étira ses lèvres dans la seconde, et Antonio se fit la réflexion que ses expressions étaient naturelles et spontanées au point d'être un vrai miroir de ses émotions.

- Chouette. Allonge toi sur ton lit.

Salieri s'étendit sur le matelas, croisant les bras avant de poser sa tête dessus. Il prit toutefois soin de regarder le mur, peu à l'aise avec les contacts physiques, surtout vis à vis de l'autrichien après tout ce qu'il s'était passé entre eux. Celui ci s'assit près de lui. Il posa ses mains sur la peau presque brûlante du brun et commença à le masser lentement, travaillant les nœuds de son dos pour les dénouer lentement. Les sensations firent réagir le plus âgé qui serra les dents pour ne pas gémir de bien être tant il se sentait soulagé. Son corps fut parcouru de frissons, et Mozart prit cela comme un signe de satisfaction. Il appuya sur une zone plus sensible au bas de sa colonne, et machinalement, Antonio laissa échapper un gémissement bruyant tout en se cambrant. Le blond ne put s'empêcher de rire à cette réaction.

- Et bien, ça a l'air de drôlement te plaire...

- Tu peux pas t'abstenir de commenter ? siffla le concerné, frustré de ne pas se contrôler.

Le cadet déplaça ses mains sur les hanches de son aîné, qui frémit de nouveau, le faisant sourire. Il avait beau râler, entre les doigts de l'autrichien, il était d'une faiblesse inouïe. Au bout de vingt longues minutes, il remarqua que la respiration d'Antonio s'était accélérée, et qu'il ne cessait de gigoter en plus de se contenir pour ne pas lâcher de plaintes sonores. Pendant une seconde, il crut qu'il lui faisait mal. Mais la vérité était bien différente. Le brun était une nouvelle fois en train de se consumer d'envie, et s'il bougeait, c'était pour tenter en vain de soulager son érection qui se retrouvait écrasée entre son corps et le matelas. Les mains du musicien sur son corps l'avaient excité sans qu'il ne puisse se maîtriser. Wolfgang le saisit par les épaules et il le retourna sur le dos, voyant enfin ses joues rougies d'envie et sa poitrine qui se soulevait irrégulièrement pendant qu'il haletait. Aussitôt, le jeune homme détourna ses yeux pourtant brillants de désir, pour fuir le regard de son cadet. Ce dernier s'allongea contre lui et sa main vint saisir la mâchoire du musicien pendant qu'il susurrait.

- Tiens, tiens, tiens... Tu es vraiment facile à allumer, maestro... On dirait que je vais devoir masser une autre zone douloureuse...

Ses doigts relâchèrent le visage de l'italien pour caresser son torse, descendant lentement jusqu'à sa taille. Le compositeur laissa échapper une longue plainte sensuelle juste avant qu'il n'atteigne son pantalon, et rapidement, le blond glissa sous la barrière de textile pour saisir le membre érigé du leader des Danaïdes qui glapit en réaction. Comme dans le compartiment du train, le plus jeune fit de longs mouvements rapides sur le sexe de son aîné, l'écoutant gémir avec une grande satisfaction. Pendant de longues minutes, Salieri fut un instrument entre les mains de Mozart, et, fidèle à sa réputation, ce dernier joua avec une virtuosité exceptionnelle, créant une mélodie magnifique qui se dégageait de la voix de l'italien pour emplir la pièce. Antonio se crispa soudainement, atteignant enfin l'apogée de son extase, et un râle de plaisir suivit son geste, tandis qu'il se déversait pour la seconde fois de sa vie entre les doigts de l'autrichien. Celui ci, ivre de désir par ce qu'il venait de voir, retira sa main avant de se placer à quatre pattes au dessus de son partenaire. Il avait tant d'autres idées pour poursuivre sur leur lancée. Brusquement, des coups retentirent contre la porte de leur chambre, et aussitôt, Wolfgang bondit hors du lit de l'italien, qui se tourna, dos à la porte, pour faire semblant de dormir et cacher sa gêne. Le plus jeune se leva, essuya sa main contre la serviette accrochée à l'entrée de la salle de bain, avant d'ouvrir sur leur visiteur, qui n'était d'autre que Florian.

- Est ce qu'Antonio est... Oh merde, il dort...

Le batteur avait jeté un coup d'œil par dessus l'épaule du jeune homme pour distinguer la silhouette allongée de son ami. Il reprit, fixant son interlocuteur.

- Je lui en parlerai plus tard, ce n'est pas urgent. Vous vous en sortez niveau cohabitation ?

- A merveille, sourit le blond, s'attirant le rire de Florian.

- Je suis curieux de savoir ce qu'il répondrait lui.

L'autrichien lui tira la langue, et l'autre rigola une nouvelle fois avant de partir. Le chanteur de Requiem referma la porte, attendant quelques secondes pour être sûr qu'il ne reviendrait pas, mais quand il se retourna, Salieri avait déjà sauté du matelas pour foncer directement dans la salle de bain, où il s'enferma. Exprimant d'abord une moue déçue face à la fuite de son crush, le musicien eut un sourire amusé, et il vint susurrer à la porte.

- Toutes mes excuses, Antonio. Il semblerait que j'ai encore gâché l'un de tes caleçons.

- La ferme Mozart, répondit le brun d'une voix terne depuis l'autre côté.