Chapitre 25 : Officialisation
Les deux musiciens entrèrent dans le bar pour rejoindre le reste de leurs camarades. Si Antonio était quelqu'un de ponctuel, depuis qu'il passait ses nuits avec Wolfgang, il arrivait de plus en plus souvent en retard, parce que réveiller le blond à l'heure était presque impossible. Les autres discutaient avec énergie dès le matin, et dès qu'ils approchèrent, ils se turent aussitôt en les fixant. Le leader des Danaïdes se sentit de trop.
- On interrompt quelque chose ?
- Panique pas, dit alors Florian avec flegme, on parlait de hier soir. Tu sais, quand vous avez déserté la soirée pour aller faire des galipettes plus haut. On savait pas que t'avais ce genre de kinks.
Salieri aurait voulu s'enterrer sur place. Son visage prit une teinte cramoisie et il baissa la tête pour fixer le sol. A son oreille résonna alors le rire excentrique de son amant et il voulut le fusiller du regard. Comment pouvait-il être si à l'aise dans cette situation ?
- Vous imaginez même pas à quel point, lança l'autrichien en souriant. Non seulement on a testé plein de trucs, mais en plus il a une endurance du feu de dieu !
En parlant, il avait passé son bras autour de la taille de son aîné, le serrant contre lui.
- Tout va bien Antonio ? demanda alors Thalie en le voyant écarlate et fuyant.
- J'ai envie de mourir là de suite, lâcha-t-il alors.
Wolfgang passa dans son dos, entourant ses hanches de ses deux bras avant de déclamer.
- N'aies pas honte, mon cœur. C'est tout naturel d'avoir du désir, et nos amis savent bien que tu n'es pas un robot dénué de sensations comme tu essaies pourtant de le montrer. En plus, tu devrais être fier de toi, avec tout ce que t'as encaissé, tu devrais marcher en boitant là.
Personne n'aurait cru que le visage de l'italien puisse rougir davantage, mais il fallait croire qu'en présence de la tornade blonde, toutes les limites se surpassaient. Ce dernier, voyant à quel point son partenaire était crispé entre ses bras, vint lui murmurer à l'oreille.
- Détends toi...
Et, pour illustrer sa demande, il déposa de multiples baisers dans son cou. Le plus âgé se laissa aussitôt couler contre le torse du leader de Requiem. L'autrichien le faisait vibrer et sombrer comme personne. Machinalement, il pencha la tête sur le côté, lui offrant un plus grand accès, et son cadet sourit. Il aimait avoir ce contrôle sur lui. Il aimait le voir tomber dans ses bras et succomber à ses gestes. Les autres, qui les regardaient d'un air amusé, sifflèrent doucement.
- Deux années de thérapies médicales et de conversations rassurantes avec moi, son meilleur ami askip hein, et aucun résultat, tout ça pour que le truc qui le calme instantanément ce soit cet excité de musicien. Je suis dépité.
Florian affichait un air faussement consterné, mais il souriait. Il était heureux de voir son ami aller mieux depuis qu'il sortait avec le blond. Constance s'éclaircit la gorge.
- Maintenant que vous avez fait chier nos deux amoureux les plus mims, ça vous dirait de travailler ? On a un morceau en commun à répéter pour ce soir je vous rappelle.
Le concert était une belle réussite. Les deux groupes s'étaient suivis comme à leur habitude, sous un public en délire. Puis, après leurs passages respectifs, ils s'étaient installés ensemble sur scène. Wolfgang avait saisi son micro pour expliquer à la foule que ce qui allait suivre était leur première composition commune. La musique démarra, et les deux chanteurs échangèrent un regard intense. Ils ouvrirent la bouche, et la magie débuta. Comme lors du festival, l'effet fut instantané, toute la salle se retrouva ensorcelée par la combinaison de leurs voix. Derrière eux, les musiciens souriaient en jouant. La symbiose de leurs leaders était divine. Ils s'en rendaient compte à chaque fois qu'ils les entendaient. De plus, leur complicité sur le plan personnel avait augmenté et leur aisance quand ils chantaient côtes à côtes également. Pourtant, les deux se tenaient d'une façon bien différente sur scène, le blond étant dynamique et intenable, sautillant partout avec énergie, là où son partenaire était bien plus mesuré, mais tout aussi intense dans ce qu'il offrait au public. La musique s'arrêta après quelques minutes, et le public explosa en applaudissements. Envahi par l'adrénaline du moment, Wolfgang reposa son micro sur le pied, et il combla la distance entre lui et Antonio pour prendre entre ses mains son visage et l'embrasser avec passion. Si Salieri fut surpris, il se laissa vite entraîner par le baiser, fermant les yeux. La foule siffla alors, et les cris d'encouragement devinrent des félicitations. Mozart venait d'officialiser son couple devant des spectateurs attentifs, qui sortirent leurs téléphones pour prendre en photo cet instant iconique et romantique. Les deux hommes se séparèrent légèrement, et l'italien souffla.
- Demain, on sera affichés sur les réseaux...
- Tant mieux, que le monde entier sache que je t'aime.
Face à face, ils se fixèrent encore quelques secondes, puis l'autrichien entremêla ses doigts à ceux de son partenaire, et il les fit avancer jusqu'au devant de la scène avant de s'incliner devant le public. Le brun l'imita donc, souriant, et Mozart s'écria.
- Merci Vyenn ! We love you !
Le tonnerre d'applaudissements reprit de plus belle, et le blond sourit, dévoilant sa dentition parfaite en même temps que son bonheur total. Le rideau s'étira devant eux, et Karl posa sa basse avant de lancer.
- Bah putain, t'es vraiment une Drama Queen Wolfi. C'est quoi cette façon théâtrale de pécho ton mec devant le public ?
- C'est mon mien, répondit le concerné en affichant un air enfantin.
- T'as été surpris non, Antonio ? demanda Florian avec un sourire.
- Complètement oui.
- Vous êtes vraiment cutes tous les deux, sourit Constance.
- On devrait se servir de leur relation pour faire du buzz, lâcha subitement Ludwig.
Tout le monde le fixa avec étonnement et il leva les mains en signe d'innocence.
- Me regardez pas comme ça, faut bien qu'on devienne riches et célèbres, l'autre blond sous coke est une vraie diva !
Un éclat de rire lui répondit, et tout le monde décida d'aller boire un verre.
