Cet OS a été écrit dans le cadre de la onzième nuit du FoF pour le thème « sport ». Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide et s'amuser entre nous. Vous trouverez le lien dans mes auteurs favoris. Viendez !
Disclaimer et Note : CF chapitre 1 toujours…
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Bellatrix s'ennuyait.
Bien sûr, elle ne l'aurait pas avoué. Parce que « je m'ennuie » était une complainte de petite fille capricieuse et gâtée. Et Bellatrix n'était pas capricieuse et gâtée. Ou peut-être bien que si, en réalité, mais quoi qu'il en soit elle n'était pas une petite fille !
En ce samedi après-midi avait lieu le premier match de quidditch de la saison, et Bellatrix détestait le quidditch. Encore, Serpentard aurait joué, elle y serait sûrement allée pour balancer deux trois répliques bien senties aux supporters de l'équipe adverse. Mais Gryffondor contre Serdaigle, honnêtement, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire ? Les premiers se prenaient pour des héros mais n'étaient rien de plus que des ratés en manque de prestige et de classe, et les seconds se prenaient pour des sages alors qu'ils n'étaient que des têtes à claques qui mériteraient l'extermination pour leur apprendre à étaler leur science.
Donc Bellatrix s'ennuyait. Mais comme pour chaque geste de la vie quotidienne, elle s'ennuyait avec mépris et prestance. Elle parcourait les couloirs de Poudlard d'un pas mesuré, la tête haute, balayant son environnement d'un regard froid et distant. Bien évidemment, les couloirs étaient vides, mais savait-on jamais. Bellatrix ne se relâchait que très rarement, du moment où elle sortait de son lit le matin au moment où elle y retournait le soir.
Tous ces moutons sans personnalité, autrement appelés élèves, s'étaient précipités au stade. Même ses deux sœurs, qui adoraient le quidditch. Et ça lui faisait honte rien que d'y penser. Andromeda était tout simplement hystérique dans une tribune, participant à plein à la liesse collective. Narcissa, si elle se retenait un peu plus par peur des réprimandes, avait des étoiles dans les yeux et le sourire jusqu'aux oreilles.
Franchement, quel manque de discernement. Et la supériorité du sang pur, alors ? Etait-ce en allant se mélanger au bas peuple qu'on la ferait respecter ? De toute manière, Andromeda commençait à mal tourner, elle le sentait. Elle ne savait quoi, mais quelque chose n'était pas clair. Quant à Narcissa, elle était encore jeune et tâchait au moins de se tenir un minimum. Bellatrix avait été plus imposante déjà à son âge, mais elle savait que la gamine y arriverait un jour, elle aussi.
Perdue dans ses pensées mais maintenant son attitude de reine, le regard de Bellatrix accrocha soudain une forme inhabituelle au sol. En s'approchant, elle reconnut Rodolphus, assis par terre, dos contre le mur, genoux relevés, bras sur les genoux et tête sur les bras. L'avisant d'un air de dégoût, elle s'approcha doucement et, arrivée à une distance raisonnable de lui, elle lança avec force :
« Alors, Lestrange, on s'entraîne à devenir un elfe de maison pour le jour où tu n'auras plus ta famille derrière toi ? Tu ramasses la poussière avec ton horrible postérieur, maintenant ? »
D'abord effrayé et surpris par la soudaine apostrophe, Rodolphus releva les yeux et, voyant qui lui parlait, se releva prestement et tenta de ne pas rougir de l'humiliante remarque.
« Oh, Bellatrix ! Je réfléchissais, vois-tu. Un concept qui t'est étranger, je le sais, mais il faut bien que je le fasse pour deux, dans ce cas ! Je m'entraînais pour le jour où nous seront mariés, figure-toi ».
Bellatrix le fixa en silence, et le considéra avec ironie lorsqu'il eut fini de parler.
« C'est tout ce que tu as trouvé à répliquer ? Pitoyable. Tu n'as définitivement aucun esprit ».
« Parce que tu penses que me comparer à un elfe de maison est plus… Spirituel ? »
« Mais regarde-toi ! Tu ne ressemblais à rien, avachi ainsi par terre comme une créature insignifiante. Tu n'es rien, Lestrange. Tu ne seras plus rien le jour où tu seras livré à tes propres capacités. Pour l'instant, ce sont tes parents qui font ce que tu es, mais tu n'es pas capable de tenir ton rang toi-même ! »
Perdant toute trace de moquerie, Rodolphus répliqua d'un ton mauvais :
« C'est bien dommage, parce que c'est pourtant à tes côtés que je le tiendrai. Nous sommes fiancés, je te le rappelle. Je serai le chef de famille et tu seras ma femme. Et tu connais le rang des femmes, dans notre société sang pur, n'est-ce pas ? Tu devras te montrer en société, être belle et distinguée, uniquement dans le but de servir mes intérêts. En d'autres termes, la place que tu tentes de revendiquer désespérément sera la mienne. Tu ne seras qu'au second plan, Bellatrix ! »
La susnommée frémit de colère mais resta droite et fière, sans détourner le regard quand elle lui répondit, après une infime seconde pour se calmer :
« Pour l'instant, je donne le change en me montrant à tes côtés lorsque nous sommes en société. L'ordre de nos familles est clair : il faut rendre notre futur mariage brillant, en mettre plein la vue et rendre envieuses les autres familles de sang pur. Nombreux sont ceux qui rêveraient d'une union aussi avantageuse. Aussi, mon attitude en public sert autant tes intérêts que les miens, Lestrange. Mais une fois que notre mariage sera effectif, je t'écraserai. Je te dominerai, je serai la figure forte de notre couple, et tu ne seras qu'un brave compagnon intéressant lorsque je le déciderai. Sois en convaincu, et prépare-toi y dès maintenant ».
Satisfaite, elle s'attarda un instant pour savourer son air éberlué. Et, alors qu'il cherchait encore quoi répondre, elle tourna les talons lentement et s'éloigna, toujours de son pas mesuré, toujours la tête haute. Au bout de quelques mètres, cependant, elle se retourna et le considéra avec autant de respect que s'il avait été un véracrasse répugnant pour lui asséner le coup de grâce d'un ton hargneux :
« Et ne m'appelle pas Bellatrix. En privé, ce sera Black pour toi. Tu n'es personne de plus que les autres pour moi ».
Puis elle reprit naturellement son chemin.
Arrivée dans son dortoir, elle s'aperçut de son cœur battant, sa respiration saccadée et ses muscles tendus.
Il n'y avait pas à dire, les joutes verbales avec Rodolphus étaient toujours jouissives, mais c'était un sport au moins aussi épuisant que le quidditch !
Cette confrontation-là, pourtant, avait pris une autre dimension que les précédentes. Et elle l'avait gagnée.
Et foi de Black, elle tâcherai de tenir sa promesse, de mener le couple. Rodolphus ne savait pas à quel point encore.
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Et voilà pour cette fois ! Une dernière petite trace de votre passage si le cœur vous en dit ?
