Cet OS a été écrit dans le cadre de la treizième nuit du FoF pour le thème « dragon ». Le FoF est un forum où vous pouvez venir papoter, jouer, parler de votre expérience de la fanfiction. Le lien est sur mon profil et dans mes auteurs favoris, rejoignez-nous !

Disclaimer : toujours rien à moi, tout à JKR.

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Aujourd'hui, Regulus Black en avait assez.

De toute façon, la journée avait mal commencé. De toute son existence d'élève à Poudlard, aucune journée commençant par la réception d'un courrier de reproches de sa mère ne s'était améliorée par la suite. Aujourd'hui n'avait pas dérogé à cette triste tradition.

Sa mère, qui en plus d'être particulièrement acerbe dans ses reproches, était devenue prévisible avec le temps. Dès l'instant où Regulus lui avait annoncé ses médiocres résultats en potions, il avait su ce qui allait arriver. « Autant ne pas retarder l'orage », avait-il pensé. Et il n'avait pas été déçu. Il était presque parvenu à s'imaginer la diatribe maternelle mots pour mots, à grands coups de « tu devrais avoir honte », « doublé par des enfants de moldus », « dans le cours de ton directeur de maison en plus », « et la fierté de ton nom alors », et ainsi de suite. Mais la lire était malgré tout un mauvais moment, qui le faisait immanquablement se sentir très mal.

Depuis la fugue de son frère cet été, on aurait pu penser que Walburga Black se montrerait plus protectrice, plus conciliante avec son plus jeune fils. Mais Madame Black ne pansait pas ses plaies par la douceur, bien au contraire. Elle semblait adopter une manière bien à elle de transmettre son affection maternelle. Toujours plus haut, toujours meilleur. Voilà ce à quoi Regulus devait faire face maintenant qu'il était le seul descendant de la noble et très ancienne maison des Black.

La journée était mal partie, donc. Et en quittant la table du petit déjeuner pour se rendre à son premier cours, Regulus s'aperçut qu'hier, à la bibliothèque, il avait prêté son livre de métamorphose à un de ses camarades de serdaigle (un camarade honorable, inutile de préciser), et il avait oublié de le lui réclamer en partant. Merlin, McGonagall détestait qu'on arrive en retard à son cours, en plus !

Et bien sûr, le serdaigle n'était plus dans la grande salle. Regulus se dépêcha de se rendre à leur salle commune, interpella un gnome qui en sortait pour lui demander d'aller chercher le jeune Addams. Le gamin hésita, visiblement en retard, mais Regulus n'était pas un Black pour rien. Impressionné, le petit se précipita finalement dans l'autre sens, et Addams arriva quelques instants après. Par chance, il était toujours dans l'antre de sa maison, sans quoi Regulus aurait abandonné l'idée de le chercher à travers tout le château. Par malchance, en revanche, tout serdaigle qu'il soit, Addams n'avait pas compris que le serpentard qui voulait le voir était Regulus qui venait récupérer son livre. Ce dernier dû donc patienter encore le temps qu'il retourne le chercher.

Evidemment, il arriva en retard au cours de McGonagall. Et évidemment, il se fit sermonner.

« Vous êtes en retard, Black ».

« Je suis désolé, professeur. J'ai prêté mon livre à Jack Addams, de serdaigle, j'ai dû aller le récupérer ».

« Et bien sûr, vous ne pouviez pas y aller plus tôt ? »

Regulus chercha à répondre, mais McGonagall ne lui en laissa pas le temps.

« Allez vous asseoir, et je retire cinq points à serpentard ».

C'était bien la peine de favoriser l'entraide inter maisons ! Regulus se le tiendrait pour dit, à l'avenir. McGonagall était parfois trop rigide pour son bien, et pour celui des élèves !

Mais la loi des séries ne s'arrêta pas là. Après le déjeuner, Regulus voulut se rendre au chevet de son camarade Avery, victime d'un mauvais sort des gryffondors. Son frère était peut-être bien impliqué dans l'affaire, mais c'était le genre de sujet trop douloureux pour que Regulus y pense plus de dix secondes. C'était trop pénible de songer à tout ce qu'impliquait sa relation avec Sirius, aussi ignorer la question lui semblait être une bonne idée. Un jour, lorsqu'il parlait encore à Andromeda, celle-ci lui avait dit que les moldus qualifiaient son attitude de « faire l'autruche ». Mais Regulus ne voulait pas non plus penser ni à Andromeda, encore moins aux moldus. Et il ne se sentait aucun point commun avec les autruches, heureusement pour lui.

Arrivé dans le domaine de Madame Pomfresh, il eut à peine le temps de faire trois pas dans la pièce que la maîtresse des lieux le cueillit.

« Qu'est-ce que vous faites là, vous ? »

« Je viens voir Avery, Madame ».

« Votre camarade a besoin de repos, et vous n'avez rien à faire ici. Retournez en cours ! »

« Mais… »

« Filez, je vous dis ! Je commence à en avoir assez des manigances des élèves de ce château ! »

Tout en criant, elle avait poussé Regulus pour le renvoyer d'où il venait sans autre forme de procès.

Honnêtement, c'était quoi son problème ? De quelles manigances parlait-elle ? Et depuis quand les visites à l'infirmerie étaient-elles interdites avant la reprise des cours ?

Le monde s'était visiblement ligué contre lui, aujourd'hui. Il erra donc dans les couloirs, à la recherche d'un peu de sérénité pour compenser l'incompréhension, la colère et la frustration qui bouillonnaient en lui.

Les cours de l'après-midi s'étaient déroulés dans une relative tranquillité. Il enrageait toujours lors de la première heure, mais les instructions des professeurs, la concentration requise et les conversations avec ses camarades lui avaient progressivement fait oublier ses désagréments.

C'est donc calmement qu'il se dirigea vers la bibliothèque, après son dernier cours de la journée.

Et il eut le désagréable sentiment d'une répétition dont il se serait volontiers passé, lorsqu'à peine entré, Madame Pince lui sauta dessus, toutes griffes dehors.

« Vous ! Comment expliquez-vous ça ? »

Elle tenait dans ses mains le livre « magies de l'esprit », qu'il avait rendu la veille. Elle l'avait ouvert à une page quelconque, et lui pointait quelque chose du doigt.

« Là ! Regardez-moi ça ! Vous n'avez pas honte ? »

Lorsqu'il fit mine de s'emparer de l'ouvrage pour voir de quoi il s'agissait, elle fit précipitamment un pas en arrière, éloignant fébrilement le livre de sa portée.

« Ne touchez pas ! J'ai dit regardez ! »

Regulus s'approcha prudemment et fronça les sourcils. Ah, visiblement, ce n'était pas une page quelconque, c'était une page cornée.

« Je n'y suis pour rien », dit-il très rapidement, dès qu'il eut compris de quoi il s'agissait.

Trop rapidement, apparemment. Bon, quoi qu'il en soit, n'importe quelle attitude l'aurait condamné à partir du moment où elle était persuadée de sa culpabilité.

Il eut beau jurer que ce n'était pas lui, qu'il n'avait même pas lu ce chapitre, que ça devait déjà être comme ça avant… Il ne parvint qu'à s'enfoncer, Madame Pince considérant comme une insulte personnelle la simple idée qu'elle ait pu ne pas s'apercevoir immédiatement d'un dommage causé à un ouvrage de sa bibliothèque.

« Espèce de dragon », murmura Regulus entre ses dents, immédiatement après la colère disproportionnée de la bibliothécaire. Et presque aussi instantanément, il décida que ce qualificatif était valable pour tous ceux l'ayant ennuyé aujourd'hui. Toutes celles, en réalité !

Depuis qu'il était petit, Regulus voyait dans ses livres des images de dragons. Et depuis qu'il était petit, il savait que ces créatures devenaient hargneuses dès lors que leurs œufs étaient menacés.

Et bien, sa mère, McGonagall, Pomfresh et Pince n'avaient aucun œuf à protéger. Elles n'avaient même rien de semblable, si ce n'est leur farouche ténacité à ne rien lâcher sur ce à quoi elles tenaient.

Regulus n'avait jamais fait face à un dragon de toute sa vie. Mais étrangement, il avait l'impression d'en avoir eu un bon aperçu, aujourd'hui.

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