Cet OS a été écrit dans le cadre de la 17ème nuit du FoF, pour le thème « détail ». Pour en savoir plus sur le FoF, n'hésitez pas à m'envoyer un MP. Sinon, le lien se trouve sur mon profil et dans mes auteurs favoris.

Disclaimer : toujours patamoi, à JKR.

Note : bon, pour celui-là, je m'éloigne des cousins pour parler un peu de leurs parents. Et en fait, je me suis vraiment éloignée du thème, mais bref, à vous de juger !

Rappel : Walburga a deux jeunes frères, Cygnus (marié à Druella et père de Bellatrix, Andromeda et Narcissa), et Alphard (renié, tout ça). Quant à Orion, il a une grande sœur prénommée Lucretia, marié à Ignatius Prewett (pas d'enfant).


Walburga avait toujours tiré une immense fierté de son nom. Elle était une Black, et avait entendu toute son enfance son père dire à ses frères d'en être dignes.

A ses frères, oui. Pas à elle. Non, elle, elle était juste prédestinée à faire un beau mariage, puisque de toute manière, elle ne transmettrait pas son illustre patronyme. Alors tant qu'à faire, elle se contenterait d'être une femme fatale de l'aristocratie sorcière, et ça irait très bien, ses parents s'en satisferaient.

Mais Walburga n'avait jamais été du genre à se contenter du minimum. Petite, déjà, lorsque sa mère la cantonnait au rôle de nounou de ses petits frères, elle trépignait et faisait un caprice pour qu'on la laisse plutôt accompagner son père aux réceptions. Elle promettait d'être sage, mais on l'ignorait. Elle pleurait ou criait, mais on la réprimandait. Alors, elle ne disait plus rien, espérant que faire la tête les ferait changer d'avis. Mais là, on la félicitait pour savoir si bien se comporter.

Son père répétait sans arrêt qu'il emmènerait Cygnus aux réceptions, lorsqu'il serait plus grand. Parce que c'était lui l'héritier. Cygnus, qui suçait encore son pouce et faisait pipi au lit ? Donc elle, Walburga, devait juste aider sa mère à le nourrir et le changer, pour le regarder d'ici quelques années dans son beau costume de cérémonie, prêt à sortir avec leur père ? Il la saluerait d'un air hautain et elle devrait rester sagement à la maison, à attendre son retour ?

Et puis quoi encore. Non, Walburga voulait être comme son père. Cet homme droit, austère et intimidant la fascinait. Sa mère faisait pâle figure à côté de lui, et Walburga, plus tard, ne voulait pas que ses enfants pensent qu'elle faisait pâle figure à côté de son mari. Alors elle voulait être comme son père, pas comme sa mère.

Les choses étaient pourtant mal parties. Son père ne transigeait jamais, et sa mère ne contredisait jamais son père. Donc c'est Cygnus qui était venu aux réceptions, Cygnus qu'on avait préparé à être un véritable chef de famille. Alphard avait suivi aussi, quoi qu'avec un peu moins d'intensité puisqu'il n'était pas l'héritier.

Et Walburga se sentait de plus en plus humiliée, à chaque jour qui passait, voyant progressivement ses frères la doubler.

Cependant, elle avait attendu son heure, et au moment opportun, elle avait saisi sa chance. Elle n'était pas une serpentard pour rien. Elle était même la plus retorse de toute sa promotion. Même ses camarades masculins le reconnaissaient, et Walburga jubilait rien que pour ça. Ben oui, parce qu'ils auraient pu la mépriser, personne ne leur aurait rien dit. Pour la plupart, ils étaient des futurs chefs de famille, quand elle ne serait qu'une épouse de chef de famille.

Donc, elle avait attendu son heure, et son heure était venue.

Elle devait faire un beau mariage, mais le prétendant idéal tardait, elle prenait de l'âge et ses parents s'inquiétaient. Il était hors de question de la marier à un homme passable, aussi, lorsque le moment fut venu pour Orion de perpétrer le nom des Black, l'arrangement était tout trouvé. Orion était certes un cousin, mais ça, ce n'était qu'un détail. Seul importait l'honneur.

Parallèlement, son frère Cygnus en était à son troisième enfant, et à sa troisième fille. Au temps pour le nom des Black. Druella n'avait visiblement pas été le meilleur choix, alors maintenant, il ne fallait pas se tromper encore. D'autant qu'Alphard n'était toujours pas marié, et leur échappait de plus en plus. Celui-là avait toujours une bonne raison de ne pas pouvoir être présent, et la colère commençait doucement à monter contre lui dans la famille.

Orion, de son côté, était prié de bien faire, lui aussi. Sa sœur s'était mariée avec un Prewett. Or la famille Prewett, à l'aube des années 60, n'était pas loin d'être considérée comme une traître à son sang.

Donc d'un côté comme de l'autre, ça grinçait des dents, et ça commençait à perdre sérieusement patience face à cette génération d'incapables. Les deux familles s'observaient, se jugeaient, se critiquaient à mi-voix, pour se convaincre que le pire était de l'autre côté.

Et Orion et Walburga, au milieu de tout ça, s'étaient aimés. Sans doute pas d'un amour passionnel, ou tendre, ou quelque autre qualificatif. Ils n'avaient pas eu le choix, et avaient dû se conformer à ce qu'on leur demandait, alors comment parler d'amour ? Mais d'une certaine manière, ils s'étaient aimés, loin des bavardages de leur famille respective. Ils comprenaient les aspirations de l'autre, et étaient bien décidés à tirer la famille qu'ils construiraient ensemble vers le haut.

Ils avaient eu deux garçons, qu'ils avaient élevés à la hauteur de leur rang. Alors, on avait fini par les laisser tranquille, rassuré et satisfait de ce que deviendrait le nom des Black.

Et quelle réussite ! Pourtant, leurs enfants aussi, ils les avaient aimé. A leur manière, là encore, mais avec force tout de même. Que s'était-il passé ?

« Maîtresse, voulez-vous un verre d'eau ? »

Walburga revint péniblement à l'instant présent. Kreattur se tenait prêt de son lit, son nez touchant le sol dans son empressement à s'incliner. Nous étions en 1985, et Walburga était seule dans cette grande maison depuis six ans. Depuis qu'Orion, son mari, le seul qui la rattachait encore à la vie, l'avait quitté. Mais une femme aussi fière qu'elle ne mettait pas fin à ses jours, alors, elle s'était acharnée. Toute sa vie n'avait été faite que d'acharnement, de toute façon. Bien que cette fois, elle ne sache plus à qui elle voulait prouver quoi que ce soit. A elle-même sans doute, avant tout. Allongée dans son lit, elle ressassait de plus en plus son passé, jusqu'à ne presque plus percevoir la réalité autour d'elle. Mais quelle réalité ? Il n'y avait plus rien ici. A part Kreattur. Elle releva la tête, et la vue de cet être lui renvoya soudain une image de faiblesse qui lui fut insupportable.

« Va-t-en ! » Cria-t-elle sans égard pour tous ses services et sa probable incompréhension. « Sors de là ! »

L'elfe disparut évidemment, le plus rapidement qu'il put.

Qu'était-elle devenue ? Où était la fière mère de famille qui s'enorgueillissait de sa poigne de fer, elle qui n'arrivait même plus à s'occuper d'elle-même ?

Elle avait toujours voulu être une Black. C'était sa principale ambition de gamine, de jeune fille, de jeune femme… Et elle l'était devenue. Alors, où était le problème ?

Elle avait perdu ses enfants. Le premier l'avait trahi de la plus ignoble des manières, et aujourd'hui encore, elle ne pouvait pas croire qu'il était à Azkaban pour avoir servi le Seigneur des Ténèbres. C'était son fils. Elle l'avait fait, quand même. Et malgré tous les cris et les sorts qu'elle lui avait jeté à la figure, elle n'avait jamais été surprise de ses réactions. Au fond, elle le connaissait, comme une mère connaît son enfant. Elle n'avait juste pas voulu qu'il s'éloigne, et elle avait essayé de toutes ses forces de le récupérer, sans parvenir à faire autrement qu'avec la rage.

Quant à Regulus… Tué pour avoir tourné le dos à celui à qui il avait juré allégeance, d'après ce qui s'était dit à l'époque. Encore une trahison. Impensable, de la part de son jeune fils. Et pourtant… Walburga, malgré toutes ses réticences, n'avait aucun mal à imaginer Regulus faire marche arrière. Le gentil Regulus, qu'elle avait tant voulu endurcir après la fuite de son frère.

Il semblait qu'elle ait tout raté. Non… non… Elle était devenue et demeurée une vraie Black ! Elle avait tout fait pour que ses fils soient dignes de leur nom ! C'était indispensable, elle ne pouvait pas faire autrement !

... N'est-ce pas ?

Une crainte la saisit soudain, violemment. Ca faisait mal dans le ventre et dans la gorge, et ça la faisait trembler. Non !

« Kreattur ! »

« Oui, maîtresse ? » Répondit son fidèle serviteur, une seconde à peine après l'appel désespéré.

« J'ai toujours été une femme honorable, n'est-ce pas ? »

« Bien sûr, maîtresse ! » S'empressa-t-il de répondre, visiblement alarmé.

« Ai-je eu tort d'agir ainsi ? Aurais-je dû renier ce que j'étais au nom de je ne sais quelles valeurs ? Aurais-je dû m'abaisser à me trahir ? Répond ! »

Elle saisissait maintenant l'elfe par le cou et le secouait, tout en parlant de façon totalement hystérique.

« Non, non, maîtresse ! Vous n'avez jamais failli, vous avez toujours été la plus forte, la plus respectable, maîtresse ! Tant de femmes vous jalousaient ! »

L'elfe se tut et Walburga, la respiration encore saccadée, le relâcha brutalement et lui fit signe de déguerpir.

Voilà. Elle n'avait jamais failli, et c'était ça, le plus important. Kreattur était d'accord avec elle. Elle était restée fidèle à elle-même. Le reste, ce n'était qu'un détail. Seul comptait l'honneur. L'honneur du nom des Black.

... N'est-ce pas ?

Elle se rallongea, et mourut dans la nuit. Kreattur, qui l'avait veillée durant son sommeil, maudissait ceux qui avaient mis ces horribles idées dans la tête de sa maîtresse. Son visage avait été crispé et tendu avant qu'elle ne s'éteigne, visiblement encore assailli par toutes ses questions. Pourtant, elle aurait tellement mérité de mourir en paix.


Note : pour Lucretia, j'ai cherché, mais je n'ai pas lu qu'elle avait été reniée malgré son mariage avec un Prewett. J'espère donc ne pas avoir commis d'erreur.

Voilà voilà… Une remarque ? Ca tombe bien, j'adore les reviews !