Bien que rédigé le lendemain pour cause de fatigue intense, cet OS a également été écrit dans le cadre de la 17ème nuit du FoF, pour le thème « course ». Pour en savoir plus sur le FoF, n'hésitez pas à m'envoyer un MP. Sinon, le lien se trouve sur mon profil et dans mes auteurs favoris.
Note et rappel : cet OS concerne également la génération de Walburga. Donc pour précision, Alphard est le plus jeune de la fratrie, Cygnus a un an de plus que lui et Walburga cinq.
Disclaimer : la saga HP appartient à JKR, je pense que ça se sait…
Pendant longtemps, Alphard avait eu l'impression de faire la course avec son frère et sa sœur. Et pendant longtemps, d'ailleurs, il avait bien eu l'intention de gagner.
Son grand frère Cygnus n'avait pas besoin de se battre, lui. Il était l'aîné des garçons, donc les choses coulaient de source. Sa grande sœur, elle, en revanche, se battait. Et plutôt deux fois qu'une. Alphard avait rencontré beaucoup de monde dans sa vie, mais il n'avait jamais vu quelqu'un avec autant de hargne imprimée sur le visage.
Alors lui aussi avait voulu se démarquer. Et s'il était honnête avec lui-même, il devait bien admettre qu'il n'avait pas été le plus lésé des trois. Non, on lui avait toujours témoigné de l'attention. Il était certes le plus jeune, mais il demeurait un garçon, élevé pour devenir un homme droit et fier.
Mais petit à petit, il voyait son grand frère s'affirmer. Cygnus ressemblait de plus en plus à son père, le respect et la crainte brillaient de plus en plus dans les yeux des autres quand ils le regardaient, et Alphard, lui, restait l'éternel petit frère.
Alors il avait voulu faire aussi bien. Vraiment, il avait essayé, et s'était donné beaucoup de mal. A Poudlard, il cherchait à intimider les petits, à impressionner les filles, à écraser ses rivaux. A la maison, il se donnait des grands airs, participait autant qu'il pouvait aux conversations des adultes… Oui mais voilà, ça ne prenait pas. Ca ne prenait jamais, tant que Cygnus était là aussi.
Et ça l'avait mis en colère, vraiment. Il en voulait à son grand frère de lui faire autant d'ombre, à ses parents de ne pas percevoir ses efforts, à sa grande sœur de l'ignorer ainsi, alors qu'elle semblait calquer toutes ses batailles sur les réussites de Cygnus.
Mais tout d'un coup, à la veille de sa sortie de Poudlard, tout ça l'avait lassé. Durant ses deux dernières années, il avait frénétiquement cherché avec quelle femme il pourrait se marier, une femme qui soit approuvée par sa famille, évidemment. Il avait tout fait pour briller en classe, n'obtenant que des O, redoublant d'ardeur au travail lorsqu'il n'avait eu qu'un E. En un mot, il avait couru après le succès et la reconnaissance, sur tous les plans.
Mais il était fatigué, maintenant. Il n'avait plus envie de courir. Il lui avait soudain pris l'envie de marcher plus lentement, et puisqu'il n'arrivait pas à la hauteur de son frère, il sentait qu'il lui faudrait exister différemment.
Alors, il était parti en voyage. Au départ, il ne voulait partir que pour un ou deux ans, le temps d'accumuler des connaissances qui pourraient le faire briller à son retour. Il avait expliqué à son père qu'il ferait honneur au nom des Black à l'étranger, et après moult tractations, il avait fini par obtenir sa bénédiction.
Et il était parti, avec la réelle envie de faire honneur aux Black, là où il serait. Il était sincèrement persuadé de la supériorité du sang pur sur le monde de la sorcellerie. Après tout, que ceux qui vivaient de la magie depuis plusieurs générations soient meilleurs que les arrivistes était parfaitement logique, et Alphard ne raisonnait que par la logique.
Oui mais voilà, il s'en était allé, pour ne finalement plus jamais remettre les pieds en Angleterre plus de quelques jours, quelques semaines tout au plus.
Au départ, il avait eu une forte tendance à vouloir véhiculer ses idées arrêtées au monde entier, au détour de ses pérégrinations. Mais il avait rencontré des gens qui, sans le remettre en question, l'avaient accepté tel qu'il était.
Et Alphard était peut-être borné parfois, avec sa logique implacable, mais il n'était pas stupide. Il voyait bien le bonheur de ceux qui vivaient comme ils l'entendaient, se contentant d'être ensemble et de faire de leur mieux. Il n'avait jamais vu, dans sa propre famille, tant de solidarité et de simplicité. Il n'avait jamais vu, dans les yeux de ses parents, tant de fierté face aux petites victoires de leurs enfants, ni tant d'indulgence face à leurs petites bêtises.
De loin, il avait suivi les déboires de sa famille. De Cygnus qui n'avait eu que des filles, de Walburga qui ne trouvait pas de mari convenable. Et il n'avait plus eu envie de rentrer.
Alors il n'était pas rentré, trouvant sans cesse des excuses pour faire taire les réticences. Il racontait que là où il était, on le respectait et on murmurait son nom avec crainte. Il racontait qu'il faisait des recherches approfondies sur les rites étrangers de magie noire, qui seraient bien utiles à la famille. Ca avait marché un temps, mais au bout d'un moment, ça ne suffisait plus.
Donc il était revenu parfois, lors de grandes occasions, pour donner le change. On l'interrogeait sur les résultats de ses recherches, et il se donnait des airs mystérieux en expliquant que c'était confidentiel, mais que les gens sauraient bien assez tôt. Evidemment, ils n'avaient jamais rien vu arriver, mais l'essentiel était qu'ils y croient le plus longtemps possible.
C'était lors de ses grandes occasions durant lesquelles il revenait quelques jours en Angleterre, qu'il avait progressivement fait connaissance avec son neveu Sirius. Et il ne pouvait s'empêcher d'admirer ce gamin. Car lui, malgré sa position pourtant enviée d'héritier, ne cherchait pas à faire la course avec le reste de sa famille. Il avait arrêté de courir après le besoin de faire honneur à son nom très tôt, vivant de rires et de blagues, et il n'en semblait pas moins heureux. Andromeda avait déjà quitté la maison, rejetant elle aussi ce qu'on avait décidé pour elle. Quant à Regulus, Bellatrix et Narcissa, eux, couraient toujours, dépensant sans compter toute leur énergie, et bien plus encore. Et Alphard avait l'impression de se revoir, enfant puis adolescent, cherchant à attirer la fierté de sa famille, et le respect craintif du reste du monde.
Fort de son esprit logique, Alphard en avait définitivement déduit que chez les Black, courir faisait plus de mal que de bien. C'était épuisant, de vouloir forcer sans arrêt sa vie à aller plus vite, plus haut, plus loin.
Une petite trace de votre passage ?
