Cet OS a été écrit pour la trente-huitième nuit du Fof, en une heure et des bananes, pour le thème « insurrection ». Le Fof est un forum de discussion où l'on peut jouer, parler de fanfictions ou demander de l'aide. Rejoignez-nous, le lien se trouve dans mon profil et dans mes auteurs favoris.
Disclaimer : la saga Harry Potter appartient intégralement à J.K. Rowling.
Lorsqu'il était enfant, Sirius n'avait que peu de contacts avec son oncle Alphard. Il représentait pour le jeune garçon qu'il était alors un oncle un peu lointain, un peu étrange. Image qui, du reste, était largement entretenue par les autres membres de sa famille. Sa mère le critiquait ouvertement et son père, bien qu'il ne dise rien, n'en pensait probablement pas moins. Il était juste plus discret. Quant à Cygnus et Druella, Sirius aurait été incapable de dire ce qu'ils en pensaient vraiment. Mais, s'il en jugeait par les messes basses entre les adultes autour de la grande table de réception, dès lors que le nom d'Alphard était prononcé, ça ne semblait pas bien valorisant.
Sirius et Regulus, pour leur part, n'avaient rien à répondre à tout cela. C'est vrai qu'il était un peu bizarre, l'oncle Alphard. Et puis, mère avait sans doute de bonnes raisons de ne pas l'aimer.
D'un autre côté, les rares fois où il revenait de ses voyages pour leur rendre visite, il était le seul à venir jouer avec eux. Mère n'aimait pas ça, ça se voyait sur sa figure. Alors Sirius et Regulus essayaient de ne pas faire trop de bruit en chahutant, parce que sinon, mère hurlait sa déception et père les foudroyait de sa désapprobation silencieuse.
Mais toujours, ils se laissaient inévitablement emporter par l'excitation de leurs jeux, tant c'était grisant d'avoir auprès d'eux un adulte qui voulait bien faire un peu l'enfant.
Lorsque père ou mère montaient dans leur chambre pour leur dire de se calmer, ils grondaient Sirius et Regulus. Mais les garçons sentaient bien que leur véritable désapprobation se dirigeait contre Alphard. Alors, ça les faisait se sentir mal. Ils culpabilisaient d'avoir attiré sur leur oncle la foudre de leurs parents et, plus tard, lorsqu'Alphard était reparti, ils culpabilisaient de s'être laissé emporter à s'amuser avec quelqu'un que leur famille n'aimait pas.
Toutefois, sur le moment, tant qu'Alphard était présent, il n'était aucunement question de culpabiliser de quoi que ce soit. Ainsi, lorsque le chahut n'était plus possible et une fois que l'oncle Alphard avait assuré à père et mère qu'ils allaient se calmer, Sirius et Regulus se blottissaient contre ce grand adulte, chacun d'un côté, et venait alors le temps des histoires. L'oncle Alphard en avait toujours plein à raconter.
Il racontait des histoires de pays dans lesquels il faisait toujours chaud, où résonnait sans cesse le son de musiques joyeuses et où brillaient les flammes de grands feux lumineux sur lesquels on faisait rôtir la viande. Il racontait des légendes de l'ancien temps, qui leur semblaient magiques même pour les sorciers qu'ils étaient. Et toujours, toujours, Sirius et Regulus fermaient les yeux et partaient en voyage, sans avoir quitté leur lit d'enfants.
Alors, oui, l'oncle Alphard était un peu étrange, si l'on comparait aux autres adultes qui les entouraient. Et puis, ils ne le voyaient pas très souvent. Si bien que ces après-midis d'histoires semblaient toujours, à posteriori, avoir été des moments un peu hors du temps, dont les garçons se souvenaient en se demandant s'ils ne les avaient pas tout simplement rêvés.
Jusqu'au jour où ils ne l'avaient plus vu du tout. Un hibou long courrier avait toqué à leur fenêtre un matin de décembre. Leur mère avait décacheté le parchemin, l'avait lu puis avait tempêté, jurant que c'était bien la dernière fois qu'elle entretenait ne serait-ce qu'un tout petit contact avec son frère. Père n'avait pas eu la parole, mais ça avait l'air de lui être bien égal.
Ainsi, quand au début de sa sixième année, Sirius avait vu s'engouffrer dans la grande salle un hibou aux couleurs exotiques, il avait fait comme tout le monde et l'avait fixé avec un émerveillement qu'il tentait de cacher sous trois tonnes de désinvolture. Il l'avait fixé et n'avait réalisé qu'au dernier moment qu'en réalité, le hibou mystère se dirigeait vers lui.
C'était l'oncle Alphard. L'oncle Alphard qu'il se remémorait avec si peu de précision qu'il dut y réfléchir à deux fois, avant de resituer plus clairement quelques souvenirs d'enfance.
Alphard avait appris sa fuite du Square Grimmaurd et lui écrivait pour lui parler de sa propre histoire avec les Black, souhaitant par là apporter un soutien à son neveu.
Ce soutien par lettres, Sirius s'en était saisi. Il était content de parler à quelqu'un qui fasse partie de la même famille que lui et s'en était enfuit, comme lui. Bien sûr, il échangeait également avec Andromeda, mais ce n'était pas pareil. Andromeda avait son mari et sa fille, et parfois Sirius avait du mal à pénétrer dans son monde. C'était plus facile avec un adulte solitaire, qui faisait un peu office de figure paternelle.
Mais, petit à petit, Sirius s'échauffait. Ses courriers étaient toujours enflammés et plein de rage. Sauf que, au lieu de répondre à sa colère par la même hargne envers les Black, ce qui lui aurait fait du bien, Alphard lui répondait en l'appelant à plus de recul et de tempérance. Et puis quoi encore !
De ce fait, Sirius avait fini par s'énerver très sérieusement. Et il s'énervait d'autant plus qu'Alphard, lui, ne s'énervait jamais. C'était agaçant !
Quelque part vers le mois d'avril ou de mai, l'adolescent avait donc arrêté de répondre à son oncle. Ses conseils soi-disant plein de sagesse lui devenaient insupportables. Il ne voulait pas être sage, lui. Il ne le pouvait tout simplement pas.
Lorsqu'au mois de juin, le Magenmagot l'avait contacté pour des questions d'héritage, Sirius avait mis du temps à comprendre ce qu'il se passait exactement. En apprenant la mort de son oncle, son premier sentiment avait été une culpabilité incommensurable, pour avoir passé la fin de sa vie à se disputer plutôt que de lui dire son affection.
Mais ensuite, la lecture du mot qui lui était adressé sur le testament lui avait mis du baume au cœur. « Parce que j'admire ta fougue et ta capacité à t'insurger. Parce que tout cela m'a sans doute fait défaut, à moi, lorsque l'injustice des Black m'explosait à la figure. N'écoute pas les vieux croulants qui voudraient te faire devenir sage. N'écoute pas ceux qui s'arrogent le droit de te dire comment mener tes combats, parce qu'ils pensent que leur plus grande expérience de la vie le justifie. Bonne route, Sirius. Agis toujours selon ce que tu penses être juste. Et surtout, prends soin de toi et de ceux que tu aimes ».
Hum... Elle est un peu... Too much, cette fin, non ?
Bref, je serais ravie d'avoir un avis :D
