Cet OS a été écrit pour la trente-huitième nuit du Fof, en une heure et des bananes, pour le thème « pluriel ». Le Fof est un forum de discussion où l'on peut jouer, parler de fanfictions ou demander de l'aide. Rejoignez-nous, le lien se trouve dans mon profil et dans mes auteurs favoris.

Disclaimer : la saga Harry Potter appartient intégralement à J.K. Rowling.


Narcissa n'en avait jamais douté mais cette guerre, plus que jamais, lui avait prouvé que le courage se conjugue bel et bien au pluriel. N'en déplaise aux gryffondors, les formes de courage sont multiples.

Sa sœur Andromeda avait quitté leur famille pour suivre son cœur et épouser l'homme qu'elle aimait. Oui, c'était une forme de courage. Une de celle que les gryffondors applaudissaient, même.

Mais dans la gigantesque bataille qui prenait tout juste fin à Poudlard, Narcissa ne venait-elle pas de voir son autre sœur, Bellatrix, se donner corps et âme pour le Seigneur des Ténèbres ?

Ca aussi, c'était une forme de courage. Une forme de courage proche de la folie, une de celles que les gryffondors ne comprenaient pas. Mais il fallait du courage, pour oser aller ainsi au bout de ses convictions. Celui-là, Narcissa ne l'avait jamais eu.

A quel moment avait-elle hurlé ce qu'elle pensait, elle ? Jamais, lui semblait-il. Sa mère ne cessait de vanter sa douceur lorsqu'elle était petite, mais en être toujours à ce stade à son âge était passablement ridicule.

Parfois, elle se disait qu'elle avait refusé de changer, parce que voir Bellatrix, sa compagne de jeux et sa meilleure amie d'enfance, se transformer en cette implacable mangemort lui avait procuré un sacré choc. Et oui, les gens grandissent, ma chère Narcissa. La vie ne peut pas éternellement rester un conte de fée.

Dommage, elle aurait bien aimé. Déjà, devenir femme, épouse et mère n'avait pas été aisé, compte tenu des exigences que son milieu faisait peser sur elle. Mais être épouse et mère en temps de guerre, Narcissa n'aurait jamais imaginé que ça puisse être aussi intenable.

Lucius en prison, Drago investi d'une mission qui ne pouvait que le condamner... Et elle qui n'avait pas su le protéger. Elle avait bien essayé, à un moment, de suggérer à Lucius qu'ils s'enfuient ; mais sa rage à l'entente de cette idée avait été telle que Narcissa l'avait ravalée de suite et avait tenté de se faire oublier. Lucius disait qu'il ne leur arriverait rien, qu'ils étaient du bon côté, qu'ils s'en étaient toujours sortis. Il disait que Drago serait protégé, mais qu'il faudrait bien, un jour, qu'il prenne le relais. Narcissa l'avait écouté et l'avait cru. Elle avait même réussi à se convaincre que, ce fameux jour où Drago serait impliqué ne se trouvait que dans un futur lointain et hypothétique.

Mais non. Ce futur-là avait été bien trop proche et trop réel. En désespoir de cause, elle n'avait pu qu'aller trouver Severus. Et s'en prendre à Harry Potter chez Madame Guipure, à l'époque où Drago et lui préparaient leur rentrée en sixième année.

C'était facile. C'était un ennemi. C'était un gamin.

Mais à quel moment, exactement, s'en était-elle prise aux siens pour ce qu'elle croyait être bon ?

Lorsqu'elle avait été acculée. Lucius lui-même s'était totalement laissé dépasser par ce qui était arrivé à leur fils. Le problème était donc en quelque sorte réglé : Drago était en danger, Lucius la soutenait, il fallait faire quelque chose.

Aurait-elle agi de la même façon si, une fois de plus, Lucius n'avait pas été de son avis ? S'il avait été partisan de laisser Drago se débrouiller ?

Elle pensait sincèrement que oui... Elle l'espérait.

Enfin, inutile de se torturer l'esprit avec des questions qui ne se posaient pas...

Elle avait menti au Seigneur des Ténèbres et, grâce à cela, avait enfin pu retrouver son enfant. C'était tout ce qui comptait. Le monde dans lequel elle voulait vivre n'avait pas beaucoup d'importance, tant que son fils y était en sécurité. Inutile qu'il grandisse trop vite, comme il le lui avait été demandé à elle.

Alors, avait-elle commis là son unique acte de bravoure ?

Non. Mentir au Seigneur des Ténèbres n'avait pas été dicté par un courage quelconque, mais par une nécessité de mère. Ce n'était pas courageux, c'était normal. Drago, lui, avait été courageux dans toute cette histoire. Il s'en était admirablement sorti en dépit de la pression qui pesait sur lui, et puis il avait manifesté son refus en prétendant ne pas reconnaître Potter, lorsque ce dernier était prisonnier au manoir. Le reste de ses actes n'avaient été que survie.

Le courage se conjuguait au pluriel, mais aucune de ces conjugaisons ne s'appliquait à Narcissa Malefoy. Et tandis qu'une liesse collective venait célébrer la victoire, tandis que les endeuillés pleuraient leurs morts, Narcissa priait.

Elle n'avait pas de mort à pleurer. Bellatrix, elle l'avait perdue depuis longtemps. Andromeda depuis plus longtemps encore, elle ne pouvait donc s'attarder sur la mort de sa fille.

Alors, elle priait. Elle priait pour que les années à venir ne lui demandent plus jamais de s'interroger sur son absence de courage. Elle priait parce qu'elle n'avait pas de morts à pleurer, mais un fils et un mari à retrouver.


Et voilà pour cette nuit ! Je vais m'arrêter là : il est 2H du matin, les mots et les idées commencent à s'enchaîner difficilement...

N'hésitez pas à mettre un mot si le cœur vous en dit, tout avis est bien reçu par la maison.