Cet OS a été écrit pour la 66ème nuit du FoF, en une heure (et des brouettes), pour les thèmes « événement » ou « rupture » (c'est-à-dire que ce petit texte peut coller pour ces deux thèmes qui ont été donnés). Le FoF est un forum francophone où l'on peut venir jouer et discuter de tous sujets concernant la fanfiction (lien sur mon profil ou dans mes auteurs favoris).

Disclaimer : rien à moi, à JKR.


Cette journée aurait dû être un événement. « Le plus beau jour de ta vie », « tu seras la plus belle et tous n'auront d'yeux que pour toi », voilà quelque unes des phrases toutes faites qui sortaient par flot continu de la bouche de ses copines dès lors qu'elles parlaient de mariage. Ses ex copines, plus exactement, car aucune d'entre elles n'étaient présentes aujourd'hui pour prendre part à ce « plus beau jour de sa vie » ou pour admirer à quel point « tous n'avaient d'yeux que pour elle ».

Ni ses copines, ni sa famille, ni personne.

Bien sûr, la mère de Ted portait sur elle un regard plein d'amour, heureuse que son fils soit aimé si fort par une femme, qui avait abandonné tant à sa vie pour lui. Mais ça ne compensait rien, pour la jeune mariée. Madame Tonks, si joviale et ouverte de nature, aurait évidemment adoré avoir une belle-famille avec laquelle elle puisse s'entendre et partager, mais elle se satisfaisait d'avoir une belle-fille qui ne la rejetait pas et envisageait de construire son avenir à leurs côtés.

Andromeda, elle, ne parvenait pas totalement à se satisfaire de cette belle-mère, qui cherchait à l'adopter et à l'aimer comme si elle avait besoin d'une nouvelle famille. Elle assumait ses choix et ne voulait pas de la compassion des foules, elle détestait ce regard empathique qui semblait signifier : « pauvre petite ». Elle n'était pas à plaindre : elle aimait Ted, voulait faire sa vie avec lui et avait fait les concessions qui s'imposaient pour cela, mais les effusions d'amour de Madame Tonks, très peu pour elle !

Pour ne pas blesser Ted cependant, elle serrait les dents et ne disait rien. Pour le moment. Elle avait grandi dans une famille où l'on ne s'était jamais trop embarrassé de blesser les autres lorsqu'on avait quelque chose à dire, par conséquent elle n'était pas bien sûre de pouvoir se retenir éternellement.

Après tout, qui est-ce qui l'avait ménagée, elle, lorsqu'elle avait voulu parler d'amour et qu'on lui avait parlé de pureté du sang ? La vie était dure, c'était ainsi.

Andromeda se revoyait, le jour où elle avait été définitivement reniée : c'était un rassemblement de famille et son père lui avait mis la pression, car elle avait 17 ans maintenant et ne pouvait se permettre de repousser sans arrêt tous les jeunes hommes de bonnes familles dont on lui parlait. Son père s'estimait déjà bien patient et ouvert d'esprit, en lui laissant donner son avis. Mais puisqu'elle refusait tout, c'était la preuve qu'elle ne pouvait être sensée et que quelqu'un devait bien faire avancer la situation.

A ce moment-là, Andromeda avait compris qu'elle ne pouvait plus repousser davantage le moment de vérité. Quelque part, ça la soulageait de se dire qu'elle n'avait plus le choix, d'ailleurs. Elle n'en pouvait plus de vivre avec cette boule au ventre permanente, anticipant le moment où elle lâcherait la bombe et l'explosion que cela provoquerait inévitablement.

Alors, elle l'avait lâchée. Elle aurait aimé le faire la tête haute, regardant son père droit dans les yeux d'un air plein de défi, mais elle restait, qu'elle le veuille ou non, la petite fille qui n'aimait pas décevoir. L'orgueil, c'était pour Bellatrix. C'est elle qui assumait ses opinions sans ciller.

Andromeda, pour sa part, bouillonnait de l'intérieur mais demeurait incapable de le montrer. Alors, elle avait lâché sa bombe, d'une toute petite voix, les bras repliés contre sa poitrine et les yeux rivés au sol. Mais sa voix était si basse qu'elle avait dû répéter, et c'était certainement ces quelques secondes, où elle l'avait dit mais où son père n'avait pas compris, qui avaient été les pires.

Une fois que c'était sorti, elle n'avait plus qu'à laisser faire et à subir. Son père avait hurlé, évidemment. Sa mère également, bien entendu. Sa tante et son oncle, n'en parlons même pas : comme si elle avait été leur fille !

Mais le plus douloureux avait sans nul doute été le regard de ses sœurs et ses cousins. Bellatrix retenait un sourire de triomphe, elle qui rêvait depuis de longs mois de la dénoncer et de prendre sa place d'aînée mais ne se retenait que parce qu'Andromeda lui inspirait encore une toute petite once de respect. Narcissa avait les poings serrés, la tête baissée, l'air plus malheureux que jamais.

Quant à ses cousins... Sirius et Regulus, qui n'avaient pas plus de huit ans à l'époque, l'avaient regardé comme si elle était complètement folle de défier ainsi l'autorité parentale. Enfin, Regulus avait semblé avoir peur, mais elle serait moins affirmative concernant Sirius... Il semblait fasciné. Ni admiratif ni craintif, mais tout simplement fasciné par la gentille Andromeda qui sortait soudainement de son habituelle réserve.

Toutefois, lorsque son père l'avait chassée de la maison et qu'elle était venue dire au revoir en douce aux deux garçons avant de s'éclipser définitivement, tous deux lui avaient demandé quand est-ce qu'ils la reverraient et elle n'avait su leur répondre. « Tu nous laisses tomber ? », avait demandé Regulus, reprenant une phrase qu'il avait entendu dans la bouche de sa mère mais qui semblait animer sincèrement son cœur. « Tu n'aimes plus nos parents alors on ne peut plus se voir ? », avait demandé Sirius, dans une tentative de compréhension d'enjeux affectifs qui lui échappaient encore un peu.

Ces questions d'enfants lui avaient fait bien plus mal que tous les hurlements parentaux. Et, aujourd'hui, alors que se déroulait cette journée morose censée être « le plus beau jour de sa vie » mais qu'elle ne considérait que comme une formalité qui devait bien avoir lieu, ce sont les visages de ses sœurs et de ses cousins qui lui manquaient le plus. Le manque de ses parents, finalement, elle s'en accommodait et, quelque part, ce simple constat disait à quel point la rupture était consommée bien avant que la jeune femme ne soit officiellement reniée. Elle était consommée alors que, depuis des années, Andromeda s'échinait à maintenir tant bien que mal des liens dont personne ne semblait vouloir.