Cet OS a été écrit pour la 66ème nuit du FoF, en une heure (et des brouettes), pour le thème « drogue ». Le FoF est un forum francophone où l'on peut venir jouer et discuter de tous sujets concernant la fanfiction (lien sur mon profil ou dans mes auteurs favoris).
Disclaimer : rien à moi, à JKR.
Cette année-là, à noël, Regulus était rentré chez lui pour les vacances avec le secret espoir qu'il puisse se ressourcer de la tension qu'il supportait de moins en moins à Poudlard. Les regards lointains et plein de morgue de son grand frère parti l'été dernier de la maison, la pression des plus grands de serpentard qui le cajolaient et vantaient ses capacités afin qu'il accepte de rejoindre le Seigneur des Ténèbres... Regulus n'en pouvait plus, il voulait redevenir le petit garçon dont la seule préoccupation était de ne pas faire trop de vagues durant les premiers jours de son retour afin que noël en famille se passe bien.
Regulus était donc rentré, et il veillait soigneusement à ce que chaque discussion avec ses parents ne dérive sur aucun sujet sensible. De la superficialité, par pitié, cela lui allait parfaitement. Sirius lui cracherait probablement au visage qu'il faisait semblant, mais Regulus adorerait lui rétorquer que oui, qu'il l'assumait et que, Merlin, était-on toujours obligé de dire tout ce qu'on pensait ? Ne pouvait-on pas, parfois, ménager l'hippogriffe et la citrouille pour préserver des relations sereines ?
Ah, non. Il s'était promis de la superficialité et du repos, il n'allait pas penser à Sirius maintenant !
Mais son besoin de sérénité, c'était sans compter sur Bellatrix, qui était cette année conviée au Square Grimmaurd avec son mari Rodolphus pour les fêtes de noël. Le couple était arrivé le 23 décembre et prévoyait de rester quelques jours. Orion et Walburga leur étaient tout acquis et semblaient les vénérer, ils n'avaient donc qu'à profiter du tapis rouge qui leur était déroulé lorsqu'ils venaient et, supposait Regulus, cela devait être bien agréable.
Ainsi, au matin du 24, Regulus était attablé au salon, prenant calmement son petit déjeuner et sortant progressivement du sommeil, lorsque Bellatrix vint s'assoir en face de lui. Elle loucha dans sa tasse et s'exclama, sans même un « bonjour » préalable : « tu bois du café, maintenant, petit cousin ? »
Regulus ne releva pas le ton condescendant de son interlocutrice tant il y était habitué. Il se contenta de marmonner : « hmmm, depuis un moment ».
« Depuis un moment ? Serais-tu passé dans la cour des grands, petit cousin ? »
Merlin, qu'elle pouvait être agaçante parfois, adoptant une expression aussi grandiloquente pour dire quelque chose de totalement banal et sans intérêt !
Regulus choisit de répondre simplement, remettant un peu de naturel dans la conversation. « J'en bois depuis la rentrée. C'est Avery qui m'a fait goûter ça pour la première fois et depuis, je ne peux plus m'en passer ! C'est une vraie drogue, j'ai l'impression que je ne suis bon à rien si je ne démarre pas ma journée avec ça ».
« Une drogue ? » Répéta Bellatrix, d'une voix lente que Regulus ne comprit pas. Il se prépara déjà à se justifier, affirmant à son aînée que non, il ne faisait rien d'illégal et c'était juste une façon de parler, mais elle ne lui en laissa pas le temps. « N'as-tu rien trouvé de mieux que ce breuvage importé des moldus ? Tu ne voudrais pas prendre le même chemin que Sirius, qui glorifie par principe tout ce qui vient de ces malades, n'est-ce pas, petit cousin ? »
Regulus hésita entre la contrition qui semblait attendue de lui et l'expression du ras le bol qui monta soudain dans son ventre. Il opta sans réfléchir pour la seconde alternative. « Ca va, Bellatrix ! Je ne vais pas renier notre famille juste parce que je bois du café ! D'ailleurs, je ne suis pas le seul à serpentard, d'autres élèves de familles honorables en boivent également ».
« Et bien, c'est un tort ! », s'emballa-t-elle. « Ces imbéciles ne se rendent pas compte que c'est en acceptant ces produits importés que l'on renforce l'envahissement des moldus et autres sangs-de-bourbe. N'y a-t-il pas assez à faire avec ce qui vient de chez nous ? Est-on obligé de se donner bonne conscience en se montrant ouvert avec ce qui vient d'une communauté dominatrice et étrangère ? Tu verras, dans quelques années, les moldus et leur mode de vie nous auront complètement asservis si personne n'y prête attention et là, il sera beaucoup trop tard pour se plaindre ! Heureusement que le Maître est là et compte y mettre bon ordre, la société sorcière a plus que jamais besoin de lui pour éviter le mur dans lequel elle est en train de foncer ! »
Regulus soupira. Lui qui cherchait des conversations superficielles depuis le début de ses vacances, il n'aurait jamais cru que le café soit un sujet pouvant dévier si vite et si loin. Il ne répondit rien, sentant bien que Bellatrix n'attendait pas de réponse et que, de toute façon, un seul mot de sa part la relancerait dans son argumentaire militant et obsessionnel.
C'était sans compter sur la capacité de Bellatrix à se relancer toute seule, cependant...
« Tu parlais de drogue, Regulus », reprit-elle un ton plus bas. « Crois-moi, tu n'as pas besoin de ce breuvage immonde pour te faire avancer. La meilleure des drogues, tu ne la connais pas encore. L'approbation du Maître ! Peux-tu imaginer ce que c'est, lorsqu'il te regarde intensément et te félicite de ce que tu as fait pour lui, pour la communauté sorcière ? D'après certains échos qui nous viennent de serpentard, il semblerait que tu sois réticent à t'engager, Regulus. Pourquoi ? Qu'attends-tu ? »
Ca y est, elle ne l'appelait plus « petit cousin », mais « Regulus ». On était officiellement passé du jeu au sérieux... Mais finalement, Regulus, qui au départ avait cherché à éviter ses phrases condescendantes pleines de sous-entendus, aurait bien joué plus longtemps. C'était tout le problème avec Bellatrix : on cherchait à éviter une situation inconfortable, et on se retrouvait piégé dans quelque chose de plus inconfortable encore.
