Cet OS a été écrit pour la 86ème nuit du FoF, en une heure et quelques, pour le thème « trop ». Le FoF est un forum francophone où l'on peut venir jouer et discuter de tous sujets concernant la fanfiction (lien sur mon profil ou dans mes auteurs favoris).

Disclaimer : rien à moi, à JKR.


En ce 25 août 2009, Teddy avait trépigné et rendu folle sa grand-mère toute la matinée. Enfin, elle allait l'accompagner sur le Chemin de Traverse acheter ses fournitures pour sa première rentrée à Poudlard ! Andromeda n'avait jamais été une grande adepte des effusions de joie, aussi lui avait-il fallu toute sa réserve de patience pour supporter sans broncher l'excitation, somme toute normale, de son petit-fils.

Mais le soir venu, une fois de retour, Teddy était bien plus silencieux, songeur. A vrai dire, depuis leur visite chez Fleury et Bott, le jeune garçon était perdu dans ses pensées et semblait hésiter à interroger sa grand-mère.

Andromeda quant à elle, hésitait. Devait-elle questionner son petit-fils, en sachant qu'elle était quasiment sûre de deviner ce qui le tracassait ? Ou devait-elle laisser dormir le sujet si Teddy n'y venait pas de lui-même ? Son cœur balançait du côté de la deuxième solution, car Andromeda balançait toujours du côté du silence si elle le pouvait. A quoi bon mettre les pieds dans le chaudron si ce n'était pas absolument nécessaire ? Elle laissait volontiers cela à Harry et ses amis.

Mais au moment du dîner, voyant l'enfant jouer avec la nourriture dans son assiette d'un air absent plutôt que de se jeter dessus comme le morfal qu'il était le faisait toujours, elle n'y tint plus.

« Bon, Teddy, vas-tu me dire ce qui te travaille depuis toute à l'heure ? »

L'interpelé sursauta, ne s'attendant visiblement pas à cette brutale apostrophe. Il leva les yeux, ouvrit la bouche, la referma, hésita face à l'agacement non dissimulé de celle qui lui faisait face… Les colères de sa grand-mère étaient rares, mais Teddy avait appris à se méfier des signes qui les annonçaient car ce n'était jamais agréable.

« Teddy », reprit Andromeda, tentant de maîtriser sa voix car elle sentait bien que son petit-fils avait besoin d'être rassuré. « Si tu as envie, tu peux me parler de ce qui te rend si songeur. Si tu ne veux pas m'en parler en revanche, je ne serais pas fâchée et je comprendrais, Harry ou l'un des Weasley pourra également t'écouter et te répondre si tu en as besoin. Mais décide-toi, s'il te plaît et cesse d'être ailleurs ainsi ».

L'enfant sembla réfléchir à toute vitesse puis, d'une traite, il lâcha avant de se raviser : « la dame qu'on a croisé chez Fleury et Bott, c'était bien ta sœur Narcissa ? »

« Oui », répondit simplement Andromeda, attendant calmement la question suivante.

« Et… Je veux dire… Ca semblait très… » Teddy ne sut comment compléter sa question mais Andromeda décida de lui venir en aide.

« Froid ? Tendu ? »

L'enfant acquiesça.

« C'est vrai. Qu'est-ce qui te tracasse ? Que veux-tu savoir ? »

« Ben… Pourquoi ? C'est ta sœur ».

« Oui, et alors ? Les frères et sœurs ne s'entendent pas toujours très bien, tu sais ».

« Pourquoi ? Tous mes copains qui ont des frères et sœurs les aiment, même s'ils se disputent parfois. Pourquoi ta sœur et toi, vous ne vous aimez pas ? C'est triste ».

Andromeda resta quelques instants silencieuse, choisissant ses mots pour répondre à cette question tellement plus complexe que la manière dont Teddy la formulait.

« Je n'ai pas dit que je n'aimais pas ma sœur, Teddy. C'est plus compliqué que ça ».

« Mais… » L'interrompit le jeune garçon, maintenant totalement libéré de ses craintes de parler. « Vous vous êtes à peine regardé, à peine dit bonjour ! »

« Oui, tu as raison. Il y a, entre Narcissa et moi, une histoire difficile. Nous avons fait des choix différents qui nous ont opposé lorsque nous étions jeunes parce que nos parents ne nous ont jamais laissé très libres de mener notre vie comme nous l'entendions. Nous avions une forte pression familiale et cela créait beaucoup de tensions entre nous. Une fois que nos parents sont morts, Narcissa et moi aurions sans doute pu nous retrouver mais ensuite, la guerre a éclaté et nous a poussé dans des camps différents ».

« Mais la guerre est finie depuis longtemps ! » Questionna Teddy.

« Certes, mais elle a laissé beaucoup de traces qui ne peuvent pas s'effacer si facilement. La guerre oblige les gens à prendre des positions extrêmes, là où en temps normal ils auraient pu être plus modérés. C'est pour ça que, Narcissa et moi, qui n'avons jamais été les plus volcaniques de la famille, nous sommes malgré tout retrouvé séparées ».

Andromeda se tut, laissant Teddy intégrer le sens de ses paroles. Elle voyait bien qu'il avait l'air de ne pas tout comprendre à ces histoires de choix : et pour cause, elle avait été assez évasive et elle ne jugeait pas utile de rentrer dans les détails tant que son petit-fils ne cherchait pas à en savoir plus.

« Volcanique… » Répéta finalement l'enfant. « Harry a utilisé ce mot lorsqu'il m'a parlé de son parrain Sirius. C'était ton cousin, n'est-ce pas ? Je sais que c'était l'un des meilleurs amis de papa avec le père de Harry ».

Andromeda sourit.

« Exactement. En effet, Sirius était volcanique, lui, c'est certain. C'était quelqu'un de profondément bon mais de tellement excessif ! Lorsqu'il aimait quelqu'un, c'était absolu et inconditionnel. Mais lorsqu'il détestait quelqu'un, c'était la même chose. Je ne sais pas ce que t'en a dit Harry mais pour ma part, je pense que c'est ce qui lui a malheureusement été fatal : il aimait trop fort et il détestait trop fort ».

« Harry m'a dit qu'il était mort parce qu'il avait voulu venir à son secours ».

« Oui, il a écouté ses émotions », conclut simplement Andromeda, ne voulant pas en dire davantage là non plus. Sirius ne représentait pas grand-chose pour Teddy, si ce n'est qu'il était le parrain de son parrain et l'un des meilleurs amis de son défunt père. D'ailleurs, l'enfant n'insista pas. Il en revint à un autre point, surprenant Andromeda.

« Et Bellatrix ? » Face à l'interrogation dans les yeux de sa grand-mère, il précisa : « Je sais que c'était ton autre sœur et qu'elle a tué maman ».

Andromeda se tendit. « Que veux-tu savoir à propos d'elle ? »

« Ben… Elle a tué maman alors qu'elle était de sa famille… Elle était comment, par rapport à Narcissa et toi ? »

« Beaucoup plus frontale et violente, avide de reconnaissance et absolument excessive en tout, jusqu'au pire ».

« Comme Sirius ? » La question innocente de Teddy fit naître un sourire crispé sur les lèvres de l'ancienne Black qu'elle était.

« Jusqu'à un certain point, Sirius et Bellatrix se ressemblaient. Mais il n'aurait surtout pas fallu le leur dire parce que ces deux là se haïssaient au-delà de l'imaginable. Je t'ai dit que Sirius, dans ses amours ou ses colères, en faisait toujours trop. Quelque part, c'était pareil pour Bellatrix, mais sans que ça ne soit comparable en aucune manière. Bellatrix n'était pas seulement excessive et volcanique, elle en est devenue folle, mal saine et assassine ».

Une fois de plus, Andromeda eut l'impression d'être tombée dans des explications d'adultes qui ne pouvaient pas parler à Teddy, voire qui pouvaient lui faire peur. D'ailleurs, ce dernier demanda :

« C'est Bellatrix qui a tué Sirius aussi ? »

Andromeda décida de mettre un coup d'arrêt à cette discussion.

« Oui, Teddy. Comme tu le sais mieux que beaucoup d'autres, Bellatrix a été l'une des pires adeptes de Voldemort. Elle a causé énormément de souffrances et nous a fait beaucoup de mal alors franchement, elle ne mérite pas que nous nous souvenions d'elle et que nous perdions notre temps à en parler ».

« Hmmmm », fit l'enfant, replongeant le nez dans son assiette. « Allez, mange », l'enjoignit sa grand-mère et cette fois, il ne se fit pas prier : lui aussi semblait maintenant vouloir passer à autre chose. D'ailleurs, après quelques secondes d'un nouveau silence songeur, Teddy demanda :

« Je pourrais rester éveillé un peu plus longtemps ce soir pour regarder mes livres de classe ? »

Andromeda sourit, d'un sourire affectueux et enfin plus détendu. Elle donna son autorisation et le jeune garçon bondit de sa chaise avec son enthousiasme naturel retrouvé.

« Merci d'avoir débarrassé ton assiette ! » Lui cria-t-elle alors qu'il était déjà arrivé dans sa chambre. Elle n'insista pas et, tout en rangeant la cuisine, se repassa le film de cette discussion difficile. Merlin merci, soupira-t-elle, Teddy n'avait pas parlé de Regulus. D'ailleurs, connaissait-il seulement son existence ? Parce que, après Sirius et Bellatrix morts en raison de leurs choix excessifs, comment aurait-elle pu parler de Regulus qui, lui, était mort de n'avoir pas su se positionner à temps entre les exigences de ses parents et ses propres convictions ?