Cet OS a été écrit dans le cadre de la 124ème nuit du FoF, mémorable s'il en est car elle célébrait les dix ans des nuits d'écriture du forum.
Ce texte répond à deux thèmes :
-Le thème « Charade »,
-Le thème « Fanfiction » avec pour contrainte d'écrire une fanfiction de fanfiction…
Pour l'occasion des dix ans des nuits d'écriture, j'ai décidé de ressortir le texte de ma première participation, qui est également le premier chapitre de ce recueil (onzième nuit, mars 2011).
Si vous voulez aller le lire, vous êtes les bienvenus mais je vous fais un résumé pour que vous n'en ayez pas besoin pour comprendre ce qui va suivre.
Sirius, neuf ans, est admis pour la première fois à une réception organisée au Square Grimmaurd tandis que Regulus, encore trop petit, est envoyé dans sa chambre pour la soirée. Sirius se sent fier et grand au début mais bien vite, les exigences de ses parents pour le contraindre à se tenir comme il faut le stressent. Durant la journée, son père et sa mère l'assomment d'injonctions sans fin pour qu'il soit prêt le soir venu. Alors, à un énième coup de pression de son paternel, Sirius réagit instinctivement : il se lève un peu trop brutalement de sa chaise, bouscule la table et le gâteau qui s'y trouvait, préparé par Kreattur, se fracasse au sol. Sirius est immédiatement puni et consigné dans sa chambre pour plusieurs jours mais, pour la galerie une fois les invités prestigieux arrivés, Monsieur et Madame Black renvoient toute la faute sur l'elfe pour ne pas incriminer leur héritier et ses manières. Lorsque Sirius est enfin autorisé à sortir de sa chambre, ses parents ne lui adressent pas la parole et c'est donc Regulus qui lui raconte ce qu'il s'est passé.
En guise de fanfiction de la fanfiction : comment se sont passées les retrouvailles entre Sirius et Regulus, une fois que l'aîné a pu quitter sa prison ?
Bonne lecture !
Pendant toute la durée de sa punition, Sirius appréhendait le moment où il pourrait enfin sortir de sa chambre. D'un côté, il n'en pouvait plus de rester entre quatre murs, c'était un enfant vif qui avait besoin de bouger… D'un autre côté, ses parents n'avaient jamais tellement apprécié qu'il bougeât autant et là, il les connaissait suffisamment pour savoir qu'ils seraient moins qu'indulgents avec lui ces prochains temps.
Généralement, chez les Black, les bêtises étaient faites en moins de cinq minutes et les punitions qui en découlaient s'éternisaient durant des jours. Même une fois officiellement levées, ses parents continuaient à se montrer froids et distants ce qui, en réalité, représentait la pire partie pour le jeune garçon.
Bien entendu, le gâteau de réception qu'il avait ruiné, de la pure œuvre d'art, lui promettait que le répit ne viendrait pas de sitôt.
En effet, c'est ce qu'il se passa. Au matin du troisième jour, Walburga vint lui ouvrir la porte puis s'éloigna, en se gardant bien de lui adresser le moindre regard ou la moindre parole. Sirius savait que ce qui était attendu de lui était qu'il fasse le premier pas, qu'il aille s'excuser… Mais il n'était pas prêt. Parce qu'après les excuses venaient des sermons plutôt prolixes et relativement interminables, qui lui faisaient presque regretter le silence. Presque.
Alors, plutôt que de descendre dans la cuisine où il savait que sa mère se trouverait, il prit la direction de la chambre de son frère. Il venait de passer deux jours entiers à manger le minimum, il parviendrait à ignorer sa faim jusqu'au repas de midi et puis, en cet instant précis, il lui tardait davantage de combler sa solitude que son estomac et il savait qu'il pouvait faire confiance à Regulus pour cela.
« Reg ? » dit-il en entrant dans la pièce.
« Sirius ! » réagit spontanément ce dernier, posant le livre qu'il lisait et bondissant de son lit. « Ça y est, tu n'es plus puni ? »
« J'ai le droit de sortir de ma chambre », répondit l'aîné sans trop s'avancer. « Après, je pense que je vais encore me faire gronder pour ce qu'il s'est passé. »
Son jeune frère lui répondit avec une moue désolée.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé depuis deux jours ? » interrogea Sirius.
« Pas grand-chose », répondit Regulus en plissant son petit nez d'un air ennuyé. « Papa et maman n'étaient pas beaucoup là. »
« Et pour le gâteau, comment ils ont fait ? » Sirius s'inquiétait beaucoup de la réponse mais il devait demander.
« Je ne sais pas comment ils ont fait pour que les invités aient un dessert, j'imagine que Kreattur a pu en préparer un autre. »
« Mais… », Sirius n'était pas satisfait de cette explication car ce n'est pas tant cela qu'il voulait savoir. « Ils avaient dit aux invités que je serai présent à la réception, qu'est-ce qu'ils ont dit pour justifier mon absence ? »
« Oh, ça… Ils ont dit que tu avais attrapé un virus et que tu étais très malade, je crois. Et après, ils ont grondé Kreattur à cause du gâteau gâché et de la vaisselle cassée. »
« Ils ont grondé Kreattur ? Mais pourquoi ? » Sirius pensait être en mesure de prévoir beaucoup de choses de la part de ses parents mais il devait admettre que ça, il ne l'avait pas vu venir.
« Ils ont dit… que les autres familles de sang pur ne devaient pas savoir qu'un tel manque de retenue et d'attention venait de l'héritier de notre famille », répéta le cadet en se concentrant pour retrouver les paroles qui avaient été prononcées. « Ils l'ont puni, très fort. »
« Oh… » Sirius sentit confusément que ce mensonge pour sauver leur image, témoignait encore davantage si c'était possible de la fureur parentale.
« Je m'ennuie… On joue ? » demanda ensuite Regulus, plein d'espoir.
« Bien sûr ! » sourit Sirius, oubliant quelques instants ce qui l'attendait. « A quoi tu veux jouer ? »
« J'sais pas… », à nouveau, le petit nez plissé fit son apparition.
« Je peux te faire deviner des charades, si tu veux. J'ai eu le temps d'en inventer tout plein pendant que j'étais puni. »
« Oh oui ! » Le visage de Regulus s'éclaira instantanément et il en sauta sur son lit de bonheur. Regulus adorait les devinettes. « Allez, vas-y ! »
« Alors, voyons voir… Mon premier est le contraire de mauvais, mon deuxième est le contraire de haut, mon troisième sort du derrière d'un dragon et mon tout est un jeu très rigolo », termina Sirius avec un grand sourire.
Il adorait regarder son petit frère se concentrer car il fermait les yeux et avait quasiment un air pénétré sur le visage.
« Bon… Bas… », réfléchit le plus jeune. « Bon, Bas, Bouse ! Une bombabouse ! » jubila-t-il lorsqu'il eut trouvé.
« Bravo ! » le félicita son aîné. Mais le cadet n'avait pas l'intention d'en rester là. « C'était trop facile, Sirius ! Une autre, plus difficile ! »
« Ah, une plus difficile ? » Sirius ne se fit pas prier. « D'accord ! Alors, mon premier est le contraire de tôt, mon deuxième est ce qu'on fait quand on empile des objets, mon troisième se trouve sur un couteau, mon quatrième est un mot que dit souvent Andromeda quand les choses ne se passent pas comme elle veut et mon tout se mange. »
« Oh ! » réagit Regulus. « Mais elle est longue cette charade… »
« Tu as dit que tu en voulais une difficile », sourit Sirius mais il répéta néanmoins plus lentement et, à nouveau, le plus jeune sembla rassembler toute la concentration qu'il avait en lui.
« Tard… Pile… Coupe… »
« J'ai dit que mon troisième se trouve sur un couteau, pas que c'est ce que fait le couteau », le corrigea son grand frère.
« Tard… Pile… », reprit le gamin. « Tard… Pile… », répéta-t-il comme s'il attendait qu'une illumination ne lui tombe magiquement dessus. « Qu'est-ce qu'elle dit souvent déjà, Andromeda, quand elle n'est pas contente ? Elle dit « zut »…. Tard… Pile… Mais c'est pas possible, il n'y a pas de mot qui se termine par Zut… Je ne sais pas, Sirius ! Je donne ma langue à l'hippogriffe ! » finit-il par capituler après une ou deux minutes à peine.
« Tu ne sais pas ? Tarte à la mélasse ! » dévoila l'aîné, très fier de lui. « Tard-Tas-Lame-Hélas », détailla-t-il.
« Waouh ! Mais c'est mon dessert préféré, en plus ! » réagit le plus jeune avec un grand sourire. « Et c'est vrai, pourquoi je n'ai pas pensé à « hélas » alors qu'on se moque tout le temps d'Andromeda quand elle dit ça en soupirant ? »
Sirius lui répondit avec un clin d'œil et le jeu continua ainsi pour deux ou trois charades encore, avant que Regulus ne se lasse et sorte ses petits soldats magiques en faisant deux équipes pour jouer à la bataille avec son frère.
Sirius s'inquiétait toujours de ce que ses parents lui diraient, de la durée pendant laquelle ils lui manifesteraient leur hostilité… Mais en attendant, son petit frère le regardait à nouveau comme un héros et tout allait bien.
