Je suis désolée pour mon absence de trois semaines, j'ai pris quelques vacances loin d'internet et cela m'a fait beaucoup de bien !

Pour m'excuser, voici les trois chapitres que je n'ai donc pas pu posté ces dernières semaines qui seront tous posté aujourd'hui (le 4, le 5 et le 6)

On reprend le rythme de publication dès ce week-end avec le chapitre 7 !

Bonne lecture !


CHAPITRE 4 - Amie ou ennemie ?


Lundi 8 novembre 1976

Dans la salle de classe désaffectée où elle avait traînait les maraudeurs, Sofia trépignait de joie. Deux mois après avoir sentie son odeur pour la première fois, elle avait enfin trouvé le loup qui hantait les bois les nuits de pleines lunes, tout comme elle. Elle était heureuse de constater qu'il s'agissait de Remus, qui lui avait paru sympathique et gentil de premier abord. Son père lui avait toujours appris que le secret de la meute ne se partageait qu'avec la meute. Depuis la mort de ce dernier, Sofia s'était sentie seule, sans famille, sans meute. Alors trouver Remus était comme un nouveau départ, une chance que la vie lui offrait.

Remus, quant à lui, voyait les choses d'une toute autre manière : Sofia, Serpentard de septième année dont il ne savait presque rien, avait découvert le secret qu'il s'attachait à cacher à tous les élèves de Poudlard depuis six ans. Comment allait-il pouvoir éviter le drame qui se profilait à l'horizon ? Sofia allait-elle garder le secret, comme ses amis avaient pu le faire? Allait-elle tout dévoiler ? Et avec la société en guerre dans laquelle ils évoluaient tous au quotidien, était-il encore possible de faire totalement confiance à une inconnue ? De lui faire confiance au point de l'autoriser à garder un de ses secrets les plus sombres ?

Si tu savais comme je suis heureuse d'avoir pu faire ta connaissance ! Je cherche une meute depuis si longtemps ! Depuis le décès de mon père je suis obligée de courir seule et je ne le supporte plus... Oh la la, je suis tellement excitée !

Elle sautillait carrément sur place et son flot de parole glissait sur Remus comme du savon sur une peau mouillée. Cependant, les trois autres garçons n'en perdaient pas une miette et l'écoutait les yeux écarquillés, ne comprenant que la moitié de ses paroles. Alors comme ça son père aussi était un loup-garou ? Et pourquoi parlait-elle de meute ? James réalisa alors qu'elle acceptait pleinement sa condition et qu'elle semblait même consciente durant ses transformations, ce qui n'avait jamais été le cas de Remus. Peut-être cela expliquait-il pourquoi elle semblait si à l'aise face à son propre problème de fourrure.

Remus porta ses deux mains à son visage et s'y cacha, au bord du désespoir. Sofia continuait de babillait à propos d'esprit de la meute et de nuit de liberté. Lui sentait son estomac se serrait de plus en plus. Il était encore faible de la dernière pleine lune, et bien que sa dernière transformation l'ait laissé moins faibles que les autres, cela n'en restait pas moins une épreuve difficile à supporter pour son petit corps. Il leva alors la main, coupant la tirade de Sofia et murmura :

Tu ne dois rien dire... Si les autres savaient... Je...

Sofia le regarda, ne comprenant pas la crainte palpable dans sa voix.

Mais enfin Remus. La meute garde le secret de la meute. Tes parents ne te l'ont pas appris ?

Mes parents ne sont pas des loup-garous.

Ah.

Ce fut tout ce que Sofia trouva à répondre. Elle n'avait jamais rencontré de loup qui n'était pas issu d'une lignée de loup. Mais alors, si ce don ne lui venait pas de ses parents, de qui lui venait-il ? Elle réfléchit un instant, et décida d'une solution qu'elle trouva parfaite : les parents de Remus n'étaient tout simplement pas ses parents biologiques, et ils ne lui avaient jamais dit qu'il avait été adopté. Cela ne pouvait être que ça.

Remus s'avança alors vers elle avec un regard suppliant.

Sofia, tu dois comprendre... C'est un secret, tu ne dois en parler à personne.

Je le sais bien, répondit-elle avec une logique implacable. Mais je suis tellement heureuse de rencontrer enfin un autre loup avec qui courir le nuit !

Elle s'approcha alors des trois autres garçons qui se tenait légèrement en retrait et les renifle un à un en énumérant :

Et de courir aux côtés d'un cerf... d'un chien et d'un ... rat ?

Les quatre maraudeurs la dévisagèrent. Qui était cette fille à l'accent bolchevique qui les reniflait un à un pour découvrir tous leurs secrets ? La jeune femme leur répondit d'un grand sourire, auquel seul répondirent James et Sirius, bien que timidement.

Du coup, pour la prochaine pleine lune, il faudrait...

Attend, la coupa automatiquement Remus. Je... J'ai besoin de temps.

Il devait admettre que Sofia n'avait pas l'air d'avoir de mauvaises attentions. Elle semblait sincèrement heureuse de rencontrer un autre loup-garou. Et puis, après tout, elle s'engageait elle-même dans cette aventure puisqu'elle avait autant à perdre que lui si son secret était dévoilé. Malgré cela, le jeune garçon ne parvenait pas à faire confiance à cette inconnue qu'il ne connaissait que depuis deux mois et qui avait débarqué dans sa vie et dans celle de ses amie en agitant joyeusement sa queue duveteuse blanche.

Sofia pencha la tête sur le côté, surprise. James pouffa légèrement remarquant qu'elle avait des attitudes de loup autant que Sirius pouvait avoir des attitudes de chien parfois. Mais il se calma aussitôt en réalisant qu'il devait lui aussi avoir des attitudes de cerfs certaines fois. A quoi cela pouvait-il bien ressembler ? Il haussa les épaules, il s'occuperait de ça plus tard.

Je ne comprend pas, dit Sofia. Tu ne cherches pas de meute ? Enfin je sais que tu en as déjà une, dit-elle en désignant les trois maraudeurs du doigt, mais cela ne te manque pas de courir avec des loups ?

J'ai toujours été seul... Je... Ecoute Sofia, laisse-moi du temps. J'en ai besoin pour digérer tout ça. Je reviendrais vers toi si... quand je serais prêt.

Sofia déchanta assez rapidement. Elle pensait acquis le fait d'avoir une nouvelle meute mais elle devait se rendre à l'évidence que Remus n'était pas de cet avis. Son sourire s'effaça pour laisser place à un profond désarroi le temps d'un battement de cils. Ce désarroi fut vite remplacé par le visage froid qu'elle arborait la plupart du temps. Elle hocha doucement la tête et recula de quelques pas vers la porte de la salle de classe.

Très bien. Je t'attendrais. Avant la prochaine pleine lune.

Elle tourna alors le dos aux garçons et sortie de la pièce avec la sensation d'avoir mangé une énorme pierre qui lui restait dans l'estomac.

A sa sortie, Peter fut le plus rapide pour résumer ce qu'ils pensaient tous :

Wahou.

Ouais Pete, ça tu l'as dit, ajouta Sirius.


Vendredi 12 novembre 1976

La semaine était passée beaucoup trop lentement au goût de Sofia. Remus avait tout fait pour l'éviter si bien qu'elle ne l'avait aperçut que deux fois en quatre jours. Alors qu'elle se rendait sur le terrain d'entraînement, elle sentit la mélancolie qui la taraudait depuis le lundi pointer le bout de son nez. Pourquoi un loup refuserait-il de rejoindre une meute pour préférer la solitude ? Pourquoi Remus avait-il si peur de la meute ? Le père de Sofia, Vladimir, lui avait enseigné très tôt ce qu'était l'esprit de la meute : il s'agissait d'un groupe de plusieurs individus ne formant qu'un. Chacun protégeait l'autre, et tout les plus forts étaient responsables des plus faibles.

En passant les portes du vestiaire féminin qu'elle partageait avec Lisa, la poursuiveuse de l'équipe de Serpentard, Sofia chasses ses sombres pensées de son esprit. Il n'était pas nécessaire de se soucier de tout cela tant que Remus n'avait pas pris sa décision, et elle savait qu'au bout du compte il prendrait la bonne : qui peut, en toute conscience, rejeter la meute ? Aucun loup. Elle en était certaine.

La jeune Russe passa sa tenue d'entraînement en vitesse et se dirigea vers le terrain. Elle rejoignit son capitaine, Théodore Nott, et attendit à ses côtés que les autres Serpentard fassent leur entrée. Lisa fut la dernière à les rejoindre car elle quittait d'un cours d'astronomie et traversait le château lui avait pris un temps fou. L'entraînement commença par un rapide échauffement et Sofia sentie avec délice ses muscles se dénouer progressivement. Qu'il était bon de voler sur un balais, même dans la fraîcheur des soirées de novembre !

Elle retrouva rapidement la complicité de jeu qu'elle avait mis en place avec son partenaire batteur, Harry Rowle. Bien que de deux ans son cadet, il mesurait deux tête de plus qu'elle et était large comme une armoire à glace. Bien que moins puissante dans ses coups, Sofia était plus précise et rapide. Leur duo force et vitesse faisait des merveilles et ils étaient pressés de le mettre à profit dans un futur match. Leur premier match les opposerait à Poufsouffle et aurait lieu dans une semaine, le samedi 20 novembre. Sofia était très excitée à l'idée de montrer son talent et à l'idée de savourer une victoire, car oui elle ne doutait pas un seul instant de la victoire qui les attendait.

L'entraînement dura deux heures, et lorsqu'à vingt heures trente la nuit eut totalement recouvert le terrain d'entraînement, Nott décida qu'il était temps pour eux d'aller se laver et d'aller dîner. L'entraînement avait fait du bien à Sofia ; il lui avait permis de mettre de côté ses interrogations concernant Remus et le temps que sa décision lui prendrait pour se concentrer sur autre chose : sur sa prochaine victoire écrasante au Quidditch.


Samedi 13 novembre 1976

Malgré les nouvelles encore une fois tristement funeste qu'elle avait pu lire dans le journal, Sofia savait qu'aujourd'hui elle avait une chance de croiser les maraudeurs. Car aujourd'hui avait lieu le premier match de la saison de Quidditch qui opposait Gryffondor à Serdaigle. James et Sirius étant dans l'équipe, elle se doutait que leurs amis viendraient les soutenir. Elle s'enroula donc dans une cape légère et attrapa une écharpe qu'elle ne prit même pas la peine de nouer. L'avantage d'avoir grandit proche de la Sibérie était qu'elle avait toujours connus des températures bien en-dessous de zéro et que les hivers anglais, pourtant rude, lui semblait doux.

Prenant la direction du stade de Quidditch, elle s'assit dans les gradins réservés aux spectateurs neutres, entre ceux des supporters de Gryffondor et des supporters de Serdaigle, face à ceux des professeurs. Non loin d'elle, Harry Rowle était lui aussi venu observer la concurrence et lui adressa un signe de la main et un sourire auquel elle répondit rapidement. Le match se passa rapidement. Elle put observer le jeu de batteur de Sirius qui était loin d'être mauvais, tandis que James occupait le poste de poursuiveur en enchaînant les points marqués. Gryffondor gagna le match après avoir attrapé le vif d'or d'un score de 230 à 130. Sofia s'éclipsa alors pour tenter d'intercepter Remus et donc avoir une chance de le voir se décider plus rapidement.

Ce fut sur Sirius qu'elle tomba alors qu'il retournait aux vestiaires. Il dégoulinait de transpiration et affichait le sourire idiot du vainqueur. Il la remarqua rapidement et se dirigea vers elle, Sofia ne put s'empêcher de rire légèrement devant son air d'imbécile heureux.

Joli match Black, je ne te savais pas si bon batteur.

Merci, c'est un don naturel, répondit-il avec fierté, bien que son rire démente l'aspect vantard de ses paroles.

Ils rirent légèrement tous les deux et Sofia effaça son sourire pour poser la question qui lui tenait à coeur :

Est-ce que tu sais si Remus a réfléchit à ... notre intérêt commun ?

Sirius se renfrogna légèrement, sachant pertinemment qu'il abordait un sujet délicat pour son ami.

Il y réfléchit tous les jours Sofia... J'aurais même tendance à dire qu'il y pense aussi la nuit. Laisse lui du temps, c'est compliqué, et je suis certain qu'au final il prendra la bonne décision.

Mais la prochaine pleine lune approche et ..., tenta la jeune fille.

La prochaine pleine lune est le six décembre, la coupa Sirius. Je suis certain qu'il t'aura parlé d'ici là.

Bien.

Elle était déçue et Sirius le savait, mais il ne pouvait rien lui dire de plus. Il posa alors une main compatissante sur son épaule avec un sourire désolé, puis s'en alla en direction des vestiaires. Sofia comprit alors qu'elle n'aurait pas de réponse aujourd'hui et retourna vers le château.


Samedi 20 novembre 1976

Le mois de novembre était passé lentement, l'automne avait pleinement pris ses droits et laissait maintenant petit à petit la place à un hiver qui s'annonçait glacial. La montée en puissance de Voldemort faisait encore la une des journaux au quotidien et Sofia attendait désespérément la réponse de Remus. Mais aujourd'hui, elle avait écarté le jeune lycanthrope de ses pensées pour se concentrer sur quelque chose qui lui tenait également à cœur : son premier match de Quidditch. Elle affrontait Poufsouffle, au côté de son équipe vert et argent, et elle comptait bien donner son maximum pour que sa maison gagne la coupe. Son esprit de compétition était à son paroxysme et elle trépignait d'impatience sur les bancs de la Grande Salle pendant son petit-déjeuner.

Regulus, face à elle, se demandait comme elle allait pouvoir tenir jusqu'au match qui avait lieu à quatorze heures à ce rythme. Sûre et certaine de son talent et des capacités de ses coéquipiers, Sofia ne doutait pas de leur victoire. C'est face à cette Sofia orgueilleuse et vantarde que Regulus compris enfin pourquoi son amie avait atterrit à Serpentard. Il se posait cette question depuis la rentrée, mais aujourd'hui il avait sa réponse : Sofia était orgueilleuse, vantarde, ambitieuse mais surtout prête à tout pour parvenir à ses fins.

Cela explique tout, murmura Regulus comme une conclusion à son fil de pensée.

Qu'est-ce qui explique tout ? demanda Sofia en plantant sa cuillère dans sa compote de pommes.

Pourquoi tu es à Serpentard. Je me posais la question depuis septembre.

Et pourquoi selon toi ? demanda la jeune femme, légèrement vexée.

Parce que tu es déterminée ? tenta de se rattraper Regulus.

Sofia hocha la tête, satisfaite de sa réponse. Elle s'apprêtait à répondre quand un hiboux déposa son habituel journal devant elle. Mais contrairement à d'habitude, celui-ci était accompagné d'un mot cacheté qui lui était adressé. Elle paya l'oiseau pour le journal et le regarda s'envoler par une des ouvertures prévues à cet effet. Au lieu de déplier son journal, comme elle en avait l'habitude, elle ouvrit le mot. De qui pouvait-il venir ? Elle n'avait pas d'amis, hormis peut-être Regulus, et pas de famille.

« Retrouvons nous après le match. Nous devons discuter.

Bonne chance contre Poufsouffle.

Bien à toi.

R.L. »

Sofia faillit s'étouffer avec son café à cause de la surprise. Regulus lui jeta un regard surpris mais ne releva pas. C'était, pour Sofia, une des plus grande qualité du jeune homme : il ne se mêlait jamais de ce qui ne le regardait pas et si Sofia n'abordait pas certains sujets il ne les abordait pas non plus. De ce fait, il ne lui posa aucune question sur ce mot mystérieux qui l'avait presque fait s'étouffer et continua de déjeuner comme si de rien n'était. Sofia chercha un crayon de mine dans son sac et répondit brièvement au dos du mot.

« J'ai hâte. RDV sous le grand chêne du parc après le match. A très vite, S. P. »

Elle plia ensuite le mot et le scella par la magie. Il se transforma en un minuscule petit oiseau qui s'envola vers la table des Gryffondor et se posa devant Remus, surpris et inquiet qu'on ait pu remarquer leur petit manège. Mais personne n'avait rien vu, hormis les maraudeurs, Sofia et Regulus.

Le jeune garçon déplia rapidement le mot, parcouru la réponse concise de Sofia et lui offrit un sourire pour confirmer qu'il avait compris. Avant même que la rencontre n'ait lieu, Sofia sut qu'elle avait gagné : Remus allait rejoindre sa meute.

OoOoO

Le match battait son plein. Sofia, perchée sur son balais, jouait de sa batte pour envoyer des cognards sur les poursuiveurs adverses, tout en protégeant sa propre équipe des balles folles. Serpentard avait réalisé un presque sans faute, et menait par un score de 90 à 20. Scott Avery, l'attrapeur de l'équipe, se démenait pour trouver la petite balle dorée mais celle-ci était pour l'instant introuvable. Alors, Sofia envoyait toujours plus de cognards sur ses adversaires.

Elle se sentait galvanisée par les cris des spectateurs et par les commentaires de présentateur du match. Celui-ci avait déjà cité plusieurs fois son nom en soulignant "son coup de batte efficace". Son duo avec Harry Rowle semblait forger l'admiration, et la jeune Russe ne s'en sentait que plus fière !

Mais le match se termina rapidement : après seulement une demie-heure de vol, Avery aperçut le vif d'or. Il se précipita sur lui, tandis que Rowle envoyait un cognard puissant sur l'attrapeur de Poufsouffle afin de gêner sa course. Sofia s'appliqua à en envoyer un autre dès qu'il fut débarrassé du premier et le coup de sifflet final retenti. Serpentard remportait ce match par un score de 210 à 70. Les cris de joie de Sofia firent échos aux cris de joie du public.

Elle mit pied à terre et se jeta dans les bras de Rowle, l'autre batteur, en criant de joie tout comme ses camarades. La victoire de Serpentard était unanime et l'ambiance chez les verts et argents était à la liesse. Le professeur Slughorn, maître de la maison Serpentard, se dirigeait joyeusement vers eux, applaudissant de ses deux mains boudinées.

Bravo ! Bravo les enfants ! Un match magnifique !

Il félicita un à un chacun des sept joueurs et en invita plusieurs à ses petites soirées privées dont Sofia avait entendue parlé et qu'elle avait toujours évité avec soin : elle trouvait ça particulièrement sinistre qu'un professeur ait un "club privé" dans lequel il invitait des mineurs. Arrivé à sa hauteur, ce dernier lui prit les mains et lui fit un sourire chaleureux.

Mademoiselle Petrov ! Votre adresse sur un balais m'a grandement étonnée ! Vous jouiez à Durmstrang ?

Oui professeur, répondit Sofia, au même poste.

Bien, très bien. J'espère que vous nous éblouirez à nouveau lors du prochain match.

J'essaierai professeur.

Très bien.

Il se désintéressa d'elle pour approcher Lisa Bulstrode, la talentueuse poursuiveuse de quarième année, afin de tenter de l'inviter à une de ses soirées. La jeune fille lui jeta un regard paniqué mais Sofia n'avait pas le temps de l'aider : elle devait retrouver Remus. Elle s'éloigna donc discrètement en direction des vestiaires et prit une douche rapide. Elle passa ensuite une salopette large par dessus un pull épais, ses traditionnelles baskets et remonta ses cheveux humides en une queue de cheval bancale.

Lorsqu'elle sortit des vestiaires, environ dix minutes après y être entrée, elle avait revêtu sa cape par dessus sa salopette, mais aucun écharpe, son pull étant à col roulé. Son sac sur l'épaule, elle se dirigea d'un pas énergique vers le chêne qu'elle avait désigné à Remus. Les quatre maraudeurs l'y attendaient.

OoOoO

Remus était angoissé depuis le début du mois. Pourtant il avait du se rendre à l'évidence : Sofia n'était pas une menace. Elle s'était montrée patiente, autant qu'il lui semblait possible de l'être, et n'avait pas divulgué son secret. Il savait, au fond de lui, qu'il avait accepté l'offre de la jeune fille depuis longtemps. Elle ne représentait aucun danger pour ses amis puisque, à son plus grand étonnement, elle maîtrisait totalement ses transformations et gardait une part d'humanité même sous sa forme de loup. James, Sirius et Peter l'avait peu à peu convaincu qu'elle serait même une sécurité supplémentaire puisqu'elle parvenait à soumettre son loup.

Alors, Remus avait cédé. Il avait envoyé un mot à Sofia et l'attendait maintenant sous le chêne qu'elle lui avait désigné. Il l'aperçut arriver au loin, un grand sourire aux lèvres. Il n'était pas surpris de la trouver si joyeuse après la victoire que son équipe venait d'obtenir. Les quatre maraudeurs avaient assisté au match et James et Sirius avait été impressionné qu'un si petit bout de femme puisse faire une batteuse aussi douée, bien que son duo avec Rowle-l'armoire-à-glace y soit certainement pour beaucoup.

Sofia arriva vers eux en les saluant joyeusement de la main. James était toujours surpris du changement qui s'opérait sur le visage de la jeune femme en fonction des personnes avec qui elle était. Habituellement, elle était seule et avait un visage froid et fermé, montrant clairement qu'il était inutile de l'approcher ou de tenter une conversation. Quand elle était avec le petit frère de Sirius, James remarquait qu'elle riait parfois, et se montrait beaucoup plus avenante, tout comme quand elle était avec eux.

Finalement, Sofia était de ce genre d'individus qui honorait certaines personnes de leur amitié, les faisant se sentir privilégiées car c'était quelque chose de rare. Il ne parvenait pas à comprendre comment on pouvait se satisfaire de la solitude, lui qui était toujours entouré de sa famille ou de ses amis. Pourtant, Sofia semblait s'y complaire avec délice, comme si cette solitude avait quelque chose de spécial qu'elle seule parvenait à discerner.

Bonjour les garçons !

Salut Sofia, répondit Remus avec un sourire, contaminé par sa liesse.

Elle se laissa lourdement tomber sur le banc qui se trouvait sous le chêne, entre Sirius et Peter qui ne familiarisèrent pas, et commença à étirer doucement ses jambes tout en levant la tête vers Remus en dévoilant une grande rangée de dents blanches.

Alors, tu es prêt à courir avec moi sous la pleine lune ?

Remus fut gêné qu'elle aborde le sujet aussi facilement, comme si c'était banal. Il vérifia, comme un toc, que personne autour d'eux n'avait pu entendre leur conversation, mais ils étaient seuls.

On dirait bien, répondit-il timidement.

Sofia hocha la tête tout en levant les bras au ciel pour étirer son dos. Elle dit simplement :

Tu as enfin compris ce qu'était l'esprit de la meute.


Mardi 30 novembre 1976

Cela faisait dix jours que Sofia entretenait des rapports cordiaux avec les maraudeurs, à la surprise générale de Poudlard. Ils se saluaient le matin, rigolaient parfois ensemble et se retrouvaient quelques fois dans le parc pour discuter à l'abri des oreilles indiscrètes. Elle s'était particulièrement rapprocher de Remus du fait de leur condition commune, mais avait également appris à apprécier l'amitié de Sirius, l'humour de James et la discrétion de Peter.

La jeune femme avait alors rapidement remarqué les changements qui s'étaient opérés chez ses compagnons de maison. Regulus se montrait parfois réticent à discuter avec elle et le sujet "Maraudeurs-Sirius" était tabou entre eux, ternissant quelques peu leur amitié naissante. Mais ce n'était pas le pire. Evan Rosier, Théodore Wilkes et Scott Avery, qui ne la portaient pas vraiment dans leur coeur, lui vouaient désormais une haine féroce et affichée. Cela avait clairement dégradé l'ambiance au sein de l'équipe de Quidditch de Serpentard, et menaçait les résultats de leurs futurs matchs.

Pourtant, la jeune femme s'en fichait comme de sa première culotte : elle n'avait pas besoin d'amis pour avancer, simplement d'une meute et elle l'avait trouvée.

Le seul problème qui la chagrinait sans qu'elle n'ose se l'avouer était l'attitude parfois distante de Regulus. Bien que plus jeune qu'elle, elle appréciait le garçon et sa compagnie discrète. Elle appréciait les soirées qu'ils passaient à discuter de littérature et de voyages devant le feu de leur salle commune. Elle appréciait également leur traditionnel petit déjeuner le matin, et les petits rituels qui y étaient associés. Pourtant, tout cela se brisait petit à petit tandis que le garçon semblait prendre ses distances.

Bien sur, Sofia savait que les rapports entre les frères Black étaient délicats. Tout le monde le savait ! Mais elle ne pensait pas que le fait qu'elle fréquente parfois les maraudeurs tendraient autant ses rapports avec le plus jeune des frères. Même lorsqu'ils discutaient, elle sentait désormais une certaine distance entre eux qu'elle n'avait jamais perçu avant.

Pourtant, elle comprit que ses relations extra-Serpentard posait un problème à sa maison le matin du mardi 30 novembre. Elle se réveilla en ne trouvant aucune de ses affaires personnelles. Vêtements, livres, sac, ... tout avait disparu. Elle s'était donc levé, vêtu uniquement de son pyjama, et de forte mauvaise humeur. Son pyjama n'était constitué que d'un short léger et d'un débardeur, et elle avait rapidement senti les effets du froid du château sur sa peau. Pieds nus, elle s'était avancée jusqu'à la Grande Salle, les poings serrés et le visage furieux.

Après une entrée fracassante, elle s'était précipité sur Avery et sa bande et, après un coup de poing sur la table qui avait fait s'envoler un plat de sablés, elle avait demandait avec colère :

Où sont mes affaires ?

Avery avait affiché un sourire satisfait et avait sifflé avec perfidie :

Intéressante cette tenue Petrov. Un peu léger pour la saison peut-être.

Les yeux bleus de la jeune fille lançaient des éclairs et elle semblait prête à étrangler l'imbécile qui se tenait face à elle. La plupart de ses affaires étaient vieilles, et datées de l'époque où son père était encore là. Il lui avait offert la plupart de ses vêtements, son sac et même certains des livres qui avaient disparus. Elle refusait de perdre des souvenirs de son père. Elle toucha le pendentif en croissant de lune qui pendait toujours à son coup et articula une nouvelle fois :

Où. Sont. Mes. Affaires ?

Ce fut à ce moment que les maraudeurs entrèrent dans la Grande Salle et furent surpris de la trouver aussi silencieuse. Ils avisèrent Sofia, en pyjama, face à un Avery au sourire satisfait. La jeune fille semblait sur le poings de tuer le Serpentard et Sirius fut le premier à s'approcher d'elle, pensant qu'il était important d'intervenir avant qu'elle n'ait trop de problème. Avery répondit à la jeune fille en même temps :

On trouvait que ça sentait un peu trop le Gryffondor dans le dortoir, donc on a décidé de faire une petite lessive.

Pardon ?

La jeune femme savait que Sirius était derrière elle et que tout le monde l'écoutait. Elle avait posé la question d'un ton calme et neutre, pourtant, toute son attitude trahissait la haine qui l'habitait à cet instant. Wilkes répondit alors à la place d'Avery.

Tes affaires sont dans le lac, la bolchévique.

La main de Sofia se ferma en un petit poing décidé et se leva dans l'intention de briser le nez de l'un de ces deux idiots. Avisant son geste, Sirius attrapa le poing de la jeune femme avant qu'il ne s'abatte sur les deux imbéciles et lui murmura doucement :

Si tu fais ça, c'est toi qui sera puni par les professeurs.

Sofia tourna vers lui des yeux emplis de haine. Comme il y a un peu plus d'un mois, ils eurent un échange silencieux, uniquement basé sur le regard. Sofia lut de la compréhension dans les yeux de Sirius, mais aussi une pointe de haine à l'égard des deux imbéciles qu'elle s'apprêtait à tuer. Sirius, lui, vit de la haine, une haine féroce qui puisait sa force dans une détresse, la même détresse que lors de leur premier échange. Il comprit que quoique ces imbéciles aient mis dans le lac, il s'agissait de plus que de simples affaires sans importances.

Pourtant, Sofia desserra son poing et se détourna des trois Serpentards qui riaient allègrement. Elle fit un effort considérable pour ignorer leurs rires moqueurs et se dirigea avec toute la dignité donc elle était capable vers le parc du château. C'est ainsi qu'elle sortie de la Grande Salle, pieds nus, en pyjama, mais avec un port de tête tellement royal que personne ne se permit une remarque en dehors du rire des trois idiots qui lui avaient fait cette stupide blague. Sirius et les maraudeurs l'accompagnèrent avec un regard dégoutté vers la table des Serpentards. Regulus, qui y était présent, n'avait pas bougé et avait gardé les yeux baissés. En partant, Sirius lui avait glissé :

Quel piètre ami tu fais.

Regulus avait relevé un visage indéchiffrable et lui avait répondu :

Elle t'a maintenant.

Sirius s'était détourné. Ces deux phrases étaient déjà plus de mots que ce qu'ils n'avaient échangé ces douze derniers mois. Alors que Sofia et les maraudeurs franchissaient les portes de la Grande Salle, elle s'était mise à prononcer une litanie de jurons russes que les garçons ne comprirent pas. Alors qu'elle marchait avec véhémence vers le parc pour tenter de sauver ses affaires qui pouvaient encore l'être avant le début des cours, elle sentit une cape se poser sur ses épaules et remercia James d'un regard.

C'est donc pieds nus, vêtu d'un pyjama et d'une cape à l'effigie de Gryffondor, le visage fermé et accompagné de quatre amis que Sofia récupéra ses affaires dans le lac et commença à les sécher méticuleusement. Quelqu'un a dit un jour que certaines épreuves scellaient des amitiés plus fortement que le temps. Que ce soit un combat contre un troll des montagne ou une pêche à la petite culotte dans un lac par moins six degrés, c'état un moyen efficace de sceller des amitiés.