CHAPITRE 6 - Quidditch et bal de fin d'année
Vendredi 10 décembre 1976
La semaine de cours qui suivit la pleine lune se déroula sans événements majeurs. Sofia s'était énormément rapprochée des maraudeurs, ne passant pas une journée sans prendre le temps de discuter et de rire avec eux. Bien sur, cela n'avait pas plu aux élèves de Serpentards qui prenaient un malin plaisir à la rabaisser et à lui lancer des piques dès qu'ils la croisaient. L'ambiance au sein de l'équipe de Quidditch de Serpentard était au plus bas et Sofia allait véritablement aux entraînements à reculons. Hormis Rowle, l'autre batteur, et Lisa Bulstrode, la poursuiveuse de quatrième année, personne ne lui adressait la parole. Rosier et Avery, respectivement poursuiveur et attrapeur, prenait même un malin plaisir à lui mettre des battons dans les roues, ce qui semblait totalement stupide et contre-productif à Sofia.
Mais elle avait décidé d'ignorer les imbéciles et de se concentrer sur sa vie à elle. La seule chose qui la peinait véritablement était la distance qu'avait pris Regulus vis à vis d'elle. Le jeune Black ne lui parlait presque plus, et ils ne déjeunaient plus ensemble. Chaque matin, lorsqu'elle arrivait, Sofia ne voyait pas le jeune Black qui était déjà parti. Et il l'évitait ainsi toute la journée pour lui murmurer un vague bonsoir le soir au dîner. Sofia avait compris le message : Regulus ne voulait plus être ami avec elle. Etait-ce parce qu'elle était officiellement le mouton noir de Serpentard ? Ou bien parce qu'elle s'entendait particulièrement bien avec son frère ? Elle n'en avait aucune idée.
En parlant de son frère, elle l'aperçut, avec ses trois amis habituels, au détour d'un couloir alors qu'elle se rendait en Sortilège. L'aîné des Black afficha un sourire moqueur et lui glissa au passage :
— Prête pour demain Sofia ? Gryffondor va éclater ta petite équipe de serpents.
James éclata de rire et Sofia leva les yeux au ciel, agacée. Elle savait qu'il avait vue de l'ambiance actuelle dans son équipe, il était impensable que Serpentard gagne. Et cela énervait Sofia qui détestait perdre plus que tout au monde. Elle répondit donc simplement, les dents serra :
— Ne vend pas la peau du lion avant de l'avoir tué Black.
Le jeune homme rigola et s'éloigna en direction de son cour, avec les autres maraudeurs. Une fois qu'ils furent éloigné, Sofia murmura pour elle même.
— Je suis fichue. Je vais en entendre parler jusqu'aux ASPIC de leur ridicule victoire...
Samedi 11 décembre 1976
Sofia ne s'était pas trompée. Le match fut un véritable massacre. Rosier et Avery firent tout ce qu'ils pouvaient pour la mettre en difficulté, si bien que Nott se prit un cognard par sa faute. Le capitaine et gardien de l'équipe, assommé, laissa les buts sans défense et se fut le défiler au grand n'importe quoi. Avery, trop occupé à embêter Sofia et à lui hurler de rendre utile, ne chercha pas le vif d'or avec autant d'application que les Gryffondor. Si bien que le match se clôtura sur le score de 330 à 30 pour Gryffondor, ruinant totalement l'humeur de Sofia pour les trente années à venir.
A peine les joueurs avaient-ils posés le pied à terre que Sofia vit Rosier arriver à grand pas vers elle, le regard furieux. Il lui hurla :
— Tu joues à quoi Petrov ? Tu offres la victoire à tes nouveaux amis ?!
Sofia vit rouge et se planta devant le Serpentard. Il la dépassait d'une bonne tête, mais cela ne l'empêcha pas de visser ses yeux dans les siens pour le regarder avec toute la haine qu'elle ressentait à son égard :
— Avec le comportement que tu as eu pendant le match, tu oses m'accuser ? C'est de votre faute à Avery et toi si on a perdu ! Vous vous êtes comporté comme des imbéciles !
— Ce n'est pas de notre faute si Nott est à l'infirmerie !
— Et ce n'est pas de la mienne si vous êtes trop débile pour réussir le temps d'un match à maintenir un semblant de cohésion au sein de l'équipe, se mit à hurler Sofia.
Rowle arriva et tenta de calmer un peu les esprits, mais il se prit deux regards noirs de la part de Sofia et d'Avery et préféra abandonner la bataille avant même de la commencer. Sofia était prête à enfoncer son poing dans la tête d'imbécile d'Evan Rosier mais le professeur Slughorn arriva. Elle desserra lentement les poings, sans pour autant quitter des yeux Rosier qui lui offrit un sourire vicieux et haineux.
— Allons, allons, les enfants ! Une défaite ne signifie pas la fin de la guerre. Nous pouvons encore arrivé deuxième de la coupe !
Il continua son petit discours d'entraînement tandis que Sofia, au comble de l'énervement jeta son plastron de Quidditch au sol d'un geste rageur. Elle avisa du coin de l'oeil les joueurs de Gryffondor qui se jetait dans les bras l'un de l'autre en criant leur joie. Ce fut trop ce que son amour propre pouvait supporter en une seule journée. Elle poussa donc un hurlement de rage, poussa Rosier qui se trouvait sur son chemin, et se dirigea vers les vestiaires à grandes enjambées.
OoOoO
James avisa Sofia qui rentrait dans son vestiaire visiblement au bord de la crise de nerf. Il ressentit un petit pincement au cœur. Il avait entendu le traitement que ses camarades lui avait réservé durant tout le match, ainsi que la remarque de ce stupide Rosier qui suggérait qu'elle les avait laissé gagné. Il savait que c'était faux. La jeune fille s'était battu bec et ongle contre l'équipe de Gryffondor et avait manié sa batte avec précision. Le problème était qu'elle avait également dut se battre contre son équipe, ce qui l'avait rapidement mis en difficulté, causant la blessure de Nott. A partir de là, les points s'étaient enchaînés pour Gryffondor.
Sirius s'approcha de lui et lui dit d'une voix triste :
— On lui apporte beaucoup d'ennuis...
— Oui... Elle a été intègre tout le match pourtant...
Sirius hocha doucement la tête. Il n'avait pas vraiment été étonné de voir se petit bout de femme manier la batte comme si elle faisait deux mètres et qu'elle possédaient quatre-vingt-dix kilos de muscles. L'aîné des Black ajouta :
— J'ai peur qu'elle ait de nouveau des ennuis avec les Serpentards à cause de ce match.
— C'est possible oui, répondit sombrement James.
Les deux garçons gardèrent un temps le silence, réfléchissant aux sombres conséquences que pourraient avoir un simple match de Quidditch. Puis, la liesse de la victoire reprit le dessus et ils rejoignirent les vestiaires.
Mercredi 15 décembre 1976
Les prévisions de James et Sirius quant à la vengeance des Serpentard s'avéra malheureusement exacte. Durant le début d'après-midi, le mercredi qui suivit le match, Sofia se rendait tranquillement à la bibliothèque pour profiter d'une heure de libre avant son prochain cour. Alors qu'elle était au deuxième étage, elle sentit quelqu'un la tirer dans une pièce. Elle étouffa un cri et chercha à attraper sa baguette, malheureusement pour elle, la personne qui l'avait tiré en arrière s'en saisit avant elle.
Sans qu'elle ne comprenne réellement comment, elle se retrouva seule, dans une salle de classe désaffectée et verrouillée, sans baguette et sans moyen de communiquer avec l'extérieur. Alors qu'elle regardait autour d'elle, un peu perdue, à la recherche d'un moyen de sortir de là, elle se retrouva face à un tableau ou le mot « Traîtresse » était écrit à la craie verte. Elle fit rapidement le parallèle et la colère lui revient d'un seul coup. Rosier allait payer. Il allait le payer très cher.
L'après-midi passa très lentement. Sofia avait tout essayé pour sortir mais rien n'avait fonctionné. Elle avait crié mais personne ne semblait entendre ses cris. Sans doute Rosier avait-il insonorisé la pièce. Elle avait tenté de crocheter la serrure grâce à l'une de ses épingles mais s'était rapidement rendue à l'évidence qu'elle était loin d'être une espionne. Ainsi, elle attendit. Longtemps. Très longtemps.
Fort heureusement pour elle, après leurs soupçons de samedi, les maraudeurs avaient décide de garder un œil sur elle afin de s'assurer qu'il ne lui arrivait rien. Ainsi, ils gardaient en permanence sur eux la carte du maraudeur, et s'assuraient régulièrement que la jeune femme était en lui sûr. Ainsi, lorsque Remus observa la carte à dix-sept heures, s'attendant à trouver Sofia à son cour d'astronomie, il ne vit pas la jeune femme. Il le fit remarquer à Sirius et Peter, qui se trouvaient avec lui, puis à James lorsque celui-ci sortit des toilettes. Ils se mirent tous les quatre à chercher la jeune fille et finirent pas la trouver entrain de faire les cent pas dans une salle désaffectée du deuxième étage. Ils se précipitèrent aussitôt.
Arrivés devant la salle, Remus déverrouilla la pièce et tomba face au regard de Sofia. On y lisait un curieux mélange de reconnaissance, de haine et de lassitude. La jeune femme sourit aux maraudeurs, bien qu'on ne puisse lire aucune joie dans son sourire. Elle leur dit alors gentiment :
— Vous en avez mis du temps.
— Désolée princesse, vos chevaliers servants avaient cour de potion.
Sofia rigola plus franchement cette fois-ci et ajouta :
— Oh dans ce cas là vous êtes tout excusés.
Les cinq jeunes gens sortirent de la pièce et se mirent à chercher la baguette de Sofia à proximité de la porte. Remus la trouva finalement près d'une armure, comme si elle avait été négligemment jetée. Sofia fut soulagée de la retrouver entière. Stupides comme ils l'étaient, les Serpentards auraient pu la casser ou pire encore.
Une fois sa baguette récupérée, elle sentit sa haine revenir au galop, et s'apprêta à aller égorger Rosier ou l'imbécile qui l'avait mis dans cette pièce sur ses ordres. Mais James lui offrit un sourire carnassier et répondit :
— Ne va pas t'enfoncer encore plus auprès de tes camarades de dortoir. Fais nous confiance. On va lui concocter quelque chose de joyeux.
Sofia hésita. Mais devant l'air démoniaque des maraudeurs à cet instant, elle céda.
OoOoO
L'heure du dîner était arrivée et James l'avait prévenue de se tenir prête pour assister à sa vengeance. Ainsi, Sofia mangeait ses pommes de terre en se demandant ce que les garçons avaient bien pu préparer. Elle ne fut pas déçue. Rosier arriva dans la Grande Salle et son visage était couvert d'énormes furoncles formant le mot « STUPIDE » sur son front.
Sofia regarda immédiatement les maraudeurs et sourit légèrement en les voyant mort de rire. Sofia regarda Rosier se rapprocher de sa table et lui murmura quand il fut à sa hauteur :
— Tu as eu tort de t'en prendre à moi.
Le jeune homme lui jeta un regard noir mais eut l'intelligence de ne rien répondre. Sofia ne le saurait que plus tard dans la soirée grâce à un hiboux de Remus, mais les furoncles de Rosier orneraient son visage durant une dizaine de jour. Y compris le jour de la traditionnelle photographie du bal de noël.
Samedi 18 décembre 1976
Sofia se trouvait à la bibliothèque avec Sirius et Peter. Ils avaient tous les trois un devoir à terminer et n'avaient pas pu se joindre à Remus et James qui étaient partis voir le match opposant Serdaigle à Poufsouffle. Sofia devait terminer sa dissertation d'Histoire de la Magie qui était à rendre pour le lundi, tandis que Sirius et Peter avait un devoir en Etude des Runes à faire.
L'ambiance studieuse de la bibliothèque aidaient les trois jeunes à se concentrer, mais Sofia n'arrêtait pas de buter sur l'Histoire de la Magie. Il s'agissait de l'histoire anglaise et elle avait six ans d'études en retard pour réaliser ce devoir. Une fois de plus, elle demanda à son camarades :
— Dîtes les gars, c'est qui Oswald Beamish ?
Sirius releva un œil distrait de sa copie et avisa Sofia, la tête entre les mains, en train de déprimer devant sa dissertation.
— Un sorcier célèbre qui a beaucoup œuvré pour les droits des gobelins. Il est né en 1850 et est mort en 1932.
Sofia lui adressa un regard médusé :
— Comment diable peux-tu savoir tout ça ?
Sirius mordilla le bout de sa plume, amusé par son air sidéré.
— Comme toi je suppose. J'ai eu des précepteurs toute mon enfance dont un qui semblait fasciné par les révoltes de gobelins et les guerres des géants.
Sofia frissonna à cette idée. Elle murmura horrifiée :
— Oh mon dieu, et moi qui me plaignait des miens ...
Sirius éclata de rire et se fit réprimander immédiatement par Madame Pince d'un "chuuuuuut" sonore. Les trois amis étouffèrent un fou rire en voyant les postillons qui s'étaient échappés de la bouche de la bibliothécaire pour atterrir sur un première année de Serdaigle qui n'osa rien dire et s'enfuie à toutes jambes.
Sofia se rendit alors compte qu'elle ne passait presque plus de temps seule. Elle était en revanche en permanence avec les maraudeurs, malgré leur différence d'année et de maison. Elle sourit doucement, car à sa grande surprise cela ne la gênait pas. Elle, la jeune solitaire, s'était fait de vrais amis.
Jeudi 23 décembre 1976
Sofia, qui jusque là découvrait le plaisir d'avoir des amis, se rendit rapidement compte que ce n'était pas forcément pour le meilleur, mais surtout pour le pire. En effet, les élèves étaient en vacances depuis le matin et Dumbledore avait décidé d'organiser un bal le soir même, avant que les élèves rentrent chez eux le lendemain. Bien sur, le bal était prévu de longue date, mais Sofia l'avait délibérément ignoré. C'était sans compter sur James qui l'avait abordé le matin même, alors que les garçons parlaient du bal.
— Et toi Sofia, tu y vas avec qui ?
— Comment ça j'y vais avec qui ? Où ça ? demanda la jeune fille en relevant les yeux de son livre.
— Au bal ?
— Quel bal ?
— Le bal de noël ! répondit James comme si elle débarquait de la lune.
Sofia avait soupiré et fait un signe de main dédaigneux.
— J'y vais pas.
Les quatre garçons étaient tombés des nus. Peter avait alors répondu, sidéré :
— Mais t'es une fille, comment tu peux ignorer un bal de noël ?
Sofia lui avait jeté un regard froid et avait répondu :
— De un, le fait de posséder un vagin ne me prédispose pas à aimer les fanfreluches et la valse. De deux, j'ai prévu de dormir. De trois, pourquoi j'irai à une fête où je vais voir des tonnes de visages que j'ai pas envie de voir?
Sirius et James éclatèrent de rire, et Remus s'autorisa un sourire. Peter, désolé de s'être fait reprendre après sa remarque sexiste lui adressa des excuses.
A partir de ce moment de la conversation, Sofia avait perdu le fil. Ce dont elle se souvenait, c'était que James et Sirius l'avaient finalement convaincus d'accompagner Remus, qui n'avait pas de cavalière, en échange de l'assurance de passer une bonne soirée avec eux. Et sans qu'elle ne sache pourquoi, Sofia avait finit par céder. Elle se retrouvait donc, à dix-huit heures, devant son miroir de salle de bain, en train de se demander ce qu'elle avait fait pour mériter ça.
OoOoO
Une heure après cette prise de conscience tardive, elle était prête. Elle portait une simple robe noir, longue, à fines bretelles et légèrement fendues sur le côté. Elle avait troqué ses éternelles baskets pour une paire d'escarpins simples et également noirs. Ses longs cheveux blonds étaient lâchés et lisses et elle portait du mascara et du rouge à lèvre rouge. Simple mais efficace. Pourtant, Sofia se regardait, dubitative, dans l'un des miroirs du dortoir en se demandant pourquoi elle était si peu crédible dans cette tenue féminine. Sa poitrine et ses fesses plates la complexaient presque autant que ses grands pieds. Elle haussa finalement les épaules, elle n'accompagnait que Remus après tout, pas la reine d'Angleterre.
Elle se rendit donc d'un pas lent devant la tour de Gryffondor pour attendre les garçons. Alors que cela faisait à peine dix minutes qu'elle avait chaussé ses chaussures à talons, elle était déjà au bord de l'abandon. Comment diable faisaient les femmes qui porter ce genre de chaussures toute une soirée ? Alors qu'elle se tortillait d'un pied à l'autre, mal à l'aise, les garçons firent leur apparition.
James fut le premier à passer le portrait de la Grosse Dame. Et il fut soufflé. Est-ce que la ravissante créature qui lui faisait face était réellement Sofia ? Les autres garçons eurent la même réaction. Eux qui étaient tellement habituée à la voir pas maquillée, coiffée à la va vite et en tenue informe furent souffler de réaliser que leur amie était effectivement une jeune femme de 17 ans, bientôt 18, qui était tout aussi jolie que n'importe quelle autre fille de son âge.
Sirius se rappela alors la discussion qu'ils avaient eu dans le train, à la rentrée, pour savoir si oui ou non Sofia était jolie. Remus avait dit que non. Mais Sirius, à cet instant, était certain que son ami regrettait ses paroles, d'autant plus que la jolie Sofia lui faisait l'honneur d'être sa cavalière.
Agacée des réactions exagérées des garçons qui la faisait douter de son apparence au quotidien, Sofia leur dit :
— Bon vous avez fini de me regarder comme si vous ne m'aviez jamais vu ? Vous m'aviez promis une bonne soirée et pour l'instant j'ai juste super mal aux pieds.
James éclata de rire.
— J'ai eu peur qu'on t'ait échangé mais non, tu es toujours notre Sofia ! Je suis soulagé !
Les trois autres maraudeurs éclatèrent à leur tour de rire et Sofia s'autorisa alors un sourire. Elle répondit simplement :
— Tu sais James, j'ai grandi dans l'aristocratie Russe. Ce genre de robe, j'en mettais tous les soirs. Alors dès que je peux passer outre, maintenant, j'en profite !
Les garçons comprirent ce qu'elle entendait par là et Remus s'avança pour présenter son bras à sa cavalière. Les quatre garçons portaient des costumes tout à fait classiques. James et Remus avait opté pour une cravate, tandis que Peter avait préféré le nœud papillon. Sirius portait sa chemise nue, sans cravate ni nœud papillon.
Les cinq amis rejoignirent le hall et attendirent les cavalières des trois autres maraudeurs. Ils s'agissait de trois filles de cinquième année qui les avait invités dès l'annonce du bal. Elles passaient leur temps à glousser si bien que Sofia s'en désintéressa bien vite et abandonna l'idée d'apprendre leur prénom. Elle se tourna alors vers Remus et lui demanda avec un sourire :
— Aucune dinde n'est venu inviter le grand méchant loup ?
Remus se tendit et regarda autour de lui avec inquiétude, comme à chaque fois que Sofia évoquait leur condition en public. Voyant que personne n'entendait, il répondit :
— Si, quelques personnes, mais je n'avais pas envie de passer la soirée avec quelqu'un comme elles. Mieux vaut être seul que mal accompagné.
Sofia lui sourit doucement et passa son bras sous le sien pour passer les portes de la Grande Salle.
— Tu as de la chance que j'étais disponible.
— Ce n'est pas l'esprit de la meute ? la taquina-t-il
Sofia éclata de rire et ils passèrent les portes de la salle.
OoOoO
Le bal avait commencé depuis deux bonnes heures et Sirius passait une soirée à mourir d'ennui. James avait rapidement lâché se partenaire pour se jeter à la poursuite d'Evans, ce qui avait conduit sa propre partenaire à l'abandonner pour consoler son amie délaissée. Peter et sa partenaire enchaînaient les tours de piste de toutes les danses qui existaient. Sofia et Remus avait l'air de bien rigoler ensemble, si bien qu'il n'osait pas les interrompre. Alors, Sirius Black s'ennuyait.
Il jeta à nouveau un regard en biais à Sofia et Remus. Cette dernière dansait une valse avec grâce tandis que Remus tentait de faire de même. Le loup-garou avait failli lui écraser plusieurs fois les pieds mais Sofia avait de bon réflexes. C'est alors que Sirius remarqua que la jeune femme était pieds-nus. Elle avait retrouvé sa petite taille en abandonnant l'instrument de torture qu'étaient les escarpins. Sirius s'autorisa un sourire. Il n'y avait qu'elle pour n'avoir pas honte de danser pieds-nus à une soirée où la tenue correcte était de rigueur. Il appréciait cela chez Sofia, le fait qu'elle soit sûre d'elle au point de n'en avoir rien à faire de l'avis des autres. C'était une force qu'il admirait.
Les deux loups finirent pas le rejoindre à table et Sofia regarda autour d'elle, surprise de le trouver seul. Sirius expliqua alors rapidement la situation :
— James court après Evans. Sa partenaire s'est sentie délaissée, la mienne a été la consoler. Et Queudver danse.
— Tu as l'air de passer une bonne soirée, plaisanta Sofia en s'asseyant à côté de lui.
— La meilleure de l'année, répondit Sirius avec un sourire.
OoOoO
Deux heures plus tard, les cinq amis étaient de retour ensemble à leur table. James, qui n'avait pas oublié sa volonté de tester la résistance à l'alcool de Sofia, avait réussis à subtiliser une dizaine de bouteille d'alcool dans les cuisines après avoir tenté de séduire Evans une bonne partie de la soirée. Il les avait miniaturisé et mis dans sa poche, si bien qu'elles tintaient désormais à chacun de ses pas. Il avait trouvé du rhum, de la vodka et du whisky pur feu. Il tentait désormais de convaincre ses amis de le suivre pour une fin de soirée endiablée à cinq dans la Cabane Hurlante.
Sofia était partante, tout comme Sirius et Peter. Mais Remus tentait d'argumenter contre cette idée. Ce fut finalement Sofia et Sirius qui le firent craquer en lui offrant deux regards suppliants auxquels il ne put pas résister. La petite troupe prit donc la direction de la Cabane.
Le trajet se fit dans la joie et la bonne humeur. Sofia, qui était toujours pieds-nus, suivit les garçons dans le long tunnel sous le Saule Cogneur et rigola aux blagues des maraudeurs. Ils marchèrent de longues minutes, quelques peu surexcités à l'idée de briser les règles et de passer la fin de soirée ensemble dans la vieille maison. Lorsqu'ils arrivèrent à destination, ils nettoyèrent rapidement le sol et s'assirent à même celui-ci. James sortit les bouteilles et leur rendit leur taille normale. En voyant trois bouteilles de Vodka, Sofia tapa des mains, joyeuse : cela faisait tellement longtemps qu'elle n'en avait pas bu ! Ce fut Sirius qui, le premier, remarqua le nom inscrit sur les bouteilles de vodka magiques.
— Mais Sofia, ces bouteilles sont à ton nom.
En effet, sur les bouteilles de vodka s'étalait en lettres d'argent le nom "Petrov", surmonté d'un croisant de lune. Elle le regarda, surprise de sa remarque.
— Oui. Mon père est le plus grand fabriquant de vodka sorcière de la Russie. Je croyais que je vous l'avais déjà dit ?
Les quatre garçons firent non de la tête, soudain impressionné. Sofia haussa quant à elle les épaules et demanda, prête à en découdre :
— A quoi on joue ?
James reprit ses esprits et commença à expliquer son idée :
— C'est un jeu de boisson moldu. Chacun notre tour, nous allons énoncer quelque chose que nous n'avons jamais fait. Si quelqu'un dans le cercle l'a déjà fait, il doit boire une gorgée de l'alcool de son choix.
Sofia eut un sourire mauvais. Elle avait un avantage de taille dans ce jeu : elle était la seule fille. Toute les affirmations du type "je n'ai jamais eu de barbe" ou "je n'ai jamais fait pipi debout" l'exonérait de boisson mais condamné tous les garçons. Elle allait gagner. Elle en était sûre.
Le jeu commença alors. Ils s'installèrent aussi confortablement que possible sur le parquet de la Cabane et prirent chacun une bouteille devant eux. James choisi le rhum, tout comme Sirius, tandis que Peter et Remus préférait le whisky. Bien évidement, Sofia choisit une bouteille de vodka.
— Bien, je commence, décréta James. Je n'ai jamais fumé.
Sofia haussa les épaules et attrapa sa bouteille pour descendre une grande gorgée de vodka. Sirius fit de même. Ils leur étaient tous les deux arrivé de tenter cette expérience, sans pour autant la renouveler au quotidien. Ce fut au tour de Remus.
— Je n'ai jamais harcelé une femme dans le but qu'elle sorte avec moi.
Il envoya un regard appuyé à James qui rougit discrètement et but une longue gorgée de rhum. Tout le monde ici, et même tout Poudlard, était au courant de son attitude vis à vis d'Evans. Cela provoqua un petit rire général dans le groupe d'amis. Peter, car c'était son tour, réfléchit quelques instant avant d'avoir un éclaire de génie pour s'assurer que Remus boive à son tour :
— Je ne me suis jamais transformé en loup à la pleine lune.
Sofia rigola à nouveau et but une autre gorgée de vodka, tandis que Remus ronchonnait dans son coin en buvant un peu de whisky. La jeune femme, qui était celle qui avait le plus bu pour l'instant, essuya doucement son rouge à lèvre rouge qui avait légèrement bavé et énonça :
— Je n'ai jamais fait pipi debout.
Un fou rire percuta les quatre garçons qui saluèrent son brio et burent chacun une gorgée. Souhaitant se venger, Sirius répondit aussi :
— Je n'ai jamais eu de poitrine.
Mais Sofia le regarda et ne porta pas la bouteille à sa bouche. Elle désigna d'un air évident la pauvre petite bosse que formait sa poitrine inexistante sous sa robe et répondit d'un air mélancolique :
— Moi non plus Sirius, c'est le drame de ma vie.
L'hilarité parcourut une nouvelle fois le groupe et Sofia consentit à boire une petite gorgée de vodka malgré tout.
Le jeu se poursuivit durant deux bonnes heures. Après ce laps de temps, plusieurs bouteilles vides jonchaient le sol et quelques uns des joueurs avaient abandonnés pour tomber dans les bras de Morphée. Remus, après une bouteille de whisky, ronflait comme un bien heureux à côté de Peter qui, bien qu'il ait bu moins que Remus, ne tenait absolument pas l'alcool. James, qui avait déjà bien entamé sa deuxième bouteille de rhum, jouait toujours en compagnie de Sirius qui en était au même point, et de Sofia qui ouvrait sa troisième bouteille de vodka. Alors qu'elle buvait une gorgée de sa bouteille neuve, James lui demanda d'un voix rendu pâteuse par l'alcool :
— Mais comment peux-tu faire entrer autant de liquide dans un si petit corps ?
Sirius rigola bêtement à la remarque et Sofia sourit, bien que ses yeux brillants prouvent qu'elle était également sous l'emprise de la boisson.
— Beaucoup d'entrainement James. Beaucoup d'entraînement. Bien, à mon tour. je n'ai jamais... eu... d'érection !
L'alcool aidant, les questions étaient devenues de plus en plus lubriques au fil des heures. Les deux garçons firent tinter leur bouteille, comme pour trinquer, et burent une grande gorgée de rhum. Sirius se concentra alors et déclara, déjà mort de rire :
— Je n'ai jamais pas fait l'amour.
Sofia leva sa bouteille, comme pour trinquer avec James, mais celui-ci la garda résolument posé au sol. Sirius éclata de rire devant l'air ahuri de Sofia qui ne put s'empêcher de crier :
— Tu es vierge ?!
James, soudain boudeur, répondit simplement :
— Je me réserve pour Lily.
Sofia et Sirius partirent à nouveau dans un fou rire et Sofia but sa gorgée de vodka, ahurie par cette révélation. Sirius ne put s'empêcher d'ajouter :
— Tu deviens de plus en plus intéressante Petrov ! Tu as fumé, bu, transgressé les règles de nombreuses fois, et tu n'es plus vierge ! Moi qui te prenait pour une fade aristocrate en début d'année !
Sofia éclata de rire et lui fit un clin d'œil tandis que James levait les yeux au ciel. Il ouvrit alors la bouche pour énoncer son "je n'ai jamais", mais plaqua soudain une main devant sa bouche. Un remontée acide à l'étrange goût de rhum venait d'arriver aux barrières de ses lèvres et il se leva pour tout rendre dans la cheminée qui se trouvait dans un coin de la pièce. Sofia et Sirius étaient morts de rire, et James, blanc comme un linge, nettoya la cheminée d'un coup de baguette.
— Je déclare forfait. Vous n'êtes pas humain, et toi encore moins que lui, déclara-t-il en désignant Sofia du doigt, alors que celle-ci levait sa bouteille pour célébrer ses sages paroles.
Il parti s'allonger près de Remus et Peter et s'endormit aussitôt. Un ronflement sonore s'ajouta à celui des autres. Sofia tapa ses mains l'une contre l'autre et se plaça face à Sirius, en tailleur. La fente de sa robe dégageait complètement sa cuisse droite, ses yeux brillaient d'alcool et ses lèvres rouges avaient laissé une marque sur le goulot de la bouteille qu'elle tenait à la main. Sirius quand à lui avait depuis longtemps abandonné sa veste de costard et sa chemise était plus qu'à moitié ouverte. ses cheveux mi-longs, auparavant bien coiffés, était attaché à la va vite avec un élastique. Ils se regardèrent longtemps sans rien dire, puis Sofia reprit le cours du jeu, comme si de rien n'était.
— Je n'ai jamais connu l'amour d'une mère.
Cette phrase avait passé ses lèvres sans qu'elle ne puisse la retenir. Sirius ne but pas, tout aussi silencieux. Lui non plus n'avait jamais connu cela. Chacun se rappelait l'échange silencieux qu'ils avaient eu sur le Chemin de Traverse plus d'un mois auparavant. Le regard de l'autre à ce moment là était gravé en eux pour toujours. Il dit alors simplement :
— Je n'ai jamais connu l'amour d'un père.
Sofia attrapa sa bouteille et but silencieusement.
— Je n'ai jamais connu l'amour, dit-elle simplement.
Sirius but une gorgée. Il aimait ses amis, certes, mais il savait que Sofia ne parlait pas de ce genre d'amour.
— Je n'ai jamais pensé que tu pouvais être aussi intéressante, dit-il.
Sofia but. Elle, elle l'avait toujours su qu'elle était intéressante. Sirius sourit en la voyant descendre une grande gorgée de vodka sans sourciller. Leurs esprits, qui commençaient à bien être embrumés par l'alcool, ne les aidaient pas à réfléchir.
— Je ne t'ai jamais trouvé plus sexy qu'à cet instant, dit simplement Sofia, la voix pâteuse.
Sirius éclata de rire mais ne bu pas. Il avait oublié qu'il y avait une bouteille devant lui. Sofia elle, buvait alors même qu'elle n'y était pas obligée. Les règles du jeu s'embrouillèrent peu à peu pour eux.
— J'ai toujours pensé que Remus avait eu tort de nous dire que tu n'étais pas très belle dans le train le jour de la rentrée.
— Remus a dit ça ? demanda Sofia, hagard.
— Oui, mais je crois qu'il a regretté beaucoup de fois depuis, surtout ce soir.
Sofia sourit et se décala un peu pour s'appuyer le dos contre le mur. Sirius vint la rejoindre et passa un bras autour de ses épaules. Sofia posa alors sa tête sur l'épaule du jeune homme. Elle leva son bras droit pour monter la bouteille de vodka à hauteur de leur visage.
— Y a plus de vodka Sirius.
— T'as encore envie d'en boire ? demanda-t-il
— Ça sent comme mon papa, déclara-t-elle tout doucement.
Sirius eut un instant de lucidité où il se dit qu'elle ne lui avait jamais semblé plus fragile qu'en prononçant cette phrase.
— Comment est-il mort ?
Elle releva difficilement la tête et plongea ses yeux bleus azurs dans les yeux gris du jeune homme.
— De la dragoncelle.
— Oh, fut tout ce que Sirius trouva à répondre.
Elle reposa sa tête sur son épaule et ils restèrent un long moment comme ça.
— J'ai fugué de chez moi, dit alors simplement Sirius.
— Je sais, répondit Sofia.
La jeune fille frissonna soudainement. Le froid de la nuit de décembre avait eut raison de sa robe à bretelles fines, malgré les trois litres de vodka qu'elle venait de boire. Sirius attrapa sa veste de costard et l'en recouvrit. Elle le remercia d'un murmure qui chatouilla son cou.
— Arrête de faire ça, chuchota-t-il.
— De quoi ? répondit-elle sur le même ton, chatouillant une nouvelle fois sa peau.
— Chuchoter dans mon cou, ça me chatouille, dit-il simplement.
Sofia déposa alors un simple baiser sur sa jugulaire. Sirius sursauta et voulu questionner la jeune femme mais il vit qu'elle s'était endormie. Alors, il sourit bêtement et dit doucement :
— J'ai gagné ce stupide jeu d'alcool.
Puis il ferma les yeux à son tour et posa sa tête sur celle de Sofia. Ses cheveux sentaient tellement bon la noix de coco... Il s'endormir en rêvant de plages et de palmiers.
Et voilà pour le retard ! On se retrouve ce week-end pour le chapitre 7 !
N'hésitez pas à laisser un petit mot avec votre avis ou votre ressenti !
A très vite !
