CHAPITRE 11 - Complicité retrouvée


Mardi 15 février 1977

Quand Sirius ouvrit les yeux ce matin là, il sentit une douleur lancinante dans sa tête et se mit à maudire Franck Londubat sur cinq générations. Il sentit une présence à ses côtés et se demanda qui pouvait bien se trouver dans son lit. Petit à petit il se souvient que personne n'était dans son lit, mais qu'il était lui même dans le lit de quelqu'un. James. Alors que les souvenirs lui revenaient progressivement il ouvrit brusquement les yeux et se redressa, faisant grogner James qui dormait encore à côté de lui.

Oh Merlin...

James ouvrit doucement les yeux et se moqua de son ami. Sirius avait une mine affreuse, et un air horrifié sur le visage. James savait parfaitement pourquoi. La veille il lui avait avoué avoir des sentiments amoureux pour leur amie Sofia avant de retomber dans un sommeil profond. Il demanda d'une voix rendu grave par le sommeil :

Ca va Patmol ?

James j'ai menti. C'était pas vrai. Tu sais ces trucs sur Sofia et tout. Non c'était l'alcool. Tu me connais quand j'ai bu !

Sirius émit un petit rire gêné qui sonnait faux mais James ne le lui fit pas remarqué. Il était intimement persuadé que les déclarations de Sirius n'était pas fausses, mais ne comptait pas tenter de convaincre son ami. Il s'en rendrait lui-même compte assez vite. Il dit donc simplement au jeune Black de ne pas s'inquiéter et qu'il n'en parlerait à personne.

Sirius sembla soulagé après ça et attrapa aussitôt une potion contre la gueule de bois qu'il but d'une traite. Bien que la matinée soit banalisée suite au bal, ils avaient cours de métamorphose dès treize heures, et il ne voulait pas risquer une retenue. MacGonagall ne laisserait pas un de ses élèves s'endormir en cour.

Le dortoir s'éveilla petit à petit et James fut surpris de voir Franck Longdubat frais comme un gardon alors qu'il avait bu l'équivalent de l'Atlantique la veille au soir. Ce dernier leur adressa un sourire moqueur avant de déclarer qu'il prenait toujours une potion anti-gueule-de-bois avant de boire, ce qui lui permettait de ne ressentir que les effets positifs de l'alcool, et aucun effet négatif !

James, enregistrant l'information, se promit d'utiliser cette technique la prochaine fois qu'il affronterait Sofia à un jeu d'alcool. Cette fois-ci, elle n'aurait aucune chance de gagner. Certes, c'était déloyale, mais il était également déloyale qu'une si petite chose puisse ingurgiter une aussi grosse quantité de vodka pure sans vomir ses tripes.

Les cinq garçons se lavèrent et s'habillèrent en vitesse avant de quitter le dortoir. Ils n'avaient plus que deux heures devant eux avant le cours de MacGonagall et comptaient bien se remplir le ventre avant de s'y rendre. Une fois arrivée à proximité de la table de Gryffondor, Franck s'éloigna pour manger avec Alice, sa petite-amie, tandis que les maraudeurs s'asseyaient ensemble, comme à leur habitude.

Sofia aperçut ses amis au loin et fit un signe de la main à Remus qui lui répondit par un grand sourire. Ils avaient passer une très bonne soirée la veille ensemble et Sofia n'avait pas regretté d'avoir accepté l'invitation du loup-garou. James lui tira puérilement la langue avant de mordre avec entrain dans une cuisse de poulet et elle leva les yeux au ciel. Peter fit de même et ils échangèrent un regard complice.

Sirius, qui était dos à elle, ne se retourna pas et ne lui adressa aucun signe. Pourquoi se comportait-il de la sorte ? Certes, il avait une petite-amie depuis peu, mais était-ce une raison pour l'ignorer de la sorte ? Ils étaient amis après tout, et on ne se mettait pas à ignorer ses amis à la première occasion ? Non ?


Dimanche 27 février 1977

Le mois de février passa aussi vite que les mois précédents. Les ASPIC se rapprochaient dangereusement et la charge de travail de Sofia ne cessait d'augmenter. Malgré ses nombreuses tentatives pour renouer le contact, Sirius continuait de l'ignorer consciencieusement. Sofia, qui restait quelqu'un de susceptible malgré sa patience en amitié, avait décrété que le garçon n'était qu'un crétin fini.

D'autant plus que le jeune maraudeur avait repris ses anciennes mauvaises habitudes. Il lançait divers maléfices aux Serpentard et particulièrement à Severus Rogue, embrassait à pleine bouche sa petite amie devant toute l'école, se montrait imbu de lui-même et particulièrement immature.

Lorsqu'elle en avait parlé avec Remus à l'occasion d'une de leur session révision à la bibliothèque, le loup-garou avait eu l'air de lui cacher quelque chose. Il semblait savoir quelque chose sur Sirius qu'elle ignorait, et Sofia n'appréciait pas tellement ses cachotteries. Mais après tout Remus était ami avec Sirius depuis de nombreuses années, et elle ne pouvait pas le forcer à trahir le maraudeur. Remus lui avait cependant assuré que ce n'était qu'une passade et que leur ami retrouvait bientôt son comportement "normal".

Nous étions dimanche, et la journée avait été pluvieuse. Sofia l'avait passé à la bibliothèque à tenter de réviser l'Histoire de la Magie avec une aide précieuse de la part de James. Cependant, ses révisions avaient été assombries suite à l'annonce d'une nouvelle attaque de Voldemort durant l'après-midi. Une nouvelle famille de nés-moldus étaient décédée sous les baguettes des mangemorts.

Le climat de terreur qui encerclait le monde sorcier semblait toujours épargner Poudlard. Cependant, la peur commençait à réellement s'infiltrer dans les coeurs. Sofia avait remarqué que le Professeur Dumbledore apparaissaient de plus en plus rarement aux banquets, et que même d'autres professeurs manquaient parfois à l'appel. La guerre faisait rage et chacun y prenait part, d'une manière ou d'une autre.

Les discussions qui animaient à ce moment là sa salle commune lui apportait la preuve que toutes les participations à cette guerre n'était pas positives. Sofia était certaine que certains de ses camarades avaient rejoint les rangs du Seigneur des Ténèbres. Elle ne savait pas à qui en parler, et doutait qu'elle puisse être reçue par son directeur pour lui faire part de ses soupçons. Et que dirait-il ? Que ferait-il sur la simple parole d'une étudiante russe de dix-sept ans ? Certainement pas grand chose.

Alors Sofia enregistraient au quotidien le maximum d'informations en espérant avoir un jour l'occasion de les utiliser contre Voldemort et ses sbires. Elle savait par exemple que Rosier était en contact avec un certain Lucius pour des raisons obscures. Elle avait également appris qu'un couple du nom de Lestrange étaient des mangemorts notoires et qu'ils opéraient un recrutement chez les Serpentards de sixième et septième année, avec plus ou moins de succès.

D'autres noms avaient été murmurés et Sofia s'efforçait de les graver dans sa mémoire : Carrow, Gibbon, Jugson, Travers, ...

Le nom Black était également apparu à de nombreuses reprises. Sofia savait que la femme Lestrange était une fille Black, ainsi que la femme de Lucius Malfoy. Pourtant elle ne pouvait que s'interroger : ces deux filles avaient forcément un lien avec Regulus et Sirius. Malgré tout, Sofia en était certaine : ni l'un, ni l'autre des frères Black ne pouvaient avoir un lien avec le Seigneur des Ténèbres.

Regulus était un gentil garçon, toujours volontaire pour aider les autres. Il était discret, plutôt calme, et ne semblait pas partager les idées suprématistes des membres de sa maison. Sinon, pourquoi aurait-il été son ami ? Après tout, elle avait clairement démontré à de nombreuses reprises qu'elle était contre ces idées !

Sirius était l'opposé même de ces idées. Il avait renié sa famille, avait été envoyé à Gryffondor, et prenait un malin plaisir à humilier les Serpentards et leurs idées dès qu'il en avait l'occasion.

Oui, définitivement, aucun des frères Black ne pouvait tremper dans ces sombres idées.

Mais cela n'empêchait pas Sofia de se sentir de plus en plus oppressée et à l'étroit au sein de cette maison vert et argent. Elle aimait sa maison, mais elle détestait la grande partie de ses camarades.


Jeudi 3 mars 1977

Sirius savait qu'il s'était comporté en parfait crétin durant tout le mois de février. En voyant qu'il appréciait Sofia plus que de raison, il avait décidé de couper tout contact avec la jeune fille et de céder aux avances de Sue.

Sue était une fille gentille, plutôt intelligente, et assez mignonne. Il s'était tout simplement dit qu'elle lui permettrait de passer à autre chose sans trop de difficulté. Cela avait marché, un temps. Puis, il avait vu Sofia au bal de la Saint-Valentin, danser et rire au bras de Remus. Pour la première fois de sa vie, il était jaloux de ses meilleurs amis.

La jeune fille était apparue dans sa robe somptueuse, apprêtée et souriante, et il avait flanché. Sofia avait dansé avec Remus, avec James, et même avec quelques autres élèves. Il avait même vu un de ses camarades s'approcher d'elle en rougissant pour lui tendre une carte de Saint-Valentin, sans pouvoir retenir son sourire satisfait quand elle l'avait envoyer balader.

Il avait ensuite avoué à demi-mots ses sentiments pour Sofia à James avant de se rétracter. Après tout, il n'était pas sur d'être amoureux d'elle. Juste de l'apprécier. Beaucoup. Et cela ne voulait absolument rien dire. N'est-ce-pas ?

Et malgré tout, Sofia restait proche de beaucoup trop de garçon. Tout d'abord son frère, Regulus, avec qui elle passait tous ses repas et même ses soirées. Mais également Jacob Andrew, cet imbécile de septième année qui était son partenaire de DCFM et était, selon Sirius, un peu trop entreprenant pour un simple partenaire. Sans qu'elle ne s'en rende compte, Sofia avait commencé à attirer beaucoup de regards depuis le bal de la Saint-Valentin et Sirius n'aimait pas ça du tout.

Sofia passait cependant la majeur partie de son temps à rire, parler, réviser, s'amuser, et autres, avec les maraudeurs. Elle était particulièrement proche de Remus, ce qui pouvait se comprendre du fait de leur condition commune. Cependant, Sirius avait de plus en plus de mal à supporter leur proximité.

Sirius n'appréciait pas trop la situation. Il n'avait jamais été quelqu'un d'envieux et associait plutôt cette attitude à la famille Black. Ils étaient envieux des plus riches, des plus puissants, des plus... tout. Lui, n'avait jamais été envieux. Alors se découvrir une soudaine jalousie à l'égard de Remus qui danse avec Sofia, à l'égard de James qui va à Pré-au-Lard avec elle, ou à l'égard de son frère pour réussir à la faire rire aussi souvent ne lui plaisait pas du tout.

Pourtant, Sirius devait se rendre à l'évidence. Il avait mis son plan en marche il y a plus un mois de cela et n'avait constaté aucun progrès pour ses sentiments envers Sofia. Pire, cela avait empiré. Son plan ignorer-Sofia-pour-l'oublier était un échec monumental. Sirius était souvent morose et de mauvaise humeur, avait des envie de meurtre en la voyant l'ignorer royalement depuis quelques temps et ne voulait qu'une seule chose : rire à nouveau avec elle comme il le faisait quelques temps plus tôt.

Alors, pour toutes ses raisons, et après un long raisonnement intérieur, Sirius avait pris la décision de quitter Sue pour tenter de renouer une amitié avec Sofia. Il regrettait énormément d'avoir mêler Sue à toute cette histoire. C'était une jeune fille vraiment adorable. Et Sirius savait pertinemment qu'elle était attachée à lui, c'est aussi pourquoi il avait décidé de ne plus lui mentir.

Il attendait la jeune femme devant la porte de son cours d'étude des runes. La sonnerie retentit bientôt et les flots d'élèves partirent à l'assaut des couloirs. Sue sortit de cours et son visage s'éclaira lorsqu'elle aperçut Sirius. Elle salua ses amies de la main et leur murmura qu'elle les retrouverait vite, puis s'approcha de son petit-ami.

Elle se hissa sur la pointe des pieds pour l'embrasser mais Sirius détourna le visage. Les lèvres de la jeune fille s'écrasèrent donc sur sa joue et elle l'observa avec un air curieux.

Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Sirius sentit son estomac se tordre d'appréhension. Il ne voulait pas blesser Sue, pourtant c'était inévitable.

Viens Sue, il faut qu'on parle...

L'inquiétude assombrit un instant les yeux marrons de la jeune fille et Sirius sut au fond de lui qu'elle savait déjà ce qu'il allait lui dire. Il l'entraîna pourtant vers une salle de classe inutilisée pour pouvoir lui parler calmement. La jeune fille s'assit sur un pupitre, et lissa les plis de sa jupe. Son visage exprimé à la fois l'acceptation et la tristesse.

Sue, je suis venue te voir parce que...

Les mots avaient du mal à venir. Sur attendait. Elle avait compris mais elle ne l'aiderait pas.

Je... On... On ne peut plus continuer tout les deux. Je suis vraiment désolée.

Le visage de Sue affichait toujours les mêmes expressions mais Sirius remarqua que ses mains s'étaient mises à trembler.

Ce n'est absolument pas de ta faute. Tu es une fille géniale ! Tu es belle, intelligente, et je t'apprécies vraiment. Mais pas autant que toi tu m'apprécies et je ne trouve pas ça juste de te faire espérer plus alors que cela n'arrivera pas. Et j'aurais du avoir le courage de te le dire le mois dernier...

Sue était toujours silencieuse et continuait de fixer Sirius. Soudain, elle pencha la tête vers la droite et demanda d'une voix neutre :

Est ce que tu en as conscience ?

Conscience de quoi ? demanda Sirius, surpris.

Sue le regarda longuement avant de hausser les épaules.

De tes sentiments.

Sirius ne répondit pas, et Sue ne reposa pas sa question. Elle se leva de la table où elle était assise et se dirigea vers la porte. Avant de la passer elle se tourna vers Sirius et dit simplement :

Je suis heureuse que tu aies été honnête avec moi. Mais j'aurais préféré que tu le sois dès le début. Je ne t'en veux pas Sirius, donc ne t'en veux pas toi-même.

Sur ces mots elle sortit de la classe et Sirius ne put que faire face à la vérité : Sue était définitivement trop bien pour lui.


Samedi 5 mars 1977

Les élèves pour Pré-au-Lard, par ici s'il vous plait qu'on vérifie vos noms sur la liste des autorisations !

Sofia et les maraudeurs se dirigèrent vers le professeur MacGonagall et Apollon Picott, le concierge de l'école, pour être autorisé à rejoindre le village sorcier. James et la jeune femme étaient en train de parler de Quidditch, et de la saison qui reprendrait bientôt après la trêve hivernale.

Sirius les observait en se demandant comment il pourrait rejoindre naturellement la conversation. Cela faisait deux jours qu'il avait quitté Sue, pourtant il n'avait pas encore pu adresser la parole à Sofia. Celle-ci semblait décidé à l'ignorer autant qu'il avait pu le faire durant le mois passé.

Il tenta néanmoins une approche après une réplique de James sur la composition de l'équipe de Serdaigle.

C'est vrai que leur attrapeur est mauvais, mais ils ont une excellente gardienne.

Sofia lui jeta un regard surpris. Cela faisait plus d'un mois que Sirius ne participait à aucune conversation directe avec elle. Le jeune Black lui lança un sourire d'excuse. Et Sofia comprit.

Sans qu'elle n'ait jamais vraiment compris comment, ils avaient toujours réussis à communiquer par regard, sourire et autres expressions. Ainsi, Sirius voulait renouer le contact avec elle. Sofia restait méfiante mais ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une joie certaine. La jeune femme décida de parler à Sirius comme s'il ne l'avait pas ignoré le mois passé. Ils auraient bien le temps de s'expliquer plus tard.

OoOoO

L'après-midi se passa tranquillement et sans anicroche. La douceur du début du printemps leur donna envie de déguster une glace et ils s'installèrent à la terrasse d'un glacier pour le goûter. Sofia avait choisi une glace à la noix de coco, James et Peter au chocolat, Remus à la pistache et Sirius à la vanille.

Peter, alors qu'il léchait consciencieusement sa cuillère, avisa ses amis de l'heure qui passait :

Nous ne devrions pas tarder à rentrer si on veut être prêt pour vous-savez-quoi...

Sofia vit en effet qu'il était seize heures passées et qu'ils ne seraient pas rentré à Poudlard avant dix-sept heures. La pleine lune se levait aux alentours de dix-neuf heures trente ce soir-là. Il ne fallait pas tarder.

Le petite troupe paya donc ses consommations avant de prendre la route du retour. Alors qu'ils marchaient tous tranquillement, Sofia se plaça en queue de peloton et vit Sirius faire de même. Les trois autres, comprenant leur envie de faire le point, accélérèrent quelques peu pour leur laisser une certaine intimité.

Sirius fut le premier à prendre la parole :

J'ai été quelques peu idiot ces derniers temps, tu as remarqué ?

Sofia sourit à la tentative d'humour du jeune homme et répondit :

Il m'a semblé en effet que tu étais plus idiot qu'à l'accoutumé.

J'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur parce que j'en suis vraiment désolé.

Sirius plongea ses yeux gris dans les yeux bleus ciels de Sofia. Ils s'observèrent un long moment, ayant arrêté de marcher. Finalement, Sofia sourit et passa son bras sous celui de Sirius.

Tu m'as manqué.

Sirius embrassa le sommet de son crâne, sentant son cœur battre plus vite qu'il n'avait jamais battu. Ils reprirent la route vers le château, bras dessus bras dessous, un sourire aux lèvres.

OoOoO

La nuit de pleine lune permit aux deux jeunes gens de réellement se retrouver et se réconcilier. Sofia passa la nuit à courir après Sirius, et le jeune chien qu'il était s'amusa à lui mordiller joyeusement les oreilles. James et Peter contemplaient le tableau qu'ils offraient d'un regard moqueur tandis que le loup de Remus semblait boudeur. Après tout, il avait d'habitude que Sofia soit tout à lui, pas qu'elle s'occupe du stupide cabot qui l'accompagnait lorsqu'il pouvait enfin sortir.

Mais malgré tout cela, la nuit ne connut aucun incident majeur. Sofia dévora cependant un lapin que Remus lui offrit. Il ne put refuser le cadeau du loup sans prendre le risque de le vexé, même si elle n'avait pas faim sur le moment. En soit la viande crue ne la dérangeait pas tant que ça. Il faudrait juste qu'elle pense à nettoyer son visage lorsqu'elle se retransformerait.

Elle y pensa, essuyant son visage avec un mouchoir en tissus qui se teinta de rouge. Puis elle brossa ses cheveux pour retirer feuilles et branches, comme d'habitude, avant de s'habiller et de rejoindre les garçons. Comme d'habitude, Remus partit devant pour rejoindre Madame Pomfresh qui devait l'attendre et les quatre autres suivirent lorsqu'ils furent certains que la voie était libre.

James et Peter marchèrent en tête, se charriant l'un et l'autre d'un air moqueur. Sofia marchait plus calmement derrière, avec Sirius. Celui-ci attendit que ses amis prennent une bonne avance avant de prendre la main de Sofia dans la sienne pour la serrer et murmurer :

Toi aussi tu m'as manqué, Petrov.

Sofia, souriante, ne put s'empêcher de la taquiner comme à son habitude.

Comment cela aurait-il pu être autrement, fantastique comme je suis ?

Et modeste que tu es, se moqua Sirius.

Sofia lui tira la langue. Elle était définitivement heureuse d'avoir retrouvé Sirius. Sirius comme elle le connaissait. Son Sirius.


Dimanche 6 mars 1977

Sofia se prélassait dans son lit après la nuit blanche qu'elle venait de passer. Elle savait que Remus était en train d'être dorloté à l'infirmerie et que James, Peter et Sirius finissait leur nuit dans leur dortoir également. Fermant les yeux, elle somnola une petite heure supplémentaire avant que la nature ne se rappelle à elle. Pipi, elle avait envie de pipi. Elle se leva de son lit et s'étira longuement, son débardeur dévoila quelques centimètres de peau de son ventre. Elle passa un pull qui lui arrivait à mi-cuisse par dessus son débardeur et son short et se dirigea vers la salle de bain.

Tandis qu'elle faisait sa petite affaire, elle tritura les deux pendentifs qu'elle portait à son collier, celui de son père et celui de Remus, le sourire aux lèvres. Attrapant le papier toilette, elle s'essuya et tira la chasse d'eau avant de se laver consciencieusement les mains. Avant de retourner dans son lit, elle prit le temps d'observer son visage dans le miroir. Il lui semblait apercevoir un bouton pointer son nez sous la peau de son front, vestige de ses règles de la semaine passée. Foutues hormones ! Avec une moue boudeuse, elle reprit la direction du dortoir avec la ferme intention de dormir encore quelques heures.

Lorsqu'elle pénétra dans la pièce circulaire, elle marqua un temps d'arrêt. Là où aurait du se trouver le lit à baldaquins qu'elle occupait depuis le 1er septembre se trouvait un vide. Rien. Son lit avait disparu. A la place de celui-ci, se trouvait quelques mots écrit d'une couleur argentée qui luisait à la lumière du jour :

« A BAS LA PUTAIN DES MARAUDEURS »

Sofia resta interdite à l'entrée de la pièce. Seule une fille aurait pu réaliser cette stupide blague puisque le dortoir était interdit aux garçons. Bien. Elle prit une respiration profonde pour se calmer. Bien. Avisant sa malle, qui n'avait heureusement pas disparue, elle enfila une paire de chaussette en laine et ses baskets.

Un simple "recurvite" fit disparaître l'inscription en lettres d'argent.

Alors, les cheveux en batailles, en ayant l'air de ne porter qu'un pull sur ses cuisses nues, elle prit la direction du bureau de Slughorn pour demander la réintégration de son lit afin de pouvoir terminer sa sieste. Quand elle passa dans sa salle commune, elle entendit Druella Crabbe et Mary Flint glousser sur son passage et montrer ses cuisses nues comme si elles représentaient une atteinte à la pudeur.

Sofia les ignora tout en tentant, difficilement, de garder son calme. Ses poings serrés lui faisaient mal, mais elle devait à tout prix se retenir d'encastrer une de ses camarades dans les murs de la salle commune. A tout prix.

Tout en montant d'un pas enragé les escaliers, elle ignora les regards insistant sur sa tenue et les quelques remarques qu'elle entendit jusqu'à ce qu'elle voit un deuxième année de Serdaigle adresser une remarque moqueuse à une de ses camarades. Elle le fusilla du regard et demanda d'une voix froide :

Tu peux répéter ?

...

Tu n'as rien à dire ? Alors DEGAGE !

Les deux deuxièmes années partirent sans demander leur reste et Sofia reprit sa marche vers le bureau de son directeur de Maison. Alors qu'elle avait presque atteint la porte, elle entendit son prénom.

Sofia ?

Remus l'observait d'un air surpris. Il venait certainement de sortir de l'infirmerie après quelques soins.

Je peux savoir pourquoi tu es en pyjama et énervée dans les couloirs du château ?

Sofia lui jeta un regard mauvais avant de se calmer en soupirant. Elle ne pouvait pas reprocher à Remus ce qui lui arrivait : il n'y était pour rien. Elle entreprit donc de lui raconter sa sieste matinale, son envie de pipi, puis :

Quand je suis revenue dans le dortoir, mon lit avait disparu. A la place, il y avait une jolie inscription en lettres d'argent qui signifiait que j'étais une fille de joie au service de tes amis et toi. J'ai donc effacé l'inscription avant de venir ici demander au Professeur Slughorn de me redonner un lit pour finir ma sieste.

Elle avait prononcé sa tirade d'une voix neutre, mais ses poings toujours serrés ne trompaient pas Remus. Elle était folle de rage. Et il comprenait pourquoi. Sofia subissait un réel harcèlement depuis qu'elle s'était rapprochée des maraudeurs. Il demanda d'une voix douce :

Pourquoi ne nous as-tu pas dit que les blagues continuaient ? On a cru qu'il ne s'était rien passé depuis ta douche froide ?

Sofia leva les yeux au ciel et dit :

Il ne s'était rien passé, hormis quelques insultes et quelques bousculades. C'est leur premier gros coup depuis des mots, mais j'ai peur d'être arrivée à saturation.

Remus lui offrit un sourire désolé avant de l'accompagner sur les quelques mètres qui la séparaient du bureau du Professeur de Potion. Tout en marchant, il demanda :

Pourquoi as-tu effacé l'inscription ?

Elle était fausse.

Cela ne répond pas à ma question.

Je n'en sais rien. Elle m'a énervée. Je l'ai effacée.

Remus hocha simplement la tête. Il comprenait.

Ils arrivèrent devant la porte des appartements et Remus prit congé de son amie. Il devait retrouver James, Sirius et Peter pour leur raconter la dernière mésaventure de Sofia. Il était certain que ses amis auraient beaucoup d'idées pour la venger de cet affront. Sofia lui adressa un sourire désabusé avant de frapper à la porte.

Lorsque Slughorn lui ouvrit, Remus avait déjà tourné au coin du couloir. L'affaire fut rapidement réglée et Sofia récupéra son lit dans l'heure qui suivit. Elle s'y recoucha, trop énervée pour espérer trouver le sommeil.


Et voilà ! On se retrouve dans une semaine pour la suite ;)