CHAPITRE 14 : RENDEZ-VOUS GALANT
Lundi 25 avril 1977
Cela faisait une vingtaine de jours que l'attaque à Pré-au-Lard avait eu lieu. Depuis, la défense du village s'était organisée et il était devenu presque aussi sûr que Poudlard. Dumbledore avait fait en sorte d'y étendre les protections du château, afin de ne risquer aucune attaque qui s'étendrait jusqu'au château lui-même. En effet, si le village venait à tomber aux mains des mangemorts, le château serait extrêmement vulnérable et l'école serait contrainte de fermer.
C'est ainsi que lors du petit déjeuner de ce lundi matin, Dumbledore se présenta au petit-déjeuner et dit à l'ensemble de ses élèves :
— La protection du village est de nouveau assurée. Pour contrer cette aura de peur qui a étreint le château lors de la précédente attaque, les visites à Pré-au-Lard reprendront dès le samedi 7 mai. Vous êtes vivement encouragés à vous y rendre. Nous gagnerons cette guerre, et les actes de la vie quotidienne sont désormais signe de résistance.
Une vague d'applaudissement accueillis le discours du directeur. Bien que certains élèves tremblent à l'idée d'y mettre les pieds, d'autre prévoyaient déjà l'après-midi qu'ils allaient y passer. Sirius jeta un œil à Sofia : elle souriait doucement et discutait avec son frère. Il souhaitait l'inviter à partager cette sortie avec lui, et non pas avec les maraudeurs, mais il se demandait si l'emmener sur les lieux de son récent traumatisme était une bonne idée.
— Elle s'en est remise Sirius. Il faut qu'elle y retourne.
Le jeune homme jeta un regard surpris à Remus qui lui jetait un regard encourageant.
— Comment tu sais que... ?
— Je la connais. Et je te connais encore mieux. Invite la. Elle dira oui.
Sirius fronça les sourcils. Était-il si transparent ? Il n'eut pas le temps de s'intéresser plus à ses préoccupations intérieures, la sonnerie retentissait et il avait cour de potion. Il passa donc la journée à se plonger dans ses cours, tout en se demandant comment il pourrait l'inviter sans que cela ne semble étrange ou déplacé.
L'occasion se présenta à lui le soir-même, lorsqu'après le dîner Sofia les rejoignit à leur table. La Grande Salle était déjà presque entièrement vide. Les maraudeurs étaient encore en plein repas puisqu'ils étaient arrivés en retard, attendant que Peter et Remus terminent leur devoir de potion avant de descendre manger.
Sofia avait donc décidé de les rejoindre avant de retrouver sa propre Salle Commune pour une énième soirée en tête à tête avec Regulus. Aussitôt qu'elle s'assit, Remus et James se levèrent.
— Bon, nous on remonte. A tout à l'heure Sirius ! dit James.
— Allez, viens Peter ! dit Remus en tirant le bras de son ami.
Le pauvre garçon, qui n'avait aucune idée de ce qu'il se passait, voulu protester qu'il n'avait pas fini de manger, mais Remus et James lui jetèrent un regard noir et il les suivit sans rien dire, attendant des explications.
Sirius regarda, démuni, ses amis sortirent de la Grande Salle. Sofia semblait tout aussi surprise. Elle se tourna vers lui et demanda :
— Ils ont quelque chose contre moi, ou contre toi ?
— Ni l'un, ni l'autre, ils ont... un devoir à terminer.
— Ah.
Le silence s'installa entre eux tandis que Sirius terminait son pudding. Il tentait de rassembler son courage pour l'inviter mais n'y parvenait pas dès que les yeux bleus clairs de Sofia se posaient sur lui. Aussi, il regarda avec attention son dessert et demanda d'une petite voix :
— Tu voudrais aller à Pré-au-Lard avec moi ?
— Bah c'est ce qui était prévu non ? Qu'on y aille ensemble ?
Sirius compris que le "ensemble" de Sofia n'avait pas le même sens que ce qu'il espérait. Elle entendait par là lui, elle et les maraudeurs. Il tenta de s'expliquer :
— Non mais je voulais dire... Juste toi et moi.
— Oh.
Sofia semblait sincèrement surprise, mais pas réticente. C'est ce que se dit Sirius quand il osa enfin affronter son regard. Elle sembla réfléchir un instant avant de dire d'une voix enjouée :
— Ok pour moi. Passe une bonne soirée !
Et elle se leva et prit la direction de son dortoir. Sirius resta longtemps à fixer l'endroit où elle avait disparu. Son cœur était prêt à exploser dans sa poitrine et il avait un air d'imbécile heureux collé sur le visage : elle avait dit oui.
OoOoO
Sirius passa le portrait de la Grosse Dame avec un énorme sourire aux lèvres. Ses trois amis l'attendaient, impatient de savoir si Sofia avait accepté son invitation. James fut le premier à se jeter sur lui en voyant son sourire :
— Elle a dit oui ! C'est pas croyable !
Sirius fronça alors les sourcils et demanda :
— Comment ça "c'est pas croyable" ? demanda Sirius, légèrement vexé.
— Quoi ? demanda James, surpris. Ah non, je voulais dire que c'est incroyable ! Bravo vieux !
Remus s'avança à son tour pour féliciter son ami :
— Tu n'as plus que deux semaines à tenir avant le fameux rendez-vous.
Le teint de Sirius se teinta soudain de vert. Un rendez-vous. Il avait invité Sofia pour un rendez-vous. Dans quelle galère s'était-il mis ? Amusé devant l'inquiétude de leur ami, les maraudeurs lui mirent une tape dans le dos. Cela ne rassura pas Sirius pour autant. L'angoisse lui tordit l'estomac. Il tenait une chance inestimable de se déclarer à la jeune femme, il n'avait pas intérêt à tout faire rater.
Mardi 3 mai 1977
Le mois de mai était là et avec lui arrivait également une nouvelle pleine lune. Elle fut grandement bénéfique à Sirius et Sofia puisqu'elle leur permis de retrouver des contacts normaux l'un envers l'autre. En effet, depuis l'invitation de Sirius, et même depuis un peu avant cela, ils ne savaient plus très bien comment se comporter.
Sirius, conscient de ses sentiments, ne parvenait plus à se lancer dans leur traditionnel joutes verbales sans avoir peur de trop en dévoiler. Sofia, quant à elle, sentait ce changement chez son ami et, bien que ne sachant pas la cause de ce changement, elle agissait elle aussi de manière plus indécise et prudente envers lui.
La pleine lune leur permit de renouer un réel contact. Ils se sentaient tous les deux plus libres sous leur forme animale. Ils passèrent donc la nuit à se poursuivre l'un l'autre, et à se bousculer gentiment. Remus, sous sa forme lupine, semblait montrer de réels signes de jalousie que Sofia s'empressa de faire taire avant qu'il ne provoque un massacre. Elle lui apporta donc un lapin qu'elle venait d'attraper et Remus le dévora goulûment, heureux de ce superbe présent.
Oui, même si aucun des maraudeurs ne l'aurait jamais pensé, la pleine lune était devenu un rituel essentiel à leur amitié à tous les cinq. Sofia sourit en pensant que elle, elle l'avait toujours su.
Samedi 7 mai 1977
Sofia jeta un coup d'œil critique au miroir face à elle. La petite robe d'été qu'elle avait passée pour sa journée avec Sirius lui semblait un peu trop féminine. N'était-ce pas crier à Sirius "Regarde comme je suis jolie, allez embrasse-moi" ? Et d'ailleurs, que ferait-elle s'il voulait l'embrasser ? Et puis, c'était un rendez-vous ou non ?
Avec un soupir de désespoir, elle se laissa tomber en arrière sur son lit. Que lui avait-il pris d'accepter ce rendez-vous ? Était-elle vraiment prête à se lancer là-dedans avec Sirius ? D'ailleurs, voulait-il, lui, se lancer là-dedans ? Sofia ferma les yeux un court instant pour reprendre ses esprits. Il fallait qu'elle se calme.
Après une dizaine de minutes, elle se redressa et retira la robe qu'elle avait choisi dans un premier temps. Il était bientôt 10h45 et il fallait qu'elle se dépêche. Sirius lui avait donné rendez-vous à 11h dans le hall pour qu'ils mangent ensemble au Trois Balais. Aussi, Sofia passa en revu les quelques robes qu'elle possédait, avant d'arrêter son choix sur une robe bleu ciel très simple, par-dessus laquelle elle enfila une veste en jean. Bien.
Elle regarda alors un instant les sandales qu'elle avait achetées il y a deux ans et qu'elle n'avait jamais mis. Elles étaient très jolies, fines et féminines. Avec une moue dubitative, elle se rabattit finalement sur une paire de tennis en toile usée.
Sofia se regarda alors à nouveau dans le miroir, elle avait l'air comme d'habitude à ses yeux, bien que peut-être un poil plus élégante. Elle observa son visage et hésita un court instant à se maquiller avant de se raviser. Elle ne se maquillait jamais, et Sirius la voyait au quotidien en jean, pull et tennis sans maquillage : elle n'avait aucune raison de vouloir changer ça. Elle prit donc simplement le temps de natter ses cheveux afin de ne pas avoir trop chaud.
La jeune femme était prête. Elle se mordit la lèvre d'appréhension et se dirigea vers le hall.
OoOoO
Sirius ne savait plus tellement si c'était une si bonne idée d'avoir inviter Sofia. Il avait les mains moites, la gorge sèche et l'impression d'être parfaitement stupide. James l'avait charrié toute la matinée alors qu'il essayait un nombre improbable de t-shirt avant d'arrêter son choix sur un simple t-shirt blanc.
Sirius tirait d'ailleurs nerveusement dessus en attendant Sofia dans le hall du château. Peut-être aurait-il du mettre une chemise ? Il aurait eu chaud cela dit, et les auréoles c'est tout sauf sexy. Sofia le trouvait-elle sexy ? Devait-il l'embrasser quand elle arriverait ? Ou attendre qu'elle le fasse ? Le ferait-elle ?
Alors qu'il sentait ses mains devenir de plus en plus moites, il la vit apparaître par l'escalier qui menait aux cachots. Elle portait une robe toute simple, qu'il l'avait déjà vu arborer, ainsi qu'une veste en jean et ses tennis. En somme, elle était exactement comme d'habitude et cela le détendit soudainement.
Elle se dirigea vers lui avec son petit sourire timide, très inhabituel sur son visage, et le salua d'une voix maladroite :
— Salut.
— Salut, répondit-il.
Apparemment, ils étaient aussi gênés l'un que l'autre. Pour détendre l'atmosphère, Sirius lui offrit son bras dans un geste exagérément théâtrale. Cela sembla fonctionner puisque Sofia rit doucement avant de s'en saisir. Ils prirent la direction du parc pour rejoindre Pré-au-Lard.
Alors qu'ils marchaient depuis à peine une minute, Sofia lui demanda :
— Toi aussi tu trouves ça bizarre ?
— Qu'on soit que tout les deux ? Oui. C'est drôlement calme.
Sofia éclata de rire et répondit immédiatement :
— C'est exactement ce que je me disais. Les autres ne viendront pas du tout ?
— Je crois que les mots de James ont été "On ne veut pas vous déranger".
Sofia sourit, amusée, et dit :
— Extrêmement généreux de sa part.
— Lily est restée au château aussi. Je le soupçonne d'être totalement intéressé.
— Je comprend mieux.
Ils rirent tous les deux. Ce petit échange avait eu moins eu le bénéfice de détendre totalement l'atmosphère entre eux. Ils marchèrent tranquillement dans le parc en parlant de tout et de rien, Sofia tenant toujours le bras de Sirius.
Lorsqu'ils arrivèrent au portail, Sirius sentit Sofia se tendre à côté de lui. Elle balaya le chemin qui menait au village du regard et murmura d'une voix tendu :
— C'est ici que...
Sirius comprit immédiatement que c'est ici qu'elle avait combattu. Alors les combats s'étaient déroulés jusque devant les grilles du château ? Sofia avait lâché son bras et regardait autour d'elle, comme absorbée par ses sinistres souvenirs. Sirius lui attrapa alors la main et emmêla ses doigts aux siens.
— Viens, il n'y a plus rien ici. Allons manger.
Sofia hocha doucement la tête et resserra sa prise sur les doigts de Sirius avant de lui emboîter le pas en direction des Trois-Balais. Ils arrivèrent devant le restaurant peu après onze heures et demie.
OoOoO
Le déjeuner se déroula tranquillement. Ils discutèrent des cours et des ASPIC qui approchaient. Leur complicité naturelle effaça peu à peu la gêne que leur procurait ce rendez-vous. Sofia remarqua que plusieurs élèves leur jeter des regards intrigués et elle sut que les rumeurs ne tarderaient pas à courir dans tout le château, pourtant elle continua à profiter de son moment. Oui, c'était son moment. Le leur.
Au dessert, Sofia commanda évidement une énorme glace à la noix de coco couverte de chantilly et de coulis de chocolat, tandis que Sirius se contentait de deux boules à la vanille.
— Je me demande ou tu mets tout ça, dit le jeune homme.
Sofia lui jeta un regard amusé et, tout en enfournant une énorme cuillère de glace dans sa bouche, répondit :
— Mon pays était fait de glace, c'est mon élément naturel, ça ne compte pas.
Sur ce, elle lui tira la langue. Il se vengea en plongeant sa cuillère dans la chantilly de la jeune fille pour en avaler une grande partie. Sofia le regarda comme s'il venait de la trahir de la manière la plus abjecte qui soit. Elle dit d'une voix théâtrale :
— Tu me déçois tant Black.
Sirius lui jeta un regard moqueur tout en remplissant sa cuillère de sa propre glace pour la tendre à la jeune femme :
— Ceci est une proposition de paix.
Sofia sourit, amusée à son tour, et ouvrit la bouche pour que Sirius lui fasse goûter sa glace. Ils continuèrent de manger en se chamaillant gentiment comme ils en avaient l'habitude. Puis Sofia commanda un café alors que Sirius préférait recommander une limonade. Leur conversation avait peu à peu déviée sur leurs préférences :
— Ton plat préféré ? demanda Sirius.
— Facile, la glace à la noix de coco.
— C'est pas un plat.
— Bien sur que si.
— Bien sur que non. Un plat salé.
Sofia réfléchit alors un court instant avant de répondre :
— Je sais pas trop. Un truc avec des pommes de terre certainement. Et toi ?
— Le boeuf strogonov que tu avais cuisiné pour ton anniversaire.
Sofia lui jeta un regard moqueur alors que Sirius levait les sourcils dans une tentative comique de séduction.
— Charmeur, lui jeta-t-elle tout en rigolant.
Il fit semblant de s'incliner, lui tirant un nouveau rire. Ils se sentaient bien, là, tous les deux. Vraiment très bien.
OoOoO
Ils quittèrent les Trois Balais vers quatorze heures pour se balader dans le village. A peine étaient-ils sortis du restaurant que Sofia se saisit elle-même de la main de Sirius pour mêler leurs doigts. Ils s'observèrent un instant, puis se sourire mutuellement.
Ils parcoururent les rues de la ville, main dans la main, profitant du soleil qui réchauffait leur peau. Sofia retira rapidement sa veste pour la nouer autour de sa taille, et aussitôt que cela fut fait, Sirius reprit sa main.
Tandis que le jeune homme l'entraînait dans une librairie, Sofia se demanda pourquoi elle avait tant appréhendé ce rendez-vous ? En fait, ils étaient tout à fait comme d'habitude l'un envers l'autre, sauf que leurs trois autres amis n'étaient pas là.
Sirius pensait exactement la même chose. Ce repas avec Sofia, puis ce shopping main dans la main lui semblait totalement naturel. Comme si cela aurait toujours du être ainsi. Et nous étions au mois de mai. Qu'avait-il fait depuis septembre pour mettre autant de temps à l'inviter à sortir ?
Tandis que Sofia parcourait du regard l'étagère des romans russes en répondant aux quelques questions de Sirius sur l'un des auteurs qu'elle appréciait, il se mit à dessiner distraitement de petits cercles sur le dos de sa main. Sofia jeta un regard surpris à leurs mains jointes, mais Sirius ne s'en rendit pas compte et continua ses caresses.
— Et celui-ci tu l'as lu ? lui demanda-t-il en désignant un ouvrage.
— Oui. Il te plairait. Je te le prêterai si tu veux.
Sirius lui sourit et ils prirent la direction du rayon poésie car il voulait lui montrer son livre préféré.
OoOoO
Sur les coups de seize heures, Sirius l'entraîna vers chez Honneyducks pour leur acheter une énorme barbe-à-papa. Sofia lui avait avoué n'en avoir que rarement mangé en Russie, puisque ce n'était pas très répandu. Plusieurs parfums étaient proposés : fraise, vanille, citron, caramel, citrouille, framboise, mûre, mangue, poivre, noix-de-coco, ... Il arrêta là sa lecture. Cela ne servait à rien d'aller plus loin.
— Une barbe-à-papa à la noix de coco s'il vous plait, demanda-t-il poliment au vendeur.
Il vit le regard de Sofia s'illuminer, comme une enfant à qui on promet un énorme cadeau de noël. La main de Sofia, toujours dans la sienne, lui donnait chaud mais ce n'était rien par rapport à la chaleur qui montait en lui quand elle souriait comme ça.
Le vieil homme commença la confection de la friandise sous le regard concentré de Sofia. Celle-ci observait les filament de sucre s'envoler de la baguette du sorcier pour se fixer au bâtonnet de bois d'un air fasciné. Il fallait absolument qu'elle apprenne ce sortilège.
Alors que Sirius s'apprêtait à payer, Sofia tendit quelques noises au vendeur. Surpris, il se tourna vers elle, mais elle répondit simplement :
— Tu as payé le repas, je peux bien payer le goûter.
Il lui sembla dans un premier temps incongru qu'une fille puisse payer quoi que ce soit lors d'un premier rendez-vous mais il se reprit rapidement : ce n'était pas une fille, c'était Sofia. Le vendeur leur tendit alors leur énorme barbe-à-papa et Sirius se trouva face à un dilemme. D'un main, il tenait l'énorme sucrerie, de l'autre la main de Sofia. Comment allait-il bien pouvoir manger ?
La réponse s'imposa à lui quand Sofia détacha un morceau pour le lui tendre. Il ouvrit docilement la bouche et savoura le goût sucré qui se rependit dans celle-ci. Sofia se saisit d'un nouveau morceau, pour elle-même cette fois-ci.
Ils avancèrent tranquillement dans Pré-au-Lard, flânant dans les rues, tandis que Sofia se chargeait de le nourrir. Alors qu'il avait la bouche pleine, elle marmonna en souriant :
— On doit avoir l'air particulièrement niais en ce moment-même.
Sirius rit doucement tandis qu'elle lui tendait un autre bout de la sucrerie. Il prit le temps d'avaler, avant de plonger ses yeux dans ceux de Sofia et de murmurer :
— Ça me gêne pas d'être niais si c'est avec toi.
Sofia rougit légèrement, ce qui était assez rare pour être noté. Le temps sembla se suspendre tandis que leurs yeux s'accrochaient l'un à l'autre. Sirius compris que le moment était venu. Il devait se déclarer, si malgré leur comportement du jour ce n'était pas déjà fait. Il ouvrit alors la bouche mais fut coupé dans son élan.
Sofia posa doucement ses lèvres sur celles de Sirius. Elles avaient un goût sucré et sentaient la noix-de-coco. Le jeune homme, surpris dans un premier temps, ne tarda pas à lâcher la main de Sofia pour poser la sienne sur la joue de la jeune femme.
Immédiatement, Sofia enroula ses propres bras autour du cou du jeune homme et approfondit le baiser. L'un comme l'autre vivait ce moment comme un véritable feu d'artifice. Trop d'émotions se mélangeaient et ils oublièrent rapidement qu'ils se trouvaient en plein milieu de l'artère principale de Pré-au-Lard.
Leurs bouches s'exploraient comme si s'embrasser était devenu aussi vital que de respirer. Sofia profitait d'avoir les bras autour du cou de Sirius pour jouer avec les mèches mi-longues qui parsemaient son cou, ce qui n'aidait pas Sirius à reprendre pied avec la réalité.
Il finit d'ailleurs par lâcher la barbe-à-papa qui s'échoua au sol pour poser sa main dans le bas du dos de Sofia et la rapprocher encore de lui. Leurs langues se mêlaient l'une à l'autre, actrices principales d'une frustration contenues depuis de longs mois.
Ils se surent jamais réellement combien de temps dura ce baiser : quelques secondes ou une éternité ? Finalement, Sirius se recula le premier, à bout de souffle.
Il posa son front contre celui de Sofia et plongea de nouveau ses yeux dans ceux de la jeune femme. Elle avait les pupilles dilatées et ses lèvres étaient gonflées et rougies. Il ne devait pas être dans un meilleur état. Il murmura donc :
— J'ai fait tomber la barbe-à-papa.
Sofia sourit doucement et répondit sur le même ton :
— Ça valait le coup.
— Je trouve aussi.
Sirius posa ses lèvres sur celle de Sofia dans un simple baiser. Puis recommença. Encore. Et encore. Devant le regard amusé de celle-ci, il murmura :
— Je rêve de faire ça depuis des mois.
— Qu'est-ce qui t'en empêchait?
— Très bonne question.
Il joignit à nouveau leurs lèvres dans un baiser simple. Puis, peu à peu, ils prirent conscience de leur environnement et se reculèrent quelques peu pour séparer leurs corps. Sirius ramassa la barbe-à-papa tombée au sol et la déposa dans une poubelle un peu plus loin.
— Tu veux qu'on en rachète une ? demanda-t-il, tout en lâchant celle qui était couverte de poussière dans la poubelle.
Sofia sourit et hocha positivement la tête. Elle adorerait remanger de la barbe-à-papa à la noix-de-coco. Surtout si leur dégustation se finissait comme à l'instant.
