CHAPITRE 15 : RENVOYEE


Samedi 7 mai 1977

Sirius poussa le portrait de la grosse dame encore sur un petit nuage. Il était dix-huit heures et il venait de rentrer de son rendez-vous avec Sofia à Pré-au-Lard. Ils s'étaient embrassés encore de nombreuses fois sur le chemin et la jeune femme avait même aventuré ses mains sous son t-shirt, sur son dos. Ô par Merlin qu'il avait aimé ce rendez-vous. Et Ô par Merlin qu'il aimait Sofia. C'était désormais une affirmation criante de vérité.

Jamais il n'avait échangé baisers si passionnés, jamais il n'avait ressentit une telle explosion de ses sens au simple contact d'une main sur son dos. jamais il n'avait trouvé une femme plus belle qu'elle, avec sa natte, sa petite robe et ses tennis. Oui, décidément, Sirius Black était toujours sur son petit nuage de bonheur et n'accordait aucune attention à ses trois amis qui le pressait de questions depuis quelques secondes déjà.

Ce fut la main de James qui lui tapotait l'épaule qui le tira de ses pensées. Il tourna son visage rayonnant et bonheur vers celui de son ami qui lui demandait :

T'es avec nous Patmol ? Ça y est ?

Sirius opina, et redescendit enfin sur terre pour faire face à trois maraudeurs assoiffés par un besoin d'information. Ce fut James qui posa la première question :

Tu t'es déclaré ?

Sirius réfléchit au déroulement des événements. Était-ce vraiment lui qui s'était déclaré ? Pas tellement. Ils s'étaient déclaré l'un l'autre, tout au long de la journée. Il opta donc pour cette réponse qui sembla satisfaire James. Peter demanda aussitôt :

Tu l'as embrassé ?

Elle m'a embrassé. Puis moi. Puis... Enfin vous avez compris.

Les maraudeurs éclatèrent de rire et James lui mis une claque dans le dos pour le féliciter. Ce fut au tour de Remus de demander d'une voix plus calme :

Alors vous êtes ensemble ?

Sirius n'hésita même pas pour répondre.

Bien sur.

Puis il fronça les sourcils et fixa son ami loup-garou :

Donc maintenant tu arrêtes de lui caresser les cheveux quand elle met sa tête sur tes cuisses. D'ailleurs elle ne mettra plus sa tête sur tes cuisses.

Il fixa ensuite son index tendu sur Peter et dit :

Et toi tu arrêtes de monopoliser son attention avec tes discours sur la littérature russe, elle ne doit s'intéresser qu'à moi.

Enfin il se tourna vers James, qui leva immédiatement les mains en signe de reddition, et dit :

Et toi tu ne lui retires plus de branches des cheveux. C'est mon travail.

Les trois maraudeurs éclatèrent de rire tandis que Sirius prenait une mine boudeuse. Il avait dit ça sur un ton sérieux, même si cela relevait plus de la plaisanterie. Il savait que jamais un de ses amis ne se permettrait un geste déplacé envers Sofia tout en sachant qu'il était amoureux d'elle. Ils le lui confirmèrent d'ailleurs bien vite en lui proposant de trinquer avec des Bièraubeurres subtilisées dans les cuisines.

Les quatre canettes furent levées et tintèrent lorsqu'elles se rencontrèrent. James dit :

A Sirius et Sofia.

Et les trois autres reprirent en cœur :

A Sirius et Sofia !

OoOoO

Lorsque Sofia arriva dans son dortoir, elle était dans un état proche de celui de Sirius. Ses yeux tombèrent immédiatement sur Regulus et elle hésita un instant. Elle savait que les deux frères n'étaient pas en bons termes, mais Regulus était son ami et elle avait envie de partager ce moment avec lui.

Elle se dirigea donc vers lui d'une démarche légère, un fin sourire aux lèvres. Le jeune homme leva les yeux de son livre pour lui lancer une regard amusé.

Tu sembles avoir passé une bonne journée.

Sofia s'assit en face de lui en répondant d'une voix mystérieuse :

J'étais en rendez-vous galant.

Regulus ferma son livre et le posa sur la table, entre eux. Il sentait une petite pointe d'angoisse monter en lui quant à l'identité de ce mystérieux petit-ami potentiel.

Et qui est l'heureux chanceux ?

Sofia sut que le moment était venu de dire la vérité à Regulus. Elle espérait secrètement que cela ne mettrait pas un terme à leur amitié, mais dans tous les cas il valait mieux qu'il l'apprenne par elle que par les rumeurs qui circuleraient bientôt. Après tout, Sirius et elle n'avaient pas été très discrets aujourd'hui, ni à Pré-au-Lard, ni sur le chemin du retour.

Elle lâcha donc la bombe, espérant qu'elle ne lui exploserait pas en plein visage :

Ton frère.

Regulus ferma les yeux. Il aurait du s'en douter. Sofia hésita quelques instant mais préféra finalement rester silencieuse, attendant qu'il prenne la parole en premier. Celui-ci lui adressa un petit sourire, comme s'il était à la fois heureux et désolé pour elle.

Félicitations. Malgré nos rapports... conflictuels dirons-nous, je sais que c'est un gars bien.

Sofia fut étonnement émue par la réponse de son camarde. Elle s'était attendu à beaucoup de choses, mais pas à ce que son ami complimente son frère et la félicite. La jeune femme se détendit donc immédiatement et sourit sincèrement à son ami en le remerciant. Puis elle changea de sujet, après tout il ne fallait pas abuser des bonnes choses :

Et toi, ta journée ?

J'ai terminé mon devoir de potion, et celui de DCFM. Tu voudrais bien y jeter un œil d'ailleurs ? J'ai un doute sur mon troisième paragraphe.

Ils passèrent ainsi le temps jusqu'à l'heure de dîner, Sofia aidant Regulus à corriger quelques petites coquilles qui s'étaient glissées dans son devoir. Conserver son amitié avec le jeune homme était une réelle bonne surprise pour Sofia qui s'était déjà imaginée qu'il retrouverait l'attitude froide et distante qu'il avait déjà eut avec elle par le passé. C'était le seul ami Serpentard qu'elle avait, et elle y tenait malgré tout.

L'heure du dîner arriva rapidement, et le temps de ranger leurs affaires, Sofia et Regulus furent dans les derniers à quitter le dortoir. Le jeune homme râla donc, pour la forme :

Je déteste quand on part les derniers, on a jamais de bonnes places à tables.

Toutes les places sont bonnes, tant que tu es en face de moi.

Regulus éclata de rire et lui mit un léger coup de coude dans les côtes :

Arrête ça, souviens toi que tu es une femme amoureuse maintenant.

Sofia éclata à son tour de rire, heureuse qu'il puisse déjà plaisanter sur ce sujet avec elle :

Amoureuse ne veut pas dire que je ne pourrais plus te charrier. Après tout tu es mon beau-frère.

La grimace de Regulus lui fit comprendre qu'il était peut-être prêt à en rigoler, mais pas à ce point là. Voyant son air inquiet, Regulus s'empressa d'ajouter :

T'inquiète pas, ça passera ! Tant que tu ne me racontes pas ce que vous faites tout nu.

Sofia rassurée, ils éclatèrent alors d'un rire commun et passèrent les portes de la Grande Salle. Sofia balaya la pièce du regard et son regard accrocha celui de Sirius. Elle lui sourit simplement, tandis qu'il lui faisait un petit signe de la main puis pris la direction de sa table en compagnie de Regulus.

Sirius l'observa s'éloigner avec un petit pincement au cœur. Ils ne pourraient pas manger ensemble comme à midi, alors que cela avait certainement été un des meilleurs repas de sa vie. Peter le ramena à la réalité en disant d'un air grognon :

Si tu te transformes en James numéro deux, je te tue Patmol.

En James numéro deux ? demanda Sirius, surpris.

Peter prit alors un air idiot, joignit ses mains dans une forme de prière et se mit à dire d'une voix mielleuse :

Ma petite Sofia chérie et siiiii joliiiiie, je vais lui acheter une centaine de roses rouges qui refléteront mon amour éternel pour elleeeee.

James se renfrogna immédiatement en marmonnant quelque chose qui ressemblait à "je fais jamais ça", tandis que Sirius et Remus éclataient bruyamment de rire, s'attirant des regard surpris des tables voisines. James finit tout de même par se joindre à eux lorsque Peter déclara que la chevelure de Sofia illuminait l'âme noire de Sirius Black.

Lorsque leur fou rire se calma, ils eurent tous un mal fou à reprendre leur respiration. Remus, tandis qu'il s'essuyait les yeux, se tourna vers Peter et dit :

Plus de Bieraubeurre pour toi après 16 heures, tu deviens incontrôlable.

Cela relança des éclats de rire, bien que moins tonitruants que les précédents. Décidément, c'était réellement une bonne soirée.

C'est également ce que se disait Sofia tandis qu'à l'autre bout de la Salle elle dînait en compagnie de Regulus. Ce dernier lui raconter comment il avait par erreur reçu un courrier adressé à Rosier, de la part de sa mère, où elle le désignait comme "mon petit lapin en sucre". Sofia n'avait jamais autant rit lors d'un dîner à Poudlard que ce soir-là.

Bientôt cependant, elle sentit de nombreux regard dans son dos. Elle comprit alors que sa relation nouvelle n'était plus un secret. Regulus confirma ses dires en disant :

Les commères ne perdent pas de temps.

Attend d'entendre que je suis enceinte et qu'on va s'enfuir à dos de sombral pour se marier à Las Vegas.

Regulus lui adressa un sourire complice et répondit :

J'ai hâte de rencontrer mon neveu.

Sofia éclata à nouveau de rire. Elle était réellement heureuse d'avoir Regulus de son côté dans cette situation. Après tout, elle se fichait des rumeurs, et puis les gens se désintéresseraient de leur histoire dès qu'un nouveau scandale apparaîtrait. Ce n'était l'affaire que de quelques jours.

C'est exactement ce quoi Sirius pensait quand, alors qu'il terminait son dessert, une Gryffondor de cinquième année -Marie lui semblait-il-, se dirigea vers lui pour lui demander :

C'est vrai que tu sors avec Sofia Petrov, la septième année russe de Serpentard ?

Sirius releva les yeux de sa crème au chocolat, haussa un sourcil face à l'audace de sa camarade, et répondit simplement que oui, c'était vrai. Elle haussa alors les épaules puis retourna auprès de ses amies, certainement pour leur annoncer la grande nouvelle.

Sirius reprit la dégustation de son dessert. Oui, c'était seulement l'affaire de quelques jours.

Jeudi 12 mai 1977

Sofia devait bien l'avouer, elle ne pensait pas que le sujet de sa relation avec Sirius passionnerait encore Poudlard après cinq jours, mais force était de constater que c'était pourtant le cas. Pourtant, l'un comme l'autre ignoraient ces remarques constantes et ces regards indiscrets pour vivre leur relation au grand jour.

Cela n'avait pas tellement changé leurs rapports l'un envers l'autre. Ils se chamaillaient toujours autant sous l'arbitrage impartial de James. Bien sur, ils se tenaient parfois la main ou s'embrassaient au détour d'un couloir, mais jamais en se laissant totalement aller.

Ce qui avait changé en revanche, c'était qu'ils passaient un peu plus de temps seuls tous les deux, sans les trois autres maraudeurs. Ils avaient pendant un instant craint que leurs amis ne leur reproche ce très léger éloignement, avant que James n'ait avoué préférer ça plutôt que des les voir s'embrasser passionnément sous ses yeux.

Tu comprends Sirius, t'es mon frère, et Sofia c'est un peu comme une petite sœur plus âgée pour nous tous, alors c'est limite incestueux !

Sa justification avait eut l'effet de provoquer un fou rire au quatre maraudeurs qui se trouvaient à ce moment-là dans leur salle commune.

Du côté de Sofia, sa relation avec Sirius avait provoqué une hausse de la haine de ses camarades envers elle. Ils l'insultaient plus facilement et plus souvent, avec une méchanceté toujours crescendo. Sofia prenait sur elle. L'année était après tout bientôt terminée et elle voulait éviter d'empirer les choses pour le mois et demi qui lui restait.

Sa façade calme et maîtrisée ne faisait pourtant qu'enrager un peu plus ses camarades qui s'étaient rassemblé autour de Rosier pour lui pourrir chaque jour un peu plus la vie. Hormis les insultes qui étaient devenues banales, elle fut également victime d'un sortilège "mal lancé" de la part de Rosier en DCFM.

Heureusement, Jacob Andrew, son partenaire qui était à Poufsouffle, avait vu toute la scène et alla dire au Professeur Hector que Rosier avait délibérément visé Sofia. Celui-ci écopa d'une semaine de retenue qui arracha un sourire satisfait à la jeune femme et qui fit enrager un peu plus le jeune homme et ses disciples anti-Sofia. Tout ce qu'il trouva à lui dire, c'est qu'elle allait le lui payer, ce à quoi elle répondit par un petit rire moqueur et supérieur.

OoOoO

Alors qu'elle se rendait dans la Grande Salle pour déjeuner, Sofia vit arriver deux sixième année de Serpentard devant elle. Elle reconnut l'un d'eux comme étant Severus Rogue mais ne se souvenait plus du nom du deuxième. Ce fut pourtant celui-ci qui, en passant à côté d'elle et alors qu'elle s'apprêtait à descendre un énième escalier, la poussa brusquement.

Appuyant ses deux mains contre le dos de la jeune femme, il lui fit perdre l'équilibre et elle tomba, tête la première, sur les marches d'escaliers avant de rouler jusqu'en bas de ceux-ci.

Sa tête et plusieurs autres parties de son corps entrèrent brusquement en contact avec les arrêtes des marches de l'escalier de pierre. Elle ressentit plusieurs fois une douleur fulgurante, particulièrement lorsque son poignet gauche se retrouva entre elle et les marches et qu'il émit un craquement sinistre.

Sofia arriva en bas de l'escalier après une dizaine de seconde de roulades, et dans une position incongrue. Elle se redressa, chancelante, et tenta de reprendre ses esprits. Les élèves commençaient à s'accumuler autour d'eux tandis que ceux ayant vu la scène la racontait d'un air excité ou scandalisé.

Légèrement sonnée sur le coup, Sofia porta sa main à son front en sentant une douleur cuisante se répandre dans sa tête. Elle amena alors cette même main devant ses yeux et constata qu'elle était teintée de rouge. Son arcade sourcilière droite n'avait pas eu l'air d'apprécier sa petite cascade involontaire.

Mais ce qui l'inquiétait plus encore était l'angle bizarre que formait son poignet gauche. Elle ne parvenait pas à le bouger, et même si elle ne sentait pour l'instant aucune douleur de se côté, elle doutait fortement que cela soit naturel.

Après cette vérification générale, elle aperçut l'élève de Serpentard qui l'avait poussé. Celui-ci la regardait avec un immense sourire supérieur et un air satisfait. Le sang de Sofia ne fit qu'un tour.

Depuis combien de temps subissait-elle les brimades de ses camarades verts et argent ? Combien de fois avait-elle pris sur elle pour leur faire penser que cela ne l'atteignait pas ? Elle avait déjà été à l'infirmerie pour une indigestion et frôlé l'hypothermie, fallait-il donc qu'elle se brise la nuque dans les escaliers ?

L'adrénaline alimenta alors une colère sourde qu'elle gardait enfouie depuis de long mois. Elle se redressa brusquement et vacilla un moment avant de se stabiliser. Les dents et le poing droit serré -le gauche étant hors service-, elle monta les escaliers avec toute la dignité dont elle était capable.

Elle tenta d'ignorer la douleur qui se rependait toujours dans son crâne par son arcade sourcilière droite, ainsi que son mal de dos qui se déclarait peu à peu. Hors de question du lui offrir la satisfaction de grimacer. Oh non.

Les autres élèves qui assistaient à la scène la regardaient monter les escaliers dans un mélange d'excitation et d'horreur. Cette histoire allait mal se terminer, ils en étaient tous absolument certain. Un première année de Gryffondor, qui était le fan numéro 1 de James Potter, se précipita néanmoins pour prévenir son idole.

Le petit Gryffondor, Johnny Sord, s'élança en courant vers la Grande Salle où devait se rendre James Potter et ses amis à ce moment même. Sofia était leur amie et même la petite-amie de Sirius et Johnny savait que les maraudeurs seraient fier de lui quand il viendrait les prévenir.

Sofia parvient au sommet des escaliers qu'elle venait de dévaler et se planta devant l'élève de Serpentard, un certain Jeremia Fitsh d'après ses souvenirs, qui continuait de la regarder d'un air satisfait. Il lui demanda :

Un problème traître à ton sang ?

Sofia planta son regard dans le sien, même s'il faisait une bonne tête de plus qu'elle, et dit d'une voix blanche :

C'est donc tout ce que tu peux te permettre ? Pousser une fille dans le dos pour la faire dévaler des escaliers ? Et si tu utilisais le peu de courage que tu as pour te battre loyalement face à moi ? Viens, mudak, je t'attend.

Elle sortit sa baguette de sa poche. Heureusement, cette dernière n'avait subit aucun dommage durant sa chute. Sofia pointa alors sa baguette devant elle, juste entre les deux yeux de Fitsh, et attendit qu'il réagisse.

Celui-ci avait légèrement pâli après son petit discours, mais ne semblait pas vouloir perdre la face devant la petite cinquantaine d'élève qui étaient maintenant rassemblée autour d'eux pour admirer la scène. Il attrapa donc à son tour sa baguette.

Sofia ne lui laissa pas le temps de réfléchir et lui envoya un énorme coup de pied dans l'entre-jambe. Jemeria Fitsh se plia immédiatement en deux, le souffle coupé, tout en criant une flopée d'insultes à l'intention de la jeune fille.

Cette dernière l'ignora et lui jeta un Stupéfix qui assomma le garçon, tandis que des glapissement de surprise résonnaient au travers de la foule. Sofia savait qu'elle venait possiblement de signer la fin de sa scolarité, mais elle ne se maîtrisait plus. Elle se mit alors à rouer le corps de Fitsh de coups de pied tandis que le garçon, toujours assommé par le sortilège, n'avait aucun moyen de protéger son corps.

OoOoO

Johnny finit par trouver son idole et ses amis alors qu'ils descendaient le dernier escalier pour se rendre dans la Grande Salle. Il se jeta sur lui, le souffle court d'avoir courut si vite. James fut surpris de voir Johnny apparaître devant lui, mais sourit néanmoins en gamin en lui demanda d'une voix joyeuse :

Qu'est-ce qu'il t'arrive Johnny ?

Sofia... Problème... Fitsch...

La respiration laborieuse du garçon après sa course à travers le château l'empêchait de produire des phrases complètes. Pourtant les quatre maraudeurs semblèrent comprendre en un seul instant ce qui se passait. Ce fut Sirius Black qui réagit le premier : il attrapa Johnny par le bras et lui demanda d'une voix pressante :

Où ?

5ème étage... Salle métamorphose...

Sirius partit comme une flèche dans la direction indiquée par le petit garçon. Remus se lança immédiatement à sa suite. James et Peter prirent le temps de remercier le jeune garçon d'avoir courut les prévenir avant de s'élancer à leur tour pour rejoindre Sofia.

Sirius courut comme il avait rarement couru. L'air paniqué de Johnny ne l'avait pas du tout rassuré et il avait peur de l'état dans lequel il allait retrouver Sofia. Il savait que depuis qu'ils étaient officiellement ensemble la jeune femme se faisait de plus en plus embêter mais il ne pensait pas que ses camarades passeraient à l'action en plein jour et en plein couloir. Il avait eu tord et elle en payait les frais.

Il arriva dans le couloir mentionné en à peine quelques minutes et vit immédiatement le regroupement d'élèves. Il les poussa sans se soucier de leur faire mal et atterrie devant une scène qui lui brisa le cœur.

Sofia, du sang plein le visage et le poignet gauche complètement tordu, était en train de rouer de coups le corps inconscient de Jeremia Fitsh. Elle semblait insulter le jeune homme mais vu que les mots qui passaient ses lèvres étaient russes, Sirius n'en était pas certain.

Il s'avança prudemment vers elle tandis que Remus arriver enfin et tentait de disperser les spectateurs, rapidement rejoint de Peter et James. Il s'avança un peu plus vers Sofia et l'appela dans un murmure.

Cela sembla produire un électrochoc chez la jeune femme qui arrêta immédiatement de mettre des coups de pieds à Fitsh, qui était déjà dans un sale état. Elle tourna de grands yeux bleus énervé vers lui et dit :

Je voulais le tuer.

Sirius ignora l'angoisse qui le saisit et prit la main valide de sa petite-amie pour l'attirer dans une étreinte qu'elle lui rendit.

Que s'est-il passé ?

Il m'a poussé dans l'escalier et... J'ai légèrement pété les plombs.

Sirius émit un petit rire sans humour. Oui, elle avait légèrement pété les plombs en effet. Elle avait faillit battre à mort un de ses camarades devant cinquante élèves de l'école.

Tu es blessée.

Oui. L'arcade. Et je crois que je me suis cassée le poignet. Et j'ai mal au dos.

Sirius allait répondre quand il entendit la voix hystérique du Professeur MacGonagall.

Miss Pétrov !

Sofia pinça les lèvres et s'écarta de Sirius. Elle se tourna vers le professeur qui avançait vers elle avec un air affolé sur le visage. Sofia l'avait rarement vu aussi énervée. MacGonagall l'ignora pourtant et se pencha sur Jeremia Fitsh pour le faire léviter afin de l'emmener à l'infirmerie. Elle se tourna alors vers Sofia et dit d'une voix blanche :

Dans le bureau du directeur. TOUT DE SUITE.

Sofia hocha la tête, signifiant qu'elle avait compris, et observa cette femme qu'elle admirait tant emmener Fitsh à l'infirmerie. Elle se baissa alors, ramassa sa baguette qu'elle avait lâché, et regarda Severus Rogue qui lui jetait un sourire mauvais.

C'était lui qui avait prévenu le professeur. Sofia ne lui en voulait pas vraiment, après tout n'aurait-elle pas fait de même pour un de ses amis ? Elle lui fit donc simplement un doigt d'honneur et demanda d'une voix calme :

Tu veux que je te fasse la même chose qu'à ton ami ?

Rogue pâlit brusquement et s'éloigna précipitamment. En entendant les maraudeurs l'insulter dans son dos, Sofia sût qu'il ne s'en tirerait pas à si bon compte. Elle ne regarda pas ses amis et se dirigea d'un pas mesuré vers le bureau du directeur.

Les maraudeurs la suivirent pourtant silencieusement jusqu'à la statue qui marquait l'entrée du bureau de Dumbledore. Ils s'arrêtèrent tous les cinq et Sofia se tourna enfin vers eux.

James remarqua immédiatement qu'elle avait toujours la mâchoire serrée. Elle était donc toujours en colère. Que se serait-il passé si Sirius n'était pas intervenu ? L'un des élèves spectateurs l'aurait-il fait ? Aurait-elle été jusqu'au bout ?

Peter se posait les mêmes questions que son ami mais ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe d'admiration pour ce petit bout de femme qui parvenait à se défendre et à défendre ses convictions quoi qu'il lui en coûte. Sofia était définitivement la plus Gryffondor des Serpentards qu'il connaissait.

Remus était partagé. Son côté préfet lui criait que Sofia avait commis un acte qui nécessitait une sanction à la hauteur, mais d'un autre côté il s'agissait de Sofia. Et puis ne bénéficiait-elle pas de circonstances atténuantes quand on savait ce qu'elle vivait depuis septembre ? L'avantage était que Dumbledore était très juste dans ce genre de situation. Peut-être ne renverrait-il pas son amie ? Il l'espérait sincèrement en tout cas.

Ce n'était pourtant pas eux trois qu'elle regardait. Non. Sofia avait les yeux plongés dans ceux de Sirius. Depuis qu'ils se connaissaient, ils avaient toujours réussi à communiquer sans utiliser de mots. Depuis cette première fois, sur le chemin de traverse, de longs mois auparavant.

A cet instant, Sirius comprenait parfaitement Sofia. Il savait qu'elle souhaitait s'excuser auprès de lui de s'être possiblement fait renvoyer de Poudlard, tout en lui assurant qu'elle le referait si c'était à refaire. Elle n'était pas du genre à regretter. Et Sofia savait que Sirius comprenait. Il la comprenait toujours. Il hocha donc simplement la tête après cet échange de regards et Sofia se détourna pour monter l'escalier que la statue était en train de dévoiler.

Tandis qu'elle disparaissait, James dit d'une voix amusée pour détendre quelques peu l'atmosphère :

Faut vraiment que vous arrêtiez de parler avec les yeux, c'est étrange et effrayant.

Sirius haussa les épaules, et Remus demanda :

Elle ne regrette rien, pas vrai ?

C'est pas son genre, répondit simplement Sirius.

Les quatre maraudeurs s'assirent alors à même le sol contre le mur qui faisait face au bureau. Ils attendraient le temps qu'il faudrait pour savoir si oui ou non Sofia allait être renvoyée de l'école.

OoOoO

Sofia arriva devant la grande porte du bureau toujours aussi énervée. Elle était prête à se défendre bec et ongles pour rester auprès de ses amis, sans nier bien sur l'évidence de son implication dans la défiguration de Fitsh.

Elle frappa posément à la porte et la voix du directeur l'invita à entrer. La jeune femme poussa alors le lourd battant en bois et s'avança dans la pièce, vers le bureau. Dumbledore était en train d'y écrire une lettre, et Sofia se positionna à une distance respectueuse du bureau en attendant qu'il termine.

Quelques minutes plus tard, Dumbledore cacheta sa lettre et la tendit à Fumseck qui s'envola immédiatement par la fenêtre ouverte. Sofia observa l'oiseau s'éloigner avant d'entendre son directeur l'inviter à s'asseoir sur un confortable fauteuil qu'il venait de faire apparaître.

Je viens de recevoir une note du Professeur MacGonagall. Il paraîtrait que vous venez de défigurer Jeremia Fitsh à coup de pieds. Un bonbon ?

La voix posée du directeur désarçonna légèrement la jeune femme, mais elle ne laissa rien paraître. Tout en tendant la main vers les Malice Reglisse que lui proposait le directeur, elle répondit simplement :

Je l'ai possiblement défiguré, en effet.

Le directeur hocha simplement la tête et s'appuya de nouveau contre le dossier de son grand fauteuil.

Je suppose que vous aviez une bonne raison.

Il m'a poussé dans les escaliers. Volontairement.

Elle désigna alors son arcade sourcilière qui saignait toujours légèrement et son poignet, qui commençait à sérieusement lui faire mal.

C'est ce que j'ai pu voir quand vous êtes entrée oui. Mais je parle des autres bonnes raisons de cette attaque.

Sofia lui jeta un regard surpris. Était-il réellement au courant des brimades qu'elle subissait depuis septembre ? Cela ne lui semblait pas impossible. Après tout le vieil homme savait qu'elle était un loup-garou avant même son arrivée.

Vous saviez ?

Oui.

Et vous n'avez rien dit.

Vous non plus.

Sofia sourit à la remarque de son excentrique directeur. C'est vrai que elle non plus n'avait rien dit. Elle demanda :

Pourquoi ?

Les yeux de Dumbledore pétillèrent de malice un court instant, puis il joignit les mains et demanda d'une voix innocente :

Avez-vous entendu parlé de l'Ordre du Phénix, Miss Petrov ?

La curiosité de Sofia remplaça rapidement la colère qui l'habitait lorsqu'elle était entrée dans le bureau.

Oui. Il s'agit de sorciers détachés du Ministère qui lutte comme ils peuvent contre Voldemort. Euh pardon, contre Vous-Savez-Qui.

Vous pouvez l'appeler pour son prénom, cela ne me gêne pas. Il me semble que vous êtes venus vous battre lorsque ce cher Tom a attaqué Pré-au-Lard le mois dernier ?

Oui, en effet.

Sofia était mal à l'aise face à se souvenir. Le corps mort de ses camarades avait hanté nombreuses de ses nuits depuis.

Et que, le jour de la rentrée, vous vous êtes opposé à Monsieur Rosier et ses idées suprématistes sorcières ?

Ce n'est pas très difficile de s'opposer à la bêtise.

Dumbledore sourit à sa remarque et approuva d'un hochement de tête. Sofia, comprenant peu à peu où il voulait en venir, dit d'une voix prudente :

Professeur, il est possible que j'ai entendu certaines choses en laissant mes oreilles traîner dans ma Salle Commune. Seriez-vous en mesure d'agir si je vous les rapportais ?

Dumbledore leva un sourcil intéressé et l'invita à poursuivre d'un geste de la main. Ayant cette fois-ci complètement oubliée qu'elle pensait être renvoyée i peine dix minutes, elle prit la parole d'une voix hésitante :

J'ai des noms. Malfoy. Crabbe. Mulciber. Lestrange. Carrow.

Intéressant. Très intéressant. Autre chose ?

Certains parlent d'une marque.

La Marque des Ténèbres. Il s'agit d'un tatouage que Voldemort impose à ses fidèles afin de pouvoir les convoquer à sa guise.

Dumbledore, tandis qu'il lui expliquait la nature de la Marque des Ténèbres, rédigea une petite note avec soin, certainement pour y consigner les informations qu'elle venait de lui donner. Sofia se retient de poser une question, laissant son directeur se concentrer dans l'écriture de sa missive. Il la cacheta dès qu'il eut terminé et tourna des yeux pétillant de malice vers elle.

Ces informations que tu viens de me donner sont très importantes, Sofia.

Sofia ne nota même pas qu'il l'appelait désormais pas son prénom et qu'il la tutoyait. Elle l'écouta, captivée. Le directeur sembla hésiter un court instant avant de demander :

Voudrais-tu en faire plus en sortant d'ici ?

Que voulez-vous dire ? demanda Sofia.

Elle ne comprenait pas tellement comment elle pourrait être utile au directeur une fois hors de la salle commune de sa maison.

Voudrais-tu rejoindre l'Ordre du Phénix après tes ASPIC ?

Sofia resta surprise quelque secondes avant de mesurer la chance que son directeur lui offrait : une chance de lutter contre l'horreur. Elle avait plusieurs fois envisager de se joindre à l'Ordre sans savoir comment faire, mais maintenant que l'offre lui était faite, elle ne savait pas si elle devait accepté.

La bataille de Pré-au-Lard lui revint en mémoire. Était-elle prête à voir ce genre d'horreur au quotidien ? Ou en tout cas presque quotidiennement ? Était-elle prête à se battre et à risquer sa vie ?

Mais d'un autre côté, était-elle prête à ne rien faire face à l'horreur qui sévissait dehors ? Pouvait-elle fermer des yeux quand des dizaines de personnes mourraient ou disparaissaient chaque jour ?

Le directeur sembla comprendre le combat intérieur qui se jouait en elle et lui dit :

Je comprend que ce n'est pas une décision à prendre à la légère. Mais promets-moi au moins d'y réfléchir et de me donner une réponse avant ton départ de Poudlard.

Je ne suis pas renvoyée alors ? demanda Sofia qui se rappelait soudain de la véritable raison de sa présence dans le bureau du directeur.

Dumbledore rit de bon cœur à sa question.

Non Sofia, tu n'es pas renvoyée. Mais tu seras en retenue chaque samedi matin jusqu'à la fin de l'année dans mon bureau.

Merci Monsieur.

Le directeur lui sourit. Puis il sembla se souvenir d'une information capitale et dit à Sofia :

Par ailleurs Sofia, je me suis renseignée quant à ta condition. Et je pense qu'il ne s'agit pas réellement d'une forme de lycanthropie, mais plutôt d'une évolution ou d'une fusion entre une forme de lycanthropie et d'animagus.

Sofia, décontenancée par le changement de sujet brutal, demanda des précisions au professeur Dumbledore.

Et bien, je pense qu'un de tes ancêtres paternels a développé une forme de lycanthropie proche de la condition d'animagus. En d'autre terme, ta transformation est instantanée en cas de pleine lune, mais pourrait également avoir lieu en dehors des pleines lunes avec un peu d'entraînement.

Réellement ? Vous pensez que je pourrais changer à volonté ?

Oui, avec un peu d'entraînement bien sur...

Sofia resta un instant silencieuse en imaginant tout ce que cela pourrait lui apporter. Puis elle réalisa alors quelque chose qui lui brisa le cœur. Remus. Remus souffrirait toujours les nuits de pleine lune car sa lycanthropie était différente de la sienne.

Dumbledore remarqua le changement d'expression de Sofia et comprit qu'elle savait que son ami souffrirait à jamais de sa lycanthropie. Sofia le lui confirma en demandant :

Il n'y a aucune chance que Remus soit atteint de ma forme de lycanthropie ?

Je crains fort que non. Monsieur Lupin a été mordu alors qu'il n'était qu'un enfant. Mais ne t'inquiète pas, la société fait des progrès quant à la condition des loup-garous, et je suis sûre qu'un jour ils seront parfaitement intégrés dans notre société.

Vous le pensez sincèrement ?

Sofia avait de sérieux doutes. La société sorcière pouvait s'avérer plus conservatrice qu'une vieille femme catholique.

Je l'espère en tout cas.

Sofia l'espérait sincèrement elle aussi.

OoOoO

Remus fut le premier a remarqué que la statue s'était mis en mouvement afin de permettre à Sofia de descendre du bureau du directeur. Il alerta les trois autres par un petit cri et tous se redressèrent. Ils attendaient Sofia depuis une petite demie-heure.

Elle apparut alors, apparemment calmée, même si elle semblait profondément perturbée. Sirius sentit son cœur se serrer, alors elle était renvoyée ? James fut le premier qui osa poser la fameuse question :

Tu es renvoyée ?

Non, répondit simplement Sofia.

Les maraudeurs laissèrent alors exploser leur joie de voir leur amie terminer sa scolarité. Une fois la liesse passée, et une fois qu'ils l'eurent tous serrée dans leurs bras, Peter demanda :

Si tu n'es pas renvoyée, pourquoi as-tu l'air autant contrariée ?

C'est une longue histoire, soupira Sofia.

Elle se sentait soudain épuisée alors qu'il n'était même pas quatorze heures. Le petit groupe se mit alors en marche vers l'infirmerie afin que Sofia puisse enfin faire soigner son arcade et son poignet, tandis que la jeune femme leur résumait la situation : les retenues que Dumbledore lui avait données, ainsi que les conclusions du vieil homme sur sa lycanthropie. Elle passa sous silence les propositions de Dumbledore quant à l'Ordre du Phénix, lui ayant promit de n'en parler à personne.

Remus ne fut pas aussi déçu que ce à quoi Sofia s'attendait concernant leur différence de problème de fourrure. Il semblait avoir réalisé depuis longtemps que Sofia ne souffrait pas du même mal que lui. Mais il fut profondément touché par la douleur que cela semblait causer à la jeune femme.

Ne t'en fais pas Sofia, tu fais déjà beaucoup pour moi.

Mais j'étais pourtant persuadé que tu pourrais passer des pleines lunes aussi fantastiques que les miennes...

Elles sont déjà beaucoup moins douloureuses, et crois moi, pour moi, c'est fantastique.

La discussion dévia naturellement vers la capacité qu'aurait Sofia de se changer à volonté. Elle expliqua que Dumbledore lui avait dit que ce serait exploitable avec de l'entraînement et les maraudeurs promirent de l'y aider. Après tout ils avaient appris seuls à devenir des Animagi à seulement quinze ans, alors ce n'était pas l'entraînement d'un loup-garou-animagus qui allait leur faire peur.

Les cinq amis se séparèrent devant l'infirmerie. Sofia alla se faire soigner tandis que les maraudeurs allaient finalement profiter du peu de temps qu'il leur restait pour tenter de manger quelque chose avant le début des cours de l'après-midi.