CHAPITRE 19 : L'ORDRE DU PHENIX


Dimanche 24 juillet 1977

Cela faisait près de trois semaines que Sofia attendait plus ou moins patiemment des nouvelles de son ancien directeur. Et enfin, elle avait obtenu une réponse du vieil homme. Il lui avait demandé de le retrouver à Poudlard pour lui présenter les membres actuels de l'Ordre. Les membres réguliers en tout cas.

Il y a avait deux sortes de membres de l'Ordre : les membres irréguliers, qui récoltaient des informations quand ils le pouvaient et les transmettaient au directeur. Ils ne participaient à aucune "mission", leur rythme de vie ne leur permettant pas d'y participer plus. Il existait donc logiquement les membres réguliers. La plupart étaient Aurors d'après ce qu'elle avait comprit, ou bien pouvait comme elle se permettre de ne pas travailler.

Sofia était surexcitée. Elle avait revêtu une simple robe d'été, ainsi que ses tennis, avant de transplaner pour son ancienne école. Elle était arrivée à Pré-au-Lard, puis avait pris le chemin du château, nostalgique. Ses cheveux blonds, relevaient en queue de cheval, se balançaient dans son dos tandis qu'elle parcourait le parc de Poudlard.

Elle arriva enfin au château et y pénétra. Elle n'avait jamais vu le lieu aussi calme. Il n'y avait pas d'élèves en train de rire, ou de courir pour ne pas arriver en retard en cours. Seulement de grands couloirs vides et froids. Sofia trouva cela un peu triste, elle n'aimait pas voir Poudlard aussi silencieux.

Elle prit la direction de la Grande Salle, où Dumbledore lui avait donné rendez-vous. Le chemin ne fut pas long et elle pénétra dans la pièce d'un pas assuré. Seul son directeur était présent, ainsi que Jacob Andrew à sa grande surprise. Ils se jetèrent tous les deux un regard surpris, puis se sourirent, finalement pas si étonné de voir que l'autre avait suivi la même voix.

Dumbledore leur expliqua que pour préserver le secret de l'Ordre et des personne qui y était intégrée, ils allaient devoir être soumis à un certain sortilège. Le sortilège s'appelait Fidelitas. Il s'agissait d'un enchantement complexe et Sofia le trouva passionnant, bien qu'elle sache qu'elle était absolument incapable de l'utiliser et que seul une poignée de sorciers devaient en être capables. Bien sur, Dumbledore était de ceux-ci.

Leur intégration se passa donc à huit clos, Dumbledore, après leur avoir fait boire du Véritasérum de sa composition, leur posa une série de questions destinées à connaître leur rapport à Voldemort. Ils s'en sortirent tous les deux haut la main et Dumbledore leur donna alors à chacun une liste d'environ une quarantaine de nom.

Quarante sorciers. C'était peu. Vraiment peu. Surtout quand on estimait les rangs de Voldemort à près de cinq cent mangemorts, volontaires ou sous imperium. Dumbledore leur expliqua que seul une poignée de ces personnes étaient des membres réguliers. Sofia comprit alors pourquoi son directeur avait pris contact avec deux de ses anciens étudiants pour grossir les rangs de l'Ordre : il manquait désespérément de monde.

Sofia deviendrait une régulière. Elle avait décidé de prendre quelques années sabbatiques pour lutter contre le Mage Noir, profitant de l'héritage de son père de la manière la plus intelligente qu'elle avait trouvé. Jacob, quant à lui, était à l'école des Aurors et ferait donc son maximum pour être le plus régulier possible, mais il ne pourrait pas partir en mission plus de quelques jours sur ses congés.

Dumbledore prit finalement la parole :

Nous avons une réunion d'ici une demie-heure, les autres membres conviés ne devraient pas tarder à arriver.

Professeur ? demanda Jacob.

Vous pouvez m'appeler Albus, Jacob. Je ne suis plus votre professeur.

Ah oui, bien sur, bredouilla le garçon, gêné. Pouvons-nous rester à cette réunion ?

Bien sur, vous êtes des membres à part entière de l'Ordre désormais. D'ailleurs, vous resterez après la réunion je vais commencer un petit entraînement pour améliorer vos capacités en duel. Alastor devrait se joindre à nous je pense.

Sofia écouta religieusement son ancien directeur, prenant pleinement conscience qu'elle venait de s'engager dans une guerre. Ce n'était pas une blague, pas juste un choix en l'air. Elle venait de remettre sa vie entre les mains d'Albus Dumbledore dans l'espoir que cela permettrait d'enrayer la montée en puissance d'un mage noir fou à lier.

Les membres apparurent un à un. Certains visages étaient connus de Sofia, comme celui du Professeur McGonagall ou du Professeur Flitwick. D'autres, lui étaient totalement inconnus.

On lui présenta deux jumeaux roux répondant au nom de Gideon et Fabian Prewett, une femme du nom de Molly Weasley et son mari, Arthur. Molly était apparement la petite soeur des jumeaux. Dumbledore l'introduit alors auprès d'Alastor Maugrey, Auror très prometteur qui prendrait certainement bientôt la tête de ce département. Il enchaîna les présentations.

Finalement, deux personnes firent leur entrée dans la Grande Salle et Sofia sursauta. Monsieur et Madame Potter se tenaient devant elle, un grand sourire aux lèvres. Elle se dirigea joyeusement vers eux et dit :

Monsieur Potter ! Madame Potter ! Je ne pensais pas vous voir ici !

Monsieur Potter lui sourit doucement tandis que Madame Potter la prenait chaleureusement dans ses bras.

Alors que nous nous attendons depuis fin juin cette réunion pour pouvoir enfin t'en parler, rit doucement l'homme.

James et Sirius sont au courant ? demanda timidement Sofia.

Non. C'est comme pour toi, nous sommes tenus au secret. Mais je doute pas que ces deux têtes brûlés rejoignent bientôt les rangs.

Sofia sourit doucement. Elle n'aimait pas cacher des choses à ses amis mais elle avait promit. Dumbledore déclara la réunion ouverte et chacun se rapprocha de la table des professeurs où une vingtaine de chaises attendaient les participants du jour.

Sofia savait le premier sujet qui allait être abordé. Dumbledore lui avait demandé son autorisation pour en parler dans l'une de ses lettres. Il voulait révéler à tous qu'elle était un loup-garou gardant le contrôle durant ses transformations et qu'elle travaillait d'arrache-pied pour se transformer à volonté. C'était un sacré atout pour l'Ordre mais Sofia ne pouvait s'empêcher d'être mal à l'aise à l'idée de mettre autant de monde au courant.

Bien le bonjour à tous, mes amis. Nous sommes réunis aujourd'hui puisque j'ai réussis à convaincre deux de mes anciens étudiants à rejoindre nos rangs. Jacob Andrew, apprenti Auror, et Sofia Petrov, qui va prendre une année sabbatique pour nous apporter son entière contribution.

Des sourires accueillirent sa déclaration et Sofia se sentit rougir, tandis que Jacob à côté d'elle se tortillait sur sa chaise, mal à l'aise d'être le centre d'autant de regards inquisiteurs. Dumbledore jeta alors un regard interrogateur à Sofia et elle acquiesça, donnant son autorisation tacite au directeur. Elle avait pleinement confiance en lui et si Dumbledore estimait qu'il était nécessaire qu'elle divulgue son secret, alors elle le ferait.

La situation de Sofia est d'autant plus particulière qu'elle est... un loup-garou.

Des murmures surpris s'élevèrent autour de la table. Sofia intercepta le regard écarquillé de Jacob et ceux un peu réticents de certaines personnes. Elle fut rassuré d'entendre Monsieur Potter chuchoter à sa femme qu'il comprenait mieux la tendance de Sofia et des garçons à prévoir des parties de poker les soirs de pleine lune. Elle eut envie de rire. Cela ne semblait rien changer pour les deux Potter, et elle leur en fut vraiment reconnaissante.

Sa forme de lycanthropie est une première pour moi puisqu'elle garde un contrôle total de son corps et de son esprit lors de ses transformation, comme un animagus. Elle travaille actuellement afin de pouvoir se transformer en dehors des soirs de pleine lune. Minerva, je voudrais que vous puissiez l'entraîner si cela ne vous dérange pas.

Bien sur Albus.

Pour clôturer le sujet, Dumbledore enchaîna sur les dernières informations que chacun avait découvert. Sofia comprit rapidement que l'Ordre disposait de très peu de clé pour parvenir à défaire Voldemort. Le mage noir réussissait à faire grossir ses rangs de jour en jour, tandis qu'eux peinait à recruter, et vivait dans la méfiance permanente. Il était devenu difficile de faire confiance même à son voisin.

La réunion dura une petite heure, puis chacun repartit pour vaquer à ses occupations personnelles. La prochaine réunion fut programmé dix jours plus tard, à la même heure. Lorsque tout le monde se fut dispersé, et que Sofia eut dit au revoir aux Potter, Albus et Alastor commencèrent à entraîner Sofia et Jacob.

Cela dura deux bonnes heures et Sofia finit cet entraînement sur les rotules. Alastor la félicita pour sa vitesse, mais lui demanda de travailler certains sortilèges qu'elle ne maîtrisait pas parfaitement. Il les quitta en criant un "Vigilence constante !", avant de disparaître derrière les portes de la Grande Salle. Jacob, a bout de souffle lui aussi, lui murmura :

Curieux personnage. Ses cours à l'Académie des Aurors sont les plus intéressant, mais aussi les plus effrayant.

Je te crois volontiers ! murmura Sofia en retour.

Sofia fut alors abordée par le professeur McGonagall qui lui demanda quand est-ce qu'elle voulait qu'elles se rencontrent pour commencer à travailler les transformations de Sofia. Le rendez-vous fut pris pour le lendemain matin, et Sofia put enfin rentrer chez elle. Elle était aussi heureuse qu'épuisée. Elle allait enfin pouvoir apporter sa pierre à l'édifice de la lutte contre Voldemort.

Vendredi 5 août 1977

Depuis presque deux semaines, Sirius ne comprenait pas ce qui se passait. Sofia était occupé, mais il ne parvenait pas à savoir par quoi. Elle évitait ses questions. Même lorsqu'il dormait chez elle, elle partait parfois pendant de longues heures, avant de réapparaître, fatiguée mais heureuse. Bien sur, il lui avait posé des questions, mais elle trouvait toujours un moyen de se défiler.

Encore ce matin, elle s'était réveillée aux aurores et avait disparut de l'appartement alors qu'il dormait encore. Il était près de onze heures et Sirius l'attendait encore, se demandant quand elle allait enfin se décider à réapparaître.

Par dépit, il décida au moins de préparer leur repas du midi afin de manger avec elle à son retour. Il attrapa une casserole et mis de l'eau à bouillir pendant qu'il s'appliquait à préparer un pesto maison : l'une des seules recettes qu'il savait parfaitement exécuter.

Il était en train d'égoutter les pâtes lorsque le bruit du transplanage de Sofia résonna dans l'entrée. Elle apparut alors, vêtu d'un short en jean et d'un t-shirt blanc en coton. Malgré sa colère, Sirius ne put s'empêcher de la trouver magnifique. Malgré l'été, sa peau restait résolument pâle, lui donnant un aspect surréaliste. Sofia lui adressa un sourire resplendissant et vient l'entourer de ses bras, se collant à son dos.

Tu m'as encore cuisiné des pâtes au pesto ?

Je croyais que tu aimais ça, bougonna Sirius.

Sofia embrassa doucement sa joue et se détacha de lui pour mettre la table.

Bien sur que j'aime ça, surtout quand tu t'appliques autant pour me faire plaisir.

Elle disposa les assiettes sur le mange-debout de la cuisine et y ajouta des couverts et deux verres qu'elle rempli d'eau du robinet. Tandis qu'elle s'activait, elle demanda :

Tu m'attends depuis longtemps ?

Je me suis réveillé peu après ton départ.

Oh. Désolée. Ça m'a pris plus de temps que ce que je pensais.

Qu'est-ce qui t'as pris plus de temps que ce que tu pensais ?

Sofia se mordit l'intérieur de la joue, interdite. Elle avait eut un premier entraînement avec Alastor et Albus, puis un second avec McGonagall. Elle était sur les rotules et n'avait pas envie de se disputer avec Sirius aujourd'hui. Pourtant, elle sentait que la patience du jeune homme était plus qu'épuisée.

Rien. Des courses à faire.

Sirius déposa brusquement le bol de pesto sur le mange-debout et força Sofia a le regarder dans les yeux.

Qu'est-ce qui t'as pris autant de temps, Sofia ?

Sofia soupira. Elle ne pouvait rien lui dire. Même si elle le voulait. Le sortilège auquel elle était soumise l'empêchait de donner la moindre information. Elle opta donc pour une vérité déguisée.

Je me suis entraîné. Pour mes transformations.

Je croyais qu'on devait faire ça ensemble.

Je fais également des séances seules. Des séances supplémentaires.

Pourquoi tu ne les fais pas à l'appartement ? Où tu vas d'ailleurs quand tu disparais ?

Sofia soupira. Elle détestait mentir à Sirius.

En forêt Sirius. Des fois j'ai juste besoin d'un peu d'espace pour m'entraîner au calme, ok ? C'est pas contre toi, et je ne dis pas que je ne veux pas te voir. J'adore quand on est tous les deux ici. On peut manger s'il te plait ? J'ai vraiment super faim...

Sirius soupira à son tour. Il n'avait obtenu qu'une partie de la réponse et il le savait. Il détestait que Sofia lui cache des choses. Un couple ne reposait-il pas sur une confiance mutuelle ? Tout marchait parfaitement entre Sofia et lui, mais ces secrets qu'elle plaçait entre eux commençait à effriter la confiance qu'il avait placé en elle.

Il en avait bien sur parlé à James qui l'avait rassuré en disant que Sofia était bien trop amoureuse de lui pour lui cacher quelque chose qui mettrait en péril leur relation. Il s'était raccroché à cette information en espérant que son meilleur ami avait raison. Il ne supporterait pas de perdre la jeune fille.

Il renonça au conflit pour aujourd'hui et s'assit à table, n'ayant plus tellement faim. Sofia s'assit en face de lui et lui fit une moue désolée, tout en se servant des pâtes.

Tu veux qu'on aille se balader cette après-midi ? Il y a un rassemblement de moto au parc du coin.

Sirius admira la tentative de Sofia de lui faire plaisir. Il avait confié à la jeune femme sa passion pour les motos. Il sourit doucement et attrapa la main de Sofia avec un sourire.

Je comprend mieux pourquoi tu étais à Serpentard. Tu es vraiment rusée.

Sofia sourit, sachant qu'il avait remarqué son stratagème de réconciliation.

C'est aussi pour ça que tu m'aimes, idiot.

Sirius dut reconnaître qu'elle n'avait pas tord sur ce point.

Lundi 15 août 1977

Malheureusement pour Sirius et Sofia, la situation n'alla pas en s'arrangeant. Voldemort se montrait de plus en plus actif, et l'Ordre tentait de mettre les bouchées doubles pour le contrer. Etant l'une des membres ayant le moins de préoccupation personnelle (mari, enfant, travail), Sofia était très souvent sollicité pour de petites missions de quelques heures.

Tantôt elle devait vérifier un acte de naissance, tantôt écouter distraitement des conversations dans un bar précis. Parfois, elle devait simplement transmettre un dossier d'Alastor à Albus. Bref. Sofia avait beaucoup à faire, en plus de ses entraînements, et Sirius commençait sérieusement à penser qu'elle vivait une double-vie.

Il la confronta un soir où elle rentra après vingt-deux heures, couverte de suie de la tête aux pieds. Sofia avait du écouter une conversation dans un bar de l'allée des Embrumes. Seulement, elle avait faillit se faire repérer et n'avait pas trouvé de meilleure cachette que le conduit de la cheminée. Elle y était restée de longues heures, jusqu'à ce que la voie soit libre pour qu'elle s'éclipse.

En rentrant à l'appartement, elle avait trouvé Sirius, en costume, endormit sur son assiette. Il lui avait préparé un dîner aux chandelles surprise. Sofia observait son petit-ami, la tête posée sur les bras, et se demanda si elle devait le réveiller maintenant ou tout d'abord dissimuler les traces de suie qui couvrait sa peau et ses vêtements.

Elle n'avait pas eu à choisir, Sirius s'était réveillé.

Il l'avait observé un long moment, hésitant entre le rire, l'inquiétude et la colère. Finalement, il lui avait désigné la chaise en face de lui et Sofia s'y était assise, résignée.

Je peux savoir pourquoi tu es couverte de suie ?

Tu ne me croiras pas si je te dis que je me suis prise d'une soudaine passion pour le métier de ramoneur ?

Sa tentative d'humour tomba à l'eau quand elle croisa le regard orageux de Sirius. Bien. Il était vraiment fâché cette fois-ci. Elle décida de jouer le tout pour le tout. Cela faisait trois semaines que cette comédie durait, c'était bien suffisant.

Ecoute Sir', je peux pas te dire ce que je fais quand je disparais. C'est pas que je ne veux pas, c'est que je ne peux vraiment pas. Ok ?

C'est illégal ? demanda Sirius, soudain inquiet pour elle.

Pas vraiment. Enfin parfois si. Mais c'est pas ça qui est important. Tout ce que je peux te dire c'est que j'oeuvre pour qu'on puisse un jour vivre la vie qu'on aura choisit ok ?

Tu participes à la guerre.

Sofia serra les dents, il s'approchait un peu trop de la vérité à son goût.

Oui.

Sirius plongea son regard dans le sien. Il n'avait pas besoin de lui demander dans quel camp elle se battait, il le connaissait suffisamment pour savoir que Sofia n'était pas un mangemort et qu'elle n'était pas soumise à l'imperium.

Je ne peux rien te dire de plus. Je suis liée, par un serment.

Sirius hocha doucement la tête. Il comprenait un peu mieux. Même si c'était difficile à accepter. Que Sofia participe à la guerre ne l'étonnait pas tant que ça, mais qu'elle ne puisse pas lui dire de quelle manière elle y participait l'inquiétait.

Tu seras prudente ?

Toujours Sirius. Je te le promet.

Il hocha doucement la tête et se leva, délaissant le dîner froid depuis longtemps et les chandelles fondues.

Allez viens, on va te donner un bain pour te retirer toute cette suie.

Tu viens dans la baignoire avec moi ? sourit Sofia.

Tu crois que j'ai allumé ces chandelles pour me contenter de dormir sur la table ? T'as intérêt à te rattraper ma grande.

Sofia rit doucement, sentant la tension diminuer entre eux. Elle n'avait jamais autant aimé Sirius qu'à cet instant. La preuve de confiance qu'il venait de lui accorder valait tous les "je t'aime" du monde.

Jeudi 18 août 1977

L'été approchait doucement de sa fin. Cela signifiait le retour à Poudlard pour les garçons, et une solitude agrémentée de missions pour l'Ordre pour Sofia. Finalement, cela signifiait la fin de quelque chose et le début de quelque chose de nouveau.

Ce soir-là avait lieu la dernière pleine lune de l'été. Lors de la prochaine, Remus serait de retour à Poudlard, sans Sofia. Bien qu'il ait effectué la pleine lune de juillet seul chez ses parents, il avait accepté la proposition de Sofia de passer celle-ci en sa compagnie, chez les Potter.

Depuis que Monsieur et Madame Potter avait appris pour la condition particulière de la jeune femme, ils acceptaient volontiers qu'elle vienne passer les nuits de pleine lune au manoir. Ils faisaient suffisamment confiance à Dumbledore pour croire la jeune fille et le directeur sur parole lorsqu'ils disaient qu'elle se contrôlait.

Sofia arriva donc chez les Potter dans l'après-midi, Remus et Peter s'y trouvaient déjà depuis la veille pour ne pas éveiller les soupçons. Les maraudeurs et elles avaient convenu qu'ils s'éloigneraient au maximum du domaine pour éviter les accidents avec Remus, même si en présence de Sofia le risque était moins élevé.

La version officielle servie aux parents de James étaient que les quatre maraudeurs allaient camper dans le bois qui s'étendaient sur plusieurs kilomètres derrière la propriété, tandis que Sofia partirait à l'est, en direction des montagnes, dès sa métamorphose terminée. La jeune fille s'en voulait un peu de mentir au deux adultes, mais elle ne pouvait pas vendre le secret de Remus pour autant.

Lorsqu'elle arriva au manoir, Monsieur et Madame Potter étaient absents. Nous étions en semaine, et il était encore trop tôt pour qu'ils soient déjà rentrés du travail. Elle se dirigea donc tout naturellement vers la chambre de James, qui devait certainement être le camp de base des maraudeurs.

Perdu. La chambre était vide, tout comme celle de Sirius. Surprise, Sofia chercha Noisette aux alentours de la cuisine et lorsqu'elle tomba enfin sur l'Elfe-de-Maison, elle demanda :

Bonjour Noisette, où sont James et les garçons ?

Maître James, Maître Sirius et leurs amis sont dans le jardin Mademoiselle Sofia, ils profitent de la piscine.

La piscine ?

Oui, Maître James a fait installer une piscine dans le jardin Mademoiselle Sofia. Voulez-vous que Noisette vous apporte un maillot de bain Mademoiselle ?

Euh oui, pourquoi pas. J'en ai un chez moi, dans ma commode, troisième tiroir. Merci Noisette.

L'Elfe lui sourit en s'inclinant rapidement, puis disparu d'un claquement de doigt. Sofia n'eut pas à attendre plus d'une minute avant de la voir réapparaître, son bikini à la main. Elle sursauta. Elle s'attendait plutôt à ce que Noisette lui ramène le maillot de bain une pièce de sport qu'elle possédait. Pas cette chose ridiculement petite qu'elle avait reçu par sa belle-mère à l'un de ses anniversaires des années plus tôt.

Sofia hésita un instant. Allait-elle vraiment rejoindre les garçons dans cette tenue ? Sirius allait faire un malaise. Elle haussa finalement les épaules : un maillot de bain restait un maillot de bain. Et puis elle n'avait pas envie d'embêter plus Noisette pour qu'elle aille lui chercher l'autre maillot. L'Elfe était déjà bien assez gentille comme ça.

Sofia se dirigea vers la chambre de Sirius où elle laissa tomber son petit sac d'affaires pour la nuit à venir. Elle retira son short en jean, son t-shirt blanc et ses tennis, ainsi que sa culotte.

Elle passa rapidement le bas de maillot de bain noir, puis le bandeau qui servait de haut, rayé blanc et noir. L'imprimé lui donnait un semblant de volume au niveau de la poitrine qui la fit rire. Ses seins étaient plus plats qu'une planche à découper.

Elle attrapa un élastique dans son sac et noua ses cheveux en un chignon serré avant d'attraper ses lunettes de soleil. Pieds-nus, Sofia partit à la recherche d'une serviette de bain dans la salle d'eau de Sirius, avant de rejoindre les garçons dans le jardin.

Lorsqu'elle arriva, Sofia bloqua sur l'immense piscine creusé qui trônait au milieu de la pelouse. A l'intérieur, les quatre garçons disputaient un match de volley grâce à un filet tendu, séparant la piscine en deux parties.

Sofia les observa un instant. Sirius et Peter affrontaient James et Remus. La première équipe semblait mettre une véritable raclée à la seconde. Bien, elle allait porter secours à James et Remus avant que James ne fasse une crise : il était mauvais perdant.

Les garçons ne l'avaient toujours pas vu, plongés dans leur match. Sofia s'approcha donc de la piscine et lança :

Bonjour Messieurs, il reste une place pour moi dans l'une de vos équipes ?

Quatre pairs d'yeux se tournèrent immédiatement vers elle. James et Peter lui offrirent un sourire rayonnant, Remus lui fit un grand signe de la main pour la saluer, tandis que Sirius fronçait les sourcils sous ses lunettes aviateurs.

C'est quoi ce maillot de bain, Petrov ?

Sofia pouffa, elle était sûre et certaine que la jalousie de Sirius referait surface si elle sortait aussi peu vêtue. Elle sourit donc, joueuse, et demanda :

Tu préfères que j'enlève le haut ?

Mais ça va pas non ?!

Tout le monde éclata de rire et Sofia sourit à Sirius pour le détendre. Voyant que le garçon continuait de bouder, elle courut vers la piscine et fit une bombe qui éclaboussa tous ses amis en criant :

A L'ATTAQUE !

Elle lança de ce fait la plus grande bataille aquatique de l'été.

Vendredi 19 août 1977

Il était onze heures passées et Sofia ouvrit les yeux dans le lit de Sirius qu'elle avait rejoint au petit matin pour conserver l'illusion. Les maraudeurs avaient "dormis" à leur camp, et ne devraient plus tarder à rentrer.

En attendant le retour des garçons, Sofia se dirigea vers la petite salle d'eau réservée à Sirius. Elle était composée d'un lavabo, de WC et d'une cabine de douche. L'essentiel en somme. Elle retira sa culotte et le maillot large qu'elle avait passé avant de se coucher et se laissa aller sous l'eau chaude.

La veille au matin, Dumbledore lui avait annoncé qu'elle partirait bientôt pour sa première vraie mission pour l'Ordre. La mission devait durer plusieurs jours, voir plusieurs semaines, et Sofia ne savait pas si elle devait en parler à Sirius ou pas.

Bien sur, le risque qu'elle ne rentre pas de cette mission existait. Aussi, pouvait-elle vraiment cacher cette information au jeune homme ? Elle soupira en savonnant ses cheveux de son traditionnel shampoing à la noix de coco. Elle allait devoir lui avouer.

Son ancien directeur lui avait dit qu'elle partirait avec les deux jumeaux Prewett et cela avait quelque peu rassurée Sofia. Après tout, ils étaient tous les deux d'excellents sorciers et duellistes. Ils avaient pour mission d'identifier un groupe de mangemorts qui aurait trouvé refuge dans une vieille bâtisse, près d'Oxford.

Sofia réfléchit à tout ce que cette mission impliquait tandis qu'elle se rinçait rapidement. Elle sortit de la douche et s'essuya rapidement, avant de revêtir une simple culotte propre pour retourner dans la chambre, les cheveux humide dégoulinant dans son dos.

Sirius choisit ce moment-là pour rentrer. Il resta un instant bloqué face à la vision tentatrice de Sofia, le corps humide et à moitié-nu. La jeune femme lui jeta un regard amusé et abandonna le t-shirt qu'elle allait passer pour se diriger vers lui et l'embrasser doucement.

Sirius sourit contre ses lèvres en passant ses bras dans son dos nu et murmura :

Je veux bien être accueilli tous les jours comme ça.

Demande à James de réaliser ce fantasme tous les matins dans votre dortoir de Poudlard, cela pourrait être amusant.

Sirius pouffa à l'idée de voir son meilleur ami dans la même position qu'elle. Il observa Sofia qui se mordillait la lèvre en tripotant son collier. Il savait ce que cela signifiait : elle avait quelques chose à lui dire mais ne savait pas comment aborder le sujet. Sirius embrassa son front et la prit contre lui avait de demander :

Qu'est-ce qui te tracasse ?

Je... Je vais devoir partir quelques temps et je ne pourrais pas te contacter. Je ne sais pas quand est-ce que je vais revenir.

Sirius fronça les sourcils. Qu'est-ce que c'était que cette histoire ?

C'est à propos de tes... secrets ?

Oui.

Sofia se mordit un peu plus la lèvre, mal à l'aise de ne pas pouvoir lui en dire plus.

Cela va être dangereux ?

Possible. Mais je ne serais pas seule. Ça devrait bien se passer.

Sirius puise toute la patience et la confiance qu'il a en lui pour acquiescer doucement. Il serra un peu plus la jeune fille contre lui et lui murmure de faire attention à elle. Que ferait-il s'il lui arrivait quelque chose ?

Il n'eut pas l'occasion d'y réfléchir plus avant puisque Sofia se dressa sur la pointe des pieds pour échanger avec lui un baiser langoureux. Elle y mit tout ce qu'elle ressentait : sa peur, sa volonté de le remercier de sa confiance, et son amour.

Sirius répondit immédiatement au baiser et leva les bras pour que Sofia puisse lui retirer plus facilement son t-shirt. La jeune femme l'entraîna vers le lit, leurs deux torses nus se collant l'un à l'autre.

Sofia glissa ses mains le long du dos de Sirius et s'approcha doucement du bouton de son jean pour le lui défaire. Leur baiser redoubla d'ardeur et la jeune femme gémit lorsque Sirius lui agrippa les fesses pour la porter sur les quelques mètres qui les séparaient encore du matelas.

Enfin arrivés au lit, Sirius lâcha Sofia sur les draps et se débarrassa en hâte de son pantalon avant de fondre à nouveau sur ses lèvres. Il embrassa sa bouche rose, ses joues pâle, son menton rond, son cou délicat, sa clavicule saillante, sa poitrine riquiqui, son ventre plat, ...

SOFIA ! SIRIUS ! A TABLE !

La voix de Madame Potter les fit redescendre de leur petit nuage aussi vite qu'ils y étaient montés. Ils lâchèrent un soupir de déception en même temps avant d'échanger un regard complice. Ils se levèrent d'un même mouvement et Sirius jeta un regard désolé à son bas-ventre plus que réveillé. Sofia lui jeta un regard moqueur et dit :

Va prendre une douche froide, je vais descendre en première et leur dire que tu arrives.

Sirius grogna son approbation et se dirigea d'un air fataliste vers la salle de bain. Alors qu'il allait fermer la porte, Sofia lui lança d'une voix mutine :

Dors chez moi ce soir, on reprendra où on s'est arrêté.

Avec plaisir Mademoiselle, sourit Sirius, soudain rassuré.

Se détournant de son amant, elle enfila rapidement un short en jean et un t-shirt bleu légèrement troué au niveau de la couture. Il allait falloir qu'elle aille faire un peu de shopping, ses vêtements étaient vraiment trop usés.

Pieds nus, les cheveux toujours mouillés et emmêlés, Sofia se dirigea vers la salle à manger des Potter. James, Peter et Remus s'y trouvaient déjà, un air fatigué sur le visage, mais un grand sourire aux lèvres. Ils discutaient avec entrain de la rentrée qui approchait à grands pas.

Monsieur Potter était en train de lire la Gazette du Sorcier, tandis que Madame Potter lisait un vieux roman à l'aspect poussiéreux d'un air rêveur. Elle leva les yeux à l'entrée de Sofia et lui sourit doucement en lui faisant signe de s'asseoir :

Sirius n'est pas là ? Je croyais qu'il était parti te réveiller.

Il est sous la douche. J'étais déjà réveillée à son arrivée.

James pouffa et chuchota quelques chose à l'oreille de Peter qui devient aussi rouge qu'une écrevisse. Sofia décida de l'ignorer, toujours frustrée d'avoir été interrompue en si bon chemin avec Sirius quelques instants plus tôt.

Madame Potter lui offrit un sourire amusé, comme si elle savait très bien pourquoi Sirius avait décidé de prendre une douche à l'heure du repas.

Nous mangeons du hachis parmentier à midi Sofia, tu aimes ça ?

Bien sur, Madame. Vous savez, tant qu'il n'y a pas de poisson...

Madame Potter lui offrit un sourire amusée et se mit à lui parler du roman qu'elle lisait quelques instants plus tôt. Sirius les rejoint rapidement et s'assit à côté de Sofia, lui prenant la main sous la table. La jeune femme sourit, heureuse de passer ce repas avec les personnes qu'elle considérait comme sa famille avant son départ pour sa première mission.

Dans trois jours elle partait sans savoir quand elle serait de retour. Elle sera un peu plus la main de Sirius dans la sienne et il lui jeta un regard amoureux, faisant taire ses angoisses. Pour l'instant.