CHAPITRE 20 : MISSION ET RENTRÉE


Samedi 27 août 1977

Sofia étira ses muscles endoloris par quatre nuits passées dans une minuscule tente sur un matelas douteux. Elle jeta un coup d'œil à Fabian et Gideon. Ils faisaient chauffer avec leur baguette une boîte de haricots pour le dîner. La jeune femme soupira. Elle était de veille cette nuit et avait passé son après-midi à dormir pour compenser la perte de sommeil.

Cela faisait quatre jours qu'ils étaient arrivés à proximité de la bâtisse censé abriter des mangemorts. Le bâtiment était vide, mais Dumbledore leur avait demandé de monter la garde aussi longtemps que possible. Ils étaient donc à proximité au cas où les mangemorts reviendraient sur les lieux. Les jumeaux Prewett étaient en congés jusqu'à fin septembre et avait annoncé leur accord, Sofia avait suivi.

Ils avaient tous les trois dressé un camp sommaire composé de trois petites tente, au bord d'une rivière avec une vue parfaite sur la bâtisse. Le camp était protégé par de nombreux enchantements de dissimulation qui les cachait aux yeux de tous. Le camp était dissimulé à la vue, à l'ouïe, à l'odorat et au toucher de toutes personnes passant à proximité.

Sofia n'avait pas pu parler à Sirius depuis quatre jours et elle espérait sincèrement que le jeune homme ne lui en tiendrait pas rigueur. Même si elle l'avait prévenu de son absence, elle savait que cela allait être difficile pour eux deux d'être ainsi séparés.

Fabian lui tendit un bol métallique rempli d'haricots et Sofia le remercia du bout des lèvres. Elle s'inquiétait malgré elle. Elle aurait aimé revoir les garçons avant leur retour à Poudlard...

— Çava pas, Miss ?

Sofia releva la tête vers Gideon, qui lui jetait un regard concerné. Elle s'en voulut un peu de leur imposer son humeur maussade.

— Oh rien, mes amis vont retourner à Poudlard jeudi et j'aurais aimé les voir avant le départ.

— Ah Poudlard, quelle belle époque ! Cela nous manque aussi, pas vrai Fab' ?

— Oh oui ! J'ai jamais réussi à trouver un fauteuil aussi confortable que celui de la salle commune des Gryffondors !

Les deux jumeaux partirent dans un éclat de rire joyeux et Sofia ne peut s'empêcher de sourire. La conversation dévia rapidement vers leurs passés respectifs dans l'école. Ils avaient vingt-sept ans désormais et étaient donc partis de Poudlard depuis 9 ans.

— Tu étais dans quelle maison Sofia ?

— Serpentard, répondit la jeune femme.

Gideon grimaça et Sofia éclata de rire. Ainsi, la rivalité entre Gryffondor et Serpentard ne datait pas d'hier. La conversation se poursuivit d'un ton joyeux et Sofia passa un bon moment en compagnie des jumeaux. Ils étaient tous les deux de bons vivants et avaient un tempérament plutôt festif. Cela détendait l'atmosphère pesante de la mission.

Fabian était en train de raconter à Sofia une vieille histoire sur une blague que lui et Gideon avait fait aux Serpentards de leur époque. La jeune femme ne put s'empêcher de leur parler de la blague que les maraudeurs lui avaient fait à son entrée à Poudlard.

— Et là, tous les septièmes années avaient les cheveux rouges vifs ! J'étais véritablement hors de moi ! J'ai finalement appris que c'était la faute de James, Sirius, Remus et Peter. Je leur ai hurlé dessus, vous savez j'avais cru à une attaque de Mangemorts alors... A l'époque, je les détestais. Je pensais réellement que ce n'était qu'une bande de petits abrutis.

Elle éclata d'un rire joyeux et les jumeaux se jetèrent un regard entendu avant de demander d'un air conspirateur :

— Alors, c'est lequel ton copain maintenant ?

Sofia leur jeta un regard désabusé. Parfois, les deux jeunes hommes avaient des attitudes propres à des adolescentes en quête de potins.

— Sirius, évidemment.

— Evidemment, reprirent les jumeaux d'un air entendu et d'une même voix.

Sofia leur tira la langue, amusée malgré elle. La soirée se poursuivit doucement, mêlant rires et souvenirs.

Lorsque la nuit tomba, peu après vingt-et-une heures, les jumeaux saluèrent Sofia et se retirèrent chacun dans leur tente. La jeune sorcière s'assit sur une pierre et observa la maison pour y déceler une trace d'activité. Mais elle resta désespérément vide.

Lundi 29 août 1977

La situation s'était compliqué le matin du sixième jour de la mission. Gidéon avait tiré Sofia du sommeil aux aurores en lui chuchotant avec empressement qu'il y avait du mouvement dans la maison. En effet, Sofia constata rapidement que, derrière les fenêtres de la bâtisse, des lumières vacillantes projetaient des ombres sur les murs.

L'adrénaline la tira immédiatement du sommeil. Les jumeaux et elle se préparèrent donc en vitesse, tandis que Fabian envoyait un patronus à Dumbledore pour lui demander des renforts. Sofia enfila son jean à toute vitesse, puis passa un t-shirt blanc simple par dessus. Une fois habillée, elle se jeta divers sortilèges répulsifs pour contrer les mauvais sorts basiques.

Rapidement, Monsieur Potter fit son apparition, faisant apparemment partie des renforts, puis deux autres hommes : Alastor Maugrey et Caradoc Dearborn. Sofia se sentit instantanément plus rassurée. Maugrey et Dearborn étaient de très bon duellistes.

Monsieur Potter la salua d'un sourire enjoué, avant de reporter son attention sur la bâtisse. Le plan était simple : Sofia et les jumeaux entraient par l'arrière tandis que les trois autres entraient par devant. Maugrey fut clair : pas d'actes héroïques, et replie au moindre doute ou au moindre problème.

L'Auror se tourna vers elle après ces simples consignes et demanda à Sofia :

— Tu parviens à te transformer sur commande, gamine ?

Il avait pris l'habitude de l'appeler de cette manière et même si Sofia haïssait ce surnom, elle ne se voyait pas contredire l'auror.

— Non Maugrey, pas encore. Mais j'y travaille.

— Dommage, ton flair aurait été utile.

Malheureusement, elle ne put que lui donner raison. De plus, nous étions encore loin de la prochaine pleine lune et Sofia doutait que son odorat lui soit d'une quelconque utilité. Maugrey insista néanmoins.

— Hume le plus d'odeurs possibles. Leurs masques dissimulent peut-être leurs visages, mais pas leur puanteur. Ok, gamine ?

Sofia hocha simplement la tête et le petit groupe se mit en route. Dissimulés par un sortilège de désillusion, les membres de l'Ordre se glissèrent dans le jardin envahit par la végétations. Les ronces se raccrochaient à leurs pantalons, comme pour les empêcher d'accomplir leur mission, mais ils tinrent bon.

Sofia suivit Gidéon et Fabian à l'arrière de la bâtisse. Il y avait une térasse miteuse qui donnait sur une porte sortie de ses gonds. Gidéon la déplaça le plus silencieusement possible et ils s'engouffrèrent tous les trois dans le vieux bâtiment.

La maison était apparemment abandonnée depuis plusieurs décennies. Le parquet, couvert de poussière, était parsemé de quelques trous et de nombreux cafards morts. Sofia réprima un haut-le-cœur. L'endroit était vraiment dégoûtant. Les murs, d'où le papier peint pendait lamentablement, était par endroit couvert de champignons à cause de l'humidité.

La jeune femme jeta un coup d'œil à ses partenaires et fut rassurée de voir leur grimace de dégoût, malgré le sortilège de dissimulation qui les couvrait. L'odeur, un mélange de poussière et de moisie, la prenait à la gorge.

Sofia repensa aux consignes de Maugrey quant au fait qu'elle devait humer les environs pour repérer l'odeur des mangemorts. Il était absolument impossible pour elle de respirer la moindre odeur dans cette environnement nauséabond. Dommage.

Sofia suivit les jumeaux jusqu'à un couloir qui desservait une dizaine de pièce. Des éclats de voix provenaient de deux d'entre elles. Gidéon hésita un instant sur la marche à suivre, mais ils furent alors rejoint par le groupe de Maugrey qui leur fit signe que le reste de la bâtisse était vide. Aussitôt, il désigna une porte au groupe de Sofia et une autre à son propre groupe.

Sofia inspira un grand coup tandis que Maugrey mimait un décompte avec ses doigts. Elle resserra sa prise sur sa baguette et ferma les yeux une micro-seconde pour rassembler son courage. Son cœur battait à toute allure dans sa poitrine et ses paumes étaient moites. Pourtant, l'adrénaline lui aurait permis de soulever un dragon à mains nues, elle en était certaine.

Maugrey lança le décompte et aussitôt chacun des groupes entra dans la pièce que Maugrey lui avait désigné.

Pour Sofia et les jumeaux, il s'agissait d'un petit salon qui avait dû être très beau autrefois. Des canapés étaient disposés dans la pièce, des ressorts s'en échappant. Sofia ne prit pas le temps d'observer plus avant la décoration et lança son premier sortilège pour immobiliser l'un des mangemorts présents.

Ils étaient cinq en tout dans la pièce. Heureusement, l'effet de surprise permis aux trois compères d'en immobiliser trois dès leur entrée dans la pièce, ce qui ne leur laissait plus que deux adversaires. Deux contre trois. Sofia sentit une pointe de soulagement mélangée à de l'orgueil poindre en elle.

Malheureusement, elle déchanta vite.

Dans son dos, par la porte ouverte, apparurent trois mangemorts supplémentaires. Sofia lâcha un juron qui attira l'attention des jumeaux. Elle n'attendit par leur réaction et se lança immédiatement dans le combat.

Contrairement à la fois où elle avait combattu à Pré-au-Lard, cette fois-ci elle était entraînée et connaissait de nouveaux sortilèges efficace en duel et dans ce genre de situation. Elle lança immédiatement un maléfice cuisant à son premier assaillant qui l'évita avec agilité. Immédiatement, il tenta de lui renvoyer un stupéfix qu'elle bloqua d'un sortilège du bouclier.

Un autre mangemort se joignit alors à son combat. Elle se retrouva seule contre deux sorciers plus expérimentés qu'elle. Condamnée à parer et à esquiver, elle n'avait pas l'occasion de lancer à son tour des attaques. La jeune fille remercia intérieurement les sept dernières années où elle avait pratiqué intensément le Quidditch, ce qui lui avait permis de gagner une certaine souplesse, utile dans le cas d'esquives multiples. Finalement, Gidéon lui offrit une ouverture en lançant un maléfice explosif qui déconcentra quelques peu ses deux adversaires.

Immédiatement, et avec une certaine dextérité, elle lança un petrificus totalus sur l'un de ses assaillants. Ce dernier s'écroula au sol, le corps immobilisé et semblable à du marbre. Immédiatement, son second adversaire cria un sortilège qui lui était inconnu.

Elle sentit directement sa joue droite la brûler sévèrement. Un liquide chaud et visqueux s'écoula immédiatement de la plaie et elle pesta. Elle avait promit à Sirius de revenir en un seul morceau, mais apparemment il lui manquerait un petit bout de joue. Zut. Le sang chaud atteignit son coup et le perdit sur son t-shirt blanc autrefois immaculé. Zut de zut.

Alors qu'elle lançait un stupéfix à son dernier adversaire qui l'évita, un cri résonna dans le couloir et Sofia sentit son cœur se serrer en reconnaissant la voix de Monsieur Potter. Elle pria intérieurement pour que l'homme soit sauf.

Tandis que le combat touchait presque à sa fin, et que la victoire était à portée de main pour l'Ordre, Sofia eut la désagréable surprise de voir la majorité des mangemorts présents se volatiliser, comme s'ils avaient été rappelés ailleurs. Elle tenta de retenir celui qu'elle avait pétrifié, mais il disparut comme les autres.

— Mais c'est quoi ce bordel, putain ?! cria Gidéon, tout aussi mécontent qu'elle de voir leur travail ainsi saboté.

Sofia et les jumeaux se retrouvèrent rapidement seuls dans leur pièce, et ils se précipitèrent dans le couloir pour rejoindre le deuxième groupe. Ils découvrirent alors Monsieur Potter, l'arcade en sang, en train de menacer de sa baguette le seul mangemort encore présent en ces lieux. Maugrey était penché vers le masque du sorcier et tentait de le lui enlever, tandis que Dearborn envoyait un patronus à Dumbledore pour le prévenir de la situation.

— Pourquoi ont-ils tous disparus aussi soudainement Maugrey ? demanda Fabian, toujours frustré.

— Ils ont été rappelé par leur Seigneur. Mais ils ont laissé celui-ci derrière. Je pense donc qu'il est soumis à l'Imperium ou en tout cas qu'il ne nous serra d'aucune utilité.

Sofia soupira. Tout ça pour ça... Monsieur Potter avisa alors sa joue en sang et dit, d'une voix paternaliste inquiète :

— Sofia ! Ta joue, tu es blessée !

Sofia ne put s'empêcher de sourire, amusée par le soucis que lui portait l'homme alors que son arcade sourcilière était dans le même état.

— Autant que vous Monsieur Potter, ne vous en faites pas, rien de grave.

Avant que l'homme ne puisse répliquer, Maugrey parvint à retirer le masque du mangemort. Derrière celui-ci, se trouvait le visage d'un homme d'une quarantaine d'année à l'air groggy. Il avait les cheveux poivre et sel et un nez gigantesque qui troubla un instant Sofia : comment une telle énormité pouvait-elle trouver de la place pour s'épanouir sur son visage ? De son côté, Dearborn sursauta et s'écria :

— Mais, je le connais ! C'est Luis Bronn, il travaille dans une épicerie sorcière pas très loin de chez moi. Ce n'est pas possible que cela soit un mangemort...

Maugrey leva les yeux au ciel, comme s'il avait déjà entendu ce discours une bonne dizaine de fois. Pourtant Dearborn continua :

— Non Alastor, j'en suis sûre et certain, cet homme ne peut pas être un mangemort.

— Et pourquoi cela ?

— Sa femme est une moldue, et lui presque un cracmol.

Maugrey jura et soudain, tout s'éclaircit : chacun comprenait pourquoi Luis Bronn avait été laissé derrière. Luis Bronn était soumis au sortilège de l'Imperium et venait de servir de diversion pour permettre la fuite des réels mangemorts. Un juron russe passa les lèvres de Sofia.

Jeudi 1er septembre 1977

James hissa avec enthousiasme sa valise dans le porte bagage de son compartiment : enfin, il entrait en dernière année à Poudlard. A ses côtés, Sirius était déjà affalé sur la banquette en train de lire un magazine sur les motos moldues, tandis que Remus et Peter se disputaient une partie de bataille explosive.

La chaleur de la fin de l'été rendait l'atmosphère agréable et James soupira d'aise en s'installant dans la confortable banquette du Poudlard Express. Il dit d'une voix rêveuse :

— Vous vous rendez-compte, c'est la dernière fois qu'on fait ce trajet...

Sirius leva immédiatement les yeux au ciel, blasé, et dit d'une voix menaçante :

— Si tu te mets à énumérer toutes les choses qu'on fait pour la dernière fois cette année, je t'étrangle dans ton sommeil.

James jeta un regard sombre à son meilleur ami et murmura pour lui-même :

— Rabat-joie...

Sirius, ayant très bien entendu le reproche, laisse un sourire en coin poindre sur sa bouche et repris sa lecture. Il découvrait avec passion le dernier modèle d'Harley Davidson, la FXS Low Rider, qui venait de s'équiper d'un tout nouveau démarreur électrique, la pointe de la technologie chez les moldus.

D'un air innocent, il se tourna vers Remus et demanda :

— Dis Lunard, tu penses qu'il est possible d'ensorceler une moto moldue pour la faire voler comme un balais ?

Remus lui jeta un regard suspicieux avec de retourner son attention vers sa partie de carte en répondant :

— Oui, mais c'est illégal.

— Ce n'était qu'une simple question.

Pas convaincu pour trois mornilles, ses amis décidèrent cependant de garder ce sujet sous silence pour l'instant. Le silence ne dura cependant pas puisque Remus demanda à Sirius :

— Au fait Patmol, tu as des nouvelles de Sofia ? Je n'en ai pas eu depuis une bonne semaine, c'est étonnant...

Sirius se mordit aussitôt la lèvre, se demandant ce qu'il devait répondre. Sofia avait été clair avec lui quand elle lui avait annoncé participer à la guerre : elle était lié par le secret et il ne devrait même pas être au courant. Elle était certainement partie pour une "mission" et il n'était pas certain de ce qu'il pouvait dire à ses amis sans mettre la jeune femme dans l'embarras de son côté.

Hésitant quelques secondes supplémentaires, il décida finalement d'opter pour une vérité générale :

— Elle avait des affaires personnelles à gérer et m'avait prévenue qu'elle ne serait pas joignables pendant quelques semaines. Je te dirais si j'ai des nouvelles.

Les trois autres lui jetèrent un regard surpris, ayant tous les trois bien noté son hésitation. James se risqua à demander :

— Vous vous êtes disputés ?

Sirius, surpris, haussa les sourcils avant de demander :

— Quoi ? Non, bien sur que non, pourquoi ?

— Bah, vous avez été collé tous l'été et là... Elle disparait, sans raison apparente, et tu ne sembles pas en savoir plus que nous alors..., répondit aussitôt James d'un air hésitant.

Sirius comprit immédiatement la méprise et afficha un sourire qui se voulait rassurant. Il répliqua aussitôt :

— T'inquiète pas Patmol, tout va bien pour Sofia, et tout va bien également pour nous deux. Elle avait juste des choses à régler ok ?

— Ok, répondit James, pas rassuré pour autant.

Les trois maraudeurs sentaient bien que leur ami leur cacher quelques chose, mais ils ne voulaient pas se montrer insistant ou blessant envers lui. Sirius avait une personnalité complexe et pouvait se montrer très fier et secret quand on touchait à sa vie personnelle. Il était également très rancunier et aucun d'eux ne voulait risquer de le mettre en colère pour la semaine à venir.

La conversation dévia alors vers des sujets plus légers : Lily Evans, les ASPICS à venir, le buffet qui les attendaient et la nouvelle coupe de cheveux de Peter.

Mercredi 14 septembre 1977

Le bilan général de la mission était plutôt décevant. Complètement déprimant même. La maison était restée désespérément vide depuis le seul jour d'action qu'avait connu la mission. Luis Bronn était bien un cracmol sous imperium qui avait servit de diversion pour permettre la fuite des autres mangemorts. Monsieur Potter avait une belle cicatrice au milieu du sourcil droit. Quant à Sofia, elle avait une balafre blanchâtre sous l'oeil droit qui ne disparaîtrait jamais complètement.

Gidéon, Fabian et elle avaient levé le camp le matin même. Les jumeaux devaient reprendre le travail après leurs "vacances" supposées, tandis que Sofia devait retrouver le cours de sa vie et de ses entraînements avant le prochaine mission. La pleine lune était prévue deux jours plus tard et elle comptait bien la passer à Poudlard.

La jeune femme avait prévu d'en parler à Dumbledore en allant lui faire son rapport. Elle était en route pour ce même rapport, alors que la nuit était déjà bien avancée.

Elle transplana à Pré-aux-Lard puis prit la direction du château qui brillait dans la nuit, au loin. Revoir le vieux bâtiment lui fit un petit pincement au cœur et elle se sentit étonnement nostalgique. Elle avait l'impression d'avoir quitté les lieux depuis des siècles alors qu'elle passait encore ses ASPICS il n'y a même pas trois mois de ça.

Elle balaya les fenêtres des yeux en passant la grille du parc et arrêta son regard sur la tour des Gryffondors. Sirius devait déjà dormir vu l'heure, à moins qu'il ne soit en train de faire l'imbécile avec James, Remus et Peter...

Elle venait à peine de rentrer de mission et était juste passée à son appartement prendre une douche et se changer avant de voir Dumbledore, elle n'avait donc pas encore le temps de signaler son retour à ses amis. Tandis qu'elle arrivait enfin à la grande porte, elle regretta de ne pas avoir prit le temps de lui envoyer un mot, ils auraient pu se voir tous les cinq au détour d'un couloir...

Balayant ses idées d'un mouvement de tête, elle prit la direction du bureau du directeur. Ses tennis touchaient le sol sans bruit et sa petite robe d'été s'agitait doucement sous la brise nocturne qui balayait les couloirs du château. C'était si calme... Sofia savoura son trajet en silence, admirant des tableaux qu'elle n'avait jamais prit le temps de regarder durant sa septième année.

Poudlard avait cette capacité d'apaiser les cœurs blessés et les angoisses chez elle. Elle était terriblement déçue que sa première mission soit aussi peu utile à l'Ordre. De plus, elle revenait blessée et elle savait qu'elle allait subir l'angoisse de Sirius dès qu'il l'apprendrait. Sans parler de la fatigue physique après avoir passé trois semaines à dormir dans une tente et à surveiller une vieille maison moisie.

Sofia avait besoin de vacances.

Mais avant les vacances, elle devait faire son rapport à Dumbledore, assurer une pleine lune aux côtés de Remus, calmer les angoisses de son petit-ami, rassurer ses amis, ranger son appartement et reprendre ses entraînements avec Minerva McGonagall. Rien que ça.

Soupir.

Sofia arriva finalement devant la statue qui gardait l'entrée du bureau du Directeur de Poudlard. Elle annonça le mot de passe d'une voix claire :

— Plume en sucre.

La statue se mit immédiatement en mouvement et elle grimpa rapidement sur l'escalier tournant pour atteindre le haut de la tour où se trouvait le bureau. La porte en chêne massif était déjà ouverte et Sofia aperçut son ancien directeur assis derrière son bureau, ses lunettes en demi-lune posées sur le bout de son nez cassé.

Il leva les yeux vers la jeune femme et lui offrit l'un de ses sourires mystérieux dont il avait le secret, avant de l'inviter à entrer et à s'asseoir en face de lui. Un petit fauteuil à l'aspect moelleux venait d'apparaître après un tour de sa baguette.

Sofia s'y laissa tomber avec la grâce d'un pachyderme. Elle était déjà fatiguée et sa marche depuis le village n'avait rien arrangé.

— Comment vas-tu Sofia ?

— Je suis déçue et fatiguée.

Sofia vit le coin de la bouche de Dumbledore tressaillir, comme s'il se retenait de rire. Le directeur joignit alors ses mains devant son visage, dégageant une aura de sagesse plutôt impressionnante, et dit :

— La mission n'est pas un échec Sofia, donc c'est une réussite.

Sofia retient de justesse la remarque acerbe qu'elle s'apprêtait à lancer à Dumbledore et répondit d'un ton plus calme :

— Le seul mangemort que nous avons démasqué et capturé est un cracmol amnésique qui a servi de leurre géant. Nous n'en avons identifié aucun autre.

— Certes. En revanche, de mon point de vue, je retiens plutôt que mes amis sont tous rentrés vivants.

Sofia eut un petit rire et dit :

— Rentrer vivant ne nous fera pas gagner la guerre.

— C'est la que tu te trompes Sofia.

Dumbledore lui jeta un regard amusé par dessus la monture de ses lunettes, puis il poursuivit :

— Je vais mettre cela sur le compte de la fougue de la jeunesse.

Sofia rit plus franchement cette fois-ci et accepta de bon cœur un chocolat que lui tendait le vieil homme. Tandis qu'elle dégustait sa friandise en silence, il lui posa plusieurs questions précises sur la mission auxquelles elle essaya de répondre de son mieux.

— Combien étaient-ils lorsque vous êtes entrez dans la maison ?

— Trois dans notre pièce, à Gidéon, Fab et moi. Il me semble qu'ils étaient trois également dans la pièce de l'autre équipe. Puis deux sont réapparus dans ma pièce.

— Quel est le sortilège qui t'a blessé à la joue ?

— Je ne sais, je n'ai pas entendu la formule que mon adversaire à utiliser.

— Il me semble que c'est le même sortilège qui a blessé John Potter, non ?

— Possible, je crois qu'il n'a rien entendu non plus.

— As-tu pu sentir quelque chose dans la maison ?

— Non, rien malheureusement. La puanteurdes murs couvrait absolument tout et nous étions trop loin de la pleine lune pour que je puisse utiliser mon odorat à son maximum.

— Tu ne parviens toujours pas à te changer à volonté ?

— Non. Et chaque séance d'entraînement me laisse encore plus fatiguée que la précédente.

Dumbledore cessa là son flot de question et resta un instant plongé dans ses pensées. Sofia le laissa à son silence, tentant de se faire discrète.

Elle laissa ses pensées vagabonder vers ses amis, vers Sirius, la pleine lune, la meute, la Russie... Elle ne se sentit pas s'endormir pourtant, quand son menton heurta sa poitrine, elle se redressa en sursaut. Cela sembla tirer le directeur de ses pensées.

— Oh excuse-moi Sofia, tu es épuisée. Tu peux rentrer chez toi si tu le souhaites. Je vais te raccompagner en transplannage d'escorte jusqu'à Pré-au-Lard pour t'éviter d'avoir à marcher jusque là.

La jeune femme n'émit aucune protestation, trop fatigué pour se montrer polie.

Dumbledore se leva alors de son bureau et se dirigea vers elle en lui tendant galamment son bras. Avant de l'attraper, Sofia se rappela l'une des raisons de sa présence en ses lieux et demanda :

— Pourrais-je venir passer la pleine lune ici avec Remus ?

Dumbledore lui jeta un regard perçant, puis sourit.

— Bien sûr. Je te ferais préparer un appartement dans l'aire des invités pour que tu puisses t'y reposer le lendemain.

Un sourire lumineux apparut sur le visage tiré par la fatigue de la jeune femme. Elle attrapa alors le bras de son directeur et ils disparurent tous les deux dans un plop sonore. Sofia allait enfin pouvoir rentrer chez elle.