CHAPITRE 21 : COMME AVANT ?
Vendredi 16 septembre 1977
Sofia trépignait. Littéralement. Debout dans le chambre de la Cabane Hurlante où elle avait pris l'habitude d'effectuer ses transformations en compagnie des maraudeurs, elle les attendait. Il était dix-neuf heures passées et elle savait que James, Sirius et Peter ne tarderaient plus, rapidement suivi par Remus. Le loup-garou arrivait toujours un peu plus tard puisqu'il était escorté par le Professeur Dumbledore et Madame Pomfresh jusqu'au Saule Cogneur.
La jeune femme avait passé des vêtements pratique en prévision de la pleine lune, un simple jean large et un pull épais et élimé. Ses cheveux étaient relevés en une queue de cheval haute. Ses pieds, vêtus de ses vieilles tennis en toile, battaient frénétiquement le sol en attendant l'arrivée de ses amis. Elle jeta un coup d'œil à son sac-à-dos, contenant son fameux nécessaire à pleine lune. Pourquoi étaient-ils si long ?
A peine cette pensée eut-elle effleuré son esprit qu'elle entendit la voix de ces amis dans le tunnel menant à la cabane. Peter et Sirius semblait en train de charrier James sur son rapprochement avec Lily Evans. Sofia entendit quelque chose à propos de plumes en sucre et de roses blanches, mais elle ne comprit rien de plus. Soudain le rire de Sirius résonna dans la maison et son coeur fit un bon dans sa poitrine. Ce n'est qu'à cet instant qu'elle comprit à quel point son petit-ami lui avait manqué ces dernières semaines.
N'attendant pas que les garçons montent à l'étage comme elle l'avait initialement prévu, elle descendit les escaliers branlants de la maison en courant et se jeta au cou de Sirius en enfouissant son nez dans sa nuque. Une odeur diffuse de parfum y flottait encore, celui qu'elle lui avait offert à Noël.
Les maraudeurs laissèrent échapper un cri de joie à la vue de Sofia et Sirius referma automatiquement ses bras dans son dos pour la serrer contre lui. Après une étreinte de quelque secondes, Sofia se détacha de lui à contre-cœur pour serrer Peter et James dans ses bras à leur tour. Les rires et les accolades emplirent pendant quelques minutes la Cabane Hurlante. Sirius dit :
— Nous n'étions pas sûrs que tu serais là, malgré ta lettre annonçant ton retour.
— Je ne pouvais décidément pas louper ça.
Sofia lui offrit un sourire complice mais Sirius fronça les sourcils. Il venait de remarquer la grosse cicatrice qui barrait désormais la joue droit de la jeune femme. Bien qu'en meilleur état depuis quelque jours, elle restait légèrement rosée et boursouflée. Large d'un demi-centimètre, elle s'étalait sous son œil droit de sa pommette à sa tempe. Sirius passa un doigt dessus, les sourcils toujours froncés. Sofia frissonna, bien qu'en bonne voie de guérison, la cicatrice était toujours légèrement sensible du fait du sortilège utilisé par le mangemort.
— Comment tu t'es fais ça ?
Sofia se mordilla la lèvres, ne souhaitant pas mentir à ses amis, mais ne pouvant décemment pas leur dire la vérité sans trahir l'Ordre du Phénix. Sirius fronça un peu plus les sourcils, creusant la ride qui se dessinait entre eux. Sofia lui jeta un regard destiné à lui faire comprendre qu'elle ne pouvait pas lui donner de réponse à cette question.
Sirius pinça les lèvres et fit un effort incommensurable pour passer à autre chose. Sofia l'en remercia d'un petit sourire, mais elle sut qu'elle n'échapperait pas à des questions une fois qu'ils seraient seuls tous les deux.
La jeune femme les questionna sur les cours, les ASPIC à venir et la croisade de James pour conquérir Evans. Elle voulait rattraper tout ce qu'elle avait manqué durant ces quelques semaines d'absences. Elle apprit que les garçons ne s'attendaient pas à avoir autant de travail, et plus particulièrement Remus qui avait été nommé Préfet-en-Chef. Leurs semaines étaient chargées entre les cours, le Quidditch, les réunions de Préfet et leurs diverses blagues.
Quant à James, il s'était beaucoup rapproché de Lily Evans. Ils passaient tous les deux du temps ensemble, discutant de tout et de rien et faisant connaissance comme ils n'avaient jamais pris le temps de le faire. James expliqua à Sofia qu'il tombait un peu plus amoureux d'elle chaque jour en découvrant quelle jeune femme douce et altruiste la jeune Evans était. Quant à elle, elle appréciait de plus en plus le véritable James et pas le crétin qu'il avait toujours était avec elle. En bref, leur histoire était sur la bonne voie.
Durant tout le temps que dura leur petite conversation, Sofia avait donné la main à Sirius, qui dessinait des petits ronds sur sa paume. Elle était soulagée de voir que le garçon n'était pas plus fâché que cela de ses secrets, même si cela commençait à peser un certain point entre eux.
Ses réflexions furent interrompus quand Remus émergea du tunnel. Il avait l'air fatigué, et ses vêtements étaient couverts de poussières après la traversé, mais ses yeux s'illuminèrent instantanément lorsqu'il aperçut Sofia au milieu de ses amis. Il se précipita vers elle en criant son prénom et la serra dans ses bras.
Il ne pensait pas qu'elle pourrait faire le déplacement pour Poudlard même si elle lui avait promis de tout faire pour être à ses côtés pour toutes les pleines lunes de cette année. Il avait angoissé en silence toute la journée, se demandant comment il allait pouvoir vivre cette pleine lune sans elle alors qu'il s'était tant habitué à sa présence. Il s'imaginait déjà passé toute la semaine suivante à l'infirmerie, comme lorsqu'elle n'était pas là, prenant un retard plus que conséquent dans ses cours.
Lorsque Sofia était là, ses transformations étaient plus "douces", même si elles restaient douloureuses. Il s'en réveillait beaucoup moins fatigué et endoloris qu'avant. Avant Sofia. Avant "la meute" comme elle l'appelait.
Alors tout ce qu'il trouva à dire à Sofia c'est merci, et le sourire éclatant qu'elle lui offrit en retour suffit à effacer ses angoisses.
Samedi 17 septembre 1977
C'est incroyable comme les vieilles habitudes reviennent facilement. Sofia avait l'impression qu'elle n'avait plus mis les pieds dans la Forêt Interdite pour une pleine lune depuis plusieurs années, pourtant courir dans les bois en compagnie des maraudeurs lui sembla aussi naturelle que de respirer ou de cligner des yeux.
Sous la pleine lune, brillante au milieu du ciel dégagé, elle courait aux côtés de Remus. Ils étaient suivis de près par James, Peter et Sirius. Cela faisait plusieurs heures qu'ils parcouraient les bois en long, en large et en travers. Sofia voyait bien que les trois animagi commençaient à fatiguer. Aussi, elle ralentis le rythme, forçant Remus à s'allonger dans une petite clairière remplie de fleurs.
L'endroit, sous la voûte étoilée et la lumière de la pleine lune, paraissait irréel. Les fleurs se paraient d'un dégradé de bleus et d'argent incroyables et Sofia prit encore une fois conscience d'à quel point elle avait de la chance de vivre des transformations conscientes contrairement à Remus. Le jeune homme ne pourrait jamais voir ce paysage magique de ses propres yeux.
Une fois dans la clairière, Remus se mit à jouer avec un lapin qu'il venait d'attraper. La pauvre bête était déjà morte mais le loup s'amusait à la jeter en l'air et à la rattraper au vol. Sofia s'allongea un peu à l'écart, observant le jeux de son ami d'un regard amusé. Sirius vient rapidement s'asseoir à côté d'elle. Sous leurs formes animales, Sofia faisait le double de la taille du jeune homme ce qui était assez drôle à observer.
La pleine lune se poursuivit ainsi doucement, permettant à chacun de renouer avec une époque qu'ils pensaient révolu. Sofia n'était plus à Poudlard, elle avait quitté ce cocon rassurant quelques mois plus tôt et devait depuis affronter l'horreur de la guerre. Elle se rendait maintenant compte d'à quel point Poudlard l'avait préservé de terreur qui faisait rage à l'extérieur.
Les morts et les disparus n'étaient plus de simples noms sur un journal mais une vérité absolue. Les raids d'inferis n'étaient plus qu'une note dans les faits divers, mais une peur quotidienne. Les mangemorts n'étaient plus de vagues individus masqués mais de véritables démons qui saccageaient l'Angleterre de fond en comble. Sofia en était plus consciente que jamais. Les maraudeurs, bien que conscient également de cette vérité, restaient des étudiants de Poudlard avec des préoccupations telles que les ASPIC, les cours, les filles, ...
Cette vérité frappa Sofia de plein fouet. Elle avait plus grandie durant ce court été qu'elle n'aurait pu le penser. L'Ordre du Phénix l'avait fait grandir et mûrir un peu trop rapidement. Elle avait seulement dix-huit ans, un an de plus que ses amis, pourtant leurs préoccupations quotidiennes étaient à des années lumières les unes des autres.
Sofia jeta un coup d'œil à ses amis, soudain gênée de les savoirs si loin d'elle dans leurs préoccupations. Elle souhaiterait qu'ils restent pour toujours dans cette bulle d'innocence qui les protégeait du monde extérieur si horrible. Pourtant la vérité s'imposa à elle : d'ici quelques mois ils connaîtraient la même transformation radicale qu'elle. Et eux non plus ne seraient plus jamais de jeunes insouciants. Ils ne seraient plus "Les maraudeurs".
OoOoO
Sofia reprit forme humaine dans la petite chambre de la Cabane Hurlante aussi facilement que d'habitude tandis que Remus haletait de douleur à ses côtés. Le loup laissa rapidement place au corps du jeune homme recroquevillé sur le plancher et à bout de souffle. Pas le moins du monde gênait par sa nudité, Sofia le secoua doucement pour le faire émerger. Une fois chose faites elle se rendit derrière le vieux paravent défraîchis de la chambre et attendit que Remus sorte et que Sirius lui apporte son sac d'affaire de rechange.
Lorsque son petit-ami entra dans la chambre, il lui adressa un regard suggestif en laissant ses yeux parcourir son corps nus. Sofia lui tira la langue et enfila rapidement une culotte en coton jaune poussin, un short en jean et un sweat-shirt. Sirius retira quelques branches de ses cheveux, tandis qu'elle se brossait rapidement les dents pour retirer le goût du lapin cru de sa bouche.
Profitant du fait qu'ils étaient seuls tous les deux, Sirius l'embrassa doucement sur le front et la pris dans ses bras en chuchotant :
— Tu m'as manqué.
— Toi aussi Black.
Sofia lui rendit son étreinte en enfouissant une fois de plus son nez dans la nuque de Sirius. L'odeur de chien mouillé et de sueur avait remplacé l'odeur du parfum à cause de leurs courses nocturnes, mais cela ne la dérangea pas. Elle aimait cette odeur propre à Sirius. Elle déposa un baiser sur la clavicule du jeune garçon et lui offrit un sourire doux.
Sirius ne put s'empêcher de toucher à nouveau la cicatrice qui barrait désormais sa joue droite. Il murmura :
— Tu m'expliqueras quand tu pourras, hein ?
— Bien sur. Et j'espère que ce jour arrivera rapidement.
— Moi aussi. Je n'aime pas savoir que tu prends des risques alors que nous sommes tous les quatre en sécurité ici.
Sofia lui caressa à son tour la joue et murmura :
— Au contraire, j'adore vous savoir ici en sécurité. Comme ça je n'ai à m'inquiéter que de ma propre survis.
Sirius embrassa son front et la prit à nouveau dans ses bras. Malheureusement pour eux, ce moment de douceur fut gâché par James qui entra dans la pièce avec les mains devant les yeux et un sourire idiot sur le visage. Le jeune Potter s'écria :
— J'espère que vous n'êtes pas en train de me concevoir un petit neveu parce qu'on vous attend. Remus est déjà parti rejoindre les professeurs et on ne va pas tarder à partir aussi.
Sirius leva les yeux au ciel tandis que Sofia retenait un fou rire. Pourtant, ils quittèrent tous les trois la pièce pour rejoindre Peter qui les attendait. Sofia savait que le directeur avait mis à sa disposition des appartements dans l'aile réservée aux invités jusqu'au lendemain matin afin qu'elle puisse se reposer de sa pleine lune avant de retourner chez elle. Elle en informa les garçons qui la pressèrent pour les laisser venir.
— Je veux bien passer la journée avec vous là-bas, mais à partir de ce soir tout le monde dégage. Sauf Sirius. On doit concevoir un petit neveu à James.
D'un geste théâtrale, James mit ses mains sur ses oreilles et ferma les yeux en criant à qui voulait bien l'entendre qu'il allait devoir fréquenter un psychomage pendant trois ans pour effacer cette image de son esprit.
OoOoO
De retour au château, ils prirent tous la direction de l'infirmerie pour rendre visite à Remus. Sofia réalisa qu'elle ne se sentait étrangement plus à sa place entre les couloirs du château. Après que l'infirmière leur ait assuré que Remus serait de retour dès le début d'après-midi avec eux, ils prirent la direction des nouveaux appartements de Sofia pour la journée.
Il s'agissait d'appartements simples, une simple pièce avec un lit, un coffre, un bureau, deux fauteuils et une cheminée. Une porte donnait sur une minuscule salle de bain. Le confort était spartiate, mais la pièce était chaleureuse, comme la majorité du château. Dumbledore avait envoyé des elfes de maisons garnirent gracieusement le bureau de diverses friandises et pâtisseries.
Après un petit-déjeuner plus que copieux, les quatre amis s'installèrent confortablement. Sirius s'assit sur le lit, posant son dos contre le mur. Sofia prit place à ses côtés, posant sa tête sur l'épaule du jeune homme. Peter et James prirent chacun place dans l'un des fauteuils.
Les discussions futiles s'enchaînèrent. Les cours, la nouvelle coupe de cheveux de Marlène MacKinnon, l'attitude prétentieuse de Rogue depuis la rentrée, ... Sofia laissa son esprit dérivée vers son ancienne maison et elle se fit la promesse de voir Regulus avant son départ, n'en déplaise à Sirius.
Remus les rejoint aux alentours de quatorze heures et ils se firent livrer des sandwichs par les Elfes-de-Maison. Le jeune loup-garou prit place sur le lit également, n'ayant pas d'autres endroit où s'asseoir. James et Sirius se lancèrent dans une discussion sur le Quidditch, tandis que Peter, Remus et Sofia parlaient du dernier roman que le premier avait lu.
A son plus grand bonheur, aucun d'eux ne posa de questions à Sofia sur son absence ou sa cicatrice, respectant son silence.
OoOoO
A dix-huit heures, Remus, James et Peter quittèrent les appartements de Sofia en lui faisant promettre de ne pas partir sans dire au revoir. Elle promit donc, leur assurant de les revoir avant son départ le lendemain matin. Après quelques blagues douteuses de James, les trois garçons fermèrent enfin la porte derrière eux et Sofia se retrouva seule avec Sirius.
Ils reprirent tous les deux leur place sur le lit, Sofia posant cette fois-ci sa tête sur les genoux du garçon qui se mit à caresser doucement son visage. Après quelques instants de silence réconfortant, Sirius posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis la veille au soir :
— Que t'est-il arrivé à la joue ?
Sofia se mordilla la lèvre, se demandant ce qu'elle était en mesure de révéler sans trahir le secret de l'Ordre du Phénix. Sirius, s'impatientant légèrement, arrêta de lui caresser le visage et plongea ses yeux dans ceux de la jeune femme :
— Sofia.
Son ton sonnait comme un avertissement.
— Un sortilège que je ne connaissais pas a frôlé ma joue et laissé une cicatrice, malgré des soins rapides.
— Pourquoi as-tu été exposée à ce genre de sortilège ?
— Je ne peux pas répondre à cette question.
Le silence reprit ses droits entre eux et Sirius reprit ses caresses, lentement, comme s'il hésitait. Il pose alors une question qu'il avait envie de poser depuis quelques semaines à la jeune femme.
— Sofia... Quand tu m'as dis que tu participais à la guerre en défendant la cause des innocents qui sont attaqués par les mangemorts, je n'ai pas posé plus de questions mais...
Sofia sut qu'il savait, avant même qu'il ne termine sa phrase.
— Tu fais partie de l'Ordre du Phénix ?
Sofia ne put répondre à cette question. Elle était soumise au secret magique et ne pouvait donc rien dire à ce sujet. Sirius ne chercha pas plus loin. Il avait très bien compris. Le silence reprit sa place entre eux, jusqu'à ce que Sirius murmure :
— Je trouve ça admirable que tu te battes pour cette cause, mais je ne te pardonnerai jamais si tu mourrais pour ce combat. Alors sois égoïste de temps en temps, d'accord ?
Sofia acquiesça, la gorge soudain nouée.
Bien entendue, elle avait déjà songé à cette éventualité. Bien qu'elle n'était pas l'Ordre depuis si longtemps, elle savait qu'elle s'exposait à un risque très grand. En soi, elle ne risquait pas grand chose de la part des mangemorts dans sa vie quotidienne, elle était de Sang-Pur, issue de l'aristocratie russe, et avait été à Serpentard. C'était bête à dire, mais elle ne présentait pas le genre de cible que les mangemorts appréciaient.
Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de penser à tous ses camarades qui n'avait pas la chance d'être bien né comme elle. Méritait-ils de mourir ? D'être torturés, enlevés, séquestré ? Qu'est-ce que sa naissance lui donnait de plus, hormis ce passe-droit scandaleux ? Il faudrait être un affreux égoïste pour ne pas se mêler de ce combat en se considérant soi-même en sécurité. Elle n'était pas de ce genre là.
A la suite de ce moment intense, le calme revint entre eux. La soirée s'étira doucement, ils discutèrent de tout et de rien. Vers vingt-et-une heures, ils se firent livrer de quoi dîner par les Elfes-de-Maisons. Différents petits sandwichs et des sablés pour le dessert. Ce n'était pas très équilibré, mais c'était au moins pratique à manger.
Sofia raconta à Sirius quelques brides de son enfance :
— Avec Bisk, mon Elf-de-Maison, on regardait très souvent la télévision moldue. Mon père l'avait trafiqué pour que nous ayons accès à des dizaines de chaînes, même si elles n'étaient pas toutes en couleur.
— Qu'est-ce que c'est une télévision ? demanda Sirius
— Une petite boîte rectangulaire qui montre des images avec du son. Les moldus s'en servent pour regarder des films et des émissions. Parfois c'est en noir et blanc, et parfois en couleur.
— Ils sont étranges ces moldus. Et puis, comment cela se fait-il que tu aies eu ça chez toi ? Tes deux parents étaient des Sang-Purs.
— Ma mère était fascinée par le Monde moldu, alors même si je l'ai pas connu, mon père a voulu perpétuer sa passion durant toute mon enfance.
— Ma mère n'a aucune passion à part celle d'être une horrible raciste.
— Cela doit être plutôt chronophage en effet.
Ils éclatèrent de rire tous les deux, ravie de pouvoir plaisanter sur un sujet qui met habituellement Sirius très mal à l'aise. Ils s'imaginèrent ensuite une journée normale dans la peau de la mère de Sirius et Sofia rigola tellement qu'elle en eut mal aux joues.
Après une nouvelle heure de confidences sans réelles importances et d'anecdotes sur leurs enfances respectives, Sirius demanda à Sofia :
— Et toi, tu voudrais des enfants ?
Sofia resta songeuse un instant. Elle ne se voyait pas terminer sa vie sans enfants, ça elle en était certaine. La relation qu'elle avait eu avec son père était trop précieuse à sa vie pour qu'elle ne tente pas de la reproduire avec ses propres enfants. Pourtant, un doute s'insinua en elle quand elle se rendit compte qu'elle n'avait aucun modèle maternel et qu'elle ne savait donc pas du tout comment une mère était censé se comporter avec ses enfants.
— Je ne sais pas trop. Oui, certainement, mais cela me semble tellement abstrait pour le moment... Je ne suis pas certaine d'être à la hauteur.
Sirius lui jeta un regard compréhensif, les mêmes doutes l'assaillaient.
— Tes enfants seraient logiquement des loup-garous, comme toi, non ?
— Il y a de grandes chances oui.
Sirius resta un instant silencieux avant de pouffer doucement sous le regard interrogateur de Sofia. Sirius ne put s'empêcher de rougir en expliquant :
— J'imaginais James garder "ses petits neveux" alors qu'ils se changeraient à volonté en petit loups surexcités.
Sofia éclata également de rire à cette vision et ne put s'empêcher de charrier Sirius en lui disant :
— Alors comme ça, tu voudrais des enfants avec moi ?
Sirius rougit un peu plus, mais lui offrit un sourire charmeur en répondant :
— Qui n'en voudrait pas ?
Il se pencha pour embrasser Sofia et le baiser dégénéra rapidement. Sirius glissa ses long doigts sous le pull de Sofia tandis que celle-ci s'attaquait à la braguette de son pantalon. L'un comme l'autre s'étaient beaucoup trop manqué.
Le goût salé de la peau de Sirius. La douceur des cheveux de Sofia. La perfection avec laquelle leurs deux corps s'emboîtaient. Les frissons qui parcouraient leurs corps. Leurs gémissements de plaisirs. Leurs noms murmuraient dans un orgasme. Tout était un indice qui les guidait vers une seule évidence : ils étaient fait l'un pour l'autre. Et ils se le prouvèrent une bonne partie de la nuit.
Dimanche 18 septembre 1977
Après avoir passé une bonne partie de la nuit à s'entraîner à concevoir un neveu à James, Sirius et Sofia émergèrent aux alentours de dix heures du matin. Ils étaient nus, l'un comme l'autre, et courbaturés par leurs prouesses acrobatiques de la nuit.
Ils traînèrent un instant au lit, profitant l'un de l'autre en sachant pertinemment qu'ils ne se reverraient pas avant un moment, jusqu'à ce que des coups frappés à la porte retentissent. Sofia se leva et enfila rapidement le maillot que Sirius portait la veille sans prendre la peine de mettre des sous-vêtements. Il s'agissait d'un simple maillot gris, en coton, et du fait de sa petite taille il lui tombait à mi-cuisse. Sirius se couvrit simplement du drap, cachant sa nudité jusque là exposé.
Lorsque Sofia ouvrit la lourde porte en chêne qui marquait l'entrée de ses appartements du week-end, elle tomba nez-à-nez avec Regulus. Le jeune homme lui offrit un grand sourire avant de rougir violemment à la vue de la tenue de la jeune femme. La teinte rouge de ses joues devint cramoisie lorsqu'il avisa son frère, visiblement nu, dans le lit derrière Sofia. Sofia lui offrit un sourire resplendissant tandis qu'il bredouillait :
— Oh euh... Je suis désolée, je... J'ai appris que tu étais au château et je voulais te... Enfin, te dire bonjour, tu vois ? Je pensais pas que... Enfin, je voulais pas vous déranger...
Sofia sourit d'autant plus, amusée par la gêne de son ami, tandis que Sirius grognait de mécontentement.
— Ça me fait plaisir de te voir Regulus, je comptais venir te saluer avant mon départ.
— Oui, on se voit tout à l'heure ce sera plus... simple.
Le pauvre garçon était toujours aussi rouge face à la jeune fille hilare.
— A quelle heure pars-tu ? demanda-t-il, tout de même.
— Aux alentours de midi je pense. Je ne veux pas abuser de la gentillesse de Dumbledore.
— D'accord, on se voit vers onze heures et demie dans le hall ?
— Ça marche. A tout à l'heure !
Regulus s'éclipsa aussitôt tandis que Sofia refermait la porte, un air moqueur toujours sur le visage. Sirius boudait toujours lorsqu'elle se glissa dans le lit à ses côtés.
— Pourquoi il vient te voir cet imbécile ? Et qu'est-ce qui te prend d'ouvrir la porte dans cette tenue ?
Sofia pouffa en ayant l'impression d'avoir un enfant de cinq ans en face d'elle, mais elle prit le temps de répondre d'une voix calme :
— Il vient me voir parce que nous sommes amis. Et ensuite, il valait mieux que j'ouvre la porte dans cette tenue que nue.
— Mmmh.
Sofia sourit et se glissa entre ses bras en murmurant :
— Arrête de grogner... Je pars d'ici dans un peu plus d'une heure et j'ai pas envie de gâcher le temps qui nous reste.
Sirius resserra son étreinte. Sofia embrassa sa clavicule et murmura :
— Nous avons encore une quarantaine de minutes avant de quitter la chambre, et j'ai bien une idée de comment m'occuper.
A peine avait-elle terminée sa phrase que Sirius avait déjà écrasé sa bouche contre la sienne dans un baiser vorace.
OoOoO
Sofia sera encore une fois tous ses amis dans ses bras. Les maraudeurs au grand complet était rassemblé dans le hall pour son départ et elle avait vraiment le cœur brisé de les quitter à nouveau. Un peu à l'écart, Regulus attendait patiemment qu'elle vienne lui adresser quelques mots.
Sofia prit une dernière fois Peter dans sa bras, puis James et enfin Remus. Elle leur fit promettre d'écrire et promis au loup-garou de tout faire pour revenir à la prochaine pleine lune. Elle prit ensuite Sirius dans ses bras et posa un doux baiser sur ses lèvres. Il lui caressa la joue et dit :
— Prends soin de toi, Petrov.
— Sois sage, Black.
Il lui tira la langue et elle rit doucement. Elle s'éloigna d'eux avec un petit signe de la main pour rejoindre Regulus et lui dire quelques mots avant son départ. Sirius fronça les sourcils, mais ne dit rien de plus et suivit les maraudeurs qui prenaient la direction de la salle commune.
Regulus lui offrit un sourire amicale.
— Salut ! Tu es plus décente que ce matin.
— J'imagine que oui, rit Sofia. Comment vas-tu ?
— Plutôt bien. Comment se sont passés tes ASPICS ?
— Très bien, j'en ai eu 6. Et tes BUSES ?
— Très bien aussi, je les ai toutes eues.
Le silence s'étira entre eux et Sofia eut une étrange impression. Cette impression que tout ce qui faisait que Regulus et elle s'entendait autant était en train de s'effilocher avec le temps. Ils s'entendaient bien parce qu'ils étaient dans la même maison et qu'ils avaient tous les deux des examens en fin d'année. Ils s'entendaient bien parce que, au sein de Serpentard, ils avaient les mêmes passions. Malheureusement, tout cela ne les liaient plus. Regulus semblait en être arrivé à la même conclusion.
— Bon.
— Bon.
Le silence, encore.
— Et bien, à bientôt Sofia. Repasse me voir si jamais tu reviens à Poudlard.
— Oui. Écris-moi, d'accord ?
— Ça marche.
Regulus s'éloigna d'elle avec un sourire gêné et un geste de la main et Sofia lâcha un soupir. Elle avait rarement vécu une scène aussi malaisante que celle-ci.
Après un dernier regard au hall du château, elle prit la direction de Pré-au-Lard pour pouvoir transplanner chez elle. Il était temps qu'elle retourne à son propre quotidien. Et malheureusement pour elle, celui-ci n'était plus au château.
