CHAPITRE 22 : NOËL EN FAMILLE


Ellipse

Les mois qui suivirent la visite de Sofia à Poudlard furent sensiblement semblables au mois de septembre. Sofia enchaînait les petites missions pour l'Ordre, les entraînements pour se changer à volonté en louve, les pleines lunes à Poudlard, et les visites aux Potter. Elle avait peu vu les garçons durant ces longs mois. Surtout Sirius. Il lui manquait atrocement.

En parallèle, elle avait gagné en estime au sein de l'Ordre du Phénix du fait de son implication à plein temps dans la cause. Elle était l'un des seuls membres à ne pas avoir de famille ou de travail à qui consacrer la majorité de son temps. Cela faisait d'elle un membre particulièrement impliqué dans la lutte contre Voldemort, même si cela soulignait également son manque cruel de vie sociale.

Heureusement pour elle, les vacances de noël étaient enfin là, et elle allait pouvoir souffler un petit peu. Les maraudeurs étaient d'ailleurs du même avis. Ils subissaient leur septième années et le travail qui leur étaient demandé de mauvaise grâce. L'absence de Sofia leur pesait, surtout à Remus et Sirius. Encore plus lorsqu'ils étaient noyés sous les devoirs et les révisions pour leurs ASPIC respectifs.

Bien sur, de bonnes nouvelles avaient égayé leur automne. La principale étant que James s'était beaucoup rapproché de Lily. Sofia ne doutait plus qu'ils seraient bientôt ensemble. Elle avait d'ailleurs hâte de pouvoir charrier son ami à ce sujet.

Jeudi 22 décembre 1977

Le quai de la voie 9 3/4 était bondée de monde, malgré la neige environnante et la température négative. Sofia, vêtue d'une cape bien chaude, attendait les maraudeurs en compagnie des Potter. Il était étrange de se retrouver de ce côté du quai, et non dans le Poudlard Express, même si elle ne l'avait pas pris durant toute sa scolarité.

Elle avait encore une fois l'impression d'avoir changé de monde en laissant ses amis derrière elle et elle fut à nouveau tiraillée entre l'impatience de les voir finir leur scolarité, mais également la peur de les voir quitter ce cocon de sécurité qu'était Poudlard. Dilemme difficile.

Le train fit son apparition au bout du quai, la tirant de ses pensées. Un épais nuage de fumée se dégageait de la locomotive, cachant les wagons à Sofia. Elle patienta calmement le temps que le train s'immobilise mais ne put s'empêcher de tendre le cou pour tenter de voir ses amis lorsqu'un flot d'élève se mit à sortir des wagons.

Elle finit par apercevoir les quatre garçons qui sortaient en rigolant. Elle ne les avait pas vu depuis la dernière pleine lune, quelques semaines plus tôt. Sirius fut le premier à la voir et se précipita vers elle. Il la prit dans ses bras, la faisant tournoyer, avant de l'embrasser sans aucune gêne. Sofia rit intérieurement : loin était l'époque où ils n'osaient pas s'avouer leurs sentiments. Elle lui rendit donc son baiser, sous les rires amusés des Potter.

Les trois derniers maraudeurs s'approchèrent rapidement et prirent à leur tour leur amie dans leurs bras. Les retrouvailles étaient comme toujours très chaleureuses. Sirius avait pris la main de Sofia dans la sienne après leur embrassade et ne l'avait toujours pas lâché. Il avait trouvé le temps long depuis leur dernière journée ensemble et n'en pouvait plus de devoir à chaque fois attendre de longues semaines entre les visites de son amie. Il avait donc bien l'intention de profiter à fond des vacances et du temps dont il disposait avec elle avant de retourner à Poudlard.

Peter fut le premier à saluer Sofia et ses amis pour rejoindre sa mère qui l'attendait à l'écart. C'était une femme à l'air fatiguée et Sofia se sentit légèrement désolée pour Peter lorsqu'elle accueillit son fils d'un simple signe de tête avant de s'éloigner en direction du passage entre les voies 9 et 10. Personne d'autre ne sembla pourtant avoir remarqué l'échange froid entre la mère et son fils, et Sofia se détourna de la scène pour poursuivre la conversation avec ses amis.

Remus était en train de lui raconter la dernière blague en date de James et Sirius : ils avaient fait disparaître le chapeau du Professeur Flitwick en plein cour. Loin de les punir, le professeur les avaient félicité pour leur "excellente maîtrise de la magie" et avait ajouté 10 points à Gryffondor. Sofia soupira et demanda d'un air désabusé :

Quand allez-vous grandir, les garçons ?

Il a dit que c'était de la "belle magie", il a adoré ! se justifie aussitôt James.

Monsieur Potter eut un rire amusé qu'il étouffa en une toux discrète sous le regard mécontent de sa femme. Cette dernière commença à sermonner les garçons sur l'importance du respect envers ses aînés et ses professeurs. Pourtant, même elle ne parvenait pas à dissimuler son air amusé.

Remus prit alors congé de la famille Potter. Avant de rejoindre ses parents, qui discutaient un peu plus loin avec des amis de son père, il embrassa Sofia sur la joue s'attirant un regard noir de Sirius. Il leva les yeux au ciel devant la jalousie maladive de son ami et s'éloigna du petit groupe avec un signe de la main.

Aussitôt le loup-garou parti, les Potter annoncèrent leur propre départ aux trois jeunes gens. Il avait été convenu que Sofia passerait quelques jours chez eux jusqu'à noël. Se retrouver "en famille" lui ferait du bien en cette période de fêtes de fin d'année.

Elle se souvint alors de noël dernier. Elle était à Poudlard, épuisée et soumise à une gueule de bois à la suite du bal de noël. Elle s'était beaucoup rapproché de Sirius ce soir là. Y avait-il eu un bal de noël cette année ? Avant qu'elle n'ait pu poser la question à Sirius, ce dernier disparut au bras de Madame Potter. Monsieur Potter et James disparurent peu après. Aussitôt, Sofia transplana à son tour jusqu'au Manoir.

Elle apparut dans le Hall. Madame Potter avait déjà disparut de l'entrée et se trouvait dans la cuisine pour donner les directives afin que le dîner du soir plaise aux jeunes gens. Monsieur Potter avait ensorcelé les bagages des deux garçons qui montaient tranquillement l'escalier jusqu'à l'étage. Sirius lui attrapa la main aussitôt qu'elle apparut pour l'entraîner à la suite de James dans la chambre de ce dernier.

Tandis qu'ils montaient l'escalier en bois sombre, Sofia demanda :

Il y a eu un bal de noël cette année ?

James pouffa aussitôt et Sirius rougit. Étonnée, Sofia haussa un sourcil interrogateur en direction de son petit-ami. Celui-ci répondit d'une voix gênée :

Oui, c'était mardi soir.

Vous y êtes allé ?

Oui, répondit Sirius, encore plus gêné.

Sofia plissa aussitôt les yeux en l'observant d'un air inquisiteur. Elle demanda d'une voix froide :

Avec qui ?

James pouffa à nouveau. Sirius rougit. Il connaissait assez Sofia pour savoir qu'il jouait ses vacances sur sa réponse. Si elle ne plaisait pas à Sofia, elle était capable de l'ignorer jusqu'à ce qu'il retourne à Poudlard. La voix qu'elle venait d'utiliser, très serpentaresque, l'inquiétait quelques peu. Il connaissait sa propre jalousie, mais savait également que malgré la confiance qu'elle lui accordait, Sofia avait ses propres limites. James répondit en premier :

Lily a accepté de m'accompagner à certaines conditions. Cela s'est plutôt bien passé dans l'ensemble, mais nous ne sommes pas resté très tard.

Pourquoi ? demanda Sofia, encore plus suspicieuse.

Sirius baissa les yeux. Ils venaient d'arriver devant la porte de la chambre de James et Sofia refusait d'y entrer tant que Sirius ne lui avait pas répondu. Ce dernier tordait ses mains, mal à l'aise, avant de répondre du bout des lèvres :

J'y suis allé avec Marlène.

Sofia fronça les sourcils et cracha avec un fond de venin dans la voix :

Marlène ? Marlène McKinnon ?

Oui.

Je sens que ça va être drôle, murmura James pour lui même.

Il contempla un instant les yeux de Sofia qui jetaient des éclairs et l'air gêné de Sirius. Il se demanda quand est-ce que son ami allait lâché la bombe. Et quand est-ce que Sofia allait tuer leur jeune camarade. Vraiment, ça promettait d'être drôle.

Tu es au courant qu'elle en pince pour toi depuis des années et que je n'ai jamais pu la supporter ? demanda Sofia, qui commençait doucement à s'énerver.

Et bien figure toi que je n'en savais rien. Jusqu'à mardi.

James sourit un peu plus. Le dénouement approchait. Il avait hâte. Sofia, impitoyable, dit :

Raconte. Dépêche toi.

Elle m'a embrassé, lâcha Sirius en jetant un coup d'oeil inquiet à Sofia.

Sofia pinça les lèvres si fort qu'elles ne formèrent plus qu'une simple ligne sur son visage. Ses yeux bleus lançaient des éclairs. Elle était mille fois plus impressionnante que la fois où elle les avait disputés comme des enfants après leur blague qui avait teint tous les cheveux des Serpentard en rouge. Mille fois plus. Pourtant, quand elle posa sa question suivante, sa voix était calme. Beaucoup trop calme pour que cela ne glace pas le sang de Sirius :

Elle a quoi ?

Elle m'a embrassé, répéta Sirius. Mais je l'ai repoussé ! s'empressa-t-il de dire.

J'espère bien que tu l'as repoussé espèce de sombre crétin ! explosa Sofia.

Son accent russe, renforcé par son énervement, rendait l'ensemble encore plus impressionnant. James, qui observait la scène comme si c'était le meilleur divertissement de sa journée, eut tout de même pitié de Sirius qui se ratatina d'un air désolé. Il n'aurait pas aimé être à sa place. Pour rien au monde. Sofia marmonna alors, dans sa langue natale :

Net, kakoy pridurok! Ne mogu poverit', chto vlyubilsya v takogo duraka! Chestno govorya ... No chto on vzyal u menya? (Non mais quel crétin ! Je n'en reviens pas d'être tombée amoureuse d'un imbécile pareil ! Franchement... Qu'est-ce qui m'a pris ?)

Sirius se ratatina un peu plus, même s'il n'avait pas compris un traître mot de la tirade de Sofia. Elle planta alors ses yeux bleus dans les yeux gris du fameux crétin et murmura d'un air froid :

J'espère qu'elle a compris. Sinon, je lui ferai moi-même comprendre, et pas avec des mots.

Sirius hocha aussitôt la tête. Il ne doutait pas que Marlène avait parfaitement compris qu'il n'était pas disponible puisqu'il s'était mis à lui hurler dessus en plein bal de noël quand elle l'avait embrassé. Mais il avait encore un peu trop de fierté pour oser avouer à Sofia qu'il avait tout simplement hurler en pleine Grande Salle, devant l'école entière, qu'il était fou amoureux d'elle et que Marlène avait intérêt à prier pour que Sofia n'apprenne jamais ce qu'il venait de se passer. Oui, il avait encore un minimum de fierté. Dommage pour lui, James n'en avait rien à faire de sa fierté.

Je pense qu'elle a compris au moment où Sirius lui a hurlé dessus en plein milieu de la Grande Salle. Qu'est-ce que tu as dit déjà Patmol ? Ah oui : "Je suis fou amoureux de Sofia et tu ne lui arriveras jamais à la cheville". C'était ça non ? Juste avant que tu ne dises à Marlène qu'il valait mieux pour elle que Sofia n'apprenne jamais ce qu'il s'était passé. A moins que cela soit avant que tu cries que Sofia était "la plus belle femme que tu n'ais jamais rencontré" ? Je ne me souviens plus très bien de l'ordre vu le nombre de Whisky Pur-Feu qu'on a bu avec Franck, Peter et Remus au cours de la soirée.

Cette dernière tirade de James acheva Sirius qui devient aussi cramoisie que le blason de sa maison. Sofia, quant à elle, fixait James d'un air plus que surpris. Puis, elle se tourna vers Sirius et demanda, moqueuse cette fois-ci :

Tu as dis quoi ?

Je ne me souviens plus très bien, j'avais beaucoup bu, marmonna Sirius. Je ne me souviens que de Remus qui me bâillonne et que me tire hors de la Grande Salle tandis que McGonagall hurlait après Franck Longdubat pour avoir versé du Whisky Pur Feu dans le punch censé être sans alcool. Enfin, je crois que c'était Remus.

En fait c'était Peter, Remus était en train de tenter de limiter la casse avec Franck.

Oh.

Le silence prit place quelques secondes sur le palier avant que Sofia n'éclate de rire et n'attrapa la main de Sirius pour l'entraîner dans la chambre de James.

Vous m'avez vraiment beaucoup manqué, bande de crétins.

Sirius s'autorisa enfin un sourire soulagé : il n'était vraiment pas de s'en sortir aussi facilement cette fois-ci. James lui adressa un clin d'œil complice et entra à son tour dans sa chambre en proposant à ses amis de jouer à la Bataille Explosive en attendant l'heure du repas.

OoOoO

Plus tard, ce soir-là, alors que Sirius et Sofia étaient déjà bien au chaud sous les couettes du jeune homme, Sofia posa une question qui lui brûlait les lèvres depuis de longues heures :

Tu ne savais vraiment pas qu'elle en pinçait pour toi ? McKinnon ?

Bien sur que non, je n'en savais rien. Sinon je n'aurais pas accepté sa proposition de m'accompagner.

C'était pourtant évident quand elle te regardait qu'elle t'aimait bien, répondit Sofia avec une pointe de reproche.

Je n'ai pas pu m'en rendre compte vu que je ne la regarde jamais. Depuis le bal de noël l'année dernière, je n'ai d'yeux que pour toi.

Sofia rougit légèrement et dit d'une voix moqueuse :

Charmeur !

Sirius l'embrassa doucement sur le front. Aussitôt, Sofia se blottit un peu plus contre lui.

Tu as vraiment hurlé ton amour pour moi devant tout Poudlard ?

Il semblerait.

Je ne sais pas si je trouve ça mignon ou stupide. Certainement un peu des deux.

Sirius rit doucement dans l'obscurité de sa chambre.

Tu m'as manqué, Petrov.

Toi aussi Black. Vraiment beaucoup.

Je savais que tu ne pouvais pas te passer de moi.

Sofia leva les yeux au ciel, bien qu'il fasse trop sombre pour que Sirius le voit.

Si tu continues à te conduire en parfait crétin, je vais peut-être contacter Jacob Adrew. Tu te souviens ? Mon partenaire de DCFM l'année dernière.

Sirius resserra aussitôt ses bras autour du corps de Sofia et grogna d'un air mécontent :

T'as pas intérêt à faire ça, Petrov.

Sofia ricana, avant de se redresser sur son coude. Ses longs cheveux, détachés, frôlèrent la joue de Sirius en lui tirant un frisson. Elle caressa sa joue d'un main douce et murmura :

Ya lyublyu tebya.

Sirius demanda en chuchotant :

Qu'est-ce que cela veut dire ?

Je t'aime, répondit Sofia.

En réponse, Sirius plaqua sa bouche contre la sienne. Cela faisait plus de deux semaines qu'ils ne s'étaient pas vu, et les choses dégénérèrent rapidement. Dans un dernier éclair de lucidité, Sofia prit le temps de jeter un sortilège d'insonorisation à la chambre, puis ils se perdirent dans les brumes du plaisir.

Samedi 24 décembre 1977

Madame Potter s'était réellement surpassée pour le soirée du réveillon. Elle avait tout d'abord, au grand damne de Sofia, imposé un dress code très strict. Sirius, toujours ravie à l'idée d'enfiler un costard, avait été ravi. Tout le contraire de Sofia qui avait de l'urticaire rien qu'à penser aux talons qu'elle allait devoir porter toute la soirée.

Ravie d'avoir une jeune fille sous la main, Madame Potter avait pris en charge sa préparation. Elle lui avait prêter une robe (qu'il avait fallut raccourcir de dix centimètres), des chaussures (qu'il avait fallut agrandir de deux pointures) ainsi qu'une parure de bijoux (qui devait coûter aussi cher qu'un appartement à Londres). Madame Potter avait balayé cette dernière remarque de Sofia d'un geste distrait de la main, argumentant que Monsieur Potter lui offrait souvent des bijoux hors de prix pour se faire pardonner de travailler autant.

Alors vêtue d'une robe verte sapin, lui arrivant aux genoux, avec une coupe plutôt classique, Sofia avait la troublante impression de ressembler à sa propre mère. Le peu de photos que son père avait conservées d'elle la représentait souvent dans des robes semblables, un air sage gâché par le sourire moqueur qu'elle adressait à l'objectif.

Tandis qu'elle s'employait à tresser ses longs cheveux fins, Madame Potter avoua à Sofia qu'elle était ravie de pouvoir s'occuper d'elle ainsi.

J'ai toujours rêvé d'avoir une fille, mais la nature ne m'a pas permis d'avoir d'autres enfants après James, ajouta-t-elle.

Il se suffit à lui-même, plaisanta Sofia pour détendre l'atmosphère.

Madame Potter sourit, amusée, et confirma :

Oh oui, c'est déjà bien assez de travail à lui tout seul ! Entre Sirius et lui, je risque d'avoir des cheveux blancs bien avant d'atteindre mes cinquante ans.

Sofia sourit à son tour et s'observa dans le miroir. L'impression de ressembler à sa mère se renforça lorsque Madame Potter roula la tresse qu'elle venait de lui faire en un chignon aristocratique. Apercevant son air troublé, elle lui demanda :

Tu n'aimes pas ? Je peux te faire autre chose si tu préfères.

Non, non, c'est très joli. C'est juste que... Je ressemble à ma mère.

Oh... Tu parles très peu de ta mère. Comment était-elle ?

Je ne sais pas, je ne l'ai pas connu. Mon père avait coutume de me dire qu'elle avait l'air aussi sage et féminine que j'ai l'air impertinente, mais qu'elle était aussi malicieuse qu'une enfant de cinq ans.

Madame Potter lui sourit alors doucement tandis qu'elle attachait le collier hors de prix autour du cou de Sofia.

Je suis sûre qu'elle serait très fière de ce que tu es devenue aujourd'hui.

Je l'espère. J'espère qu'elle approuverait les choix que j'ai fait.

Je n'en doute pas.

Sofia la remercia d'un murmure, puis Madame Potter s'attaqua à son maquillage.

OoOoO

Après près d'une heure de torture en tout genre, Madame Potter relâcha enfin Sofia. Elle avait l'allure parfaite d'une jeune aristocrate anglaise. Ses tallons, vertigineux à son humble avis, lui faisaient un mal de chien. Elle n'avait plus l'habitude de porter de telles échasses. James, pourtant habitué à la charrier, se contenta d'afficher un air surpris lorsqu'il la vit et la complimenta :

Tu es vraiment splendide ! On dirait presque que tu es une jeune fille bien élevée.

Moque-toi Potter. Si tu fais la moindre photo, je te pends par le caleçon.

James éclata de rire, rassuré d'un certain côté de voir que même si elle en avait l'apparence, Sofia était loin d'être une jeune fille bien élevée. Il fut cependant dispensé de réponse puisque Sirius sortit à cet instant de sa chambre et resta bouche-bée devant Sofia.

Il la trouvait splendide, avec son chignon serré, sa robe classique, la parure d'émeraudes à son cou et à ses oreilles, et ses escarpins crème d'une dizaine de centimètres. Vraiment splendide. Pourtant, il ne la trouva pas plus belle que quelques heures plus tôt, lorsqu'elle s'était réveillée nue, à côté de lui, les cheveux en bataille et les yeux gonflés de fatigue. C'est ce qu'il lui murmura à l'oreille lorsqu'il l'enlaça. Sofia rougit violemment mais lui offrit un sourire complice.

James, levant les yeux au ciel devant leur petit manège amoureux, dit d'une voix moqueuse :

Quand vous aurez fini de vous draguer mutuellement, on pourra peut-être rejoindre mes parents pour l'apéritif. Ma mère ne tolère aucun retard à noël.

Il est vrai que Madame Potter prenait très à cœur la réussite des fêtes de fins d'années. Elle avait décoré au millimètre le manoir, le couvrant entièrement de branches de sapin fraîches, de houx, de bougies flottantes et de chaussettes rouges et vertes. Une odeur de dinde aux marrons flottait dans l'air, tandis que Noisette portait un bonnet de père noël à grelot qui tintait à chacun de ses pas. Le piano qui se trouvait dans le salon jouait de lui-même un air de noël en boucle depuis près de trois heures. Chaque meuble de la maison était couvert d'assiettes de sablés décorés avec minuties.

En un mot comme en mille, Madame Potter était envahie par l'esprit de noël de manière plutôt incroyable. Depuis le matin, elle courrait d'un bout à l'autre de la maison en chantonnant "We wish you a Merry Christmas", ne s'accordant aucun répit hormis l'heure qu'elle avait passé à préparer Sofia.

Sofia et Sirius suivirent donc James jusqu'au salon où Madame Potter servait, avec entrain, cinq coupes de Champagne sorcier. Elle s'extasia à l'arrivée des trois jeunes et leur demanda de s'asseoir sur le sofa. Sofia s'assit donc au milieu de divan, tandis que Sirius s'asseyait à sa gauche et James à sa droite. Aussitôt, Madame Potter leur tendit à chacun une coupe de Champagne et proposa de trinquer.

A la famille, annonça-t-elle avec un immense sourire.

Tout le monde l'imita et elle sembla enchantée, comme si ils lui avaient fait le plus beau cadeau du monde.

La soirée suivit tranquillement son cours, Monsieur Potter tentant tant bien que mal de freiner les ardeurs de sa femme. Il s'annonça vaincu quand à l'approche du dessert, elle décida qu'il était l'heure de prendre une photo tous ensemble. Malgré les protestations de James (Maman, c'est ringard les photos de noël en famille !), de Sirius (Madame Potter, je ne peux plus bouger avec le nombre de morceaux de dinde que vous m'avez fait avaler !), de Sofia (Vous êtes sûre, on pourrait peut-être en faire une demain plutôt ?) et de son mari (Chérie, je sais que tu adores noël, mais ne penses-tu pas que tu en fais un peu trop ?), Madame Potter tendit son appareil photo à Noisette.

Elle obligea sa petite famille recomposée à prendre la pose devant la cheminée. Sofia se retrouva bien malgré elle au centre, tandis que Monsieur et Madame Potter encerclait leurs deux fils. Pourtant, elle sourit naturellement en entendant Madame Potter crier de tout son cœur "Chocogrenouille" pour présenter un sourire éclatant à la photographie. Noisette saisit l'instant et Madame Potter s'empressa de développer magiquement le cliché. On l'y voyait, un immense sourire aux lèvres, un bras autour des épaules de Sirius. Ce dernier, souriant également, levait les yeux au ciel tout en serrant la main de Sofia, qui souriait d'un air amusé. De l'autre côté du cliché, Monsieur Potter éclatait de rire, un bras autour des épaules de James qui tirait la langue à l'appareil. Un cliché de famille.

Alors, seulement à ce moment, Sofia ne regretta pas d'avoir pris une photo malgré son air de petite fille bien élevée.

OoOoO

La soirée ne s'acheva que bien plus tard, lorsque Madame Potter s'avoua enfin fatiguée. Tout le monde soupira discrètement de soulagement. La maîtresse de maison s'avérait absolument insupportable tant elle semblait vouer un culte à noël et tous les clichés qui y étaient attachés.

Lorsque Sirius et Sofia furent enfin de retour dans la chambre de ce premier, ils se laissèrent tomber sur le lit, épuisés. Sofia demanda :

C'est comme ça tous les ans ?

Hum, oui. Madame Potter adore noël. Littéralement.

Ils restèrent ainsi un long moment, avant de se décider à se mettre en pyjama. Sofia retira avec délice les tallons vertigineux que lui avait prêté Madame Potter, puis fit glisser la robe au sol, avant de retirer les bijoux et de les poser précautionneusement sur la commode de Sirius. Le jeune homme, de son côté, retira la cravate qui lui serrait le coup et déboutonna sa chemise noire. Amusé, il demanda à Sofia, tandis qu'elle n'était plus vêtue que de ses sous-vêtement en coton noir.

Tu ne trouves pas qu'on ressemble à un vieux couples d'aristocrates qui rentre d'une soirée mondaine quelconque ?

Si. Et j'espère qu'on deviendra jamais ce genre de couple. Je préfère passer mes soirées à lire au coin du feu avec toi.

Sirius lui adressa un regard attendri.

Ce programme me convient très bien.

J'espère bien, parce que c'est mon programme pour les cinquante prochaines années.

Pas plus de cinquante ?

Non, après je t'aurais tué parce que tu m'auras agacé.

Oh je vois, ça se tient.

Ils échangèrent un rire complice, puis Sofia se dirigea vers la douche de la salle de bain de Sirius. L'avantage de l'immense Manoir était que chacun possédait sa propre petit salle d'eau en plus de l'immense salle de bain familiale qui se trouvait au deuxième étage, entre la bibliothèque et le bureau de Monsieur Potter.

Sirius l'observa retirer ses sous-vêtements, pas le moins du monde gêné par sa nudité, puis détacher ses longs cheveux blonds qui tombèrent en douces ondulations sur ses épaules. Il ne put s'empêcher de lui dire :

C'est comme ça que je te trouve la plus belle.

Sofia rougit sous le compliment mais se tourna pour lui faire face, les mains sur les hanches. Entièrement nue, soumise au regard brûlant de Sirius, elle dit d'un air mutin :

Et si tu venais avec moi sous la douche pour me montrer à quel point tu me trouves belle ?

Sirius ne se le fit pas dire deux fois et il retira en hâte son pantalon, sa chemise ouverte, son caleçon et ses chaussettes. Sofia avait déjà disparu dans la petite pièce attenante et il entendait l'eau de la douche qui coulait doucement.

Lorsqu'il pénétra dans la pièce, Sofia était dos à lui, dans la douche. L'eau qui s'écoulait du pommeau de douche dégageait une forte vapeur, témoignant de sa température, avant de s'écouler paresseusement sur le corps pâle de la jeune femme. Elle avait les yeux fermés, le visage tourné vers l'eau, ses longs cheveux plaquaient dans son dos. Ils lui arrivaient désormais juste au dessus des reins et Sirius savait qu'elle ne tarderait pas à les couper. Sofia détestait se démêler les cheveux, et cela lui prenait trop de temps lorsqu'ils étaient aussi longs.

Tout en l'observant, il remarqua un bleu dans le bas de son dos. Puis la cicatrice qui barrait sa joue depuis le mois de septembre. Sa cuisse était également couverte d'une fine ligne plus claire, témoin silencieuse de la bataille qu'elle avait mené à Pré-au-Lard lorsqu'elle était encore étudiante à Poudlard. Elle était splendide. A ses yeux, elle était la femme la plus belle du monde.

Lorsqu'elle se retourna pour lui jeter un regard langoureux à travers la paroi vitrée, il se dépêcha de la rejoindre sous l'eau.

Il ne s'était pas trompé, l'eau lui brûla la peau dès qu'il entra dans la ligne du pommeau. Elle devait être à plus de quarante degrés. Pourtant, il ne serait sorti de cette douche pour rien au monde. Aussitôt qu'il fut à sa portée, Sofia l'attrapa et l'attira à elle avant de l'embrasser passionnément. Alors, Sirius ne fut plus que sensation.

L'eau chaude qui coulait sur leurs corps liés lui brûlait la peau, mais beaucoup moins que les baisers et les caresses de Sofia. Finalement, ils s'unirent contre le carrelage glacé de la douche, enrichissant encore le monde de sensation qui s'offrait à eux. Chaud et froid. Passion et tendresse. Sirius et Sofia.

Dimanche 25 décembre 1977

Une fois n'est pas coutume, Sofia fut réveillée avant Sirius. Elle n'était d'habitude pas du matin, mais devait bien reconnaître qu'elle ne s'était pas sentit aussi en forme depuis des semaines. Retrouver ses amis ainsi que la famille Potter la plongeait dans une douce torpeur qui lui permettait -presque- d'oublier la guerre qui faisait rage à l'extérieur. Presque.

Pourtant, égoïstement, elle ne voulait pas y penser plus que de raison. Elle avait envie de profiter de ces quelques jours hors du temps, de ces quelques jours de vacances en famille, sans se soucier des responsabilités qui lui incombaient désormais. L'Ordre de Phénix pouvait bien se passer d'elle quelques jours.

Allongés dans les draps chauds aux couleurs bordeaux de Sirius, elle se tourna vers lui. Il dormait encore profondément, ses cheveux noirs mi-longs en bataille, la bouche légèrement ouverte. Un fin ronflement s'échappait de ses lèvres et la fit sourire. Doucement, elle traça la ligne de sa mâchoire du bout des doigts, sentant les poils rugueux de sa barbe qui repoussaient. Il frémit et grogna dans son sommeil.

Debout Black, c'est noël, chuchota-t-elle.

Encore cinq minutes, grommela-t-il.

Sofia répéta sa caresse et chuchota à nouveau :

Nous sommes nus, et si James débarque en hurlant parce qu'il veut ouvrir ses cadeaux...

Sirius ouvrit immédiatement les yeux et rabattit la couette sur le corps dénudé de sa petite-amie. Puis il grogna à nouveau et tendit les lèvres vers elle, dans une demande muette de baiser. Sofia y accéda de bonnes grâces puis sortie du lit pour enfiler un bas de jogging et un t-shirt à Sirius. A son tour, le jeune Black sortit du lit pour revêtir un bas de pyjama à carreaux et un vieux t-shirt troué à l'effigie des Harpies de Holyhead.

A peine avait-il enfilé son t-shirt que des coups discrets furent frappés à la porte. Sofia haussa un sourcil surpris, James ne frappait absolument jamais. JAMAIS. Pourtant ce fut sa voix qui résonna à travers le bois.

Vous êtes habillés ? Je peux entrer ?

Euh, oui.

Sirius avait répondu, lui aussi étonné du comportement de son ami. Il n'était pas habitué à ce que Cornedrue respecte les règles de politesse basiques. James ouvrit prudemment la porte, une main sur les yeux, puis écarta les doigts. Satisfait de constater que ses deux amis étaient bel et bien vêtu de leurs pyjama, il afficha un sourire moqueur et dit d'une voix innocente :

Vous avez oublié le sortilège d'insonorisation hier soir. Enfin cette nuit. Les trois premières fois en tout cas, après je sais pas.

Sirius et Sofia virèrent au cramoisie. Si James avait entendu alors que sa chambre se trouvait au bout du couloir, Monsieur et Madame Potter qui avait leur chambre juste au dessus de celle de Sirius devaient également avoir tout entendu. Ravi de son effet, James s'éclipsa en direction de la cuisine tout en sifflotant un air de noël.

Sofia se tourna alors vers Sirius et, l'air choquée, murmura :

Tout le monde a tout entendu.

Oui, répondit Sirius, tout aussi mortifié.

Oh mon dieu. Cela va être le petit déjeuner le plus gênant de toute ma vie.

Oui, répéta encore une fois Sirius.

Ils échangèrent un repas pour se donner la force mutuelle d'affronter la situation, puis se rendirent à leur tour dans la cuisine. James leur jeta un regard moqueur, tandis que rouge de honte ils se servaient leur boisson chaude respective. Un chocolat chaud à la cannelle pour Sirius et un café noir pour Sofia. Monsieur Potter, un air amusé au visage, regardait les joues rouges des deux jeunes gens tout en balayant des yeux la Gazette du Sorcier.

Madame Potter fit alors son apparition, l'air joyeux, et sourit d'autant plus en avisant Sofia et Sirius. Elle éclata d'un petit rire joyeux et dit d'une voix amusée :

Ne vous en faites pas, nous avons insonorisé notre propre chambre dès que vous avez recommencé la deuxième fois.

Sofia s'étouffa avec son café tandis que Sirius devenait aussi rouge que ses draps. James éclata de rire, tandis que Monsieur Potter tentait de garder un semblant de sérieux. Sofia, finalement, prit son courage à deux mains et murmura, gênée au possible :

Je suis désolée, cela ne se reproduira plus.

Oui, je vous prie de nous excuser, ajouta Sirius.

Monsieur et Madame Potter balayèrent leurs excuses d'un geste de la main, avant que cette dernière n'ajoute :

C'est la fougue de la jeunesse. Je me souviens encore de l'époque où Fleamont et moi...

Maman ! la soupa tout de suite James d'un air affolé.

Cela eut le mérite de détendre une bonne fois pour toute l'atmosphère et le petit-déjeuner se termina dans un calme relatif.

OoOoO

Une fois le petit-déjeuner avalait et la gêne matinale estompée, les Potter, Sirius et Sofia s'attelèrent au déballage de leurs cadeaux respectifs. Comme lorsqu'il n'était encore qu'un enfant, James s'appliqua à distribuer les cadeaux d'un air ravi.

Monsieur et Madame Potter reçurent, de la part de Sirius, James et Sofia, un week-end dans un gite sorcier en Ecosse proposant divers services de massages ainsi qu'une chambre luxueuse. De leur côté, ils offrirent à James et Sirius de nouveaux gants de Quidditch en cuir de dragon, et à Sofia un petit bracelet en argent assez simple, mais plutôt joli.

Sofia reçu de la part de Sirius une collection de livres de poésie moldue qu'elle ne connaissait pas. De la part de James, elle reçut un pull en laine rouge criarde décoré de fils dorés sur les manches, si bien qu'elle leva les yeux au ciel d'un air amusé. Peter lui avait envoyé un joli carnet en cuir vert ; sur la première page il avait inscrit "pour raconter tes propres histoires". Sofia fut touchée de l'attention de jeune homme qui faisait toujours de réels efforts pour trouver des cadeaux adaptés à chacun de ses amis. Remus, enfin, lui offrit une paire de tennis blanche, certainement pour remplacer ses vieilles tennis trouées qu'elle traînait depuis des années maintenant.

James reçu de la part de Sofia et Sirius un exemplaire du Quidditch à Travers les Âges, ainsi qu'une caisse de chocogrenouille. De Peter, il reçut un ensemble de plumes aux couleurs mordorées. Remus, quant à lui, avait choisi de lui offrir un livre intitulé L'histoire du Vif d'Or, création et propriétés. Satisfait de ses cadeaux, il se plongea immédiatement dans la lecture du livre de Remus.

Sirius avait quant à lui reçu de la part de James un maillot blanc où était marqué "Je suis fou amoureux de Sofia Petrov". Cela fit beaucoup rire Sofia pourtant il jura que jamais il ne porterait un tel maillot en public. Son meilleur ami avait tout de même ajouté une vingtaine de Baguette Réglisse, les bonbons préférés de Sirius. Remus lui avait offert le dernier roman de son auteur préféré, tandis que Peter lui avait offert un abonnement à un magazine de moto moldu pour les trois prochains mois. Sofia, quant à elle, lui avait offert un double des clés de son appartement, scellant ainsi leur promesse de s'installer ensemble dès la fin des études de Sirius.

Noël fut donc une fois de plus une réussite. Il permit à Sofia de se retrouver dans un cocon familiale aimant, entourée de personnes qui lui étaient chères. Ce fut cette pensée qui lui traversa l'esprit quand Madame Potter attrapa son appareil photo pour réaliser un cliché des trois jeunes, assis dans le salon, entourés d'emballages déchirés.

Même si elle ne le savait pas encore, ce serait le cliché préféré de Sofia pour les vingt prochaines années de sa vie. On l'y voyait, riant aux éclats, sous le regard attendri de James et celui brûlant d'amour de Sirius.