CHAPITRE 24 : NOUVEL AN
Vendredi 30 décembre 1977
James Potter ouvrit un œil vitreux et regarda autour de lui, un instant perdu, avant de se rappeler qu'il était chez Sofia pour encore quelques jours. Dans un grognement, il s'extirpa du tas de couvertures informe qui le recouvrait et balaya le salon des yeux.
Remus, sur son lit de camp, dormait encore profondément, la bouche légèrement ouverte. Il respirait profondément et son nez se retroussait à intervalles réguliers. Sa ressemble avec un chien qui suit une piste fit naître un sourire moqueur sur les lèvres de James.
Situé à peine deux mètres de là, sur le canapé, Peter dormait également, murmurant des mots incompréhensibles à voix basse. Il s'était tellement enroulé dans ses couvertures que James se demandait comment il pouvait encore être capable de respirer.
Un regard en direction de la mezzanine lui apprit que Sirius et Sofia devaient également toujours dormir puisque la lumière était éteinte et que le silence régnait au sein de l'appartement. C'était assez rare lorsqu'ils étaient tous présents.
Il faisait toujours nuit noire à l'extérieur, mais sa vessie était proche de l'explosion et James savait qu'il n'arriverait pas à se retenir suffisamment longtemps pour ne pas inonder son matelas.
Dans un nouveau grognement, il se leva donc et s'étira longuement. Vêtu d'un simple caleçon, il grimaça en quittant la chaleur de sa couette et se dirigea vers l'escalier qui menait à la mezzanine et, par extension, à la salle de bain. Il aurait pu prendre le temps de passer un jogging et un maillot, mais il était bien trop dans le brouillard pour y penser. De toutes façons, il se recoucherait dès sa tâche accomplie.
Il gravit lentement les escaliers, tout en retenant tant bien que mal un bâillement. Ses yeux piquaient douloureusement et il savait que, une fois son envie soulagée, il pourrait se rendormir pendant plusieurs heures avant de réellement se réveiller. Il arriva finalement sur la mezzanine, toujours somnolant, et jeta machinalement un coup d'œil à ses amis endormis.
Mauvaise idée. Très mauvaise idée.
Il s'étouffa avec sa propre salive sous la vision de Sofia et Sirius, entièrement nus, blottis l'un contre l'autre. La couette du lit de la jeune femme lui arrivait au niveau du nombril, laissant sa poitrine à découvert. Sirius avait la tête dans son cou, offrant son postérieur à la vision de son meilleur ami qui sentait déjà le besoin de se laver les yeux à l'eau de javel.
James fit donc ce que ferait toute personne saine d'esprit face à deux de ses meilleurs amis nus comme le jour de leur naissance, en plein repos post-coïtal : il hurla.
Il hurla et mit une main devant ses yeux, réveillant en sursaut les deux autres qui hurlèrent à leur tour et se couvrir rapidement du drap, tout en lâchant une flopée de juron. Sofia posa même une main sur son cœur, sur la chaleur protectrice du drap, pour tenter d'en apaiser les battements. Elle avait cru un instant à une attaque et s'était affolée.
James, malgré la main qu'il avait devant les yeux, ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait vu Sofia nue. SOFIA. Certes, il n'avait vu que sa poitrine le temps d'une fraction de seconde, la couette dissimulant habilement le reste de sa personne. Il avait cependant le sentiment dérangeant d'avoir vu une sœur ou une mère totalement nue. Vraiment dérangeant.
Sirius de son côté, encore à moitié endormi, tenait fermement le drap pour dissimuler Sofia à la vision de James. Son ami l'avait déjà vu nu, après tout ils se douchaient ensemble dans les douches communes du vestiaire après les matchs de Quidditch, mais il ressentait une jalousie profonde à l'idée que quelqu'un d'autre que lui ait pu profiter de la vision de Sofia nue dans leur lit. Enfin, dans son lit. Mais c'était la même chose.
James entendit finalement très nettement la voix de Sofia qui laissa échapper une flopée de jurons russes avant de demander, d'une voix glaciale :
— Je peux savoir ce que tu fabriques James Potter ? Il est cinq heures du matin, bordel de merde !
Mortifié, James garda une main devant les yeux tout en fermant les paupières au maximum :
— Pardon, pardon. Je suis désolé ! J'avais envie de pipi et j'ai pas réfléchi, je dormais encore à moitié... Par Merlin, je suis désolé !
Sirius fixait son meilleur ami. Le traumatisme avait l'air profond. James était rouge de la pointe des oreilles jusqu'au torse et Sirius devinait aux traits de son visage que ses yeux devaient être puissamment fermés derrière sa main. En définitive, il ne savait pas vraiment s'il devait rire de la situation ou s'offusquer qu'il ait assisté à cette scène. Le rire l'emporta lorsque James ajouta :
— Mais je pensais pas que vous seriez tous nus ! D'habitude vous vous rhabillez, enfin j'en sais rien. Mais je pensais pas voir ça ! Oh Merlin, je suis tellement désolé...
Sofia jeta un regard à Sirius et constata qu'il retenait difficilement un éclat de rire. Comprenant qu'il ne s'offusquerait pas, elle déclara :
— On a tellement essayé de te fabriquer un petit neveu qu'on s'est endormi avant de se rhabiller. Désolés d'avoir choqué ta vertu.
James rougit encore plus, si cela était possible. Ses oreilles prirent une teinte cramoisie et il se mit à bredouiller des bouts de phrases sans-queue-ni-tête avant de se faufiler à l'aveugle dans la salle de bain.
Alors que Remus et Peter se demandait ce qui causait ce raffut, Sofia prit un air pensif et déclara :
— Je vais peut-être faire quelques travaux pour ajouter des toilettes au rez-de-chaussée. Non ?
— Bonne idée. Je pense pas qu'il supporterait à nouveau une scène comme celle-ci.
Sofia leva les yeux au ciel et se recoucha, ramenant la couette jusqu'à son menton pour préserver James lorsque celui-ci sortirait de la salle de bain :
— On peut même plus être tranquille quand on est à poil chez soi.
Sirius éclata franchement de rire cette fois-ci et se recoucha à son tour, replongea son nez dans la clavicule de Sofia, tandis que James se demandait s'il pouvait sortir de la salle de bain sans perdre la vue une seconde fois, la voix toujours tremblante du choc qu'il venait de subir.
OoOoO
Quelques heures plus tard, lorsque tout le monde fut finalement bien réveillé et qu'ils eurent tous pris leur petit-déjeuner, la journée put enfin commencer. L'incident de la nuit fut vite balayé bien que James rougisse encore parfois lorsqu'il regardait Sofia.
Dès le repas du midi, un nouveau débat fut cependant lancé : que faisaient-ils pour fêter nouvel an cette année ?
L'idée de faire une fête était naturellement venue mais, même s'ils adoraient les fêtes qu'ils faisaient entre eux, ils avaient tout de même envie de marquer le coup pour l'occasion. Une simple fête dans l'appartement à eux cinq n'était pas assez sensationnelle pour fêter la nouvelle année qui approchait.
Ils ne pouvaient cependant pas se rendre à l'extérieur. Tout d'abord parce que le monde sorcier n'était pas sûr, et ensuite parce qu'ils étaient mineurs dans le Monde moldu et que cela demanderait trop d'efforts d'ensorceler suffisamment de papier psychiques pour leur permettre d'entrer tous les cinq dans un club.
De plus, et pour la première fois, ils avaient un lieu à eux, un lieu où faire la fête sans avoir besoin de demander aux adultes de partir. Ils étaient pour l'instant tous d'accord pour faire quelque chose de similaire à l'année précédente : une petite fête sans prétention avec beaucoup de choses à boire et à manger, de la musique et des jeux.
James vint cependant tout remettre en cause en proposant innocemment d'inviter Lily Evans. Sofia était d'accord, elle n'avait rien contre la jeune fille et mourrait secrètement d'envie de voir James se ridicu... comporter près d'elle. Elle supposait que cela serait à mourir de rire et ne refusait pas une bonne partie de rigolade quand cela lui était proposé. Sirius était d'avantage réfractaire. Son ami se transformait en imbécile lorsqu'Evans était dans les parages. De plus, il savait que la "petite fête sans prétention" deviendrait une réception mondaine si Lily acceptait de venir. Peter et Remus se contentait d'avancer que s'ils invitaient Lily, ils devaient inviter quelqu'un d'autre pour que cela ne soit pas "bizarre".
C'est ainsi qu'après un débat qui dura une bonne partie de la matinée, ils décidèrent d'organiser une fête de réveillon un petit peu plus travaillée et d'inviter Lily, Franck Longdubat et sa petite-amie Alice, également une très bonne amie de Lily.
A midi, les invitations étaient parties. Aux alentours de quinze heures, ils reçurent trois réponses positives. A quinze heures trente, le branle-bas de combat était lancé pour que tout soit prêt à vingt heures le lendemain. Sofia et Sirius s'occupaient de la boisson et de l'animation, James de la décoration et Remus et Peter de la nourriture. Ils étaient déterminés à organiser une fête extraordinaire pour fêter l'arrivée de l'année 1978.
Samedi 31 décembre 1977
Les préparatifs filaient bon train. Le salon avait pris des allures de Salle Commune rouge et or, au grand désespoir de Sofia. Des guirlandes aux couleurs de Gryffondor étaient suspendus un peu partout par Sirius, sous la direction légèrement tyrannique d'un James en costume sorcier. Remus installait un buffet digne de Poudlard tandis que Peter s'acharner à attacher son nœud papillon, prêté par Sirius. Sofia quant à elle s'attelait à la réalisation d'un cocktail maison composé à plus de moitié de vodka. Remus s'approcha d'elle après avoir ouvert le dernier paquet de baguettes à la réglisse et lui dit :
— Sofia... Peut-être devrait-on ajouter un peu de jus de citrouille à ton cocktail ?
Elle lui jeta un regard surpris, l'un de ses sourcils blonds se haussant étonnement haut sur son front.
— Mais si je fais ça, on ne sentira presque plus la vodka.
— Oui, mais là on risque de la sentir un peu trop... non ?
— Ne soit pas ridicule Remus, on ne sent jamais trop la vodka, éclata-t-elle de rire comme s'il venait de lui faire une bonne blague.
Sirius pouffa discrètement en entendant leur conversation mais se fit rapidement rappeler à l'ordre par James quand il eut l'audace d'accrocher deux guirlandes identiques l'une à côté de l'autre.
— Je savais que cela allait finir comme ça si Evans venait... marmonna-t-il
— Veux-tu qu'on aborde le nombre de t-shirt que tu as essayé avant ton rendez-vous avec Sofia à Pré-au-Lard ? demanda James d'un air mesquin
Sirius le fusilla du regard et déplaça sa guirlande un peu plus loin dans la pièce.
OoOoO
Sofia fut la dernière à passer une tenue un peu plus habillée, avec un peu de réticence. Elle passa la robe noire simple et sans fioriture qu'elle avait mis pour accompagner Remus au bas de noël il y a un peu plus d'un an. Elle laissa ses cheveux détachés et mis simplement du mascara et du rouge à lèvres rouge. Elle resta pieds nus.
Sirius, comme d'habitude, la trouva époustouflante. Cette simple tenue lui rappelait curieusement le premier bal où il l'avait vu. Ils avaient terminés la soirée en s'endormant l'un contre l'autre après qu'elle l'ait embrassé dans le cou. Il avait l'impression que c'était une autre époque alors que les faits dataient d'il y a un an. Aujourd'hui, ils partageaient la vie l'un de l'autre comme si cela avait toujours été une évidence.
Il lui pris la main alors qu'elle s'observait d'un air critique dans le miroir de la salle de bain et elle se retourna pour lui sourire tendrement. Il aurait décroché la lune pour ce sourire doux qu'elle ne réservait qu'à lui, quand ils étaient seuls le plus souvent. Ce simple sourire, qui faisait déborder ses yeux d'amour et de promesse.
— T'es sublime Petrov.
Elle laissa son regard glisser sur lui d'un air appréciateur. Son costume sorcier, entièrement noir, le mettait clairement à son avantage.
— Si mettre ce genre de robe est le prix pour te voir habillé comme ça, je vais peut-être faire des efforts plus souvent.
Il lui offrit un haussement de sourcils suggestif et savoura le sourire mutin qu'elle lui offrit en retour. Il posa une main sur sa joue et la caressa doucement, avant de se pencher pour lui embrasser le front.
— Allez viens Petrov, on a une soirée à subir avant que je ne te retire cette robe.
Elle éclata de rire et le suivit en direction du salon où les invités n'allaient pas tarder à arriver.
OoOoO
La première heure de la soirée avait été plutôt étrange. Lily, Alice et Franck se retrouvaient dans l'appartement d'une ancienne élève de Serpentard à qui ils n'avaient jamais vraiment parlé et cela s'en ressentait. Heureusement, Sofia parvint rapidement à détendre l'atmosphère, notamment quand ils remarquèrent qu'elle était pieds nus sous son apparence hautaine.
Deux heures après l'arrivée des trois Gryffondors, la soirée battait son plein. James et Lily parlaient ensemble et sembler étonnement à l'aise l'un envers l'autre. Sofia les espionnait discrètement en sirotant son dixième verre sous l'air sidéré de Franck qui comprenait les besoins de James en potion anti-gueule de bois. Remus, Peter et Alice discutaient de leurs autres camarades de dortoirs tandis que Sirius s'empiffrer de pizza aux champignons comme si sa vie en dépendait.
James et Lily finirent par se rapprocher de lui pour manger aussi quelque chose. Lily lui offrit un sourire gentil, comme ceux qu'elle offrait à tout le monde. Cette fille était un sucre.
— C'est très gentil à Sofia de nous avoir invité ce soir.
Sirius lui sourit aussi, car devant la gentillesse de Lily il est très difficile d'être mesquin. Même en faisant des efforts.
— Ça me fait plaisir de vous voir un peu en dehors de l'école... et sans tes autres amies.
Lily traînait habituellement avec les autres filles de Gryffondor de septième année. Alice était une bonne amie à elle, mais elle avait surtout l'habitude d'être avec Marlène et Dorkas. Sirius était sorti avec Dorkas en quatrième année et cela s'était plutôt mal terminé quand elle l'avait surpris en train d'embrasser Minnie, une élève de Poufsouffle de deux ans leur aînée. Et depuis la catastrophe du bal de noël, il fuyait Marlène comme la peste.
Lily hocha la tête, compréhensive, et jeta son dévolu sur une chocogrenouille qu'elle mangea avec appétit. Tandis qu'il l'observait, James avait sur son visage un air niais qui fit pouffer Sirius. Remus, qui s'était également approché des chocogrenouilles, lui murmura à l'oreille :
— Tu as le même air quand Sofia mange de la noix de coco.
Sirius afficha automatiquement un air outré avant de se décomposer et de demander à son ami :
— Sérieux ?
— Oui.
— Oh merde, j'suis vraiment foutu.
Remus éclata de rire, attirant l'attention de Sofia qui se servait son onzième verre alors que Franck murmurait qu'elle n'était vraiment pas humaine.
OoOoO
La soirée se poursuivit tranquillement. Ils jouèrent à différents jeux, sorciers comme moldus, et mangèrent une bonne partie du buffet. A peine une demi-heure avant minuit, ils arrivèrent à bout du cocktail de Sofia. Déjà bien alcoolisée, cette dernière décida de mener une expédition jusqu'à l'épicerie 24/24 et 7/7 du bout de la rue. Lily, clairement alcoolisée également avec ses joues roses, se proposa aussitôt pour l'accompagner. Inquiet pour leur sécurité, James se proposa aussitôt pour venir mais elles le repoussèrent en pouffant.
— On est clairement plus en sécurité sans toi, Potter, le railla Sofia.
Lily éclata d'un rire cristallin et attrapa le bras de Sofia comme si elles s'étaient toujours connues pour la mission "ravitaillement liquide". Elles se dirigèrent de concert vers la porte d'entrée quand Sirius dit d'un ton pragmatique :
— Je suis d'accord sur le fait que vous êtes largement capable d'y aller seules, mais cela ne serait-il pas mieux avec des chaussures Sofia ?
Les deux jeunes filles éclatèrent de rire, aux larmes, et Sofia consentie à enfiler ses escarpins avant de sortir de l'appartement. Il était 23h37 et les paris commencèrent pour savoir si elles seraient de retour avant l'heure fatidique de minuit.
Pendant ce temps, Lily et Sofia marchaient ensemble, bras dessous bras dessous, en riant aux éclats du fait que la seconde avait failli partir de chez elle pieds nus. Elles marchèrent la centaine de mètres qui les séparaient de l'épicerie, croisant quelques punks du quartier qui saluèrent Sofia d'un signe de tête. Lily la regarda d'un air admiratif et lui dit :
— T'es tellement cool comme fille.
Sofia lui offrit un gigantesque sourire, étrangement touchée par ces mots et la tira dans la boutique en lui disant de prendre tout ce qui lui faisait envie. Lily se dirigea immédiatement vers le rayon des friandises et empila dans son panier tous les bonbons moldus qu'elle adorait. Sofia se dirigea vers le rayon de l'alcool et empila dans ses bras trois caisses de champagne, tout en glissant sous son bras droit trois bouteilles de vodka. L'ensemble était assez bancales et elle avait hâte de sortir de la boutique pour tout miniaturisé et tout transporter sans soucis.
Elle retrouva Lily à la caisse et cette dernière l'observa en retenant son rire :
— Finalement James aurait pu être utile.
Sofia sourit à son tour et posa le tout devant l'employé du magasin. Habituée à avoir de l'argent moldu sur elle depuis qu'elle habitait dans ce quartier, elle lui tendit une liasse de billets assez conséquente en lui disant de garder la monnaie, ainsi que sa fausse pièce d'identité moldue. Affolée, Lily lui chuchota :
— Sofia, tu lui as donné au moins 100£ de trop !
Cette dernière haussa les épaules, peu concernée par la perte de l'argent, et plutôt concentrée sur le fait de transporter toutes les bouteilles en sécurité. Heureusement, l'employé leur proposa un sac et elles purent y entasser les friandises et les bouteilles de vodka. Lily porta le sac tandis que Sofia se concentrait sur les cartons de champagne.
Finalement, une fois sortie de la boutique, elles se mirent à discuter et Sofia ne pensa plus à miniaturiser les bouteilles. Lily la remercia de l'avoir invité et Sofia lui dit :
— Cela me fait plaisir de connaître un peu mieux la fameuse Lily Evans de James.
Lily rougit immédiatement et Sofia pouffa de rire avant d'ajouter :
— J'espère qu'il te laisse un peu plus respirer cette année.
— Oui, il est devenu presque normal et c'est ... rafraîchissant.
— Heureuse de l'entendre.
Lily lui sourit gentiment et observa l'immeuble de Sofia qui se dessinait à quelques mètres d'elles.
— Je n'ai jamais vu Sirius comme il est avec toi. C'est impressionnant. On dirait que vous gravitez l'un autour de l'autre, comme si vous vous adaptiez à la position de l'autre dans la pièce pour vivre.
Ce fut au tour de Sofia de rougir alors que Lily ajoutait :
— J'espère que mon futur mari me regardera de la manière dont il te regarde.
Sofia s'arrêta de marcher un instant et Lily lui jeta un regard surpris. Avec un sourire doux, comme un adulte qui explique quelque chose à un enfant, Sofia lui dit :
— Il te regarde déjà de cette manière là.
Lily ne répondit pas, mais sourit à son tour doucement. Au fond d'elle, elle savait que Sofia avait raison.
OoOoO
Les filles arrivèrent à l'appartement 5 minutes avant l'heure fatidique, faisant perdre à Franck et Peter une petite somme d'argent. Elles semblaient étrangement proches, comme ces personnes qui ont vécues quelques chose d'intime ensemble, et James jeta un regard suspicieux à Sofia mais Lily s'approcha de lui pour lui raconter comme les punks effrayants du quartier l'avaient salués et comment elle avait trouvé ça cool.
Sofia, de son côté, embrassa doucement Sirius sur la joue avant de ranger rapidement les achats d'un coup de baguette. Elle se munit aussitôt d'une bouteille de champagne qu'elle sert d'une main experte dans huit coupes à champagne qu'elle distribue à l'aide de Sirius. Il est 23h59.
Elle lève son verra avec un sourire et attend l'explosion de confettis qui marquera la nouvelle année. Les autres l'imitent et quand les confettis explosent dans la pièces, les cris de joies se mélangent aux embrassades et aux coupes de champagne.
Sirius descend sa coupe d'une seule traite avant d'embrasser Sofia à pleine bouche. Elle lui rend son baiser avec entrain et lorsqu'ils se séparent, il lui murmura à l'oreille :
— J'espère que chaque nouvelle année commencera comme ça désormais.
— J'espère qu'on commencera la prochaine nue.
Il lui jeta un regard impressionné et dit :
— Tu vois Petrov, c'est pour ça que je t'aime.
En réponse, elle lui sourit puis partit serrer Remus et les autres dans ses bras. 1978 ne faisait que commencer.
Dimanche 1er janvier 1978
La soirée s'était poursuivie bien après l'aube. Ils avaient rapidement abandonné les tenues de soirée pour des pyjamas plus confortables et Lily avait lancé ce qui resterait sûrement à ce jour la plus grande bataille de polochons de l'histoire. James était par ailleurs personnellement persuadé que le Professeur Binns ferait une partie de son cours d'Histoire de la Magie dessus, c'est en tout cas ce qu'il avait répété à tout le monde une bonne cinquantaine de fois aux alentours de six heures du matin.
Ils s'étaient couchés aux alentours de neuf heures, dans un méli-mélo de couettes et de matelas, au centre du salon. Sirius avait boudé quelques minutes, pensant pouvoir profiter de Sofia seul pour le reste de la nuit, mais cette dernière, très alcoolisée, s'accrochait à Lily comme une moule à son rocher. Ils s'étaient endormis tous ensemble, sans prendre la peine de fermer les rideaux ou de se brosser les dents. Sofia, coincée entre Sirius et Lily, avec ses jambes au-dessus de Remus, avait senti son cœur se serrer étrangement lorsqu'elle s'était rendu compte qu'elle avait de nouveaux amis. Le sourire aux lèvres, elle s'était blottie dans les bras de Sirius tandis que les cheveux de Lily lui chatouillaient la taille.
Peter avait été le premier à ouvrir les yeux, peu après midi. Il avait observé ses amis avec un sourire et s'était rendu dans la salle de bain pour soulager sa vessie. Une dizaine de minutes plus tard, il dormait à nouveau entre James et Franck. Remus avait suivi le même procédé une heure plus tard, même s'il avait eu un peu de mal à retirer les jambes de Sofia des siennes. Finalement, c'était Sirius qui avait pris l'initiative de se lever pour de bon le premier.
Il était presque quinze heures lorsqu'il avait émergé d'un sommeil lourd d'alcool. Sofia s'était blottie contre lui et il plongea son nez dans les cheveux de la jeune fille. On y descellait presque plus l'odeur de son shampoing, pourtant, il inspira profondément et s'en trouva apaisé. Il se démêla des bras tentaculaires de sa petite-amie et se dirigea vers la cuisine pour préparer du café en quantité. Il prit soin de verser une potion anti-gueule de bois dans chaque tasse qu'il remplit et de les maintenir magiquement chaude jusqu'au réveil de chacun.
Il rangea rapidement le plus gros du bazar d'un coup de baguette magique et prit même le temps de descendre les ordures au local à poubelle. Pris d'une impulsion, il poussa jusqu'à l'épicerie que Sofia avait dévalisée la veille et acheta de quoi nourrir huit personnes avec la gueule de bois. Il paya ses achats en monnaie moldue, avec l'aide du vendeur puisqu'il n'était pas aussi à l'aise que Sofia sur le sujet.
Lorsqu'il rentra au loft, ils dormaient tous encore. Il prit donc la direction de la salle de bain pour prendre une douche avant qu'elle ne soit prise d'assaut. Fouillant dans les tiroirs de la commode de Sofia, il en sortit un boxer propre, un jean et un pull à lui. Il se dirigea vers la salle de bain, prenant son temps et savourant le calme ambiant. Il démarra la douche afin de permettre à l'eau de chauffer, et la pièce fut rapidement envahie de buée. Il prit le temps de se déshabiller et se glissa sous l'eau chaude de la douche avec un soupir de bien-être.
Il resta ainsi quelques minutes, bien et heureux. Il souriait bêtement dans le vide, heureux de sa vie à l'heure actuelle. Il ne pensait pas qu'il aurait ainsi le droit au bonheur quelques années plus tôt, lorsqu'il vivait encore chez ses parents. Son sourire s'agrandit subitement lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir doucement et le glissement d'habits sur le sol. Presque aussitôt, il sentit deux bras s'entourer autour de sa taille et un baiser se poser entre ses omoplates. Il se retourna et tomba face aux yeux bleus et fatigués de Sofia. Elle lui sourit malgré tout et dit :
— Merci pour le café boosté à la potion. J'en avais besoin. Et merci pour le ménage. T'es génial.
— De rien Petrov. C'est pour cela que tu me récompenses en me rejoignant nue pour une bonne douche chaude ?
Elle rit doucement et baissa son regard vers une partie du corps de Sirius qui était en train de se réveiller.
— En partie. Je suis surtout venue me faire pardonner pour hier soir, quand je m'accrochais à Lily au lieu de coucher avec toi.
Sirius sentit sa gorge s'assécher d'anticipation et il demanda, d'une voix légèrement plus grave :
— Et tu comptes te faire pardonner comment ?
Sofia ne répondit pas mais elle se mit à genoux. Sirius ferma les yeux et s'accrocha à la paroi carrelée de la douche en murmurant :
— Oh Merlin...
Sofia rigola doucement, son souffle caressant le bout du sexe de Sirius, le faisant frissonner. Puis elle le prit en bouche et Sirius cessa de réfléchir. Ses jambes avaient soudain de mal à supporter le poids de son corps et sa respiration se cala sur le rythme imposé par Sofia. Loin d'être une experte des fellations, elle se fia aux réactions de Sirius qui, heureusement pour elle, était plutôt démonstratif. Rapidement, il posa sa main sur sa joue, murmurant son prénom à toute vitesse pour qu'elle s'éloigne. Elle comprit le message, se redressa rapidement et l'embrassa à pleine bouche en remplaçant les mouvements de sa bouche par un habile tour de poignet. Sirius se libéra dans un gémissement salvateur, englouti par un nouveau baiser.
Ils reposèrent leurs fronts l'un contre l'autre et Sirius lui caressa lentement la joue :
— J'ai dû être un Saint dans une autre vie pour te mériter dans celle-ci.
Sofia sourit avec malice et répondit, tout en se lavant la main et en attrapant le shampoing.
— C'est une évidence. Maintenant, frotte-moi le dos Black, j'ai un nœud au niveau de la nuque depuis qu'on a dormi en tas tous ensemble.
— Vos désirs sont des ordres.
Mardi 3 janvier 1978
Depuis la fête de nouvel an, Sofia avait passé le plus clair de son temps à se reposer et à bouquiner. Elle avait l'impression salvatrice d'avoir obtenu des congés et du temps rien que pour elle. Elle en profitait d'autant plus qu'elle avait appris le 1er janvier au soir qu'elle partait en mission avec les jumeaux Prewett et Hagrid dès le 9 janvier. La mission était encore au stade des préparatifs et elle n'en savait pas beaucoup plus, hormis qu'elle partait voir les géants.
Elle n'avait jamais vu de géant de sa vie et était plutôt inquiète quant au fait de se retrouver face à une créature qui pourrait la confondre avec un cure-dent. Surtout si on prenait en compte le fait qu'il était de notoriété publique que les géants haïssent les sorciers. La mission lui semblait beaucoup plus périlleuse que la première à laquelle elle avait participé.
Sofia n'en avait pas encore parlé à Sirius puisqu'elle avait reçu le hibou après son départ et qu'elle ne l'avait pas revu depuis. Elle ne savait pas tellement comment aborder le sujet sans trop en dire, ni trop l'inquiéter. Il devait arriver d'une minute à l'autre, en compagnie des Potter, pour fêter ses dix-neuf ans. Remus et Peter ne devaient pas tarder non plus. Sofia avait même invité Lily, mais cette dernière avait du décliner, car elle était toujours punie. Il s'était avéré qu'elle n'avait en fait pas le droit de venir fêter le nouvel an chez Sofia, mais qu'elle avait décidé de faire le mur sans en informer personne. La jeune Russe ne l'en avait que plus aimé. Vraiment, elle était désormais certaine que Lily Evans était vraiment faite pour James Potter.
Quelques coups frappés à la porte interrompirent son fil de pensée et Remus fit son entrée. Il avait pris le bus moldus depuis la gare pour venir jusque chez elle et il était couvert de neige. Elle tombait à gros flocons depuis la veille au soir. Il s'avança jusqu'à la cheminée pour se réchauffer tout en la saluant :
— Joyeux anniversaire Sofia !
— Tu as l'air de revenir d'une expédition au pôle nord. Tu veux un chocolat chaud ?
— Oh pitié, oui !
Sofia agita aussitôt sa baguette pour permettre à son ami de se réchauffer via une boisson chocolatée. Après quelques coups de baguette supplémentaires, Sofia tendit une tasse fumante à Remus qui la remercia chaleureusement. Ils furent interrompus par Peter qui arriva en même temps que les Potter. Sofia les accueillit à leur tour joyeusement et ils s'installèrent à table pour partager un bon repas.
Elle avait passé sa matinée à laisser mijoter de la cuisine traditionnelle russe et chacun se resservit plusieurs fois. Il avait été convenu qu'elle fêterait son anniversaire de manière simple cette année, en partageant simplement un repas avec ses amis et les Potter. Elle ne voulait pas d'une grande fête quand il devenait difficile de savoir qui sont vraiment ses alliés et ses ennemis.
Les suspicions de trahison allaient bon train depuis quelques semaines. Des rumeurs circulaient, comme quoi certains joueraient double jeu. Dumbledore avait recommandé aux membres de l'Ordre de se montrer encore plus vigilent que d'habitude.
Le repas se passa bien, chacun mangea plus que de raison et Madame Potter n'arrêta pas de complimenter Sofia sur sa cuisine, ce que James trouva ironique puisque sa mère n'avait jamais été capable de cuisiner quoi que ce soit, les Elfes du Manoir le nourrissant depuis sa plus tendre enfance.
Les discussions étaient restées légères, évitant scrupuleusement le sujet de la guerre ou tout autre sujet inquiétant et déprimant. Ils avaient parlé de la neige, des travaux que Sofia envisageait de faire, Sirius avait parler moto moldus avec Remus et Peter une bonne partie du repas et Sofia avait charrié James à propos de Lily.
Un simple repas en famille.
Au moment du dessert, cuisiné par Noisette, l'Elfe des Potter, Sofia reçu ses cadeaux. Des livres, un énorme pull en laine chaude et des friandises. Sirius lui avait offert la collection complète d'un poète moldu français, illustrée et traduite en russe.
Ce fut donc une bonne journée, une bulle de bonheur et de joie dans ce monde en guerre. Une parenthèse salutaire.
Après le dessert, les Potter, Remus et Peter repartirent chacun leur tour chez eux. Monsieur Potter prit le temps de transplanner pour déposer Remus et Peter directement chez eux et leur éviter un gros trajet comme à l'aller.
Sofia se retrouva rapidement seule avec Sirius et prit sur elle de lui annoncer son départ une semaine plus tard. Il le prit étonnement bien, même s'il montra clairement son inquiétude lorsqu'elle fut incapable de lui fournir le moindre détail. La seule chose qu'elle fut en mesure de lui révéler était que cela était "plus risqué que la dernière fois".
Il lui caressa simplement la joue, un pli d'inquiétude fronçant ses sourcils, en lui faisant promettre de revenir :
— Je ne tiendrais jamais le coup si je te perdais.
Alors elle fit la seule chose qui lui sembla raisonnable : elle l'embrassa. Car elle ne pouvait pas lui promettre une chose qu'elle n'était pas sûre de réaliser.
