Bonjour tout le monde!

Voilà le nouveau chapitre et comme d'habitude, les triggers warning:

/!\ triggers warning /!\

cette histoire aborde et abordera des thèmes difficiles comme le deuil, la dépression, l'usage de drogue et les problèmes d'addiction. Des scènes de violence et de sexe y sont également dépeintes.


Chapitre cinq : l'arrestation.


Ace à Law : je sais si j'ai fait qlq chose de mal ms je voulais m'excuser

Ace à Law : c'est probablement pas mes affaires ms j'espère que ça va

Ace fixa un moment son écran de portable avant d'envoyer le dernier message. Il avait été pris complètement au dépourvu la vieille. Tout semblait bien se passer et ils prenaient tous les deux du bon temps, la dureté de Law qu'il avait sentie contre ses jambes et qu'il avait vue de ses propres yeux, en était la preuve. C'était même lui qui lui avait demandé de se retrouver alors comment les choses avaient-elles pu tourner ainsi ? Après leur rencontre au bar de l'Arnaque, malgré sa promesse, Ace avait douté qu'il le recontacte, surtout aussi rapidement. L'interne avait insisté sur le fait que son emploi du temps était chargé et qu'il pouvait changer à tout moment, c'était pour cela qu'il avait été agréablement surpris lorsqu'il avait reçu son message.

Ce qui était arrivé la veille était tout autant étrange que le comportement de Law avait changé en une fraction de seconde. Si subitement qu'Aca avait d'abord pensé à une blague. Il était en train de se déshabiller et deux secondes plus tard, il sautait de sa mezzanine, clamant vouloir partir. Ace n'avait pas compris ce qu'il s'était passé. Au début, il avait cru que Law était énervé pour s'être cogné la tête contre son plafond et qu'Ace l'avait encore plus énervé en se moquant de la situation. Quand il l'avait rejoint en bas, dans son salon, il avait voulu lui dire à quel point il se montrait puéril et qu'il n'était pas un enfant, puis il avait aperçu ses yeux.

Ils ne se connaissaient pas assez pour que l'étudiant en commerce puisse affirmer qu'il comprenait ce qu'il avait vu se refléter dedans, mais il avait cru reconnaître une sorte de panique folle. La façon dont son corps se mouvait aussi était flagrante. Law avait fixé sa porte d'entrée comme si c'était la seule issue à un piège mortel. Cela avait été si déconcertant de le voir ainsi, l'homme plus âgé qui semblait toujours sûr de lui et qui avait l'habitude des responsabilités à risques, qu'Ace n'avait pu que se radoucir face à son comportement.

Où était donc passé l'interne sombre et inquiétant, au regard dur et au sourire carnassier ?

Après que Garp soit parti, Law paraissait avoir retrouvé un semblant de contenance, allant même jusqu'à souligner la nudité d'Ace avec un ton moqueur. C'était comme si rien de tout cela n'était jamais arrivé. Et il n'avait pas non plus manqué le sourire goguenard de l'interne lorsque madame Drophy l'avait vu à moitié nu… et avec son désir bien apparent entre ses jambes. Argh. Ce simple souvenir lui faisait monter le rouge aux joues. Plus jamais il ne pourrait faire face à la vieille femme. Ce qui, en soi, ce n'était pas bien grave, il n'aimait pas spécialement cette vieille peau qui se plaignait de tout. En fait, il redoutait surtout qu'elle en parle à son grand-père. Cela ne l'étonnerait même pas qu'elle le lui raconte à la première occasion venue et Ace la soupçonnait depuis un moment d'épier tous ses voisins. Quand il avait commencé à rentrer tard lors de sa première année d'études en commerce, c'était elle qui avait prévenu Garp, après tout. Il avait d'ailleurs eu le droit à un savon de la part de son grand-père pour ne pas prendre assez ses études au sérieux, à l'époque.

En parlant de Garp, justement… ils n'avaient convenu d'aucun rendez-vous la veille et Ace avait vraiment paniqué en l'entendant tambouriner contre sa porte. Sa voix, lorsqu'il lui avait crié de lui ouvrit, était celle qu'il prenait quand il était vraiment en colère contre quelque chose et que cela le rendait fou. Et le mot qu'il avait laissé sous sa porte ne le rassurait guère : « IL FAUT QU'ON PARLE ».

Ace n'en avait pas dormi de la nuit. Entre l'énervement de son grand-père et ce qui était arrivé avec Law, il lui avait été impossible de fermer les yeux ou même de se détendre. Il n'avait pu s'assoupir que quelques heures seulement après avoir allumé un joint qu'il avait retrouvé au fond de son sac de cours. Et à priori, celui-là était bien le dernier qu'il lui restait et Ace savait qu'il avait besoin de refaire un petit stock. Pas qu'il fumait beaucoup mais c'était devenu un bon moyen de se détendre ces derniers mois, surtout avant d'aller dormir. Il faudrait juste que ce ne soit plus tous les soirs mais bon, il se rassurait en se rappelant qu'une fois Roger mort, son esprit serait déjà plus libéré. Et à la manière dont le trou du cul de monstre qui lui servait de père dépérissait à vue d'oeil, cela ne devrait plus tarder. Espérons-le.

Lorsque le portable d'Ace avait sonné ce matin, lui indiquant qu'il était déjà l'heure pour lui de se lever pour aller en cours, la première chose à laquelle son esprit était directement allé fut à Law, puis ensuite à Garp. Depuis, aucun des deux n'avait quitté son esprit, et s'il s'était un peu calmé concernant son grand-père après ne pas avoir eu d'autres nouvelles de sa part, il se posait toujours des questions sur l'interne. Ace redoutait d'avoir fait quelque chose de mal, et même si l'autre ne voulait peut-être plus rien à faire avec lui, il pensait que c'était important de s'excuser. Et comprendre ce qui était arrivé.

C'était pour cela, qu'entre deux cours, il avait commencé à lui écrire un SMS. Ce qui s'était avéré plus compliqué que prévu. Il ne voulait pas le froisser plus que ce n'était déjà le cas, surtout qu'ils n'avaient aucun compte à se rendre. Néanmoins, il lui fallut encore la moitié du cours de Droit / Gestion / Finance avant de enfin réussir à écrire quelque chose et de l'envoyer.

_Est-ce que ça va ? demanda White Bay.

La jeune femme s'était assise à côté de lui, se fichant qu'il ait choisi une place tout au fond de l'amphi. C'était le meilleur endroit pour être tranquille et pour pouvoir vaquer à d'autres occupations sans que les profs ne s'en rendent compte. Ou ne s'en mêlent tout simplement. En effet, il était de toute manière et de connaissance générale que quiconque s'asseyait dans les derniers rangs se fichait pas mal des cours. Et cette année, encore plus que la précédente, Ace n'en avait strictement rien à faire. Il ne venait ici que pour une chose : l'année avait déjà été payée et il attendait que part une sorte de miracle qu'il savait ne viendrait probablement jamais, il retrouve subitement goût aux études. Il pouvait toujours rêver, n'est-ce pas ?

_Ouais et toi ?

La jeune femme fronça les sourcils. Elle pensait clairement à quelque chose mais au lieu de le dire à voix haute, elle changea de sujet.

_J'ai parlé avec Lucci, il est d'accord pour te laisser une place dans son club d'aviron.

_Je ne suis pas vraiment intéressé.

_Ace, c'est vraiment très gentil de sa part de t'accepter dans le club alors que les inscriptions sont closes depuis des semaines. Tu sais que rejoindre des associations permet d'avoir une bonne moyenne et on sait tous les deux que tu en as besoin si tu veux réussir cette année.

_Je veux pas la réussir, justement, grogna le brun pour lui-même.

_Pardon ?

_Non, rien.

White Bay pinça les lèvres et reporta son attention sur ce que disait le prof. Pendant un bref instant, Ace crut que cette discussion était close mais la seconde suivante, elle parlait à nouveau.

_Tu as jusqu'à demain soir pour lui donner ta réponse.

Ace soupira.

_Écoutes, c'est vraiment gentil de ta part, ça me touche. Mais tu n'as pas besoin de t'en soucier, vraiment. Les gars m'ont dit que tu leurs avais parlé…

_Bien sûr que je m'en soucis, tu es mon ami.

_Je sais et je sais aussi que je vous inquiète. Mais je vais bien.

Pour appuyer ses dires, il lui sourit. C'était le même sourire forcé qu'il avait adressé à ses amis et à son grand-père. Comme eux, la jeune femme tiqua mais n'insista pas plus et pour cela, Ace lui en était réellement reconnaissant. Il avait promis de faire des efforts mais il ne voulait pas raconter à tout le monde à quel point il se sentait et, certainement dans un sens, souhaitait se sentir misérable ces derniers temps. D'ailleurs, mentir n'arrangeait rien et il se sentait seulement pire, avec une boule dans l'estomac.

Ace essaya de ne plus y penser et, à la place, il reporta son attention sur le cours. Mais rapidement, son esprit décrocha. C'était une énième matière qu'il ne comprenait pas. En fait, il ne comprenait presque rien ou alors cela ne l'intéressait pas. C'était déjà le cas l'année dernière et il ne s'en était sorti seulement grâce aux rattrapages.

Petit à petit, il se rendait compte à quel point il n'aimait pas cette école. Pas seulement parce que la moitié des étudiants étaient des gosses de riches exécrables, après tout il y avait bien des exceptions comme White Bay, mais les cours étaient aussi ennuyants à mourir. Il ne savait même pas ce qu'il voulait faire, une fois le diplôme en poche…. Enfin, si jamais il avait son diplôme, ce qui était encore une autre histoire.

Un soupire lui échappa à nouveau et il jeta un regard à son téléphone posé à côté de ses feuilles.

_Tu attends un message ?

_Si on veut, répondit-il en haussant les épaules.

Il attendait surtout une distraction ou une occasion pour sortir de cet amphithéâtre. Et cela commençait à devenir agaçant que tout le monde lui demande pourquoi il était aussi obsédé par son portable ces derniers temps. Lui-même ne comprenait pas vraiment pourquoi et il ne voulait pas y penser.

_C'est le gars d'hier soir ? Je ne l'imaginais pas ton type.

Ace leva un sourcil, confus.

_Tu ne l'as vu que quelques secondes.

_Il ne respire pas la joie de vivre et on dirait qu'il va s'effondrer de sommeil à tout moment.

Si tu savais, pensa-t-il. Et en plus, il conduit après s'être évanoui. Mais il décida de bien se garder de le lui dire, elle l'avait vu partir dans sa voiture, après tout.

_Il n'est pas si mal et on ne sort pas ensemble de toute façon.

_Mais tu lui envoies des messages.

_Quoi ?

_En tout cas, continua White Bay, aucun de mes coups d'un soir n'est venu s'excuser par messages. Tu es vraiment à part, Ace, hein ?

_Tu as regardé ce que j'ai écrit ?

Ce n'était pas vraiment une question, mais il devait dire qu'il se sentait un peu énervé qu'elle ne prenne pas en compte sa vie privée. Encore heureux qu'il n'avait rien précisé de gênant… comme madame Drophy qui l'avait vu complètement nu avec une érection…Argh, il voulait s'enterrer dans un trou et ne jamais en ressortir.

_Alors, insista son amie, est-ce que tu vas me raconter ce qui s'est passé ?

_Mon grand-père nous a interrompu, se contenta-t-il de répondre.

Ce n'était pas un mensonge en soi. Il omettait juste à quel point Law avait piqué une crise juste avant que cela n'arrive mais personne d'autre n'avait besoin de le savoir. Il s'était déjà senti assez mal d'avoir assisté à cela, comme si c'était quelque de trop personnel qu'il n'aurait jamais dû voir. Il aurait l'impression de violer la confiance de Law, même s'il n'était pas sûr qu'il en ait placé même une once en lui.

_Oh… il t'a fait une scène ?

_Il a surtout défoncé la sonnette pendant un moment pour que je lui ouvre mais on a fait comme s'il n'y avait personne. Ça a tué l'ambiance.

_Tu m'étonnes.

_Vous deux au fond ! Taisez-vous ou sortez de mon cours.

Ace et White Bay s'excusèrent et baissèrent leur visage sur leur écran d'ordinateur pour se cacher derrière.


_Hey, Kid !

Le rouquin, qui était adossé contre l'abribus, leva la tête en direction d'Ace. Les cours étaient enfin terminés pour la journée et l'étudiant en commerce n'avait qu'une envie, partir le plus loin d'ici. Mais avant, il fallait qu'il refasse son stock.

Kid, malgré ses airs de brute et son caractère… disons explosif, était en fait plutôt sympathique. Enfin… Ace ne s'en était pas rendu compte tout de suite et personne ne pouvait le blâmer pour cela. Le premier jour de la rentrée, il avait fallu que Kid et lui se prennent la tête pour la dernière part de flan à la cafétéria. Bien sûr, Ace ayant un appétit monstre, et Kid étant un emmerdeur de première, cela c'était soldé en une petite joute verbale. Rien de bien méchant, ils n'en étaient même pas venus aux mains mais le directeur les avait tout de même fait venir dans son bureau pour leur passer un savon. Inadmissible… gnagnagna… la réputation de l'école… gnagnagna… vous êtes des adultes maintenant… gnagnagna…

Dès lors, Kid et lui avaient toujours trouvé le moyen de se mettre en compétition l'un face à l'autre, sur tous les sujets inimaginables (sauf les notes, étrangement le rouquin était vraiment doué). Et petit à petit, en un mois à peine, leur rivalité c'était transformée en une sorte d'amitié. Ace n'était pas certain de pouvoir l'appeler ainsi, mais finalement leur caractère pouvait être assez similaire et ils s'étaient rendus compte qu'ils avaient des goûts en commun… et Kid s'était révélé avoir toujours de la bonne came sur lui.

_Hey, Portgas ! Quoi de neuf, mon pote ?

_Les cours, tu connais. C'est toujours aussi nul.

_Tu devrais faire comme moi et lâcher tout ça.

Ace ricana.

_Mec, tu n'as rien lâché du tout, c'est Magellan qui t'a foutu à la porte.

_Après que j'ai pété la gueule à Spandam, donc je l'avais choisi.

_Dans un sens, si tu veux, grommela Ace en levant les yeux au ciel. Dis, tu n'aurais pas quelque chose pour moi ?

Kid fouilla dans son sac avant de lui tendre un petit sac mais il le retira au moment où Ace tendit la main. Tsss, Kid restait toujours un enfoiré sur les bords, malgré tout.

_Qu'est-ce que j'ai en échange ?

_Je croyais qu'on était pote.

_Oui, mais tu as déjà eu ta dose gratuite du mois. Tu sais que je ne peux pas tout offrir.

Ace soupira.

_J'ai trouvé le dernier vinyle que tu voulais mais je l'ai pas sur moi.

_Ok, alors demain.

_Kid, allez.

Le rouquin le fusilla du regard, ne le quittant pas des yeux alors qu'il rangeait le paquet dans son sac à dos.

_La semaine a vraiment été pourri, tu peux pas me faire ça.

_Arrêtes de chialer, Portags. Tiens, on partage.

Ace n'insista pas. Kid l'avait suffisamment fourni gratuitement depuis le temps et ce n'était pas comme s'il en avait absolument besoin. Il n'avait pas menti à Law, il n'était pas un camé. C'était juste qu'avec tout ce qui se passait ces derniers temps, il ressentait vraiment le besoin de se détendre. Au moins, pensa-t-il, il l'aurait demain. Avant d'aller voir Roger et il savait qu'il en aurait besoin à sa sortie de l'hôpital. Peut-être croiserait-il Law, d'ailleurs.

Il jeta un coup d'œil à son portable mais il n'avait toujours aucun message de sa part. Ni de Garp.

_Tu te fais déjà chier avec moi, Portgas ?

_J'attends juste un appel de mon grand-père. Et qui n'aime pas passer du temps avec toi ?

Ace sourit avant de lui souffler sa fumer au visage. Il pensait que Kid allait s'énerver mais il lui a simplement donné un coup de poing dans les côtes. Cela faisait un peu mal, mais certainement pas autant que la fois où ils s'étaient battus après un match de rugby. Ils étaient dans la même équipe d'association et, seulement parce qu'Ace avait loupé sa passe ou plutôt parce que Kid n'avait pas été capable de la rattraper, la situation avait commencé à dégénérer vraiment entre eux. Apres leur petit combat, ils avaient tous les deux été obligés de nettoyer les vestiaires du gymnase de l'école durant la durée de tout le premier semestre. C'était l'endroit le plus dégueulasse qu'Ace connaissait et à force de passer du temps ensemble, Kid et lui avaient commencé à bien s'entendre.

Ils fumaient tranquillement quand une voix nasillarde les a interrompu.

_Tiens, regardez qui va se faire expulser !

Spandam et une partie de sa clique venaient dans leur direction. Ace soupira intérieurement. Il avait commencé l'année scolaire sans créer de problème jusque-là, mais si Spandam le cherchait, il n'était pas sûr que cela continue. Il pris donc la sage décision de ne rien répondre mais bien sûr, il fallait que Kid n'en fasse qu'à sa tête. Tout aurait pu bien se passer s'il n'avait pas réagi au moment où Spandam passait devant eux, en racontant à qui voulait bien l'entendre ou non à quel point son père était riche et qu'il pouvait lui acheter ce qu'il voulait, patati, patata…

Et Ace devait bien avouer qu'il n'était même pas surpris lorsque Kid cracha sur sa chaussure. Et c'était juste tout simplement dégueu. Ce mec n'avait vraiment aucune manière.

Au moins, le visage constipé de Spandam en valait la peine et il se retint à grande peine de ne pas ricaner lorsqu'il poussa un cri de désespoir pour ses nouvelles chaussures.

_Oups, j'avais pas vu.

Les excuses de Kid n'y ressemblaient pas pour le moins du monde, surtout avec le large sourire sur son visage. Ace adorait ce gars, putain.

_Bordel, tu vas me le payer ! siffla le gars au nez violet.

_Et qu'est-ce que tu vas faire, hein ? Aller te plaindre à la police ? J'ai hâte de voir mon chef d'accusation.

Ace ne put retenir un ricanement cette fois-ci et Spandam se retourna pour lui faire face, dardant son regard noir sur lui.

_Et ça te fait rire, Portgas ? Pas étonnant que tu sois aussi à la ramasse si tu traines avec des types dans son genre. Je me demande ce que va dire le doyen s'il apprenait ce que tu fumes.

Le brun leva un sourcil. Spandam était peut-être le gars le plus détestable de cette école et il ne doutait pas qu'il était capable de se montrer si bas juste pour l'emmerder. C'était d'ailleurs pour cela qu'il n'avait pas réellement d'amis ici. Les seules personnes qui traînaient autour de lui étaient Rob Lucci et sa clique, et tout le monde savait que c'était parce que le père de Spandam et les leur étaient des associés.

D'ailleurs, Kalifa et Blueno qui l'accompagnaient en ce moment-même, semblaient pas mal se ficher de ce qui se passait.

_Je ne vois pas de quoi tu parles.

_Ne fais pas l'innocent, je sais que tu fumes de l'herbe.

_Hein ?

_Là, ce que tu as dans la main !

_C'est seulement une roulée. Tu sais, vu que je suis trop pauvre pour acheter des vraies indus…

A côté de lui, Kid ricana et Ace pouvait voir une veine de colère se former sur le front de Spandam.

_Arrêtes de mentir, Portgas !

_Tu n'as qu'à prendre une bouffée et tu verras par toi-même.

Ace lui te dit le petit bâtonnet mais le visage de Spandam se tordit dans un rictus de dégoût

_Je ne vais pas mettre ma bouche là-dessus ! C'est dégoûtant !

_Comme tu veux, mais tu te trompes.

Puis Ace se tourna en directe Kid pour ajouter :

_Il n'est même pas capable de faire la différence.

Le rouquin rit de plus belle, s'esclaffant au point de cogner sa main contre son genoux comme si c'était particulièrement drôle, et Spandam arracha le joint des mains d'Ace pour en prendre une bouffée. Son visage se crispa à nouveau et il recrache un panache de fumée en toussant.

_J'avais raison, c'est pas une cigarette !

_Et c'est quoi ?

_De l'herbe !

_Je me demande ce que va dire le doyen en voyant cette vidéo, hein, Spandam ?

Ace rangeant son portable dans la poche de son jean, sous les rires d'hyène de Kid. En face d'eux, le visage blême de Spandam se décomposait. C'était vraiment tout un spectacle.

_Tu m'as piégé !

Le brun ne répondit rien. A la place, il se contenta de sourire, avec un sourcil levé, juste pour le titiller un peu plus. Il n'avait pas tous les jours la chance de se moquer de Spandam.

D'ailleurs, ce dernier était clairement en train de paniquer et de l'insulter de tous les noms possibles.

_Portgas, tu n'as pas le droit ! Je te préviens, je… je…

_Arrêtes de t'exciter, soupira Blueno, à côté de lui.

_Tu es tombé dans le panneau, renchérit Kalifa. C'est ta propre faute.

_Mais…

_Nous n'avons pas le temps, on doit y aller.

Kalifa et Blueno commencèrent à partir, sous les yeux écarquillés de Spandam.

_Tu vas le payer, Portgas ! vociféra-t-il une fois encore avant de les rejoindre, la queue entre les jambes.

Ace n'a pas répondu, le regardant simplement s'éloigner. Il ne se doutait pas que l'autre abruti allait vouloir se venger mais il s'en fichait pas mal. Ce serait un problème à régler pour plus tard.

A côté de lui, Kid rigolait toujours autant et en avait même les larmes aux yeux.

_Tu es génial, mec !

_Je ne peux vraiment pas le supporter, ce type.

_Personne ne le peut. Je le demande toujours pourquoi Lucci et les autres restent avec lui.

_Leurs parents bossent dans la même agence ou un truc comme ça.

_Hm.

Kid baissa les yeux sur le joint que Spandam avait jeté par terre et piétiné.

_Sérieusement, il a gâché un truc pareil…

Ace allait pour répondre quelque chose mais le portable dans sa poche vibra. Ce n'était pas des nouvelles de Law mais un message de Garp. Il lui disait qu'il avait intérêt à être chez lui ce soir à 18h parce qu'il allait passer le voir. Cela ne présager rien de bon.

_Qu'est-ce qui se passe ?

_Mon grand-père veut me voir.

_Qu'est-ce que t'as encore foutu ?

_Rien justement mais je dois y aller. C'était sympa de te revoir en tout cas et je t'apporte le vinyle demain.

_Attends, je t'offre celui-là. Comme remerciement pour avoir remis Spandam à sa place, c'était drôle.


Dès qu'Ace fut rentré chez lui, il s'activa à remettre de l'ordre dans son appartement. Ou du moins dans la partie la plus visible, le petit espace qui lui servait de salon pour jeter tout ce qui trainait dans sa mezzanine. Garp semblait être en rogne pour une raison qui lui était inconnue, alors s'il trouvait qu'il ne prenait pas assez soin de son appartement, ce serait un énième reproche sur ce qu'Ace était incapable de faire correctement.

Il ouvrit en grand toutes les fenêtres, espérant effacer toute odeur désagréable et surtout celle du joint de la veille. Si son grand-père avait le malheur de n'en sentir qu'un relent, Ace n'était pas certain d'en sortir vivant. Garp lui avait déjà passé un savon lorsqu'il avait appris que son petit-fils fumait, et Ace n'avait pas du tout envie de voir à quoi cela pouvait ressembler pour quelque chose d'illicite.

L'étudiant en commerce se dépêcha également de ranger la petite table de salon sur laquelle s'empilaient toujours ses livres de cours et des papiers, qu'il avait à peine regardé. Quand tout fut balancer en haut de sa mezzanine, il décida de s'attaquer à la vaisselle qui s'amoncelait dans l'évier et dans laquelle un microbiome semblait avoir pris vie. C'était dégoûtant et à chaque fois il s'encourageait mentalement à ne pas laisser des nouveaux petits organismes se développer dans ses plats mais c'était plus fort que lui. Il détestait par-dessus tout faire la vaisselle. C'était une tâche qu'il avait en horreur, et qu'il remettait sans cesse au lendemain jusqu'à ce qu'il n'ait plus le choix… ou que le 15 du mois était déjà passé et qu'il ne pouvait plus se nourrir seulement de plats à emporter.

Ace était en train de se débattre avec un bout de fromage grillé collé sur une assiette qui avait suspectement viré au vert quand la sonnette retentit. Il jeta un coup d'œil, paniqué, à son écran de téléphone. Garp était en avance de dix minutes. Dix putain de minutes ! Lui qui était réglé comme du papier à musique et ne venait d'ordinaire jamais ni en avance, ni en retard ! Cela ne pouvait signifier qu'une chose, Ace avait véritablement merdé quelque part.

L'étudiant en commerce courut fermer les fenêtres tout en s'essuyant les mains dans un torchon. La sonnette retentit une seconde fois et il cria un « j'arrive ! » en s'avançant en direction de la porte d'entrée. Avant de poser la main sur la poignée, il vérifia une dernière fois son apparence et il pesta à la vue des gouttes d'eau qui avaient mouillées sa chemise. Il l'avait enfilée dès son arrivée pour gagner du temps et être le plus présentable possible, mais cela n'avait peut-être pas été une bonne idée.

C'est pas grave, pensa-t-il en attrapant la poignée. Il prit une dernière inspiration avant de l'abaisser.

_Putain, qu'est-ce que tu fous ici ?

Ce n'était pas Garp qui se tenait de l'autre côté de la porte, mais cela ne fit en rien redescendre son pic que stress. Ce n'était pas le moment, pas du tout !

_Quel accueil, marmonna Law en faisant un pas en avant pour entrer.

Mais avant qu'il n'ait eu le temps de franchir le seuil de la porte, Ace avait déjà posé une main sur son torse et le repoussait en arrière.

_Je ne sais pas ce que tu fiches ici mais j'ai pas le temps. Tu dois partir.

L'interne fronça les sourcils mais il était hors de question pour Ace qu'il le laisse entrer. Garp n'allait pas tarder et s'il trouvait son petit-fils accompagné d'un mec louche comme Law, aucun doute qu'il penserait qu'il avait réellement de mauvaises fréquentations et qu'il suivrait les traces de Roger.

De toute façon, Law aurait pu lui répondre par message, lui qui disait toujours être trop pris par son travail à l'hôpital. Que faisait-il même ici, d'ailleurs ? Avec ce qui c'était passé la veille, il ne s'attendait pas à avoir de ses nouvelles de sitôt, voir plus jamais, et encore moins qu'il ne vienne sonner chez lui.

Peut-être s'était-il dit que sa réaction avait été disproportionnée et qu'il venait s'excuser ou mettre les choses au clair. Il s'était juste cogné la tête à son plafond, bon sang ! Ace avait eu l'impression de se retrouver devant un enfant de 5 ans qui, s'étant senti ridiculisé, n'avait pas su réagir autrement que par la colère et l'emportement.

Ou alors, est-ce qu'Ace avait-il réellement fait quelque chose qui l'avait blessé sans s'en rendre compte et que Law venait pour régler des comptes ? Cette questio l'avait taraudé toute la journée.

_Je ne suis pas venu tailler la bavette, rassure-toi.

Ce fut au tour d'Ace de froncer les sourcils, se demandant pourquoi était-il devant sa porte, alors ?

_Peu importe, je te l'ai dit, j'ai pas le temps. Faut que tu partes, mon grand-père va bientôt arriver.

Ace, dont la main était toujours sur son torse, le bouscula une seconde fois, pour lui claquer la porte au nez. Mais avant qu'il n'ait eu le temps de faire un pas en arrière, Law avait agrippé sa propre main à son épaule et le repoussait à l'intérieur de l'appartement. Si facilement que cela en était humiliant. Oui, il était plus grand que lui mais Ace était plus musclé, clairement le plus sportif des deux.

_Et quoi ? Tu redoutes sa réaction face aux gens avec qui tu couches ?

Malgré son regard froid, Ace pouvait entendre l'écho d'un ricanement dans sa voix. Son bas-ventre, ce traitre, se tordit et il retint un frisson mêlé de désir et d'anticipation de descendre le long de sa colonne vertébrale. Il avait réellement un problème pour se sentir excité par le gars qui venait de le laisser en plan la veille, en plein milieu de quelque chose, alors que Garp n'allait pas tarder à débarquer pour l'engueuler par rapport à il ne savait quoi.

_Ah oui ? C'est drôle venant de celui qui s'est enfui car il est apparemment pas assez mature pour supporter que je me moque de lui parce qu'il s'est cogné la tête.

L'interne fronça les sourcils, son regard le transperçant mais il ne répondit rien. A la place, il se pencha sur le côté, faisant se tendre Ace, pour récupérer quelque chose sur le plan de travail de la petite cuisine. C'était son étrange chapeau duveteux. Ace ne savait même pas qu'il se trouvait là, comment avait-il pu ne pas le voir plus tôt ?

Law allait le mettre sur sa tête mais fronça les nez.

_Tss, il pue l'herbe. Voilà pourquoi je ne couche jamais avec des camés, d'habitude. Toujours à vous prendre pour le centre du monde.

_Je suis pas un camé ! s'emporta Ace, n'ayant plus la patience de faire preuve de calme.

_Ah, ouais ? La bonne blague. L'odeur de ton appart dit toute autre chose.

_Je…Va te faire foutre, putain !

_Qu'est-ce qu'il se passe, ici ? les interrompit une voix et Ace gela.

Pile devant la porte d'entrée qu'ils avaient laissé entrouverte et complètement oublié de refermer durant leur petite dispute, se tenait Garp. Il ressemblait toujours à un clown avec sa chemise hawaïenne ridicule, c'était comme s'il n'avait rien d'autre dans son placard. Qu'il soit en été ou en hiver, c'étaient toujours les mêmes chemises. Ace aurait certainement eu envie de rire si cette rencontre ne le stressait pas autant. Son grand-père avait déjà suffisamment semblé énervé par message et le regard noir qu'il jetait à Law n'arrangeait rien. Il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Avec ses cernes de mec qui ne dort pas plus de quatre heures par nuit et les tatouages « DEATH » sur les mains, il avait tout d'une mauvaise fréquentation. Ace n'était pas certain que Garp comprenne l'anglais, mais il n'y avait pas besoin. Law aurait pu avoir marqué « Paix » et « Amour » sur ses phalanges, le vieil officier l'aurait toujours pris pour un délinquant. Et la façon qu'avait l'interne de dévisager Garp, avec son regard noir, n'arrangeait strictement rien.

_Qui es-tu, toi ?

Law fusilla encore plus son grand-père des yeux et Ace intervint avant qu'il ne décide de répondre et que la situation dégénère pour de bon.

_Law venait juste récupérer son chapeau, il allait partir, là.

Au grand soulagement d'Ace, Law ne protesta pas. Il commença même à faire un pas sur le côté, silencieux et docile pour une fois, pour contourner Garp lorsque celui-ci parla à nouveau.

_Law, hm, je ne t'ai jamais vu avant. Je ne savais pas que mon petit-fils s'était fait un nouvel ami.

_Eh bien, Ace semble assez grand pour ne pas avoir besoin de raconter le moindre de ses faits et gestes, n'est-ce pas ? Maintenant, je dois y aller.

Mais Garp lui barra à nouveau le passage et Ace devait reconnaître qu'il était impressionné par le calme de Law lorsqu'il demanda quel était le problème. Comme si son grand-père ne ressemblait pas à un gorille plein de muscles.

_Tu n'as pas répondu à ma question. Quoi, je t'impressionne, gamin ? Pourquoi as-tu besoin de te carapater aussi vite ?

_Je dois retourner au travail, grand-père.

_Oh, maintenant je suis intrigué, quel genre de travail ? Celui où on vend de la drogue à des jeunes lycéens ?

_Pardon ? Qu'est-ce que vous pensez insinuer, grand-père ? grogna Law, le visage blême et Ace avait envie de mourir.

Pourquoi diable avait-il besoin de se montrer autant provocateur ? S'il existait un type de personne que Garp avait en horreur, à l'exception des criminels, c'était les gens insolents.

_Je n'insinue rien, j'ai mieux élevé mon petit-fils que ça pour qu'il fricote avec des dealers.

L'ambiance était devenue pesante tout à coup et Ace se retrouvait sans voix. Il savait qu'il fallait qu'il dise quelque chose, que s'ils se retrouvaient dans cette position c'était à cause de lui mais pour une raison inconnue qui lui échappait complètement, il n'arrivait ni à former des mots, ni à bouger.

_Je vous emmerde.

Le sang froid de Law était exceptionnel. Ace aurait pensé que face à de telles accusations il se serait emporté, lui-même aurait été plus réactif mais Law ne fit rien d'autre que de froncer les sourcils et d'avancer, déterminé à sortir d'ici. Ce que Garp n'apprécia clairement pas lorsqu'il se jeta presque littéralement sur lui pour le plaquer contre la porte d'entrée. Sa tête s'écrasa brutalement contre le bois dans un craquement assourdissant.

_Putain, qu'est-ce que tu fais ? s'écria Ace en voulant s'interposer mais Garp tirait déjà Law par le bras pour le faire sortir de l'appartement.

_Je l'arrête pour outrage à agent. On verra bien ce qu'on trouvera dans ses poches une fois au poste.


Ace n'arrêtait pas de se ronger les oncles, jusqu'au sang. Il avait toujours détesté les postes de police, bien plus que la plupart des gens. Lorsque Garp l'emmenait ici quand il était plus jeune après l'école parce que Dadan, une étrange nourrice que son grand-père avait dégotée, ne pouvait pas s'occuper de lui ou que faire découvrir le merveilleux métier de policier à son petit-fils lui semblait être une idée fabuleuse, Ace était alors terrifié à l'idée de voir Roger débarquer à un coin du commissariat, menotté. Ou que quelqu'un face le rapprochement entre lui et son père. Mais aujourd'hui, c'était pour une tout autre raison.

Law avait été amené ici par sa faute. Garp ne l'avait même pas écouté lorsqu'il avait tiré l'interne, qui restait trop muet et trop calme pour que cela soit nouveau, hors de chez lui et jusque dans sa voiture. Il n'avait laissé aucune chance à son petit-fils de monter aussi ou d'expliquer quoi que ce soit que la voiture avait déjà démarré. Ace avait été forcé de prendre le bus pour venir jusqu'ici et maintenant qu'il s'était annoncé à l'accueil, insistant que Garp avait fait une erreur et qu'il était de sa famille et qu'il devait absolument lui parler, il n'avait d'autre choix que d'attendre. Le siège sur lequel il était assis depuis une demie heure, à faire rebondir sa jambe et à se ronger les ongles, ressemblait beaucoup trop à ceux de l'hôpital sur lesquels il avait l'habitude d'attendre interminablement.

Vraisemblablement, c'était ce à quoi se résumait son existence à présent, des sièges inconfortables et de préoccupantes attentes sans fin.

A quel moment sa vie avait-elle pris un tel tournant ?

_Qu'est-ce que tu fais ici ? fut la première chose que dit ou plutôt aboya Garp en apparaissant devant lui.

Il avait troqué ses habits de ville pour son uniforme bleu, celui avec les médailles apparentes. Elles ne s'y trouvaient pas toutes mais son grand-père n'en avait nullement besoin pour impressionner ses collègues, Ace savait qu'il avait une certaine réputation auprès d'eux.

_Tu t'es trompé. Je t'assure que Law n'est pas un dealer. Il a un travail plus que respectable, c'est un interne, dans un hôpital et tout !

Ace était près à déblatérer une liste entière de raisons pour lesquelles Law n'était pas ce qu'il pensait mais Garp ne voulait pas en parler ici.

_Allons prendre l'air, grogna son grand-père de manière à ce que personne d'autre ne puisse l'entendre.

Il n'attendit pas de réponse de la part d'Ace pour sortir du commissariat et ce dernier le suivit en grandes enjambées. Il avait la terrible impression d'être redevenu un enfant qui allait se faire passer un savon. Ils ne prononcèrent pas un mot en sortant dehors, du moins jusqu'à ce que les collègues de son grand-père ne rentrent dans le commissariat, les laissant seuls.

_Peux-tu m'expliquer d'où venait cette odeur alors si ce n'est pas ton ami l'interne qui en est la cause ? J'ai travaillé pendant cinq ans avec les Stups, Ace. Je sais à quoi ressemble un dealer et ce mec a tout des petites frappes que j'ai l'habitude d'arrêter depuis le début de ma carrière.

Ace gela, ne sachant pas quoi répondre. Il savait qu'il devait dire la vérité, expliquer à Garp pendant qu'il déniait l'écouter encore que c'était lui qui fumait et que Law n'avait rien à voir avec tout cela. Il aurait dû le faire plus tôt mais il avait été terrifié, et il l'avait été encore plus alors que la voiture de son grand-père s'éloignait de son immeuble avec Law à l'intérieur. Il avait été terrifié à l'idée que Law lui raconte tout et que Garp tourne subitement le dos à Ace, même s'il y avait eu peu de chance qu'il prenne au sérieux ce qu'il lui disait. A priori, soit Law n'avait rien dit, soit Garp ne l'avait pas cru. Mais cela ne changeait rien à la situation actuelle. C'était la merde.

_C'est bien ce que je pensais…

_Ce n'est pas lui, c'est moi, d'accord ?!

Lentement, la colère sur le visage de Garp s'effrita dans la surprise avant que ses traits ne se durcissent à nouveau. Puis il commença à s'éloigner, près à entrer à nouveau dans le commissariat, comme si Ace n'avait rien dit.

_Arrête de dire des conneries.

_Je…je ne mens pas !

Cela eut au moins le mérite de le faire s'arrêter et de se retourner vers lui.

_Qu'est-ce que tu racontes ? siffla son grand-père.

_Law ne touche pas à ce genre de trucs, j'en suis presque sûr… mais je le fais… de temps en temps. Je… ce n'est pas souvent mais il m'arrive de fumer un peu quand je suis très angoissé. Je sais que ce n'est… bien et que tu dois être déçu, je suis désolé, vraiment, mais il y a des choses pires au monde, non ?

A cause de l'obscurité de la rue et parce que Garp se tenait dos au commissariat, bloquant les lumières qui venaient de l'intérieur, Ace ne pouvait plus distinguer son visage. Mais son silence, pesant et accusateur, était suffisant pour faire que son cœur s'emballe. Il le savait, il avait royalement merdé.

_Je croyais que je t'avais mieux élevé que ça, gronda son grand-père au bout d'un moment. J'avais placé tant d'espoir en toi, je t'ai élevé comme mon propre petit-fils, je t'ai donné tout l'amour possible. J'étais persuadé que tu ne tournerais pas comme lui.

Lui. Roger. La chair et le sang par lesquels Ace avait été créé. L'arbre pourri du quel il était tombé, comme un fruit trop mûr et sale dès sa naissance. Trop écorché et abîmé pour que quiconque s'y intéresse vraiment. Et pourtant, Garp l'avait fait et il avait trouvé le moyen de merder quand même. De le décevoir.

_Ce n'est pas si…

_Ace ! le coupa-t-il. Je suis au courant pour l'école. J'ai vu Magellan aujourd'hui, il m'a dit que tu ne participais presque pas depuis le début du semestre, que tes notes étaient catastrophiques et que tu te retirais de toute la vie étudiante. Tu m'as menti, droit dans les yeux et maintenant ça. Comment veux-tu que je te fasse confiance à nouveau ? Tu avais tout pour réussir, je t'ai choyé, ta mère t'a tout donné jusqu'à la fin. Tu avais un avenir devant toi et tu es en train de le gâcher. Tu aurais pu faire tellement mieux. Je t'ai laissé ne pas suivre mes traces et je ne t'ai pas forcé à entrer en école de police parce que je voulais que tu fasses tes propres choix. Je pensais que tu serais capable de faire les bons mais je me suis fourvoyé.

Non, Ace n'avait pas merdé. Pas simplement. Il venait de tout foutre en l'air. Il le faisait depuis des mois, insouciant des conséquences, et maintenant, tout était gâché.


Voilà, j'espère que ça vous a plu! On se retrouve la semaine prochaine.

Willoh.