Bonjour tout le monde !
Voici le huitième chapitre! j'espère qu'il vous plaire mais avant toute chose, voici les trigger warnings:
/!\ Trigger warnings /!\
Cette histoire aborde des thèmes plus ou moins difficiles comme la dépression, les addictions, le deuil et ce chapitre en particulier décrit des relations sexuelles.
Chapitre huit : la promesse.
Il n'y avait pas de plus puissante drogue que la peur. Associer la à la fatigue et au surmenage, vous obtiendrez un cocktail étonnement explosif qui vous cramait l'esprit et la raison. Law n'aurait jamais pensé le vivre. Avec ses études et le travail auquel il se prédestinait, il avait pensé pouvoir reconnaître les signes avant-coureurs et prendre les dispositions nécessaires si jamais cela arrivait. Eh bien, apparemment, il n'y avait pas que les cordonniers qui étaient les plus mal chaussés.
Après la visite « amicale » de Baby 5 la semaine dernière, déguisée en infirmière parce qu'elle mettait toujours un point d'honneur à se fondre dans la masse, Law n'avait pu être que sur ses gardes constamment. Il n'avait jamais douté qu'après sa fuite loin de la famille, ils allaient le traquer. Le plus surprenant avait été que Joker ne fasse rien contre lui jusqu'à ce que Law comprenne. Tuer Cora n'avait tant pas été pour éliminer un traître qu'en faire payer un autre, faisant peser sa mort sur sa conscience. C'était plus que cela, même. Doflamingo était un fou, il se délectait de sa domination sur les autres et d'écraser ceux qui ne le respectaient pas comme de vulgaires insectes. Mais il connaissait terriblement bien l'esprit humain, la conscience humaine et l'humanité. Il savait exactement quoi faire pour déclencher des émeutes, rallier des ennemis les plus improbables et manipuler les gens les plus compétents et intelligents. Il était un véritable maître de marionnettes, un peu comme un dieu jouant avec les sujets qu'il avait créé pour se divertir et Law ne doutait pas une seconde que Doflamingo puisse avoir un complexe divin. Et il connaissait l'interne, certainement bien plus qu'il ne se connaissait lui-même, et il savait exactement comment le détruire.
Faire assassiner Cora n'avait été qu'un début, des préliminaires alléchantes, pour lui. Le plat de résistance n'avait suivi qu'après, lorsque Law avait dû réapprendre à vivre seul, sans son protecteur et sans la famille Don Quichotte qui l'avait accueilli après qu'il ait tout perdu. Lorsque Law avait dû retrouver une vie normale et stable, avec des études et un travail. Avec les souvenirs persistants qui le hantaient chaque jour.
C'était une torture insinueuse de laisser une personne en vie pour qu'elle ait, à loisir, l'occasion de se rappeler toutes les horreurs qui étaient arrivées et tous ceux qui étaient partis. Chaque jour qui passait, malgré un objectif fixé et les paroles de Cora en tête, « Tu as encore la vie devant toi, Law, ne vas pas la gâcher », Law redoutait que la démence n'infiltre son esprit. Si Doflamingo était complètement cinglé, il savait pousser les autres jusqu'aux retranchements de la folie.
C'était ce qui l'avait amené ici, à regarder le plafond taché de la station-service, le froid pénétrant ses os et Ace l'écrasant de tout son poids.
Après la visite de Baby 5 qui n'avait pas d'autre but de le faire douter de la réussite du procès et de le menacer s'il témoignait, Law n'avait pu fermer les yeux. Depuis plus d'une semaine, il ne dormait que sur une oreille, les temps de quelques heures à peine. Baby 5 savait beaucoup trop de chose sur sa vie, ce qui n'était pas si surprenant que cela, il savait que la Don Quichotte family le surveillait certainement, mais cela lui avait fait un coup de l'entendre parler de sa visite au commissariat et du patient décédé quelques jours plus tôt. Ils étaient au courant de vraiment tout.
Et depuis, Law était tellement sur ses gardes, qu'il avait l'impression de perdre le peu de contrôle qu'il avait sur sa vie. Il n'avait pas osé remettre les pieds à son appartement plus d'une poignée de minutes pour récupérer des vêtements de rechange redoutant de découvrir que quelqu'un s'y était introduit. Ces derniers jours, il n'avait pas quitté l'hôpital. Il y mangeait, s'y douchait, travaillait et dormait un peu quand son corps et son esprit étaient trop épuisés pour le maintenir réveillé.
Mais son lieu de travail n'était pas une zone sauve, non plus. Ce n'était pas seulement Baby 5 qui était venue. Il avait pu reconnaître d'autres membres de la famille dans les couloirs. Jamais ils ne s'étaient parlé ou n'avaient eu de contact visuel direct mais Law savait que c'était eux, il les avait reconnus. Cela avait continué avec Buffalo, puis Lao G mais la personne qui trainait le plus dans l'hôpital comme pour le narguer était Monet. Il ne l'avait pas vraiment connue, s'étant enfui peu de temps après qu'elle est été introduite dans la famille mais il ne faisait aucun doute que c'était elle. Tout ce qu'il savait d'elle, c'était qu'elle était comme un oiseau de proie qui se délectait de terroriser les autres, de faire planer le doute sur eux. Law ne serait pas surpris si l'étrange bruit qui provenait de sa voiture était d'elle. Elle ne voulait pas le tuer, pas tout de suite du moins, mais c'était un avertissement : on est là, tu vas payer.
Ce n'était pas la peur de mourir qui paralysait Law et son esprit. En réalité, être épié n'aurait pas dû le mettre dans de tels états mais il était terrifié que les minces espoirs qu'il avait eu que Joker soit condamné et que la mort de Cora soit vengée, ne soient que des illusions. Malgré ses propres mises en garde, l'espoir était une sale petite chose. Elle n'avait ni besoin de terre, ni d'eau, ni de soleil pour grandir et elle glissait en vous, s'infiltrait au plus profond jusqu'à prendre ses racines dans votre esprit. L'espoir de vengeance s'était épanoui en lui et maintenant, Law se sentait faillir, chanceler et bientôt tomber dans cette chute finale lorsque toutes ses expectatives seront réduites en bouillie, piétinées jusqu'à ne redevenir que ce qu'elles sont réellement, des espérances illusoires.
Voilà pourquoi toutes ces années il avait si résolument évité Sengoku. Il n'était pas porteur d'espoir mais de misère.
Au-dessus de sa tête, entre les taches du plafond et les lumières, il y avait une caméra braquée sur le comptoir et la caisse. Law ne pouvait pas être certain à 100% que ce n'était pas son esprit manquant terriblement de sommeil qui le rendait paranoïaque une fois de plus mais il avait l'effroyable impression qu'elle le fixait lui. Doflamingo avait le bras long, même s'il était en ce moment-même en prison en attendant son procès ou en résidence surveiller, pirater un système de vidéo-surveillance ne représentait pas un problème. Ce serait un jeu d'enfant pour lui de s'emparer de l'enregistrement plus tard.
Ace, qui ne semblait pas le moins du monde dérangé par les inquiétudes de Law ou leur position inconfortable, dormait à poings fermés. Il n'avait aucune idée de ce qui se tramait et Law l'enviait. Il souhaitait être capable de se détacher aussi facilement de ses problèmes pour fermer les yeux une bonne fois pour toute. Même après qu'ils se soient allongés, il n'avait pas dormi plus qu'une poignée de minutes. Peut-être que coucher avec Ace l'aurait mené aux bras de Morphée et même s'il en avait eu terriblement envie sur le coup, il comprenait pourquoi l'ancien étudiant en commerce l'avait repoussé, qu'il ne voulait pas profiter de lui.
Mais Law avait passé la plupart de la nuit à rester éveillé, son esprit dérivant et se souvenant de tant de chose, tout en regardant la lumière à l'extérieur devenir de moins en moins artificielle, remplacée par celle du soleil hivernal.
A force d'être immobile, allongé sur ce vieux canapé inconfortable, et de soutenir le poids d'Ace, tout le côté droit de son corps commençait s'ankyloser. Law tenta de dégager son épaule, surtout lorsqu'il sentit Ace ouvrir la bouche dans son sommeil qui était si profond qu'il redoutait qu'il commence à baver sur lui comme un nouveau-né.
Un son de mécontentement sortit de la bouche d'Ace lorsque sa tête roula sur le côté, son front pressé fermement contre le biceps de Law, et ses mains agrippant son pull. Law avait laissé sa veste dans sa voiture, ou à l'hôpital peut-être. Il était parti si vite la veille qu'il ne s'en souvenait plus distinctement, mais au moins la station-service était suffisamment chauffée pour ne pas les laisser mourir de froid, même s'il avait hâte de pouvoir prendre une douche chaude en rentrant.
C'était aussi pratique qu'Ace soit littéralement une torche humaine. Sa peau était si chaude, qu'au milieu de la nuit, Law avait cru qu'il avait de la fièvre.
Ce n'est que lorsque la cloche de l'entrée de la station-service retentit qu'Ace papillonna des yeux. Law les vit s'écarquiller soudainement lorsqu'il se rendit compte de leur position et qu'est-ce que ce son signifiait.
_C'est quoi ça ?!
Une jeune femme rousse se tenait au-dessus d'eux et Ace sursauta. Il se précipita pour se redresser lorsqu'il se rendit compte que son pantalon n'avait pas été déboutonné et qu'il glissa sur ses cuisses.
_Ace, c'est pas vrai ! s'écria la jeune femme en détournant le regard. Tu ne peux pas être décent ?
Law qui était toujours allongé, eut un mal fou à se lever. Son dos lui faisait un mal de chien et ses muscles étaient complètement tétanisés.
_C'est pas ce que tu crois, Nami !
_Oh, vraiment ? Tu vas me dire droit dans les yeux que tu n'as pas baisé au travail ? Droit dans les yeux !
_Ok, peut-être que c'est un peu ce que tu crois, déglutit Ace, le visage rouge. C'était pas prévu…
Mais la jeune femme, Nami si Law avait bien suivi, ne l'écoutait déjà plus lorsqu'elle remarqua le pot de yaourt glacé. Ils avaient oublié de le remettre au réfrigérateur la veille lorsque les choses étaient devenues plus... corsées.
_Qu'est-ce que c'est que ça ! hurla-t-elle en désignant le pot. Tu as mangé ma glace à la mandarine, Ace ?!
Elle devait réellement être hors d'elle et même Law tressaillit au regard noir qu'elle dardait sur eux. Ace, lui, semblait se chier dessus et il tenta de s'excuser, lui promettant qu'il lui en ramènerait un le lendemain.
_T'as intérêt ! Et pour la peine tu me dois une journée de taff ! Tu es libre la semaine pro pour me remplacer ?
Elle n'attendit pas plus pour partir dans la salle arrière et Ace la suivit, essayant de négocier, en agitant les mains et en s'excusant encore. Law les regarda s'éloigner et resta debout derrière le comptoir. L'horloge au-dessus du canapé indiquait qu'il était bientôt sept-heures du matin, ce qui signifiait que les dépanneurs, s'ils n'avaient pas raconté de crack, seraient bientôt là pour s'occuper de sa voiture et l'emmener au garage automobile. Avec un soupir las, il ramassa le pot de yaourt désormais complètement fondu pour le jeter à la poubelle mais comme ce n'était pas assez pour passer le temps, il alla se poster dehors.
Il lui fallut un certain temps pour retrouver son jeu de clés de voiture et d'appartement, et découvrir qu'il n'avait même pas verrouiller les portières. Heureusement, rien ne semblait avoir été volé et il retrouva même sa veste sur les sièges-arrière.
_Tu es ici ! s'exclama Ace, apparemment soulagé de le trouver. J'ai cru que tu étais parti.
_J'attends les dépanneurs.
_Oh, c'est vrai, marmonna le plus jeune.
Pour quelque chose que Law n'arrivait pas à cerner, Ace paraissait déçu ou gêné. Il le regardait avec ses yeux si foncés que Law ne pouvait en distinguer les pupilles, avant de venir s'asseoir à côté de lui. Il avait un briquet dans la main mais au lieu de sortir une cigarette, il se contenta de jouer avec.
Law ne savait pas si le silence entre eux était censé être apaisant, mais il était le bienvenu. Sa tête était comme sur le point d'exploser après avoir passé autant de temps sans faire une véritable nuit de sommeil et en tant qu'interne avec une dizaine d'années d'études de médecine, il pouvait assurer que le bourdonnement dans ses oreilles n'était pas normal.
Finalement, ils n'ont pas eu besoin d'attendre si longtemps que cela avant que le dépanneur n'arrive, ou alors Law s'était tout bonnement endormi les yeux ouverts.
L'homme qui sortit de la remorqueuse avec une énorme barbe rousse touffue et tressée donnait à Law le terrible sentiment d'être en train de rêver d'un pirate qui allait lui voler son véhicule. Mais le dépanneur avait tout de réglo même s'il jeta de drôles de coup d'œil à l'interne lorsqu'il lui parla du sabotage, mais ce dernier était trop fatigué pour réellement y prêter attention.
Une fois la voiture prête à être remorquée, l'adresse du garage automobile dans laquelle elle serait déposée et le chèque signé, le dépanneur s'en alla enfin et Law n'avait aucune idée de ce qu'il allait faire.
_Tu travailles aujourd'hui ? demanda Ace dont il avait complètement oublié l'existence à côté de lui.
_Pas pour les deux prochains jours.
_Et tu habites loin d'ici ?
_Eh bien, je ne sais pas trop où on se trouve… on est de quel côté de l'hôpital ?
Les sourcils d'Ace étaient se levèrent.
_Loin, à l'autre bout de la ville presque. Tu viens de dire que tu ne travaillais pas.
_J'habite à côté.
_Bien, alors tu n'as pas le choix, viens avec moi.
_Où ?
_Chez moi. C'est à 10 minutes à pied et tu as vraiment besoin de dormir.
Sans attendre, Ace attrapa son bras et de toute façon Law était trop fatigué pour protester.
Il ne savait pas trop comment ils avaient réussi tellement son corps lui avait paru lourd et ses jambes incontrôlables, mais d'une manière ou d'une autre, lorsque Law se réveilla, il se trouvait sur le matelas d'Ace, en haut de sa mezzanine. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il mit un moment à comprendre qu'il s'était endormi, ce qui déjà était une surprise en soi, et encore plus à comprendre où il se trouvait. Les souvenirs de la veille et des derniers jours étaient flous dans son esprit avant qu'il ne s'éclaircisse et que la panique qui avait grimpé en flèche en lui ne se calme.
Malgré les bosses du matelas, c'était confortable de pouvoir rester allonger quelques minutes, à ne rien faire. Bercer par le son de la vaisselle et des placards qui s'ouvrent, Law était presque certain de s'être rendormi avant de se forcer à ouvrir à nouveau les yeux et cette-fois-ci à se redresser. Il fit attention de ne pas se cogner au plafond et il fut soulagé de voir que ses vêtements étaient toujours sur lui. C'était cela en moins de ne pas avoir à expliquer les taches sur sa peau, ni d'avoir à chercher ses habits. La descente de l'échelle fut cependant comme la fois précédente abrupte et Law, manquant l'une des barres, glissa par terre dans un bruit sourd.
Ace qui était assis sur le canapé et qui l'avait regardé faire tout du long sans un mot, lui souriait.
_Hey, le salua-t-il avec un mouvement de la main comme s'ils étaient des gosses. Bien dormi ?
Etrangement oui, pensa Law et il hocha la tête. Il ne savait pas quelle heure il était mais parler aussitôt après s'être réveillé ne faisait pas parti de ses compétences sociales qu'il savait déjà extrêmement limitées.
_Je savais pas si tu préférais prendre quand même un petit déj ou le dîner mais il y a des pâtes dans le frigo, lui proposa Ace sans se soucier de son manque flagrant de réponse.
_Quelle heure est-il ?
Les volets étaient fermés et sa vision trop floue pour que Law puisse distinguer l'heure sur le micro-onde.
_Un peu plus de 22h. Si ça ne te va pas je peux préparer autre chose.
_C'est bon, je vais rentrer chez moi de toute façon.
Se détournant d'Ace et de son visage désappointé – Law n'était pas certain de savoir ce qu'il pouvait y lire dessus -, l'interne chercha du regard ses chaussures et sa veste qu'il se rappelait avoir avec lui quand ils avaient quitté la station-service.
_Où sont mes clés ?
Il était en train de faire toutes ses poches à leur recherche, palpant son jean et la veste qui avait été trop soigneusement pliée sur le dossier d'une chaise pour être lui.
_Le trousseau noir, avec le porte-clef en forme de sous-marin jaune ?
_Heu… ce n'est pas celui que tu as donné au dépanneur ce matin ?
Oh. Maintenant qu'Ace le lui rappelait et que son cerveau émergeait de la brume de son sommeil, Law pouvait se revoir distinctement tendre ses clés à l'homme-pirate. Merde.
_Hey, c'est pas grave. Tu peux rester ici cette nuit, lui dit Ace qui s'était rendu compte de son malaise. Tu la récupères demain soir ta caisse, non ?
_Je ne peux pas accepter.
_Pourquoi ? Ce n'est pas comme si je me sentais obligé.
_Ace, tu sais ce que je t'ai dit hier soir ou cette nuit, je ne sais plus. A propos du sabotage et de toute cette histoire de gang ? Ce ne sont pas des conneries, c'est bien réel.
Il y eut un silence avant qu'Ace ne réponde :
_Je te crois.
Malgré le hochement de tête fourni par le plus jeune, Law ne pouvait qu'être sceptique.
_Ça ne te dérange pas, toute cette histoire ? Tout ce que je t'ai raconté ?
Il avait dû mal à le croire. Soit Ace ne le prenait pas du tout au sérieux et pensait qu'il délirait ou mentait ou peu importe, soit il était bien plus naïf que Law l'avait cru jusqu'alors.
_Je te l'ai dit, je sais que tu es une bonne personne. Franchement, ça va, d'accord ? Et je connais bien pire que toi ou tout ce que tu as pu faire, ou les gens que tu as fréquenté.
_Je ne pense pas qu'il n'existe des personnes plus infréquentables et dangereuses que des trafiquants.
_Law, et Ace semblait vraiment fatigué rien qu'en prononçant son nom, mon père est Gol Roger.
Malgré sa propension à se tenir loin de la vie privée des gens et de leur chez-soi pour ne pas avoir à rendre la pareil, Law savait que ses amis pouvaient l'héberger. Shashi et Penguin avaient largement la place dans l'appartement qu'ils partageaient à quelques pas à peine de l'hôpital mais leur hygiène de vie était déplorable, Law devait bien le reconnaître. Il était donc exclu qu'il se rende chez eux, à moins de vouloir passer la nuit sur un canapé recouvert de miettes et de se gratter pour les jours à venir.
L'autre option, et la plus logique, était bien entendu Bepo. Son meilleur ami serait plus qu'enclin à le laisser utiliser sa chambre d'ami, il était même un très bon cuisinier, préparant toujours quelque chose à manger quand il recevait un invité. Et à la différence de Shashi et Pen qui se disputaient aussi souvent qu'un vieux couple à la retraite, Law pourrait profiter du calme et du confort de son appartement. Pourtant, sans réellement savoir pourquoi, il avait accepté la proposition d'Ace et il n'avait pas cherché non plus à partir, même lorsque celui-ci lui avait annoncé qu'il devait retourner au travail à 23h et qu'il ne reviendrait pas avant le lendemain matin.
Dans cette histoire, ce n'était pas vraiment à Law d'être mal à l'aise, au contraire, il était surpris que l'ancien étudiant en commerce ne s'inquiète pas de le laisser chez lui. Tout ce que lui avait fait, était d'accepter l'invitation. Cependant, cela ne l'empêchait pas durant toute la nuit de se demander pourquoi il n'avait pas refusé comme il l'aurait fait d'ordinaire. Alors qu'il regardait paresseusement la télévision d'Ace sans vraiment prêter attention à ce qui se déroulait sur l'écran, il essaya de se persuader qu'il avait accepté sans rechigner parce qu'il était encore trop fatigué pour que son cerveau ne fonctionne correctement et que se rendre chez Bepo signifiait devoir faire face à un interrogatoire du pourquoi du comment sa voiture était chez le garagiste.
Avec un soupir, Law regarda l'heure indiquée en haut de l'écran de télévision, sur la chaîne des informations en continue. Il était plus de trois heures du matin et très certainement avec tout le manque de sommeil accumulé, il aurait été logique d'aller se coucher. Ce n'était pas comme si la fatigue manquait, malgré avoir dormi presque la journée entière, Law pouvait sentir l'épuisement qui avait gagné tout son corps ces derniers jours ronger ses muscles et ses os. Si son esprit était un peu plus clair que précédemment et qu'il savait que ce serait bénéfique de dormir à nouveau, il était toujours préoccupé. Il n'avait pas peur de Doflamingo et de ses sbires, pourtant il se sentait oppressé par l'idée qu'ils le surveillent et que le procès ne soit qu'une perte de temps. Après toutes ces années, il avait pensé, espéré, que la mort de Cora, si elle ne pourrait jamais être complètement surmontée, avait été acceptée. La visite de Sengoku avait prouvé le contraire, laissant à Law seulement le goût de la vengeance sur la langue et une envie brutale dans son ventre.
Ce qui l'inquiétait également, c'était les conséquences que cela pourrait apporter. Si jusqu'à présent se délecter de la souffrance de Law pour avoir perdu un être cher était suffisant, satisfaisant sa perversité, désormais l'interne redoutait les répercussions que Joker pourrait vouloir affliger à ses proches. Doflamingo savait comment rendre ses représailles plus mortelles.
Ne plus pouvoir rentrer chez lui arrivait au plus mauvais moment, chaque instant passé avec quelqu'un ne ferait que faire de cette personne une cible plus attrayante pour la Don Quichotte family. Et depuis le temps que Law côtoyait Bepo, Shashi et Pen, il ne faisait aucun doute qu'ils se trouvaient dans leur viseur. Mais désormais, il y avait aussi Ace.
Ace dont le père n'était pas moins que Gol Roger, l'homme célèbre aux yeux de Démon.
Il avait fallu un moment à Law pour se remémorer qui il était lorsqu'Ace le lui avait dit plus tôt. Le nom sonnait étrangement familier à son oreille et lointain à la fois. Ce qui n'était pas surprenant, plus personne ne parlait de cet homme depuis des années, à part dans certains reportages criminels où il n'était que cité. Mais il y a vingt ans, peut-être un peu plus, les informations n'avaient fait que de diffuser à propos d'un braquage de banque qui avait duré plusieurs jours et fait plusieurs morts. Des braqueurs et des officiers, bien évidemment mais aussi des civils qui s'étaient retrouvés piégés au mauvais moment. Parmi eux, Law pouvait se rappeler d'une femme enceinte, tuée pendant le braquage, dont le portrait avait été diffusé durant des mois en commémoration. Agé de moins d'une dizaine d'années à l'époque, Law se souvenait des discussions étouffées de ses parents à propos de ce tragique accident et du monstre à l'origine de tout cela.
Lorsque le braquage avait pris fin après trois ou quatre jours, le responsable des braqueurs avait été trainé devant les caméras du monde entier, les mains menottés. Ce n'était pas seulement les chaînes nationales qui avaient filmé cela mais également la presse étrangère qui avait été émue par cette histoire tragique. Le visage de l'homme n'était pas clair dans l'esprit de Law, il était bien trop jeune, mais il se rappelait ces images, lorsque Roger avait été tiré hors de la banque et qu'il avait crié que tout cela était une action menée pour contester le gouvernement en place. Sa mère avait éteint la télévision avant qu'il n'ait pu entendre tout ce que l'homme avait à dire mais les semaines suivantes, tout ce dont les médias parlaient était de lui. Gol Roger, l'homme aux yeux de Démon, celui qui avait assassiné une jeune femme enceinte et qui était à la tête d'une organisation terroriste qui se faisait appelée Les pirates.
Et Ace était son fils, apparemment. Ce qui n'était si surprenant que cela, après avoir rejeté quelques coups d'yeux sur Internet pour se remémorer les évènements de cette histoire, il pouvait voir la ressemblance entre les deux. Une ressemblance, devait-il bien avouer, frappante.
Ace n'était différent physiquement de son père seulement de par son âge et ses taches de rousseur. La forme de leur visage, quoique plus fine pour Ace, et leur carrure semblaient être exactement les mêmes. Leurs yeux, l'étaient aussi. Sombres et profonds, des abysses sans fond. Law était surpris de ne pas l'avoir remarqué plus tôt, surtout après toute la médiatisation faite autour du regard particulier de Roger qui avait suscité tant d'intérêt à l'époque.
L'espace d'un instant, après cette révélation de parenté des plus improbables, Law s'était demandé qui pouvait bien être la femme qui avait eu un enfant avec l'homme qui était décrit comme un monstre par tous. Ce n'était qu'une curiosité morbide et mal placée, et il avait été hors de question de faire d'autres recherches sur Internet. Il ne voulait pas violer la vie privée d'Ace. Le jeune homme lui avait révélé la terrible vérité, quelque chose qu'il ne disait pas à n'importe qui. Peut-être était-ce dû à la fatigue harassante de garder un tel secret aussi lourd à porter mais Law préférait envisager cela comme une marque de confiance.
Ace s'était ouvert à lui sans rien demandé en échange et d'une manière ou d'une autre, malgré les tensions qu'ils avaient rencontrées, il lui laissait un accès total à son intimité. Il y avait certainement des preuves de sa parenté avec Roger dans son appartement. Une personne scrupuleuse pourrait partir à leur recherche et les envoyer au plus offrant. Law ne le ferait jamais, bien sûr. Malgré son passif, il se considérait comme quelqu'un de juste et de désintéressé, et il était étrangement touché par la preuve de confiance qu'Ace lui laissait entre les mains. Il pourrait détruire sa vie et c'était tout comme si Ace lui en laissait le choix.
Il était sept-heure du matin lorsqu'Ace est revenu. Fatigué et le cou raide, il sourit néanmoins à Law lorsqu'il le trouva avachi sur le canapé. Au bout d'un moment, l'épuisement l'avait remporté et avant qu'il ne s'en rende compte, l'interne s'était assoupi. Cela avait été un sommeil sans rêve et il n'en avait été tiré que lorsqu'il avait entendu les clés dans la serrure.
Ses épaules et sa nuque lui faisaient mal à cause de la position dans laquelle il était allongé, et à cause du sommeil qui ankylosait son corps, les paupières de Law étaient lourdes. Pourtant, il ne protesta même pas lorsqu'Ace vint le rejoindre sur le canapé, drapant son bras autour de son torse et qu'il plaça sa tête dans son cou.
Eh bien, peut-être qu'ils en étaient là, maintenant.
Avec tout ce qui se passait en ce moment, Law ne devrait même pas être surpris que Sengoku sonne à sa porte. En réalité, il ne l'était pas vraiment, cela faisait un petit moment qu'il attendait sa venue ou un message de sa part pour le prévenir que le procès commencerait dans quelques mois à peine.
_Nous n'avons pas encore de date fixe mais le procès sera ouvert au public, j'ai réservé une place pour toi. Je sais que tu ne pourras pas toujours être présent mais au moins, si tu en as l'envie, tu pourras venir.
_Tu te doutes qu'ils me surveillent, n'est-ce pas ? Law offrit-il comme seule réponse.
Si Sengoku pensait qu'il allait le remercier, il se fourrait le doigt dans l'œil mais cela ne voulait pas dire qu'il n'allait pas s'y rendre. Il était mitigé à ce sujet, bien plus qu'au tout début de cette histoire. Même si les chances que Doflamingo soit reconnu coupable étaient infimes, qu'il soit emprisonné l'étaient encore plus, il pourrait donner cher pour le voir dans une telle position d'infériorité. Oh, bien entendu, il ne doutait pas que Joker ferait tout en son pouvoir pour retourner la situation à son avantage et Law savait pertinemment qu'il en avait largement les possibilités, mais c'était mieux que rien, n'est-ce pas ?
_Je sais et je suis aussi au courant pour la voiture.
Les sourcils de Law se froncèrent, se demandant bien comment il pouvait le savoir. Il en avait une petite idée, bien sûr, mais il voulait l'entendre dire de la bouche de l'officier. Il n'y avait pas quinze mille possibilités. Alors, il ne répondit rien et il croisa les bras sur sa poitrine, fixant le vieil homme grisonnant, la mâchoire serrée. S'il n'avait jamais eu beaucoup de mal à terroriser les gens par son attitude froide et réticente, il savait que cela ne fonctionnait pas avec l'ancien mentor de Cora. Pourtant, Sengoku était un homme de parole et sincère, qui ne cherchait pas à cacher les choses. C'était peut-être bien le seul trait que Law lui reconnaissait.
_Des officiers en civils te surveillent aussi. Je savais que Doflamingo et sa famille ne te laisseraient pas tranquille une fois la procédure en marche, par sécurité…
_Sécurité, vraiment ? railla l'interne.
_Je me fiche de ce que tu crois. Rosinante tenait à toi, prends cela comme un geste envers lui.
Law renifla mais n'ajouta rien. Pour sa part, il pensait surtout que Sengoku faisait cela pour que son enquête et le procès ne soient pas ruinés d'une quelconque manière et pour assurer ses arrières.
_Ils m'ont rapporté tes échanges avec la fille, et que d'autres membres trainent à l'hôpital pour te faire peur. Et pour la voiture, bien sûr.
Sa voiture. Celle qui après avoir été finalement amenée chez le garagiste avait effectivement un problème avec le moteur dont l'un des tuyaux avait été scié. Rien qui ne puisse conduire à un accident mortel, cependant. Et comme Law l'avait prédit, ils ne cherchaient pas à le tuer, simplement à le menacer d'intervenir dans le procès.
_Je suis aussi au courant pour ton comportement.
C'était la première fois que Law découvrait Sengoku mal à l'aise. Ce n'était rien de flagrant mais suffisamment visible dans son ton et la manière que ses yeux l'évitaient pour qu'il s'en rende compte.
_Es-tu bien entouré ? Certains que tous tes proches ne sont pas des sbires de Don Quichotte ? continua-t-il lorsqu'il comprit que Law n'ajouterait rien. Il y a ce…
_Stop. Je me fiche de savoir si cette soi-disant protection policière est en hommage à Cora ou pour protéger votre réputation de flic, mais c'est ma vie privée. Joker et les autres ne me feront pas de mal, affirma Law. Je veux que ce cirque prenne fin maintenant, il est hors de question que qui que ce soit me suive.
Il était catégorique. Peu importe que Sengoku le prenne au sérieux ou non, s'il se rendait compte que quelqu'un le surveillerait, il ne le laisserait pas faire impunément. Law était plus qu'épuisé de toute cette histoire. Il se fichait que la Don Quichotte family tente véritablement ou non d'atteindre à sa vie, il voulait être tranquille une bonne fois pour toute. Et Sengoku sembla comprendre qu'il ne pouvait pas le convaincre, alors après un hochement de tête, il reparti.
Les jours s'écoulaient à une vitesse alarmante mais c'était toujours le cas durant le mois de décembre. Law n'avait pas réellement de vacances à cette période, il était même de garde durant les fêtes, et il était déjà épuisé par tout le va-et-vient des patients. Pour une raison quelconque, l'hôpital était encore plus surchargé à cette période qu'une autre. Cela ne l'empêchait pas d'apercevoir des sbires de Joker de temps à autres dans les couloirs. Ils se faisaient plus rares ou alors, Law était trop occupé et accaparé par son travail et les patients pour les remarquer. Dans tous les cas, il avait pris la décision de les ignorer et d'ignorer le procès. Sa voiture n'avait pas été saboté une seconde fois à sa connaissance et il la révisait régulièrement pour s'en assurer. Il était hors de question pour lui de retomber dans l'état d'esprit démentiel et irrationnel dans lequel il avait plongé la tête la première il y a de cela quelques semaines.
C'était difficile mais il se forçait à avoir un mode de vie plus sain, du moins autant que sa carrière lui permettait. Ce n'était pas parfait mais c'était mieux que rien même s'il passait la plupart de son temps à l'hôpital. Au moins, aucune crise de paranoïa ne s'était répétée et il réussissait à maintenir six heures de sommeil par nuit. C'était, à priori, le maximum qu'il pouvait avoir.
Il n'avait plus eu de nouvelles de Sengoku depuis sa dernière apparition surprise à son appartement et il n'avait remarqué aucun officier le surveillant. Il ne savait pas si le vieil homme l'avait écouté, en tout cas, il préférait l'imaginer ainsi. La vie avait repris son cours le plus normal, autant que cela était possible. Law se réveillait, allait travailler puis rentrait chez lui. S'il avait la chance de ne pas terminer trop tard ou avec des horaires avantageux, il lui arrivait de croiser ses amis. Ils n'avaient pu refaire des soirées comme la dernière fois à son appartement ou au Bar de l'Arnaque, mais se voir en coup de vent dans les couloirs ou sur le parking n'était pas si mal.
Et aujourd'hui était l'un de ces jours où les astres devaient être alignés ou une connerie dans le genre car ils avaient tous les quatre des pauses qui se chevauchaient. C'était le milieu d'après-midi et ils décidèrent de profiter d'une tasse de café bien méritée à la cafétéria, plus chère de quelques centimes et à peine meilleure que celles des distributeurs. Au moins, c'était un endroit plutôt calme à ce moment-là de la journée et ils pourraient s'asseoir sans avoir à se battre pour une chaise comme c'était bien trop souvent le cas dans les salles de repos du personnel hospitalier.
Ils s'étaient tous retrouvé au rez-de-chaussée. Bepo fut le dernier à arriver. Après qu'il se soit excusé encore et encore, ils purent enfin se diriger vers cet or brun liquide qui les maintiendrait réveillés pour les prochaines heures. Law ne pouvait penser qu'à cette promesse d'une boisson chaude et il n'associa pas immédiatement la voix qui l'appelait comme étant celle d'Ace jusqu'à ce qu'il se rapproche d'eux.
_Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-il, essayant de calculer quel jour de la semaine ils étaient.
Plusieurs semaines étaient passées depuis qu'Ace l'avait hébergé lorsque ses clés d'appartement s'étaient malencontreusement retrouvées chez le garagiste. Ils s'étaient croisés à plusieurs reprises en coup de vent eux aussi dans les couloirs de l'hôpital et il était même retourné chez lui parce qu'apparemment, désormais, coucher ensemble était devenue une chose entre eux. Une chose que Law pourrait presque qualifier de régulière. Si aucune discussion là-dessus n'avait été abordée par l'un ou l'autre, visiblement Ace devenait tout de même plus bavard une fois venu. Plus affectueux aussi, il avait cette manière de s'accrocher à Law parfois si fortement que l'interne pouvait sentir ses côtes être pressées.
C'était au cours de l'une de ses discussions dans laquelle Law avait été poussée sans chercher à l'être et qu'il n'essayait plus activement d'éviter ou d'en sortir, qu'Ace lui avait révélé pourquoi il était si souvent présent à l'hôpital.
_Tu te rappelles de ce que je t'ai dit à propos de Roger ? C'est lui que je viens voir tous les lundis et vendredis.
_Je croyais que tu ne le connaissais pas personnellement.
Law, malgré l'instabilité dans laquelle il s'était retrouvé lorsqu'Ace l'avait hébergé, était certain d'avoir bien compris et écouté attentivement lorsqu'il lui avait révélé qui était son père biologique. Un « trou du cul », pour reprendre ses mots exacts, qui le dégoûtait au plus au point et dont il remerciait la prison pour l'avoir éloigné de sa vie avant même qu'il ne naisse.
_Je ne l'ai pas fait jusqu'à l'année dernière. Si ça ne tenait qu'à moi je ne l'aurais jamais rencontré, s'était-il emporté.
Puis, plus calmement, presque avec regret et nostalgie, Law n'en était pas certain, il avait ajouté :
_Mais j'ai fait une promesse. Je me dois de la respecter.
Ils étaient restés silencieux jusqu'à ce que le corps de Law, au tout du moins chaque partie sur laquelle Ace n'était pas avachi, ait refroidit.
_Je te vois plus souvent à l'hôpital que pour tes visites, avait fait remarquer le plus vieux lorsqu'il s'était paresseusement rappelé où ils s'étaient vus en premier ce jour-ci avant de rentrer chez Ace et qu'ils étaient un jeudi.
L'ancien étudiant en commerce n'avait pas répondu tout de suite et Law s'était redressé pour voir s'il s'était endormi. Cela n'aurait pas été la première fois qu'Ace l'utilisait comme oreiller. Mais ses yeux noirs étaient alors ouverts, à peine plissés dans la réflexion, comme s'il avait fallu plusieurs minutes pour savoir quoi répondre.
_Le jeudi j'ai des réunions avec les NA, avait-il finalement avoué comme si c'était quelque chose de terrible, les yeux baissés sur le cou de Law pour éviter son visage.
_Je pensais que tu n'en avais pas besoin.
C'était vrai, Law n'avait pas dit cela pour le blesser ou se moquer de lui. Même s'il était catégoriquement contre la consommation de drogue et qu'il avait souvent emmerdé Ace en le traitant de toxico, il n'avait jamais réellement imaginé que ce soit un tel problème.
_Ouais, moi non plus, avait-il marmonné. Mon grand-père pense vraiment que j'ai foutu ma vie en l'air, tu sais. J'essaie de… redresser les choses.
_Ton grand-père est un con, avait dit Law et cela avait au moins eu le mérite d'arracher un gloussement crispé à Ace. J'imagine que c'est une bonne idée cependant, de chercher de l'aide.
_Ouais, j'imagine aussi.
Depuis, ils ne s'étaient recroisés qu'une fois, l'espace de quelques secondes, dans les couloirs il y a quelques jours.
Quelque chose de chaud se diffusait dans la poitrine de Law mais il n'essayait de ne pas penser à cette étrange sensation. A la place, il se fit la réflexion que c'était surprenant qu'après avoir semblé plutôt mal à l'aise la dernière fois qu'il avait croisé ses amis à la cafétéria Ace vienne les voir.
_Salut, les gars, agita-t-il bizarrement sa main en direction de Bepo, Shashi et Pen. C'est vendredi, je suis en visite. Je dois me dépêcher avant de retourner travailler.
_Tu ne travailles plus de nuit ?
_Si, ahah, mais je remplace Nami. Encore. Bref, je me demandais si tu faisais quelque chose demain soir.
_Je serai de garde.
_Oh.
Le visage d'Ace tomba mais il reprit bien vite un air décontracté et déjà, il souriait de nouveau.
_Une prochaine fois, alors, hein ? Je dois y aller mais on se redit. C'était sympa de vous voir, les gars.
Et aussi rapidement qu'il était apparu, il était reparti sous le regard déconcerté de Law.
_Wow, Shashi trouva-t-il apparemment utile de commenter.
_C'était rude, ajouta Pen parce que ces deux-là ne savaient pas ne pas travailler en concert quand ils étaient ensemble.
_Tu exagères, marmonna Bepo en fixant le couloir vers lequel Ace s'était éloigné.
Si même son meilleur ami si mettait, Law ne pouvait plus compter sur personne.
_Qu'est-ce que vous racontez ? grommela-t-il en reprenant leur route en direction de la cafétéria, bien décidé à ne pas prêter trop attention à leurs divagations.
_Tu es un idiot, tu le sais, non ?
_Pardon ?
_Pen a raison. Le pauvre gars essayait juste de t'inviter à sortir.
_Et maintenant tu as brisé tous ses rêves.
Law décida qu'il valait mieux pour lui et eux de ne pas les encourager dans leurs élucubrations, alors il ne répondit rien et se contenta de les ignorer. Ce qui était plus ardu que prévu aux vues des regards que Bepo n'arrêtait pas de lui lancer et des pitreries de Shashi. Ce dernier parlait toujours aussi fort et même si Law avait l'habitude de faire abstraction, cela se révélait difficile lorsqu'il avait décidé de faire remarquer qu'Ace avait rougit comme une vierge effarouchée et que Pen avait pensé bon de commenter à son tour.
Ils étaient tous épuisants, pensa-t-il mais il était content de les avoir avec lui malgré tout. Cora pourrait même être fier de lui pour cela.
Malgré le froid qu'il faisait dehors et qui s'infiltrait à l'intérieur de l'appartement à cause de la mauvaise isolation, le corps d'Ace était étonnement chaud. Une véritable fournaise humaine. Avant même qu'ils ne commencent à baiser, Law pouvait sentir la chaleur se dégager de sa peau comme d'un radiateur. Et cette sensation ne faisait que s'intensifier lorsqu'ils se touchaient et qu'Ace enlevait ses habits. C'était encore plus impressionnant lorsque Law était profondément enfoncé en lui. Il avait l'impression de plonger dans un brasier ardent qui ne pouvait le brûler et qui l'enveloppait de toute sa chaleur. Le couvant.
C'était étrangement bon, d'ailleurs, et encore meilleur lorsqu'ils bougeaient. Ace était ce genre de partenaire qui s'offrait complètement, prenant son pied en se laissant faire et en se laissant malmener. Il était réceptif à chaque mouvement que Law pouvait faire en lui, à chaque main qui se refermait avec ferveur autour de n'importe quelle partie de son corps. Même lorsque Law dut presser son visage entre sa nuque et son épaule parce qu'il était submergé par toute cette chaleur, il haleta, impétueux.
L'impétuosité. C'était le premier mot qui venait à l'esprit de Law pour décrire Ace. Pas seulement en ce moment-même lorsqu'ils baisaient dans son lit, mais tout le temps. Il y avait quelque chose de fougueux en Ace, même lorsqu'il semblait éteint à certains instants ou plus réservé à d'autres. C'était comme si un brasier brûlait toujours en lui et qu'au fur et à mesure des évènements, ses flammes enflammaient ou se rétractaient selon leur bon vouloir et celui de ses émotions. Et bien qu'il soit en position de faiblesse, il continuait d'agir, de bouger et de parler comme s'il tenait les rênes.
Il était difficile à satisfaire dans ce sens et Law avait eu un mal fou à résister à ses demandes répétées d'enlever complètement ses vêtements.
_Plus fort, pouvait-il l'entendre ordonner alors même qu'Ace pressait son front dans le matelas.
Law ne savait pas s'il parlait de ses coups de hanches ou de sa main qui tenait fermement son épaule alors il intensifia les deux. Ce qui semblait être la bonne décision parce tout autour de lui, un frisson parcouru Ace et il haleta comme s'il était en extase. Law espérait qu'il l'était en tout cas et il continua jusqu'à ce qu'Ace ne laisser échapper un son étranglé et que son corps devienne subitement mou sous ses mains.
Law n'arrêta pas jusqu'à ce qu'il soit enfin lui-même libéré. Avec un soupir, il se retira de ce brasier, s'éloignant de ce cocon de chaleur mais Ace ne laissa pas vraiment le temps à son corps de refroidir qu'il s'allongea directement sur lui. C'était devenue une sorte d'habitude maintenant et Law le laissa faire sans dire un mot, profitant simplement du moment. Même lorsqu'Ace pressa ses lèvres sous sa mâchoire, il ne dit rien. Les premières fois, cela l'avait surpris mais maintenant Law se contentait de l'apprécier.
Voilà, le chapitre huit se termine ici. J'espère qu'il vous a plu :) j'attends avec impatience vos avis !
A la prochaine!
Willoh.
