Bien le bonjour !

Et désolée de mon retard... Entre un bal et un concert d'Indochine j'ai eu un peu la tête ailleurs (sans parler de mes obligations académiques qui mangent tout mon temps...)

Disclaimer: les personnages appartiennent à Hidekaz Himaruya.

Dans ce chapitre, et dans les suivants, vous remarquerez sans doute que certains dialogues seront en langues étrangères. Pour en clarifier les usages: je ne rédigerait pas tous les dialogues dans la langue dans laquelle ils sont prononcés car, d'une part, je ne connais pas toutes les langues employées (je suis une ignare en espagnol, bonjour) et que, d'autre part, hé bien j'écris quand même des fanfics en langue française. Les autres langues ne seront utilisées que lorsqu'une langue étrangère intervient dans un passage principal en une autre langue, a fortiori quand les autres personnages ne la comprennent pas. Exemple: Lovino et Gilbert parlent ensemble italien. Lovino ne comprend pas l'allemand, quand Gilbert est amené à le parler avec un compatriote, le dialogue sera retranscrit en allemand pour marquer que ce n'est pas une langue commune à tous les personnages en présence qui est employée. Ces passages resteront minimes et les traductions seront toujours fournies en fin de chapitre.

Playlist YouTube: /playlist?list=PLiAGOJyChRm1TSoJ3vgRzb0frcy6GPqZq

Il ne me reste qu'à vous souhaiter une bonne lecture !


Chapitre III

Janvier 1937.

Lovino et Gilbert, au cours des jours qui suivirent leurs deux premières rencontres tumultueuses et riches en émotions, s'organisèrent, pour finalement devenir en quelque sorte complices. Quand Lovino était de garde, la nuit, devant les hangars, Gilbert se glissait frauduleusement à l'intérieur de l'entrepôt et sabotait un avion, de façon minime parfois, mais suffisamment efficace pour que le camp ne puisse pas s'en servir de façon optimale. C'était là l'avantage de construire des avions : on savait très bien ce qui leur permettait de fonctionner, et par conséquent ce qu'il fallait déranger pour les rendre défectueux. Toutefois, il préféra éviter une seconde explosion avant d'être sûr de pouvoir sauver ses fesses, car dans le cas contraire les soupçons auraient donné lieu à une enquête.

Les jours se suivaient et s'écoulaient beaucoup trop lentement aux yeux de Lovino, qui déplorait l'absence de progrès notable dans un plan d'évasion brillant que Gilbert Beilschmidt gardait jalousement pour lui. Quand Lovino le pressait de questions, Gilbert se contentait de lui répondre.

« Je te dirai tout quand ça sera le moment. »

Et Lovino rongeait son frein.

De son côté, Gilbert préférait ne pas précipiter les choses et se faire tout petit dans la base, tel une fourmi ouvrière qui se complaisait dans la solitude et la pénombre des hangars, le cliquetis des ferrailles et les carcasses d'acier pour seules confidentes.

Il sortait d'un entrepôt en fin d'après-midi, lorsqu'un avion atterrit non loin et rentra dans la base pour être pris en charge par des garçons d'écurie, comme Gilbert les appelait : de jeunes techniciens qui avaient encore beaucoup à apprendre mais qu'on avait engagés faute de plus qualifiés, et qu'on avait secrètement placés sous la supervision de Gilbert qui, lui, et sans se vanter bien entendu, savait réellement ce qu'il faisait.

Celui-là, c'était un avion arrivé récemment, un modèle beaucoup plus imposant que les petits Heinkel He 51 que la base avait hébergés jusqu'à présent. Pour sa part, ce Heinkel He 111, surnommé Pedro avec affection par les aviateurs, nécessitait quatre personnes d'équipage et pouvait emporter dix passagers, ça ne rigolait plus.

Les quatre hommes qui l'avaient occupé pour une mission de reconnaissance dans les montagnes en sortirent et l'un d'entre eux, le pilote, fonça droit sur Gilbert en retirant ses lunettes.

« Guten Abend ! » lâcha le pilote. « Bist du der Techniker ? »

Gilbert apprécia moyennement ce tutoiement impoli de la part de l'homme à qui il n'avait guère parlé auparavant, mais hocha la tête. De la part des militaires, qu'ils soient de l'infanterie ou de l'aviation, il avait rarement droit à mieux et préférait s'écraser pour le moment, histoire d'avoir l'opportunité de leur faire un pied de nez monumental par la suite.

« Ja. »

« Das Flugzeug ist hinüber. Es gibt etwas gebrochen. »

« Das übernehme ich. » rétorqua Gilbert le plus platement qu'il le put.

En vérité, une ampoule s'était mise à clignoter dans son esprit et il souriait intérieurement, se congratulant déjà pour les dizaines d'idées lumineuses qui s'alignaient petit à petit dans son cerveau. Évidemment le pilote hautain était loin de soupçonner quoi que ce fût, et il s'éloigna en assénant une claque sur l'épaule de Gilbert. Celui-ci siffla entre ses dents et tourna les talons, rentrant dans le hangar avant qu'on y range l'avion pour la nuit. En faction près des portes, il repéra Lovino, arme au poing, qui surveillait les allées et venues. Alors le sourire en coin de Gilbert fleurit au grand jour, et en passant près de son acolyte, il lui adressa un clin d'œil avant de disparaître dans son royaume de mécanique.

oOo

Lovino patienta en faction jusqu'à plus de minuit avant d'estimer que les alentours étaient suffisamment déserts pour quitter son poste et aller voir ce que trafiquait Gilbert. Ce sourire goguenard et très légèrement content de lui avait le don d'agacer l'Italien, mais force était de reconnaître que le clin d'œil, pour sa part, avait attisé sa curiosité. Quelle bonne nouvelle ce pilote avait-il donc livrée au mécanicien pour qu'il ressorte de leur conversation à ce point guilleret ?

Dans le hangar où Gilbert faisait des heures supplémentaires, Lovino n'eut qu'à suivre les bruits de ferrailles et les sifflements désinvoltes d'un air comique de Mendelssohn pour parvenir jusqu'à l'albinos, qu'il découvrit, comme il s'y attendait, armé d'un tournevis et les jambes sous la carlingue de l'avion rentré plus tôt dans la soirée.

Lovino se signala d'un raclement de gorge et la mélodie de Gilbert cessa lorsqu'il leva les yeux vers son acolyte.

« Bonsoir. » le salua-t-il avec un grand sourire.

Lovino jeta un coup d'œil à sa montre et soupira :

« Je crois qu'il serait plus juste de se dire bonjour. »

« Il est si tôt que ça ? » s'étonna Gilbert.

Lovino acquiesça et s'assit sur une caisse de bois qui traînait dans les parages, non loin du mécanicien à l'œuvre.

« Est-ce que, par le plus grand des hasards, cet avion fait partie de ton plan génial ? » demanda Lovino d'une voix morne.

Gilbert émergea de sous la carcasse et se remit sur ses pieds en bondissant.

« Il a le premier rôle ! » confirma-t-il.

Lovino se sentit soulagé et, sans même qu'il le réalise, se mit à bombarder Gilbert de questions avec empressement, tout excité comme un enfant.

« Tu l'as réparé ? Il est prêt à partir ? On décolle quand ? Quelle destination ? Tu sais piloter, d'ailleurs ? Est-ce que... »

« Hé, calme-toi, tu veux ? »

« Mais... »

« On va s'en servir, mais pas tout de suite. »

« Mais je ne comprends pas ! On l'a sous la main, autant en profiter et foncer, non ? »

« On en profitera pendant un certain temps. »

« Je croyais que tu le réparais. »

« Oh, le petit problème pour lequel on me l'a confié est réglé, oui. »

Gilbert attrapa son marteau qui traînait à même le sol parmi des pinces et des outils dont Lovino ignorait l'emploi. Ensuite, l'albinos, toujours armé de son sourire en coin ravageur et insupportable, souleva un pan de la carlingue pour atteindre le moteur. Lovino, intrigué, se plaça juste à côté de lui.

« Je comprends, alors. Tu as des améliorations à lui faire subir avant qu'on ne parte ? Et j'aurais dû penser qu'il nous faut voler des vivres, et puis une carte de la région... Je trouverai tout ça demain dans le bureau des officiers je suppose, c'est comme si... »

Gilbert soupira.

« Tu ne la fermes jamais, Vargas ? »

« Quoi ? Mais... »

Gilbert leva son marteau et l'asséna sur une partie du moteur en un coup précis, bref et minutieux qui provoqua un bruit de faïence brisée. Lovino était médusé.

« Mais... MAIS ! MAIS T'ES MALADE, BEILSCHMIDT ? »

« Hey, baisse d'un ton. Je sais ce que je fais. »

« CA N'EN A PAS L'AIR... ! Cazzo mais qu'est-ce que tu as foutu ? »

Lovino récupéra un morceau de faïence et vit dans les éclats ses propres chances d'évasion réduites à néant.

« J'ai déglingué la bougie du moteur. Comme ces réparations-là prendront plus de temps que les petites corrections initialement nécessaires, nous aurons tout le loisir de garder cet avion pour notre usage personnel et exclusif, pendant que les autres zigotos refont leurs plans en l'excluant. »

« Mais il suffisait de partir maintenant... »

« Écoute. Comme tu l'as dit, il nous faut des provisions, et avec un plan en ce qui concerne notre destination, ce serait mieux. Ensuite, n'oublie pas que je ne fais pas partie de l'armée, certes, mais que je suis employé par les officiers, moi aussi. J'ai des comptes à leur rendre quant à mes activités, exactement comme un soldat. La seule différence entre vous et moi c'est qu'ils ne peuvent pas me demander d'aller me faire tuer pour eux. »

« Hé ! Puisque tu en parles ! Que feras-tu si jamais je suis envoyé en mission et que je me fais tuer avant qu'on se soit échappés, hein ? »

« Hum, dans la mort ou avec moi, tu ne seras plus chez les fascistes dans un cas comme dans l'autre. »

« Mais tu auras ma mort sur la conscience ! »

« Ça, ce ne sera plus ton problème, je crois. »

Lovino croisa les bras et fit la moue, vaincu.

« Allez, retourne donc en poste si c'est pour tirer cette tête d'enterrement ! Pour ma part je vais me coucher. Demain, à la première heure, je ferai mon rapport aux officiers. On se voit plus tard. Bonne nuit. »

Ils sortirent en même temps du baraquement.

« C'est ça, bonne nuit. » grommela Lovino en reprenant son poste alors que Gilbert s'en allait vers ses songes.

oOo

Comme il l'avait promis, dès qu'il fut fonctionnel le lendemain matin, Gilbert s'en alla trouver les officiers et obtint une audience avec un lieutenant affable comme une porte de prison, auquel il expliqua la situation : de fâcheux dégâts qui avaient probablement été causés par le transport des pièces détachées avant qu'on assemble l'avion, et les vols récents avaient eu raison des morceaux endommagés. C'était aussi simple que ça, de toute façon les officiers n'avaient aucune idée de ce dont il parlait. Il demanda donc qu'on commande de nouvelles bougies pour les avions, au cas où cela se reproduirait encore. Il glissa aussi dans la conversation que « Pedro » ne s'envolerait plus jusqu'à ce qu'on les reçoive, puisqu'il y avait pénurie en ce moment.

Cette annonce sembla fortement contrarier l'antipathique lieutenant et bon nombre de plans que les têtes pensantes de la base avaient envisagés. Gilbert sortit de là le cœur léger mais ne se permit de sourire et de se remettre à siffloter qu'une fois revenu à la sécurité de son hangar, désert à cette heure. Il reprit son ouvrage où il l'avait laissé la veille une fois qu'il eut épousseté, pour la forme, la bougie clandestine qui leur permettrait, à Lovino et lui-même, de décamper dès qu'ils seraient prêts.

Lorsque Gilbert retrouva son matériel et ses compagnons de métal après un frugal petit-déjeuner, quelle ne fut pas sa surprise de trouver son complice italien qui l'attendait dans le hangar. Il tremblait de froid dans son uniforme et avait une mine affreuse -en poste jusqu'au petit matin, il n'avait pas dû beaucoup dormir.

« Guten Morgen. » le salua Gilbert. « Tu es à faire peur. »

« Je sais, ferme-la. Ça donne quoi chez les officiers ? »

« Pas si fort ! Les garçons pourraient t'entendre. »

Lovino tourna la tête de gauche à droite. Il y avait effectivement quelques personnes qui s'affairaient autour d'eux, mais il régnait un tel vacarme dans l'atelier que, de son point de vue, personne ne pourrait les entendre à moins d'un mètre.

« Apparemment, la panne de Pedro contrarie des plans. Ils ont dû prévoir de l'utiliser pour des missions sérieuses dans les environs. »

« Ça alors ! Et pourquoi d'autre, au juste, auraient-ils fait venir ce colosse ici, Sherlock ? »

Gilbert fronça les sourcils et haussa les épaules -tant pis pour la référence.

« Ce que je veux dire, c'est qu'on ne va pas traîner. Je le réparerai ce soir, et on décolle cette nuit avant que toute l'attention de la base soit braquée sur cet avion et les missions qu'il est censé remplir, d'accord ? »

« Tu pourras le piloter ? Sûr ? »

« Mais oui. J'ai fait des tests de vol quelques fois. »

« Des tests... Quelques fois ?! » s'indigna Lovino.

« Hé, c'est déjà mieux que toi, je crois, non ? »

« Comment on fait sans équipage ? Il faut quatre personnes, de ce que tu m'as dit... » esquiva l'Italien.

« Tu n'as pas encore compris que je valais pour trois ? » ironisa Gilbert avec un sourire goguenard.

Lovino, agacé, leva les yeux au ciel.

« Et où irons-nous ? »

« On n'a pas le temps de chercher une destination précise. Tant qu'on sort d'ici et qu'on se planque un petit moment, c'est bon, hein ? »

Lovino fit la moue.

« Je suis en repos aujourd'hui. Ce soir, après le dîner des soldats, je me glisserai dans les cuisines pour prendre autant de nourriture que je le pourrai. »

« Te fais pas prendre. »

« Fais en sorte qu'on vole. Le reste, c'est mon affaire. »

oOo

Gilbert entendit la porte du hangar s'ouvrir et se refermer dans son dos alors qu'il ajoutait la touche finale à son remplacement de bougie. Il donna encore un tour de vis et et enfin, s'épongea le front avec la manche de son bleu de travail. Des pas résonnèrent derrière lui, arrivant dans sa direction, et il demanda :

« Lovino ? Tu as tout ce qu'il faut ? »

« Wer ist Lovino ? » répondit une voix beaucoup trop profonde et germanique pour être celle de l'Italien.

Gilbert sentit une sueur froide couler dans son dos. Il se retourna pour se retrouver face au lieutenant qui l'avait reçu le matin même. Il déglutit. Il n'avait rien à faire là, c'était la nuit. Et surtout, Gilbert n'avait rien à faire là. A travailler sur un avion qu'il avait décrété irréparable dans l'immédiat, qui plus était. Comment allait-il justifier sa présence ?

« Ein italienischer Freund... »

« Es ist mir Wurst. Beilschmidt... Man sagt, dass du hart arbeitest. Ein bisschen zu hart. »

Gilbert ravala un soupir désespéré. Ainsi, quelqu'un avait transmis des soupçons aux autorités... Ça ne pouvait vraisemblablement être Lovino, puisque le lieutenant ne le connaissait pas. C'était donc forcément un des jeunes qui travaillaient avec lui, sous sa supervision. Ils avaient dû trouver cela étrange que l'albinos les laisse toujours partir avant de lui-même quitter l'entrepôt. Et quoi ? Le zèle était donc une qualité si peu répandue ? Gilbert aurait aimé trouver une bravade, mais rien ne se présentait à lui, car au fond, il le savait. Si le lieutenant avait reçu des informations et qu'il prenait la peine de se déplacer jusqu'à lui pour le lui dire, c'est qu'il était cuit. Il devait gagner du temps...

Un roulis métallique résonna dans le hangar silencieux et une voix s'éleva à nouveau :

« Gilbert ? C'est bon, j'ai tout- »

Le lieutenant se retourna, et Gilbert saisit sa chance. Armé de sa clé à molette, il frappa l'officier au visage, une fois, deux fois. L'homme ne comprit pas ce qui lui arrivait, le technicien ne lui en laissa pas le temps. Il s'écroula au sol, assommé et le visage en sang. Lovino arriva à la hauteur de Gilbert avec un regard médusé pour le corps évanoui à ses pieds.

« C'est qui, lui ? »

« Un lieutenant qui m'avait à l'œil et qui a compris que je magouillais. Allez, schnell, on n'a plus de temps à perdre ici. Va ouvrir les portes, rejoins-moi dans l'habitacle. On se tire. »

Lovino fourra son sac pesant de provisions dans les mains de Gilbert puis s'exécuta, ouvrant grand les portes dans un effroyable vacarme qui ne manqua pas d'attirer l'attention d'à peu près l'entièreté du camp. Lovino grinça des dents. Gilbert lui avait toujours dit qu'il avait un plan. Il avait toujours omis de lui préciser que c'était un plan foireux.

Maudissant l'Allemand entre ses dents, il aperçut les premières sentinelles curieuses qui se rapprochaient du bâtiment alors que, quelque part derrière lui, les moteurs de l'avion commençaient à rugir. Il choisit de se hâter pour rejoindre Gilbert. Après tout, dans la panique générale, il était encore capable de partir sans lui...

Lovino se hissa donc à bord de « Pedro » et informa le pilote amateur de la situation.

« Des soldats arrivent. Armés ! »

« Vargas. On est dans un avion. Prends donc place et détends-toi. J'en ai pour une minute. »

Lovino s'assit en effet, et attacha toutes les sangles qu'il put trouver. Mais la minute promise s'éternisa, devint plusieurs minutes, et l'avion ne bougeait pas. Au dehors, il voyait ses compatriotes asservis au fascisme s'affairer et donner l'alarme. Une vague de panique submergea l'Italien saucissonné sur son siège.

« Cazzo on est fichus. »

« Tu es croyant, Vargas ? »

« Oui, pourquoi ? T'as rien de mieux à faire que de poser des questions stupides dans un moment pareil ? Tu vas me dire que je peux dire mes dernières prières, c'est ça ? »

« Non. C'est juste que tu me sembles de bien peu de foi. » sourit Gilbert.

Alors l'appareil s'ébranla et se mit à avancer. Bientôt Lovino constata qu'ils étaient sortis du hangar et qu'ils prenaient de la vitesse. La minute d'étonnement passée, les soldats se mirent à tirer sur la carlingue et Lovino ne bougea plus, tétanisé. Gilbert arborait un sourire qui n'avait rien de rassurant, comme s'il ne s'était jamais autant amusé de sa vie. Il n'avait cure des militaires qui finissaient sous les roues parce qu'ils n'avaient pas la décence de dégager la piste. Enfin, il releva un levier, et ils quittèrent le sol avec un cri terriblement aigu de la part de Lovino qui, certainement, n'avait jamais quitté le plancher des vaches. Le technicien se mit à rire alors qu'ils prenaient de l'altitude. L'envie lui passa néanmoins, quand on déploya les mitrailleuses pour abattre l'avion renégat. Ils furent touchés en plusieurs endroits, mais apparemment rien de grave puisque l'avion, quelque peu déséquilibré par les différents impacts, garda quand même le cap. Gilbert le fit accélérer et mit le plus de distance possible entre la base et eux. Le temps qu'ils affrètent un avion pour les poursuivre, ils seraient loin : ils avaient le plus performant dont le camp avait jamais disposé.

Bientôt ils furent hors de portée des tirs et Lovino se détendit un peu.

oOo

Un ronflement au loin commença à se faire entendre et pourtant, le jeune homme était toujours assoupi. L'autre roula des yeux et le secoua sans délicatesse. Le blond reprit ses esprits et repéra l'avion qui arrivait dans leur zone.

« C'est un avion allemand. » l'informa son comparse.

Ni une, ni deux, il enclencha la mitrailleuse lourde et les tirs fusèrent, semblant sortir des bosquets où ils étaient tapis. Les coups manquèrent leur cible.

« Mais... Mais, mais enfin comment as-tu pu le rater ?! »

« Passe-moi mes lunettes. » bailla l'autre avec un geste vague sur sa gauche.

On tâta le sol dans la pénombre et on lui mit rapidement ses lunettes sur le nez, de sorte que les tirs reprirent.

oOo

Quand Gilbert entendit à nouveau des détonations qui signifiaient -encore- qu'on les attaquait -encore- il maudit sa malchance et sa bonne étoile apparemment éteinte et gelée depuis longtemps. Ils survolaient une zone vallonnée qui, si son sens de l'orientation était dans le bon, était encore aux mains des Républicains. Alors comme ça, ils avaient esquivé Charybde et les tirs ennemis pour tomber chez Scylla défenderesse de la République ? Ça ne pouvait être qu'un blague.

Il se rassura quand il constata l'évident manque de précision des tireurs. Pedro n'était pas très haut, et pourtant on les manquait quand même ? C'était parfait.

« Je crois qu'on est hors de danger. »

Lovino hocha la tête, pétrifié de peur. Alors il y eut un bruit sinistre venant d'un des réacteurs, et ce dernier prit feu.

« Gilbert... ? »

« D'accord, je retire ce que j'ai dit. Ravi de t'avoir connu, Lovino Vargas. »

oOo

« Tu l'as eu ? »

« Je pense. »

Arthur s'empara d'une paire de jumelles et aperçut plus distinctement un point en flammes qui perdait de l'altitude.

« Bien joué, Al. Il va s'écraser. »

« Il faut prévenir Antonio. Ces salopards vont peut-être sauter. »


Notes

Mendelssohn était un compositeur romantique allemand, d'origine juive. Sa musique a été interdite d'interprétation dès 1933 en Allemagne par le régime nazi.

Il est en outre très impoli de tutoyer un inconnu en Allemagne.

Traductions

"Guten Abend. Bist du der Techniker?" Bonsoir. Tu es le mécanicien ?

"Ja." Oui.

"Das Flugzeug ist hinüber. Es gibt atwas gebrochen." L'avion est endommagé. Il y a quelque chose de cassé.

"Das übernehme ich." Je m'en occupe.

.

"Wer ist Lovino?" Qui est Lovino ?

"Ein italienischer Freund..." Un ami italien...

"Das sit mir Wurst. Beilschmidt, man sagt, dass du hart arbeitest. Ein bisschen zu hart..." Ca m'est égal. Beilschmidt, on dit que tu travailles dur. Un peu trop dur...

J'espère que vous avez aimé ! On se retrouve le mois prochain pour la suite.

J'attends vos reviews ;)

A bientôt.