Et c'est le retour du Jedi. Hi, folks. Et désolée de l'attente !

Prise d'une soudaine inspiration et de motivation (vous avez remarqué ? Généralement elles viennent l'une sans l'autre), j'ai en plus redécouvert un chapitre de Patria quasi complet dans mes documents et deux jours plus tard, le voici agrémenté de trois pages de plus, prêt à défiler sous vos beaux yeux. J'ai pas encore pris le temps de relire toute la fic donc c'est un peu freestyle.

Pour la playlist, c'est par ici : playlist/7HP7mHnM8TSg8FPZXoXMkO?si=rsH_Pre2QLCO79OA-bMXmQ

Et pour les notes et vos adorables reviews, ce sera en bas de page ! Bonne lecture à vous ;)


Chapitre VIII

Antonio s'empara du bout de papier et le déplia avant de découvrir les ordres, rédigés dans un espagnol rudimentaire. Il était question d'un conseiller soviétique à aller chercher et escorter jusque Madrid depuis…

« La Crète ? » fit Antonio, choqué.

Louise acquiesça.

« Je ne peux pas repousser les fascistes ici et aller chercher un Soviétique en Crète en même temps ! Qu'est-ce qu'ils ont en tête ? »

« Une mission importante confiée à un homme de confiance. Qui a suffisamment d'hommes avec lui pour en laisser une partie ici pour faire le boulot, pendant qu'il part pour la Crète. » paraphrasa Willem.

Antonio soupira. Dit comme ça, c'était presque convaincant. Il faillit frapper du poing sur la table, mais se ravisa et mordit dans ses phalanges pour laisser la douleur prendre le pas sur la colère et le ramener dans le présent.

« Mais pourquoi nous ? »

« Parce qu'on a un bateau, trésor. » répliqua Louise.

« Et pourquoi ce Soviétique ? »

« Il a des connaissances étendues et exploitables en matière de sièges. » indiqua le blond.

« Qui assiégeons-nous ? »

« Personne pour le moment. Mais on pourrait avoir besoin de lui si Franco revient à Madrid. »

Antonio se leva, furibond pour de bon à présent. À nouveau, il manqua de frapper du poing, mais dans le mur de planches cette fois.

« J'en ai marre que des étrangers me disent quoi faire pour libérer mon pays. J'en ai marre que des étrangers m'écartent de la lutte soi-disant parce qu'ils savent ce qu'ils font. L'Union Soviétique n'est pas l'Espagne. Ils n'en savent rien. Ils ne savent rien ! Cabrones. »

« Ils nous arment, Tonio. » lui rappela Louise d'une voix douce. « Et ils te fournissent tes clopes. On n'est pas en position de leur dire non, après tout ce qu'ils ont fait pour nous, pour – »

« Je sais, je sais. » la coupa-t-il, excédé. « Je vais le faire. Mais je suis fatigué de leur ingérence. Comme si ça se passait si bien que ça en Russie… »

« URSS. » le reprit Willem.

« Peu importe. Leur conseiller militaire a intérêt à être bon, et utile. Sinon, je le jette par-dessus bord. »

Louise haussa un sourcil.

« Quoi ? Des accidents en mer, ça arrive, non ? »

« J'adore ta définition d'un accident. » commenta-t-elle.

« Il va nous falloir plusieurs semaines pour nous organiser avant qu'on puisse partir… Il faudra aller chercher Diego, qu'il fasse redescendre ses gars pour prendre notre place… Et Francis restera ici. Je ne sais pas quoi faire de Gilbert et Lovino. »

« Prenons-les avec nous ! On aura quoi… Quinze jours de trajet ? Et le retour ? Un mois ! Le bateau n'est pas très puissant… Ça nous donnera du temps pour leur apprendre l'espagnol, déjà. Et vraiment sonder leurs intentions pour apprendre à les connaître et leur faire confiance. »

« Et s'ils tentent quoi que ce soit, on n'aura qu'à les jeter par-dessus bord. » compléta Willem.

Il fit sourire Antonio.

« Ça deviendrait redondant. Entendu. Je vous laisse les cours de langue moi je serais bien incapable de m'y coller. »

« Ne t'inquiète pas. Tu auras bien d'autres choses à leur apprendre. »

« C'est vrai. Merci à tous les deux. Je suis vraiment content que vous soyez de retour. »

Il offrit un lit de camp convenable à Louise et déroula deux nattes pour Willem et lui, ils dormiraient dans la salle commune près du feu. Même si Louise préférait qu'on ne lui fasse pas de faveur parce qu'elle était une femme, elle obtempéra. En temps de guerre civile, elle avait vu des femmes souffrir bien pire sort que la galanterie discrète de quelques républicains.

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Février 1937.

Toute la troupe avait été mise au courant de la nature de leur prochaine aventure. Deux semaines plus tard, alors que les vivres s'accumulaient en vue de l'expédition, de même que les munitions et le vin fourni par Anselmo, Antonio annonça qu'il sortait pour aller chercher un dénommé Diego, et qu'à la tombée de la nuit, tout le monde devrait se tenir prêt à partir.

Lovino, depuis une semaine, s'ennuyait. Il avait envie de reprendre la résistance, et là, il ressentait très bien sa condition de poids mort pour le groupuscule. Ses journées se passaient avec Louise et Gilbert à apprendre l'espagnol : la jeune femme avait d'ailleurs interdit à quiconque de parler une autre langue, pour les habituer. Elle seule traduisait quand ils ne comprenaient pas.

« Che cosa ha detto ? » lui demanda Lovino, qui avait rêvassé quand Antonio parlait et n'avait donc pas pu ne serait-ce qu'envisager de saisir l'idée principale du message.

« Esce. Va nelle montagne a trovare un amico. »

Lovino se concentra très fort alors qu'Antonio tournait les talons vers la sortie de la scierie.

« Moi, je peux aller aussi avec toi ? » articula-t-il péniblement dans un espagnol approximatif.

Antonio fit volte-face, surpris. Jamais encore il n'avait entendu cette voix s'exprimer dans sa langue maternelle, au point que c'en était presque absurde. Jusque là, Lovino n'avait jamais osé mettre en pratique ce que Louise lui apprenait du moins, pas avec Antonio. Face à un locuteur natif, on était toujours plus nerveux. Mais le visage d'Antonio se fendit d'un tout petit sourire.

« Je pourrais t'emmener, mais il faut que je sois certain que tu ne montreras le chemin à personne. Pas à nos ennemis, en tout cas. »

Lovino tourna un regard interrogateur vers Louise. Il avait compris enemigo. La jeune femme traduisit promptement et l'Italien, offusqué, ouvrit de grands yeux outrés. Il n'envisagea même pas de répliquer en espagnol.

« Non posso più lottare per la libertà del popolo italiano. Ovviamente lotterò per la libertà dei spagnoli ! Che cazzo devo fare per provare la mia lealtà, bastardo ? »

Louise traduisit, avec un regard entendu pour Antonio. Ses yeux criaient « je te l'avais bien dit ». Antonio passa outre l'injure – qu'il avait parfaitement comprise, pour le coup – et haussa les épaules, puis il répondit simplement.

« Viens. »

Lovino comprit et traversa la pièce pour rejoindre l'Espagnol et le suivre à l'extérieur. Dans la scierie, pas un bruit. Toute la bande s'était tue pendant cet échange et demeura silencieuse quelques longues secondes après leur départ. Finalement, Alfred plaisanta :

« Vous croyez qu'ils vont revenir vivants tous les deux ? »

« Je parie sur Lovino. » répliqua Francis

« Ils vont s'entendre. À la fin. » intervint Gilbert. « Je n'ai jamais vu deux personnes aussi passionnées par les combats qu'elles font. »

« Mènent. » suggéra Willem.

« Les combats qu'elles mènent. » se reprit Gilbert.

Il portait toujours le bras en écharpe, mais les douleurs s'atténuaient. Et il faisait preuve d'un zèle agréable à voir dans son apprentissage de l'espagnol. Il progressait presque au même rythme que Lovino, alors que c'était une langue complètement nouvelle pour lui, sans aucun point commun avec sa langue maternelle. Louise était très fière de lui. Alfred proposa qu'on inspecte les munitions et tout le monde reprit de productives occupations.

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Antonio se sentait un peu gêné par la présence de l'Italien à ses côtés, lui qui avait l'habitude de se promener seul dans les montagnes, ou avec des gens qui les connaissaient aussi bien que lui. Il fallait en revanche toujours guider Lovino et s'assurer qu'il suivait. Pour couronner le tout, ils ne pouvaient pas communiquer normalement : ça n'aidait pas Antonio à se sentir à l'aise.

« Qui est ton ami ? » demanda finalement Lovino, dans son espagnol hésitant, brisant le silence.

« Il s'appelle Diego. » répondit Antonio. « Il vient de Cuba. C'est lui qui veille sur le quartier général depuis les hauteurs. Comme un genre de chef. »

« Il sera utile pour le mission ? »

« La mission. » sourit Antonio. « Oui. Il était pêcheur à Cuba. Il connait les bateaux. Comme Willem. »

Lovino acquiesça, sans qu'Antonio puisse le voir puisqu'il était derrière l'Espagnol. Le silence se réinstalla pendant quelques minutes, et puis ils arrivèrent apparemment à destination. Antonio se mit à siffler, trois sons brefs et graves qui surprirent Lovino. D'une brèche qu'il n'avait même pas aperçue dans la roche, sortit un homme armé d'un sniper. Il était plus grand qu'Antonio, plus large de carrure aussi, et son visage avait des traits durs, quoiqu'il se fendît d'un sourire quand il reconnut son ami. Ses épais cheveux noirs devaient lui arriver aux épaules mais étaient présentement rassemblés en courte queue de cheval. Il portait une chemise de flanelle d'un brun rouge, un blue jean et des espadrilles.

« Antonio ! Salut. »

« Bonjour, Diego. » sourit Antonio en retour, avant de le suivre à l'intérieur de la roche.

C'était une espèce de niche caverneuse d'une vingtaine de mètres carrés, étrangement sèche et chaude par rapport à l'extérieur où la saison hivernale se faisait sentir. Éclairée de lampes de mineur, elle était jonchée de nattes sommaires et de couvertures, où devaient pouvoir dormir une dizaine de personnes. En enjambant un second sniper pour y entrer, Lovino comprit qu'il s'agissait des hommes qui, tour à tour, patrouillaient et surveillaient le périmètre de la scierie. On parlait, au QG, d'une trentaine d'hommes. Diego était seul.

« Je te présente Lovino. » dit-il simplement en se tournant vers l'Italien. « Il est italien, mais il est avec nous désormais. Lovino, voici Diego. »

Il ne donna pas plus de détails, d'après ce que Lovino comprit. Rien sur ses doutes, rien sur sa méfiance : il changea de sujet prestement. Comme si Antonio avait une fois pour toute accepté qu'il pouvait être de bonne foi. Il l'en remercia silencieusement, mais très fort et sincèrement. Il lui serait déjà plus facile de se sentir concerné par la lutte républicaine si on l'accueillait pleinement et à bras ouverts. Pour le reste, Lovino ne saisit pas grand-chose de la conversation : les deux hispanophones parlaient bien trop vite et, pour couronner le tout, le dénommé Diego avait un accent qui entravait encore toute compréhension à la portée des maigres compétences de Lovino. Ceci dit, vu l'enthousiasme peint sur le visage basané, il se doutait que le Cubain acceptait de les accompagner en mer et qu'ils discutaient à présent d'organiser la protection du QG en son absence.

Lovino se sentait un peu stupide d'avoir insisté pour venir, et un peu honteux de son coup d'éclat. Au final, et comme il aurait pu l'imaginer depuis l'ancienne scierie, il était parfaitement inutile. Il avait seulement un besoin désespéré de bouger, de ne pas rester en place – car on lui avait trop bien appris, à force de vivre dangereusement, que s'immobiliser pouvait signifier se mettre en péril mortel. Et il était immobile depuis trop longtemps, depuis que les choses s'étaient tassées un peu après son arrivée en fanfare dans les rangs républicains, avec Gilbert. La perspective de partir en mer lui mettait un peu de baume au cœur, ce cœur si serré, si sec à l'idée que son pays était grignoté chaque jour davantage par la dictature et qu'il ne pouvait plus rien y faire, à l'idée que l'Espagne était en proie aux mêmes menaces, qu'il pouvait peut-être changer la donne, si seulement on lui en donnait l'occasion.

Et puis, raison moins avouable peut-être, il s'était dit que c'était l'occasion de se retrouver seul avec Antonio. Comme avant. Le républicain avait radicalement changé d'attitude entre leur bref séjour dans les vignes et leur retour au quartier général. Comme s'il s'était octroyé une parenthèse d'humanité là-haut : de la bienveillance, de l'attention, de la candeur même. Tandis que le meneur qu'il se devait d'être, auprès d'Arthur, Francis, Alfred et tous les autres à présent, était froid, taciturne, constamment inquiet. Comme quoi, il n'y avait rien de mieux qu'un partigiano italien commotionné pour vous permettre de lâcher prise.

Néanmoins, c'était cette première version d'Antonio que Lovino avait rencontrée. Et c'était cette version, charismatique, qu'il avait envie de suivre sur la voie de la guerre civile. Pas celle qui ne voulait pas même lui offrir sa chance, pas celle qui ne le regardait même pas comme un égal. Il comprenait tout à fait qu'il devait garder la face en toute circonstance. Mais Lovino savait que s'il y perdait le cœur en cours de route, il finirait par y perdre les convictions, et ses hommes en même temps.

La discussion des deux hispanophones se conclut par une poignée de mains, et une heure – 22 heures. Lovino était assez doué pour retenir les chiffres, à sa grande surprise de littéraire. Antonio se tourna enfin à nouveau vers son compagnon de route et lui fit signe qu'ils s'en allaient. Il prit la tête de l'expédition, résumant brièvement pour Lovino le contenu de leur entretien – ce qui était bon signe, supposa l'Italien. Peut-être qu'Antonio s'était enfin résigné à faire des efforts pour lui accorder sa confiance. Lovino opina du chef pour manifester sa compréhension de l'espagnol aussi rudimentaire que possible qu'Antonio avait employé, puis le silence tomba entre eux deux, sur les montagnes.

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La scierie n'était plus très loin à présent, et les deux républicains se parlaient par intermittences. Pour combler les longs moments de silence, Antonio s'était mis à siffler – un air que Lovino ne connaissait pas, mais vu les quelques mots glissés çà et là il ne s'agissait pas vraiment d'un chant franquiste, que du contraire.

Lovino, pour sa part, ne se sentait pas tout à fait en sécurité à déambuler comme ça dans les montagnes, souvent à découvert, en plein jour, à la vue de quiconque prenait un tant soit peu la peine de surveiller les environs. Et, s'il ne doutait pas que Diego et ses hommes étaient les principales personnes qui veillaient sur la zone constamment, il ne pouvait s'empêcher de penser que les nationalistes espagnols, ou leurs alliés nazis, ou encore le Corpo Truppe Volontarie, finiraient bien par échouer dans le coin. Après tout, l'un de leurs avions s'étaient écrasés à quelques encablures de là…

Ce pressentiment le reprit aux tripes à mesure qu'ils approchaient du quartier général. Soudain, le sifflement innocent d'Antonio lui parut anormalement assourdissant. Mais surtout, ce n'était plus le seul bruit autour d'eux, où d'habitude régnaient les chants des oiseaux, le bruissement du vent dans les branchages, l'immobilité paisible des rocailles. Il entendait au loin des chocs réguliers et il ne lui fallut qu'une fraction de seconde pour les identifier : des pas. Des pas lourds, bottés et confiants. Soit il s'agissait d'alliés qui se savaient en territoire ami, soit les nouveaux arrivants se sentaient hors de danger parce qu'ils étaient… Lourdement armés.

Lovino n'avait pas de temps à perdre en explications laborieuses dans une langue qu'il ne maîtrisait pas et avait décidé de se dérober sous le coup du danger. Et il fallait éviter à tout prix d'émettre le moindre son qui pourrait les faire repérer. Alors, il fit ce que Lovino Vargas ne faisait jamais : il choisit d'être pragmatique. Il sauta sur Antonio, visant son visage pour le bâillonner de sa main et le réduire au silence.

Et l'Italien fut aussitôt conforté dans son idée que l'action irréfléchie n'était pas pour lui. Son geste brusque enclencha un réflexe chez Antonio, qui se sentit – à juste titre – attaqué et riposta instantanément. Il essaya de retourner la force de Lovino contre lui et de le faire basculer par-dessus son épaule. Mais le journaliste tint bon, sans savoir comment. Il entraîna Antonio dans sa chute et ils roulèrent contre le rocher, dans un petit ravin broussailleux. À moitié sonné par l'enchaînement des événements, il nota toutefois que c'était une bonne chose : ils étaient à présent à couvert. Puis, il sentit la lame froide sous sa gorge.

Antonio était furieux, bien sûr, et voyait dans cet acte inconsidéré la preuve tant attendue, mais non moins redoutée, que Lovino était un traître et avait patienté tout ce temps jusqu'au moment propice pour faire du tort au groupuscule républicain. La colère et la déception se lisaient dans les yeux émeraudes d'Antonio alors que celui-ci menaçait l'Italien de son couteau. Il allait parler, et plus vraisemblablement lui hurler dessus. En une tentative désespérée de désamorcer la tempête avant qu'elle ne se déchaine sur eux et alerte leurs visiteurs, il plaça simplement un doigt sur sa bouche.

« Ascolta. » murmura-t-il.

Son cœur battait à un rythme beaucoup trop élevé pour être sain. Antonio fronçait les sourcils, soudain calmé par le regard suppliant de son captif. Lovino se concentra de toutes ses forces pour se souvenir des leçons de Louise. Puis, il se rappela l'accent si particulier de Gilbert quand il prononçait l'espagnol, et le mot lui revint à l'esprit – du moins, il espérait que c'était celui qu'il cherchait.

« E-Escucha. » répéta-t-il en espagnol.

Alors Antonio tendit l'oreille et finit par percevoir le battement sourd des bottes sur la roche, un bruit de conversation aussi. Dans une langue qu'il ne comprenait pas mais qu'il entendait de plus en plus distinctement à mesure que quatre hommes en uniforme approchaient. Si Lovino ne les avait pas ainsi détournés de leur chemin, ils se seraient bientôt retrouvés nez à nez avec des volontaires italiens.

« Merci. » murmura Antonio en retour, rangeant son couteau dans sa veste.

Il tendit une main secourable à Lovino pour l'aider à le remettre sur ses pieds.

« Désolé pour ma réaction. Ton dos, ça va ? »

« On parlera plus tard. »

Antonio acquiesça et sourit. Ils étaient relativement hors de vue depuis le chemin qu'empruntaient les quatre ennemis, et ils allaient le rester. Mais il était hors de question de les laisser gambader en toute impunité si près de leur base. Il porta les doigts à ses lèvres.

« Tu ferais mieux de te boucher les oreilles, Hermano. » dit-il avec un sourire.

Évidemment, Lovino ne comprit pas assez vite pour réagir à temps. Quand Antonio émit le sifflement le plus fort qu'il avait jamais entendu, ses oreilles furent aux premières loges, et à découvert. Il crut honnêtement qu'il n'entendrait plus jamais. Mais quatre bruits de coups de feu étouffés résonnèrent et démentirent cette hypothèse, fort heureusement.

Antonio se hissa hors du précipice et aida Lovino à en faire de même. À quelques mètres de là, quatre corps parfaitement morts et ensanglantés avaient pris la place, en position étrangement allongée, des soldats italiens. Lovino en reconnut un d'entre eux, et son cœur se serra malgré lui. Il regarda, sans pouvoir bouger, Antonio les dépouiller de leurs uniformes, armes et plaques militaires, puis jeter les cadavres dans la cavité qu'ils venaient eux-mêmes d'occuper. Il emporta le tout à la scierie, Lovino sur les talons, l'air sombre et maladif. Il ne prononça pas un mot pour le reste du voyage de retour.

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Alfred les attendait, tapi dans les fourrés, à l'entrée de la scierie.

« Tonio ! Lovino ! Tout va bien ? C'étaient des coups de feu ? »

« Des nôtres. » le rassura laconiquement Antonio.

Et, voyant un regard saphir et interrogateur se déposer sur la boule de vêtements qu'il portait dans ses mains sanglantes, il ajouta :

« On fera du feu en partant. »

Alfred approuva du chef et les suivit à l'intérieur.

« Lovino va bien ? »

« Je crois qu'il a été pris par surprise. » chuchota Antonio. « Il ne pensait pas que… Enfin, c'étaient des Italiens, tu vois. »

« I see. Arthur, pour Lovino some wine. »

« I'm not your housekeeper, you know. »

Et cependant, Arthur n'eut qu'un regard à jeter à l'Italien pour comprendre que le jeune homme avait, en effet, bien besoin d'un remontant. Il lui tendit prestement un gobelet rempli de vin rouge, que l'Italien avala d'une traite en s'affalant sur une chaise.

« You alright, kid ? »

« Not really… » répondit Lovino, la voix brisée.

Il se racla la gorge, reprit du vin, puis annonça :

« J'ai besoin de papier et d'encre. »


Traductions

Cabrones : connards (espagnol)

Che cosa ha detto? : qu'est-ce qu'il a dit? (italien)

Esce. Va nelle montagne a trovare un amico. : Il sort. Il va dans les montagnes trouver un ami. (italien)

Enemigo : ennemi (espagnol) (en italien c'est nemico)

Non posso più lottare per la libertà del popolo italiano. Ovviamente lotterò per la libertà dei spagnoli ! Che cazzo devo fare per provare la mia lealtà, bastardo ? : je ne peux plus me battre pour la liberté du peuple italien. Evidemment que je lutterai pour la liberté des Espagnols ! Qu'est-ce que je dois faire (litt. quelles conneries je dois faire) pour te prouver ma loyauté, bâtard? (italien)

Ascolta (italien) / Esucha (espagnol) : écoute

Hermano : mon frère (espagnol)

I see. Arthur, pour Lovino some wine : Je vois. Arthur, sers du vin à Lovino.

I'm not your housekeeper, you know : je ne suis pas ta gouvernante, tu sais.


J'espère que vous avez aimé, en tout cas je suis très contente d'être de retour et j'attends vos réactions !

Merci de votre lecture et à bientôt !