Notes
Suggestions musicales :
L'email et la décision de Claire :
- Theropod Preservation Society - Michael Giacchino, Jurassic World: Fallen Kingdom. (Jusqu'à 01:09).
-o-
L'après-midi du jour suivant, Claire retourna à leur salle de sport et lorsqu'Owen, qui revenait plus tôt la veille de ses jours de repos, vint l'y rejoindre, elle était en train de finir sa série de pompes. Il choisit une playlist sur son portable, la lança, s'échauffa et commença à donner des coups dans le sac de frappe alors que la playlist jouait des titres de divers groupes de métal européens.
Venant de terminer sa dernière pompe, Claire se releva, s'étira et prit l'un des haltères. Elle s'installa sur la chaise qui restait en permanence dans la pièce et effectua une série de quinze flexions de bras. Au bout de la dernière flexion, elle reposa l'haltère au sol avec un gros soupir et essuya son front d'un revers de la main.
— Doucement, ménages-toi Claire. Ça fait presque une heure que tu fais du sport.
— A défaut d'avoir un esprit sain, j'aimerais avoir au moins un corps sain. Si je me relâche, je risque de rester cantonnée dans le canapé et d'avoir la flemme de faire autre chose. Je ne veux pas finir grasse comme une truie et boire et fumer toute la journée, je suis déjà bien assez repoussante.
Owen interrompit sa série de frappes et vint s'accroupir près d'elle.
— Claire, Claire… s'il te plaît, arrêtes te dire que tu es repoussante. Il y a déjà assez de monde qui te dévalorise donc n'en rajoute pas. Et tu fais déjà de l'exercice assez régulièrement, contrairement à bien des femmes dans ta situation. Et si jamais tu te relâches, alors je me comporterais comme le personnage de Viggo Mortensen dans À Armes Egales si c'est que tu souhaites…
— Tu as intérêt…
Il se releva, alla à la cuisine et revint avec deux bières décapsulées. Il en passa une à sa concubine.
— Tu es ma femme, dit-il, peut-être pas d'un point de vue légal mais c'est comme si. Tu ma reine...
— Reine de rien si ce n'est des cendres…, répondit-elle avant d'avaler une gorgée.
— Reine de mon cœur.
Elle faillit avaler de travers et secoua la tête en riant d'un air moqueur.
— Tu es ridicule comme pas possible lorsque tu es fleur bleue, lui fit-elle remarquer.
— Peut-être, admit-il avec un sourire, étant juste satisfait de l'avoir fait sourire.
Elle se mit à jouer nerveusement avec ses doigts.
— En parlant de femme, tu n'as pas encore demandé ma main. Ce n'est pas comme si il y avait un quelconque suspense à ce sujet. Tu sais bien que je dirais oui…
— Ne crois pas que je ne souhaite pas t'épouser, je le souhaite vraiment. Je veux dire… On vit ensemble, on élève un fils. C'est juste que j'attends le bon moment, que les choses se tassent, pour pas qu'on ait un mariage qui se transforme en tentative d'assassinat.
— Si elles se tassent…
La playlist avait lancé un nouveau titre, qui mélangeait heavy metal et musique traditionnelle mongole, et les sons produit par les cordes du Morin khuur et le guttural chant khöömii s'avérèrent être plaisant pour les oreilles de Claire.
— J'aime bien cette musique, dit-elle.
— Un ami à Caer Draig me l'a envoyé.
Le lendemain, il put constater qu'elle avait écouté le conseil qu'il lui avait donné l'autre soir, celui au sujet d'éviter les œuvres avec des dragons. Elle avait mis de côté sa partie de God of War pour reprendre celle d'Uncharted : The Lost Legacy, un jeu d'action-aventure dont l'ambiance et l'intrigue rappelait les films Indiana Jones ou la saga Tomb Raider. Elle avait atteint le dernier segment du jeu, consistant en une course-poursuite impliquant un train transportant une bombe et devant être stoppé. Cependant, le niveau avait l'air d'être plus difficile que les précédents car il l'entendit jurer à plusieurs reprises, lançant des « Enculé ! », « Fils de pute ! », ou des « Va niquer ta chèvre ! » à chaque fois qu'un ennemi tirait sur l'héroïne qu'elle jouait ou qu'elle échouait.
Suite à plusieurs échecs consécutifs, Claire décida de faire une pause et se leva du canapé pour attraper son téléphone posé sur un meuble voisin. Elle surfa sur internet pendant un moment mais cela l'ennuya rapidement. Avant de fermer son navigateur, elle alla vérifier sa boîte mail privée et elle ses sourcils se haussèrent en voyant qu'elle avait reçu un email d'un certain Elijah Mills, un nom qui lui disait quelque chose. Elle ouvrit l'email :
Objet: Invitation à la réception du 23 mars.
(2) Pièces jointes
Bonjour Madame Dearing,
J'ignore si vous vous rappelez de moi mais si ce n'est pas le cas, je me représente. Mon nom est Elijah Mills et je suis le gérant de la fondation Lockwood.
Comme vous avez dû l'apprendre au travers des médias, le gouvernement a récemment autorisé International Genetics à acheminer les animaux survivants de Jurassic World sur le sol américain. Pour célébrer cela, ainsi que la future reprise de l'opération Royaume Déchu, Benjamin Lockwood donnera une réception à son manoir le 23 mars à partir de 18 heures et il souhaiterait grandement vous y inviter, vous et Monsieur Grady. Vous trouverez les invitations à vos noms en tant que pièces-jointes.
Monsieur Lockwood et moi sommes conscients que vous et InGen entretenez des rapports pour le moins difficiles suite aux funestes événements de Noel 2017 mais sachez que Benjamin regrette amèrement le traitement dont vous avez été victime et qu'il vous invite non en tant qu'ancien président directeur général d'International Genetics et membre de son conseil d'administration mais en tant qu'ami. Lui et moi souhaiterions aussi nous entretenir en privé avec vous car nous aurions une offre à vous proposer.
Soyez assurée que vous serez en terrain neutre à la réception et quiconque qui vous importunerait au cours de cette dernière devra en répondre devant Monsieur Lockwood.
J'espère de tout cœur que vous et Monsieur Grady accepterez cette invitation et dans l'attente de votre réponse, je vous prie de recevoir mes salutations les plus distinguées.
Eli Mills
Elijah Mills
Gérant de la fondation Lockwood
Domaine Lockwood
Old State Highway
Orick CA 95555
— Tout va bien ma biche ? Demanda Owen.
— J'ai eu un mail de la fondation Lockwood… On est invités à une réception.
— Une réception ?
Il vint la rejoindre et elle lui passa ton téléphone pour qu'il lise l'email.
— Elijah Mills, lut-il, c'est qui ce con ? Il prétend te connaître.
— Le larbin de Lockwood, il gère sa fondation. Je l'ai vu pour la dernière fois il y a des années. Il m'avait fait des avances mais je les ai rejetées. Il n'était rien d'autre qu'un autre costard-cravate ennuyeux, pas le genre d'homme que je recherchais…
Owen sourit et elle ajouta :
— Ma balafre a un avantage : Tu n'as pas à t'inquiéter d'autres hommes…
— Oh tu sais, il y en a qui sont comme moi et d'autres que les cicatrices excitent, dit-il, la faisant glousser. Tu veux aller à cette réception ?
— Je ne sais pas. Ça fait un an que je fais profil bas et j'ai la paix depuis qu'on vit ici. J'aimerais que ça continue ainsi, pour son bien…, répondit-elle en désignant du regard Sigurd assis non loin. Et j'ai peur que cette réception soit un traquenard. D'un autre côté, j'aimerais savoir en quoi consiste leur offre. Ce sera peut-être la dernière avant un bon bout de temps…
— Quoique tu décides, je serais à tes côtés. Si jamais c'est un piège visant à t'humilier, tu pourras compter sur moi pour saccager leur petite fête.
Elle sourit et rit légèrement.
— Qui dit réception, dit tenue de soirée, lui fit-elle remarquer. Est-ce que tu as un smoking ? Je n'en ai vu aucun parmi tes vêtements.
— Euh…
— Est-ce que tu es allé au bal de promo de ton lycée ?
— Oui, mais je n'étais pas en smoking.
— Ta cavalière a dû apprécier… Et quand tu étais dans la marine ?
— Uniforme de cérémonie. Et je n'avais pas de smoking dans mes bagages lorsque je suis arrivé à Nublar.
— C'est vrai que je ne t'ai jamais vu en porter un. On ferait bien d'aller t'en acheter un, ça pourrait te servir.
Il hocha de la tête.
— On a les invitations de toute manière, dit-il. Prend le reste de la journée ainsi que demain pour y réfléchir, la nuit te portera conseil. Tu m'informeras de ta décision demain lorsque je rentrerais du boulot. Il faudra que je pose mes congés si on va.
Le lendemain matin, au lieu de rester encore un peu au lit comme elle faisait d'habitude, elle se leva et descendit à la cuisine pour aller le voir alors qu'il prenait son petit-déjeuner.
— Owen, j'ai réfléchit. Pose tes jours le vingt-trois et le vingt-quatre. Nous irons à Orick.
