Notes
Casting Hypothétique :
Michael Herbig dans le rôle de Mark Vogiel
-o-
Ils prirent sur leur gauche, sortant du bâtiment par une issue de secours et empruntant ensuite une allée qui les fit passer entre plusieurs petites volières et plus loin, deux dômes se dressaient au-dessus de la végétation dense et hébergeaient les plus grands ptérosaures.
Quelques minutes plus tard, ils sortirent de ce secteur dédié aux animaux volants et parvinrent à l'entrée du Camp des Prédateurs, qu'ils visitèrent également, plus en détail pour le couple qui en profita pour essayer d'apercevoir Blue dans son enclos, en vain.
Lorsqu'ils ressortirent du camp, le groupe vit qu'un pickup les attendait et Juan leur apprit qu'ils allaient faire un tour du côté de la gare minière et de la voie de chemin de fer, pour entre-autres éviter de croiser le groupe des élus et de la presse guidé par Jocelyn Hodgson. Le chef animalier trouva les clés sur le contact et le groupe monta à l'arrière, le couple s'asseyant d'un côté et les membres du GPD de l'autre.
Contournant la zone des volières et repassant devant l'enclos des Mussaurus ainsi que le parking près du vieux réfectoire, ils suivirent une pente douce et le chemin les fit passer entre les bâtiments de la vieille ferme et un rideau d'arbres dissimulant plus ou moins une enceinte octogonale délimitée par des murs en béton de six mètres de haut, l'enclos d'observation utilisé parfois par l'équipe vétérinaire.
Ils arrivèrent en vue d'une flotte de camions de transport et de quelques camions-grues, parqués dans un pré. Le longeant, le pickup passa d'abord devant la porte de l'entrepôt de l'Arche, puis devant l'entrée de l'allée qui menait au garage de l'UCA, aménagé sous la Proue, au niveau le plus bas. Peu après, ils franchirent la porte ouest du domaine et prirent la direction du nord, circulant sur une route forestière.
— Nous y sommes presque, annonça Juan plus de sept kilomètres plus loin, alors que le pickup arrivait en vue d'un pont.
Ils prirent une sortie sur leur droite et descendirent dans une petite vallée, traversée en son centre par une voie ferrée. Ils suivirent cette dernière en direction de l'amont et deux-cent cinquante mètres plus loin, un ensemble de bâtiments de bois et de tôle apparut à leurs yeux. Juste avant cet ensemble, la voie se divisait en deux, pour décrire une grande boucle qui enserrait cette gare centenaire ainsi qu'une partie du terrain alentours. Non loin, tout au bout de la vallée, il y avait l'entrée condamnée d'une mine, creusée dans le flanc de la montagne qui dominait les lieux.
Se rapprochant de la gare, le groupe discerna la silhouette d'un garde, assise à l'intérieur d'un cabanon en bois servant de guérite. Juan donna un coup de klaxon, faisant sursauter le garde et reconnaissant le pickup et son chauffeur, il ne bougea pas et se contenta de leur faire un signe de la main.
Alors qu'ils faisaient le tour de la gare, le groupe vit bien quelques wagons stationnés près d'un des entrepôts mais le train qui devait transporter le gros des animaux n'était visible nulle part.
— Le train n'est pas là ? Demanda Franklin.
— Il arrive Lundi, répondit le chef animalier. Ils avaient encore quelques travaux de maintenance à faire.
Ils firent demi-tour, revinrent au niveau du pont et empruntèrent ce dernier, passant au-dessus de la voie ferrée. Ils tournèrent à gauche plus loin, l'embranchement de droite conduisant à l'entrée de la Réserve Naturelle du Pilier du Ciel, et passèrent bien assez tôt au-dessus d'une rivière et de son lit rocailleux, la Celeste. Peu après, ils tournèrent encore à gauche et la voie ferrée réapparut alors qu'ils repassaient par-dessus. En regardant à droite du pickup, le couple et le trio du GPD remarqua que après s'être étirée en direction de l'ouest sur trois kilomètres, la voie ferrée bifurquait vers le sud au niveau du pont et continuait par la suite plus ou moins en ligne droite à travers jungle, plantations et prés, droit vers les gorges. Suivant une route de corniche, ils longèrent ensuite le côté est de la voie et à un moment, ils passèrent dans un court tunnel et alors qu'ils descendaient vers la voie, on demanda à Juan si le tunnel qu'ils venaient de traverser passait sous une autre voie ferrée. Il répondit à l'affirmative, expliquant qu'il y avait eu autrefois le projet de relier la gare minière de Burgo Nuevo à San Rámon voire même San José par le rail, mais qu'il avait été abandonné suite à la combinaison de facteurs économiques défavorables et d'un accident survenu assez tôt lors de la construction de cette nouvelle voie, une histoire de viaduc qui s'est écroulé alors qu'il n'était même pas terminé. Seuls deux kilomètres de voie avaient été posés et sans les chèvres des éleveurs locaux, elle aurait déjà disparu sous une végétation dense.
Après avoir roulés pendant un temps juste à côté du rail, ils braquèrent vers l'ouest pour remonter dans les hauteurs et quelques minutes plus tard, ils furent de retour à la porte ouest du Site D d'InGen. C'était déjà le milieu de l'après-midi et ils terminèrent leur tour par une visite de l'Arche, allant se garer juste à côté de l'entrée de l'entrepôt.
En plus des fournitures nécessaires au bon fonctionnement du Site D, on y trouvait également des étagères pleines de cartons de produits dérivés Jurassic World, des caisses et des cages de petite et moyenne dimensions, et même quelques animaux naturalisés, dont un Styracosaurus. Ce dernier, un mâle au corps rouge brique, était posé sur un chariot retenu par des cales.
— Ah, Iiníí…, dit le chef animalier. Je vous déconseillerais de le toucher. Il y en a qui ont fait des choses dessus… Ils ont été inspirés par je ne sais plus quel jeu vidéo sur un chasseur de monstres aux cheveux blancs.
Ils passèrent ensuite aux autres sections du bâtiment : Le vivarium, les bassins pour animaux aquatiques, le chenil aménagé sur deux niveaux, le Quartier général de l'UCA et les bureaux de la sécurité ainsi que l'hélisurface juste au-dessus, le laboratoire désaffecté et son écloserie rappelant beaucoup celle du Site B à Isla Sorna, la nurserie qui avait encore récemment servit, les locaux vétérinaires…
— A cause du petit incident avec les vélociraptors, nous devons abréger le tour si nous ne voulons pas être en retard sur le planning, Juan dit au groupe alors qu'ils se dirigeaient vers la porte près de l'ancien réfectoire. Cependant, il ne vous restait à voir plus que les enclos des grands carnivores, tout au fond du domaine, or le nourrissage de ceux-ci est prévu pour bientôt. Je vous invite donc à venir nous aider à le préparer.
En sortant du bâtiment, ils tournèrent sur leur droite comme pour aller du côté du parking et de l'aire de déchargement de l'ancien réfectoire, là même où Marisol avait emmené Claire et le trio du GPD plus tôt. Portée par le vent, une odeur âcre parvint aux narines du groupe et bien assez tôt, ils découvrirent un amas de sacs plastiques remplis de viande, de morceaux de carcasses et de cadavres de moutons, chèvres et même veaux, amassés sur une pelouse bordant le parking. Non loin, un tracteur muni d'une remorque ainsi qu'une camionnette aux couleurs de Jurassic World étaient garés et trois soigneurs attendaient le groupe à côté de ces véhicules. Il y avait Allison et Marisol ainsi qu'un homme d'âge mur de constitution moyenne, au visage glabre et aux cheveux bruns courts, qu'ils avaient vus plus tôt au réfectoire à la hacienda et qu'Owen connaissait : Mark, un Allemand qui s'occupait des carnivores de taille moyenne à Isla Nublar.
En se rapprochant, le groupe remarqua également la présence du corps sans vie d'une vache à quelque pas de l'amas cadavérique et Franklin réprima un haut le cœur.
— Mais c'est horrible…
— Lorsqu'une de leurs bêtes meurt, les éleveurs de la région appellent volontiers la Ferme, étant donné que nous confier le cadavre leur revient beaucoup moins cher que faire venir l'équarisseur tandis que les abattoirs, boucheries et supermarchés sont bien contents qu'on les décharge un peu de leurs restes et invendus, leur expliqua le chef animalier. Pour InGen, c'est plus économique que d'aller se fournir auprès d'un grossiste et en cette période, vous pensez bien qu'il n'y a pas de petites économies.
Ayant vu Claire enlever son gant en silicone quelques instants plus tôt, Juan lui dit :
— Je vous dispense de l'activité, Claire. Il serait dommage de salir voir d'endommager votre prothèse, je suppose qu'elle a dû coûter une fortune. Voyons avec Franklin s'il est d'accord pour vous passer sa caméra afin que vous preniez les images dont ils auraient éventuellement besoin tandis qu'il mettrait les mains dans le cambouis à votre place.
— Vous êtes sûr que vous le voulez près de la viande ? Lui demanda-elle à voix basse. Il me semble bien nauséeux… L'odeur est désagréable j'en conviens mais j'ai bravé pire.
Marchant à côté d'elle, Owen regarda la prothèse puis le chef animalier, craignant lui aussi qu'elle la dégrade lors de l'activité.
Claire avait eu de la chance que son père, Tobias, l'ait aidée à financer sa prothèse, ne supportant pas l'idée que sa fille soit estropiée et reste manchote pour le restant de ses jours, déjà que sa défiguration était horrible. Si ça n'avait pas été le cas, elle se serait retrouvée avec une prothèse de moins bonne facture ne pouvant accomplir que des fonctions beaucoup plus limitées que celle qu'elle avait.
Owen n'avait rencontré Tobias Dearing qu'une seule fois, alors qu'elle était à l'hôpital de Nicoya, et, de par son physique et son attitude, il lui avait alors évoqué un mélange improbable entre Ron Howard (1) et Tywin Lannister (2). Autrefois grandement fier de sa fille, Tobias ne savait plus quoi en penser en raison de la fin prématurée de sa carrière professionnelle ainsi que des crimes dont on l'accusait et la mort durant la chute d'Isla Nublar d'un des petits-fils de son épouse, qu'il considérait également comme le sien et appréciait beaucoup, n'avait pas arrangé les choses, et une fois que Claire fut rétablie, il avait pris ses distances avec elle, comme beaucoup de membres de sa famille et de ses anciens collègues et amis.
Owen n'avait pas aimé Tobias, principalement pour des raisons d'ordre idéologiques, celui-ci étant cadre au sein d'une multinationale pharmaceutique, le genre d'individus que le soigneur méprisait d'ordinaire et il avait même pensé qu'il n'aurait pas détonné au milieu du conseil d'administration d'InGen. Tobias lui avait renvoyé le sentiment, pour le même genre de motifs et déçu que le petit ami de sa fille ne soit qu'un simple montagnard de la Sierra Nevada, un barbare à ses yeux, mais pour quelque étrange raison, Tobias avait fait comprendre au soigneur qu'il avait son entière confiance pour veiller sur sa fille.
— J'ai fait ma précieuse pendant trop longtemps, Juan. Je souhaite mettre mes mains dans le cambouis comme vous dites. Donnez-moi juste de quoi la protéger. Avez-vous un sac poubelle qui traîne ou quelque chose comme ça?
— Mieux, des gants de fouille, suffisamment longs pour recouvrir tout votre bras. On va aller vous en chercher après.
— Merci.
Ils rejoignirent les trois soigneurs et on leur expliqua ce qui était à faire. En fin d'après-midi, les soigneurs devaient nourrir les prédateurs, y compris ceux du camp, et la tâche du groupe était d'aider Juan et Marisol à rassembler la viande destinée en majorité aux plus grosses espèces. Pour cela, ils devaient mettre dans la remorque du tracteur un certain nombre de carcasses et de morceaux. Pendant ce temps Allison et Mark allaient préparer le repas des prédateurs les plus petits ainsi que ceux des Baryonyx, Kaprosuchus, dilophosaures et du synapside omnivore Estemmenosuchus, ces quatre espèces pourtant d'assez grande taille n'étant jamais nourries avec du bétail ou très peu mais plutôt avec du poisson, de la volaille, des lapins et des rats.
— Il m'en faut deux dans la remorque pour attraper les morceaux qu'on leur tendra et les répartir, deux avec Marisol pour choisir dans l'amas, et enfin un pour m'aider à débiter cette vache, dit Juan au groupe. Répartissez-vous.
Owen se dirigea vers la vache, attachant ses cheveux en chignon par commodité; Claire vers la remorque ; Alexander, ne désirant pas aller avec elle, choisit par défaut d'aller aider Marisol ; tandis que Franklin était hésitant. D'un côté, il était lui aussi réticent être en binôme avec Claire mais d'un autre, la puanteur du amas lui était insupportable. Il se tourna vers Zia mais avant qu'il puisse lui parler, elle choisit son affectation :
— Je vais avec elle, se proposa-elle.
Il la regarda avec surprise aller à la remorque puis se retourna vers l'amas.
— Oh punaise…, marmonna-il avec dégoût, sachant qu'on allait lui demander à coup sûr de mettre la main à la pâte dès qu'il aurait pris ses images.
Peu après, on donna aux cinq des paires de gants appropriées à leurs tâches. Owen eut une paire de gants épais, les trio du GPD des gants en latex, et Claire un autre de ces gants pour sa main gauche et pour son bras droit, un long gant transparent, pareil à celui utilisé par les vétérinaires lorsqu'ils devaient insérer un bras à l'intérieur d'un gros animal pour des opérations d'insémination ou d'examen de la prostate par exemple. Elle l'enfila, le remontant jusqu'à l'épaule, et elle et Zia grimpèrent sur la remorque du tracteur.
Tandis que Juan maintenait l'une des pattes de la vache tendue et qu'Owen donnait des coups de hache afin de la séparer du corps, Alexander et Marisol prirent l'un des moutons et l'amenèrent à la remorque.
— Reculez mesdames ! Dit la soigneuse à Claire à Zia, alors au bord.
Elles s'exécutèrent et le corps fut balancé l'instant d'après dans la remorque. Ecoutant les indications qu'on leur donna, elles le déplacèrent ensuite à l'extrémité opposée de cette dernière et attendirent le suivant.
— Il semblerait que je doive vous remercier pour avoir tiré les ficelles avec Madame Hodgson, dit la vétérinaire à la directrice déchue tandis que Franklin filmait la préparation de la viande à distance respectable.
— Ne criez pas victoire tout de suite. Il faut espérer qu'elle n'ait pas oublié et que les choses se passent bien entre vous et Monsieur Le Goff. Et c'était le moins que je pouvais faire. Après tout, j'ai mis le bordel dans les vies de la plupart des gens ici.
Un second mouton fut balancé dans la remorque et elles allèrent le mettre près de l'autre.
— Je vais être honnête et ne pas vous prendre pour une idiote en admettant que je ne vous aime pas vraiment, avoua Zia, mais je ne suis pas une ingrate et je me devais de vous dire merci.
Claire hocha de la tête.
— Je ne vous demande pas, à vous, Franklin et Alexander, de m'aimer. Juste de me respecter.
Une chèvre atterrit dans la remorque et étant donné qu'elle n'était pas très lourde, Claire la souleva et l'amena seule près des moutons.
— C'est compréhensible, dit Zia. Sachez que vous avez au moins mon respect. Ce n'est pas tous les directeurs de parcs à thème qui manipuleraient des cadavres sans broncher.
— Disons que ce n'est pas la chose la plus écœurante que j'ai faite.
La vétérinaire écarquilla légèrement les yeux de surprise.
— Sans indiscrétion, commença-elle d'un ton un peu plus hésitant, qu'est-ce qui était plus écœurant que ça pour vous ?
Claire la regarda dans les yeux.
— Puis-je vous confier un secret ? Demanda-elle.
— Oui, répondit Zia en hochant de la tête. Motus et bouche cousue.
— La chose la plus écœurante que j'ai faite… est rouler un patin à une grosse otarie bourrée à la bière.
Une expression de surprise apparut sur le visage de la jeune femme mais avant qu'elle puisse dire quoi que ce soit, Owen rejoignit la remorque. Transportant l'une des pattes de la vache sur son épaule tel un gourdin, les deux femmes pensèrent alors qu'il avait l'air d'un Cro-Magnon revenant de la chasse.
— Tu as embrassé Steven Seagal ? Demanda-il à sa concubine en adoptant un ton faussement surpris et choqué. Oh quelle horreur !
— Ne fais pas l'imbécile Owen, rétorqua Claire. Je t'ai déjà raconté cette histoire et même montré les photos.
Il leur donna la patte sectionnée et elles la déposèrent sur le fond de la remorque.
— Une otarie bourrée à la bière ? Répéta Zia. Comment ? Vous êtes sérieuse ?
— C'était au cours d'un été il y a quinze ans. Une amie m'avait invité à passer des vacances chez elle. Elle et ses collègues avaient organisés une soirée sur leur lieu de travail, qui se trouvait être un marineland. C'était une soirée bien arrosée et on a commencé à faire des paris. J'ai perdu et du embrasser Andre, une Otarie de Californie mâle de plus de trois cent kilos. J'étais ivre et lui aussi. Il avait sifflé plusieurs bouteilles à notre insu. Le salaud était malin et avait pris de mauvaises habitudes auprès de son dresseur dans son établissement précédent. J'ai tant pué du bec le reste de la soirée et les jours suivants qu'on m'a surnommé Gueule de hareng.
Alors que Zia riait doucement, elles virent Mark, Allison et un troisième soigneur sortir de la cuisine, transportant ensemble un Arapaïma (3) de deux mètres de long pour le mettre à l'arrière de la camionnette.
Quelques minutes s'écoulèrent et la remorque se remplit peu à peu avec d'autres chèvres et moutons, les morceaux de carcasse désignés par Marisol et apportés par Alexander à Zia, ceux débités de la vache et même un veau tandis que des seaux de rats, d'autres de truites et de tilapias, un autre Arapaïma ainsi que des poulets et des lapins furent apportés à la camionnette.
Mais Franklin était toujours en train de filmer et Claire le remarqua.
— Lui restera-il suffisamment de batterie pour tenir jusqu'à la fin de la journée ? Demanda-elle à Zia.
La vétérinaire soupira et héla son collègue :
— Franklin ! Tu as assez pris d'images. Viens aider !
Avec réticence, il rangea sa caméra dans son sac, mis ses gants en latex et s'approcha de l'amas, qu'Alexander et Allison fouillaient, ouvrant les sacs d'invendus à la recherche de morceaux de choix pour les prédateurs. Le président du GPD lui montra plusieurs morceaux de carcasses qu'ils devaient amener à la remorque ou à la camionnette.
Grimaçant face à la puanteur insoutenable qui régnait, l'informaticien s'exécuta.
— J'ai envie de gerber…, gémit-il.
— Evite de le faire sur la viande. Sinon c'est toi qu'on jettera dans l'enclos mon lapin, dit Mark, l'ayant entendu et alors en train de transporter avec Owen, Juan et Marisol une carcasse de bœuf en direction d'une deuxième camionnette, qu'on était venu garer là entretemps.
Chassant d'un geste de la main quelques-unes des mouches qui les harcelaient, il ramassa l'un des morceaux et l'amena à la remorque, le tendant à Claire étant donné qu'Alexander donnait les morceaux qu'il avait à Zia.
Lorsqu'il revint à l'amas, il découvrit avec horreur une tête de veau décapitée entre deux sacs.
— C'est normal ça ? Demanda-il à Allison d'un ton inquiet.
— Ça arrive qu'on en ait. On la prend.
Mais voyant que l'informaticien tardait à la saisir, Owen arriva, la prit et se tourna vers la remorque.
— Claire ! Attrape !
Alors en train d'attendre qu'on lui donne un autre morceau, elle leva les yeux et le vit lancer la tête de veau dans sa direction.
En l'attrapant au vol de justesse, elle surprit les soigneurs et certains d'entre eux l'applaudirent, impressionnés.
— Tu l'as bien dressée à ce que je vois, Marisol fit remarquer à Owen en plaisantant. La Claire d'il y a deux ans n'aura jamais fait ça.
— Je n'ai pas droit à un rat ? Demanda Claire à son concubin en regardant le seau de rats à l'arrière de la première camionnette. Et il où ton cliqueur ? Ajouta-elle, faisant rire les soigneurs.
— Bien que tu sois aussi féroce que ces derniers, tu n'es pas un raptor, Claire ! Répondit-il.
Elle se tourna vers Zia.
— On serait presque devenus comme Mike et Kathryn, deux anciens collègues dresseurs à Ocean World en Floride, lui dit-elle. Une déformation professionnelle avait créé chez eux un certain fétichisme…
Alors en train de regarder Franklin, la vétérinaire vit Mark dégager un fœtus de vache, caché jusque-là au sein de l'amas, et s'approcher avec ce dernier de l'informaticien du GPD. Alexander remarqua cela à son tour mais avant qu'il ne puisse prévenir Franklin, Mark imita un mugissement, poussant le jeune homme à se retourner. Celui-ci faillit faire une crise cardiaque en se retrouvant face aux yeux clos et au corps nu du veau mort-né et l'allemand, satisfait, se mit à rire fort et de manière incontrôlée, tandis qu'Alexander le regardait de travers, trouvant sa blague de mauvais goût. Le rire hystérique de Mark était particulier, sonnant comme celui d'une hyène et désagréable aux oreilles de Franklin et de plusieurs autres. Il lui tendit le fœtus.
— Tiens, lui dit-il tout en continuant de ricaner.
— Euh, non sans façon…
— Tiens…, insista l'allemand.
Franklin regarda les autres soigneurs.
— Qu'est-ce que j'en fais ? Leur demanda-il. On ne va pas leur faire manger ça, si ?
— Oh, on le donnera à Clafoutis, l'Estemmenosuchus, lui dit Marisol. Ce bestiau est une poubelle sur pattes.
Mark lui fit à nouveau signe de prendre le fœtus mais Franklin recula.
— Fais pas ta fiotte et prends ce fœtus, le pressa Zia.
— Ce n'est pas bien de traiter les gens de fiotte, Zia, la reprit Alexander. C'est un terme offensant.
Mais elle haussa les épaules et les autres soigneurs levèrent les yeux au ciel. Franklin saisit enfin le veau mort-né et rejoignit la remorque mais le voyant hésitant quant à la manière de le donner à Zia, Owen se rapprocha.
— Prends-le par les aisselles et tends le, à la manière de Rafiki présentant Simba aux animaux de la savane dans Le Roi Lion, lui conseilla-il.
Le jeune homme hocha faiblement de la tête et leva le fœtus en tournant la tête, craignant de soudain recevoir en pleine face quelque fluide. Alors que Zia le mettait dans le tas, Juan saisit l'un des sacs qu'ils avaient vidés et le retourna, afin de verser le sang qui restait au fond.
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Notes
(1) Ron Howard : Cinéaste états-unien.
(2) Tywin Lannister : Personnage de la saga littéraire du Trône de Fer. Dans l'adaptation télévisuelle d'HBO, il est incarné par l'acteur britannique Charles Dance.
(3) Arapaïma : Gros poisson d'eau douce sud-américain.
