Notes

Suggestions musicales :

- The World Beneath - Trevor Jones, Dinotopia.
- On the Beach - Bear McCreary, Black Sails.


-o-


Lorsqu'ils allèrent déjeuner à la hacienda, Claire nota que Franklin était déjà là, assis à l'une des tables, mais que les autres n'étaient pas encore arrivés. En attendant Owen, Claire s'installa à une autre table et sortit son téléphone. Elle se rendit sur un service de cartographie en ligne et entra l'adresse du Site D dans la barre de recherche. Des images aériennes du complexe apparurent et Claire les compara au plan d'évacuation qu'elle avait pris en photo sur le chemin, et ce dans le but d'essayer de repérer des différences et de commencer à établir une stratégie de recherche. Alors qu'elle commençait à griffonner un schéma sur une feuille de papier, Zia et Alexander arrivèrent avec leurs binômes de soigneurs respectifs.

— Alors Franklin, qu'est-ce que tu as fait ce matin ? Demanda Alexander à son collègue alors que lui et Zia s'asseyaient à côté et en face de lui.

— Nettoyé des cages et nourrit leurs occupants. Foutus compys… Ces saloperies ont failli me mordre !

— A San Diego, on est plusieurs à s'être fait mordre par les compys pendant la formation, raconta Zia, et à Nublar, ça devait arriver souvent je suppose. C'est comme se faire mordre par une couleuvre ou pincer par un oiseau.

— Des piafs venimeux !

— Tu aurais juste plané un moment à cause de la toxine dans leur salive mais rien de bien méchant, le rassura-elle.

— Tu as vu Caerbannog ? S'enquit Alexander.

— Quoi, le Pegomystyx ? Répondit Franklin.

Pegomastax, le corrigea son amie avec une légère pointe d'agacement.

— Oui, vite fait. C'est Alex qui s'en est occupé. Ce truc est tellement moche qu'on dirait un chupacabra.

Owen arriva enfin, suivit de Juan et de Mark. Alors qu'ils se dirigeaient vers sa table, Claire rangea son schéma inachevé et éteignit son téléphone avant de sortir son déjeuner. Alors qu'ils racontaient leurs matinées respectives, Claire vit une des employées de l'administration aller à la rencontre de Jocelyn Hodgson, installée plus loin. Elle lui tendit une clé attachée à une chaîne.

— Tu as bien fermé ? La directrice demanda à sa collègue.

— Oui.

Jocelyn saisit la clé et sa chaîne et mit cette dernière autour de son cou, la cachant sous son chemisier. Puis elle se retourna vers la table de Claire et celle-ci fit mine d'être davantage intéressée par son déjeuner que par ses moindres faits et gestes.


Une fois qu'ils eurent finit de manger, ils revinrent au bureau des soigneurs et à treize heures trente, Juan encouragea ses subordonnés à reprendre le travail et demanda au groupe de le suivre jusqu'à la remise, où les soigneurs entreposaient divers outils. Le chef animalier désigna du doigt les outils nécessaires au travail de fauche qui les attendait :

— Il nous faut les faux, les râteaux, les ramasse feuille, et les fourches.

— Il n'y a pas de débroussailleuse ? Demanda Claire.

— Elles sont toutes en panne et la direction traîne des pieds pour en racheter.

Elle hocha de la tête et ils prirent également deux brouettes, les mirent elles et les outils à l'arrière d'un pickup et se rendirent à l'enclos d'Ariane et Astérion. Juan et Mark donnèrent les consignes puis laissèrent le groupe se répartir les tâches tandis qu'ils allaient s'occuper des autres enclos du secteur.

— Tu étais en train de dessiner quelque chose lorsqu'on est arrivés, Owen rappela à sa concubine tout en fauchant l'herbe haute devant lui. Un plan pour nos recherches ?

Alors en train de tirer hors de la bande avec un ramasse feuilles l'herbe fauchée qu'il laissait dans son sillage, Claire tourna la tête vers lui.

— Oui, répondit-elle, dans le but de déterminer les zones susceptibles d'abriter le labo secret de Wu. Mais il faut d'abord que je le finisse…

Entendant le tintement du gros trousseau de clés de Juan, elle se retourna et vit le chef animalier marcher vers eux.

— Tout va bien ? Leur demanda-il.

— Ça avance, répondit Owen.

Juan regarda toute la zone qu'ils avaient déjà fauchée et hocha la tête d'un air satisfait.

— Bien.

Il se dirigea ensuite vers le côté de l'enclos en train d'être fauché par le trio du GPD. Claire déposa le ramasse feuilles et saisit la fourche pour commencer à mettre l'herbe fauchée dans leur brouette.

— On ne pourra pas fouiller aujourd'hui, dit-elle, mais il faut absolument qu'on commence demain.

— A la pause de midi ?

— Ouais, on bouffe en vitesse et on y va direct après.

— Ok, on fait comme ça.

Alors en train de rejoindre le trio du GPD, Juan fut confronté à une vision qui l'amusa.

— Dîtes, ça va les inspecteurs des travaux finis ? Demanda-il en espagnol à haute voix.

Franklin, alors en train de faucher et surpris par le son de sa voix, releva la tête et se retourna vers le soigneur. Mais il remarqua aussitôt que non seulement il ne s'était pas adressé à lui ou à ses deux collègues mais que ces derniers regardaient également dans sa direction. L'informaticien regarda alors derrière lui et sursauta en voyant qu'Ariane et Astérion étaient juste derrière la clôture, à seulement quelques pas de lui, et qu'ils le regardaient avec grand intérêt. S'étant contenté de regarder droit devant lui alors qu'il fauchait, il ne les avait pas vu approcher. Et bien sûr, Zia et Alexander, respectivement en train de tirer l'herbe et de la mettre dans leur brouette, ne l'avaient pas prévenu…

Après cette brève interruption, le trio se remit au travail et Franklin continua sa tâche, mais les carnotaures le suivirent, avançant pas à pas.

— Mais allez-vous-en…, se plaignit le jeune homme. Vous me stressez à me regarder comme ça !


Le lendemain, le couple mit sa stratégie à exécution, déjeunant rapidement avant de commencer sa prospection. S'aidant du plan que Claire avait terminé le soir précédent, ils se rendirent dans la partie sud du domaine, celle occupée par les plantations, et l'explorèrent à la recherche d'un quelque lieu pouvant abriter un laboratoire de clonage clandestin mais les seules structures qu'ils virent dans cette zone furent des petites cabanes de rangement et un ou deux espaces de stockage à l'air libre.

Le soir, après le dîner, Claire raya cette zone sur sa carte et étudia cette dernière, calculant le temps nécessaire pour l'exploration de toutes les zones.

— On n'aura jamais fini avant Lundi ! S'agaça-elle, jetant presque son stylo sur la table de leur chambre. Je crois que notre ami l'Ocelot peut dire adieu à ses infos !

Owen, alors couché sur le lit, se leva et vint se pencher par-dessus son épaule.

— On n'est pas encore Lundi. On le trouvera ce putain de labo d'ici là.

— J'aimerais te croire mais on n'a fait qu'une partie des plantations aujourd'hui. On a encore tout ça à faire ! Lui montra-elle sur la carte.

— Oublions les plantations, ça m'étonnerait qu'on y trouve quelque chose. Je suis d'avis à ce qu'on fouille la zone près de la bambouseraie demain, le long de la limite ouest, pointa-il. Il y a les bungalows pas loin, peut-être que Wu et son équipe ont logé là.

— Peut-être que oui, peut-être que non. J'en ai aucune idée…

Il posa ses mains sur ses épaules et commença à doucement à la masser.

— Laisse cette carte pour ce soir, d'ac ? Détends-toi…

— Tu as raison. Les choses s'éclairciront peut-être si je prends du recul.

Elle rangea la carte et il l'emmena au bord du lit pour poursuivre plus confortablement leur séance de massage. Il sentit ses muscles se décontracter peu à peu et alors qu'elle se détendait, gardant les yeux fermés tout en émettant parfois des petits gémissements de satisfaction, elle pencha la tête en arrière et sur la gauche, exposant son cou et l'invitant à l'embrasser. Alors qu'il déposait des baisers sur sa peau, elle saisit sa main droite et la guida sous son T-shirt, la faisant passer doucement sur la longue cicatrice qu'elle avait au niveau du sternum et du sein droit pour qu'il aille lui caresser le sein gauche. Il ne se fit pas prier et alors que sa main la pelotait, Claire frissonna d'excitation, ne désirant sur l'instant rien d'autre que lui.


Chacun assis sur leurs lits respectifs, Zia et Franklin étaient en train de discuter des images que ce dernier avait pris dans l'après-midi lorsqu'ils se mirent à entendre le lit de la chambre du couple bouger puis le bruit de leurs ébats, l'isolation sonore entre leurs chambres étant de qualité discutable. Ignorant combien de temps cela allait durer et souhaitant mettre fin au silence gênant qui régnait dans leur chambre, Franklin prit la parole :

— Tu as des films sur ton ordi ?

— J'ai Sexcrimes, répondit Zia, qui avait les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur portable.

— Je ne connais pas.

— C'est un thriller érotique, un peu comme Basic Instinct, précisa-elle en se tournant vers lui. Tu as vu ce dernier ?

— J'ai connais de nom seulement.

— Tu ne l'as pas vu ? Sérieusement ? Tu devrais.

— Ce n'est pas mon genre de films.

— Oh, peut-être que tu aimeras Sexcrimes. Il y a une scène coquine entre Denise Richards et sa partenaire dans une piscine si tu vois ce que je veux dire… Si chaude que si tu étais une meuf, je dirais que tu serais très tenté de te caresser les crêtes du dilophosaure devant.

— Qu'est-ce que tu as d'autre ?

— Quoi, tu n'aimes pas les films où on voit de jolies meufs à poil ? Lui demanda-elle d'un ton surpris. Tu ne sais pas ce que tu loupes… Dis-moi Franklin, est-ce que tu au moins déjà vu une madame toute nue ?

Mais alors qu'il hésitait au sujet du contenu de sa réponse, elle ajouta :

— Non, ta mère ne compte pas…


Le couple se rendit compte qu'on les avait entendus lorsqu'ils virent les deux membres du GPD les imiter à la pause de midi du lendemain :

Oh oui ! Mon Wapiti viril, plus fort !

Oh ma biche… Tu es ma reine… Tu es ma reine…

Etant assis à plusieurs tables d'eux, Zia et Franklin croyaient être suffisamment loin et parler suffisamment bas pour ne pas être entendus. De façon plus ou moins discrète, Alexander et les quelques soigneurs assis à leur table adressèrent un regard en coin au couple tout en arborant un rictus. Pendant ce temps, Jocelyn Hodgson était sortie sur la terrasse pour prendre un coup de fil. N'étant qu'à quelques mètres de celle-ci, le couple l'entendit :

— Je t'ai dit que je ne sais pas lorsque je rentrerais du Costa Rica, répondit-elle à son interlocuteur avec irritation. … Oui, la plupart des animaux partent Lundi mais il reste encore tout à un tas de trucs à faire ici avant qu'ils me laissent rentrer au pays… Non, les dinosaures ne vont pas s'échapper et me manger. On prend la sécurité très à cœur et tu ne le répètes pas mais le siège nous envoie non seulement Edward et ses hommes mais aussi une société militaire privée en renfort… Je sais que je vous manque à toi et aux enfants mais il faudra être encore patient… Comment ça, t'as été assez patient jusque-là ?! Putain mais on ne va pas ravoir la même conversation à chaque fois ! Oh merde, tu me soule avec tes jérémiades ! Je te rappellerais ce week-end…

Elle raccrocha et soupira.

— Quelle idée d'avoir épousé un con pareil… Pesta-elle à voix basse.

Puis elle revint dans le réfectoire et ayant fini de déjeuner, le couple se leva et quitta la hacienda.

— La dernière chose qu'il nous fallait était que notre vie sexuelle devienne un gros sujet de conversation, déclara Claire plus tard alors qu'ils se rendaient à leur zone de prospection, celle près de la bambouseraie. Heureusement qu'on était plus ou moins discret à l'époque sur Nublar car sinon, je crois qu'on aurait eu droit à une rubrique spéciale dans Radio Nublar.

— L'émission d'Alec, celle qu'il diffusait depuis l'Administration ?

— Ouais, Alec Rath. Dès qu'il y avait le moindre potin, ce petit con au teint blafard répondait présent. A la période où on a commencé à baiser, il avait même déclaré « Notre directrice adjointe s'est accouplée ! » et un autre coup, il a même suggéré que j'étais enceinte tout ça parce que certains m'ont vu dégueuler dans les buissons après une soirée bien arrosée. Je me suis même montée dans son studio pour lui conseiller d'éviter de répandre la moindre autre rumeur à mon sujet.

— Je m'en souviens de ce coup-là. J'avais flippé comme pas possible après avoir écouté son émission car on avait rompu peu avant. Je ne sais même pas ce que j'aurais fait si ça avait été vrai…

— Je t'aurais convoqué quoi qu'il en soit, même si te revoir m'aurait rendu furieuse. Mais tu serais venu avant pour en discuter avec moi, j'en suis sûre. Après tout, tu sais ce que c'est quand une femme élève un enfant seul.

— Malheureusement oui…

Elle prit affectueusement sa main.

— Si j'en crois les descriptions de ta mère, ton père se serait arrangé pour que j'aille vivre dans le Wisconsin avec mes parents si il avait été à ta place, que j'ai été enceinte ou pas. Tu n'as pas demandé à être père et pourtant tu as respecté ma décision de garder notre enfant, accepté pleinement ton rôle de père et surtout, tu m'as recueilli lorsque tout le monde m'a tourné le dos, même ma propre famille.

— C'était la moindre des choses…

Ils s'arrêtèrent un instant et elle lui dit :

— Tu n'es pas ton père, tu es meilleur que lui, meilleur que bien des hommes…

— Je suis arrivé trop tard pour te sauver lors de la Chute. C'est de ma faute si tu es dans cet état…

— Hé, on a déjà eu cette conversation une centaine de fois. Ce n'était pas ta putain de faute ! C'était uniquement la mienne ! J'avais l'occasion de vous rejoindre, toi et Zach, et je ne l'ai pas saisie. La seule pensée que j'avais en tête était de mourir en brave, comme si je voulais dîner avec mes ancêtres au Valhalla. S'il y a un maillon faible dans notre couple, c'est moi.

Il se pencha pour l'embrasser tendrement.

— Conneries, lui dit-il. Tu es plus forte que tu ne le penses. Accordons-nous sur le fait qu'il n'y a pas de maillon faible chez nous. Juste toi et moi, deux alphas.

Elle esquissa un sourire et ils reprirent leur route peu après.

— On parlait de quoi il y a deux minutes ?

— De Zia et Franklin qui nous ont entendus baiser.

— Ah oui… Merde, j'ai le droit de baiser mon mec, non ? Je devrais n'en avoir rien à foutre de ce que les autres pensent !

— Tout à fait. Et quand un couple d'alphas copule, c'est souvent bon pour la cohésion de la meute. Moi j'ai rien à me reprocher, je ne suis pas le plus impudique au lit…

— Va te faire foutre !

Finissant de traverser la bambouseraie, ils passèrent dans la zone arborée le long de cette partie de la limite est du domaine et fouillèrent la zone, s'aventurant même jusqu'à la clôture périphérique.

— Il pourrait y avoir une cave ou même un bunker secret juste en dessous d'un des bungalows, ainsi qu'une porte d'entrée dérobée dans la pente, imagina Owen.

— Tu penses que Wu et compagnie ont logé dans un des bungalows et qu'un labo a été aménagé sous ce dernier ? Mouais… Je ne suis pas sûr qu'il ait voulu être vu par les soigneurs et les ouvriers vivant dans les autres, répondit Claire, sceptique.

— Ce n'était qu'une hypothèse.

— La meilleure qu'on puisse imaginer…, car je ne vois pas où on aurait pu aménager un laboratoire clandestin et loger Wu et son équipe. A moins qu'il y ait un bunker datant de la guerre civile, caché quelque part au milieu des bois ?

— Hautement improbable. Elle n'a duré qu'un mois et demi, ils n'auraient pas eu le temps d'en construire un. Et ce coin du pays n'a pas été touché par le conflit.

Ils entendirent alors des feuilles être piétinées. Il y avait quelqu'un d'autre dans le bois et non seulement il était proche mais il se rapprochait.

— Quelqu'un vient…, siffla-elle.

— Où qu'on aille, on va nous entendre, dit-il après avoir balayé les environs du regard.

— Notre présence ici pourrait être suspecte. Fais chier…

— Il faut trouver une excuse bidon…

— Ouais vite, un truc ! Le pressa-elle.

— Je ne sais pas… C'est la panne sèche.

A court de solutions, elle le plaqua alors soudainement contre le tronc le plus proche.

— Défait ta ceinture ! Siffla-elle.

Comprenant son idée, il s'exécuta, la laissant baisser son pantalon et s'agenouiller à ses pieds, mais il réprima un cri de surprise lorsqu'elle baissa son caleçon sans crier gare. L'agent de sécurité, qui n'était autre que Valentine Taylor, les surpris ainsi et croyant les avoir interrompu dans un moment d'intimité, détourna le regard aussitôt et s'excusa :

— Oh, pardon…

Alors que l'agent revenait sur ses pas et s'éloignait, Owen, quelque peu gêné, remonta son caleçon et son pantalon et lui et sa concubine reprirent leurs recherches. Mais là aussi ils firent chou blanc, ne trouvant que quelques cabanons et pas la moindre porte ou trappe dérobée…

Lorsqu'ils revinrent dans le bureau des soigneurs avec quelques minutes de retard, Alfredo et Pasqual se tournèrent vers eux et le second regarda sa montre du doigt puis la tapota avec son index et son majeur tout en les regardant.

— Ben alors, ça ne pouvait pas attendre ce soir ? Plaisanta-il. Vous avez de la chance que Juan soit en retard aussi.

Le chef animalier arriva dans la pièce l'instant d'après et le couple se sépara pour aller travailler dans leurs secteurs respectifs.


Le soir après le dîner, ils mirent à jour la carte de Claire et leur rythme de progression les inquiéta.

— Bon, pour le coup, c'est vraiment la merde. On n'aura jamais fini avant lundi ! Dit Owen des minutes plus tard, avant de boire un peu de tequila dans un verre. Si seulement Jocelyn pouvait nous filer les cartes qu'elle nous avait promises. On y verrait un peu plus clair…, ajouta-il l'instant d'après.

— Les cartes… Répéta Claire, se rappelant de celles que Jocelyn leur avait reprises à la réunion du premier jour.

Jusque-là agenouillée devant lui, elle posa ses mains dans son dos et se releva, frottant son corps nu contre le sien alors qu'elle se redressait. Il plaça ses mains sous ses fesses, la souleva et l'assit au bord de la table.

— Il faut accéder à ces cartes, déclara-elle en écartant les cuisses avant de saisir le verre de tequila et de boire une petite gorgée, celles qu'elle nous aurait données si ce connard d'Austin n'était pas intervenu.

Elle porta le verre au niveau du haut de son torse et l'inclina contre sa peau, y déversant doucement une partie de l'alcool dont les gouttes ruisselèrent sur sa poitrine et son abdomen en direction de sa toison pubienne.

— Comment ? Demanda-il, se précipitant en avant pour lécher les gouttes sur la poitrine de sa concubine et embrasser ses seins. Elles doivent être dans son bureau… On ne va pas y entrer par effraction tout de même ? Tu expliquerais comment qu'on défonce la porte ou pète la fenêtre ? Ce serait hautement suspect et Lockwood risque d'en entendre parler.

— Il nous faut la clé…, dit-elle, frissonnant légèrement au contact de ses baisers délicats avec la partie de la cicatrice sur son sein droit.

— La clé de son bureau ? Elle l'a tout le temps sur elle. Je suis sûr qu'elle se douche et dort avec.

— Et pourtant il nous la faut.

— Et comment ? Demanda-il alors qu'il descendait progressivement sur son ventre. On ne peut pas débarquer, la peloter, piquer la clé et s'enfuir en courant avec.

Sa tête s'arrêta entre ses cuisses et elle se mit à lui caresser sa crinière.

— En effet, il faut être subtil Owen, subtil…, dit-elle avant de laisser échapper un gémissement de plaisir.

Qu'est-ce qu'elle aimait faire l'amour avec lui ! Quand il l'honorait, elle n'avait plus l'impression d'être une paria balafrée avec une prothèse bionique, un cadavre ambulant, mais la femme la plus désirable sur Terre, d'être la Claire non pas d'avant la Chute mais plutôt celle d'avant leur rupture trois ans avant cette dernière, alors qu'ils vivaient leur idylle secrète et qu'aucune ombre semblait planer sur Isla Nublar, avant que le spectre de l'Indominus et tout ce qui y était associé ne commencent à la corrompre…

Arnold Mountbatten, son prédécesseur, l'avait mise en garde contre le pouvoir qui venait avec la position de directeur de Jurassic World mais elle l'avait à peine écoutée. Quelle erreur ! Elle n'était alors qu'une jeune cadre arrogante et ambitieuse, séduite par l'opportunité de pouvoir et devenue cheffe de ce qui était pratiquement un micro-état trop jeune. Si elle avait su qu'elle n'aurait été qu'un vulgaire pantin, à la fois une sorte de gouverneure coloniale aux ordres de Masrani et une esclave jetable du conseil d'administration d'InGen. Ironiquement, seule la Chute lui avait permis de briser ces chaînes… Si Jurassic World ne s'était jamais effondré, qu'elle avait gardé sa position et qu'elle aurait encore gravit les rangs de la hiérarchie d'InGen jusqu'à même intégrer son conseil d'administration, croyant acquérir davantage de pouvoir et d'indépendance pour au final devenir l'esclave d'autres envies et pouvoirs encore plus écrasants et corrupteurs, aurait-elle finit par devenir pareille à Susan Lynton ? Qu'importe la réponse, elle n'avait plus aucune importance.

Elle n'allait jamais plus connaître une autre position de pouvoir. La seule chose à laquelle elle pouvait aspirer était une vie tranquille mais paisible avec Owen et Sigurd. Et cela même était une chose incertaine… sauf si elle parvenait à rassembler un maximum d'alliés de son côté. Conclure une alliance avec les employeurs de l'Ocelot serait déjà un bon départ mais ils devaient pour cela réussir la mission qu'il leur avait confiée, en trouvant le maudit labo clandestin de Wu. Pour une raison inconnue, elle était sûre que le premier plan donné par Jocelyn donnait des indices les mènerait à ce dernier. Mais comment accéder à sa clé ? Il fallait se rapprocher d'elle… Se rapprocher…

Bien sûr, Claire n'avait aucune chance de se rapprocher de Jocelyn, que ce soit sur un plan romantique ou purement amical, mais Owen… Elle se rappelait de la dispute que la directrice de la ferme avait eue au téléphone avec son mari et se souvenait de la manière dont elle avait regardé Owen le premier jour. Il avait de meilleures chances qu'elle. Guère étonnant, comment une femme pouvait ne pas être attirée par son corps grand et fort ainsi que sa beauté sauvage ? Plusieurs conversations avec ses collègues à Nublar lui avaient appris que plusieurs d'entre-elles n'auraient pas dit non à une nuit avec lui. Mais comment Owen pouvait se rapprocher de Jocelyn ?

Alors que sa bouche et sa langue accomplissaient des miracles dans ses bas quartiers et allaient la faire jouir d'un instant à l'autre, ses yeux le regardèrent, un sourire malicieux se dessina sur le coin de sa bouche, puis elle ramena son regard droit devant elle.

— Je viens d'avoir un plan rusé…