Notes
Suggestions musicales :
- Wondrous Love - Bear McCreary, Black Sails.
- Streets of Nassau - Bear McCreary, Black Sails.
-o-
— Sérieusement ? Fit Claire. Je n'arrive pas à croire que tu m'aies quitté !
— Rejoue la conversation dans ta tête, d'accord ? Lui suggéra Owen. Tu as dit, « Tu veux vivre dans ton bungalow comme un péquenot ? Vas-y Owen. » Et j'ai dit, « Ok ».
— Comment ça se fait que ce soit toi qui m'as quitté ?
— Car je suis partit.
— Je t'ai quitté.
— Tu es partie car… je te l'ai demandé.
— Puis je suis partie.
Installés à une autre table non loin, Alexander, Franklin et Zia écoutaient le couple se quereller au sujet de leur relation qu'ils avaient entretenue à Isla Nublar des années plus tôt et de la rupture de celle-ci. Hormis eux, il n'y avait pas grand monde dans le restaurant de l'hôtel, les autres clients prenant généralement leur petit-déjeuner un peu plus tard.
— Qui imprime un itinéraire pour une soirée ? Demanda Owen.
— Je suis une personne organisée, répondit-elle.
— Je suis une personne organisée, se moqua-il, caricaturant ses mimiques et son intonation.
Elle lui donna soudain un coup de pied dans le tibia, faisant un peu bouger la table et ses couverts.
— C'était quoi ça ? Siffla-elle.
Elle se pencha en avant.
— Ne t'avise plus de te moquer de moi en public, ajouta-elle dans un murmure.
Zia et Franklin ne savaient pas quoi penser de cette querelle, qui semblait sérieuse. Bien entendu, il arrivait que même les couples les plus soudés se disputent parfois mais celle-ci avait été soudaine et semblait être arrivée sans signe avant-coureur car la veille, les deux jeunes gens avaient à nouveau entendus le couple faire l'amour passionnément.
Après s'être regardés, ils haussèrent légèrement des épaules et pensèrent que ça allait passer mais durant la pause déjeuner, le couple eut une autre querelle, durant laquelle Owen finit par dire :
— Tes bas quartiers puent tellement la morue qu'on se croirait à Dutch Harbor !
— Tu dis ça parce que je suis rousse ? C'est d'une telle bassesse ! Répliqua Claire, offensée. Je croyais que tu valais mieux que ça…
Se trouvant non loin et les ayant entendus, Jocelyn avait prêté une oreille attentive à leur conversation et lorsqu'ils quittèrent leur table, elle suivit Owen du regard, ce que Claire remarqua.
Des heures plus tard, après le dîner, Claire était dans la salle de bain de leur chambre d'hôtel, prenant un bain seule. Assise dans l'eau chaude, elle buvait de temps à autre une gorgée de rhum à même la bouteille tout en regardant d'un air absent le mur au-delà de l'extrémité opposée de la baignoire. Lorsque la poignée de la porte alors fermée s'actionna, elle posa la bouteille sur une chaise positionnée juste à côté de la baignoire et tourna la tête vers la porte. Owen entra en sous-vêtements, ferma la porte derrière lui, la toisa et enleva son caleçon.
Elle replia ses jambes contre elle et le suivit du regard alors qu'il venait la rejoindre dans la baignoire. Une fois assis, il rejeta sa crinière en arrière, saisit la bouteille de rhum pour en avaler une gorgée et prit ses aises, étendant et écartant un peu les jambes pour s'accaparer les deux tiers de la baignoire. Ils se regardèrent dans le blanc des yeux d'un air grave pendant un long moment, puis un sourire se dessina sur le coin de la bouche de Claire et Owen rit.
— Putain, comment on les a bernés ces cons ! Dit-il.
Son rire gagna en intensité, tant que Claire se jeta en avant pour plaquer sa main sur sa bouche, craignant qu'il ne rit trop fort.
— Baisse d'un ton ! Lui suggéra-elle. Je te parie qu'ils écoutent à la porte.
Il calma son rire et elle regagna son extrémité de la baignoire. Elle saisit un gant de toilette et il se retourna, lui exposant son dos recouvert de cicatrices. Ecartant les cuisses et étirant les jambes en avant, elle se rapprocha de lui et écarta ses cheveux sur le côté afin de pleinement dégager son dos. Tandis qu'il lui caressait les jambes, elle passa doucement le gant au niveau des longues griffures qu'un raptor lui avait infligés six ans plus tôt, l'année où ils avaient tous deux commencé à travailler à Jurassic World et s'étaient rencontrés.
— Le poisson a repéré l'asticot, dit-elle.
— Hein ?
— Jocelyn nous a entendus à midi. Elle croit qu'on traverse une mauvaise passe. Continuons de nous engueuler pour des conneries comme des putains d'ados indécis.
— Il faut que le poisson soit tenté de gober l'asticot, devina-il.
— C'est ça, et le poisson doit être pêché d'ici trois jours.
Ayant fini de laver son dos, Claire reposa le gant, s'agenouilla et passa ses bras autour du torse de son concubin.
— L'asticot doit remuer si on veut qu'il soit gobé, susurra-elle dans son oreille avant de la lui mordiller et de lui embrasser le cou.
Echangeant les rôles, il attrapa le gant et elle se mit dos à lui.
— Les répliques qu'on a apprises, tu les a inventées ou tu les a trouvés quelque part ? Lui demanda-il alors qu'il la lavait.
— Là où j'en en ai inventé certaines, les autres viennent d'un sujet de discussion sur un forum d'écriture, où je les ai vues pour la première fois il y a plus d'une douzaine d'années. C'était un aspirant scénariste qui les avait pondues. Aux dernières nouvelles, il bosserait à Hollywood.
— Les films qu'il écrit doivent être quelque chose…
— Tu l'as dit…
Mais le lendemain, Claire, affectée alors au secteur des petits carnivores et travaillant sous la supervision de Marisol et d'Allison, se rendit compte qu'ils n'avaient pas réussit à convaincre tout le monde lorsque Marisol exprima des doutes, lui disant qu'elle a compris leur manège mais qu'elle ne les jugera pas si ils cherchent à pimenter leur relation. Réalisant que d'autres devaient penser de manière similaire, Claire envoya un message à Owen, l'informant qu'ils devaient intensifier la chose.
C'est ce qu'ils firent le soir même, lors du dîner en ville. Ils firent exprès de se rendre dans le même bar-restaurant où le trio du GPD se rendait un soir sur deux depuis leur arrivée et situé dans la même rue que le Cañada de las águilas. Lorsqu'ils entrèrent dans l'établissement et repérèrent Alexander, Zia et Franklin à une table au fond, ils firent semblant d'être tendus et alors qu'ils commençaient à boire, ils s'adressèrent à peine la parole. L'endroit étant relativement calme, Claire écouta d'une oreille Zia raconter à ses deux collègues ses journées avec l'équipe vétérinaire.
Elle apprit ainsi que Brice et Maribel surveillaient les moindres faits et gestes de Zia depuis qu'ils l'avaient surprise en train de lire des rapports médicaux datant de l'année précédente et surtout des semaines ayant suivi la chute d'Isla Nublar. Lorsqu'Alexander lui demanda ce qu'elle avait lu, Zia lui parla d'une histoire de Compsognathus morts dans des circonstances pour le moins bizarres et de rapports étrangement pauvres en détail. Elle ajouta que là où Juan semblait digne de confiance, Brice était louche et elle souleva même la possibilité d'un trafic impliquant lui et d'autres employés de la Ferme et des personnes extérieures. Claire trouva cette histoire pour le moins intéressante mais ayant d'autres priorités, elle fit discrètement signe à Owen le moment venu et ils simulèrent une autre dispute, qui gagna progressivement en intensité jusqu'à ce qu'il prononce ce qu'elle aimait appeler la réplique coup de grâce.
— Tu as bien calculé ton coup ! L'accusa-il. Tu savais que c'était la période du mois où tu étais le plus féconde et tu t'es jetée sur mon entrejambe comme la dernière des chaudasses ! Sigurd n'est qu'un moyen de me garder auprès de toi et d'éviter d'être jetée direct en taule. Et me voilà coincé avec une épave !
Profondément en colère, Claire lui jeta son verre à la figure, le gifla et quitta la table furieuse.
— Tout le monde me trahit ! Dit-elle alors qu'elle était sur le point de fondre en larmes. J'en ai marre de ce monde.
Elle sortit du bar et Owen resta sans rien faire sur sa chaise pendant un moment, fixant la chaise en face de lui avec une expression stupéfaite. Il émit un lourd soupir amer et se leva, se dirigeant vers le bar tout en essayant d'ignorer les regards que lui lançaient les membres du GPD. Il commanda une autre boisson, on la lui apporta et alors qu'il en avalait une grosse gorgée, le barman lui demanda en anglais :
— Vous allez bien ?
— C'est une pauvre conne, répondit Owen, reposant le verre et essuyant le liquide encore sur son visage. Elle veut contrôler ma vie. Je ne vais pas la laisser faire. Je vais faire ce que je veux faire et c'est tout. Qu'est-ce que je devrais faire selon vous ?
— Je vous ressers un autre verre après celui-là ?
Originaire d'un petit village de la côte Caraïbe du Costa Rica, Gerardo, un trentenaire bedonnant et moustachu, était venu à Burgo Nuevo pour affaires et logeait à l'hôtel Cañada de las águilas. Revenant du bar-salon de l'hôtel, où il avait bu quelques verres et conversé avec d'autres clients, il remonta à sa chambre, située à l'étage comme celles de ce groupe d'états-uniens qu'il avait vu au petit-déjeuner le matin même. Alors qu'il venait de pénétrer dans le couloir, il fut soudain surpris par un haussement de voix dans une des chambres de ce groupe.
— Tu mens ! Je ne t'ai jamais frappé ! Tu me déchires, Owen ! Hurla Claire, faisant preuve par l'occasion d'un talent d'actrice supérieur à celui de Tommy Wiseau (1).
Gerardo s'arrêta et écouta la conversation.
— Je te déteste ! Ajouta-elle.
Gerardo entendit ensuite des objets être jetés à travers la chambre.
— Allez frappes-moi ! Répliqua Owen. Frappes-moi, connasse !
Gerardo écarquilla les yeux lorsqu'elle se jeta sur son concubin en poussant un cri telle une aliénée et estimant qu'il en avait assez entendu, Gerardo repartit, espérant que la bagarre ne dure pas trop longtemps. Sinon, il comptait en informer les gérants de l'hôtel pour qu'ils interviennent.
— Tu te calmes ! Où je fais une clé de bras à ta queue ! Menaça-elle.
Mais entendant quelqu'un monter les escaliers en vitesse, il se retourna et vit Basil, que le bruit avait alerté.
— Ils sont fous ces états-uniens, lui dit Gerardo tout en tapotant le côté de son crâne avec son index.
Puis il se dirigea vers sa chambre et Basil vint frapper à la porte de celle du couple. Celui-ci interrompit sa dispute et peu après, Claire lui ouvrit. Ses cheveux relâchés étaient en pagaille et elle ne portait rien d'autre qu'un peignoir, pas même son demi-masque, qu'elle avait oublié de mettre dans sa précipitation.
Voyant pour la première fois sa balafre, Basil eut un léger mouvement de recul et son visage adopta une expression de surprise mais il se racla la gorge et parla :
— Je sais que les relations de couple peuvent être… tendues parfois, dit-il en anglais, et moi et Sybil avons parfois quelques disputes en présence des clients, mais là vous faites un tel boucan qu'on doit vous entendre dans tout l'hôtel.
— Excusez-nous, bredouilla-elle.
— Ça ira pour cette fois. Si vous devez vous engueuler, faîtes-le ailleurs que dans mon hôtel, s'il vous plaît. Sinon je me verrais contraint d'appeler la police. Compris ?
— Compris. Je vous assure que ça ne se reproduira pas.
— Bien. Bonne soirée.
— Bonne soirée.
Basil partit et Claire ferma la porte. Elle se retourna vers Owen, assis nu sur le lit, avec seulement un bout de drap cachant son entrejambe. Il avait une main posée sur la moitié droite de son visage, endolorie suite au crochet que Claire venait de lui décrocher comme il lui avait suggéré, espérant que la marque qui en résulterait attirerait la pitié de Jocelyn. Bien qu'elle n'avait pas eu le choix pour le bien de leur plan, Claire ne put s'empêcher de se sentir un peu coupable pour avoir frappé son concubin.
— Oh, mon wapiti… Dit-elle tout doucement d'un ton apitoyé
— Tu ne m'as pas loupé ! Gémit-il.
— Chut…, l'apaisa-elle tout en lui caressant le crâne.
Elle alla ensuite à la salle de bain et revint avec un torchon humide, qu'elle appliqua sur le visage de son concubin.
— Si Jocelyn ne mord pas à l'hameçon…, commença-il.
— Tu lui feras des yeux de chiot triste, lui suggéra-elle.
Elle déposa un baiser sur ses lèvres et alluma la lampe de chevet près du lit. Lui prenant le torchon, Owen s'allongea sur le dos et le maintint contre sa peau, le temps que la douleur s'en aille. Gardant les yeux levés au plafond, il se demanda s'ils n'avaient pas allés trop loin avec cette fausse bagarre dont l'inspiration lui était venue du film Borat. Lorsqu'ils avaient une liaison des années plus tôt, sur Nublar, ils avaient eu quelques disputes, dont celle après laquelle ils avaient rompus, plus violente que les autres mais ils n'en étaient jamais venus aux mains. Ça avait été une situation inédite pour eux, lutter corps à corps, même si ce n'avait été qu'un simulacre et qu'ils s'étaient sentis comme deux adolescents se chamaillant. Le fait qu'ils étaient nus avaient ajouté un certain piment et ils avaient du tout deux lutter beaucoup contre leur libido afin d'accorder à la fausse dispute une durée crédible… Si Basil n'était pas venu frapper à la porte, elle aurait fini par le chevaucher à même le sol.
Après avoir éteint les lumières de la salle de bain et le plafonnier de la chambre, Claire se dévêtit, laissant son peignoir tomber au sol, et vint s'accouder sur le lit aux côtés d'Owen.
— Après l'effort, le réconfort… Qu'est-ce que tu aimerais que je te fasse ? Lui demanda-elle tout en décrivant des cercles sur son torse avec ses doigts.
— Je ne sais pas. Il faut que je réfléchisse.
— Dis ce que tu as en tête, dit-elle en passant une jambe par-dessus la sienne.
Il tourna la tête vers elle et répondit :
— Un plan à trois avec une belle fille de joie.
Elle lui donna une tape sur l'épaule.
— Non mais tu y tiens vraiment à ton porno lesbien ! Tout ce que tu veux, c'est rester sur le côté à te palucher tandis que je baise une autre femme, espèce de porc ! Depuis que Francis t'as raconté nos escapades à la maison de passe, tu n'arrêtes pas d'y faire des allusions. Il n'aurait jamais dû te dire tout ça ! Tu peux oublier car les bordels les plus proches sont à San José et je me vois mal payer un taxi jusqu'ici aller-retour pour une pute. Et c'est sans parler des maladies vénériennes genre Syphilis et compagnie. Pour avoir une pute vraiment clean à ce niveau, il faut casquer un minimum.
— Plus sérieusement… Commença-il, avant de se pencher vers son oreille et lui murmurer le reste de la phrase.
Elle secoua la tête.
— Tu as trop regardé Westworld ! Ma prothèse n'est pas un jouet et je ne suis pas sûr que sa caresse soit des plus agréables.
Sa main gauche descendit alors vers son entrejambe.
— Rien ne vaut la chair… Ajouta-elle tout en commençant à le caresser. Et j'ai peur de te la casser. Qu'est-ce que je ferais sans ?
— Mouais, t'as raison. On n'a qu'à essayer de nouvelles positions du Kâma-Sûtra ? J'ai l'impression qu'on en a appliqué qu'une petite partie au cours de nos nombreuses baises.
— Ah là c'est sexy ! Là c'est vendeur ! Approuva-elle. Dommage que l'exemplaire que j'avais acheté en Inde soit encore dans les cartons à la maison.
— Tu en as un exemplaire ? Tu aurais dû me le dire plus tôt. J'y aurais volontiers jeté un coup d'œil.
Il saisit son téléphone portable et suggéra :
— Recherche Internet ?
— Recherche Internet, approuva-elle, venant se coller contre lui pour regarder l'écran.
Leur stratagème fonctionna car le lendemain matin, Jocelyn se rendit, comme par hasard, aux enclos des grands prédateurs.
Ayant entendu dire par le bouche à oreilles que le couple avait eu une violente dispute, elle décida d'aller voir Owen. Sachant où il était affecté, elle se rendit aux enclos des grands prédateurs et le trouva en compagnie de Juan et de Mark à l'enclos des acrocanthosaures. Les trois hommes se tenaient dans une sorte de large sas, conçu pour les séances de nettoyage et d'entraînement médical (2). Tandis que le côté externe du sas était une clôture identique à celle qui faisait le tour de l'enclos, le côté interne était constituée d'une clôture dont les barreaux étaient suffisamment espacés pour laisser un homme adulte passer entre eux. Bien sûr, personne ne le faisait en présence des occupants de l'enclos et les trois soigneurs se tenaient alors à distance respectable des barreaux, Pierce étant couché sur le ventre juste derrière eux. Tandis que Mark aspergeait le dos de l'animal avec une lance à eau, Juan et Owen le frottaient avec de longs balais à brosse. De temps à autre, Juan s'arrêtait un instant pour récompenser le dinosaure pour sa coopération, lui jetant des morceaux de viande qu'il gobait aussitôt dans un claquement sec de mâchoires. Jocelyn était toujours étonnée par le fait que de tels monstres laissaient les soigneurs les inspecter et les nettoyer et prenaient leurs récompenses sans brutalité particulière alors qu'ils n'auraient pas hésité à les dévorer en d'autres circonstances.
Le chef animalier nota la présence de la directrice :
— Oui, Jocelyn ?
— Puis-je parler à Owen un instant ?
— Pas de problèmes.
Il fit un signe de tête à Owen et celui-ci retira son balai de l'enclos, le posa au sol, et alla parler à la directrice, qui se tenait derrière le portail externe.
— Vous vouliez me parler ?
— Oui. Excusez-moi d'être indiscrète mais j'ai remarqué que vous et Claire traversiez une mauvaise passe et entendu dire que vous aviez eu plusieurs disputes, dont certaines assez violentes… Je voulais m'assurer auprès de vous que ça n'allait pas interférer avec le bon déroulement de l'opération…
— Vous lui en avez parlé ? Lui demanda-il en marmonnant à moitié.
— Pas encore mais je compte…
C'est alors qu'elle remarqua la marque du coup que Claire lui avait porté, au niveau de la joue. Elle grimaça.
— Elle vous a fait ça ? S'enquit-elle d'un ton presque inquisiteur.
Il hocha faiblement de la tête.
— Quelle garce…, proféra-elle à voix basse.
Gardant les yeux rivés au sol, Owen acquiesça par un signe de tête.
— Hé, dit-elle, passant son bras entre les barreaux de la clôture pour toucher le sien.
Il releva alors la tête, la regardant avec une expression qu'on aurait pu comparer à celle d'un chiot triste, comme Claire lui avait suggéré.
— Vous ne pouvez pas continuer comme ça, ajouta Jocelyn. Je vais voir si il n'y a pas moyen que vous logiez ce soir à la hacienda en attendant que la situation se calme ou que vous trouviez autre chose. Je vous redis ça lors de la pause de midi. D'accord ?
— D'accord.
Elle lui sourit puis tourna les talons, repartant pour la hacienda tandis qu'il retournait à son poste.
Alors qu'elle laissait l'enclos des acrocanthosaures derrière elle, Jocelyn se sentit observée. Elle se tourna vers l'enclos sur sa gauche et remarqua que Toro, le carnotaure brûlé, la fixait, la suivant du regard sans émettre le moindre son. Il évoqua à Jocelyn un tueur en série de film d'horreur en train d'étudier sa prochaine victime. Troublée, elle frissonna et détourna son regard.
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Notes
(1) Tommy Wiseau : Acteur-réalisateur états-unien connu pour avoir réalisé le tristement célèbre The Room, un film fréquemment référencé de manière moqueuse sur Internet et dont certaines répliques sont devenues cultes malgré-elles.
(2) Entraînement médical : Basé sur la récompense et orienté sur les soins, l'entraînement médical permet d'habituer les animaux à présenter certaines parties de leur corps à leurs soigneurs et d'ainsi éviter l'anesthésie, dangereuse pour des animaux imposants ou fragiles.
