Ils montèrent à l'étage pour fouiller les chambres mais n'y trouvèrent pas d'éléments supplémentaires. Avec la taille des chambres et le nombre de lits ou de canapés, Claire estima qu'une petite dizaine de personnes grand maximum avaient pu loger dans la maison. Wu mais aussi très probablement Ivan Preston, son bras-droit et petit-ami, quelques autres scientifiques et un ou deux gardes pour assurer leur sécurité. Si l'équipe ayant travaillé-là était plus grande, ses autres membres avaient dû loger ailleurs, dans l'un des hôtels en ville afin de ne pas éveiller la suspicion de certains à la Ferme.

Indoraptor… Le voleur indien… Quel nom débile, dit Owen alors qu'ils regagnaient la porte d'entrée.

Claire remarqua qu'il avait son téléphone en main et il ajouta :

— Je viens de le taper dans un moteur de recherches, histoire de rigoler un coup, et c'est un nom qui est déjà pris, pour une sorte de petit dragon fictif crée par un schleu sur DeviantArt.

— Tu penses bien que c'est le cadet des soucis d'InGen, répondit-elle.

— En tout cas, c'est un nom à faire vendre des jouets.

Ils fermèrent du mieux qu'ils purent la porte de la maison et traversèrent le jardin en friche.

— Arrêtes, tu me fais penser à tous ces jouets estampillés Jurassic World invendus que Mattel a sur les bras, lui dit-elle. Dire qu'ils auraient aussi vendus des jouets à l'effigie de l'Indominus…

— Mattel, ce n'est pas eux qui font les Barbie ?

— Si.

— Je ne me rappelais plus qu'InGen avait un partenariat avec eux. Il faut dire aussi que je ne me suis jamais intéressé à leurs merdes en plastique qu'on pouvait trouver dans certaines boutiques du parc. Je les trouve surfait. Le pompon aurait été la présence dans les rayons de Barbies en uniformes du parc… Barbie la vendeuse de boutique, Barbie la guide, Barbie la soigneuse, Barbie la généticienne, Barbie la vétérinaire, Barbie monitrice du Camp Crétacé, Barbie agent de la J-SEC…

— Et ça n'aurait pas été le pire. Je sais bien qu'on m'a nommée de façon officieuse Miss Isla Nublar l'année où je suis arrivée mais par les dieux, tu imagines des poupées Barbie à mon effigie ? Au secours !

Ils franchirent le ruisseau et continuèrent vers le sud mais cependant, ils n'empruntèrent pas exactement le même chemin qu'à l'aller, déviant plus à l'ouest. Ils s'en rendirent compte peu après finit de gravir la pente lorsqu'ils se retrouvèrent non pas face aux corrals attenants au bâtiment de nuit des sauropodes, ni aux deux grands enclos herbeux et dégagés connectés à ce dernier mais face à un densément végétalisé et délimité par une clôture à mailles haute de trois mètres cinquante.

— Où on est ? Se demanda Claire. On n'est pas chez les sauropodes là.

Ne reconnaissant pas non plus l'enclos, Owen lista dans sa tête les autres enclos septentrionaux, tous situés dans la zone des grands prédateurs. Il raya d'abord celui des acrocanthosaures, puis ceux des carnotaures et de Boomer le métriacanthosaure, l'intérieur de l'enclos et le type de clôtures ne correspondant pas. Il n'en restait plus qu'un et lorsque Owen se rappela de l'identité de ses occupants, son corps se tendit. Il tendit l'oreille et ils perçurent un grand bruit dans les fourrés. Puis plus rien. Owen balaya l'enclos du regard et attrapa le poignet de Claire.

— Retourne-toi, tout doucement, lui murmura-il. Il faut s'éloigner.

Ils entendirent de nouveau le bruit. C'était indiscutablement quelque chose d'assez grand qui se déplaçait lentement dans la végétation et venait dans leur direction.

— Est-ce… ? Commença-elle.

— Oui.

Comme pour confirmer leur crainte, l'animal dissimulé dans la végétation hulula.

— Retourne-toi ! Siffla-il.

Ils firent volte-face mais alors qu'ils s'éloignaient sans courir mais d'un pas vif, l'animal bondit hors des fourrés, le couple entendit un bruit de crécelles et un jet de matière noire et visqueuse s'écrasa contre un tronc à seulement quelques centimètres du visage de Claire. Du crachat de dilophosaure.

— Baisse-toi ! Lui dit Owen.

Ils se baissèrent et se mirent à courir mais à ce moment-là, ils entendirent un second dilophosaure charger hors de la végétation de son enclos et également cracher. Owen sentit quelque chose d'humide s'écraser dans son dos, juste en-dessous de son col. Instinctivement, il voulut s'essuyer mais il se retint. Il savait que s'il touchait le crachat, sa peau allait rapidement le démanger, comme si il aurait touché de l'acide. Le couple continua de courir courbés sur encore quelques mètres et ne s'arrêta qu'une fois hors de portée des crachats des dilophosaures. Frustrés, les prédateurs émirent un hululement semblant empreints de déception.

— Tu vas bien ? Demanda Owen à sa concubine alors qu'ils reprenaient leur souffle.

— Je crois que ça va aller, lui assura-elle. Je devrais renvoyer la question à ton polo par contre.

Puis ils rirent, comme pour évacuer toute la tension et l'adrénaline accumulée. Sachant où ils étaient exactement, ils prirent la direction de sud-ouest, continuèrent sous les frondaisons sur une bonne centaine de mètres, et ressortirent enfin des bois juste à côté de l'enclos des Titanosaures.

— Ça va être galère à laver ça, nota-elle quelques minutes plus tard.

— Si on me demande, je vais prétendre que je suis allé faire une promenade matinale et que je me suis vautré dans de la boue à un moment en voulant m'approcher d'un des enclos, répondit-il alors qu'il se tenait courbé et torse nu près d'un robinet à l'extérieur de l'étable des sauropodes, essayant de laver à l'eau le crachat sur son polo. Aussi simple que ça.

Owen ferma le robinet et regarda son polo. Le crachat était partit mais une grande tache sombre restait. Il approche son polo de son nez et renifla. L'odeur âcre du crachat était toujours présente.

Il soupira et regarda l'heure sur sa montre : Presque sept heures et demie.

— Bon, j'y vais, dit-il en renfilant son polo. Je dois me changer et prendre mon petit-déj. Tu as de quoi manger j'espère ?

— Oui, ne t'en fait pas. On se retrouve près du bureau des soigneurs. Tu te rappelles de tes répliques ?

— Ouais. A toute ! Lui dit-il alors qu'il prenait la direction de la hacienda, suivant la boucle des herbivores.

— A toute !